La source bienfaisante

C’est sans aucune surprise que Kirei entendit Takashi Susumu rejeter les accusations proférées à son encontre. Il n’avait toutefois nullement l’intention de débattre avec lui, et de lui offrir une tribune lui permettant de clamer son innocence ou de gagner du temps. Non seulement avait-il des affaires plus urgentes à traiter, et il était de toute façon d’ores-et-déjà parvenu au résultat escompté, avec l’intervention des moines coupant la retraite du médicastre et le gardant à l’œil. Toujours d’une aide précieuse, leurs actions confirmaient au jeune Yamanaka qu’ils pouvaient être des alliés de circonstance à ne pas négliger. D’autant plus que de tous les convives, ils semblaient être les plus intègres, et les plus en phase avec son agenda éthique et politique.  

Terminant de soigner Asato Toshi sous les applaudissements de l’assemblée, le ninja médecin fut alors extirpé de ses pensées par une légère douleur, dont il ne tarda point à déterminer l’origine. Portant la main à son cou d’un geste totalement anodin, il y sentit une minuscule écharde qu’il délogea prestement, afin de ne renvoyer aucun signe extérieur pouvant témoigner de ce qu’il venait de se passer. Il ne comptait certainement pas laisser cet incident venir entacher l’important succès dont il était en train de bénéficier, ou inquiéter encore davantage les invités. En revanche, lui ne pouvait ignorer la vérité à laquelle il venait de parvenir : il avait à son tour été pris pour cible par un empoisonneur.

Sentant son Chakra continuer à baisser alors qu’il venait d’achever l’utilisation de sa technique, et prenant acte de la discrète piqûre qu’il avait pu constater, la conclusion semblait inexorable. Dans son malheur, Kirei avait néanmoins la chance de ne guère manifester de symptômes particuliers, lui permettant de sauver les apparences, et surtout, de rester pour le moment opérationnel. La toxine dont il était victime se rapprochait vraisemblablement du poison drainant qu’utilisait parfois Sayuri. Si tel était le cas, il pourrait peut-être le neutraliser, et son intégrité physique n’était pas immédiatement menacée. Du moins, par le poison en lui-même, car le coupable se cachait toujours parmi les convives.

De toute évidence, de par leur situation respective, Takashi Susumu et Genjirô Dai étaient peut-être cette fois-ci innocents. Mais si tel était le cas, ils bénéficiaient conséquemment de l’aide d’un complice, ou d’un opportuniste ayant décidé de se ranger à leurs côtés. Aussi déplaisante cette idée lui paraissait-elle, le chef de clan ne pouvait malgré tout se permettre de l’omettre. Sollicitant de nouveau sa mémoire et les rapports d’espionnage dont il avait pu disposer, il se souvenait ainsi que deux personnes revêtaient potentiellement d’une affinité avec les poisons : Umiko Tomoyo, qui savait notamment se servir d’aiguilles, ainsi que sa petite fille, qui se tenait justement à ses côtés, car elle aussi venue au chevet de l’acteur…

Si sa démonstration médicale continuait de provoquer l’acclamation de la foule, et qu’il affichait un humble sourire en guise de remerciements, prenant soin de dissimuler toute expression susceptible d’évoquer une fierté mal placée, son attention était en réalité concentrée sur l’analyse de la situation. Au même titre que Jinpachi était son partenaire, il en était vraisemblablement de même pour les Umiko, qui faisaient partie de la même famille et dont les intérêts pouvaient être entremêlés. Si l’une d’entre elle était coupable, parvenir à un rapprochement équivalait alors à transformer un obstacle en atout, en ralliant deux personnes dont les aptitudes ou l’influence ne pouvaient être que profitables aux Yamanaka. Et quand bien même étaient-elles innocentes, il n’y avait absolument rien à perdre à obtenir leur soutien pour la suite des évènements. S’il fallait passer des arrangements, les moines et les Umiko représentaient les meilleures options aux yeux de Kirei.

Kirei : "Vous êtes bien Umiko Aimi ? Enchanté." lança enfin Kirei à sa voisine, d’une voix suffisamment douce pour aussi bien ne guère se faire entendre, que renvoyer des signes de timidité.

La situation se prêtait idéalement à la démarche du ninja médecin : les applaudissements et les discussions des invités rendaient les échanges qu’il pouvait avoir avec son interlocutrice confidentiels. De même que pour la première fois de la soirée, il se trouvait près d’elle en tête en tête. Il était donc facile pour Aimi de comprendre que le jeune homme avait attendu une telle situation, pour enfin oser lui adresser la parole. De plus, en mentionnant son nom, il avouait qu’elle avait retenu son attention à l’avance, et même si elle était encore adolescente, il avait préféré la vouvoyer, attestant d’une grande déférence.

Kirei : "Je tenais à vous dire que…" Il baissa alors la voix, traduisant son embarras quant à la suite ce qu’il allait dire. "… Je vous trouve vraiment très belle."

