"uber eats" mission D

Uber eats

Cette fois-ci les choses avaient été différentes, déjà car j’avais pu voir notre Kage, mais surtout car ce fut plus ou moins de son fait si j’avais eu cette mission. Plus le temps avancé, plus je me disais que ma crédibilité au sein du clan finirait par faiblir. J’avais soutenu un projet qui n’était pas bien vu par les miens et aujourd’hui, j’allais devoir servir le clan Akimichi directement durant l’un de leurs fameux repas de fête. Le seul moyen de ne pas être vu comme un traître serait peut-être de tellement faire de bêtises que la fête elle-même serait gâché. Ce que je ne pouvais bien évidemment pas faire si je voulais réellement progresser dans ce monde. J’étais là pour moi, pas pour les autres, Kyoshiro avait bien insisté sur ce point, et même si j’étais faible et peureux, je n’aurais pas le choix que d’avancer, même si c’était la pire chose dans mon cœur.

J’avais donc prit cette mission avant de me diriger vers le clan pour m’y présenter. Étrangement, depuis que j’avais abondé dans le sens du clan, j’avais le droit à des remarques amicales et aujourd’hui ne faisait pas exception. Souriant un peu gêné à la personne qui me reçut, je me dirigeais simplement vers les cuisines où le chef des lieux m’attendait déjà. J’étais en retard d’après lui, il avait demandé quelqu’un aux premières lueurs du jour et il était presque déjà dix heures. Il passa donc une bonne partie de sa matinée à me faire la morale en même temps qu’il m’envoyait mettre les amuses bouches en place. Beaucoup d’amuses bouches et en très peu de temps. Je m’étais donc simplement exécuté pour ne pas le fâcher plus que ça, mais après plusieurs heures de mises en place, la famille arriva enfin et leurs énormes ventres les accompagnés déjà. Ils allaient manger, ils allaient beaucoup manger et j’allais devoir faire beaucoup d’aller-retour. Prenant donc une grande inspiration, j’avais passé les vêtements que l’on m’avait donnés. Un kimono noir sans doute trop grand, sobre, me signalant clairement comme étant membre du service. Je doutais fort que l’on puisse me confondre avec un membre de la famille, après tout j’étais squelettique et cela faisait de moi l’exact opposé d’un membre de ce clan. Certes il y avait des invités, mais même là, on voyait au premier coup d’oeil que l’on ne venait pas du même monde. Ils étaient tous joviale, vivant, il suffisait de tendre l’oreille pour les entendre s’esclaffer alors que moi, j’étais réservé et je venais d’un clan ou hausser le ton dans une conversation était signe de défiance.

Commençant donc à servir les boissons, j’essayais de faire vite et bien pour répondre aussi bien aux demandes en salles qu’en cuisine, mais à peine la première demi-heure de passé que déjà, je commençais à transpirer. Comment c’était possible de manger et boire autant en si peu de temps ? Bon dans un sens je n’étais pas en cuisine, et c’était sans doute mieux ainsi, mais comment dire… J’étais seul pour un repas de famille qui était en train de prendre les traits d’un banquet royal. Ils n’étaient même pas vingt-cinq et j’avais l’impression d’avoir déjà servi deux cents personnes. Comment ça pouvait rentrer ?

Je n’avais pas le droit de juger, surtout qu’ils n’étaient pas méchants, du moins pas comme en cuisine ou je voyais déjà que le chef n’était pas d’humeur à me laisser souffler. Certes il ne hurlait pas, mais dès que je revenais chercher ce qu’il fallait, il était déjà en train de râler sur mon dos. Oui je n’allais pas assez vite et oui j’étais désolé, mais comment faire plus ? C’était physiquement impossible. Je ne pouvais pas donner plus, surtout avec mon corps de lâche. Si encore les plats étaient légers, mais je partais avec des plateaux de centaines de bouchées vapeurs qui ne tenaient jamais plus de dix minutes. J’avais l’impression d’être dans une boucle infinie ou seule la nourriture était importante.

