J’aimais bien les missions où l’on me disait clairement d’éliminer quelqu’un, j’aimais encore plus quand il était évident que je pouvais faire un massacre. Un carnage sans nom était le meilleur moyen de clôturer une mission et si en plus je pouvais rendre des enfants à leurs parents, c’était parfaitement gratifiant. Abandonnant donc le petit village de pécheur en ayant le corps encore couvert de sang, je sautillais gaiement sur le chemin de la maison en ne prenant garde à rien. Après tout, qui allait arrêter un mec avec des traînées de sang sur le corps et une joie de se retrouver dans cet état ? Je n’en connaissais pas beaucoup et c’était bien ainsi. Certes il faudrait que j’ecrive mon rapport en rentant au village, mais je savais déjà que l’on me remercierait de ne pas rentrer dans les détails.
Mais alors que j’étais déjà à plusieurs dizaines de kilomètres, une personne en plein milieu de la route me força à ralentir. Si mon premier réflexe était de sortir des Kunais pour prolonger le plaisir, la vu de son bandeau me fit changer d’avis. M’avançant alors encore sanguinolent vers l’homme, je lui adressais un énorme sourire avant d’écarter les bras pour poser mes mains sur ses épaules, « Collègue ! Comme ça fait plaisir de te voir ! », je n’avais vraiment aucune idée de qui il était ou même de si je le connaissais, simplement, il était un rappel à mon village fort appréciable après une si bonne journée. « Je viens de finir une mission des plus intéressante ! Veux-tu partager un peu de Saké avec moi ? Je crois qu’après un petit massacre un peu d’alcool rendrait cette journée parfaite ! », tout le monde n’était pas de mon avis, mais très sincèrement, je m’en fichais pas mal, qui pouvait refuser de l’alcool ? Pas moi déjà.
« Je pense que le gars s’attendait pas à perdre des membres aussi facilement, tu aurais vu sa tête ! », je pense que les enfants non plus n’étaient pas prêt à une telle violence, mais je m’en fichais, le but c’était bien de les sauver non ? Alors qu’ils soient un peu traumatisé ou pas ne changerait pas grand chose au final. De toute façon, leurs vies auraient été courtes si je n’étais pas venu, de ce que j’avais vu il comptait les tuer, car le pauvre homme ne pouvait pas accéder à sa demande. Donc quelques cauchemar seraient vite oublié, je ne m’inquiétais pas.
Les journées à Uzu étaient d'une paisibilité sans pareille mesure et c'est dans cet environnement qu'évoluait Zenjuro qui durant les temps où il n'était pas envoyé en mission où comme souvent en train de vagabonder à la recherche de plantes intéressantes ou de poisson pou son repas s'était mit en tête de se construire une piscine juste à côté de sa maison. L'inspiration lui était venu un été où il avait pu constater qu'une famille du Village se prélassait tranquillement dans une piscine creusée dans le sol pour se rafraichir et se détendre à un moment où la chaleur atteignait des points culminantes et devenait gênante dans la vie de tout les jours.
Armé de patience, et surtout, doté d'un don de bricolage qui l'avait aidé depuis son enfance, un don qu'il avait développé de manière instinctive, tel un primate développant des arts particuliers dans ses heures de vie, par-delà l'aspect brutal du survivant de "Nume" il avait acquis bien plus qu'un physique et des capacités offensives ou défensives, sa créativité mise à l'épreuve lui fit reproduire à l'identique une piscine dans le jardin de sa modeste maison à Uzushio. Cela lui avait prit environ deux semaines afin de creuser le trou, y placer les matériaux nécessaires, majoritairement du bois taillé en prévision après des calculs précis et rudimentaires pour l'élaboration de sa création.
Cependant, deux semaines passées, une piscine créée, mais il manquait quelque chose à cette fameuse piscine, et c'est ce que qui poussa par un après-midi le Borgne à quitte le Village afin de se mettre en route vers des contrées plus éloignées afin de trouver des fleurs d'un parfum qui avait réussi à le détente plus d'une fois et dont il connaissait précisément l'emplacement en bon randonneur de forêt. Il lui fallut deux heures pendant lesquels sa promenade lui semblait agréable. Le vent frais et léger apaisait l'Epéiste qui en afficha un air moins tendu, autant que ses muscles, légèrement relâchés mais assez réactifs néanmoins comme d'habitude pour pouvoir à l'instant où cela serait nécessaire, de bondir sur sa proie et la décapiter.
