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Juste une dernière danse [MISSION rang C - PV Yuuki Kurasibe]

Shirogane Honoka
Shirogane Honoka
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Ordre de mission:

Juste une dernière danseft. KURASIBE Yuuki


Je me tenais à la limite de la frontière entre Suna et la côte d'Omui. Un seul pas, et ça serait la première fois en plus de trois ans que je quittais le pays. Vous allez peut-être trouver ça con mais, ça me faisait quelque chose. Toute mon attention se posait sur le paysage qui dévalait devant moi, je scrutais les routes de ce désert. Dans mon crâne, c'était le vide intersidéral. Je pensais que quelque chose me reviendrait en mémoire mais rien. Alors je me tenais toujours là, avec mon corps tout maigre et ma clope dans le bec, mes cheveux ébouriffés par le vent, je guettais une étincelle dans ma tête cabossée. Rien. Je ne savais pas si je devais être rassurée ou déçue. Je soupirais nonchalamment tout en crachant ma fumée, puis je me retournais en direction de Suna.

Je n'étais pas seule. J'aurais dû m'en douter que le haut-conseiller me laisserait pas mener mon boulot en tête à tête avec moi-même mais.... j'avouais que je ne pensais pas à une adolescente. Une du clan Kurasibe. Mais c'était une genin qui n'avait pas l'autorisation de se faufiler hors d'ici sans un chaperon. Mais la grande question était : qui chaperonnait qui? Cependant, je m'en foutais dans les deux cas. Je n'étais pas une instructrice et je ne lui dirais pas quoi faire. Je ne comptais pas non plus lui faire la leçon et je ne l'emmerderais pas. Par contre, faudrait que je m'assure un minimum qu'on revint en un seul morceau, juste pour pas qu'on m'accusa encore de je-ne-sais-quoi.

Si on me demandait si j'aimais les gosses, je dirais que oui. Je crois. Je crois que j'aurais aimé "ça" parce que je supposais que je devais l'être un peu moi-même. Mais si on me demandait si j'avais l'âme maternelle, je n'en étais pas certaine. Il fallait dire que l'on me qualifiait plutôt de "garçon manqué". Du coup, ça faisait partie des innombrables questions sans réponses.

Je me saisis alors de mon calepin et je commençais à griffonner quelques paroles dessus. Je m'approchais de ma "collègue" et lui mit sous le nez, en tentant de sourire.

" T'es prête? "

Ce n'était pas un ordre. Juste une question pour qu'on passa enfin la frontière. On avait une satané carriole à courser dans laquelle se planquait une danseuse qui avait un peu trop jouer avec le feu. Je me demandais si elle s'était rendue compte de l'effet qu'elle avait produit sur le vieux sagouin qui voulait qu'on la lui rapporte comme un trophée. Sans doute que oui. Les danseuses, elle savait jouer de leurs charmes. Séduire sur scène, c'était leur métier. Par contre, elle avait négligé que le pognon faisait tourner le monde et cela ne marchait pas que dans un sens. Les femmes étaient des armes à elle toute seule et quand on savait remuer du popotin - trop bien même - ça attirait des convoitises malsaines. Personnellement, je m'étais toujours employée à ne pas être "trop" femme. Par flemme notamment. Et peut-être pour une raison que je n'avais pas encore découverte. Je ne me semblais pas désireuse de plaire, pas avec ce que j'avais pu découvrir dans mes armoires et les tiroirs de ma maison. A part deux trois bricoles qui m'avaient mis le doute. J'avais dû tenter quelque chose à une époque. Cela devait être drôle.

J'agitais à nouveau mon carnet sous le nez de la petite. Yuuki. C'était son nom.

" Je te laisse choisir la direction. Fais-toi plaisir. "

Il fallait suivre l'instinct des jeunes parfois.

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Encore une fois, la traversée du désert. Yuuki était à peine revenue de la côte d'Omui qu'on la renvoyait à nouveau en mission dans cette région voisine du pays du Vent. Région que Suna avait à l'oeil, bien entendu. Il faut croire que la Kusaribe était presque devenue une référence après avoir passé quelques temps dans cette contrée, puisque l'Intendant du village l'appela pour qu'elle parte en mission avec une Chuunin du village. Un topo rapide sur la description de la tâche à remplir, et la blonde s'était rendue aux portes rejoindre sa coéquipière : une marionnettiste muette. En voilà une qui ne lui casserait pas les pieds pendant ce voyage ! La Genin en fût presque ravie.

Les deux kunoichi s'étaient rapidement retrouvées à la frontière de la côte d'Omui. La Shirogane semblait vouloir un temps d'arrêt, regardant au loin devant, et se retournant pour contempler le chemin qu'elles avaient fait. C'était la première fois qu'elle quittait le pays? Yuuki la laissa fumer sa cigarette en paix, s'éloignant quelques instants pour éviter de se retrouver dans l’écœurante fumée qui la faisait tousser. La Genin ne revint que lorsque l'ainée jeta son bâton cancérigène dans le sable, et elle jeta un coup d'oeil au petit carnet que Honoka lui mit sous le nez.

Pour toute réponse, Yuuki fit un large sourire.

Évidemment qu'elle était prête. C'était la première fois que Yuuki devrait exécuter une mission qui avait un potentiel de risque : séquestrer une danseuse qui avait eu le malheur de tomber dans l'oeil d'un riche noble de la côte d'Omui. Oubliez la solidarité féminine, la Kusaribe ne voyait que le potentiel politique que pouvait apporter cette mission à Suna. Le village allait bientôt mettre la main sur cette région qui possédait un port sur la mer, et posséder des alliés nobles à l'interne risquait de peser dans la balance. Yoshiro ne possédait peut-être qu'un petit domaine, il ne fallait pas cracher sur tout aide qui pouvait être apportée. Et vendre une jeune danseuse pour étendre la gloire de Suna sur l'ensemble du Sekai, c'était peu cher payé.

La Shirogane secoua à nouveau son carnet pour attirer l'attention de sa coéquipière.

" Il y a un passage dans les montagnes, un ancien chemin de contrebandiers. C'est le trajet le plus discret pour traverser jusqu'à la côte d'Omui. Il nous mènera directement au village de Toro, et son fameux casino. Si notre danseuse fait une tournée dans la région, il est fort probable qu'elle y fasse un arrêt. "  

Ces informations, Yuuki les possédait suite à la mission d'exploration qu'elle avait effectuée avec son Sensei, Denya et Ibara. Le casino était l'endroit où les hommes riches de environs venaient dépenser les fruits de leur criminalité. Un endroit rêvé pour faire pleuvoir les ryos, et une jeune danseuse serait stupide de laisser passer cette occasion.
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Shirogane Honoka
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Juste une dernière danseft. KURASIBE Yuuki


La petiote avait fait son choix, un choix intelligent soit dit en passant au vue des explications qu'elle fournit. C'était peut-être une bleue au départ mais visiblement préparée. Les genins en avaient sous le pied de nos jours, une bonne chose pour Suna et son avenir. M'enfin, on lui avait aussi rapporter que la brindille qui était avec elle avait une grande gueule. Un défaut pour beaucoup mais c'était parfait pour Honoka. La gamine pourrait toujours dire tout haut les commentaires qui la démangeraient en son fort intérieur.

" Parfait. "

C'était le petit mot que je lui glissais sous le nez avant de prendre la route. Cette fois, je n'avais pas eu d'hésitation à traverser la frontière. J'eus même un petit sourire en coin. C'était con mais j'avais l'impression de partir à l'aventure comme une enfant, que je découvrais un autre monde. C'était totalement exagérée mais je trouvais ça drôle comme sentiment.

Direction les montagnes.

Le voyage fut assez silencieux. La bonne blague. Mais quand on arriva à destination, non loin du village de Toro après des kilomètres de chemin, un point me titillait. Un casino. C'était pas le top du top pour une adolescente. Sans compter que les prestations de danseuse du ventre, c'était plutôt tard dans la nuit et dans la nuit, on devait se taper tous les queutards du coin. D'ailleurs, ça me faisait penser que Blondinet-sama m'avait demandé de la discrétion et que l'on ne remontait pas jusqu'à nous.

Je m'arrêtais quelques secondes et retira mon bandeau de shinobi qui pendait à mon cou. Là, dessous, j'avais la gorge entourée de bandage pour dissimuler les brûlures qui m'avaient privé en partie de ma voix, bien que le carnage venait plutôt des fumées toxiques que j'avais visiblement respiré. Quelle ironie de savoir que c'était le tabac qui m'apportait un petit plaisir au quotidien. Quoiqu'il en soit, je le rangeais et tourna la tête vers Yuuki pour lui pointer du doigt le sien afin qu'elle en fasse de même. Je pris par la suite mon carnet.

" On doit pas savoir que Suna a aidé dans le kidnapping. "

Je supposais qu'elle le savait mais les jeunes étaient toujours plus excités que les autres en mission. Inutile de se précipiter.

" On se la joue comment? Cliente sexy en mal de jeu ou fourbe de nuit en attendant qu'elle sorte. "

Techniquement, on pouvait faire les deux. Entrer pour repérer les lieux, vérifier qu'elle allait se donner en spectacle, contrôler le nombre de bonhommes qui veillaient sur elle. Des petites choses du genre. Ou on pouvait simplement être patiente, chercher sa roulotte et la guetter. Moins fun forcément.

