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Hasch et Pêche ( Flash-back relationnel) [PV - Nara Shika]

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Noms des différents concurrents et bateaux associés:

Mais toi, tu te reposes ! Je n'ai pas besoin de toi !

Tu répondis à la pseudo sévérité de l'injonction par une moue faussement boudeuse alors que, requinqué et sautillant, tu t'apprêtais à t’affairer de nouveau aux diverses tâches requises pour la conduite du navire. Sans dire un mot, tu saisis le fil de pêche tendu par le Masamune, récupéras deux hameçons – au cas où le premier ne tiendrais pas la distance – dans le coffre indiqué, puis tournas le dos à ton compagnon, les coudes appuyés sur la rambarde, un index y décrivant de petits cercles marquant la frustration du moment et le regard perdu sur les flots, cherchant un moyen de te rendre utile malgré les directives de Sanada. Le repas. Tu ferais le repas. Spécialiste des plats à base de poisson, pas sur que ton camarade apprécierait ta conception de la cuisine aquatique, mais tu te devais d'essayer. Par prévention, tu roulas plusieurs cigarettes de salvia, te grillant tranquillement la première avant de te mettre au boulot. Au bout de deux heures, alors que le Kimura fonçait à vive allure vers la vallée verte et après avoir pêché quatre de ces poissons carnivores – qui ne se gênèrent d'ailleurs pas pour essayer de te bouffer quelques doigts au passage – tu considéras la quantité suffisante pour t'attaquer aux préparatifs, en tentant de te rappeler une recette maternelle à base de poisson.

De mémoire, tu n'avais jamais eu à faire à plus chiant que la fabrication de filets. Faire une découpe minutieuse et propre de l'animal pour en retirer toutes les arêtes n'avait clairement rien de reposant. Nul doute que tu en oublierais quelques unes, bien que tu t'appliquais au mieux de tes possibilités. Ail, citron, fenouil, carottes, tomates et poivrons. Par miracle tu trouvas tout cela parmi les provisions amassées avant le départ. Après avoir épluché le tout, tu enfournas dans un récipient assez large pour tout contenir et t'attachas à créer un feu à l'abri du vent, en t'assurant que le bois de la constellation ne craignait rien. Après une heure de mijotage, vint le moment des épices. Un peu de sel par-là, un peu de poivre par-ci, un peu de piment par...MERDE...tu jetas plusieurs coups d’œil furtifs autour de toi, afin de t'assurer que le Masamune était trop occupé à naviguer pour se rendre compte du petit imprévu. Placé dans un bocal fermé après avoir été moulu, le couvercle du piment venait de céder, laissant le contenu se répandre dans le plat plus que de mesure. Vite, trouver un truc pour adoucir. Une noix de coco ramenée du marché. Tu la brisas en deux d'un coup bien senti et versa le contenu dans la mixture toujours en train de cuire. Le tout donnait une texture veloutée, mais un goût toujours aussi corrosif. Si ta mère n'hésitait pas à utiliser la nourriture pimentée comme punition à tes différentes frasques et que ton palet s'était ainsi progressivement habitué à ce genre de gourmandises, celle que tu avais sous les yeux n'en était pas moins à la limite du mangeable, sans compter que le lait de coco, ainsi mélangé, ajoutait à l'ensemble une touche âcre qui n'était finalement pas du meilleur goût. La mine contrite, tu finis par présenter le plat à ton ami en annonçant un ''barracuda sauce Katon'', que tu eus toi-même du mal à avaler.

Après ce petit intermède, les joues rougies par la soudaine chaleur, conséquence de votre repas, il ne vous fallut pas longtemps pour enfin rejoindre la terre ferme. La vallée verte avait ce quelque chose d'incroyable que certains décors possèdent  et qui vous donne l'impression de voyager dans un autre monde. Un monde fait de mysticisme et de singularité. Pas vraiment un sol ferme, pas vraiment un marécage, la sensation ressentie en foulant l'endroit, fut vraiment des plus étranges. Les pieds s'enfonçait d'abord légèrement dans le sol, mais au lieu de se faire happer par celui-ci comme cela aurait pu être le cas dans le cadre d'un marais, ici il restaient accrochés tel des ventouses, rendant les déplacements plus difficiles si on ne plaçait pas un peu de chakra sous la plante des pieds. Hautes et chatoyantes, les herbes ne se gênaient pas pour venir vous chatouiller les côtes, dans un florilège de sensations par forcément agréables, d'autant plus après avoir entendu les légendes contées par ton coéquipier. Malgré tous vos efforts et après avoir ratissé l'endroit de fond en comble, vous ne pûtes qu'abdiquer, constatant qu'il n'y avait rien ici. Pendant quelques secondes, vous subîtes bien évidemment le contrecoup associé à ce type d'échecs, mais ne tardâtes pas à retrouver la motivation nécessaire. Vous étiez à priori en position de force avec quatre cartes à votre disposition, et tu avais fait une promesse à peine voilée à Sanada en l'entraînant avec toi. Vous feriez mordre la poussière aux Makusaï.

