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Un apprentissage fastidieux!

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Technique à apprendre:

Hiver de l'an 12.

-On n'en peut plus chef, faut faire demi-tour...

-Ta gueule vaurien, t'es pas payé pour lambiner...

Tu ponctues la dernière remarque de votre guide d'un regard assassin à son attention, avant de mirer ton camarade de cordée, à bout de souffle, s'effondrer de tout son long dans la neige après qu'il ait vu sa requête rejetée. Tu ne bouges pas, ne dis rien. Comme souvent depuis quelques années. L'enflure qui vous dirige, le visage déformé par la bêtise, ne doit même plus sentir le froid, tellement il est imbibé d'alcool. Il t’écœure, mais tu dois garder la tête froide. C'est pour lui que tu es là. Un ninja mercenaire aux mœurs plus que douteuses.

On t'a embauché pour lui faire la peau, alors que ses exigences financières deviennent proportionnelles à la quantité de petits secrets acquis au cours de ses missions précédentes. Secrets dont il n'hésite pas à se servir pour faire chanter ses ex-employeurs. Malheureusement pour lui, la pègre locale ne voit pas ça d'un très bon œil et t'a engagé pour l'occire. Pendant deux semaine entière, tu l'as observé dans son quotidien. Tu as analysé ses moindres faits et gestes,  traqué chacun de ses déplacements, appris sa couleur préférée, ses angoisses, t'informant sur tout ce qui pouvait t'être utile afin de le connaître mieux et ainsi pouvoir lui planter un couteau dans le dos au moment où il s'y attendra le moins.

Tu passes finalement à l'avant du cortège et reprends la route qui mène vers le sommet, en évitant soigneusement de croiser l'haleine nauséabonde De Yuri Okido. C'est le nom de ta cible. Après les quinze jours accordés à la prise d'informations, tu as pris contact avec lui, en te faisant engager sur l'un de ses contrats. Une mission de protection d'un haut dignitaire de l'isthme du gel qui s'est un peu vu forcé la main par un Yuri lui promettant de ne pas parler des pots de vins distribués en sous-main, en échange d'une promesse d'embauche et d'une rémunération conséquente. Une ordure parmi les ordures en somme. Lequel blâmer? Ce n'est pas à toi d'en décider. Toi, tu es là pour accomplir la mission qui t'a été confiée, c'est tout. D'autant plus que les informations que te donnera le commanditaire en échange, pourraient se révéler capitales pour faire aboutir ta quête personnelle.

C'est donc comme ça que tu t'es retrouvé là, à affronter le vent et le froid. Le blizzard est glacial, il te cingle les chairs. Une épaisse couche de neige mêlée de glace s'accumule sur tes lèvres qui se gercent à vue d’œil. Tu n'en peux plus toi non plus, mais tu n'es pas du genre à te plaindre quand il s'agit de faire valider une mission. Alors tu te tais et tu continues d'avancer. Tant bien que mal. Ils sont encore quatre derrière toi, Yuri qui ferme la marche, Motoï un type d'une cinquantaine d'années, aussi calme que mystérieux, engagé au dernier moment comme toi, et deux proches amis de l'Okido, dont la présence te complique la tâche. L'un des compères se met à brailler d'une voix apeurée.

-Putain, c'est pas vrai, AAAAAARRRRGGGGGHHHHH...

Tu aperçois alors un sourire sur le visage de Motoï qui se tourne vers toi.

-Oh oh oh...on dirait bien que la pègre a voulu s'assurer de la réussite de la mission en nous embauchant tous les deux.

Les deux compagnons de route de Yuri sont soudainement pris de convulsions. Le visage déformé par la douleur ils essayent de bouger, mais leurs corps ne répondent pas, comme paralysés par un mal qu'ils ne peuvent sonder. Pris de court, tu ne peux qu'observer la scène. Ce qui leur arrive, tu as déjà vu ça quelque part.

Cette fois-là, c'était donc ça?