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Oui, bien évidemment, on ne devait pas du tout savoir que Suna était impliqué dans l'affaire. On se douterait certainement, les shinobis de haut niveau ne courraient pas les rues, et encore moins dans le secteur d'Omui. Il y avait tout au plus quelque brigandage dans le pays, de la petite criminalité, mais un enlèvement de maître, on saurait certainement qu'aucun gang local n'était derrière.

Aquiesçant la demande de la Shirogane, Yuuki retira le bandeau de Suna. De toute façon, il n'était pas bien vu de se promener avec un tel accessoire dans les environs. Si l'on voyait trop de shinobis du Vent, l'on commencerait à se poser des questions, risquant ainsi tous les efforts qui avaient été déployés dans la conquête de la région jusqu'à date. Les deux Kunoichi n'allaient certainement pas ruiner tout le travail qui avait déjà été accompli en omettant la discretion primaire de leur emploi.

D'ailleurs, comment allait-on s'y prendre ? La Genin s'était évidemment posé la question, et espérait que la Chuunin ait déjà un plan. Peut-être en avait-elle un après tout? C'était donc un test, pour connaître les intentions de la jeune fille et ce qu'elle ferait si elle était en charge d'une telle mission. Et Yuuki avait déjà une partie de son plan en tête.

" Humm.... allons au casino. J'ai un ami là-bas, je suis sûre qu'il nous filera quelques informations. Peut-être que notre danseuse ne sera là que dans quelques jours... peut-être qu'elle est déjà passée. Faudrait demander avant tout... "

Voyant que l'autre était d'accord - elle avait peut-être elle aussi la même idée, ou pensait que ça valait le coup de tester l'hypothèse de la petite -, Yuuki se transforma grâce à son Henge en cette sulfureuse escorte aux cheveux rouges qui avait grandement impressionné l'un des habitués du Casino, un homme qui semblait être de la pègre locale de Toro. Dans sa robe noire longue à haut col, ses fines boucles d'oreilles, elle se démarquait grandement des filles locales, juste assez pour attirer le regard des hommes de mauvaise vie. Et maintenant qu'elle avait observé le manège des vraies escortes lors de son passage dans des endroits peu recommendables au port d'Omui, elle n'en n'aurait plus seulement l'apparence, mais aussi le jeu et les manières. Mieux encore, Aki ne jouerait pas les chiens de gardes cette fois-ci.

Juste une dernière danse [MISSION rang C - PV Yuuki Kurasibe] 41SJt-vVm3L

Le fauve était en liberté. Il suffisait d'y mettre les manières de la vieille sorcière Kusaribe en plus, et le tour serait joué.

****

La Kusaribe avait entrainé sa comparse au Casino, comme si elle était une habituée de la place. Le soleil était sur le point de se coucher, et l'endroit était encore peu bondé. Quelques clients étaient assis ça et là autour de quelques tables de jeu. Prenant la main de la Chuunin, Yuuki sous Henge se dirigea vers le bar et commanda du saké pour les deux.

" Ça ne devrait pas être très long...."

Cela ne prit que dix minutes -comme si quelqu'un l'avait prévenu de la présence des deux jolies jeunes femmes- et voilà qu'un gorille arriva vers les demoiselles et pris une place au bar, .

Juste une dernière danse [MISSION rang C - PV Yuuki Kurasibe] Katou_profile

" Hiroki ! Quelle surprise je ne m'attendais pas à te voir ici.." dit la Kusaribe, en faisant une chaste bise au petit mafieux

" Ahh ! Ma chérie ! J'avais cru ne jamais te revoir. Je savais bien que tu finirais par te lasser de ton blondinet. Et voilà que t'apportes une copine en plus ..."

" Oh lui? Un autre idiot ennuyant au portefeuille bien garni, rien de plus. " Sourire entendu. " Sinon, moi et Katsumi avons entendu parler d'une jeune danseuse du ventre en tournée dans la région, et avons voulu voir par nous même la réputation de ses mouvements de... danse. " Yuuki se mordilla lascivement la lèvre inférieure. Elle va passer par ici tu crois? "

Il n'en fallait pas plus pour exciter le bonhomme.

" Oh, vous parlez d'Hoshiyo ? Vous avez de la chance mes minettes, elle va arriver ce soir à Toro, elle sera en spectacle demain. D'ailleurs... j'vous prend toutes les trois, demain. Votre prix sera le mien. Je vous laisse en discuter, j'ai fort à faire ce soir. J'aurais bien aimé rester passer du bon temps avec vous, mais je suis un homme occupé... "

Il se leva, non sans aggriper violemment Yuuki par le bras pour s'approcher de son oreille. La Genin ne pût réagir assez rapidement, et se fit violence pour garder sa concentration pour ne pas déranger son Henge. Le gorille était grand et costaud, et la jeune fille n'eut aucune chance de se défaire de sa poigne.

" Et fais attention à qui tu parles ma mignonne. Son ton s'était durci, et son air sévère et ses sourcils froncés ne laissaient aucun doute sur son mécontentement.  J'ai une des tes copines qui est venu me poser des questions plutôt indiscrètes sur mon boulot il y a quelques semaines, et qui s'est fait la malle sans remplir sa part du contrat. Je sais pas ce que tu viens foutre à Toro avec tes amies, mais j'éviterais de faire des vagues, sinon le boss va en entendre parler, crois-moi..."

Il relâcha Yuuki aussi soudainement, et un sourire réapparu sur le visage du Yakuza, qui donna un petit bisou sur la joue de la demoiselle.

" Vos verres sont sur mon compte aujourd'hui, amusez-vous bien. À demain mes jolies. " dit-il, avant de quitter derrière un rideau gardé par deux hommes à la mine patibulaire.

Au bar, la Kusaribe s'était rassise, mais l'air totalement secouée. À trop s'approcher du feu, on risque d'y brûler, et Yuuki regretta soudainement d'avoir voulu jouer les grandes filles. Les menaces à peines voilées de l'homme avaient eu leur effet, et la Genin serra les dents pour retenir ses larmes. Ce ne fut pas difficile pour la blonde de faire le rapprochement entre ce que venait de lui dire Hiroki et l'escapade solo de Denya après qu'ils eurent obtenu les informations au Port d'Omui.

" Je vais la tuer. " siffla-t-elle, plongeant son regard dans celui de la marionnettiste.

Prenant une grande respiration, l'adolescente prit le verres de saké qui se trouvait devant elle, et le vida d'une traite. Bon dieu, que c'était dégoutant de l'alcool ! La gorge brûlante, elle toussa un peu. Jamais de sa vie elle n'avait consommé de boisson, mais sous l'emprise de la colère, elle n'avait fait que répéter ce qu'elle avait vu autour d'elle, soit les adultes qui prennent un verre lorsque quelque chose ne va pas, pour changer le mal de place. Ça ne réglait peut-être pas le problème, mais au moins elle pensais plutôt à sa langue qui piquait et cet alcool qui la faisait pleurer des yeux.

Maintenant plus détendue, elle interrogea sa Sempai du regard, pour savoir ce que cette dernière souhaitait faire maintenant qu'elles avaient eu leur information.
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Shirogane Honoka
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Juste une dernière danseft. KURASIBE Yuuki



Elle... elle avait un ami dans un casino. Elle? Une gamine? Je la regardais avec beaucoup de surprise. Les jeunes d'aujourd'hui filaient du mauvais coton et avaient des fréquentations vraiment étonnantes. En tout cas, puisque la jeune Yuuki prétendait avoir un contact, ça serait sacrément con de notre part de pas en profiter. Du coup, j'opinais de la tête pour dire que cela me convenait tout à fait et puisqu'on devait entrer à l'intérieur.... cela signifiait qu'on devait sortir de nos grande tenues.

Ce fut à ce moment précis que le gouffre de nos âges me frappa. En matière de style je parlais. En moins de quelques secondes, la fillette prit l'allure d'une entraineuse à la chevelure de feu et portant une tenue plus que suggestive. J'avais demandé du sexy, j'étais plus que servie. Mais moi.... moi j'avais quelque chose de plus "classique" en tête. Au pire, je passerais pour la copine coincée et comme je causais pas, on mettrait ça sur le dos de ma timidité si on tentait de me parler. Par contre, ça m'emmerdait un peu de laisser la gamine faire la conversation. En tant qu'aînée, j'aurais dû être celle qui devait mener la danse. Je me rattraperais plus tard.

Jouant donc de la digne technique de fourbe de shinobi que j'avais en stock, je prenais un autre visage. Mes cheveux devint roux et long, mes yeux passèrent du mauve au bleu. Par contre, je conservais une certaine placidité au niveau de mon expression faciale, ça permettait de plus facilement maintenir le tout en quelque chose de cohérent. Quand à la tenue? Une sorte de robe en soie, près du corps avec un côté très traditionnel dans les motifs.

Juste une dernière danse [MISSION rang C - PV Yuuki Kurasibe] Gyoo

De cette façon, on jouait ensemble avec Yuuki. Deux facettes d'une pièce de sunajin. Elle serait la vamp, je serais la sage. Dans les deux cas, ça existait toujours les pervers... bien que nous n'étions pas ici pour ça. C'était de la donzelle qu'on voulait et une danseuse en plus.

Lorsque nous rentrâmes dans le casino, ma jeune camarade semblait parfaitement où se rendre. Elle me prit par la main et me guida jusqu'au bar. Parfait.... mais j'étais au boulot. C'était pas le moment pour moi de penser à vider une bouteille de saké. En tout cas, notre présence attira son "ami" assez rapidement pour ne pas devoir attendre des heures. Silencieuse, je la laissais faire son petit numéro tout en écoutant les propos du bonhomme. Ce type avait une sale tête et j'étais pas sure que j'allais aimer la conception de "camaraderie" que m'avait soufflé la gamine. Il puait à plein nez ce gars.

