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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet - ft. Sanada

Omura Mifuyu
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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet
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Une dizaine de jours s'était écoulée depuis l'incident. Depuis que Sanada, son cobaye qui représentait en fait tellement plus que cela à ses yeux, avait tué devant elle. Il s'était livré à elle, s'était abandonné sous ses yeux dans une dance funeste et majestueuse. Elle ne savait pas réellement comment il avait bien pu intégrer la chose. Était-il rongé par les remords ? Était-il fier ? S'en souciait-il juste, ou ne ressentait-il qu'une apathie amère ?

La doyenne cherchait à le découvrir, car elle souhaitait prendre possession de son esprit. Elle espérait qu'il n'était pas comme elle et qu'il avait plus de difficultés à accepter le macabre. Seulement ainsi parviendrait-elle à le manipuler efficacement. C'était pour cette raison qu'elle l'avait convoqué pour une seconde visite des lieux. Derrière son objectif officiel, celui d'enquêter sur son étrange affinité naturelle qui semblait si conflictuelle, se cachait en réalité la volonté de l'analyser pour mieux le contrôler.

En effet, lors de sa première visite médicale, elle avait décelé en lui une forte affinité vers l'eau, mais pas seulement. Le papier avait également été froissé, ce qui avait fait germé en elle l'idée de la possible existence d'un don héréditaire très spécial. Elle en avait eu la presque certitude lorsqu'elle l'avait vu venir à bout du géant aux crocs acérés à coup d'éclairs. Il maîtrisait le raiton, cela ne faisait aucun doute. Sa nature révélait une prédisposition au suiton, cela était également limpide pour elle. Mais s'il était capable de combiner les deux ? Cela expliquerait les résultats du test et le rendrait tellement plus intéressant ! Il serait un petit trésor qu'elle avait eu la chance de dénicher, dont la rareté n'égalait que sa qualité. Elle était émerveillée. Elle ne le laisserait jamais partir.

Cela n'était bien sûr qu'une supposition, cependant les intuitions de la grande Mifuyu ne s'avéraient que très rarement erronées. Elle allait l'observer aujourd'hui, observer sa maîtrise de l'élément foudre. Une prochaine fois, elle le confronterait à l'eau, prétextant une nouvelle expérience. Ainsi, elle le mènerait naturellement à la découverte de son plein potentiel et le garçon lui serait éternellement redevable.

Contrairement à leur première rencontre, l'intéressée n'avait pas attendu qu'on vienne la chercher pour accueillir son invité. Elle l'avait attendu dans la salle d'accueil, subissant la discussion de son assistant dont elle n'avait strictement rien à faire. Quand il arriva enfin, elle bondit de la table sur laquelle elle était assise pour venir lui serrer la main.

- Bonjour, Sanada. Comment vas-tu depuis la dernière fois ? Je t'ai fait venir car j'aimerais analyser un peu plus en détail ton chakra. J'ai vu que tu maîtrisais la foudre, plutôt bien même, mais je pense que tu es capable de plus.

Elle lui sourit faussement. Faussement, pas parce qu'elle lui racontait un quelconque mensonge, mais simplement parce que cette potentielle découverte la réjouissait bien plus qu'elle ne l'affectait lui. Bien plus qu'il ne pourrait l'imaginer.

- Je pense que tu es spécial, viens, suis-moi.

Elle l'amena volontairement jusqu'à l'arène où il avait tué la dernière fois. Tout avait été nettoyé et l'on ne pouvait pas deviner une seule seconde ce qui s'y était produit il y a de cela quelques jours. Elle voulait le perturber, observer sa réaction. Elle ne dit rien, fit comme si elle ne se souvenait même pas des évènements. C'était ici qu'elle allait lui demander de faire une démonstration, peut-être qu'utiliser les mêmes techniques au même endroit réveillerait en lui un certain instinct ou, mieux encore, un fâcheux traumatisme.

- Pour commencer, j'aimerais revoir comment tu utilises ta foudre. J'ai décelé une certaine facilité pour toi à y avoir recours, alors même que ta nature de chakra est l'eau. Ou tout du moins, c'est ce que tu croyais jusque-là.


Impressionne-moi, songea-t-elle. Elle voulait être éblouie, émerveillée. Elle voulait le garder secret, rien que pour elle, s'assurer que personne, même parmi ses loyaux serviteurs, ne sache jamais de quoi il était capable. Elle le rendrait fort et il la mènerait loin. Très loin. Le plan qu'elle avait récemment développé se mettait petit à petit en place, au gré de ses rencontres.

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ft. Masamune Sanada


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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet - ft. Omura Mifuyu

Omura Mifuyu & Masamune Sanada

Sanada tirait paresseusement sur son calumet en observait la ville de son toit. Il avait rendez-vous avec Mifuyu aujourd'hui. Comme toujours, quand il s'agissait de la sorcière juvénile, il était partagé entre la peur de la revoir et l'excitation de se rapprocher des cieux avec l'Omura pour échelle.

Les tests du premier jour avaient été durs, plus encore, le combat entre lui et la bête avait emplit ses rêves et ses pensées. Il avait écrit à sa mère, de peur d'avoir courroucé les dieux, d'avoir été souillée par cette fameuse “science”, religion pratiquée par le clan de médecin. Mais les nouvelles de sa mère avaient été rassurant pour le jeune homme.
Comme elle l'avait si bien dit “ Seul £egok-Jacin peut couper un fil du destin, seule £egok-Mino peut vider l'âme du corps, et seul Shinsei peut la récupérer pour qu'elle honore les dieux pour l'éternité.” Il ne pouvait pas être responsable d'une mort que les cieux avaient accueillies à bras ouvert. Le fil du destin de cet homme-bête s'était étiolé, le dieu au ciseau de diamant avait dû trancher, Sanada ne pouvait rien changer. Il avait tout fait pour ne pas en arriver là, mais, un homme qui court vers sa providence divine n'a que faire des conseils des mortels et le malheureux s'était jeté de lui-même dans le précipice.
Il avait donc érigé une idole en hommage à cette âme près des autels qui occupaient la moitié de sa pièce à vivre, et était naturellement passé à autre chose.

En revanche, elle l'obsédait depuis cette soirée, Mifuyu et sa capacité à être un catalyseur pour sa propre puissance. Elle était envoyée des dieux pour l'aider d'une manière ou d'une autre dans sa recherche du prophète.
L'acceptation de la mort avait scellé leur pacte devant l'empyrée et il se devait de continuer dans cette voie bénite.
Il était intimement persuadé qu'elle était manipulée par les dieux, qu'elle le sache ou non. Tout être l'était, mais celle-ci tenait une place importante dans le panthéon des mortels.
Sa longévité légendaire comme shinobi était bien la preuve que les dieux ne voulaient pas de son âme jusqu'à ce qu'elle ait accompli sa destinée.

Sanada fut donc beaucoup moins anxieux que la première fois, mais ne put s'empêcher de tressaillir à la vue de la petite fille et de ses cicatrices. Celle-ci abandonna la conversation dans laquelle elle ne semblait pas vraiment engagé et sans un regard vers celui qui n'avait pas fini sa phrase, vint serrer la main du jeune genin en l'accueillant assez chaleureusement de sa voix rocailleuse.
Sanada serra la main de la petite fille juste pour pouvoir ressentir la douceur enfantine de cette peau. Si on fermait les yeux sans regarder l'alcine aux cernes, c'était presque agréable. Celle-ci lui expliqua la raison de sa venue et l'entraîna dans les laboratoires sans tarder.

- Je pense que tu es spécial, viens, suis-moi. Dit-elle en faisant signe de la suivre.

Sanada n'en croyait pas ses oreilles, il pensait donc juste, elle était une envoyée des dieux et connaissait la nature d'élu des cieux de Sanada. Celui-ci, presque ému aux larmes, remercia silencieusement les dieux pour l'aide qu'ils lui apportaient dans sa quête. Pour la première fois, depuis qu'il avait quitté Shima-Biizo et la prophétie de sa mère, il ne se sentait pas seul.

Ils passèrent le sas de désinfection et continuèrent vers le couloir de pierre brute qui menait à la grande salle où il avait tué la bête. Rien n'avait changé et pourtant, rien n'était plus pareil. Plus d'odeur de bête fétide ni de chaire brûlée par la foudre. Plus de sang craché par ses organes calcinés couvrant les murs et sol. Rien.
Seuls les murs demeuraient, avec Sanada et sa guide, gardiens de ce secret.

Sanada prit un moment pour prier à l'endroit même où le corps de l'homme-bête avait décidé de finir son combat, puis, après avoir honoré la vie et les dieux qui reprenaient leurs dûs, il se tint prêt à écouter les consignes de Mifuyu.

- Pour commencer, j'aimerais revoir comment tu utilises ta foudre. J'ai décelé une certaine facilité pour toi à y avoir recours, alors même que ta nature de chakra est l'eau. Ou tout du moins, c'est ce que tu croyais jusque-là.

Il avait effectué le test de chakra à son arrivée, et son Sensei avait décelé une affinité pour la foudre, lui enseignant donc les rudiments de ce domaine. Mifuyu lui disait qu'il était en fait Suiton, l'élément de l'eau. Cela ne l'étonnait guère, il avait passé plus de temps sur les flots que sur la terre ferme et s'y sentait comme chez lui. Mais comment pouvait-il maîtriser les deux instinctivement ? Il se promit de demander à Rokuro d'apprendre une technique Suiton pour vérifier les dires de la sorcière et exécuta les ordres.

Il commença par la technique qu'il avait apprise en dernier et qui était, pourtant, une des plus simples du répertoire de Sanada. Le jeune genin exécuta les mudras et frappa le mur d'un éclair fin. Il recommença ensuite en créant un coup de tonnerre plus puissant. Il regarda Mifuyu qui ne broncha pas. Il continua donc sa démonstration avec une salve de senbons de foudre. C'était une technique qu'il affectait particulièrement pour son large champ d'action et la beauté de ces aiguilles phosphorescentes, fonçant vers la chair pour l'électrocuter. Il enchaîna sur la création d'un clone de foudre qui fumait nonchalamment un calumet en toisant la sorcière du regard. Il prit le temps de souffler un peu, pendant que son clone faisait la démonstration de sa faible technique de combat rapproché.

- Je vais finir par Hiraishin. La technique paratonnerre, elle est très coûteuse en chakra quand il n'y a pas de nuage, alors en intérieur et sous le sol, vous imaginez bien que ça va pas être de la tarte ! Sanada se concentra, il ne voulait pas décevoir l'Omura.

Elle détenait les clés de son évolution, elle était la bergère et lui devait se contenter de suivre la cadence du bâton. Les dieux lui avaient confié une mission, ce sont eux qui allaient se charger de le transformer en loup au moment opportun.

Pour le moment, il fallait suivre les ordres de sa mère l'oracle, et rester collé aux sandales de la harpie en culotte courte.
Feat Omura Mifuyu
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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet
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Selon sa première analyse rapidement effectuée, en observant ses quelques paroles et son comportement, la Sorcière ne décelait aucun trouble post-traumatique chez celui qu'elle étudiait. Il avait simplement prié, comme il l'avait fait la dernière fois, mais de sa prière ne semblait pas se dégager de culpabilité particulière. De remords. C'était mauvais. Etait-il un alpha, lui aussi ? Revenir dans cette pièce où il avait d'abord risqué sa vie, avant de prendre celle d'un homme, ne semblait pas l'affecter outre-mesure. Il était fort, elle le savait, mais elle pensait avoir décelé une certaine fragilité mentale lors de leur première rencontre. S'était-elle trompée ? Impossible, il devait y avoir autre chose. Il était naturel de se terrer derrière une puissante barrière après ce genre d'évènements, de manière à masquer ses sentiments de la vue de tous et encore plus d'une prédatrice comme l'était la vieillarde. Elle-même agissait de la sorte. En ce moment même, au lieu d'admettre qu'elle avait mal jugé cet impressionnant jeune homme, elle préférait l'imaginer comme un lièvre dont la patte serait restée coincée dans un collet. Elle le voyait gigoter, se démener pour s'enfuir, jusqu'à y perdre son membre s'il le fallait. Apeurée, il se réfugiait derrière des sentiments mystiques, derrière l'espérance d'une vie meilleure de l'autre côté.

Tout cela n'était qu'un problème d'orgueil. Cela avait toujours été le cas chez Mifuyu et c'est également pour cette raison qu'elle avait tant peiné à obtenir des soutiens après son opération. Si elle eut été plus populaire à l'époque, moins méprisante de la jeune génération, tout aurait pu se passer autrement. Mais comment pouvait-elle s'en vouloir, pourquoi devrait-elle se remettre en question, lorsqu'elle voyait tous ces jeunes gens rire et traînasser devant la déchéance éminente de leur si glorieuse famille ?

Au lieu de s'effondrer en larmes, ou au moins de trembloter un petit peu, comme l'aurait fait tout homme avec une once d'humanité en lui, Sanada écoutait attentivement l'ancienne. Malgré son absence de réaction, il lui apparaissait tout de même erronée de penser qu'elle ne détenait aucune emprise sur lui. Peut-être la source de son autorité se trouvait simplement ailleurs, mêlée à un sentiment qui la dépassait pour l'instant mais qu'elle découvrirait lorsqu'il se révèlerait à elle.

Ce moment arriverait, elle en avait la certitude. Il était bien trop conciliant pour encore émettre le moindre doute à son égard. Elle le vit exécuter sa demande, lui présenter la maîtrise de la foudre par des techniques basiques, certes, mais étonnantes. La foudre avait toujours fasciné la Sorcière et, de tous les éléments, c'est celui qui lui parlait le plus. Elle sentait une certaine de connexion avec ces éclairs fugaces, terriblement rapides, discrets et pourtant si lumineux et mortels. En un éclair, on pouvait ôter la vie en transperçant la chair. C'était ce qu'elle avait toujours fait avec son scalpel, usant de sa rapidité et de sa force de frappe pour détruire ses adversaires.

Voir l'adolescent se livrer à une telle chorégraphie, mêlant lumière, rage, carnage et violence l'emplissait de joie. Elle assistait là à une représentation privée, que n'importe quel Genin pouvait lui livrer et pourtant celui-ci était si particulier. Il s'adonnait à cette danse pour elle, pour l'impressionner, pour qu'elle l'aide, pour qu'elle joue de ses scalpels sur son corps encore en prise à ses mutations naturelles.
La Sorcière jubilait, mais restait stoïque. Une certaine pudeur venait lui arracher ses sentiments, avant même qu'elles ne les expose en public. Rien ne devait se dégager de son regard, de son corps, de sa voix. Elle était un mystère impénétrable au commun des mortels. Elle n'était pas réellement humaine et ne souhaitait pas se mêler à ce monde qui ne la comprenait pas. Mais lui semblait capable de la comprendre. Comment était-ce possible, à son âge ?

Dans ses paroles, elle sentait que Sanada se libérait. Il lui faisait maintenant une démonstration d'une technique qu'elle avait toujours trouvé admirable et dont la maîtrise l'avait toujours attirée. Grâce à quelques mudra et une concentration de fer, l'adolescent ressembla soudainement au martyr, frappé par la foudre alors même qu'il levait son bras, exigeant du ciel une punition violente mais d'une sacralité rédemptrice. L'éclair parcourut tout son être puis se répandit autour de lui, inondant la pièce d'une tension électrique presque palpable. Mifuyu sentit ses doigts se contracter au contact invisible de cette force, terrifiante mais inexplicablement chaleureuse.

Au contact de la foudre, elle eut l'impression de la comprendre, de pouvoir la manipuler à son tour. Comme si cette puissance naturelle souhaitait s'emparer de son corps pour prolonger cette splendide onde meurtrière. L'ancêtre l'acceptait à bras ouverts et le courant vint la transpercer. Au lieu de sentir une vive douleur, elle eut l'impression de l'incarner, à l'image du cobaye volontaire qui subit ses piqûres sans broncher.

- Peux… Peux-tu recommencer ? J'ai l'impression de comprendre cette foudre, qu'elle est faite pour résonner avec moi. Je te l'ai dit, tu es spécial.

Elle se livrait elle aussi pour la toute première fois. Elle se sentait faible, ridicule, lamentable. La grande Mifuyu, en train d'implorer un genin d'un village qu'elle ne souhaitait même pas reconnaître. Elle se reprit immédiatement, dépoussiéra sa blouse et dompta ses cheveux qui s'étaient légèrement hérissés vers le plafond. Elle racla doucement le fond de sa gorge.

- Ta foudre est particulière, parce qu'elle n'est pas uniquement foudre. Je veux t'accompagner, t'aider à découvrir cela avec toi. Recommence et détaille moi ce que tu ressens en l'invoquant.

Les rôles s'inversaient progressivement. Était-ce elle qui le mènerait à ses pleines capacités, ou lui qui lui apporterait de nouvelles perspectives ? Elle l'ignorait encore pour l'instant, mais était habitée d'une certitude qui lui collait à la peau, celle-là qu'elle ne le lâcherai jamais.

~

ft. Masamune Sanada


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Omura Mifuyu & Masamune Sanada

- Ta foudre est particulière, parce qu'elle n'est pas uniquement foudre. Je veux t'accompagner, t'aider à découvrir cela avec toi. Recommence et détaille moi ce que tu ressens en l'invoquant.

Mifuyu semblait déceler quelque chose en plus dans les attaques du genin. Il avait envie de lui crier que sa foudre portait le consentement des dieux. Il n'invoquait pas un simple élément modelé par le chakra pour assouvir un désir de conquête terrestre, il empruntait la divine nature, et celle-ci, conscient de la politesse de son serviteur, le lui rendait bien. Mais il se contenta de hocher la tête silencieusement.
Ajustant son masque pour ne pas être gêné dans ses mouvements, il exécuta les mudras avec une grande minutie. Invoquer la foudre dans un lieu clos empêchait ce dialogue avec mère nature, rendant la technique extrêmement coûteuse en chakra.

Lorsqu'il leva la main au ciel, un éclair apparu au plafond et tomba en trombe sur le corps du genin qui ne broncha pas. Il resta concentré pour laisser la foudre se diffuser en des milliards de ramifications, autant de branches phosphorescentes qui formaient la plus belle des forêts lumineuses. La plus éphémère aussi.

- Avez-vous déjà remarqué, Mifuyu-sama, que les éclairs ressemblent à des arbres ? Que les nuages sont le terreau idéal pour les racines qui forment le tonnerre ? Cette terre, là-haut, c'est le royaume des Dieux, ici-bas, nous sommes dans le fief des £egoks. Pour ce qui est de la technique, elle me semble plus difficile à faire sans l'aide du ciel. Lorsque le temps est nuageux, il est très facile d'invoquer la foudre. Par ici, il ne risque pas d'y avoir un orage, il faut donc recréer la trajectoire initiale de la foudre. Lorsque j'ai exécuté raijin, la technique de l'éclair, je pouvais l'orienter dans une direction avant de l'envoyer. Mais pour hiraishin, il faut comprendre le mécanisme de création d'un éclair, accumulé du chakra en hauteur, et le laisser retomber naturellement ensuite. C'est cette création d'une “réserve” au-dessus de soi qui consomme de l'énergie. Cette réserve, le ciel, terre des dieux, nous la fournit.

Mifuyu écoutait attentivement, mais ne répondit pas. Sanada ne savait que faire, il avait dépensé énormément de chakra en peu de temps, mais les paroles de la Sorcière agissaient comme un revigorant. Elle avait décelé le cadeau divin en lui, elle voulait l'aider. Derrière la légende d'une Jonin Omura, ermite, spécialiste de la médecine, se cachait son marchepied vers les nuages.

Il avait écrit à sa mère à propos de la rencontre avec la harpie. Il s'était bien sûr gardé de converser sur les tests et les pouvoirs qu'il avait acquis, il tenait à protéger le village qui était devenu son chez-lui. Mais il avait mentionné le fait qu'elle avait perçu un certain potentiel. Que sous son regard, il se sentait le digne serviteur des Cinq et de leurs £egoks.
La réponse de la pythie fut à l'image de ce que son fils avait toujours connu. C'était une citation d'un sage. Sans aucun encouragement, aucun mot doux. Les cieux, qui s'exprimaient dans la transe de cette femme lui avaient retiré son attrait pour le monde des mortels, et seul le cadeau de la quête avait créé une once de fierté pour son dernier fils.

“ Ne t'enfle pas : de peur que tu n'éclates
  À la moindre piqure”


Sanada récita plusieurs fois cette phrase. Elle avait sans doute raison. Mais le sentiment que tous les possibles s'ouvraient était plus grisant. La Sorcière savait des choses que sa mère ne pouvait comprendre. Son obstination à vivre dans les cieux l'avait coupée des sens. Les dieux avaient besoin d'une pythonisse autant que d'un guerrier. À elle de transmettre les ordres, à lui de les exécuter.

Se retournant vers l'Omura à l'apparence de petite fille, il l'invita à le rejoindre en lui tendant la main. La fascination qu'il ressentait à son égard avait estompé toutes traces de dégoût.
Il avait vécu la semaine suivant les tests comme un rêve éveillé. L'académie, les cours, les entraînements sans blesser le camarade, les leçons de théorie, tout ce qui le passionnait était devenu fade, gris, anodin.
Le frisson de son corps manipulé par la Harpie et ses seringues, la pièce, la trappe, l'homme-bête, tout cela résonnait en lui comme si tout son être devenait enfin ce qu'il avait toujours été.
Cette journée avait été épuisante, éreintante et traumatisante à la fois, mais il ne s'était jamais senti aussi vivant, aussi mortel.

Il plongea son regard dans les yeux cernés de noirs de la petite et composa encore une fois les mudras.

- Rokuro ma sensei me dit toujours que pour connaître une technique, il faut d'abord en avoir été victime, j'espère que cela ne vaut que pour celles qui ne sont pas mortelles, mais la connaissant, j'en doute !

À ces mots, il agrippa Mifuyu par l'épaule tandis qu'il levait l'autre bras, paume orientée vers le toit, pour invoquer la foudre. Sanada tressaillit une fois de plus à l'impact. La technique avait pour désavantage de provoquer des dégâts chez le lanceur. Fort heureusement, l'éclair prenait toute son ampleur au contact du dernier conducteur. Il observa donc la réaction de Mifuyu en la relâchant.

- Je suis désolé Mifuyu-sama, mais je crois que cette expérience vous sera bénéfique. Si j'en crois votre croyance, pour connaître, il faut expérimenter.

Sans en parler à la Sorcière, le genin avait lu différent ouvrages traitant des bases de la “science”, système empirique se basant sur l'observation et l'analyse. L'Osmietisme invitait à la connaissance des différentes religions du Sekai, et Sanada voulait comprendre l'énigme qui rôdait comme une ombre gigantesque derrière la minuscule petite fille.

Il avait quelque chose à lui cacher et se sentait en sécurité tant que son secret était enfoui, mais il ne fallait pas trop enfler.

Surtout avec une jonin adepte du senbon et du scalpel.
Technique à enseigner:
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Omura Mifuyu
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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet
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Le garçon répondit favorablement à la requête de la doyenne et effectua à nouveau les mudras qui lui avaient permis d'invoquer le tonnerre en ces lieux souterrains. L'ancienne le vit relever la main vers le ciel, signe annonciateur de la tempête qui s'accumulait au-dessus de leur tête. Elle mémorisa le moindre mouvement effectué par ses mains emplies d'une énergie symbolique. La foudre vint le frapper de nouveau et elle observa avec satisfaction. Cette fois, elle ne tendit pas le bras et ne fut pas touchée par les restes fébriles de la décharge. Elle préférait écouter ce qu'il avait à lui dire, la description lyrique et subtile qu'il faisait de sa technique. On voyait là un véritable maître du raiton en devenir, bien au-delà du simple gamin ayant appris une technique de ninjutsu pour impressionner son petit monde. Non, lui comprenait. Il connaissait les merveilles de ce monde et les subtilités qui en faisaient la complexité. Il voyait les liens qui unissaient les différents éléments et était même capable, elle le sentait, de les apprivoiser.

Un seul élément la troublait. Sa croyance divine. Elle l'avait vu prier, deux fois même, mais ne se doutait pas qu'il était tant impliqué dans sa religion. Ce n'était pas réellement un défaut, après tout, chaque croyance admettait son lot de mysticisme et qui était-elle pour juger sa science comme un paradigme supérieur ? En réalité, elle se demanda même si sa confiance absolue en les cieux ne le rendait pas plus fort, ne rendait pas son esprit plus affûté. Cela expliquerait notamment son absence de culpabilité apparente envers le meurtre qu'il avait commis il y a moins de deux semaines. La science avait ses failles, mais qu'en était-il de la foi ? La Sorcière croyait dans les chiffres, dans les réactions chimiques et la physique. Mais vers qui se tournait-elle lorsqu'un facteur lui restait inexpliqué ? L'être humain avait inévitablement tendance à questionner l'être mystique, supérieur, invisible, qui seul pouvait servir d'explication rationnelle, là où il n'y en avait parfois simplement pas. Elle se disait qu'il fallait accepter ce simple fait, que certaines choses échappaient à notre perception et que c'était peut-être mieux ainsi. D'autres partaient en quête de savoirs et de raisons, s'élevant jusqu'au-dessus des cieux.

Derrière ce discours si poétique délivré par son cobaye volontaire se cachait également une volonté d'apprendre et une volonté d'enseigner. C'était une sensation étrange mais, pour Mifuyu, qui ne s'était jamais essayée aux jutsus affinitaires, elle avait l'impression de comprendre ce qu'il lui disait et même d'être capable de le reproduire. Il lui parlait du mécanisme de création d'un éclair, elle l'avait lu dans un livre ; il lui parlait d'une certaine maîtrise du chakra, elle maîtrisait parfaitement le sien comme tout médecin ninja de génie. Elle écoutait alors en silence, ajoutant ces nouvelles bribes d'informations à sa spectaculaire mémoire qui, même à quatre-vingt-sept ans, ne lui avait jamais faite défaut. Sanada ne s'en doutait peut-être pas, ou alors peut-être que si, mais la vieille femme était lentement en train d'assimiler toutes les informations qu'il lui donnait pour reproduire sa technique.

Le garçon au masque parut fatigué, mais la présence d'une lueur éclatante dans sa voix, d'une telle passion dans ses paroles indiquait à l'ancienne qu'elle avait déjà gagné. Du moins, elle le pensait. Il était sous son contrôle, ne la craignait pas nécessairement mais la suivait. C'était peut-être ce qu'il y avait de mieux, en fin de compte. Elle ne risquait ainsi pas de rébellion, simplement qu'il se détourne d'elle. Se serait fâcheux, pensa-t-elle sans pour autant sentir la moindre émotion venant le confirmer. Il était dur pour elle de ressentir les choses, mais elle pensait qu'elle serait triste s'il partait. Pas triste comme les autres, comme ceux qui pleuraient et se mouchaient sans cesse, mais elle sentirait un vide dans son être. Elle se disait que ça devait ressembler à quelque chose comme cela, la tristesse. Elle n'était pas tout à fait sûre, en fait.

La vieillarde à la peau douce fut soudainement tirée de ses pensées par son cobaye, qui avait jugé bon de l'inclure dans sa technique. Quelle audace ! Agrippée par ce petit garnement, elle sentit l'éclair la traverser, mais ne le combattit pas. Connaissant ses qualités, elle aurait sans doute pu esquiver, néanmoins son corps refusa de lui obéir. Ou alors c'est elle ne le souhaita pas réellement. Foutu pour foutu, elle tenta d'analyser ce qu'elle ressentait à cet instant. La puissance électrique s'était écoulée le long de son corps, l'avait d'abord rejoint de l'épaule gauche pour terminer sa course frénétique au bout de son second bras. Elle crut voir de fines particules d'énergie remplir son espace vital, comme si quiconque venu pour la toucher serait aussitôt électrocuté.
L'éclair produit par Sanada venait en son corps parcourir le chemin inverse. Elle savait désormais quelle trajectoire il devait adopter et comment le développer suffisamment pour qu'il rejoigne le corps de son adversaire. Elle avait assimilé la foudre et se sentait apte à y faire appel à son tour. Elle se devait tout de même de protester, blessée en son amour propre de remarquer que son cher cobaye pensait savoir ce qui serait bon pour elle. Elle seule était à même de se connaître, de se comprendre et de se compléter. Elle avait toujours fonctionné en solitaire, s'était débrouillée seule pour presque un siècle entier et n'avait jamais eu besoin de l'aide de personne. En tout cas pas au point de voir un gamin lui apprendre une technique si bas de plafond.

- Que… Qu'est-ce qu'il t'a pris ? Tu me dois le respect, vous me devez tous le respect ! s'écria-t-elle, énervée bien plus après elle-même que contre le jeune homme. Bon, ça suffit pour aujourd'hui. Tu as utilisé beaucoup de chakra, tu ferais mieux de rentrer te reposer et on reprendra ça demain.

Elle se retourna, faisant mine d'aller nettoyer ses instruments dont elle n'avait même pas fait usage aujourd'hui. Il l'avait contrariée, et pourtant tellement aidée en même temps. Ahh ! Elle avait envie de crier, de lui donner une leçon pour lui faire payer son impertinence, mais elle ne voulait pas le perdre. Pourquoi était-elle si faible ? Pourquoi avait-elle à ce point peur qu'il s'éloigne d'elle ? Peut-être parce qu'elle savait qu'il n'avait pas agi avec une mauvaise intention, cependant le simple fait d'avoir agi le rendait coupable. Et surtout la rendait faible.

- File.

Elle ne le regarda pas quitter les lieux, se guidant au bruit de ses pas pour estimer le moment où il franchirait la porte. Encore en forme, elle revint au centre de l'arène, effectua la série de mudras qu'elle copiait de son cobaye, puis leva le bras au ciel pour attirer la foudre. Le premier essai ne fut pas entièrement concluant, malgré la légère lumière chargée d'électricité qui vint s'abattre timidement sur elle. Cela lui fit mal, simplement mal. Elle ne parvint à le transmettre autour d'elle. C'était un échec, mais également un bon début.

Alors elle recommença, encore et encore. Jusqu'à ce qu'elle y arriva. Cela ne fut pas une mince affaire d'effectuer cette technique sans l'aide du ciel, des nuages grisonnant, toutefois elle invoqua finalement une puissante foudre qui vint la clouer sur le sol, hérissa ses cheveux et se répandit tout autour d'elle. Elle sentit qu'elle la tenait, qu'elle aurait pu contaminer quiconque s'était trouvé autour d'elle. Elle avait réussi, grâce à son talent inné pour les jutsus, mais surtout grâce au jeune homme qui lui avait servi de modèle. Lui montrerait-elle son accomplissement ? Elle ne le savait pas encore. Elle ne souhaitait pas lui donner raison, c'était important pour maintenir cette structure de supériorité qui s'était établie entre eux, ou du moins qu'elle pensait qui s'était établie.

Ou alors mieux. Elle l'accueillerait à nouveau demain, interromprait son analyse pour lui rappeler à quel point elle était supérieure à lui. Elle aussi lui enseignerait une technique. Plus compliquée, elle le ferait suer jusqu'à ce qu'il tombe d'épuisement. En attendant, elle répétait encore les mêmes mouvements pour perfectionner sa maîtrise de sa toute première technique foudroyante.

~

ft. Masamune Sanada


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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet - ft. Omura Mifuyu

Omura Mifuyu & Masamune Sanada

- Que… Qu'est-ce qu'il t'a pris ? Tu me dois le respect, vous me devez tous le respect ! Bon, ça suffit pour aujourd'hui. Tu as utilisé beaucoup de chakra, tu ferais mieux de rentrer te reposer et on reprendra ça demain.

Sanada était abasourdi. Encore parcouru par les fourmillements dû au contact de la foudre, il resta un moment cloué. Comme si le ciel lui ordonnait de retourner à sa place. Mifuyu était la gardienne d'un savoir et d'une puissance incomparable. Elle avait traversé la guerre sous le dôme protecteur des dieux sans son aide. Avant d'être un élu, c'était un serviteur. C'est pour cela que les dieux l'avaient choisi, mais son orgueil d'adolescent pesait désormais comme un poids, qui le rapprochait du monde des mortels et l'éloignait du royaume des cieux.

Ne t'enfle pas : de peur que tu n'éclates
À la moindre piqûre

Les dieux venaient de lui rappeler la hiérarchie céleste, et le jeune genin devait reprendre conscience qu'il était en bout de chaîne.

- Je tiens à présenter mes excu…. Dit Sanada en s'inclinant vers l'ancêtre au corps juvénile, mais il fut interrompu par sa voix rauque et un ton tranchant.

- File. Dit-elle sans même se retourner.

Sanada s'exécuta. Toujours sonné, il traversa les couloirs qui menaient à la grande salle des patients en chuchotant un chant religieux qui le rassurait. Il se sentait creux, les murs nus et d'un blanc immaculé minaient dans son être, puis, le poids du vide s'abattit sur son âme. Tentant de chercher son souffle dans ces tunnels étouffants tant ils étaient vides, il parcourut les derniers mètres qui le séparaient de l'extérieur en courant, sans même adresser un mot au personnel de l'accueil.

L'air frais lui fouetta le visage, l'odeur de l'iode emplissait ses narines. Il s'arrêta, tendant sa figure au soleil, au divin. Et adressa une longue prière d'excuse pour son emballement et son manque de discernement. Sa mère l'avait prévenu, cette quête était l'œuvre d'une vie, peut-être même de plusieurs, le temps n'avait pas de substance pour les dieux.
Il fallait suivre le fil tissé par Jashin et faire confiance aux cieux. La griffe du dieu avait bien failli défaire le nœud qui unissait l'existence de Sanada et de la Sorcière. Il avait titillé le lien, certes, mais il ne l'avait pas rompu et le genin devait la revoir demain.

Il se jura de reprendre sa place dans le panthéon des mortels.. Il avait eu confiance, vite, peut-être trop vite en la Sorcière. Il avait eu la sensation que quelqu'un marchait à ses côtés sur le sentier de sa quête, avec une lanterne, éclairant un aveugle pour la première fois. Cette lumière si intense l'avait aveuglé et il avait voulu arracher le fanal à son possesseur.
Ce crime aurait pu être puni de manière bien plus violente, Mifuyu surpassait Sanada dans tous les domaines s'agissant de l'art du combat et il aurait pu devenir l'homme-bête pour son orgueil, réduit à un tas de chair gisant dans un coin.
Il remercia les dieux pour leur clémence face à son arrogance et décida de se changer les idées sur ses marches préférées, celles qui surplombaient le grand marché du village.

Uzushio était un bourg des plus prospère, le marché débordait de victuaille et d'acheteurs de toutes la région. Sanada aimait observer les comportements, les tenues, des étrangers. Certains portaient des kimonos hors de prix, sans doute de riches marchands venus acheter en gros pour revendre le tout sur le continent, tandis que d'autres arborait les pantalons tissés typique des marins. Tout cet éclectisme se mélangeait fort bien et était un délice pour tout contemplateur. Les marches lui procuraient une certaine hauteur qu'il prenait pour du recul.

Aussi loin et haut, il avait une vie d'ensemble sur les allées et les étables et pouvait observer le marché du village comme une fourmi monte sur un arbre pour pouvoir observer l'entrée de sa fourmilière. Cela lui procurait l'étrange sentiment de ne plus faire partie de cette masse pour un instant. Comme si, le seul point de vue empirique pouvait changer la vision entière d'un individu sur le monde. Comme si les dieux lui prêtaient l'espace d'une seconde leur regard pour observer le monde auquel il appartenait entièrement, comme une entité extérieure à son être profond.

Il voyait la fourmilière, et plus il l'observait, plus il se disait qu' il avait trouvé sa reine.

Ne t'enfle pas : de peur que tu n'éclates
À la moindre piqûre


Les mots de sa mère tournaient dans son esprit et il lui en voulait d'avoir toujours raison derrière son masque de pythie dénué de tout amour maternel.

Il aurait voulu croiser Haruka, Hatsumomo, ou encore la magnifique Otohime pour pouvoir se changer les idées et ne plus penser à cette Harpie.
Les moments d'insouciances en compagnie de ses camarades lui manquaient. Ce qu'il avait trouvé fade et insignifiant tout au long des dix jours de séparation reprenait son sens et ses couleurs.
La charge émotionnelle, le poids de l'existence pesait lourd en compagnie de Mifuyu, comme si, elle était à elle seule, le réel sur lequel on se cogne. Et cela faisait mal. Très mal.

Le coucher de soleil sur son toit, son calumet, tout cela n'avait pas la même saveur, le goût de la culpabilité rendait le tout âpre et amer.
Il se plongea dans un roman pour ne plus penser et s'endormit dans le hamac, le vent fouettant les pages qui caressaient ainsi le visage du jeune genin, souffle d'Amenko qui traversait les mers pour réconforter son protégé.

Le lendemain matin, Sanada fut réveillé par un orage qui grondait au large. Les nuages noirs semblaient se déplacer vers le village. Loin d'y voir un mauvais présage, Sanada se sentit réconforté. Le tonnerre venait nettoyer les péchés, les cieux redonnaient de la force à la terre des mortels et lavaient leurs affronts.
Il attendit patiemment la pluie et l'embrassa les bras ouverts, dans la même posture qu'il prenait pour se faire désinfecter dans le sas des labos Omura. Après s'être changé et avoir allumé les encens des autels qui trônaient dans sa chambre, il se dirigea vers le quartier Omura, en évitant les flaques et les rues impraticables du mieux possible.
Malgré ses précautions, c'est totalement trempé qu'il arriva à l'entrée des laboratoires.

Le jeune homme de l'accueil fut bien plus chaleureux que la première fois. Cela faisait plusieurs fois qu'il voyait le genin et il savait qu'il était le nouveau patient de la vieille Mifuyu.
Comme tous les membres de la Division d'Amélioration des Performances Humaines d'Uzushio, il craignait les coups de colère de la Harpie plus que tout au monde et savait que son intelligence n'égalait que son intransigeance concernant l'avancée des projets et le travail bien fait.
Sanada semblait être le nouveau jouet de la Sorcière, et elle semblait l'aimer, il venait régulièrement, assez pour que le jeune homme ambitieux veuille l'amadouer.
Peut-être pouvait-il parler de lui à la sorcière et ainsi obtenir la promotion tant attendue qui le sortirait de l'accueil et de son ennui ?

- Bienvenue jeune homme, tu as l'air moins pressé qu'hier. Dit le bureaucrate Omura.

- Je vous présente mes excuses, effectivement, j'avais...une…...course à faire. dit le genin en souriant faussement.

- J'imagine que vous êtes là pour Mifuyu-sama, je peux vous accompagner si vous voulez.

Sanada s'étonna de ce soudain zèle et refusa poliment la proposition.

- Je connais le chemin, merci. Dit-il simplement avant de s'éloigner.

L'homme était vert de rage, il avait travaillé toute à vie pour le clan, était un digne disciple des éthiques et pourtant, cette vieille qui avait jadis traîné avec les pires progressistes avait tous les honneurs. Et voilà maintenant qu'un étranger venait se balader dans ses labos dans des endroits où il n'avait pas le droit d'accès.

Que faisait donc ce jeune homme avec Mifuyu ?

Emplit par la frustration et le sentiment de ne pas être reconnu à sa juste valeur, il se décida à suivre le jeune genin au calumet.

Sanada ne se doutait de rien, il se contenta de suivre la procédure habituelle et se dirigea dans la salle de pierre.
Mifuyu semblait l'attendre. Toujours impassible, elle laissa un silence pesant s'installer.

Le cobaye s'inclina devant l'ancêtre et, tandis qu'il regardait le sol, esquissa un sourire.
Loin s'en faut d'être touché et révulsé par l'attitude de la Sorcière, l'altercation de la veille avait renforcé l'admiration et la fascination qu'il avait pour cette femme-enfant.
Fixant la pierre sombre comme si c'était une coupe d'or, si loin du ciel et enfermé entre les murs de pierres épaisses, il sut à ce moment qu'il suivrait la Harpie jusqu'aux portes des £egoks.
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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet
~

La plus crainte des Omura avait passé la soirée à répéter les mêmes mouvements. Elle était maintenant sûre de maîtriser cette puissante foudre, bien qu'elle était consciente qu'elle ne pourrait jamais progresser dans ce domaine. Elle était une femme de sciences, de découverte, de médecine, mais pas de magie. Elle n'aurait jamais le niveau de ces grands invocateurs capables de conjurer des orages, de déclencher d'immenses vagues ou de souffler des bourrasques. Elle savait se battre, même très bien quand on considérait son âge et son appartenance à un clan qui se targue de n'être qu'une entité pacifique. Elle n'avait simplement pas ces talents-là. Tant pis, elle l'avait accepté depuis bien longtemps et n'y avait de toute façon jamais réellement rêvé. C'était toujours impressionnant quand on assistait à de telles démonstrations, on sentait alors un léger pic de jalousie nous titiller et on se mettait à les envier, mais cela passait une fois dans un laboratoire, au milieu de ces éléments si complexe qu'aucun invocateur élémentaire ne saurait appréhender convenablement. Elle n'en avait de toute façon pas besoin pour se défendre. Seule, elle était forte. En groupe, elle l'avait été. Maintenant, les temps avaient changé, l'inexorable écoulement du sablier les avait rendu faibles, presque méprisables à ses yeux. Mais elle, elle était toujours forte.

A l'époque où sa génération foulait encore ce monde désolé, quand les îlots idylliques du pays des tourbillons étaient toujours assiégés par des mercenaires et shinobis errants, les Omura n'avaient pas peur de se mouiller. On apprenait les secrets du corps pour guérir, mais également pour punir. Connaître ses failles, ses zones les plus sensibles pour infliger la plus grande des douleurs. Elle n'en venait tout de même pas à dénigrer sa récente maîtrise de l'éclair, cela faisait tout de même une corde de plus à son arc, qui pourrait la sortir plus d'une fois d'une situation embêtante.

Toujours est-il que Mifuyu était rentrée dans sa demeure calmement et avait sombré dans le sommeil sans jamais regretter ce qu'elle avait dit à son cobaye. Au fond, elle tenait à lui, mais pas d'une manière affective. Elle n'avait que faire de le blesser tant qu'elle ne le repoussait pas loin d'elle. Elle n'y avait en fait même pas repensé, n'étant pas du genre à remettre en doute son comportement. Quand elle faisait quelque chose, c'est parce que c'était ce qu'il fallait faire. Elle avait simplement raison.

Elle fut réveillée le matin par le bruit des trombes d'eaux s'écrasant sur le toit de son logis et s'incrustant par filets dans sa salle à vivre. Elle s'agita alors à récupérer des sceaux pour récolter l'eau, puis appela un homme de son clan pour s'occuper de tout ça. Les pieds humides, elle enfila malgré son inconfort ses souliers et partit. Elle n'avait pas le temps, ni les compétences. Elle ne souhaitait pas faire attendre Sanada. Quand elle quitta ses appartements, la Sorcière s'arrêta pour contempler les quelques nuages noirs qui trônaient au-dessus de sa tête. Ceux-ci grondaient avec une telle force qu'elle se serait presque sentie écrasée sous la puissance de leurs cris. Elle pensait que la foudre l'appelait, comme si elle ne cherchait qu'un arbre sur lequel s'abattre, qu'elle avait trouvé en la personne de la doyenne. Ce n'était qu'une impression, sans doute. Elle ne pouvait toutefois pas s'empêcher de penser que c'était réel et entreprit de se rendre à la Division d'Amélioration sans jamais être complètement à découvert, jonglant entre les habitations, de peur que le ciel mette fin à sa misérable vie.
Elle divaguait. Elle était pourtant si rationnelle, d'habitude. Même parmi sa caste, on la traitait d'insensible. Toutes ces réflexions sur les cieux étaient mauvais pour elle, cela allait lui passer aussitôt qu'elle aurait clos ce chapitre avec le garçon.

Elle arriva enfin dans son laboratoire, épuisée et trempée. Au casier, elle prit une nouvelle tenue – d'une blancheur immaculée, comme toutes les autres – et étendit la sienne pour la récupérer en état à la fin de la journée. Elle vira droit vers son laboratoire souterrain, là où elle seule travaillait. Elle n'y avait presque jamais laissé entrer personne, si ce n'est sa disciple Hatsumomo et depuis récemment le petit libraire. Tout ce qui s'y passait était un mystère pour ses assistants et les autres membres de la Division, si ce n'est pour les quelques sous-fifres de Leiko qui étaient autorisés malgré elle à y faire une descente de temps en temps, afin de s'assurer qu'il n'y avait rien de répréhensible en ces murs. Jusqu'ici, ils n'avaient jamais rien trouvé, il fallait dire que la vieillarde s'était tenue à carreaux. Maintenant, eh bien… Ce serait plus compliqué. Elle voyait où ses nouvelles fréquentations la mèneraient et cela ne plairait pas à sa chère supérieure. Oups ?

Elle vit bientôt Sanada arriver à l'heure prévue et, derrière lui, une ombre indiscrète et portée par ses sentiments égoïstes. Elle connaissait cette ombre, mais elle ne fit mine de rien. Elle ressemblait à celle d'un assistant un peu trop curieux, subordonné de Leiko certes, mais qui semblait avoir développé un certain attrait pour ce qu'il ne voyait pas et qu'il mourait d'envie de découvrir. La Sorcière détestait qu'on s'immisce dans son travail.

Elle allait le punir. Oui, elle pensait que c'était ce qu'il méritait, une punition. Pour qu'il comprenne que certaines portes nous sont fermées et qu'au lieu de les enfoncer, on attend patiemment devant qu'on vienne nous ouvrir. Si personne ne vient, c'est qu'on ne le mérité pas, voilà tout. Une seule chose l'inquiétait – mais pas autant que cela l'aurait fait il y a de cela quelques mois. Ce qu'elle s'apprêtait à faire pourrait être interprété comme un premier acte de rébellion, elle en était consciente. Ce n'était pas le cas. L'assistant était sous les ordres de Leiko, certes, mais elle dirait simplement qu'elle n'avait pas apprécié cette intrusion, ce manque de confiance et que le jeune homme avait outrepassé ses fonctions. Oui, elle dirait ça. Mais elle ne le tuerait pas, non. Elle s'en tirerait probablement, avec pour seule conséquence une surveillance accrue de ses interactions avec son cobaye. Elle pourrait survivre avec cela. Pour l'instant, tout du moins.

- Bonjour, Sanada.

Elle hésita à lui mentionner son comportement d'hier, mais elle songea qu'elle n'était pas en place de le faire. C'était rare, qu'elle rechigne à dispenser l'une de ses fameuses et désagréables leçons de morale.
Elle se rapprocha de lui, mais pas pour le saluer, non, plutôt pour se rapprocher de sa cible.

- Je vois que tu n'es pas venu seul.

Alors que ses paroles raisonnaient encore entre les quatre murs, la vieillarde disparut de la vue du garçon. Quand celui-ci se retourna, elle était déjà au prise avec son assistant. Elle le serrait fermement au poignet de sa main droite et, au-delà de lui jeter le plus noir des regards, elle leva son autre bras jusqu'au ciel. La foudre vint enfin s'abattre sur son membre avant, comme si l'orage qui déferlait à l'extérieur était parvenu à transpercer le bâtiment jusqu'à eux. Il s'écroula sur le sol. La cruelle Mifuyu l'acheva d'une ultime tirade, qui était destinée à le détruire.

- Assistant. Elle ne connaissait pas même son nom. Ta présence ici est intolérable, tu sais bien que je n'autorise personne à entrer.
- Mais… lui, il…

Elle le coupa d'un geste brusque de la main.
- Assez, je n'ai pas de temps pour ça. Je n'accorde mon temps qu'à ceux qui en sont dignes. Les autres doivent me montrer qu'il mérite ce respect et non qu'ils sont d'insignifiants cloportes, sans nulle autre ambition que celle de se glisser sous les portes de ceux qui ont plus de valeur. Va, et ne reviens pas me voir tant que tu ne te seras pas élevé un peu. En attendant, tu ne remettras plus un pied dans ces laboratoires.

Il sembla tenter de balbutier quelque excuse, mais le jeune homme était bien trop terrifié pour oser lui répondre. Il s'enfuit, d'abord en rampant avant de peiner à se remettre sur ses quatre pattes. Il quitta la salle et elle n'en parla plus. Déjà, elle l'avait oublié.
Elle se tourna à nouveau vers son invité.

- Excuse cette interruption.

Elle ne fit aucune mention de sa maîtrise de l'Hiraishin.

- J'ai réfléchi. Je vais être honnête avec toi. Je pense que tu as en toi la capacité de combiner à la fois la foudre et l'eau. Celle de maîtriser l'orage. Mais pour cela, tu dois être fort. C'est un don très rare et je veux que tu arrives à le maîtriser.

Elle s'interrompit, le temps de lui faire intégrer la nouvelle. Elle n'avait eu que de très rares occasions d'observer des manipulateurs de l'orage, pourtant elle avait sillonné le monde pendant quatre-vingt-sept ans d'existence.

- Mais je pense aussi qu'il faut attendre un peu, que tu t'améliores. Pour cela, je te propose de t'accompagner dans ce voyage. Veux-tu que je t'apprenne certaines des techniques qui font des hommes de bons ninjas ?

Elle pensait évidemment au Shunshin, qu'elle venait d'utiliser sous ses yeux. Ce n'était pas là un hasard. Elle lui avait délibérément montré pour attiser son intérêt. Elle voulait qu'il s'endurcisse et, pour cela, elle était prête à lui faire mal. Qu'elle l'éprouve, en partie pour effacer son humiliation de la veille.

- Je peux t'enseigner ma technique de déplacement, celle que je viens d'effectuer. Mais cela sera dur. Veux-tu me montrer que tu fais partie de ceux qui sont dignes de mon temps ?

~


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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet - ft. Omura Mifuyu

Omura Mifuyu & Masamune Sanada

La Sorcière salua le jeune genin puis s'approcha directement de lui. Il y avait dans ses yeux une lueur que Sanada n'avait jamais vue. Le petit corps infantile semblait animé par une aura prédatrice. Sanada voulu reculer mais fut totalement cloué sur place par le halo intangible de la Harpie. Arrivée à son niveau et sans bouger la tête, elle s'adressa au jeune homme.

- Je vois que tu n'es pas venu seul. Dit-elle dans un souffle. Elle composa un série de mudras très court avant de placer sa main perpendiculairement à son visage.

Shun….Il avait cru entendre la Harpie mais un nuage de poussière c'était tout d’un coup soulevé et en moins d’une seconde, elle avait disparu.

Sanada se retourna par réflexe. Ses yeux s'écarquillèrent quand il l'a vit aux prises avec l'employé de l'accueil qui l'avait probablement suivi.
Comment avait-elle fait pour se téléporter de la sorte, la décomposition, puis la recomposition d'un corps dans un autre espace était une des limites que les arts shinobi n'avaient pas encore brisée. Peut-être, cette génie avait-elle inventée une potion augmentant considérablement la vitesse, pourtant, Sanada en était presque sûr, elle avait composé quelques mudras, c'était donc une technique de ninjutsu.
La petite fille attrapa l'homme, sans nul doute, sa force n'était pas extraordinaire pour un ninja, mais comparé au gabarit de la vieille, elle semblait incroyable. Les brindilles qui lui servaient de bras contrôlèrent l'homme sans mal.
Puis elle leva la main au ciel. Sanada n'en croyait pas ses yeux, Hiraishin, la technique qu'il avait mise des jours à maîtriser pleinement, elle l'avait apprise en observant le jeune homme, sans aide, simplement par le protocole d'observation puis d'expérimentation qui semblait guider sa pensée.
Cette femme était un génie à ne pas en douter, elle était crainte, tant au village que dans son propre clan, et Sanada avait toujours cru que c'était à cause de son aspect et de son comportement.
Loin d'être une retranchée dans les labos, Mifuyu était une virtuose de l'affrontement, les dizaines d'années d'expériences avaient forgé chez elle une capacité innée à combattre, et son corps, son refuge, était une arme fine, mais d'un tranchant incomparable.

L'homme de l'accueil, pourtant ninja aguerri, n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, un éclair apparut et vint frapper la Harpie, électrisant ses cheveux et lui donnant le même teint immaculé que sa blouse. L'éclair poursuivit sa course vers le bras conducteur de Mifuyu et dans un cri de douleur, traversa le corps du malheureux.

S'ensuivit une remontrance sévère de l'ancêtre sur son cadet clanique. Cela fit presque rire Sanada, après l'avoir totalement électrocuté comme s'il s'agissait d'un ennemi mortel, elle lui criait dessus comme un petit garçon.
Celui-ci semblait totalement choqué, il rampa pour échapper à la Sorcière, puis parvint à se mettre à quatre pattes, les jambes prises des convulsions dû à la foudre, il disparut vers la surface dans cette position de proie blessée, fuyant le prédateur avec une crainte décuplée, parce qu'il savait que le chasseur ne l'avait pas mangé seulement car il n'avait pas faim.
Aujourd'hui.

- J'ai réfléchi. Je vais être honnête avec toi. Je pense que tu as en toi la capacité de combiner à la fois la foudre et l'eau. Celle de maîtriser l'orage. Mais pour cela, tu dois être fort. C'est un don très rare et je veux que tu arrives à le maîtriser.

À ces mots, Sanada repensa au ciel de ce matin, au tonnerre qui grondait, et aux cadeaux que les dieux lui avaient accordé. Loin de s'emballer, il garda son calme, les prières de remerciements se feraient à l'abri du regard de la Sorcière, dans sa chambre qui lui servait d'autel et de temple, lui qui était habitué à dormir sur le toit de son habitation, couvert et couvé par son hamac. Il se contenta de hocher la tête avec détermination. Son apprentissage des arts shinobis grandissait aux côtés de la Sorcière plus vite qu'il ne l'aurait cru.
Cette association, qui semblait contre-nature au commun des mortels, se révélait béni des dieux pour le jeune genin et ses ambitions.
La Sorcière insista sur le chemin qu'il restait à parcourir pour maîtriser cet élément apparemment rare. Sanada n'avait aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler la fusion du suiton et du raiton, mais il était persuadé qu'il devait suivre l'Omura pour le découvrir.

Elle enchaîna sur une proposition, elle voulait lui enseigner la technique de déplacement qu'elle venait d'effectuer. Le genin fut conforté dans son impression que cette disparition n'était pas un simple sérum. Un déplacement ? Vraiment ? Il était donc possible pour un ninja de se déplacer aussi vite ? Sanada repoussait toujours les limites de son propre entendement depuis qu'il était au village, le chakra était l'incarnation des pouvoirs divins sur cette terre par les mortels, il en était sûr maintenant. Honorer les dieux, c'était aussi honorer les pouvoirs qu'ils avaient transmis à leurs créatures, et plus un ninja était fort, plus ils étaient proches des cieux.

C’est avec une motivation nouvelle qu’il commença l’entraînement. À sa grande surprise, il apprit tout d’abord l'art de se déplacer normalement. Le shunshin était l’accomplissement du déplacement parfait, la quintessence de la symbiose entre le mouvement et la distance parcourue. Pour que l’esquive ou la poursuite soit parfaite, il fallait analyser le chemin à parcourir et faire exactement le déplacement optimal pour ne pas perdre une demi-seconde tout en restant en équilibre. Le jeune genin n’aurait jamais cru qu'une technique si rapide soit aussi difficile à appliquer. Quand la vieille Omura le faisait, cela ressemblait presque à un saut dans l’espace, comme si, elle était capable de tordre le temps pour l'arrêter complètement avant son déplacement.

Sanada bougeait de mieux en mieux à mesure que ses muscles se gorgeait de sang. La puissance nécessaire pour un déplacement aussi rapide était énorme et le chakra placé dans les muscles moteurs pour les doper déchirait la fibre, incapable d’un tel effort naturellement.
Il s’agissait aussi de comprendre le déplacement pour optimiser la coordination des gestes du corps, rien ne pouvait être laissé au hasard, le moindre faux mouvement prenait des proportions folles.

La journée passa, Mifuyu était une professeure aussi sévère que Rokuro, mais moins patiente. Le genin semblait maîtriser le déplacement de mieux en mieux, mais l'analyse du terrain et son équilibre faisaient encore défaut.
À cette vitesse, le moindre caillou pouvait totalement changer la trajectoire de la course , et le choc de l'arrêt le déséquilibrait systématiquement.
Il avait mal au cou et au cœur, il avait l'impression d'être lourd, comme si les multiples essais avaient augmenté son poids, comme si ses pieds étaient irrémédiablement attirés vers le sol.
Il se sentait épuisé, vidé de toutes énergies.

La journée fut instructive mais infructueuse. Sanada s'en voulait de ne pas avoir maîtrisé la technique. Il voulait se sentir utile, se sentir grand dans le regard de Mifuyu. Pourtant, ses jambes ne répondaient presque plus et après une ultime tentative pour ne pas décevoir l'Omura aux traits cousus, il ne parvint pas à équilibrer son arrêt près de la cible désigné et s'effondra.

Il tenta de se relever, mais ses jambes ne répondaient plus du tout, il essaya d'y déplacer du chakra comme pour l'exécution de la technique, mais ne parvint qu'à s'épuiser complètement. La vue devint trouble, la trappe du plafond ressemblait à une tâche... la trappe, l'homme-bête, Mifuyu, Le prophète, l'orage…
Ses pensées devenaient aussi vagues que sa vision, un voile aussi ténébreux que la Sorcière envahit sa conscience tandis qu'il entendait les pas léger de sa guide se rapprocher.
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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet
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Il n’était pas aisé d’enseigner le Shunshin à un genin tel que Sanada. Mifuyu le savait et c’est pourquoi elle était si dure avec lui, même si, il fallait l’admettre, il était également question de conforter de égo. L’adolescent était faible, c’était un fait. Elle pensait toutefois avoir vu juste en décelant une véritable capacité d’adaptation et elle était persuadé qu’il apprendrait vite et atteindrait un niveau que peu de shinobis pouvaient imaginer. En revanche, aujourd’hui, il était faible. Elle l’écraserait d’un seul doigt ou l’immobiliserait d’un seul regard.

Elle n’en avait pas l’air, certes, mais la tâche était réellement ardue. Le Shunshin demande une concentration parfaite et surtout une exactitude totale dans les mouvements effectués. Pour une scientifique accomplie comme elle, cela n’avait pas été trop compliqué. Cela le serait pour un jeune homme. La Sorcière commença par lui demander de se déplacer d’un point A à un point B, tout simplement. Il lui fallait effectuer le déplacement en ligne droite puisqu’une trajectoire rectiligne était toujours la plus rapide jusqu’à sa cible. L’objectif, et surtout la condition pour maîtriser la technique, était d’enlever tout mouvement superflu, même d’un seul millimètre. Il fallait également éviter les pertes d’équilibre, fréquentes lorsque nous sommes pressés. C’est pourquoi l’entraînement commençait par une simple marche rigoureuse. Quand il maîtrisait cette première étape, elle passerait à la course. Ce n’est qu’après qu’elle entamerait l’enseignement des mudras et de la maîtrise du chakra particulière à laquelle avait recours cette technique.

Pour corriger la posture de son jeune élève, l’infâme Mifuyu s’équipa d’un bâton au bout rond. Elle suivait le garçon dans le moindre de ses mouvements, et dès que celui-ci s’éloignait un tant soit peu de la ligne qu’elle avait tracée mentalement, il recevait un coup sur le pied pour reprendre une trajectoire correcte. Elle ne frappait pas fort, mais la répétition de cette punition avait dû laisser certaines traces à la cheville du petit libraire. Ce n’était qu’un maigre prix à payer à ses yeux. C’était de cette façon qu’on le lui avait appris et c’était la seule manière qu’elle jugeait efficace. La peur de la punition était bien plus efficace que l’attrait de la carotte devant les naseaux tentés de l’âne.

Le garçon progressait et la vieillarde l’observait avec fierté. On voyait tout de même qu’il se fatiguait vite, heureusement elle n’avait pas eu la folie de croire pouvoir lui apprendre cette technique en une seule journée. Ses déplacements devenaient plus rapides, précis, mais manquaient toujours d’assurance et il semblait que le moindre obstacle sur sa route le ramènerait à la case départ. Tant que ce défaut ne serait pas réglé, il serait impossible de passer à l’étape suivante. Tel serait l’exercice du lendemain.

Arriva un moment où l’adolescent ne progressait plus. Pris par la fatigue des muscles mais également du cœur, ses mouvements se faisaient plus lourds et plus hasardeux. C’était mauvais, tout le contraire de ce qu’elle attendait. Ainsi, elle décida de couper court à la séance et de renvoyer son élève chez lui avec la stricte obligation de se reposer. Elle l’invita à revenir le lendemain afin d’installer une certaine routine dans leur entraînement. « J’espère que tu seras meilleur demain » lui avait-elle dit pour le motiver. Il pourrait de cette manière progresser plus rapidement et cela renforcerait le lien de dépendance qui le connectait à la doyenne du village.

***

L’ancêtre ne fit rien qui sortait de l’ordinaire – de son ordinaire – du reste de sa journée. Elle travailla dans ses laboratoires, dirigea ses troupes, rien de plus. Le lendemain, elle revint en ayant presque oublié la journée passée.

Quand arriva son élève, elle vérifia qu’il n’avait pas été suivi comme la fois précédente, bien qu’elle se doutait de la réponse. Evidemment, aucun homme n’aurait osé répéter la même erreur une seconde fois devant la Sorcière, qui fit une légère mine de déception quand elle comprit qu’elle n’aurait personne sur qui se défouler. Restait que le jeune libraire, qui serait épuisé d’ici quelques heures à peine.
Elle sortit à nouveau son bâton, et lui fit recommencer quelques fois l’exercice basique qui avait été l’objet de la veille, simplement pour qu’il revienne au niveau – assez moyen – qu’il avait su atteindre avant de s’écrouler de fatigue. Quand se fut chose faite, elle passa à la seconde partie de l’entraînement.

- Bien. Maintenant que ta course est juste et rapidement, il te faut qu’elle soit équilibrée. On ne va pas changer ton parcours, mais je vais te rajouter quelques obstacles. Rien d’insurmontable pour un fier jeune homme.

Elle se saisit d’abord d’un simple bout de bois, qu’elle plaça au centre de sa course. Elle l’avait observé en détails pendant ces deux jours. Elle savait qu’à cet endroit précis s’élançait toujours sa cinquième foulée. Son pied droit viendrait donc heurter l’obstacle et il perdrait l’équilibre. Au contraire, s’il cherchait à l’éviter, il ralentirait sa course et perdrait en précision.

Elle l’observa faire sans rien dire. Comme elle l’avait prédit, ce fut exactement ces deux phénomènes qui se produisirent. Il glissa une première fois sur le sol, manquant de se tordre la cheville. Puis une deuxième fois. Il essaya alors la tactique suivante. En évitant le bout de bois, il perdit ses repères.

- Tu ne peux pas simplement éviter ce bâton, tout comme tu ne peux pas simplement l’écraser. Il faut que tu trouves une autre alternative. Concentre ton chakra dans tes pieds.

