Tadake en apprentissage - n°6 - [Entrainement]

L'automne était une belle saison et rendrait le pays du feu plus flamboyant qu'il ne l'était. Lorsque les arbres de la forêt se paraient de ses nuances d'orange et d'or, se mêlant au ciel gris de la pluie, une certaine magie semblait s'élever. La kunoichi aimait particulièrement cette période de l'année. Mais une nouvelle fois, les ambitions de la jeune femme prirent le pas sur son désir de profiter du temps qui lui était imparti pour chercher à s'améliorer toujours et encore. Sa soif de perfectionnement n'avait pas de limite mais elle n'était pas seulement dû à son caractère. Il lui fallait devenir plus forte, plus puissante pour le jour où elle devrait l'affronter lui.

C'était toujours un peu dans le secret qu'elle s'échappait de Konoha, se détournant des terrains d'entrainements classiques comme si elle avait peur d'être découverte et que l'on devina que son cœur n'était pas aussi détachée qu'elle ne l'aurait voulu. Et si elle croisait l'un de ses élèves? Elle ne désirait pas les décevoir, ni même leur expliquer les raisons réelles de ses absences bien qu'elle serait tout à fait à même de le dissimuler.

Se rendant alors dans une clairière qui lui était familière, Yuriko commença par une série d'échauffement assez banal, mêlé de course, d'agilité et d'endurance pour se mettre en train. Puis vint enfin l'entrainement pur et dur. Ce que souhaitait la jeune femme était de renforcer ses enchainements, gagner en vitesse pour empêcher un ennemi de répliquer, et par cette occasion, lui permettre de se coordonner avec une autre attaque. Toute la difficulté se trouvait dans l'exécution pour acculer l'ennemi.

La première idée de la kunoichi était de tenter fortifier ses poings et ses bras pour assurer ses coups. Avec calme, elle commença par frapper l'air tout en comprimant son chakra dans ses mains. Un coup, puis deux, trois, et ainsi pendant plus d'une heure. Elle accéléra au fur et à mesure le rythme jusqu'à ce qu'il devint plus soutenu et que son propre souffle devint court. Elle s'obstina dans cette voie jusqu'à ce qu'elle n'en put plus, toujours en cherchant à battre un ennemi invisible, toujours plus vite, toujours plus fort, toujours avec plus de véhémence. Droite. Gauche. Droite. Gauche. Une frappe un peu haute, une autre plus basse. Et elle enchaina de cette façon jusqu'à plier un genou à terre dans un essoufflement qui trahissait la rudesse avec laquelle elle s'adonnait à sa tâche.

Ce n'était pas assez. Plus vite. Il fallait qu'elle frappa plus vite. Elle ne se donna qu'une demi-heure pour récupérer au maximum avant de s'atteler à nouveau. Têtue, elle fit cela pendant presque toute la matinée jusqu'à se montrer déraisonnable. Son acharnement finit toutefois par payer pour lui donner une impression de légère satisfaction. L'amélioration lui paraissait encore légère mais il lui faudrait réitérer. Encore et encore. Et si battre l'air paraissait facile, elle reprit avec persévérance sur une cible solide. Un arbre puisque l'on était en forêt. Elle frappa, multiplia les assauts jusqu'aux saignements des jointures de ses doigts. Ce n'était que le début....

Technique à apprendre:

Un autre jour d'automne pour reprendre là où elle s'était arrêtée. On ne fortifiait pas les armes du corps en ne faisant pas preuve d’opiniâtreté. Cette fois-ci, elle voulait renforcer la puissance de ses jambes et son agilité, au même titre que ses mains étaient devenues assassines. De la même façon que la première fois, elle s'échauffa par la course, mais pour également améliorer sa souplesse, elle joua au chat et à la souris avec les fantômes de son esprit, courant entre les immenses arbres de la forêt, esquivant les feuilles mortes qui tombaient sous l'influence du vent, se laissant bercer par la musique des feuillages. Elle fonçait ainsi sur un ennemi que seuls ses yeux pouvaient apercevoir.

Peut-être qu'un regard extérieur prendrait la jeune femme pour une simple d'esprit ou une démente, mais un œil averti saurait reconnaître que derrière son jeu de jambes se dissimulait une guerrière de l'ombre. Tantôt elle sautait avec la souplesse d'un chat, tantôt avec la rapidité d'un serpent. Elle dansait avec une pluie de coup meurtrier. Vite, toujours plus vite. Il lui fallait arriver à la hauteur de son ennemi sans qu'il ne puisse répliquer.

Ce ne fut qu'au bout de plusieurs heures - encore - qu'elle s'accorda une pause salutaire dans la clairière qui lui servait de refuge. Là bas, elle s'abandonna près du point d'eau pour se rafraîchir un peu, ôtant ses chaussures et remontant ses bas pour baigner ses mollets dans le froid. Cela lui éviterait les crampes. Ce serait bien déshonorant pour une femme médecin et une combattante de sa nature de se laisser surprendre.