Mais il fallait dire que c'était tout de même bien jouer de la part de la Kurasibe. Elle avait eu du pif parce que le mafieux nous dévoila tout ce qu'on voulait savoir. On savait quand elle débarquait, on savait où elle ferait son petit numéro. A nous de décider comment on voulait la cueillir : à l'entrée ou à la sortie. Jouant mon rôle, je me contentais d'afficher un visage de fausse sainte et je me retins de réagir quand je vis la brute discutailler en douce avec la genin.

Je n'avais pas le loisir d'entendre les mots échangés mais à la tête de Yuuki, je sus que cela l'avait ébranlé. Je regardais d'une œillade assez mauvaise le pervers se retirer avant de reporter toute mon attention sur l'adolescente. Elle avait peut-être eu les yeux plus gros que le ventre. Dans un élan de sympathie, je la regardais et me permit de poser ma main sur la sienne comme si ce geste pouvait la rassurer un peu. C'était ma manière de lui montrer qu'elle était pas toute seule. Pour cette mission, on était une équipe et elle devait aussi compter sur moi.

Sous mon henge, je tentai de sourire. Je ne savais pas trop de quoi j'avais l'air et je m'en foutais. Notre objectif, c'était la danseuse. On devait de garder la tête froide et j'avais peur que ce ne soit pas le cas de Yuuki qui vida un verre de saké d'une traite. Oh là! C'était pas comme ça qu'on buvait un alcool pareil! Déjà, elle était pas trop en âge mais s'il le fallait, il y avait des règles. Cela devait d'ailleurs se voir à ma tête que ça m'avait un peu choquer.

" Faut pas boire un saké comme ça. Tu gâches. "

C'était les premiers mots qui me vinrent. Pas très professionnel mais je me rattrapai.

" Deux possibilités. On l'attrape quand elle arrive ou on l'attrape quand elle sortira de scène. "

Dans les deux cas, elle serait sans doute sur les rotules. Si c'était pas par la danse, ce serait à cause du voyage. Du tout bon pour nous. Ce qui m'emmerdait, c'était de pas connaître la petite suite qui serait avec elle. Qui l'accompagnait et combien de bonhommes.

" Problème principal : savoir qui assure sa sécurité. "

On devait éviter de se faire voir ou bien d'alerter les gens. Peut-être était-il plus judicieux de faire le kidnapping après le spectacle, au moins ses fans seraient pas déçus et pas alertés par son absence. Évitons d'avoir des chacals supplémentaires aux fesses.

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" La dernière fois, il me promettait des bijoux, et puis là il m'a menacée... "

Non, Yuuki ne pouvait pas révéler à Honoka comment elle avait connu cet homme, ni même la teneur de leurs derniers échanges, non plus répéter ce qu'il venait de lui dire au cas où elle n'aurait rien entendu. Si quoi que ce soit glissait jusqu'aux oreilles de Akihiko-sensei, les balades à Omui seraient terminées dès son retour à Suna. Elle serait en punition pour une durée indéterminée, et l'Intendant s'assurerait qu'elle ne mette pas les pieds dehors de sitôt.

Mieux valait garder le silence, la Kusaribe ne savait pas si elle pouvait faire confiance à son ainée. Même si elle jouait la carte de l'empathie et la compassion en mettant sa main sur la sienne, elle restait une kunoichi du village de Suna, aux ordres de l'autorité en place. Dans ce métier, il n'y avait pas d'amis.

" Il était plus gentil la dernière fois... tu promets de rien dire à Aki-Sensei? "

L'adolescente essuya rapidement une larme qui menaçait de couler sur sa joue. Le barman, lui s'était désintéressé des deux demoiselles : ce n'était sans doute pas la première fois qu'il voyait une fille pleurer après une légère altercation avec l'un des criminels du coin. La tâche première de son boulot, avant même de servir les consommations, était de ne rien voir et rien entendre. Dans cette industrie, surtout avec le crime organisé qui gérait derrière, l'omerta régnait. Mieux valait savoir fermer les yeux ou les oreilles, ce travail n'était pas assez rémunéré pour y risquer sa vie.

Yuuki leva les yeux au ciel alors que Honoka griffona quelques chose à propos de sa consommation de saké. Son visage choqué disait tout : elle irait certainement dénoncer les agissements jeune fille auprès de son chef d'équipe. Autant s'enfuir immédiatement ! La blonde expia un long soupir et repoussa la carafe d'alcool, que la Shirogane n'avait pas touché.

" Après, sinon les gens vont poser trop de questions, et on risque d'avoir toute la pègre d'Omui au cul. Mais c'est comme tu vois." qu'elle répondit suite à la deuxième question.

Avant serait plus facile, les deux jeunes femmes pourraient la capturer dès cette nuit. Mais elles devraient faire vite et s'enfuir rapidement jusqu'au domaine Yoshiro, chose compliquée avec une victime de kidnapping. Après, c'était mieux. Peut-être plus difficile logistiquement, quitte à ce qu'elles attendent que la danseuse reparte d'Omui. Isolée en plein milieu du désert, personne ne viendrait à sa rescousse, et il faudrait du temps pour réaliser qu'ellene soit jamais rendue à destination.

Restait la sécurité.

"  Humm... je pense pas qu'elle ait engagé du gros calibre. On ne nous aurait pas mis sur une C si c'était trop risqué. Sûrement des mercenaires pour la protéger d'attaques dans le désert, quelques gorilles ici pendant qu'elle est en ville. Rien que toi et moi on puisse pas gérer facilement... on va faire un tour ? "
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Juste une dernière danseft. KURASIBE Yuuki


Quelle drôle de petiote tout de même. Voilà qu'elle s'inquiétait que je la balançai à blondinet-sama. C'était pas le genre de la maison. Et puis quand on était jeune, il fallait savoir faire quelques conneries pour en tirer des leçons. Sans doute que là, elle saurait que la prochaine fois, il lui faudrait être plus prudente et moins compter sur la fausse sympathie de certains, surtout dans le milieu. La pègre, ça ne pensait qu'à sa tronche sur tous les plans. Les types de ce genre pouvaient même vendre leur propre mère.

Quand je vis sa bouille, je lui souris et agita négativement de la tête pour lui faire comprendre que je ne dirais rien. Et comme j'avais de l'humour...

" Muette comme une tombe. "

Voilà le petit papier que je lui présentais. Peut-être que ça la ferait sourire en même temps. Puis, en bonne aînée, je me permis de lui glisser un petit conseil de passage.

" Toujours se méfier des hommes trop gentils. "

Je tapotais mon nez pour lui dire que ce genre de gars, ça puait l'entourloupe. Les vrais gentils, c'était une rareté et ça ne survivait jamais trop longtemps. Ils finissaient tous par se faire dévorer par la vie et l'horreur. J'aurais presque envie de dire que tous les mauvais de ce monde ont pu être de vrais gentils de base.... mais qui ont tous mal tournés. Cette blague.

Puis vint la petite discussion sur sa manière d'ingurgiter le saké. Elle ne m'avait visiblement pas comprise. J'étais bien trop mal placée pour lui faire la leçon sur boire ou ne pas boire, bien qu'évidemment, elle était trop jeune pour ce genre de consommation. Je ne pouvais d'ailleurs pas contrer son argument puisqu'elle avait raison sur un point : si on ne buvait pas au bar, on avait forcément l'air de personnes bizarres. Je pris donc à nouveau un bout de papier sur lequel je me permis d'écrire un peu plus.

" Une vrai dame ne boit pas le saké de cette façon. Faut avoir l'air d'apprécier ce que tu bois, même si c'est pas le cas, et avec délicatesse. Pas d'une traite. Tu le sauras pour une prochaine fois. "

Je n'aurais peut-être pas dû spécifier "une prochaine fois". Mais j'étais pas sa mère, pas sa senseï, et elle n'était pas de ma responsabilité. C'était pas mon job de faire son éducation. Je devais la voir comme une égale puisqu'on formait une équipe. Une équipe bizarre, je le concédais mais équipe quand même.

Yuuki me montra une nouvelle fois qu'elle avait de la jugeote et ça me fit apparaître un petit sourire. Je descendis alors doucement de mon tabouret - parce que oui, la pauvre trentenaire que j'étais avait posé son délicat petit postérieur de marionnettiste sur un siège - et tendit mon gras à ma camarade pour qu'elle le prit sous le sien. Visiblement, on était d'accord sur l'idée qu'on chopperait la danseuse après son spectacle et puisqu'on avait du temps à tuer, autant aller s'amuser un peu.

" J'ai quelques ryos. Allons à la roulette. "

Peut-être que la chance sera de notre côté. Dans tous les cas, ça nous occuperait jusqu'à ce que l'heure soit venue. On se taperait une partie de la danse du ventre de l'allumeuse et on quitterait la salle principale un peu avant pour trouver sa roulotte de l'enfer. Si on la jouait fine, on pourrait même lui piquer son véhicule en l'enfermant dedans. Ce serait vachement drôle.