Les fleurs soigneusement cueillies et rangés dans un pot qu'il accrocha à sa ceinture, à l'opposé de son Katana, rempli de terre meuble et légèrement humide dans laquelle était entretenue les quelques fleurs, Zenjuro redescendit le long de la forêt afin de regagner le Village, cependant, à peine sorti de la forêt que ses instincts le firent s'arrêter tandis que son œil fixa l'ombre approchant d'une personne qui respirait à plein nez l'intention belliqueuse et meurtrière d'un être qui sûrement avait tué, il y a peu. Laissant approcher cet être pour voir ce qui avait piqué de cette manière son instinct, il vit un Homme torse nu, arborant un bandeau d'Uzushio et couvert de sang se diriger vers Zenjuro d'une manière plus que détendue, il semblait de bonne humeur.
Contre toute attente, sa seule action en voyant le borgne qui le dévisageait du regard fut de poser ses mains sur les épaules du Jonin qui au moment où l'Uzujin avait pénétré sa zone de sécurité avait légèrement relevé sa lame hors du fourreau avec son pouce et se tenait prêt à découper un être plus qu'étrange au premier abord. Ni une, ni deux, avec une dextérité qui lui était propre, sa Lame prête à être dégainée avec une rapidité telle qu'elle ne laisserait pas à sa cible le loisir de lever ne serait-ce qu'un droit pour saisir un Kunai, ni composer un mudra vu la distance qui les séparait, le randonneur mettait en joue cet inconnu qui ne lui inspirait rien sauf de la méfiance, et pour la bête sauvage qu'était le borgne, les conclusions étaient vite faites.
"Rien à secouer. Tu n'as qu'une chance, qu'est ce que tu me veux en irradiant d'envies meurtrières dès que tu m'as vu ? Si tu mens, si tu bouges d'un centimètre, tu es fini. "
Les propres pulsions meurtrières de Zenjuro semblaient se refléter au travers d'un œil assassin qui se posait alors sur le passant, il était prêt à tuer selon ce qu'il percevrait de sa réponse, et le schéma de son attaque potentielle et de ses instincts éveillés se ressentaient dans l'air tandis que le flux de chakra qu'il dégageait était quasiment palpable et visible à l'œil nu, faisant craqueler légèrement le sol.
Oh ? Il était sensible lui non ? Qu’importe, il voulait savoir à juste titre pourquoi j’avais eu une intention meurtrière à son encontre. J’allais m’amuser, il semblait susceptible à souhait et si je pouvais prendre un peu de bon temps avec un membre de mon village je n’allais pas m’en priver ! Souriant alors de toutes mes dents, j’allais contre son ordre en inclinant légèrement la tête pour finalement lui répondre, « Je pensais que tu étais un ninja lambda, j’avais encore envie de m’amuser un peu… », il n’y avait pas plus sincère que la vérité cruelle d’un esprit malade. Je n’étais pas un homme ayant peur du danger, pas plus que j’étais de ceux que l’on pouvait impressionner. Certes je savais reconnaître la beauté dans la violence, la magie dans l’art subtil des ninjutsu affinitaire, mais je n’étais pas de ceux capable de craquer sous la pression, de reculer face à la menace. Enfin reculer si, mais juste pour plus m’amuser, pour mieux observer.
Me reculant donc d’un bond, je rangeais tout ce qui pouvait me rendre agressif avant d’écarter les bras en signe de pacifisme, « Tu es un frère d’armes, tu ne risque rien… Si ce n’est que je n’obéisse pas à tes ordres… », j’étais sans doute une personne peut agréable pour mes supérieurs, mais à défaut d’écouter, je n’étais pas dangereux pour les miens, sauf si ils me touchaient. Glissant donc mes mains dans les poches de mon pantalon, je fis quelques pas, tournant en rond en jouant avec mes lèvres comme pourrait le faire un enfant. Certes l’homme n’avait pas le visage des plus cléments, mais au pire, un coup de katana dans le ventre j’en avais déjà eu plus d’un et mère n’aurait qu’à me soigner, rien de très grave en soit… Tiens, je pourrais peut-être même voir Mifuyu-San, peut-être qu’on pourrait étudier ensemble les réactions naturel d’un corps suite à une hémorragie interne. Après, on viendrait encore me faire des reproches, mais dans le pire des cas, moi j’étais venu en presque paix pour une fois.