Compliment aux relents de virginité. Le chef Yamanaka détourna alors le regard lorsque leurs yeux se croisèrent, d’un geste si préparé et maîtrisé qu’il semblait des plus naturels. Très furtivement, il lorgnait de temps en temps sur l’opulente poitrine de la demoiselle, en s’assurant qu’Asato Toshi ne pouvait s’en apercevoir, bien que ce dernier ne fût plus forcément en condition pour pouvoir interagir de la sorte, ou encore moins s’en rendre compte. Kirei préservait une discrétion que toute personne ne souhaitant point se faire prendre aurait adoptée, et misait plutôt sur la répétition de ces petits regards fugaces, ayant confiance en Aimi pour réaliser au moins une fois qu’elle était la cible de ces coups d’œil concupiscents.

Compte-tenu de sa position, il connaissait bien les femmes rompues à l’art de la séduction et jouant de leur physique. Il était certain qu’elle s’en rendrait rapidement compte, ce qui était bien entendu le but recherché. Il ne devait pas non plus se montrer trop voyant et insistant, afin d’être le plus naturel possible. Après seulement quelques instants, la petite fille de Tomoyo put nettement se rendre compte de l’un des regards du Yamanaka, qui cessa alors soudainement de poser ses yeux sur sa poitrine, honteux d’être pris la main dans le sac. Du moins donnait-il cette impression, se mettant à même à rougir sur le fait.

En effet, il ressentait sur le moment un réel embarras, lui permettant de parfaitement simuler la réaction qu’il souhaitait reproduire, y compris au niveau des symptômes physiques pouvant trahir un faible évident pour la jeune femme. En vérité, le ninja médecin n’était nullement intimidé ou décontenancé par cette dernière, mais il était réellement gêné de s’adonner à ces actes de voyeurisme, même légers, qu’il considérait comme pervers ou indécents, quand bien même la majorité des hommes présents en avaient fait de même. Pire, pour les besoins de son plan, il avait dû se faire prendre sur le fait par la principale intéressée. Si c’était objectivement positif, et qu’elle apprécierait sûrement cette attention ou cette marque d’intérêt, la situation n’en restait pas moins humiliante aux yeux de Kirei, honteux de devoir s’adonner à un tel comportement.

Kirei : "Enfin je suppose que beaucoup d’hommes ou de beaux parleurs ont déjà dû vous le dire…" ajouta-t-il d’un air légèrement résigné, comme un garçon ne croyant pas en ses chances face à une fille qu’il supposait inaccessible.

Cette vulnérabilité et cette inexpérience des femmes était d’autant plus logique que tout le monde, y compris au sein de son propre clan, voyait le chef Yamanaka célibataire depuis toujours (à l’exception d’Haruka et de lui-même). Il lui était ainsi facile d’émuler la personne qu’il était réellement jusqu’à encore récemment, et l’épanouissement de sa relation secrète avec l’Intendante de Konoha. Qui plus est, l’Histoire avait maintes fois prouvé que de grands leaders et autres stratèges hors pair, pouvaient avoir les femmes comme talon d’Achille. Aussi habile diplomate était-il, il pouvait très bien perdre ses moyens dans ce type de contexte.

Kirei : "En tout cas, merci de m’avoir aidé à m’occuper d’Asato-dono. L’heureux élu aura beaucoup de chance." dit-il en affichant un sourire mélancolique. Il n’était effectivement pas censé savoir qu’il était justement une cible pour son interlocutrice, et se comportait donc en admirateur éconduit.

La mise en scène visait bien évidemment à capter l’attention d’Aimi, afin qu’elle le voit comme une proie susceptible de succomber à ses charmes et prête à tomber dans ses filets. C’est-à-dire comme un allié dont le succès entraînerait alors le sien. Elle cherchait à obtenir un titre de noblesse ou équivalent, et parmi ses cibles potentielles, Kirei était sans un aucun doute un choix de premier ordre. Plus il se montrerait séduit et manipulable, plus elle aurait à y gagner, et plus il obtiendrait alors le soutien de la puissante famille Umiko, tout en dissimulant ses arrière-pensées politiques.

Kirei : "Vous savez, je souhaitais proposer un partenariat à votre grand-mère, entre mon clan et les entreprises de votre famille. Pourriez-vous lui transmettre le message ? Si ça se trouve, peut-être aurai-je donc l’occasion de vous revoir." confia-t-il plein d’espoir, pouvant presque laisser croire qu’il venait d’improviser sa proposition, afin de trouver un prétexte qui lui permettrait de croiser de nouveau la jolie nymphette.

Afin de consolider son approche, et de s’assurer le soutien des Umiko, le ninja médecin préférait ne rien laisser au hasard. Se rapprocher de la petite fille tout en concluant un accord avec la grand-mère était sans aucun doute le meilleur moyen de les faire basculer de son côté, et de leur faire comprendre qu’elles avaient également tout à y gagner.

La conversation fut alors rapidement perturbée par les cris de douleurs de Genjirô Dai. Selon toute vraisemblance, quelqu’un avait usé d’un procédé radical afin de l’extirper de l’illusion dans laquelle il avait été plongé, en lui infligeant une douleur dont le choc s’était révélé suffisant. A en juger par le sang qu’il venait de perdre, l’instigateur de cette action n’y était pas allé de main morte. Il était difficile de déterminer si celui-ci était familier avec le Genjutsu, s’il avait ou non la certitude de l’état du mercenaire avant de le blesser de la sorte, ou encore s’il était capable de recourir au Kaï, ayant  préféré planter directement le pirate et agi à distance.