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"Muette comme une tombe"

Yuuki se demanda un instant si elle devait rire ou pas, et se contenta de froncer les sourcils en direction de la Shirogane. C'était une bien drôle de Sunajin celle-là, à se demander si ce n'était pas une façade pour mieux endormir la jeune adolescente afin de la vendre à l'Intendant plus tard. Personne à Suna n'avait le sens de l'humour, il y avait plus de chances qu'elle soit une espion à la solde de Akihiko-Sensei. D'ailleurs, pourquoi lui aurait-il dit de se mettre en équipe avec elle si ce n'était pour la surveiller ? Denya avait peut-être raison de se méfier de tout le monde, après considérations...

" Toujours se méfier des hommes trop gentils "

Voilà, elle venait de se vendre. Akihiko avait tout d'un homme gentil de l'extérieur. Belle apparence, charmeur avec les dames (même s'il jurait qu'il ne faisait pas exprès), il occupait des postes d'importance au village de Suna... mais au fond ce n'était qu'un être ignoble.  D'abord, il l'avait étranglée dès leur première rencontre. Puis Yuuki avait rencontré l'une de ses 'esclaves' qu'il avait ramené d'une autre région, en plus d'avoir entendu des rumeurs comme quoi il aurait démoli une ville et tué des enfants lors d'une mission pour ramener un déserteur qui se serait enfui avec des informations confidentielles. Il jurait n'avoir pas eu le choix pour protéger le village, mais est-ce que cela justifiait ce cout humain et économique? N'aurait-il pas pu attendre des renforts au lieu de clamer qu'il avait l'obligation de tout détruire sur son passage? La Genin était une vraie belette qui écoutait aux portes et qui trainait souvent dans la tour du Hokage, lieu de prédilection de son Sensei. Alors les rumeurs, elle les connaissait.

Puis, elle posa à nouveau les yeux sur le carnet... et réalisa soudainement que la Shirogane voulait peut-être parler de Hiroki en fin de compte, qui lui avait fait les yeux doux le première fois, mais qui venait de lui faire des menaces à peines voilées aujourd'hui. Hum... en effet, Yuuki était peut-être allée trop loin dans l'interprétation. Elle fronça à nouveau les sourcils.
Après, la Chuunin lui fit la morale sur comment boire le saké comme une dame, en lui disant qu'elle ferait mieux la prochaine fois. Drôle d'explication provenant d'une personne qui ne buvait pas elle-même. Mais il fallait penser que sous déguisement, il était important d'avoir l'air, et peut-être que Honoka avait passé assez de temps à observer boire les grandes dames pour connaître la façon de bien faire. Yuuki saurait y penser la prochaine fois, effectivement.

Enfin, l'autre se leva à la suggestion de la Genin et lui mit le carnet sous le nez, avant de l'entrainer vers la salle de jeu. La Kusaribe se sentit mal un moment : elle voulait en fait proposer à demi-mots d'aller explorer à l'extérieur pour en savoir un peu plus sur la suite de la demoiselle à kidnapper, connaitre dans quelle roulotte elle dormait (si elle ne dormait pas dans un hôtel), combien d'hommes elle avait engagés, le niveau d'armement, possibilité qu'il y ait peut-être un shinobi avec elle (peut-être que le noble commanditaire n'avait aucun espèce de moyen de savoir si la danseuse se promenait avec un adepte des arts shinobis), son horaire, ses déplacements..... ce genre de trucs.
Pas faire un tour la salle de jeu.

Mais bon, comme Yuuki n'était techniquement pas en charge de la mission, elle préféra se taire et se laissa guider par sa sempai vers la roulette, un jeu très simple. Il suffisait de mettre ses Ryos à quelque part sur la table. L'adolescente n'était pas très fan des jeux de hasard, et se demanda longuement pourquoi elles devaient ainsi jouer la comédie dans la salle de jeu. Au fond, peut-être que Honoka avait raison de les faire traîner la : les deux demoiselles deviendraient rapidement suspectes, et mieux valait qu'elles donnent l'impression de vouloir brûler leur paie durement acquise à l'instar des autres clients.

À un moment, Yuuki fut lasse de ce jeu, surtout qu'elle avait tenté le diable et avait perdu sa mise de départ après avoir voulu doubler deux fois, en plus d'avoir perdu d'autres fois et consciente qu'elle ne reverrait plus cet argent, elle murmura à sa complice : " J'ai besoin de prendre un peu l'air, on sort? ", en espérant qu'elle comprenne le sous-entendu.
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Bon. Je ne dirais pas que c'était comme j'avais prévu mais... la chance n'avait pas été avec moi. Pas au jeu en tout cas. Je voulais y emmener la fillette pour lui changer momentanément les idées après l'accrochage avec l'autre gugus, mais aussi avec l'intention d'observer la salle. Généralement, c'était là où le pognon tournait que la sécurité était la plus renforcer et c'était parfait pour repérer la tête des gros bas du casino. Hey! Vous avez cru quoi? Que je venais uniquement en touriste? J'étais plutôt du genre à bien cacher mon jeu. Enfin... Tout dépendait de quel jeu on parlait bien entendu.

J'avais donc misé quelques piécettes par-ci et par-là avec peu de succès pour jouer mon rôle de flambeuse. C'était également le cas de Yuuki d'ailleurs mais sa mine affichait plus d'ennui et de déception qu'autre chose. Néanmoins, j'avais zieuté comme voulu les environs. Il y avait trois entrées dans la salle de jeu, une grande baraque à chaque endroit et trois autres qui tournaient dans la salle, jetant des regards sur les tables comme pour vérifier que personne ne trichait. Je supposais donc que les plus "costauds" étaient dans cette pièce ou en compagnie du boss de la maison de jeu.

Un petit moment après ça, la gamine m'indiqua qu'elle voulait sortir et puisqu'on avait pas la main chanceuse, j'agitais positivement la tête pour lui signifier qu'on pouvait aller prendre l'air. Maintenant qu'on connaissait les grandes lignes du bâtiment principal, ça devrait être ok. Pour la salle de spectacle, j'avais en tête d'assister à une partie du show et me faire porter mal pour en sortir en plein milieu. Mais bon. On était pas obligé de suivre ce scénario.

Une fois dehors, j'attirais l'attention de la gamine en agitant mon carnet.

" J'ai compté trois entrées dans la salle de jeu, et six mecs pour en assurer la sécurité. Vu que le pognon transite surtout là bas, les mecs les plus intimidants devaient s'y trouver. Les autres seront avec le boss du casino. Tout le reste, ça doit être du menu fretin. Plus nombreux, mais plus faibles. A tous les coups, le boss sera dans la salle de spectacle pour mater la danseuse. "

Je finis mes explications mais je sentais l'adolescente perplexe. Je ne savais pas si quelque chose dans mon plan lui plaisait pas ou bien elle avait d'autres problèmes qui lui prenaient la tête. J'osais donc demander, manière de savoir si je devais m'attendre à ce qu'elle fasse une crise pendant la mission ou pas. Les gosses.

" Quelque chose te tracasse? "

Je lui laissais le loisir de m'expliquer ou pas son petit chagrin, avant de lui faire un signe de tête comme quoi on pouvait aller faire un petit tour, manière de mater les environs et surtout l'arrière de l'établissement où arriverait sans doute notre allumeuse de bourgeois. On devait bien en avoir encore au moins pour une heure.

Je continuais mon petit rôle de pimbêche avec la démarche qui allait avec, le regard alerte cependant tout autour de moi. J'essayais encore une fois de noter les éléments de la sécurité, s'il y avait des mecs qui faisaient une ronde ou quoi. Ce que je notais dans tous les cas était que l'éclairage était pas terrible. On pourrait au moins bénéficier de l'ombre et l'obscurité pour notre manoeuvre... et maintenant aussi. Je posai subitement ma main sur la bouche de Yuuki pour lui dire de se montrer silencieuse. J'avais entendu du bruit. C'était le moment de jouer les discrets shinobis.

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Tout compte fait, ce n'était pas pour jouer les escortes dépensières qu'Honoka avait invité Yuuki à la roulette. C'était pour mieux surveiller les environs et prendre le pouls de la salle, comme tout shinobi respectable devrait faire. Alors quand la Chuunin montra son petit carnet avec toutes les informations qu'elle avait récolté pendant que la Genin jouait tranquillement à brûler ses ryos, la blonde resta interdite pendant un instant. L'idée de profiter de ce moment pour observer les lieux ne lui avait jamais traversé l'esprit.

" Ah... oui. Bonne idée que d'observer tout ça.." murmura-t-elle, légèrement gênée.

Ce qu'elle en apprenait avec la Shirogane ! Ce n'était pas Akihiko-sensei qui lui apprendrait toutes ces choses, ni son équipe de bras cassés. Mion n'était qu'une bourrin qui s'amusait à claquer des doigts pour électrocuter tout ce qui bougeait, et Ageha en profitait pour se faire la malle à chaque fois. Et Aki était là au milieu, à essayer de gérer ce bordel. Sans succès. L'enseignement de la jeune Genin en souffrait forcément. C'était donc l'occasion d'en apprendre le plus possible avec cette Chuunin qui semblait des plus capables et compétentes. Ce n'était pas tous les jours que Yuuki avait la chance de croiser quelqu'un comme ça.

Puis, l'autre demanda ce qui n'allait pas. Yuuki réalisa qu'elle devait faire une sale tête pour que Honoka se pose des questions. Pouvait-elle lui faire confiance ? Encore difficile à dire. Ce n'était pas le temps qui rapprochait les individus, mais les évènements. Rien pour que la jeune Kusaribe se dévoile à sa partenaire de mission.

" Non non... tout est bon." dit-elle, secouant la main devant elle, comme pour tenter de chasser toute inquiétude que sa coéquipière pourrait entretenir.