Arrêtant de sautiller sur place, je reprenais avec charme, « Alors, dis ! On va boire ?! C’est moi qui paye ! Ou qui vole si t’es du genre mauvais garçon ! Mais je te préviens, j’adore les mauvais garçons ! » soufflais-je avant de lui faire un clin d’oeil entendu. Je savais que ça mettait les gens mal à l’aise, vraiment mal à l’aise, mais c’était une bonne chose, j’aimais secouer les gens, les perturber, les prendre à contre pied et sous entendre cette vérité était parfaitement plaisant. Je n’avais aucune honte, je n’étais pas guindé, après tout le plaisir était réel chez chaque personne, homme ou femme alors pourquoi il faudrait toujours se limiter à une seule configuration ? Pourquoi deux hommes ou deux femmes ne pouvaient pas y trouver leurs comptes. Sincèrement je ne comprenais pas qu’on puisse être aussi traditionaliste. Alors oui choqué, déplaire ou avoir le plaisir de réaliser que la personne en face de moi était comme moi était toujours agréable. Le monde ne tournait sans doute plus très rond, mais je me ferais un plaisir d’en profiter jusqu’au bout. « Alors tu veux toujours me planter, parce qu’à choisir, je préfère que tu utilises une lame qui est dans un autre fourreau… », j’allais sans doute vraiment le regretter surtout qu’il eût l’air susceptible… Mais le plaisir de me moquer serait tout de même trop grand pour l’ignorer.
Un inconscient ? Un simplet.. ? Le tout parsemé d'envies que Zenjuro ne comprenait absolument pas, jamais il n'avait rencontré de personnes aux allures quasiment suicidaires mais c'est pourtant un exemple frais et exemplaire que lui offrait l'Uzujin couvert de sang en bougeant bien en face de l'Epéiste qui était prêt à dégainer à la moindre détection d'hostilité. La pression s'amplifia d'un seul coup tandis que les muscles du bras droit de Zenjuro suivi des autres lui permettant d'avoir de bons appuis obéissant à ses instincts de survie, le chakra malaxé dans le corps du Jonin qui s'apprêtait à découper purement et simplement son "collègue" en deux morceaux de viande bien distinctes s'interrompit en le fixant de l'œil. Le Chuunin venait d'adresser quelques mots, simples, directs au survivant de "Nume" qui du regard ne loupait rien des mouvements éventuels de sa cible.. S'"amuser" ? Les pulsions meurtrières qu'il dégageait, cette envie de tuer qui avait éveillé la bête en Zenjuro qui dormait, c'était pour s'amuser selon les paroles de l'inconnu.
Quelque chose ne collait pas, ses paroles, ses actes, il y avait comme une transition nette à un moment donné ou il avait essayé de l'attaquer et l'instant présent où chacun se fixaient mutuellement tandis que le Shinobi vêtu d'un Kimono bicolore observait sa proie. A l'instant, il n'avait pas l'air d'un meurtrier, il se rapprochait plus d'un suicidaire.. mais son attitude était toutefois différente des personnes que Zenjuro avait pu rencontrer dans sa vie, une chose qui lui fit relâcher la pression qu'il exerçait à mesure que sa main elle aussi replaçait la Lame entièrement dans son fourreau, retrouvant un visage plus serein et neutre. l'autre Uzujin venait de se décaler d'un bond et présentait patte blanche au borgne qui se contentait se le fixer de là où il était depuis le début tout en méfiance, certes il n'irait pas jusqu'à le tuer mais quelque chose n'allait pas chez cet Homme ce qui n'inspirait rien de bon pour Zenjuro.