C’était l’un des prérequis fondamentaux de la technique. En concentrant son chakra dans ses pieds, il était possible de maintenir son équilibre et même de briser les petits obstacles qui se trouvaient sur notre route. Dans le cas d’un gros objet, on pouvait alors se servir du chakra pour mieux y adhérer et s’en servir pour donner une impulsion supplémentaire. Ce qui était un frein à la course devenait alors un second souffle.
Elle le regarda continuer d’essayer. Quand elle voyait qu’il faisait des progrès, elle rajoutait d’autres obstacles mineurs, comme des petites pierres par-ci et par-là. Quand il maîtrisa, elle lui fit faire le même chemin à l’envers. Puis, enfin, elle rajouta de plus gros obstacles, mais simplement pour lui montrer qu’une fois qu’on avait maîtrisé son équilibre, la taille de la bosse n’importait que très peu. La destination restait la même, le chemin identique. Il n’appartenait qu’à nous de le rendre stable, et ceux, grâce à la maîtrise du chakra.

Quand enfin il s’écroula une nouvelle fois de fatigue, elle l’invita de nouveau à la rejoindre le lendemain. Les progrès étaient lents, mais elle les percevait sans mal. Cela devait être frustrant pour l’adolescent, mais la préparation était la clef. Une fois qu’il maîtriserait ces bases, y ajouter les mudras correspondant était la partie la plus simple.


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Masamune Sanada
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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet - ft. Omura Mifuyu

Omura Mifuyu & Masamune Sanada

Sanada se réveilla en sursaut, il avait malencontreusement heurté une jarre de son pied. Un tel mouvement inconscient ne l'aurait jamais sorti de son sommeil à l'accoutumé, mais ces chevilles et ses pieds étaient particulièrement endolories par les entraînements de la Sorcière.
Jurant contre la petite fiasque en se massant rigoureusement, il décida de se lever pour perfectionner son art du combat.
Au-delà de la technique à proprement parlé, les cours de l'Omura étaient salvateurs pour le jeu de jambes du jeune genin. Appréhender le terrain, ses aspérités, ses obstacles, jauger la distance à parcourir pour rejoindre une cible, tout cela devenait plus intuitif, grâce aux leçons de Mifuyu.

Le soleil était à peine levé sur le village, cependant, les rues demeuraient vivantes, comme si, la nuit n'avait pas d'emprise sur l'activité humaine. Le port était responsable de cet état de fait, les bateaux accostant à toute heure dans le grand port des îles.

Sanada prit bien soin de ne pas user ses réserves de chakra, l'exercice de fulgurance, le Shunshin, demandait une telle quantité de chakra qu'il ne pouvait pas se permettre d'en gâcher une miette sans le regard avisé de sa mentor.
Il se contenta donc d'étirements prolongés avant de rejoindre le quartier Omura au pas de course, malgré la douleur lancinante qu'il ressentait au niveau des articulations du pied.
Mifuyu était réellement un tremplin, il sentait la maîtrise de son chakra s'affiner de jour en jour, ses compétences d'observation s'améliorer, ses coups devenir plus secs et rapides. Il ne pouvait donc pas se permettre de gâcher ce cadeau providentiel. C'est avec un corps épuisé, mais un esprit gonflé par la motivation qu'il arriva dans la salle de pierre, écrin du premier sang qu'avait versé le Soldat des Cinq dans sa quête du Prophète.

Il s'inclina devant le corps de petite fille, fixant, sans le vouloir, le bâton, qui était la principale cause de ses maux ces derniers jours.
Sans un mot, il posa ses affaires, enfila son masque après une psalmodie silencieuse et se plaça devant la course d'obstacles qui traversait la pièce.
Mifuyu n'avait pas l'air, mais était une très bonne pédagogue et elle n'eut besoin de rien dire pour que le jeune genin ne comprenne ce qu'il avait à faire.

Concentrant son chakra dans ses pieds, il s'élança de toutes la force de propulsion dont ses jambes étaient capables. La sensation était grisante, mais il fallait faire fi de ce jet d'adrénaline pour se concentrer pleinement sur la coordination des mouvements et l'anticipation. Des tonnes d'idées et de pensées fusaient dans l'esprit du genin, voulant sûrement trop bien faire, mais une fois de plus, un petit rocher qu'il tenta d'éviter eut raison de lui.
Il se releva, un peu honteux, mais surtout énervé contre lui-même. La Sorcière lui avait fait confiance en lui enseignant son savoir, il se devait maintenant de lui montrer qu'elle avait eu raison.
Il demanda une petite pause pour pouvoir fumer son calumet. Analysant sa course entre deux lattes, il eut une petite révélation. Lorsqu'il était jeune, et qu'il était traqué par son frère pour une bêtise ou un coup, il courait de toutes ses forces dans la jungle humide qui entourait Mizu-Biizo, et alors, il ne pensait à rien, il se contentait de faire confiance à ses sens, tandis que l'entièreté de son esprit devenait une ode à l'empirisme.

La coordination suivait naturellement. L'esprit ordonnait au corps, la volonté n'étant pas la messagère optimale. Elle devenait même une entrave entre les muscles et les sens.

”Réfléchis moins, laisse faire ton corps” se dit-il avant de se remettre en piste.

Il attendit le signal de l'Omura pour repartir.
La course fut un peu plus lente, car l'esprit craignait de laisser le corps agir sans censeur sous la seule tyrannie des sens, mais elle fut plus fluide.
Sanada esquivait les gros obstacles tandis qu'il ne se souciait même pas des petits, il tenta de suivre les conseils de sa guide et de ne pas esquiver la dernière pierre, mais de prendre impulsion sur celle-ci.
Malheureusement, il anticipa trop son action et chuta une nouvelle fois.

Il recommença ainsi inlassablement sous le regard de l'ancêtre à l'apparence de petite fille.
Celle-ci le corrigeait souvent, tapant sur ses chevilles avec une précision surhumaine. Tout se passait comme si la vieille shinobi savait à l'avance où le pied du jeune genin allait se poser. Et qu'importent ses changements de direction et ses bluffs, chaque fois qu'il faisait une petite erreur, le bec en bois venait piquer son tendon d'achille ou sa cheville.
Petit à petit, les coups de Mifuyu se firent plus rare, ou devenaient de simples tapes, qui, avec le toucher parfait, parvenaient à corriger la trajectoire de Sanada sans le heurter.
Enfin, lorsqu'il n'eut presque plus de défauts dans son déplacement, elle lui montra les mudras nécessaires à l'exécution de la technique.

Sanada se sentait heureux, il était enfin récompensé de ses efforts. La sensation de réussite, de devenir plus fort, d'ajouter une corde à son arc si peu fourni était enivrante, au moins autant que la fumée de l'herbe calciné qui s'engouffrait dans ses poumons.

Le genin exécuta parfaitement son appui, tant et si bien que, ne contrôlant plus sa force, il monta tellement haut que sa tête s'écrasa avec fracas contre la trappe située au centre.
Celle-là même qui avait été ouverte par la Harpie en culotte courte lors de leur première rencontre.

Sanada retomba sur les fesses, le choc lui coupa le souffle tandis qu'il se frottait la tête en grimaçant. Soudain, un bruit vint masquer la douleur. Un souffle rauque semblait s'échapper de la trappe, qui avait basculé sous le choc, l'ouvrant entièrement.

- Oups, Sama, ne me dites pas que j'ai “réveillé” une de vos nouvelles expériences ? Dit-il en regardant L'Omura d'un air faussement inquiet.
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Seconde étape : suivi mental et physique du sujet
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Ils se rapprochaient du résultat final. L’entraînement était long, mais il était rare qu’un ninja du niveau de l’adolescent parvienne à maîtriser le Shunshin. Elle ne doutait pourtant pas en ses capacités, mais encore moins en son habileté à elle d’être une excellente instructrice. Elle était à a fois précise, exigeante, puissante, trois qualités qui faisaient d’elle la meilleure personne pour lui enseigner les arts ninjas. Sa méthode du bâton était certes quelque peu désuète, elle apportait tout de même des résultats remarquables.

Le matin, elle vit son cobaye – qui était devenu son disciple le temps de ces quelques jours isolés – revenir à elle une nouvelle fois. Elle pouvait lire la détermination dans ses yeux et l’espoir qui l’habitait. Ils étaient co-dépendants : elle avait besoin de lui comme lui avait besoin d’elle. Aucun ne souhaitait l’admettre, car cela serait avant tout un signe d’une immense faiblesse, mais tous deux bénéficiaient de la présence de l’autre. En le rendant fort, elle servait en réalité ses propres intérêts et non ceux du garçon : une fois plus fort et loyal, elle pourrait pleinement utiliser sa volonté de devenir un cobaye pour obtenir un résultat grandiose. Plus que l’amour de la science, qui est d’habitude le facteur l’aidant à avancer, il y avait ici une arrière-pensée : ce n’était pas pour rien que, presque inconsciemment, elle s’était entourée des meilleurs éléments récemment. Elle menait une armée. Une armée pour le progrès, à laquelle rien ne résisterait. Son temps lui était compté, c’était là l’ultime tentative d’une vieillarde de marquer l’époque de son empreinte pourtant déjà presque effacée. Ce monde l’avait déjà oubliée, mais elle n’en avait pas fini avec lui. Sanada et Hatsumomo en étaient tous deux les exemples les plus flagrants.

Pour cette nouvelle session d’entraînement, le libraire progressait vite. Il avait immédiatement compris quels étaient les enjeux de cet apprentissage et se surpassait à chaque course. En seulement deux jours, elle l’avait déjà vu évoluer. Il n’avait rien à voir avec le garçon qu’il était en début de semaine, et encore moins avec celui qu’il n’était avant d’entrer dans cette pièce – prison – pour la première fois. Il était différent oui, parce qu’il avait osé prendre le temps de la réflexion. Il n’avait pas souhaité bêtement impressionner la doyenne, avait accepté son erreur et s’était posé pour analyser la situation. Elle regrettait qu’il fume devant elle, toutefois cela semblait être la vapeur nécessaire pour faire tourner ses méninges. Le moteur était maintenant en marche puisque, après s’être relevé, son comportement changea complètement. Cela était à peine perceptible pour quelqu’un de l’extérieur, mais pour la Sorcière, qui observait sans cesse le moindre de ses mouvements depuis trois jours, la différence était incroyable. Il ne se concentrait plus, ou tout du moins pas à la même chose. Il écoutait son corps, lui faisait confiance. C’était bien là, la clef. Ses mouvements devenaient alors même imprévisibles pour elle. Elle dût l’observer le temps de quelques courses avant de pouvoir utiliser son bâton à nouveau.

Il chuta encore plus d’une fois, néanmoins cela n’empêcha pas l’infâme de reconnaître qu’il était sur la bonne voie. Ainsi, elle accepta finalement de lui enseigner les mudras nécessaire à l’invocation de cette technique. Une bonne partie de la journée s’était déjà épuisée, pourtant Sanada faisait preuve d’une meilleure endurance. Rien à voir avec le premier jour. Ils allaient pouvoir passer à la mobilisation du chakra l’après-midi même.