À l'extérieur, le soleil avait commencé à décliner. Les deux kunoichi marchaient vers l'arrière du casino, dissimulées dans la pénombre. Puis, la Shirogane posa sa main sur la bouche de Yuuki, l'enjoignant silencieusement à se taire. La Genin attendit quelques secondes, se demandant ce qui pouvait bien se passer, et réalisa qu'il y avait du bruit.

Des sabots contre le pavé.

La jeune fille pointa alors le toit. Protégées par le déclin du soleil qui allait bientôt disparaitre derrière les montagnes qui bordaient Toro à l'Ouest, les deux kunoichi pourraient se réfugier en hauteur, d'où elles pourraient avoir un meilleur point de vue sur la situation. Attendant d'avoir le feu vert de sa Sempai pour procéder, Yuuki grimpa alors le mur du Casino suivie par la Shirogane. Bien en hauteur, et grâce à leur facultés de shinobi leur permettant d'avoir les pieds bien accrochés sur le toit en pente, elles purent observer la cause de tout ce boucan.

Quatre gardes du corps en cheval, armés jusqu'aux dents, escortaient un roulotte tirée par des chameaux. A peine eurent-il le temps de descendre de leur monture, qu'une voix connu s'écria :" Vous en avez mis du temps ! Le boss sera pas content ! "

Notre très cher Hiroki était sorti à l'extérieur, flanqué de deux gorilles, et se dirigeait vers les arrivants. L'un des gardes du corps, pour sa part, semblait plutôt mécontent de l'intervention du petit criminel. " Hoshiyo n'est jamais en retard, crétin ! Faut t'apprendre le respect? "

Avant même qu'il ne dégaine son arme, une voix douce se fit entendre :

" Taizo, nos hôtes ne se faisaient que du soucis pour nous. S'il te plait.."

Une demoiselle venait de sortir de la roulotte, le visage et le corps presque totalement dissimulé derrière un voile. Son intervention suffit pour calmer tout le monde, sauf peut-être le garde du corps interpellé qui grogna.

" Hoshiyo, ma jolie étoile du désert. On se faisait du mauvais sang pour toi. Tu es attendue ici, tous le gratin des environs de Toro est ici juste pour voir ta prestation. Allons boire un verre à l'intérieur, tu veux bien ? Nous t'avons choisi la meilleure suite..."

Pendant que la Yakuza s'épenchait sur la beauté de la danseuse, tous escortèrent la demoiselle jusqu'à l'intérieur du casino, sans causer plus de chichis. Toujours à l'extérieur, sur le toit, les deux kunoichis avaient assisté à l'entiereté de la scène.

Pour sa part, Yuuki eut un petit pincement au coeur en voyant que son mafieux faisait la même scène de séduction auprès de la danseuse qu'il lui avait fait. Les yeux doux, les compliments, la faire sentir qu'elle était la plus belle et unique chose qu'il n'avait jamais rencontré. Elle fronça les sourcils, verte de jalousie.

" Bon, on fait quoi? " murmura un peu sèchement Yuuki à l'intention de sa coéquipière.

Oh qu'elle capturerait cette pétasse itinérante et la livrerait vite fait bien fait à ce petit noble d'elle ne savait trop où avec grand plaisir.

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J'avais visiblement surpris la petiote quand je lui montrais mon carnet. Sans doute avait-elle imaginé que parce que j'étais désinvolte, je pouvais pas faire preuve de sérieux. Cela aurait pu après tout, si j'avais été seule en mission... je me serais permise quelques légèretés. J'aurais pu même dire qu'elle était mignonne quand elle paraissait gênée. Toutefois, elle m'assura bien vite que tout allait bien. Fallait bien que je la croies, j'avais pas le choix ni le temps d'insister. Je me contentais simplement de lui caresser la tête amicalement comme pour lui dire que tout était ok. Qu'elle me disait rien, c'était son choix. Les adolescents, fallait jamais forcer. Ils se braquaient à coup sûr sinon.

On prit donc notre petit bonhomme de chemin pour arriver dans un angle de mur où je vis stopper la gamine parce que j'avais entendu du bruit. On voyait pas grand chose de notre position et Yuuki me suggéra de grimper sur le toit. En voilà une bonne idée. Petite futée. En plus, le soleil se couchant, on ne se ferait pas trahir par nos ombres. C'était parfait et je la suivis en hochant de la tête. Sans attendre, on choisit donc de prendre de la hauteur et on se contenta dans un premier temps d'observer. Quatre type à cheval, un chauffeur de chameaux. Il y avait largement moyen de leur botter les fesses à cela.

Mais il fallut que le copain de Yuuki débarqua, le fameux mafieux qui aimait les belles paroles. Vas-y qu'il rajouta une couche de miel lorsque la danseuse sortit de sa roulotte. Sérieux le vieux, faudrait revoir ta technique. C'était évident que cette femme devait être habituée à ce genre de discours mais était trop polie pour le dire. M'enfin.... elle se prenait aussi pour une princesse pour pouvoir embaucher quatre gugus. Ils finirent tous par rentrer dans le casino.

Je finis par me laisser tomber en arrière pour poser mes fesses par terre et je croisais les bras. Maintenant, fallait discuter tactique et j'avais ma petite idée sur le sujet. Fallait-il encore que Yuuki se sentit capable de jouer le jeu mais à voir la tronche qu'elle faisait, je la sentais prisonnière de ses hormones bancales d'adolescentes. Je prenais donc mon carnet et commença à gribouiller dedans.

" Je te propose qu'on se débarrasse du chauffeur de chameau en bas. Et l'une de nous le remplace. L'autre pourrait se planquer dans la roulotte. Quand la danseuse débarque, celle qui est dedans l’assomme et on taille la route. Si les gardes du corps captent qu'on est pas le chauffeur, on taille direct et on s'occupe d'eux plus loin. Si ça passe, on s'occupera d'eux quand même mais plus tard. "

C'était sans doute osé, mais on pouvait mettre en place le plan directement puisque le spectacle allait bien durer une heure au moins. Je regardais donc la fillette en quête de sa réponse.

" Tu préfères quel rôle? La planquée? Ou le chauffeur? "

Personnellement je m'en foutais. Fallait juste être certaine que dans le cas de celle qui se cachait, elle s'assurait d'assommer la danseuse avant qu'elle ne poussa le moindre cri. Quand au rôle du chauffeur, fallait s'assurer d'être rapide si on devait agir face aux gardes du corps.

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Encore fâchée, Yuuki resta un moment à regarder le vide, alors que la danseuse entrait à l'intérieur avec son escorte. Le soleil était déclinant, et le ciel prenait la teinte orangée caractéristique de ces soirées sans un seul nuage à l'horizon. Bientôt, le désert serait plongé dans le noir. Il fallait faire vite et déterminer le plan à suivre. Honoka proposa de capturer le chauffeur de la roulotte et prendre sa place, pendant que l'autre attendrait la danseuse dans la roulotte pour l'assommer. C'était un excellent plan, et la Genin savait exactement quel rôle elle souhaitait jouer.

"Je m'occupe de la petite..." murmura-t-elle, un rictus se dessinant sur son visage.

La Kusaribe savait déjà comment elle s'y prendrait : Un bon coup sur le coté de la tête avec une grosse roche bien lourde, et la danseuse serait dans les étoiles pendant suffisamment longtemps pour lui laisser le temps de l'attacher et la baillonner. Mieux encore, elle risquait d'avoir une belle grosse cicatrice sur le coté du visage qui le rendrait moins jolie. Ça lui apprendra à jouer les aguicheuses à celle-là, et les hommes comme Hiroki cesseront d'être en pamoison devant elle.

Si l'on posait des questions, Yuuki répondrait qu'elle l'avait bien mérité.

En bas, des hommes de main s'étaient occupées de prendre les chevaux des gardes armés pour les emmener ailleurs où ils seraient pansés et nourris. Il fallait faire vite avant que le chauffeur de la roulotte ne les suive pour mettre ses bêtes au repos dans une écurie. Là-bas, une fois les chevaux déssellés, il serait impossible de la rattacher à la roulotte. Yuuki ne maitrisait pas ce genre de compétences, et possiblement qu'Honoka n'avait pas l'habitude non plus. Pendant que le cocher était occupé à faire le tour du véhicule et de vérifier l'état des roues, la Genin pressa sa compagne de mission.

" J'ai une idée ! Profite-en pour le prendre par surprise !"

La Genin descendit alors du toit, suivie par sa sempai. Toujours sous son identitée d'accorte escorte aux cheveux rouges, la jeune fille s'effondra spectaculairement au beau milieu du chemin où le chauffeur allait passer d'ici moins d'une minute, la robe bien remontée jusqu'à ses cuisses. Nul doute qu'il s'arrêterait pour s'assurer de l'état de la demoiselle en détresse. L'ombre des bâtiments aidant, et la relative tranquilité des lieux, il serait difficile de remarquer ce qui allait se produire. Personne ne verrait l'ombre de la Shirogane fondre sur le pauvre bonhomme... ou peut-être l'attaquerait-elle avec l'une de ses poupées, n'ont-ils pas des marionnettes avec eux? Dans tous les cas, Honoka avait champ libre
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La petite semblait satisfaite de mon plan, et n'eut visiblement rien à redire sur le sujet. Elle fit son choix bien vite et choisit de s'occuper de la poupée danseuse en affichant un sourire assez flippant pour une gosse... bien que devant moi, elle avait toujours un physique d'adulte. Mais c'était assez facile pour moi d'imaginer sa petite trogne de Kurasibe. D'ailleurs, son clan semblait regrouper des femmes un peu louches et si elles étaient toute du même tempérament que la petiote, mieux valait éviter de trop les emmerder.