Quoi qu’il en fût, le ninja médecin ne se posa guère davantage de questions. Si les Umiko étaient responsables de cette intervention, tout comme de son empoisonnement quelques instants plus tôt, il venait finalement de s’atteler au problème, quoi que légèrement en retard… Au moins avait-il fait son possible pour en faire ses alliées à l’avenir, et éviter qu’elles ne frappent à nouveau. Si elles étaient innocentes, la liste des suspects semblait se réduire à Sumi Birei, et connaître l’identité du coupable simplifierait grandement la tâche.

Kirei : "Il semblerait que ma présence soit de nouveau requise ailleurs… J’espère sincèrement ne pas vous avoir dérangé outre mesure." lança-t-il à Aimi, en s’inclinant si poliment qu’elle pouvait éventuellement l’interpréter comme un signe de servilité. Il était aisé de lire sur son visage qu’il aurait préféré rester en sa compagnie, plutôt que de devoir de nouveau gérer le mercenaire bedonnant…

Sans être devin, il y avait fort à parier que le pirate allait maintenant chercher à se venger. Anticipant le grabuge à venir, Kirei se devait de mettre toutes les chances de son côté, et pressa immédiatement le pas en direction des deux moines susceptibles de faire cause commune.

Kirei : "Merci de vous être interposés. Je conviens que ce n’est que mon avis personnel, mais vous avez peut-être sauvé des vies, et certainement empêché que la situation n’empire. Votre droiture vous honore. " dit-il, accompagnant son propos d’une révérence. "Comme j’ai pu l’évoquer précédemment, je serai ravi de vous apporter le soutien militaire et financier de mon clan."

A peine avait-il pu s’exprimer que Genjirô Dai, venant de retrouver ses esprits et de digérer le choc lié à sa blessure, attaqua frontalement Jinpachi. Dans la foulée, une attaque Katon souple et charnue s’échappait de sa bouche ample et solidement charpentée, en direction du puissant Yamanaka. Le sourire que ce dernier lui avait adressé plus tôt, en guise de réponse à sa proposition de soins, avait cependant rassuré le chef de clan. Lorsqu’il soignait l’acteur, il avait brièvement pu remarquer son partenaire expulser le poison par lui-même. Un tour de force impressionnant, à la hauteur du fauve doré de la Côte Verdoyante, qui allait enfin pouvoir sortir ses griffes.

Kirei (à Jinpachi par Télépathie) : "Je suppose qu’il faut l’arrêter avant qu’il ne cause trop de dégâts, et ne mette en danger les invités… Je compte sur toi !" communiqua-t-il psychiquement d’un ton un tantinet espiègle.

En dépit de la situation, le jeune homme restait malgré tout soulagé pour son camarade de longue date, même si sa résilience n’était plus à démontrer. Il savait également que pour lui, il s’agissait-là d’une fantastique opportunité de se voir délivrer de son ennui. Enfin allait-il pouvoir passer à l’action, et c’était précisément pour intervenir en ce genre de circonstances que sa présence s’avérait nécessaire. Qui plus est, neutraliser le mercenaire et protéger les convives pouvait prouver l’utilité sociale des shinobis en matière de justice et de maintien de l’ordre.

Profitant du chaos qui venait de s’installer suite à cet assaut enflammé, le ninja médecin apposait discrètement sa main droite contre son torse, afin de neutraliser le poison dont il était victime. Mieux valait-il consentir à cet effort sur le moment, plutôt que de laisser la toxine agir sur la durée.

Récapitulatif combat:

Ses réserves de chakra avaient été mises à rude épreuve, mais il pouvait compter sur Jinpachi, et potentiellement de nouveaux alliés. Ironiquement, celle qu'il venait de courtiser timidement et sa grand-mère étaient peut-être impliquées dans les derniers événements, mais l'art de la diplomatie nécessitait de consentir à certains compromis, et parfois à payer, plus ou moins agréablement, de sa personne... Ce que Kirei avait dû rapidement apprendre tout au long de son parcours politique semé d'embûches.

Spoiler:

Tout en préservant son masque, du moins pouvait-on le supposer, la jeune Umiko Aimi se révélait déjà plus mature qu’elle avait pu le laisser paraître jusqu’à présent, en feignant l’ingénuité. Les rapports d’espionnage semblaient progressivement se vérifier, ce qui n’était guère nécessairement une mauvaise chose aux yeux de Kirei. Si elle devenait une alliée et qu’ils se retrouvaient dans le même camp, il était plutôt rassurant de constater qu’elle ne manquait pas de potentiel, et qu’elle avait sûrement de la ressource à revendre. Surtout si son profil était susceptible de s’aligner avec les caractéristiques et la philosophie du clan Yamanaka.

Il fut légèrement surpris lorsqu’elle évoqua sans tabou les louanges qu’elle recevait quant à sa beauté, évoquant le sujet sans détour. Il s’attendait à ce qu’elle fasse montre de fausse modestie, et les compliments qu’elle lui retourna sur son propre physique le prirent quelque peu au dépourvu. S’il était fier de son érudition, qui cristallisait la plupart des remarques qu’il pouvait recevoir, il savait que son physique ne faisait pas toujours l’unanimité. Peut-être que son interlocutrice cherchait juste à le flatter, mais il lui paraissait pour l’instant difficile de déterminer sa sincérité. Dans tous les cas, mieux valait-il répondre positivement, et préserver cette bonne dynamique.

Kirei : "Je ne sais pas si je dois vous remercier, ou remercier les Kamis de vous avoir doté des goûts que sont les vôtres. Peut-être les deux." dit-il en lui souriant. "Vous savez, pas plus tard que tout à l’heure, deux personnes dans cette pièce m’ont trouvé bien trop chétif pour un ninja, et sûrement plus d’un a dû le penser."

Le ninja médecin faisait allusion à Genjirô Dai et Kimiyo Yoshiteru, mais il y avait fort à parier que beaucoup devaient partager leur opinion, y compris Jinpachi, son propre partenaire ! Une chose était sûre : de manière générale, les Yamanaka ne se distinguaient pas comme des modèles de virilité adeptes du Taijutsu, et certains d’entre eux, notamment Ao et lui-même, revêtaient même des traits plutôt androgynes. Selon toute vraisemblance, il plaisait à Haruka, ce qui était bien la preuve que certaines femmes devaient apprécier ce genre de physiques. Mais étaient-elles si nombreuses ?

Cette réponse lui permettait malgré tout d’afficher un certain manque de confiance en lui, ce qu’il estimait bénéfique dans l’optique de gagner celle de la demoiselle, qui avait alors frôlé sa main. Geste délibéré traduisant son passage à l’action ? Probablement, mais mieux valait-il attendre d’autres signes afin d’en être sûr. Dans la foulée, elle approuva avec enthousiasme son idée de dispensaire, ainsi que l’association qu’il venait de lui suggérer. Un certain soulagement s’empara subséquemment du jeune homme. Peut-être était-ce là un pas important vers la conquête de la Côte Verdoyante, même si Aimi allait devoir terminer le travail en convainquant sa grand-mère.

Tandis qu’il songeait aux implications politiques à venir, et tentait d’anticiper la suite des évènements, Kirei fut subitement dérobé à ses pensées par un contact physique pour le moins entreprenant. Comme s’il regagnait ses esprits, il constatait que la nymphette pressait à présent son opulente poitrine contre son bras, lui témoignant un sourire charmeur. Sayuri usait-elle également de ces subterfuges lors de ses missions ? Un cocktail d’embarras et de pudeur le fit rougir malgré lui, décontenancé par ce rapprochement explicite et indécent. Encore peu expérimenté dans ce domaine, il se rappelait sa seule expérience analogue, lorsqu’Haruka avait déboutonné son kimono, l’invitant à découvrir de ses mains les formes d’une femme. Un grand moment pour le jouvenceau, qui était restait sur sa faim… Une chose restait sûre : entre pastèques et pamplemousses, une telle proximité avec une belle femme n’était certainement pas l’élément dans lequel il était le plus à l’aise !

Le nouvel incident impliquant le mercenaire lui avait toutefois permis de s’extraire de cette situation. Alors qu’il se dirigeait vers les moines afin d’obtenir leur soutien, il put remarquer qu’Aimi s’était empressée de transmettre les dernières nouvelles à sa grand-mère. Une réjouissante nouvelle, rapidement ternie par la réaction de Tomoyo, qui sembla professer un juron. Le chef du clan Yamanaka l’interpréta comme une preuve de son implication dans les derniers évènements. Lorsqu’il fut lui-même victime d’un dard empoisonné, cette hypothèse lui avait d’ailleurs traversé l’esprit. C’est pourquoi avait-il immédiatement décidé d’agir auprès d’Aimi. Le temps qu’elle lui rapporte le contenu de leur échange, Tomoyo avait probablement poursuivi son plan en réveillant Genjirô Dai. Il ne restait plus qu’à espérer que sa proposition allait lui faire changer d’avis.

La réaction des moines fut quant à elle plutôt positive, même si Kimiyo Yoshiteru manifestait toujours un minimum de défiance. Malgré tout, Jinpachi représentait l’antithèse des stéréotypes de son clan, et Kirei avait bon espoir qu’il parvienne à lui démontrer que les ninjas pouvaient eux aussi se distinguer comme de vaillants combattants. Misako Kinnori accepta pour sa part l’aide offerte par les Yamanaka, promettant au jeune homme qu’il ne le regretterait pas. Ce dernier lui retourna son sourire, ravi de pouvoir compter sur un soutien de poids, et avec qui il partageait un certain nombre de valeurs communes.

Kirei : "Je vous remercie de nouveau." répondit-il d’un ton exprimant toute sa bienveillance. "Que nous soyons moines ou ninjas, j’ai la certitude que de notre entraide et de notre collaboration peuvent jaillir moult bienfaits."

Aux prises avec le mercenaire, Jinpachi avait de son côté l’opportunité de se défouler, et de régler ses comptes. Diminué par les effets du poison, une fiole vola alors en sa direction. S’en emparant par réflexe, il en absorba le contenu sans aucune hésitation apparente, ce qui ne manqua point d’inquiéter le ninja médecin l’espace d’un instant. Depuis sa position, il avait pu remarquer que sa trajectoire provenait de l’une des deux Umiko, suspendant le fil de sa pensée entre appréhension et espoir. Il savait néanmoins que son acolyte était doté d’un instinct particulièrement affuté, et qu’il n’était pas du genre à ingurgiter un breuvage inconnu dans de telles circonstances sans avoir de bonnes raisons. Ses mouvements devinrent ainsi plus percutants, rapides, fluides. Il s’agissait peut-être d’un antidote !

Cette intervention ne pouvait que signifier que les Umiko avaient finalement décidé de soutenir les Yamanaka. Réalisant ce constat, Kirei poussa un large soupir de soulagement intérieur, bien que son faciès, s’il apparaissait plus détendu, ne traduisait aucune manifestation de joie spécifique. Il en était tout autrement pour Takashi Susumu, dont la colère et le vrai visage éclataient enfin au grand jour. Sa vive réaction et son discours ne laissaient que peu de place au doute : il s’adressait vraisemblablement aux Umiko, voire Tomoyo, et se sentait trahi par ce revirement. Ceci laissait sous-entendre une alliance préalable entre les deux, qui dorénavant n’avait plus cours.

Préférant laisser le médicastre se couvrir de discrédit, et ne pas rentrer dans la moindre discussion où il serait amené à devoir se justifier, le chef de clan préféra ignorer ses commentaires, imitant par là-même la plupart des invités. Son attention était maintenant focalisée sur les départs de feu qui venaient de se manifester, suite à l’attaque de Genjirô Dai et la parade de Jinpachi. C’est alors que Misako Kinnori intervint avec panache, de manière toute aussi théâtrale qu’efficace. Une alliée précieuse, sur laquelle le jeune homme était bien heureux de pouvoir compter. Tandis qu’elle adressait un sourire à son partenaire, il se rapprocha de cette dernière afin de lui témoigner toute sa reconnaissance.

Kirei : "Décidément, vous savez vous rendre indispensable !" lui lança-t-il avec humour, tout en inclinant légèrement la tête en signe de remerciement.

Pour autant, le mercenaire n’avait certainement pas dit son dernier mot. Sa résistance à l’assaut du fauve doré était impressionnante, et sa riposte ne manquait guère de style. Il invitait son adversaire à le suivre à l’extérieur, ce qui constituait une excellente opportunité. Jinpachi allait enfin pouvoir donner la pleine mesure de ses talents sans prendre le risque de blesser les convives, ou d’endommager le dispensaire, tout en le protégeant efficacement. Il pourrait également pleinement s’amuser et évacuer toute la frustration que la situation, et le comportement du pirate, avaient pu susciter chez lui. Il avait sans aucun doute toute la confiance de Kirei, qui pour sa part ne pouvait se permettre de les accompagner.

Ayant recouvré l’ensemble de ses moyens, Jinpachi ripostait avec vigueur, assurant aux Umiko qu’il leur revaudrait le service venant de lui être fait. Cette droiture et ce sens de l’honneur étaient sans aucun doute une caractéristique des plus appréciées par Kirei chez son partenaire. Il ignorait encore que ce revirement était d’ores-et-déjà une contrepartie, celle des arrangements que le chef de clan venait de tisser quelques instants plus tôt. Un juste retour des choses, lorsque l’on considérait l’empoisonnement dont le fauve doré avait été victime en premier lieu. Pour autant, l’ennemi n’en restait pas moins coriace, et prendre un avantage décisif ne serait pas si simple.

Tandis que l’affrontement battait son plein, le jeune Yamanaka s’interrogeait sur l’opportunité d’intervenir, afin de rapidement neutraliser le mercenaire. Dans l’immédiat, cette option garantissait au mieux la sécurité des convives. Cependant, il devait aussi surveiller ses réserves de chakra déjà fort sollicitées, afin d’être paré à tout nouvel imprévu, et il savait mieux que quiconque que son camarade préférait affronter ses adversaires en combat singulier. Misako Kinnori se consacrait pour sa part à la protection du dispensaire, veillant notamment à éteindre les incendies. Elle n’interviendrait donc pas dans le duel, ce qui aurait été bien trop lui demander au regard de son implication déjà salvatrice.

Kirei : "J’insiste pour vous remercier, et vous pourrez compter sur moi pour joindre les actes aux paroles." lança-t-il à la moniale en souriant.

La représentante du Temple des Nuits et des Ombres n’était guère la seule alliée à être passée à l’action. Les Umiko venaient ainsi de prouver leur bonne foi en procurant l’antidote à Jinpachi. Un geste que le ninja médecin n’avait point manqué de remarquer, et envers lequel il se montrait reconnaissant en dépit de leur alliance préalable aux côtés de Takashi Susumu. S’il avait jusque-là conversé avec Aimi, il n’avait encore échangé formellement avec Tomoyo, ce qui semblait plus que jamais de circonstances d’un point de vue politique. A fortiori après avoir ouvertement témoigné sa sympathie à l’égard des moines : il aurait été malavisé de l’ignorer.

Kirei : "Umiko-dono." Accompagnant ses paroles d’une révérence polie, il poursuivit d’un ton humble et chaleureux, exprimant tant sa gratitude que ses espoirs en la suite des évènements. "Votre petite fille a dû vous transmettre mon message. Vous me voyez désolé de ne pas avoir été en mesure de vous le délivrer initialement moi-même, les circonstances se sont révélées quelque peu contraignantes. Au nom des Yamanaka, je tenais à vous dire que c’est un très grand honneur de pouvoir collaborer aux côtés de votre puissante famille. Je suis certain que nous pourrons accomplir de grandes choses au sein de la Côte Verdoyante, et que notre association se révèlera des plus fructueuses."

Cherchant discrètement Aimi du regard, il l’invitait en silence à poursuivre leur conversation prématurément interrompue par la tournure des évènements. Sa posture d’attente ne pouvait laisser aucun doute à la demoiselle, qui comprendrait aisément qu’il ne souhaitait guère prendre congé de sa grand-mère en dérogeant à l’étiquette. Son comportement pouvait de plus sous-entendre qu’il préférait discuter un peu plus à l’écart, ce qui était interprétable comme un signe de pudeur ou de timidité. En s’éloignant, il serait en fait davantage libre de ses paroles et de ses actes, et il pourrait interagir avec la jeune femme sans redouter l’interférence de la matriarche Umiko.  

En effet, dans cette situation chaotique, Kirei essayait tant bien que mal de maintenir son attention sur chacun des fronts qui s’étaient consécutivement ouverts. Il lui était difficile d’ignorer le combat entre son partenaire et Genjirô Dai, tout en assurant ses obligations diplomatiques et la surveillance de la pièce. Peut-être qu’Aimi serait en mesure de lui prêter assistance sans que Tomoyo ne la retienne. Dans tous les cas, il paraissait judicieux de maintenir les rapports les plus cordiaux possibles, surtout s’il était amené à la côtoyer sur le plus long terme, afin de préserver cette alliance des plus récentes, et potentiellement fragile.

Kirei : "J’ai de la chance que vous ayez effectivement l’œil et l’esprit. Je présume que de nombreux hommes doivent s’arrêter à votre apparence, ce qui est bien dommage pour eux. En tout cas, je vous remercie de nouveau, je n’ai vraiment pas l’habitude de recevoir ce genre de compliments de la part d’une femme..."

Le jeune homme poursuivait sur la même lignée, ne sachant guère si la demoiselle était sincère ou non. Son avis personnel était qu’elle l’était probablement, car s’il était sûr d’une seule de ses qualités, c’était bien son érudition, ou ce qui avait trait au domaine de l’intellect. Après tout, il était une pure engeance de la maison Yamanaka. Cela n’avait toutefois pas n’importance, car même si elle cherchait seulement à le flatter, il était préférable de jouer le jeu.

Kirei : "En tout cas, un butor fier de ses succès militaires et de sa grosse épée, voilà qui me rappelle tristement quelqu’un." poursuivit-il avec humour, désignant le mercenaire du regard.

La transition était toute trouvée. Il pouvait à présent solliciter Aimi afin de lui demander son aide, et de neutraliser le fauteur de troubles. Cependant, il hésitait de plus en plus à franchir le pas. Pouvait-elle vraiment prendre le risque de compromettre sa couverture d’ingénue inoffensive, et sa grand-mère allait-elle le tolérer ? N’était-ce pas trop en demander trop tôt ? Jinpachi lui-même accepterait-il de recevoir l’aide d’une tierce personne, a fortiori d’une femme ? Tandis que toutes ces interrogations traversaient fugacement son esprit, il ressentait de plus en plus une étrange impression d’anesthésie.

Un Genjutsu ? Si tel était le cas, cette illusion n’avait aucun intérêt. D’autant plus que les principaux adeptes de cet art connus dans la pièce ne semblaient pas susceptibles de l’avoir lancée. L’explication la plus plausible était de nouveau celle de l’empoisonnement, et ces symptômes n’étaient point inconnus au ninja médecin. Le venin des serpents locaux, combiné à d’autres toxines, pouvait causer des effets analogues. Un poison pernicieux, permettant de blesser voire d’assassiner, sans que la victime ne s’en rende compte, ou qu’elle le réalise trop tard.

Inspirant profondément, tout en s’efforçant de garder son calme, il reprit posément.

Kirei : "Pardonnez-moi pour ces quelques instants d’atermoiement, mais je crains de n’avoir été empoisonné. Je connais bien ces substances, et l’état dans lequel je me trouve actuellement n’est pas sans me rappeler le Venin du Serpent d’Or. Dans un autre contexte, j’aurais sûrement songé à de la fatigue, ou au fruit de mon imagination, mais compte-tenu des évènements que nous traversons, la pire hypothèse semble malheureusement la plus probable."

Kirei avait délibérément fait mention du poison auquel se rapportaient le plus ses symptômes. Etant versée dans ce domaine, Aimi pouvait ainsi mieux comprendre la situation, sans qu’il n’ait à compromettre les informations dont il disposait à son sujet. De plus, Tomoyo avait procuré un antidote à Jinpachi aux yeux de tous. Il était donc naturel de voir si elle pouvait faire de même pour lui. Donner le nom du poison correspondant était dès lors indispensable pour lui venir en aide. Quant au coupable, la liste des suspects se réduisait à présent au médicastre.

Kirei : "Je ne pense pas trop m’avancer, mais c’est sûrement l’œuvre de cet homme." lança-t-il en pointant discrètement du doigt le médicastre. "Il a probablement usé du même mécanisme que pour Hibari-dono. Son garde du corps avait entendu un projectile, et j’avais effectivement retrouvé une marque de piqûre. Pourtant, le moine gardait Takashi-san à l’œil, et même s’il ne me tient pas en haute estime, je doute qu’il l’aurait laissé faire. Je ne vois qu’une seule explication pour y être parvenu en toute discrétion : sa canne."

Réfléchissant l’espace de quelques secondes, le jeune homme ne voyait aucun inconvénient à confronter directement le dirigeant de la Guilde du Serpent d’Or. Si la canne était normale, cela voulait vraisemblablement dire qu’il bénéficiait d’un autre complice. Si celle-ci disposait d’un lance-dards, mécanisme dont les rapports d’espionnage avaient d’ailleurs fait mention, il y aurait là une preuve encore plus accablante de son implication.

Kirei : "Je pourrais de nouveau user de ma technique pour me soigner, mais il me semble plus prudent de garder mes forces en cas d’un nouvel imprévu. Ironiquement, l’anesthésie du poison pourrait m’aider à tenir le coup, et à feindre l’indifférence. Dans tous les cas, je suis sincèrement désolé pour tous les ennuis que j’ai pu vous causer, et de devoir encore une fois prendre congé. Au moins, nous avons peut-être l’occasion de mettre un terme à ce complot, et il ne restera qu’à neutraliser Genjirô Dai."

Le chef Yamanaka éludait à dessein toute implication des Umiko. Si la grand-mère et le médicastre avaient conclu une alliance de circonstances, celle-ci n’avait à présent plus court. Il était dans l’intérêt de tous de faire de Takashi Susumu le coupable officiel de cette affaire, ainsi que son complice et homme de main qui affrontait Jinpachi. Aux yeux de Kirei, il était de toute manière le principal responsable et instigateur de cette conspiration, peut-être soutenue par le Shinsei-Gumi. En faire l’unique bouc-émissaire ne lui posait cette fois aucun état d’âme.

Après quelques pas, Kirei arriva au niveau de Kimiyo Yoshiteru pour lui confier l’ensemble des informations qu’il venait de communiquer à Aimi. S’il n’avait effectivement rien remarqué alors qu’il surveillait pourtant le médicastre, peut-être que les deux hommes allaient trouver quelque chose en inspectant sa canne…

Récapitulatif combat:

Spoiler:

Bien que Kirei ait présenté la situation de manière à ne guère alarmer son interlocutrice, il put déceler chez Aimi une lueur d’inquiétude. Une réaction somme toute naturelle, lorsque l’on annonce que l’on vient de nouveau d’être l’objet d’un empoisonnement, a fortiori dans un délai relativement restreint. Le jeune homme s’efforçait ainsi de garder son calme, tout en mesurant intérieurement le danger réel de la situation. La toxine était virulente, et ses réserves de chakra déjà bien entamées. En agissant de la sorte, peut-être tentait-il de se rassurer lui-même et de maintenir son sang-froid. Au moins connaissait-il la substance dont il était victime, ce qui s’avérait d’ores-et-déjà d’une grande aide.

Kirei : "N’ayez crainte, je ne compte aucunement quitter ce monde avant que nous ayons eu l’opportunité d’accomplir de grandes choses." répondit-il en souriant, d’une voix oscillant entre fatigue et sérénité.

La demoiselle ne dissimulait plus la part d’intérêt à l’origine de ses préoccupations. A présent, il ne faisait plus aucun doute qu’elle avait tout à perdre en cas d’échec des Yamanaka, ou pire, en cas de décès de son chef de clan. Une telle situation empêcherait dès lors tout mariage, tandis que sa famille serait placée dans une situation délicate. Le principal intéressé ne lui en tenait toutefois aucunement rigueur, appréciant même sa sincérité. Certes, un reliquat d’égo mal placé espérait que la jeune femme se souciait aussi de lui au-delà des considérations pragmatiques pures, mais il s’accommodait parfaitement de l’état actuel des choses.

Rebondissant intérieurement sur les propos d’Aimi, le ninja médecin espérait également savoir ce qu’il faisait… La confirmation qu’il avait bel et bien été piqué par un dard de bois, sans ressentir le moindre contact lorsqu’elle le retira de ses mains délicates, semblait corroborer son analyse. Malheureusement pour lui, Tomoyo ne disposait point de l’antidote adéquat, ce qui était à prévoir. Compte-tenu des ressources dont il disposait, et du temps d’action du poison administré, il jugea ainsi préférable d’économiser ses forces et de prendre sur lui pour le moment. Après tout, ceci n’était rien comparé à Jinpachi qui livrait un combat acharné contre le vil mercenaire, et dont le corps était réellement mis à rude épreuve.

Kirei : "S’il-vous-plaît, Takashi-dono, ce n’est qu’une simple vérification. Vous n’avez de cesse de clamer votre innocence, et des vies humaines ont été mises en péril. Pourquoi refuser ?" lança Kirei au médicastre, venant de rejoindre le moine du Temple du Jade Vert, et de lui exposer son hypothèse.

Le ton employé n’était ni accusateur, ni ne laissait sous-entendre la culpabilité du leader de la Guilde du Serpent d’Or. Il s’agissait d’une authentique interrogation, quand bien même Kirei connaissait parfaitement la raison de ce refus d’obtempérer. Ce dernier suscitait d’ailleurs chez lui un certain soulagement, car si le vieil homme avait aisément accepté que l’on contrôle sa canne, et qu'elle n’avait présenté aucun signe suspect, il aurait alors fallu trouver un autre coupable, ou une autre preuve de son implication. La panique grandissante de l’empoisonneur confirmait pratiquement sa culpabilité. Son comportement devenait même de plus en plus erratique au fil des secondes, s’agrippant soudainement au moine venant de se rapprocher, plus que jamais interpelé par la canne et cette étrange réaction.

C’est alors que Takashi Susumu s’écroula au sol avec lui, le corps secoué de spasmes. Il était difficile de discerner les mots qui s’échappaient de sa bouche, d’autant plus que l’effet de surprise suscité par ce développement stupéfiant avait de quoi en laisser plus d’un sous le choc. Le ninja médecin était l’un d’entre eux, l’air interdit face à ce qui n’était autre qu’un suicide en train de se produire sous ses yeux. Remobilisant les facultés intellectuelles qu’il était en mesure de réunir, il comprit rapidement que de tels symptômes ne pouvaient être le fruit d’une simulation afin de détourner l’attention. Même sans connaissances préalables en espionnage ou en Iroujutsu, les ninjas étaient familiers avec ces poisons destinés à mettre fin à leurs propres jours en cas de capture par l’ennemi.

Face à ce diagnostic, Kirei réalisa dans la foulée le danger que représentait cette action du médicastre. Si le coupable avait bel et bien fait usage d’une toxine prévue pour se suicider, il y avait un risque d’en subir les émanations en se tenant trop près. Ironie du sort des plus macabres, Kimiyo Yoshiteru venait de se retrouver malgré lui victime des procédés déloyaux qu’il condamnait avec tant de ferveur. En proie à une terrible douleur liée à l’action corrosive des vapeurs méphitiques, sa condition était sérieuse. Fort heureusement, il s’agissait d’un combattant aguerri et robuste. Ses jours n’étaient pas en danger, ce qui n’empêcha point le jeune Yamanaka de se précipiter à son chevet.

Kirei : "Je suis avec vous, vous allez vous en tirer." déclara-t-il immédiatement afin de rassurer son interlocuteur, oubliant sa propre condition l’espace d’un instant. "Takashi-dono vient de tenter de se suicider, et a sûrement cherché à nous emporter avec lui… Je reconnais ces symptômes et cette méthode de lâche, il a recouru au Dernier Présent de Yueh. Malgré la distance d’inhalation, ce poison ne saurait venir à bout d’un moine du Temple du Jade Vert en pleine possession de ses moyens." expliqua-t-il plus en détails, avant de s’excuser de la tournure des évènements. "C’est moi qui devrais me trouver actuellement à votre place. Je suis profondément désolé pour tout ce qui vient de se produire. Dès que tout ceci sera terminé, je me consacrerai pleinement au rétablissement de chacun, et vous retrouverez tous vos moyens en un rien de temps. Dans l’immédiat, je crains qu’il ne me faille user de mes dernières ressources afin de porter secours à cet homme... Aussi mauvais soit-il, nul ne mérite de finir ainsi..." poursuivit-il d’une voix toute aussi sincère que peinée, tandis que les tissus du visage du médicastre commençaient à se décomposer.

D’après les rapports d’espionnage, Kimiyo Yoshiteru était lui-même versé dans les arts médicaux, et autres techniques de renforcement physique. S’il était hors de danger, et pouvait qui plus est préserver sa propre intégrité sans l’aide d’autrui, Kirei préférait consacrer l’énergie qui lui restait afin d'essayer de sauver le vieil homme agonisant. Mû par une force invisible dont il ignorait lui-même la source, et Incapable de conscientiser les raisons à l’œuvre dans cet acte, il exerçait une nouvelle fois son jutsu sur celui qui venait de l’empoisonner, lui et plusieurs autres auparavant…

En tant que médecin, était-il guidé par un sens aigu des responsabilités et du devoir ? Voyait-il  en ce drame l’opportunité de faire la démonstration ultime de l’altruisme des Yamanaka, et de bénéficier d’une publicité des plus favorables auprès de la population ? Souhaitait-il gagner les faveurs du Daimyo qui pourrait peut-être rendre justice lui-même ? Ou bien était-ce l’appel du défi, celui de confronter sa propre technique à la pire des situations possibles afin d’en éprouver les limites ? Peut-être était-ce sinon un acte de pure compassion devant cette souffrance insoutenable.

Récapitulatif combat:

Parcouru par une étincelle d’espoir, peut-être pouvait-il stopper l’action de la toxine à l’œuvre. Malgré tout, il était probablement impossible pour Takashi Susumu de s’en sortir sans séquelle, si tant est qu’il survivrait à ce qu’il venait de s’infliger dans un ultime élan de résignation. Terminant son intervention, le chef de clan posa alors son regard sur la canne de son nouveau patient, gisant seulement à portée de main. Mieux valait-il s’assurer que personne d’autre ne s’en empare, en tant que pièce à conviction potentielle. Lui-même résistait à la tentation de l'inspecter immédiatement, attendant qu’un nombre suffisant de témoins puissent assister à sa vérification, et attester de la légitimité de la procédure.

Kirei : "C’était donc bien vous…"