ft. Akira

Uber eats

J’avais l’impression que cela faisait une éternité que j’étais là à essayé de tenir le coup, mais très sincèrement, je n’y arrivais plus. Je commençais à faire de plus en plus de gaffes, comme me tromper dans ce qu’on me demandait de faire et le coup de grâce arriva, quand sans faire attention, je fus bousculé par un des convives. J’allais lâcher mes plats et si je faisais ça… Ils allaient me tuer. Alors sans réfléchir je laissais l’unique distinction de mon clan saigner l’iris de mes yeux pour y voir plus clair et surtout pouvoir anticiper certains mouvements, comme celui de cette assiette qui me glissait déjà des mains. Me retournant donc à temps, je la rattrapais de justesse avant de tomber à genoux pour saisir le plat m’ayant échappé. Tout était sauf, rien n’avait été détruit, mais j’avais fait involontairement de l’animation et quelques convives me regardaient déjà avec attention. Impossible de louper mon Sharingan en cet instant et impossible d’ignorer aussi pourquoi il avait été activé. Cela provoqua l’hilarité chez certains, dont celui qui avait manqué de me faire tomber et qui réitéra en me frappant un grand coup dans le dos. Basculant de nouveau en avant, je dus faire preuve d’autant d’imagination pour éviter toute casse, mais mon ego lui n’en sortie pas indemne. « Le Sharingan sert à sauver la vaisselle, t’as vu ? Il est beau le niveau du clan ! », fronçant les sourcils à ces mots, j’avais l’impression qu’en plus de m’être ridiculisé pour gagner un peu d’estime dans ce village, je venais de ridiculiser mon clan, « On rigole petit, c’était bien joué ! », corrigea-t-il avant de me redonner une claque dans le dos qui m’envoya dans les cuisines.

J’avais mis plus de temps et en voyant mon Sharingan, l’un des cuisiniers ne pus que lever les yeux au ciel. Ils auraient voulu quoi ? Que je me plante ? J’en doutais, alors je continuais sagement ce que je faisais, me contentant d’être plus prudent, quitte à attirer l’attention. Ils avaient faim, alors que je les serve avec un Dojutsu ne changerait pas grand chose.

Le souci, c’était bien que quelque chose était changé, comme le fait qu’après une après-midi à ce rythme, j’étais fatigué physiquement, mentalement et avec un niveau de chakra pas très glorieux. J’avais tenu le coup jusqu’ici, mais je savais très bien que je ne pourrais pas continuer comme ça, du moins pas à cette cadence qui n’avait rien d’humain. Pourquoi ne pas avoir pris plus de monde sérieusement ? Je n’en savais rien, mais alors que j’allais demander si on pouvait me remplacer, je réalisais que j’avais en main des desserts et que si c’était vraiment ça… C’était bien que nous avions bientôt fini non ? De toute façon il faisait déjà nuit et il y avait des enfants, alors si ils étaient de bon parent, ils finiraient bien par rentrer non ?

C’était sans doute trop en demandé car la famille entière était comme ça et que même lorsqu’il n’y avait plus rien à manger, ils restaient là à réclamer thé et saké. C’était injuste, surtout quand la moitié des cuisiniers avaient déjà foutu le camp et qu’il ne restait plus que moi, un chef de cuisine et quelques commis pour l’aider en cas de nouvelle faim. Ce qui n’arriva pas, fort heureusement, mais alors qu’ils commençaient à partir et donc à me laisser croire qu’il y aurait enfin une fin… Je réalisais que rien n’était fini. Certes il n’y avait plus personne à servir et l’on pouvait enfin souffler, mais personne n’avait eu le temps de faire la vaisselle et c’était à moi, genin épuisé de la faire.

Soupirant alors, j’avais abandonné l’idée de me battre pour commencer un nouveau travail à la chaîne qui eut au moins le mérite de faire passer les dernières heures de la nuit rapidement. Pourrais-je un jour revenir chez moi sans avoir passé la nuit sur une mission ? J’aimerais sincèrement le croire, mais mes derniers rapports trahissaient surtout mon incapacité à être efficace. Quoi que là ce n’était pas de ma faute, c’était la faute de ce clan pas capable de faire les choses normalement. Finissant donc sur les rotules, je quittais les lieux sans le moindre regret en gardant en tête que pour une fois, je ne m’étais pas complètement ridiculisé. Certes j’avais été vexé, mais vu mon niveau, est-ce que je pouvais encore m’en plaindre ? Non.

Retrouvant donc la tour du Kage, je déposais ma mission avant de tout simplement disparaître rejoindre mon lit pour quelques heures. Cette après-midi, j’aurais des entraînements à faire, alors autant que je reprenne un peu de force.

ft. Akira