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Aujourd'hui

Tu étends le parchemin durement acquis sur la table. En lettres dorées, le nom de la technique ''Jigô Jubaku No In'', autrement dit, sceau maudit d'affliction. Tes yeux brillent d'envie. Ça fait bien trois ans que tu attends ce moment. Non, plus que ça si on y réfléchit à deux fois. Tu dégustes chacune des phrases inscrites sur le morceau de papier, avec délectation. L'exécution de cette technique est complexe, mais ça tu le sais déjà. Les étapes sont nombreuses et elles nécessitent une dose élevée d'un chakra qui doit être manipulé avec finesse pour que l'activation du saut puisse se faire correctement. Il te faut forcément un cobaye. Ça tombe bien, il se trouve juste à côté de toi, ligoté et bâillonné afin que tu ne puisses entendre les insanités qui sortent de sa bouche. Tu l'as trouvé dans un village, non loin de la piaule qui te sert de laboratoire à l'heure actuelle. Tu l'as surpris en pleine tentative de kidnapping sur un garçon d'une petite dizaine d'années, connu surtout pour la fortune gigantesque de ses parents. Après une prise d'informations sommaire, il s'avère que le type n'en est pas à son coup d'essai sur de jeunes enfants. Tu te demandes encore si tu devrais le faire enfermer ou juste te laisser aller à tes anciennes pulsions meurtrières.

Aller, première tentative, juste pour prendre conscience du truc et satisfaire le désir de plus en plus oppressant de tester la technique.Tu malaxes ton chakra, le laisses circuler à son gré dans un premier temps, puis le rediriges vers l'ensemble de ta main droite, en te plaçant en face du salopard, emprisonné et terrorisé. Tu laisses l'énergie spirituelle transpirer par chaque pore de ta peau, jusqu'à apposer ta main sur le torse de l'autre. Ton corps te joue soudain des tours. Pire, ton flux de chakra semble perturbé, tu ne parviens plus à le contrôler correctement. Dès les premiers vertiges venus, tu t'empresses d'attraper une chaise pour t'y asseoir. Manifestement, la tentative à bien foiré, et te voilà bon pour une migraine.
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Printemps de l'An -6

L'histoire simple et ordinaire, mais néanmoins sordide d'un gamin de cinq ans qui observe la guerre des clans de son regard d'enfant. Celle-ci fait rage, et même si la tendance veut que beaucoup s’attellent à rédiger les traités d'une future paix plutôt qu'à aligner les cadavres, quelques groupuscules shinobis, motivés par une haine farouche, sévissent encore. Ils sont une dizaine à débarquer à Inari. L'agressivité avec laquelle ils se ruent sur vous en hurlant à qui veut l'entendre des ''soyez maudits'', t'interpelle sans que tu ne saisisse vraiment les raisons d'une telle cristallisation des rancœurs. Si tu ne connais rien d'eux, la réaction de ton grand-père, Mioshi Nara, n'augure rien de bon, lorsqu'il aperçoit la première ennemie, après avoir conclu la leçon qu'il était en train de t'enseigner.

-Que toutes les forces vives se rassemblent...nous sommes attaqués par des membres du pa...aaaargghhh...tente t-il de prévenir avant d'être sèchement stoppé dans son élan par un mal soudain, qui ne se gêne pas pour le tourmenter et l'immobiliser, après que l'un des adversaires soit passé dans son dos pour poser une main entre ses omoplates.

Tu restes là, incrédule tandis que tu le vois se recroqueviller sur lui-même.Tu ne comprends rien à ce qui se passe, mais ce dont tu es sûr c'est qu'il souffre le martyre et qu'il n'est plus capable de se mouvoir à sa guise. Plusieurs fois il essaye, mais rien n'y fait. Tout ton être juvénile se met à trembler, avant qu'un frisson ne te parcours l'échine. Il tend une main désespérée dans ta direction et réussit difficilement à prononcer quelques mots.

-Shika...va t-en...cours loin et le plus vite possible...

Si tu entends l'invitation, tu ne parviens pourtant pas à faire le moindre mouvement. Ton corps se tétanise, ton estomac se noue, puis la gorge, avant que ton regard s'embue devant le spectacle qui lui est offert.

-Pa...pa...papi san...snif...pap...OUIIIIIIIIIIIIIINNNNNN...

Les mots s'étouffent au milieu des sanglots. Pas moyen qu'il t'entende, qu'il comprenne ta supplique. Immobile, Mioshi se libère finalement de l'emprise mystique. Trop tard. Impuissant, tu ne peux qu'assister à la mise à mort de l'ancêtre, lorsque l'un des ninjas abat froidement une lame sur sa nuque, avant de diriger l'arme dans te direction. Il ne manque presque rien pour que ton existence s'achève ici et maintenant.