Voilà que le tatoué désormais lui proposait à nouveau sa compagnie dans des projets qui certes n'étaient pas inconnus à l'Uzujin, lui qui avait adopté la coutume de boire toutes sortes d'alcools plus forts les uns que les autres aux côtés des Pirates avec lesquels il avait partagé un peu de son passé, écumant les mers des Tourbillons, pillant, tuant, récoltant des biens même si la raison qui poussait Zenjuro à s'intégrer à ces brutes n'était que pour une raison : sa frêle et défunte femme et sa santé dont aujourd'hui il n'avait plus à se préoccuper. Le voici aujourd'hui, Shinobi d'Uzushio et confronté à une personne plus que surprenante, suicidaire et incompréhensible pour l'ancien Pirate qui n'avait jamais eu affaire à pareil énergumène. L'expression aussi neutre qu'au début de leur "discussion", Zenjuro prit la parole d'un ton calme, s'exprimant d'une manière aussi adroite que possible.
" Je n'ai pas d'autre Epée que la mienne, de quoi tu parles ?"
Haussant légèrement le sourcil suite à son interrogation, il ne comprenait pas ce que le torse-nu avait essayé de lui faire comprendre, mais il se reprit aussitôt et poursuivit.
"T'es la première personne que j'arrive pas à savoir si elle est bien ou mauvaise.. l'un, puis l'autre.. tu n'as pas l'air complétement suicidaire non plus.. je t'attaquerai pas, et puis si tu payes à boire, ça m'arrange j'ai soif, je ne veux pas causer de soucis au Village qui nous abrite !"
Sur ses paroles, le Voyageur fit quelques pas en direction du Chuunin d'une manière ne laissant pas apparaître une quelconque intention belliqueuse, la bête sur le coup était plus intriguée qu'autre chose tandis qu'un léger sourire se dessinait sur son visage.
Sois il était particulièrement innocent, soit il n’envisageait même pas que deux hommes puissent pratiquer une activité intense autre qu’un combat. Bon, je n’allais donc pas insister, il semblait bien trop loin de mes challenges habituel. Il reprit donc en affirmant ne pas savoir si j’étais bon ou mauvais, mais il acceptait de boire avec moi si l’on ne parlait pas du village et de ces soucis. Sautant sur place de joie, je finis par faire un tour sur moi-même avant de désigner le chemin vers un petit village que je connaissais bien. Il y avait un excellent saké qui saurait, j’en suis sûr, ravir ses papilles ! « Suis-moi alors ! » déclarais-je avant de prendre la route en ignorant même s'il me suivait. Pour moi, il n’y avait aucun doute la dessus, on ne pouvait définitivement pas refuser l’appel de l’alcool. « Au fait moi c’est Tsume ! » déclarais-je en ignorant le fait qu’il puisse s’en foutre. Je m’en fichais pas mal en fait des gens, de ce qu’ils pensaient de moi, j’étais gentil, sociable et avenant, ça n’allait pas changer, surtout après un tel massacre !
« Tu t’appelles comment toi ? J’arrive pas à re situer ta tête, même dans les bars ! Pourtant je les connais tous ! » et je faisais à toutes leurs affaires, il faut dire qu’en étant un arsenal vivant, je n’avais pas spécialement besoin de dépenser mon argent dans des armes, pas plus que je n’avais de loyer à payer en vivant encore chez mère. Juste la nourriture et l’alcool, ce n’était pas vraiment compliqué à saisir ou à appréhender. Ça limitait les budgets à l’essentiel. Certes, j’aurais pu me dire que garder un peu d’argent n’aurait pas été de trop, surtout dans une optique ou quelqu’un viendrait me ramener un enfant, mais on y était pas encore et au pire, elle était une grande personne et pour avoir couché avec moi, il ne fallait pas vraiment se respecter alors bon, peut-être que je pouvais ne pas être le père et ça irait très bien comme ça ! C’était pour ça que souvent, je préférais les hommes. C’était beaucoup, mais alors beaucoup moins prise de tête. « Du coup on va parler de quoi ? J’ai tellement de sujet en tête, mais t’as l’air grincheux, alors à toi l’honneur », j’étais pas aveugle, même si parfois j’ignorais volontairement les choses. Alors si je pouvais en faire qu’à ma tête, je pouvais aussi être plus malin et éviter une situation compliquée.