Du coup, on joua la patience sur ce toit pendant que le grand soleil déclinait lentement, tout en gardant un petit œil alerte en contrebas. Mais comme on pouvait s'en douter, il y avait un poil dans le potage : les gardes prenaient les chevaux pour les emmener ailleurs. J'ai pas pu me retenir et lâcher un petit cri d'agacement. En sourdine, bien entendu. Cependant, cela donna la folie des gradeurs à la gamine qui m'expliqua qu'elle avait une idée. Par réflexe, je l'aurais bien arrêté dans son élan mais elle se montra assez vive et m'obligea indirectement à la suivre en silence.

Ce qu'elle fit? Un grand numéro d'actrice : le coup de la demoiselle en détresse. Personnellement, j'en revenais jamais que ça marchait à tous les coups ce truc là. A croire que les vieilles méthodes étaient toujours les plus efficaces... ou bien tout ce délire venait de son éducation. Genre, on lui apprenait à manipuler les hommes, un truc de clan de femmes quoi. Je sais pas si j'aurais aimé me retrouver dans un système matriarcal comme ça. Dans tous les cas, son plan de "princesse au secours" attira l'attention du cocher, qui en bon gentleman qu'il était, s'avança dans sa direction pour lui demander si ça allait. Profitant que les autres gugus se s'étaient barrés, fallait que j'entre en scène et comme j'étais fine.... je passais discrètement derrière lui et alors qu'il se redressait après avoir tendu la main vers la genin pour l'aider... un petit coup de katana dans la gorge. Un petit bruit dégueulasse, mais au moins pas de cri.

Une fois ma lame retirée, je la nettoyais sur les frocs du chauffeur après qu'il se soit effondré par terre. Je le retournais pour voir sa figure et utilisa le henge pour prendre des traits qui lui ressemblaient. C'était pas parfait mais dans l'obscurité, on n'y verrait que du feu. Je pris alors mon carnet et commença à noter de nouvelles instructions.

" Je planque le cadavre. Efface le sang sur le sol. Met de la terre dessus. T'auras qu'à monter dans la roulotte pour attendre la danseuse, moi je me mets aux rênes de la voiture. "

C'était clair et limpide normalement. Du coup, je chopais le chauffeur par les bras et commença à le tirer pour aller planquer son corps quelques part. Je l'aurais bien découpé mais c'était un peu salissant et j'avais pas le temps. Il n'y avait pas de raison à ce que l'on vint le chercher de suite ou bien que l'on farfouilla trop dans les environs. Une fois ma basse besogne accomplie, direction la calèche de la princesse... et ma putain d'envie de fumer. Je devais me retenir parce que j'étais pas certaine que l'autre gars avait le même vice que moi. Une fois devant les chevaux, j'affichais ma tronche de femme perplexe : comment on conduit une roulotte?

Ce plan était fumeux à tous les étages mais finalement, ça me plaisait. J'allais pouvoir découvrir si j'avais quelque don dans la conduite et quelque chose me disait que ça risquait d'être folklorique. Du coup, sans attendre, je grimpas à la place du chauffeur et j'attendais. On avait plus que ça à faire pour le moment. Que le spectacle finisse pour qu'un nouveau commence.

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Bingo ! Le chauffeur s'était approché de la demoiselle qui s'était faussement foulé la cheville au sol se penchant pour lui venir à l'aide, inconscient de la Chuunin qui s'approchait à pas de loups derrière pour l'assommer.... lui ouvrir la gorge à l'aide d'un coup de Katana, à la plus grande surprise de Yuuki. Bouche bée, la Genin en perdit totalement sa concentration, relâchant le Henge sous lequel elle était cachée depuis un bon moment. Pétrifiée par le choc, la Genin observa le corps de l'homme tomber au ralenti, le sang coulant abondamment de la plaie ouverte. Honoka se mit à nettoyer sa lame sur les frusques du chauffeur, comme si de rien n'était. Tranquillement, elle gribouilla sur son carnet des ordres pour la blonde, qui lut les mots mais sans bouger le moindre muscle.

Bien sûr, elle avait vu et vécu Baransu, la guerre, les blessés et les mourant, mais ceux qui avait commis ces crimes devant ses yeux étaient les ennemis, ou bien les alliés tentant de protéger la cité contre les méchants samourais. Jamais elle n'avait vu un allié tuer de sang froid un homme qui n'avait rien demandé d'autre qu'être payé honnêtement pour trimballer la demoiselle partout dans la région d'Omui. D'ailleurs, Yuuki aurait cru que le plan n'était que d'assommer le bonhomme aussi pour le foutre bien tranquillement dans la roulotte aussi ? La Chuunin avait un autre définition pour le terme 'se débarasser', et la Genin venait de l'apprendre à la dure. Se laissant quelques secondes pour souffler, elle regarda Honoka attrapper le bonhomme sous les bras pour le trainer un peu plus loin, décidant de se lever afin de balayer le sable avec ses pieds pour effacer toute trace de sang ainsi que celles laissées pour le lourd cadavre trainé.

Déguisée sous sa nouvelle identité, Honoka mena Yuuki vers la roulotte. La jeune fille ramassa une grosse roche en chemin question de bien assommer la danseuse lorsqu'elle reviendrait, avant de s'engouffrer à l'intérieur du véhicule. Ce n'était pas très grand, mais le lit semblaient bien moelleux pour le doux popotin de la demoiselle, et la Genin ne se gêna pas pour y poser son postérieur afin d'en apprécier le confort. Elle alla ensuite vers la petite fenêtre qui servait de communication entre elle et le 'chauffeur', assis sur l'inconfortable banc de bois à l'avant.

"  J'ai vu faire le mec tantôt, tu secoues pour faire avancer et tu tires pour arrêter... ça devrait pas être bien difficile. " Plus facile à dire qu'à faire, bien évidemment.

Il ne restait plus qu'à attendre que la demoiselle repasse à la roulotte pour se changer, ou quoi que ce soit. La Genin serait prête à l'attendre dans le noir. Un bon coup de roche sur la tronche pour l'envoyer dans les étoiles serait bien suffisant. Yuuki en profita pour fouiller l'intérieur et y trouver une corde bien solide. Pas question que l'autre s'énerve à son réveil et se jette à l'extérieur de la roulotte en marche.
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Est-ce que j'étais une tendre ? Je dirais que tout dépendrait du contexte et dans le cas d'une mission, j'agissais plus par efficacité que par charité. Est-ce que cela faisait de moi une femme horrible ? Peut-être mais au moins, j'étais une shinobi qui ne s'encombrait pas de manières. À la vue de la tête de la petiote alors que je nettoyais ma lame avec indifférence sur le cadavre du cocher, je compris que pour elle, c'était un choc. On lui apprenait pas ce genre de chose au sein des Kurasibe ? Remuer du popotin pour allumer ces messieurs, c'était pas la base du métier. Fallait aussi s'occuper d'eux d'une autre matière, bien qu'avec le recul, je pensais comprendre son malaise. C'était un civil. Je dirais simplement qu'il était au mauvais endroit et bossait pour la mauvaise personne. Fallait pas y voir un manque de pitié de ma part, c'était simplement le boulot.

Une fois débarrassée du corps gênant, je pris sa place tranquillement, les rênes bien en mains. J'avais pas suivi le manège de la gamine, mais rapidement elle se manifesta par la petite ouverture qui se trouvait dans mon dos pour me donner conseil sur la conduite de l'engin. Ça me faisait marrer. A croire que c'était le monde à l'envers mais bon, j'allais pas en rajouter et je lui fis un signe de la tête pour lui dire que j'avais compris. Restait plus qu'à attendre la fin du spectacle.

Je sais plus trop combien de temps on avait poireauté, mais assez pour être gagné par quelques impatiences - principalement parce que je ne pouvais pas fumer sans potentiellement me faire avoir. Cela me rendait chafouine. Yuuki? Elle devait sans doute farfouiller dans les affaires de la danseuse, peut-être lui chipait-elle des trucs d'ailleurs. Mais le moment de la délivrance arriva alors qu'il était bien tard, minuit ou une heure du matin. J'avais pas trop la notion. Notre danseuse sortit avec un grand sourire sur le visage, se faisant raccompagner par le type qu'il l'avait accueilli. Il s'ensuivit un cumul de blabla inintéressant entre les deux gugus jusqu'à ce que Madame trouva la feinte pour s'échapper, évoquant sa fatigue et son prochain voyage.

De mon côté, j'avais pas bougé d'un cil et je guettais le retour des gardes du corps avec leurs canassons. Puisqu'ils étaient pas sortis avec elle, sans doute étaient-ils partis directement harnacher leurs chevaux. La danseuse fit ses adieux au yakuza et resta immobile devant la porte de sa roulotte. Elle attendait quoi la princesse? Je me tournais vers elle, la vit rouler des yeux et se chauffer la gorge pour me faire un signe de lui ouvrir. Fais chier.

Je me pliais à jouer le jeu et descendis de mon siège pour lui ouvrir alors qu'elle soupira comme pour me signifier mon incompétence. Elle ferait moins la maline quand elle trouverait la gamine. Du coup, dès qu'elle entra, je refermais la porte d'un coup sec avant de me grouiller de reprendre ma place. Le colis était dans la boîte, fallait se barrer fissa. Qu'est-ce qu'elle avait dit la môme? On claquait les rênes? Ok.

