Bien vite, Hinoke décréta qu’elle aimait le désert. Tout aussi hostile et brûlant qu’il soit, il y avait dans la plaine sableuse et désolée une certaine poésie qui parlait à la manieuse de Yoton. Nankita, dans son costume ocre et solaire, lui donnait des envies d’y installer une retraite tant elle s’y sentait comme à la maison. L’absence de voyageur autre qu’elle-même et la silhouette tourmentée du konohajin qu’elle devançait la rendait particulièrement encline à se disperser, au mépris d’une économie d’énergie qui aurait pu lui être profitable. Papillonnant ici et là, elle prenait, de temps à autre, une pause pour désigner à son comparse un paysage ou encore même une petite créature déguerpissant loin de leur passage, réveillée par le son de leur pas qui venait troubler le chant des dunes. Le soleil, dur, avait fini par la faire quitter, au moins le temps du trajet, le couvert rassurant de son masque pour éviter de devoir s’arrêter sans arrêt essuyer la sueur qui lui coulait dans les yeux. Enthousiaste, la balafrée n’avait cessé de sourire, savourant les rayons de l’astre diurne qui venaient réchauffer sa peau pâle. Peut-être gagnerait-elle quelques couleurs durant leur escapade exotique, qui sait ?
La Sarutobi n’en revenait toujours pas que son plan ait marché. Récemment rabrouée par les autres Keshi pour son manque de progrès avec l’Aburame, elle avait décidé de tenter une nouvelle approche. Encore incapable de lancer le sujet de la possible
évacuation du jeune homme de son village s’il le souhaitait, Hinoke s’était résolue à tenter de se rapprocher de lui d’une manière ou d’une autre. Après y avoir longuement réfléchi dans une auberge, sur le retour d’un énième contrat, elle avait fini par mettre la main sur cette mission un peu par hasard, dans l’espoir que celui qui le lui avait proposé cesse de geindre et de lui casser les oreilles. Une mission pour le moins étrange, avec sa légende et sa malédiction mystique, que l’esprit de la kunoichi avait vite oblitéré pour un détail bien plus intéressant : un volcan. Elle en avait entendu parler, pour en être elle-même un sur patte, mais n’avait encore jamais eu l’occasion d’y jeter un œil. Les quelques histoires qu’elle avait pu grappiller, ici et là, racontait que son père, Yonbi, y résiderait de temps en temps pour venir se ressourcer et la tête brûlée qu’était la jeune femme aux cheveux gris rêvait d’en vérifier la véracité.
Un périple particulier, auquel elle avait décidé de convier le pauvre Kougen, après avoir attendu qu’il revienne à leur lieu de rencontre habituel. Parchemin en main, elle l’avait laissé prendre la décision de venir ou non, satisfaite d’avoir mis la main sur une idée qui lui permettait de joindre l’utile à l’agréable. Après tout, quoi de mieux, pour nouer des liens, qu’une situation de danger immédiat qui nécessitait de dépendre de son compagnon pour survivre, tout en décrochant les ryos nécessaire pour la nourrir le mois suivant ? Sous toutes les coutures possibles, la flamboyante Sarutobi ne voyait aucune ombre sur son tableau, malgré le danger plus ou moins important vers lequel la mission les emmènerait certainement.
Continuant de caracoler en tête de procession, Hinoke progresse en souriant malgré l’air brulant. Loin de disparaitre, la joie de la kunoichi ne fait que grandir lorsque, finalement, après leur long périple aride, les yeux des voyageurs se posent enfin sur la silhouette allochtone de la ville-demeure des Nimotsu. Alors, seulement, depuis le haut de sa dune, l’adolescente ose se retourner pour quitter le désert du regard. Alors que ses prunelles mal assorties tombent sur l’Aburame en pleine ascension, elle lui tend une main secourable avant de désigner leur destination de l’autre.
« Tiens bon, on y est presque. » l’encourage-t-elle avant de repartir de plus bel, sans lâcher sa main.
Elle dévale alors la pente de sable, entrainant le pauvre maitre des insectes dans son sillage instable, manquant une fois ou deux de les faire tomber tous les deux dans son enthousiasme enfantin. Ce n’est, finalement qu’en entrant dans l’enceinte de village qu’elle relâche enfin son prisonnier, se remettant à papillonner aux quatre coins de l’esplanade pour observer ce que les murailles de terre lui avaient caché. Une étincelle de curiosité brille au fond de son regard alors qu’elle s’arrête enfin devant l’établis d’une échoppe aux couleurs vives, attirée par l’odeur inconnu de nourriture qui s’en échappait. Sélectionnant l’un des mets en écho au client qui venait de quitter l’étal, Hinoke échange une pièce contre deux brochettes de dattes grillées en échangeant des banalités avec le commerçant. Elle lui extirpe bien vite les directions approximatives des quelques lieux d’intérêts du coin, jouant de son statut de touriste véritablement perdue avant de réapparaitre devant l’albinos qui l’accompagnait pour lui tendre l’une de ses trouvailles.
« Le puit est là-bas. » désigne-t-elle du doigt, sans savoir s’il avait profité de son départ momentané pour s’y désaltérer. « J’ai cru comprendre en discutant avec le gadji là-bas qu’il y avait une bibliothèque et une auberge aussi. Le fort doit être le lieu de résidence des Nimotsu, mais je ne pense pas qu’on trouve grand-chose là-bas. » La Sarutobi croque dans son acquisition culinaire, laissant à son interlocuteur le temps de digérer le flux des informations qu’elle lui transmet avant de finalement poser la question fatidique. « J’pense que le mieux, ce serait de savoir qui a le tu-sais-quoi, mais je n’ai pas la moindre idée d’où on pourrait bien trouver ça. Et toi, Kougen-san ? »
Mordant à nouveau dans son quatre heure, la jeune femme mâchonne, le regard fixé sur son compagnon de route en attendant son analyse de la situation. Elle-même se disait que, pour chercher une légende, il serait sans doute plus simple de lire à la bibliothèque mais, pour chercher des personnes, sans doute qu’il serait plus simple de poser des questions à l’auberge. D’un autre côté, rendre visite à leur employeur pouvait, sans doute, leur permettre d’en gratter un peu plus sur la fameuse bague maudite et le destin funeste de leur prédécesseur. Dans l’une comme dans l’autre, Hinoke ne semble pas attacher d’importance particulière à l’ordre de visite, consciente qu’il faudrait, tôt ou tard, se rendre un peu partout s’ils ne voulaient pas partir à la recherche du trésor complètement démuni.
- Récapitulatif:
Bienvenue dans le désert !
Techniques utilisées :
Aucune c’est une intro tout de même !