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Aujourd'hui

La nuit est en train de tomber. Ça fait déjà trois heures que tu potasses, alors que l'autre, toujours ligoté au pilier central de la chambre d'hôtel miteuse dans laquelle tu as élu domicile pour quelques jours, gesticule dans tous les sens. Une envie pressante de pisser sans doute. Tant pis pour lui. Tu repousses la chaise qui accueille ton fessier depuis tout ce temps, puis te diriges vers la commode située dans l'angle de la pièce. Tu  ouvres finalement le tiroir principal pour en ressortir une boîte d'allumettes et une chandelle. Avant de reprendre ta place initiale, puis de gratter l'une des tiges de bois contre un rebord de table. Après une première tentative infructueuse, l'allumette s'éteignant avant d'embraser le petit morceau de ficelle qui dépasse de la cire, tu parviens enfin à allumer la bougie, sa flamme éclairant les dernières lignes du parchemin.

NB: Cette technique demande une finesse extrême dans la manipulation du chakra ainsi que des ressources importantes dans le domaine. La répartition du chakra doit être absolument égale pour chaque doigt impliqué dans l'exécution, sans quoi le flux circulatoire s'en retrouvera perturbé au moment d'appliquer le sceau, à l'instar des effets de celui-ci s'il est réussi.

D'accord. Tu comprends mieux ce qui t'es arrivé toute à l'heure. Tu dois d'abord t'exercer à trouver une répartition totalement identique dans chaque doigt. Trouver une astuce. L'entreprise n'est pas si simple. Tu tapotes la table d'un index qui résonne. L'idée te vient. Malgré l'obscurité, tu te rues dehors en quête d'un endroit bien précis repéré la veille, un peu à l'écart du village de Numeia dans lequel tu te trouves actuellement, en plein cœur de la côte d'Omui. Une petite carrière d'argile. Tu te charges de quelques kilos de la terre verte avant de revenir aussi vite que tu t'en es allé. Avec l'argile récoltée, tu fabriques plusieurs boules bien lisses, que tu imbiberas d'eau régulièrement en fonction des besoins, afin qu'elles ne sèchent pas entièrement.

Dans un premier temps, ne t'occupe pas du chakra, utilises juste la force de tes doigts, le but étant, sur une pression unique et simultanée des cinq doigts de ta main droite, de creuser cinq trous exactement de la même profondeur. Concentre toi et essaye de ressentir tout ce qui se passe. Tu fermes les yeux et fais dans un premier temps rouler la première sphère d'argile dans la paume de ta main, pour en appréhender les contours. Maintenant! Tu lances la boule en l'air devant les yeux éberlués de l'autre gars et la rattrape à la volée en plantant du pouce à l'auriculaire dedans, d'un geste vif. Tu retires les phalanges des trous ainsi creusés et, muni d'une brindille, tu compares leurs profondeurs. Pour le coup, tu n'as pas besoin de la brindille pour constater que le majeur s'est fait un plaisir de pénétrer plus largement que les autres dans l'argile. L'échec est cuisant mais pas illogique, ce doigt là étant plus grand que les autres, il nécessite un placement différent dès le départ pour ne pas le laisser aller à ses déviances naturelles.

Plusieurs tentatives plus tard, ponctuées d'autant de ratés, tu réussis enfin à obtenir cinq creux de profondeurs parfaitement identiques, alors que tu t'exerces depuis presque deux heures, tes paupières commençant à se clore. Pas moyen d'en rester là, il te faut maintenant réaliser cela avec le chakra plutôt qu'en utilisant la force physique. Les temps de concentration pris, sont en revanche très utiles puisqu'ils t'ont permis de comprendre l'intensité à mettre dans la technique.

La difficulté de la transition vient du fait que le chakra injecté dans l'extrémité des doigts doit être un chakra de surface, sans aucune constitution, l'autre ne devant rien remarquer au moment du toucher, si ce n'est une main pouvant être associée à celle d'un homme ordinaire. Lentement, tu t'approches de ton cobaye attitré qui n'est pas loin de tomber de fatigue, malgré une position peu appropriée à un tel laissé aller. Ta main s'abat et se plaque sur lui. Il ressent la douleur impliquée par le coup reçu, mais rien de plus. Aurais-tu réussi? Le dosage paraît bon et la quantité de chakra dépensée cohérente. Tu déclenches le sceau à l'aide des mudras nécessaires. Rien ne se passe.