Elle laissa ses pensées vagabonder un peu, jusqu'à ce qu'un souvenir qui la fit sourire revint en surface, celui d'un homme qu'elle avait rencontré près d'un ruisseau comme celui-ci. Que devenait-il? Cela lui semblait si loin maintenant. Et elle? Que pourrait-elle dire si elle l'apercevait à nouveau? Pouvait-elle prétendre être devenue plus forte comme elle le désirait? Pas encore. Il fallait s'armer de patience et de persévérance.

Quand Yuriko considéra qu'elle n'avait que trop attendu, elle reprit avec ardeur la suite de son entrainement. Les poings... maintenant les jambes. Si lui fallait supporter des enchainements rapides de coups de pieds. Toujours plus simple à dire qu'à faire. Par mimétisme à ce qu'elle avait pu faire pour le haut du corps, elle s'employa à envoyer des tapes dans le vide. La première heure se fut avec la jambe droite. L'autre heure se fut avec la jambe gauche. Puis vint les coups de genoux. Le gauche. Le droit. Et toujours en montant d'un cran, à chaque fois.

Elle frappait inlassablement jusqu'à ne plus rien sentir, jusqu'à ce que son souffle lui brûla les poumons et que cela ne devint plus supportable. La konohajin se laissa simplement s'effondrer à la fin, le front contre le tronc martelé de l'arbre qui lui servait de punching-ball. Toujours plus vite. Il fallait frapper plus vite et ce n'était que la moitié de son parcours. La route serait encore longue.

Technique à apprendre:

Depuis combien de jours la jeune femme s'échappait-elle de son village? Deux? Trois? Sa quête de perfectionnement lui en faisait perdre la notion du temps et son obsession à atteindre ses objectifs également. Mangeait-elle seulement convenablement? Sans doute, par acquis de conscience. Mais pensait-elle seulement à elle? Peu probable, car tout dans son attitude avait quelque chose de très mécanique lorsqu'elle se vouait à une cause. C'était ainsi depuis l'enfance, elle s'étouffait elle-même dans son entêtement. Mais au moins, elle estimait ne pas faire supporter ce triste spectacle à quelqu'un d'autres. Triste? Oui, car elle n'était pas seulement une konohajin qui s'évertuait à apprendre une nouvelle attaque, mais un cœur vengeur qui rêvait de mettre en miette un homme qui l'avait brisé elle-même. Et cela se voyait dans ses yeux.

Retournant une dernière fois à la clairière où elle s'évertuait à rendre des coups plus puissants, Yuriko désira faire en sorte de fluidifier ces enchainements pour mieux les associer. Donner des assauts violents de poings et de pieds, c'était une chose, mais les rendre efficace et difficilement parable, c'était une autre histoire.

Sur ces maîtres mots, la kunoichi - dont le corps s'était remarquablement renforcé - commença à battre une nouvelle fois le vide mais en enchainant coup de poing par un coup de pied - ou éventuellement un coup de genou. Si le début lui parut étonnamment lent - à son échelle de shinobi car pour le commun des mortels, elle apparaîtrait rapide - elle se rendit bien vite compte que ses bras et ses jambes lui semblaient plus légers et que sa dépense en chakra moins ressenti. Au fur et à mesure, elle trouva ainsi la force de rendre la continuité de ses assauts largement plus efficaces.... et bien plus véloces.

Quand elle en eut assez de ses opposants invisibles, elle s'en prit à sa malheureuse victime végétale jusqu'à obtenir un semblant de satisfaction. Pour se donner plus de nerf, elle se mit à se flageller l'esprit en repensant au visage d'Hiromasa, et tel un coup de fouet, chacune de ses attaques parurent plus violentes. Sans s'en rendre compte, elle en vint même à hurler en matraquant le tronc d'arbre avec tant de haine qu'elle creusa un trou dans l'écorce... pour finir par enchainer par la technique du poing vengeur qui brisa littéralement l'arbre en deux.

Une volée d'oiseaux s'échappa, des craquements de branches jusqu'à voir l'immense végétal s'effondrer dans une chute lente et certaine. Yuriko, elle, demeura là, immobile, le poing dressé au devant et le souffle saccadé. Ses cheveux lui barraient le visage et collaient à sa peau humidifiée par les efforts. Sa poitrine se soulevait douloureusement, ses jambes lui paraissaient tremblantes et sa main saignait. Il y avait des colères que même le temps ne pouvait apaiser.

La kunoichi finit par repousser ses cheveux en arrière pour laisser apparaitre un regard plus déterminé que jamais. Il lui fallait recommencer. Et elle recommença. Encore, et encore, mais en prenant soin cette fois-ci de mesurer sa puissance pour éviter d'agrandir la clairière qui lui servait de refuge pour ses noires ambitions. Il lui fallait s'assurer que cela n'était pas dû à de la simple chance - bien que le doute n'était pas réellement permis. La journée fut longue ce jour-là mais elle savait qu'au bout de cette dernière elle pourrait se vanter de maîtriser une technique à sa mesure, et qui savait, peut-être deviendrait la clef de victoire future.

Technique à apprendre: