[Mission de rang B] Un nouveau dieu

Unleashing Nine Tails...

Je pourrais vous conter la beauté de l'explosion. Je pourrais décrire à la perfection la puissance de mes réflexes quasi surhumain qui me permirent d'esquiver la contre-attaque du Haut-Prêtre. Je pourrais sans doute vous expliquer comment j'étais prêt à moi-même passer à une offensive encore plus spectaculaire... Mais la vérité, vous qui me lisez, c'était que cette histoire n'avait plus rien d'épique et que raconter ces périples serait équivalent à causer chiffons dans un moment qui ne s'y prêtait guère.

Car dès lors que mon corps se retrouva paralysé et figé sur ce sol rocailleux du temple, je compris l'étendue désastreuse de la situation dans laquelle nous nous trouvions. Et si le doute aurait pu par quelconque manière se glisser dans mon esprit pétrifié par la peur, l'ignoble banane qui s'afficha sur le visage du dément cultiste ne laissa plus aucune zone d'ombre sur l'horreur à venir. Nous venions de réveiller la bête. Le pire des scénarios venait de s'enclencher sans que je n'eus pu y faire quoi que ce soit. Mes pensées se dirigèrent alors vers Haruka, ainsi que tous les innocents que j'avais abandonné à leurs sorts au pied de cet escalier. Avec le recul, c'était peut-être ce qui allait me sauver. Mais ce fût sans compter la cuisante technique de mon adversaire qui ne tarda pas à revenir à la charge, me brûlant le corps alors qu'un cri de douleur s'extirpa de ma gorge.

J'avais mal. Mais ma souffrance n'était pas que physique. Car avant même que je ne pus bouger, j'entendis un cri au loin, celui d'une femme. Etait-ce la Perle d'Uzu ? Etait-elle encore en vie ? Mes sombres pensées se dissipèrent lorsque je me rappela du sceau qui gisait sur ma peau. Il n'avait pas explosé ce qui signifiait qu'il y avait peut-être encore un espoir, aussi infime soit-il. Pauvre fou que j'étais à ce moment-là de croire que cette histoire pouvait bien finir. Le hurlement du démon me rappela à l'ordre, devant faire face à la triste réalité de notre condition. Et si cela ne suffisait pas, une colonne de feu se mit à jaillir du puits à côté duquel se trouvait le Haut-prêtre. C'en était fini de nous. Nous étions bel et bien en enfer.

Et bien que j'avais réussi à me relever, le cœur n'y était plus. Cette puissance, les cris qui s'étouffaient soudainement, tous ces innocents qui périssaient dans les flammes. J'étais impuissant, encore une fois, simple spectateur de ce carnage surnaturelle qui s'abattait devant mes yeux pour me montrer qu'une fois de plus, aussi puissant pouvais-je être, je n'étais rien face à eux.

Mais ce fût alors qu'un éclat de lumière apparu à l'horizon. Des chaînes naissantes du néant venaient de jaillir en un dôme parfait, tentant de retenir le flot de flamme qui s'abattait sur lui. Mes lèvres ne purent s'empêcher de laisser s'échapper dans un soupire son prénom. Comme une délivrance, un espoir qui embrase les cœurs : « Haruka. » Elle se battait. Et même si le combat n'était pas en sa faveur, elle n'avait pas baisser les bras. Au contraire, l'Intendante d'Uzu faisait face à la monstruosité qui gisait sous mes pieds qui doucement, commençaient à bien ressentir la chaleur des flammes au travers de la roche. Ce n'était plus qu'une question de seconde avant que tout ne s'effondre et que je pus tomber dans cet abysse rougeoyant. Mais je ne pus détourner mes yeux de la scène incroyable qui se profilait devant moi. Dans un dernier élan, elle venait de se propulser à l'assaut de la bête, lui hurlant dessus avec la force et la détermination propre à ce clan valeureux qu'était les Uzumaki. L'espace d'une seconde, je comprenais Tsuri, pourquoi il l'appréciait autant, pourquoi en elle, il avait peut-être trouvé la flamme qui saurait éclairer le Village d'une lumière plus vivace encore que celle de mon frère.

Ce fut en cet instant que je me repris, détournant mon regard vers mon propre adversaire, me rendant compte que tout n'était peut-être pas perdu et que si cette femme était capable encore de se battre, je l'étais tout autant. J'analysais les alentours, le sol commençait à vibrer d'une dangereuse manière, il ne me restait plus beaucoup de temps avant que tout ne s'effondre. Là était ma chance. D'un geste vif j'attrapai un parchemin explosif et le lança aux pieds du blondinet le faisant exploser dans l'espoir que la détonation face céder la pierre. Je fus ravis de voir que mon plan marchait, je l'étais beaucoup moins en voyant doucement le sol se dérober jusqu'à moi. Par effet de gravité, le temple sembla s'écrouler sur lui-même, alors que la roche fondait. Je me mis à glisser, me retrouvant à marcher sur ce qui s’apparentait plus à une savonnette qu'au toit d'un édifice alors que je luttais, sautant de roche en roche pour ne pas finir calciné à la sauce poulette dans le ventre de l'immense Renard qui je l'espérais, ne ferait pas attention à moi.

Ce fût en arrivant plus ou moins sauf que je vis l'ultime assaut de ma camarade mais également...

Sa mort.

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Qu'est ce qui fait de nous des héros ? La manière dont nous vivons notre existence ? La façon dont la mort vient nous quérir ? Sur quels critères pouvons nous juger si oui ou non quelqu'un mérite son sort ? À l'heure où j'écris ces mots, je laisse aux grands historiens et philosophes de mon temps le bon loisir de palabrer sur ce sujet. Mais de mon point de vue, ce qui fait de nous des êtres exceptionnels, ce sont nos actes avant la fin. Et la femme que je venais de voir disparaître, était quelqu'un d'extraordinaire. J'aurais pu tâcher l'histoire de cette épopée macabre en contant différents détails qui, aurait pu, avoir une certaine importance. Mais cela aurait été salir la mémoire d'Haruka et il n'en était pas question.

Car alors que tout n'était que chaos et mort, j'avais vu sa chevelure de feu, volant au vent dans un tourbillon de courage et de force. Son dernier assaut fût des plus grandioses, suicidaire sans doute, mais certainement pas dénué de cette conviction qui forge les héros de ce monde. Elle faisait face à son funeste destin et peut-être que l'adrénaline du moment ainsi que ma mémoire me jouent des tours mais, je crois même l'avoir vu sourire. Qui de nous serait capable de sourire à la fatalité ?

Pourtant, ce dernier rictus disparu dans un claquement de tous les diables. C'était comme si, à travers le bruit de ses crocs, Kyubi avait scellé quelque chose. Une partie de notre histoire sans doute ? Ce fut à cet instant que je vis sombrer tous nos ennemis, prenant conscience de la conséquence de cet enfer et de la force de ce monstre qui, l'espace d'un instant je crois, avait croisé mon regard. Aujourd'hui encore, des mois après, je continue à me demander pourquoi j'ai survécu. Car dans ses iris, je n'avais vu que mort et colère contre notre espèce, voir même envers l'existence elle-même. Et dans un dernier excès de rage, alors que nous étions tous deux les derniers survivants de ce cimetière de feu, une de ses queues finit par s'abattre sur le sol, provoquant un souffle qui balaya tout sur son passage, moi comprit. L'unique chose que je me souviens, fut une image, étrangement nette. Celle du démon Renard entouré de flammes, comme naissant en leurs seins alors que la roche et la vie s’effondraient tout autour de lui dans un déluge incendiaire.

Ma petite constitution m'avait une fois de plus sauvé la mise, ou du moins, évitée le brasier funeste dans lequel avait péri toute la vie grouillant à quelques kilomètres du temple. Je ne saurais dire combien de jours j'étais resté dans les vapes, à vrai dire, le temps ne semblait plus tellement avoir d'emprise sur mon esprit. Seule la douleur tendait à me rappeler à cette cruelle existence. D'une certaine manière, je crois que je suis un peu mort avec elle durant cette mission. Ou du moins, ma foi en ce monde s'était éteinte. Moi qui rêvait d'aventures et de grands éclats de rires, venait de vivre un second massacre... et encore une fois, j'en étais le seul rescapé. Comment allais-je pouvoir expliquer ça au peuple d'Uzushio et à tous ces shinobis qui me demanderait des comptes ? Sur le moment, et sans vouloir ternir ce récit, j'en avais rien à foutre. Mes pensées allaient vers Haruka et le déchaînement inhumain de violence que j'avais vécu une fois de plus... une fois de trop.

Et si mon esprit se perdait dans les ténèbres, ce fut la rage qui me remplit soudainement le cœur alors que, comble de l'ironie, j'aperçus non loin de moi ce qui fût un jour la jambe de l'Uzumaki. Ce foutu Renard avait recraché la jambe de la même manière qu'il m'avait éjecté de sa vue. Ce constat m'affligea, me demandant au plus profond de moi pourquoi, pourquoi étais-je devenu un ninja ? La seule certitude que j'ai à l'heure actuelle, c'est que ce n'était pas pour voir mes camarades mourir encore et encore.

Le retour fut des plus compliqués. Complètement perdu au milieu de nulle part, mon corps n'était plus qu'un ramassis de chair couvert de suies et de crasses. Tentant de me relever, je découvrais avec effroi que le sceau inviolable avait en effet fait son office, me privant de l'usage de mon bras gauche. Chaque mouvement provoquait encore plus de douleur, mais un nouveau but en moi venait de naître. Un objectif qui me permit de tenir la souffrance et de retirer mon haut pour en envelopper les restes d'Haruka. Usant de mon kusarigama, j'enroulais la chaine autour de mon poignet et de mon corps, essayant de créer une sorte d'atèle de fortune tout en coinçant la dépouille de la kunoichi  entre le métal et mon dos.

Ce fut ainsi que je parcouru les kilomètres qui me séparait du village. Quatre jours, c'était le temps qu'il m'avait fallu pour enfin arriver à destination. Je vous passe la description sur l'état pitoyable dans lequel j'arrivai à la grande porte d'Uzushiogakure. Boitant à chaque pas, le visage puant la mort et la colère, je m'enfonçais dans les rues, laissant glisser sur moi le regard de la population qui semblait voir un fantôme. Peut-être était-ce ce que j'étais ?

Arrivant aux abords de la Tour blanche, un jeune garçon me bloqua la route. De mémoire, sa carrure et son visage me disait vaguement quelque chose. Il me demanda où se trouvait Haruka et pourquoi j'étais rentré alors qu'elle non. Je lui répondis que je voulais connaître son prénom avant de lui répondre. Et lorsque enfin, le dénommé Sanada se présenta, je me contenta de lui apposer une main sur l'épaule, tentant de garder mes larmes, baissant la tête avant de lui répondre d'un hochement négatif de la tête. Je me rappel que le ciel où luisait pourtant l'astre diurne, devint tout à coup aussi noir que la nuit, et que la pluie, commença à déferler sur le village entier.

« Je suis désolé... »

Sur ces mots, je continuais ma marche, laissant le Soldat des Cinq derrière moi, avant d'arriver face aux grandes portes de la Tour Blanche où le pire restait à venir. Sans le moindre regard, la garde m'ouvrit un passage, me laissant m'engouffrer dans la myriade d'escalier qui me séparait de l'homme que je tenais alors pour responsable de cette terrible tragédie. À chaque pas, je me gorgeais d'une haine encore plus viscérale et quand enfin j'arrivais à hauteur de son bureau, tout éclata.

J'enfonçais la porte sans sommation, hurlant à toute l'assemblée de nous laisser seul à seul. Un rapide geste de mon frère suffit à obtenir la quiétude que je désirais pour cet entretiens qui n'allait clairement pas être de tout repos...

Plusieurs jours plus tard, alors que la pluie n'avait cessé depuis mon arrivée de tomber sur le village, on me demanda enfin d'écrire un rapport, ainsi qu'un texte adressé à toute la population et aux shinobis pour expliquer comment et pourquoi leurs amies, sœurs d'armes et intendante avait trépassé... Tels furent mes mots :

« Dire qu'Uzumaki Haruka est morte, serait un affront à sa mémoire. Elle n'est pas décédée, elle s'est sacrifiée. Pour qu'à jamais ses amis, sa famille et tout le peuple d'Uzushiogakure puisse dormir sur ses deux oreilles. Elle a fait don de sa vie, comme chaque jours depuis sa naissance à toutes les personnes ci-présentent. Car l'ennemi qu'elle a affronté, n'était pas un être commun, mais bien un démon. Pourtant, elle a fait face, malgré que devant elle se dressait Kyubi, le Renard à Neuf queues, jamais elle n'a failli à son devoir ! Elle a tout donné pour protéger son village et son peuple... jusqu'à sa vie. Je ne connais pas la vie d'Uzumaki Haruka, mais je sais comment elle a terminé.

En héros... »

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