Bordel. Tu es trop fatigué pour retenter ta chance dans l'immédiat et ta réserve en énergie spirituelle est déjà bien entamée. Tu juges donc qu'une bonne nuit de sommeil ne pourra être que bénéfique, tant à la réflexion qu'à l'exécution. Après t'être assuré que ton prisonnier ne pourra pas s'échapper, tu t'installes dans un lit, douillet dans  tes rêves les plus doux, mais en réalité d'une raideur à faire pâlir un fakir.
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Été de l'an 15

Nom: Nomura
Prénom: Raikku
Surnom: L'écorcheur
Spécialité: torture, fuinjutsu

Ninja de l'ombre et assassin émérite, connu dans le milieu sous le nom de l'écorcheur, pseudonyme qu'il a acquis au fil d'interrogatoires musclés, menés d'une main de maître, par l'intermédiaire de techniques de sceaux liées à la torture toujours plus innovantes. Loin de se limiter à cet unique talent, c'est un shinobi complet, craint de tous, même des plus téméraires.

Ça a finalement du bon d'être chef de ton clan. Ça te permet notamment de mettre la main sur certaines informations jusqu'alors inaccessibles. Tu te répètes les caractéristiques de cette fiche ninja plusieurs fois en approchant de l'endroit.

-Ami ou ennemi?

Soulevé par la brise matinale, le sable virevolte sur les murs blanchis par la chaux de la cahute. Le type qui se tient sur le seuil ne te quitte pas des yeux, immobile, les bras croisés. Il ne dit plus rien, attendant probablement une réponse. Ses longs cheveux blancs, balayés par le vent, retombent en une queue de cheval mal ajustée. Ses muscles, saillants, ne semblent quant à eux n'attendre qu'une occasion pour s'exercer.

-Ami...

Il en impose. Il doit mesurer dans les deux mètres. Un veston rouge et marron, dans les manches duquel on ne trouve aucun bras, repose sur ses épaules, d'une largeur impressionnante, tandis que ses pectoraux, dévoilés par un torse nu, émargent au-dessus d'abdominaux tout aussi puissants.

-Oh oh oh...alors ça y est? Tu m'as enfin retrouvé? J'avais reconnu cette lueur dans ton regard ce jour-là...

Près de trois ans qu'il ne t'a pas vu, mais il se rappelle de toi et ne semble même pas surpris. Il sait que tu t'es tout de suite intéressé à son talent. Il sait que ton caractère allait te pousser à retrouver sa trace un jour. Il sait et pourtant tu es toujours en vie. Pour ta part, ta seule certitude, c'est que tu ne fais pas le poids, et que toute autre réponse que celle que tu as donné aurait irrémédiablement entraîné ta mort. Le visage du gars se détend, jusqu'à devenir souriant.

-Pourquoi avoir mis autant d'acharnement à me rechercher mon jeune ami?

Tu restes d'abord bouche bée avant de te reprendre.

-Motoï...ou devrais-je dire Raikku...la technique que vous avez utilisé pour défaire ses deux types il y a un peu plus de trois ans, c'était quoi?

-Une technique de fuiinjutsu...sceau maudit d'affliction de son petit nom...ça claque non? Répondit-il immédiatement, comme s'il connaissait à l'avance la question que tu allais lui poser, attendant que tu es finis uniquement par politesse.

-Croyez-vous que vous pourriez me l'enseigner?

-Je n'enseigne jamais les techniques que je maîtrise...trop chiant...mais je peux te donner le parchemin qui en explique le fonctionnement détaillé si tu le souhaites...en échange de...disons...deux cent cinquante ryos...et d'une réponse à cette question...pourquoi cette technique là en particulier?

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Aujourd'hui

Tu es réveillée par quelques rayons de soleil qui transpercent le volet en passant au travers de plusieurs petit trous. Le sommeil a été suffisamment réparateur pour que tu récupères la totalité de ton énergie. La nuit porte conseil dit-on. C'est curieux, mais la tienne a surtout fait resurgir certains cauchemars de ton passé. Mioshi Nara, ton grand-père, ça faisait une éternité qu'il n'était pas venu hanter tes rêves.

Dans la chambre, toujours lié à son poteau, dans une position de plus en plus dégingandée, le captif semble au bout du rouleau. Il te ferait presque pitié, mais tu balayes vite toute idée d'empathie en repensant à ce qu'il est capable de faire. Putain Raikku, ça aurait pas été plus simple que tu m'apprennes ça en direct. Bon aller Shika, on se remet au boulot. Souviens-toi de ce qu'il t'a dit quand tu as quitté sa demeure.

''hey gamin, n'oublie pas que même si elle est caractérisée par un marquage, cette technique n'en ait pas moins du fuiinjutsu. Elle demande l'adresse d'un artiste sachant manier le pinceau avec finesse, sauf qu'ici, le pinceau, ce sont ta main et tes doigts...''.

C'est exactement ce qu'il t'a dit. La finesse. C'est sûrement cela qui te manque encore. Visualise un peu le truc. Tu peux bien donner des formes à ton ombres, alors pourquoi pas à ton chakra. C'est reparti pour une journée d'apprentissage. Tu sors cinq minutes à l'extérieur de l'hôtel pour aller acheter à la quincaillerie du coin cinq pinceaux, cinq pots de peintures de couleurs différentes, quelques feuilles de parchemins vierges et un rouleau de gros scotch, avant de remonter au pas de course dans ta chambre.

Tu lies minutieusement chaque pinceau à chacun de tes doigts de la main droite à l'aide du ruban adhésif, en t'appliquant pour que les extrémités poilues de tous les ustensiles soient à la même longueur une fois la main placée dans la position adéquate à l'application du sceau. Tu déroules ensuite les parchemins après les avoir alignés. Tu plonges les pinceaux dans la peinture, une couleur différente pour chaque outil, puis commences à dessiner des formes en t'appliquant pour que les cinq couleurs s'imprègnent de manière égale dans le papier, tout en essayant de réaliser le trait le plus fin possible. Aller, un peu de doigté Shika. Malheureusement, les échecs se succèdent, tantôt par l'apparition de pâtés immondes au milieu d'une ou plusieurs couleurs, tantôt par l'absence de l'une de ces couleurs quand la taille des traits est trop fine. Et puis tu ne ressens pas la chose comme le peintre peut la ressentir lorsqu'il laisse aller son instrument sur sa toile, porté uniquement par ses inspirations du moment.

Toujours affublé des pinceaux, tu entreprends le roulage d'une cigarette de salvia divinorum, ce qui te prend un peu plus de temps que d'ordinaire, mais ne t'empêche pas d'en profiter pleinement pendant une poignée de minutes. Tu te concentres, visualises la toile vide devant toi, puis ferme les yeux, avant d'élancer la main droite vers la feuille. Tu te laisses entraîner par la musique que ton cerveau joue pour toi en cet instant, afin de t'aider à imprimer un rythme régulier à tes mouvements. Les pinceaux vont et viennent avec douceur sur le parchemin et lorsque tu rouvres les yeux, tu constates une similarité indéniable pour chaque trait de chaque couleur. Porté par ton élan, tu laisses le chakra circuler dans ta main, puis dans tes doigts, jusqu'à leur extrémité, tout en arrachant les tiges de bois velues attachées à tes phalanges.

L'autre te gratifie d'un léger sursaut, conséquence du coup reçu, mais ne bronche pas. Tu recules de quelques pas, puis d'un mudra rapide, tu actives le sceau. La réussite est totale. Comme paralysé, l'homme grimace de douleur et t'implore de faire cesser son supplice.
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Automne de l'an -6.

Six mois que tu rêves chaque soir de ton grand-père, que tu le revois agonisant, te tendant la main. Cette nuit ne dérogera pas à la règle.

C'est ton père qui a hérité de la corvée du soir, après avoir perdu une partie endiablée de Shifumi contre ta mère. Les deux se livrent une lutte sans merci pour décider de celui qui ira te raconter l'histoire du soir qui t'aidera à t'endormir. Ou plutôt de celui qui n'ira pas. Parents tout à fait dignes, ce n'est pas qu'ils n'aiment pas se transformer en conteurs, mais ils savent pertinemment que tu vas les accabler de questions sans qu'ils puissent en placer une. Un conte durant habituellement quinze minutes, peut facilement tenir l'heure lorsque c'est à toi qu'il est lu. C'est donc d'un air blasé qu'il ouvre la porte de ta chambre et se glisse à l'intérieur de celle-ci, avant de repousser le battant. Emmitouflé sous une couette que tu remontes suffisamment haut pour que l'on ne voit que tes yeux et ton crâne dépasser, tu accueilles l'entrée paternel d'un sourire rassuré, car si Yukimaru Nara est une copie plutôt fidèle de l'état d'esprit nonchalant qui caractérise la majeur partie du clan, le gène de la patience a assurément été retiré du génome de ta mère à la naissance. Tu ne comptes plus les histoires non terminées et autres éclats de voix du dragon en chef de la famille.

Tu fais légèrement glisser la couette vers le bas pour laisser apparaître ta bouche. Les yeux embués, tu regardes ton père. Te voyant curieusement plus tendu et renfermé que d'ordinaire, il t'interroge sur les raisons de ce coup de mou.

-Papa...j'ai encore rêvé de papi la nuit dernière...il me disait de le laisser partir, qu'il avait besoin de se reposer maintenant...

Le maître des lieux saisit le dossier de l'une des deux chaises présentes dans la pièce, déplace les quelques vêtements qui y ont été jetés de manière désordonnée, puis la rapproche du lit avant de s'asseoir dessus. Il passe tendrement une main paternaliste dans tes cheveux et t'embrasse sur le front.

-Shika...je vais te raconter une légende Nara...il y a bien longtemps, l'un d'entre nous, qui s'appelait Primo Nara, était un homme puissant qui maîtrisait un nombre incalculable de jutsu et ne cessait d'assouvir sa soif de connaissances en rencontrant les plus grand maîtres du sekaï....tout commença en l'an -756. Dans une petite chaumière placée à l'ombre des forêts, naquit un jeune garçon digne représentant de la lignée des Nara, que ses parents, dont il était le premier enfant, prénommèrent Primo...en grandissant, il montra rapidement certaines prédispositions pour la manipulation du chakra, et tout ceux qui l'eurent sous leur coupe, lui promirent un glorieux avenir...

Captivé, tu es totalement suspendu aux lèvres de Yukimaru, bien que Morphée insiste lourdement pour que tu le rejoignes. En effet, tes paupières sont de plus en plus lourde, la fatigue de plus en plus pesante. Si bien que  c'est finalement à demi-conscient que tu entends les dernières lignes du récit qui est en train de se conclure après plus d'un quart d'heure.

-...et un jour, il maîtrisa tous les jutsus de ce monde, si bien que plus aucune personne du monde des vivants n'osait l'affronter....mais, plus profondément dans les entrailles de la terre, les démons furent rapidement mis au courant de l'existence de cet homme qui se prenait pour un dieu...ce qui les fit bien rire, si bien qu'ils envoyèrent un de leurs émissaires combattre Primo, avec pour objectif de le remettre à sa place en le tuant...mais  rien ne se passa comme prévu pour le clan des ombres qui vit l'un des leurs et plusieurs autres par la suite se faire exécuter par le Nara. Jusqu'à ce que le chef des démons, qui avait déjà perdu une bonne partie de ses troupes ne se venge en l'affligeant d'une malédiction...si lui ou quelqu'un portant le même nom venait à mourir d'une technique qu'il ne connaissait pas, il serait condamné à errer dans le royaume des ombres pour toujours, et ne pourrait ainsi jamais connaître la paix d'un repos éternel...

Ton père appose un dernier baiser sur ton front et te souhaite une bonne nuit avant de quitter la pièce, sans toutefois manquer d'ajouter une dernière remarque.

-...mais bien sûr, même si certains anciens aiment bien maintenir le doute encore aujourd'hui, ce n'est qu'une légende Shika...

C'est sur ces dernières paroles que tu finis par t'endormir, convaincu que la liberté demandée par ton grand-père dans tes rêves tient sa source de cette légende et qu'il ne sera libre de se reposer paisiblement, qu'une fois que ce qui l'a tué sera déterminé.

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Aujourd'hui

Après avoir remis ton gars aux autorités compétentes, tu prends le chemin du retour en direction du domaine de ton clan. Il faut absolument que tu testes ce fuinjutsu en combat, histoire de voir si tu es capable de l'appliquer dans une situation plus contraignante. Problème, ça va être difficile de trouver une personne assez complaisante pour accepter d'être ton cobaye de plein gré. Finalement, t'aurais peut être du le garder encore un peu avec toi l'autre affreux, en lui proposant par exemple de jouer sa survie au combat. Mais non, alors que tu n'es plus qu'à quelques encablures du domaine Nara, tu n'as rien à te mettre sous la dent pour assurer la réussite totale du jutsu que tu viens d'apprendre.

Qu'Inari soit béni. On dit que la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt. Rien que pour vérifier, ça valait le coup d'ouvrir les yeux à l'aube. Tu ne sais pas pour la vie, mais aujourd'hui, et de manière inespérée, c'est la baston qui t'appartient. Juste à l'orée d'une clairière, une femme et un homme que tu n'as jamais vu par ici, barrent la route à un convoi de marchandises. L'épouse du marchand accompagne son mari et tient dans ses bras un poupon qui n'a pas encore soufflé sa première bougie.

-Donne-nous tout ce que tu as et nous vous laisserons la vie sauve...énonce la femme en passant la langue sur ses lèvres.

-Mais...mais...si je vous donne tout, notre enfant ne survivra pas...

-Alors tant-pis pour vous...

La brune agite ses mains pour former plusieurs mudras et fait jaillir de sa bouche une flamme qui prend la direction du couple. Posté sur un arbre non loin de là, tu as assisté à toute la scène et n'hésites pas une seconde à bondir de ta branche pour t'interposer entre le feu et les marchands, en érigeant un mur de terre sur lequel tu te perches.

-Quitte à vous battre, autant vous attaquer à quelqu'un qui peut se défendre non?

L'acolyte masculin de la manipulatrice de katon se jette sur toi, le poing en avant. Tu sautes par dessus lui en quittant ton promontoire et lui lance une volée de kunaï dont l'un vient se planter dans sa cuisse gauche. Il trébuche, mais la femme profite du laps de temps pour lancer vers toi une boule de feu que tu ne peux esquiver que partiellement, surpris par la soudaineté de l'attaque. Le bras gauche encore rougi par la brûlure, tu avances vers elle d'un pas nonchalant, scalpels à la main et une lueur dans le regard qu'on ne t'a plus vu depuis l'accomplissement de ta vengeance. Dans ton dos, et bien que claudiquant, le gars te saute dessus avec rage. Tu te retournes, lui lances un scalpels droit dans le bide et l'égorge avec le second avant qu'il n'ait pu t'atteindre. Nouvelle attaque de la fille, qui cette fois te balance quelques shurikens aqueux que tu évites d'un rien, tout en continuant d'avancer vers elle en malaxant ton chakra.

Une fois à sa hauteur, tu rediriges d'un coup le chakra dans ta main, puis dans tes doigts, en prenant soin de garder la concentration indispensable à l'exécution de la technique. Tu repenses à chacune des phases de ton apprentissage. D'abord faire affluer une très forte quantité de chakra, puis répartir l'énergie ainsi insufflée de manière équitable entre la main et chaque doigt, et enfin, accorder de la finesse au geste. De ton bras gauche, tu pares le coup de pied initié par l'adversaire avant d'élancer ton bras opposé vers la cible que tu touches à l'épaule, ce qui a pour premier effet de la repousser un mètre en arrière.Tu en profites pour reculer par petits bonds successifs et te maintenir à bonne distance. Elle sort alors deux kunaïs de sa sacoche et s'apprête à te les lancer quand tu actives le sceau sur son corps.

Une marque apparaît alors à l'endroit où tu l'as frappée juste avant, se dessinant au fur et à mesure, jusqu'à ce qu'elle atteigne son entièreté. D'un coup, la femme se plie en deux, crachant quelques gerbes de sang au passage.

-Aaaaargggghhhhh...mon corps...qu'est ce que tu m'as fait...

La technique a fonctionné. Tu ne mets pas longtemps à terminer le combat, assommant finalement ton assaillante, avant de la livrer à qui de droit.

Il ne te faut pas loin de la journée pour retrouver ton clan, satisfait du travail accompli ces derniers jours. Mais il te reste une dernière chose à faire. Tu prends la direction du cimetière, un peu à l'écart du domaine, non loin de la stèle Nara, et t'agenouilles devant la tombe de ton grand-père avant de murmurer.

-Regarde grand père, ça s'appelle le sceau maudit d'affliction et c'est comme ça qu'on l'utilise...

Tu recommences une à une toutes les étapes du jutsu après une longue explication de chacune d'entre elles, et tu l'appliques dans le vide.

-Voilà...maintenant que tu sais, tu peux reposer en paix papi! Conclus-tu, un sourire bienveillant aux lèvres.
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Acte II -  Infestation