Le garçon effectua les mudras pour la première fois. Il prit une telle impulsion que cela fit rire l’ancienne quand elle le vit s’écraser contre la trappe qui se trouvait au centre du plafond. La vérité était que cette trappe donnait directement sur ce que l’on pourrait appeler un « enclos », où étaient enfermées les quelques expériences ayant mal tournées, que le village n’apprécierait pas de voir gambader dans les rues commerçantes un soir d'été. C’était l’un de ceux-là qu’avait affronté son cobaye le premier jour et c’était l’un de ceux-là qu’il avait arraché à notre monde.

Il y eut un silence maladroit, puis un grognement. Mifuyu pensait que le garçon aurait peur, mais, au lieu de ça, il avait l’air de s’en amuser. Il prenait les choses à la légère ? Bien, il recevrait une petite leçon pour compléter son entraînement.

« On dirait que tu ne l’as pas simplement réveillée, mais que tu l’as bien mise en rogne. Laisse-moi aller m’en occuper une seconde. »

En un bond, la petite s’engouffra dans la trappe. Dedans se trouvaient plusieurs créatures la fixant avec de gros yeux. On aurait dit que sa simple présence dans cette pièce suffisait à les calmer. Pire, à leur faire peur. Elle saisit l’une d’elle, qu’elle pensait coller parfaitement à la situation. Elle l’attrapa violemment par la nuque, ce qui lui fit échapper un couinement assez aigu pour faire trembler le cristal. En quelques mouvements seulement, elle la poussa dans la trappe, puis referma derrière elle, laissant seul le garçon avec cette bête.
Elle fit alors le grand tour rapidement, pour venir observer le cobaye depuis la salle de contrôle, derrière des glaces. Elle souhaitait lui faire comprendre qu’il n’obtiendrait aucune aide de sa part.

La chose était en réalité une femme, connue des autorités pour ses nombreux vols à l’arrachée. Seule au monde, elle ne manquait à personne et même après plus de trois mois de disparition, personne n’avait fait le moindre signalement. Elle avait été une patiente personnelle de la vieillarde.
Une chose avait été claire après son opération : elle ne ressemblait en rien à celle qu’elle était auparavant. Elle s’était vue injecter des cellules d’une espèce rare de reinettes vivant dans les archipels de l’Est. Ces batraciens étaient connus pour leur force monumentale au niveau des cuisses, leur peau glissante et grasse à souhait ainsi que leurs jets de venin pouvant endormir leurs proies en seulement quelques minutes.

La femme était alors recouverte d’une texture écailleuse verte, dont suintait un liquide transparent glissant qui l’a rendait presque impossible à saisir. Ses cuisses étaient au moins de deux fois celles d’une championne de tennis et ses yeux jaunes semblaient vides de toute âme. Elle bondit presque instantanément dans la direction de Sanada.
S’il voulait échapper à ses assauts, il ferait mieux de maîtriser rapidement le Shunshin. Elle s'épuiserait plus vite que lui. Sans quoi, ce n’est pas du bâton de la Sorcière qu’il aurait à se méfier.


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- On dirait que tu ne l’as pas simplement réveillée, mais que tu l’as bien mise en rogne. Laisse-moi aller m’en occuper une seconde.

La sorcière bondit vers la trappe avec une aisance extraordinaire. Au moment même où elle disparut dans les ténèbres au-dessus du genin, il entendit les bruits s'estomper, , puis un cri, strident, inhumain. Comme si cette bestiole était déjà à l'agonie . Enfin, le silence, une demi-seconde, une éternité pour Sanada qui ne riait plus du tout.

Il se releva rapidement tandis qu'une ombre semblait avoir été jetée de la trappe qui se referma d'un bruit sourd et sec.
Sanada ajusta son masque. Il était intimement persuadé que la Harpie en culotte courte ne viendrait pas l'aider. C'était un test, après celui de l'homme-bête aux dents aiguisées, il semblait faire face à une femme.
Sa peau verte et luisante reflétait la danse des flammes accrochées aux murs, les mains sur le sol, la chose avait des cuisses démesurées par rapport au reste du corps, membres qui semblaient pliés, à la manière des grenouilles.
Sanada observa la mutante en se déplaçant doucement. Les yeux jaunes suivaient les mouvements du soldat des Cinq, immobile, attendant le bon moment pour attaquer. Le genin percevait une haine désespérée dans le regard de la chose, comme l'homme bête, elle semblait savoir que ce combat signifiait sa mort, qu'elle gagne ou qu'elle perde.
Pourtant, les relents puants de l'homme refaisaient surface, et même condamnée, elle préférait gagner.

Vaincre.

Comme si, au travers de toutes les mutations qu'elle avait subies, ce dogme, lui, restait immuable.

Cela répugnait le genin au plus haut point.
Ce besoin humain de toujours lutter pour arracher les fils du destin des griffes de Jashin.
Combat aussi blasphématoire que perdu d'avance.

- Je veux bien rendre ton âme à Shinsei, si tu restes immobile, tu ne sentiras aucune douleur, je te l'assure.

La batracienne chevelue ne répondit pas, seul un léger coassement vint rompre le silence. Quelques secondes passèrent, les regards ne se lâchèrent pas, enfin, Sanada se dirigea vers sa sacoche pour y prendre un kunaï.

- Je vois que tu es sage… Dit-il en se penchant vers ses affaires.

Mais il n'eut pas le temps de saisir son arme, sans qu'il comprenne pourquoi il ressentit une vibration dans son masque, comme si, les dieux lui envoyaient un message. Sans se retourner, il se jeta sur le côté, évitant ainsi une salve de venin qui gicla sur le sol, l'éclaboussant à peine.

Le jeune genin n'eut pas le temps de remercier les dieux, regardant autour de lui, il constata avec horreur que la créature avait disparu. Scrutant discrètement le moindre recoin, il retenta une avancée vers son kunaï. La lame avait été affûtée par un Fûma, et Sanada, qui détestait le corps-à-corps, ne l'avait jamais vraiment testé. Cependant, la fine peau de la femme allait être une parfaite entrée en matière pour le poignard.

Alors qu’il n’était plus qu'à quelques centimètres, un jet l’empêcha de continuer, mais cette fois-ci, il avait vu d’où il venait.
Composant les mudras du raiju, il lança un petit éclair qui ne toucha pas la cible, mais eut pour avantages d’éclairer très légèrement le plafond, révélant une brillance inhabituelle à côté de la trappe.
Il réitéra son attaque, en envoyant plus de puissance pour que l’éclair agisse sur une zone accrue.
Il avait lancé le premier en éclair surtout pour laisser croire à son adversaire que l’impact était concentré en un point, pour qu’il ne fasse pas d’esquive la deuxième fois, si jamais la foudre ne le visait pas directement.
La chose était agile, mais peu préparée aux stratégies ninjas, elle tomba donc naturellement dans le piège et s’effondra sur le sol.
Cependant, après quelques convulsions, elle était déjà sur ses pattes arrières et prête à en découdre.

Elle fonça sur Sanada, expulsant son corps à une vitesse fulgurante grâce à ses cuisses montées sur ressort.Le cobaye de Mifuyu n’eut d’autre choix que d’utiliser le shunshin, cependant, il ne fut pas assez rapide et ne parvint qu'à esquiver partiellement le coup qui l’envoya tout de même à terre.

La chose, elle, s'éloigna en un saut avant de se retourner vers son adversaire pour se préparer à un autre tacle puissant.
Sanada savait qu’il n’allait pas pouvoir esquiver les assauts de la batracienne sans shunshin. Il savait aussi qu’il ne pouvait pas l’utiliser plus d’une fois encore, puisque cette technique semblait le vider d’une quantité impressionnante de chakra.
Il enfonça son masque sur son crâne et attendit donc la prochaine attaque, il fallait éviter le venin, mais le corps gluant de la mutante n’avait aucune arme naturelle, et avec Rokuro, il avait appris à encaisser les coups. Regardant discrètement où il était placé, il pivota pour pouvoir atteindre son objectif.
La chose se déplaça pour faire une nouvelle fois face à Sanada avant de s’élancer en soulevant un gigantesque nuage de poussière derrière elle.

Cette fois-ci, le jeune genin ne tenta rien, juste avant l'impact, il s'avança même, cela avait pour effet de réduire la puissance du coup que l'on prenait, c'est Rokuro qui lui avait enseigné cette astuce, et , aussi paradoxale que cela puisse paraître, cela marchait à tous les coups.
Le choc ne fut donc pas violent, mais la force de propulsion projeta tout de même le soldat des Cinq plusieurs mètres en arrière, juste à côté de sa besace.
La suite fut plus rapide qu'un éclair, Sanada attrapa son kunaï avec les dents tout en composant les mudras qu'il venait d'apprendre. Il se releva avec l'aide du chakra et de la technique de déplacement et se dirigea vers sa cible, guidé par les dieux et la fatalité, il courut sans même que l'idée de tomber ne lui traverse l'esprit, il ne restait plus qu'une chose illuminée dans sa conscience, la lame, la trachée, la fin de ce théâtre de la victoire, simulacre de la vie ordinaire des gouvernés.

Les yeux jaunes vifs s'écarquillèrent, non sous la douleur, mais sous la surprise. Elle n'avait rien vu venir, et maintenant, elle ne sentait plus rien, seulement cette impression d'être mouillée, trempée jusqu'au os, elle frissonna quelques secondes tandis que son regard croisait celui de son meurtrier et elle se rappela.
Sa mère, quand elle lui peignait doucement les cheveux près de la rivière, son petit frère, qu'elle avait abandonné à l'alcool, son père, source de tous ses maux et celui qu'elle avait fui. Le village, la survie, le vol pour manger, puis la fois de trop...La cellule, les barreaux, et les chaussures des passants derrière la fenêtre longiligne au plafond...La petite fille et son invitation, la douleur, les cris, puis….. La sensation de se noyer de l'intérieur, de suffoquer sous le goût de son propre sang. Les gouttes qui perlent dans les poumons, la vue qui se brouille….

- Je t'avais pourtant dit que je te confierais à Shinsei sans douleur, tu as bougé et donc, je n'ai pas pu toucher le point vital. Tu vas donc te vider de ton sang. Prends cela comme une leçon pour ta vie dans l'au-delà.

Sanada était toujours aussi furieux contre la mutante et son arrogance pourtant, avant même qu'il n'ait pu l'observer rejoindre les dieux et accomplir une prière rituelle, la dose affolante de chakra qu'il avait utilisé le rattrapa, et il tomba dans les pommes.

Ils gisaient tous deux au centre de l'arène, les respirations presque à l'unisson, mais très vite, seul le souffle du soldat des Cinq résonna entre les murs.

Onna, elle, quittait le corps qui n'était déjà plus le sien depuis longtemps.



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