SCHLACK

Les chameaux braillèrent d'un coup, ils avaient pas trop aimé mais démarrèrent en trombe. Je fus surprise de la vitesse à laquelle ils embrayèrent au point que j'en retombais douloureusement sur les fesses. Je me cramponnais comme je pouvais aux brides des bestiaux quand on passa devant les quatre garde du corps sur leurs chevaux à qui je fis un petit signe qui signifiait "sayonara".

Je les entendis me balancer des insultes alors que j'avais toujours la tronche du cocher. Maintenant, on allait se marrer : l'heure de la course. Qui des chameaux et des chevaux seraient les plus rapides? En tout cas, on avait ces enfoirés aux trousses, je devrais trouver une feinte pour m'en débarrasser pendant que la jeune yuuki calmait l'autre neuneu. Fun.

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Honoka avait visé parfaitement juste : Yuuki ne s'était pas gênée pour fouiller dans les tiroirs de la demoiselle après avoir trouvé la corde. C'est qu'elle avait des foulards de lux cette danseuse ! Et mieux encore ! Dans un tiroir de sous-vêtements se trouvait une bourse remplie de ryos. Fallait pas chercher loin pour deviner quels genre d'extra la madame faisait après ses spectacles pour gagner autant de pognon. La Genin en profita ensuite pour faire un petit roupillon sur le lit bien confortable de sa cible, en attendant qu'elle se pointe de nouveau à sa roulotte. De toute façon, c'était pas son rôle de Genin de tout superviser mais celui de sa sempai qui était gradée Chuunin. Elle n'avait qu'à la réveiller quand ça serait l'heure. Si elle se fâchait, la blonde lui rappellerait ses responsabilités à son égard, ou sinon elle se plaindrait auprès d'Aki au besoin pour qu'il la punisse.

Quelques minutes après s'être endormie - ou quelques heures plus tard, qui sait? -, la Kusaribe entendit du bruit et devina que la demoiselle avait fini son spectacle. Enfin ! Bon, elle où cette corde ? Et cette roche pour l'assommer ? Merde ! Dans son empressement de fouiller les secrets de la danseuse, Yuuki avait oublié où elle avait mit le matos pour mater l'autre. Merde ! V'la qu'elle rentrait dans la roulotte et Honoka qui claquait la porte!

" Mais qu'est-ce que.."  

SCHLACK

La roulotte était démarrée en trombe au moment ou Yuuki avait tenté de se jeter sur la danseuse. La pauvre réalisait qu'on attentait à sa vie et s'était mise à gueuler comme un veau, tentant de repousser son agresseuse. La Genin répondit avec quelques coups de poings, mais l'autre esquivait comme un chat presque tous ses coups. Putain mais il faisait noir dans cette roulotte !

" Non mais tu vas te calmer !!!"

La Kusaribe poussa alors fortement la danseuse contre le mur, tenta de frapper sa tête contre ce dernier pour essayer de l'assommer. Mais l'autre ne lâchait pas. Bientôt les deux filles se roulaient par terre, chacune essayant de prendre avantage sur l'autre. La Kusaribe n'osait pas sortir d'arme, au cas où un mauvais mouvement de Kunai risquait de tuer la pauvre ou la défigurer, rendant automatiquement caduque la mission. Il était certain que le nobliau n'accepterait pas une danseuse amochée avec une oreille en moins !

De l'extérieur, Honoka pouvait entendre Beding begang et des cris de la part des deux filles qui luttaient férocement pour prendre avantage sur l'autre. Puis, tout se calma soudainement. Qui avait gagné ? Après de longues secondes, la petit porte pour communiquer au cheuffeur s'ouvrit : La tête échevelée de Yuuki en émergea, l'air assez mécontente.

"Pfiouu tu l'as entendue! Pire qu'une chèvre. J'ai réussi à l'assommer et l'attacher solidement ! "

Les chameaux à l'avant galopaient en une course débridée, la Shirogane tenant fermement les sangles.

" On est suivis? "

Les quatres gardes à l'air patibulaire ne laisseraient très certainement pas filer les deux kunoichi aussi facilement...
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Shirogane Honoka
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Hu Dada! La course poursuite était lancée, un pur moment de folie que je trouvais assez drôle en réalité. Les chameaux avaient compris que nous étions plutôt pressées et comme s'ils avaient saisis que les chevaux derrière n'annonçaient rien de bon, ils accéléraient sans que je ne forças trop sur les sangles. Je n'avais jamais vraiment conduit comme j'avais pu le signaler, mais c'était vachement comique. Je me sentais clairement cavalière, les cheveux aux vents et l'adrénaline qui pointait le bout de son nez. Et comme si je trouvais que nous ne prenions pas assez de vitesse, je relançais les bestiaux avec mes rênes pour tenter de distancer nos poursuivants.

Bien que je gardais un œil en arrière, je n'oubliais pas ma camarade dans la roulotte. Elle avait dû être largement surprise par un tel démarrage et j'espérais qu'il n'y avait pas trop de casse... quoique, avec ce que j'entendais... On aurait dit qu'une tornade s'abattait à l'intérieur du véhicule. D'horribles cris stridents ressurgissaient de temps à autres, des objets qui tombaient, des coups dans les murs.... bref, un combat de filles. J'espérais quand même que Yuuki n'avait pas oublié qu'on devait ramener la danseuse en un seul morceau. Je ne lui en tiendrais pas forcément rigueur mais ça serait plutôt frustrant d'avoir fait tout ce travail pour rien. Et en plus, on serait pas payé donc...

Je regardais devant en espérant que les choses se déroulaient comme il fallait. Mais plus on traçait, plus j'avais l'impression d'entendre les vociférations de nos chasseurs du jour.... et cela commençait à m'irriter - ou bien était-ce le fait que je ne pouvais pas fumer? Je cogitais sur la manière de me débarrasser d'eux parce que je savais que je ne pourrais pas maintenir mes camarades quadrupèdes à cette vitesse tout le long de notre route. Ils allaient en claquer et je n'avais vraiment pas envie de me taper le chemin à pieds. Puis en guise de réponse, la petite tête de Yuuki se pointa au niveau de l'ouverture de la carriole, les cheveux en pétard.

WOHOO.

Elle s'était visiblement battue comme une tigresse. J'eus un petit sourire et au même instant, j'agitais la tête positivement pour lui répondre qu'on était bien poursuivi. Mais est-ce que je comptais rester là? Non. Aussitôt, je me saisis d'un kunaï dans ma poche et je le plantais solidement dans le bois de la voiture. J'y arnachais solidement les rênes des chameaux parce que l'engin allait devoir se passer de conducteur quelques instants. Je me saisis de mon carnet pour gribouiller mes instructions.

" Je m'occupe de nos amis. Surveille que les chameaux continuent leurs courses. J'en ai pour quelques minutes. "

Il était temps de passer à l'action. Prenant sur moi, j'appliquais une petite dose de chakra sous mes pieds afin de me permettre de bien m'encrer sur le plancher. C'était pas le moment de faire des cabrioles et de se casser la figure. Je passais donc sur le toit de la voiture et me dressai presque avec fierté, le regard malicieux en direction des quatre hommes à cheval. Je savais déjà à quelle sauce j'allais me les farcir et en moins de deux, toujours sous le couvert du visage du cocher, un petit signe de main de ma part et je leur insufflais ma petite technique de spirale du vent, kaze supairaru, afin de les déstabiliser de manière globale.

L'effet de surprise? Immédiat. D'ailleurs, le plus proche d'entre eux tomba directement de son canasson en se prenant le vent littéralement dans la tronche. Il avait même pas eu le temps d'éviter l'imbécile mais... tant mieux pour nous. Cela me rassurait d'avoir à faire à des navets. Bon... je devais être aussi réaliste. Peut-être qu'au corps à corps, cela aurait été une autre paire de manche mais là, j'avais l'avantage et je comptais le conserver.

Profitant du troubles qui était le leur, je m'apprêtais à balancer des shurikens mais un brutal sursaut de la charrette manqua de me faire perdre l'équilibre. On avait roulé sur de la caillasse. Je tombais un genou à terre mais je refusais de lâcher l'affaire. Bien que je maugréai dans ma barbe, je repris les choses en main et lança des shurikens en direction de deux individus en renforçant rapidement leur vitesse avec un reppushô... mais attendez.... seulement deux? Alors que mon attaque atteignit les cibles comme désiré, le dernier larbin en avait profité pour rattraper la distance qui nous séparait et avait sauté sur la carriole. Je vis ses doigts qui avait attrapé le rebord du toit et il eut le temps de se hisser pour me rejoindre.

Merde.

Il se dressa devant moi et affichait un regard visiblement satisfait.

" Je sais pas ce que tu as foutu, mais tu vas crever. "

Je supposais qu'il parlait du cocher. J'avais toujours ses traits. Pour la déconnade, je lui fis un petit clin d’œil coquin avec un grand sourire. Avec ma tronche refaite, ça devait être ridicule et surtout, cela l'enragea.

Oups.

Il me fonça dessus pour me faire tomber, mais je bougeais assez vite pour l'esquiver. Fallait que je fasse à minima honneur à mon statut de shinobi non?  Puis, j'avais l'avantage d'avoir les pieds bien encrés contrairement à lui. Notre petit numéro de toréador dura bien cinq minutes avant que je me décida enfin à en terminer une bonne fois pour toute. On était pas là pour rigoler. J'abandonnais alors ma transformation pour reprendre mes traits véritables puisque après tout, le but, c'était de me débarrasser de lui définitivement. Une main dans le dos, je tenais fermement un kunaï et guetta l'instant où il me fonça une nouvelle fois dessus. Cette fois-ci, j'y allais frontalement pour me donner de l'appui et de la force. Lui, il voulait m'en décocher une dans la tronche. Je me baissai assez pour éviter son crochet et par impulsion, j'enfonçais ma lame dans sa poitrine. Cela en était fini. Droit dans le cœur.

Je me redressais lentement alors que je voyais son visage surpris. Le sang commençait à poindre sur le bord de ses commissures tandis que mon visage demeurait placide. Son regard s'abaissa sur la lame qui était enfoncée, il semblait ne pas avoir vu le coup venir. Quel amateur. Et comme si je prenais du plaisir à en rajouter à sa honte, je fis une petite moue du bout des lèvres comme si je lui envoyais un baiser avant que son corps de bascula du toit. Bon. Le plus dur était officiellement dernière nous.

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Yuuki ne savait pas trop ce que la Sempai avait en tête, puisqu'elle griffonna quelque chose sur son calepin dans le noir avant de lui tendre pour qu'elle lise le message. Comme si elle possédait quelque technique ninjutsu lui permettant de voir dans la nuit. Oui, il y avait la pleine lune qui éclairait le désert mais pas assez pour voir le message.

" Hein? "

Pour toute réponse, Honoka s'était mise à grimper sur le toit de la roulotte, non sans avoir accroché les rênes des chameaux avec un kunai sur le véhicule. Yuuki n'eut pas trop longtemps à se demander ce que cela signifiait : le bruit des sabots contre la pierre et les chevaux qui henissaient, les garde du corps qui vociféraient. La bataille approchait. La Genin devait-elle faire quelque chose pour aider la Chuunin? Se levant debout sur le siège, elle put entrapercevoir la Shirogane faire une technique, qui sembla faire tomber l'un des gardes de son cheval. C'était si difficile de voir dans la nuit !

La suite du combat, Yuuki la rata totalement. La caillasse sur laquelle le véhicule avait roulé avait causé un choc suffisant pour que le kunai tombe du bois, entrainant avec lui les rênes qui voletaient allègrement autour des animaux.

" Ah merde ! " s'écria la jeune fille, alors qu'elle essayait de s'étirer en prenant appui sur l'un des animaux pour essayer d'attraper l'arme. Si le kunai se plantait dans l'une des pattes des chameaux, ils risquaient tous d'y passer si la bête devait s'écrouler. Sinon, c'était elle qui allait glisser et finir écrasée sous les roules de la roulotte, puis décapitée par les gardes armés. Heureusement, la jeune fille put attraper rapidement le kunai, non sans se couper la main, puis la Chuunin revint rapidement vers son siège après s'être occupée personnellement des hommes. La Genin avait malheureusement tout manqué du combat de sa sempai sur le toit du véhicule.

Désormais débarassées des gardes du corps, ne restait plus qu'à se diriger vers le manoir du commanditaire.

***

Le soleil allait se lever alors que les deux demoiselles arrivaient près de leur destination avec leur colis. Yuuki en profita pour tenter de soigner la pauvre danseuse, qui avait un vilain hématome sur la joue (et quelques mèches de cheveux en moins), pour ne pas que le commanditaire pose trop de questions. Mais l'autre ne le voyait pas comme ça et tenta de mordre la Genin, qui retirait le foulard qui l'empêchait de crier.

" Ohé tu te calmes ! " gueula-t-elle à l'encontre de la danseuse, tout en lui foutant un coup de poing du coté où c'était déjà bien mauve et enflé. Cela suffit à calmer l'autre tigresse, qui se mit à pleurer silencieusement. " Alors d'abord tu te tiens tranquille si tu veux que je soigne tes blessures. Puis tu vas être bien gentille, un noble a décidé de t'acheter... mais pour 350 ryos, on peux te relâcher, ça te va ? 300? Allez c'est pas beaucoup pour racheter ta liberté... Non ? T'as pas cette somme ? Bon, tant pis, on peut rien faire pour toi. Désolée. "

La Genin haussa les épaules, puis soigna du mieux qu'elle put les blessures de la danseuse .. " On dira qu'elle s'est cognée en se débattant " ... il restait encore quelque décoloration près de ses yeux, mais rien de grave. Yuuki avait réussi à ne pas lui casser le ni ni aucune dent, bien que ce ne soit pas l'envie qui ait manqué : La Kusaribe se sentait très fière d'avoir fait payer à cette putain pour avoir attiré l'attention de son Yakuza. Verte de jalousie, elle s'était vengée sans remord sur la pauvre danseuse qui n'avait rien demandé de plus que de faire son métier tranquillement dans les environs. Voilà qu'on ne la reverrait plus de sitôt dans la région. Son petit noble ferait bien de l'attacher pour ne pas quelle s'enfuit.

Une autre qui regretterait de s'être frottée à Yuuki, autoproclamée princesse de beauté du désert.
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Shirogane Honoka
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Ma grande fierté de la journée... enfin de la nuit? Je m'étais pas tâchée les fringues. Cela pouvait sembler ridicule mais quand vous vous battez sans faire de chichi, c'était un exploit bien plus grand que celui de trucider des amateurs. Sur le haut du toit de la carriole et sous l'éclairage de la lune, je distinguais à peine la masse informe du pauvre bougre qui venait de tomber mais au moins, maintenant, je pouvais enfin fumer. Aussitôt dit, aussitôt j'avais ma clope dans la bouche alors que je m'avançais pour reprendre ma place à l'avant du véhicule. Là, je retrouvais la petiote, essoufflée et toujours les cheveux en pagaille. Qu'est-ce qu'elle avait fait encore? Une fois mon postérieur posé, j'allumais tranquillement ma cigarette avant de porter un petit regard sur l'adolescente. Elle tenait fermement les rênes des chameaux et je lui fis un petit signe pour qu'elle me les tendit. D'un nouveau geste de la main, je lui indiquais que si elle voulait, elle pouvait retourner dans la roulotte se reposer ou bien surveiller que le paquet était toujours saucissonné.

Maintenant, il n'y avait que moi, les étoiles, et mes copains les chameaux sous le clair de lune. Si j'avais été une femme romantique, peut-être que cela m'aurait fait quelque chose mais je n'oubliais surtout pas qu'il y avait de l'oseille au bout. Oh, on pourrait se dire comment une femme comme moi  n'était pas dotée d'au moins un peu de scrupules? Pourquoi ne semblais-je pas dotée d'un peu de compassion à l'égard de cette femme libre que j'allais livrée à un type libidineux qui n'aimait pas qu'on lui dise non? Je dirais simplement : pas de bol. La vie, ça tournait. Chacun payait le prix de sa vanité. La danseuse avait joué avec le feu et là voilà dans de beaux draps. C'était salop de ma part de le dire ainsi? Sans doute. Mais je faisais aussi mon boulot et j'étais pas payée pour faire dans la compassion. Si je commençais à jouer du violon chaque fois que l'on m'engageait, autant que je me fasse harakiri immédiatement.

Du coup, dans le silence de la nuit noire entrecoupé par la fumée de ma clope, je traçais notre route, à moi et la petite, en direction du domaine de notre patron du jour, Yoshirô Natsu. On arriva à notre destination à la levée du jour, mon moment préféré. J'étais pas la femme la plus matinale du monde mais j'adorais voir poindre le soleil sur l'horizon et mettre le feu au ciel. Bizarrement, ça me transportait toujours et me donnait une drôle de sensation dans le bas ventre. Mais trêve de sentimentalisme, on avait un colis à débarquer.

Une fois le véhicule arrêtée, c'était la jeune Yuuki qui s'occupa de préparer la danseuse. Comme elles s'étaient battues, elle la soigna grâce à ces connaissances et ses techniques - et sans doute un jeu de maquillage pour les finitions, manière de la rendre présentable au possible. Quand la genin me sortit la petite excuse que l'on pourrait donner au seigneur, cela me fit sourire. Elle était à la fois pragmatique et un peu naïve, mais j'aimais bien. Elle avait du culot, elle irait sans doute loin bien qu'il faudrait qu'elle apprît un peu à moins s'emporter. Faute à sa jeunesse sans doute. Tenue au bout d'une corde, on emporta le "paquet" comme convenu, prenant des chemins détournés pour plus de discrétion. En jeune femme pleine de finesse que j'étais, j'avais glissé un petit mot entre les liens de la danseuse, à l'intention du seigneur de la côte.

" Veuillez trouver ci-joint la délicate fleur du désert que vous avez commandé. "

On ne fut pas accueillie par le grand maître de la maison, mais sans doute un de ses valets qui tirait un peu la tronche comme s'il était scandalisé par cette affaire. Il nous remercia à la va-vite, tout en nous donnant notre salaire dans une petite bourse. C'était impressionnant comme ces riches n'assumaient pas leurs vices. Il fallait toujours tout planquer. Toujours faire bonne figure. Quelle blague. Heureusement que j'en avais rien à cirer. Je lui dis un petit signe d'adieu et une petite révérence avant de prendre le chemin du retour et de donner ce qui revenait de droit à Yuuki, lui tapotant la tête comme pour la féliciter. Il était temps de rentrer à la maison avec le goût du travail accompli.

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