Deuxième étape, les dix frères, alors que la nuit tombait doucement, offrant un coucher de soleil des plus délicieux sur l'horizon. Aux teintes roses orangées habituelles, se mêlaient un surprenant bleu argenté, sans doute typique de cette région, à moins qu'une entité extraterrestre ayant décidé d'élire domicile ici en soit la raison. Lorsque l'astre lumineux disparu totalement, la quasi absence de lune vous plongea dans une obscurité envahissante, en même temps qu'un silence ecclésiastique s'invita au milieu de cette immensité aqueuse.

-T'as vu ça Sanada-kun, on a l'impression de voler, de flotter entre deux mondes, c'est incroyable...chuchotas-tu des étoiles plein les yeux bien que timidement, comme pour ne pas déranger les âmes qui auraient décidé de profiter de l'instant pour s'offrir une petite virée nocturne.

Le calme environnant ne fut finalement troublé que par l'apparition d'un feu de camp. Sanada te fit comprendre qu'il suspectait la présence des frères Makusaï, ce qui se confirma quand vous mîtes pied à terre avant de suivre la lumière et de la rejoindre en vous camouflant, ta furtivité étant un atout non négligeable dans ce genre de cas. Les Makusaï étaient bien là, mais ils n'étaient pas seuls. Leurs associés leur taillaient la bavette tandis que Miliana et son grand-père étaient ligotés à un poteau qui allait manifestement finir en cendres, selon les prévisions adverses. A peine les trois équipages ennemis debout et tandis qu'ils prenaient congé de leurs malheureux invités, tu te faufilas sans perdre un instant dans les ombres, furtivité toujours active, dansant au gré des vacillements des flammes, pour finalement arriver derrière Baku. La jeune fille poussait ses premiers cris horrifiés. Scalpels à la main, en un instant et plusieurs aller retour de lames,  tu sectionnas les cordes qui les maintenaient prisonniers pendant que les premières fumées faisaient leur effet, le vieux suffocant déjà. Tu lui intimas de retenir sa respiration au mieux, attrapas Miliana par le col, la lanças en direction du Masamune dans l'espoir qu'il vérifie que tout allait bien pour elle, puis chargeas Baku sur ton épaule avant de t'extirper d'un brasier de plus en plus vivace et commençant sérieusement à entamer ta résistance.

-Vas-y papy, tu peux respirer maintenant...indiquas-tu à Baku une fois à bonne distance du feu...Sanada-kun? Tout va bien de votre côté? Ici tout roule...hein papy que tout roule pour nous...poursuivis-tu à voix basse, le sourire aux lèvres, en donnant une petite tape amicale au vieil homme...

Les autres, qui devaient avoir trois, quatre minutes d'avance sur vous, ne perdaient rien pour attendre. Excepté pour l'envie de botter le cul des frangins Makusaï, tu avais principalement accepté de participer à la perle de l'empereur par jeu, parce que tu trouvais cette chasse au trésor amusante. Mais si la vie de personnes devenait un enjeu, la chose n'avait plus rien de drôle, d'autant plus si les vies visées faisaient parties de ton entourage. Fixant tes trois compagnons du regard, tu leur adressas un clin d’œil, un doigt sur la bouche pour leur signifier de ne pas intervenir tout de suite sur ce qui allait suivre.

-SANADA-KUN, ARRÊTE, TU NE PEUX PLUS RIEN POUR EUX, TU VAS BRÛLER AVEC EUX SI TU Y VAS...LE FEU, IL SE RÉPAND TROP VITE...SANADA-KUN, NOOOON!!!!!! Finis-tu par brailler en utilisant la technique de ventriloquie, afin de répercuter ta voix dans le silence de la nuit, jusqu'à ce qu'elle atteigne les oreilles de vos adversaires en provenance de différentes directions à la fois. Tu repris ensuite à voix basse.

-Tous les trois, faites vous plaisir et hurlez à la mort s'il vous plaît! Maintenant!

Baku et Miliana s'exécutèrent, tandis que tu insistas pour que le Masamune en fasse autant. Si tout se passait comme prévu et bien que les autres soient désormais au courant de ta présence sur l'île, tu offrais mine de rien à tes trois camarades la possibilité de devenir furtifs à leur tour. Attendant qu'ils en terminent avec leur bruyante mort improvisée, tu hurlas de nouveau à pleins poumons, dans un jeu d'acteur dignes des plus grandes pièces Shakesporiennes, du célèbre dramaturge Willow Shakesporu, aussi grand par le talent qu'il était petit par la taille, également connu pour la maîtrise de techniques basées sur l'éloquence.

-NOOOOOOOOOOOON...C'EST PAS POSSIBLE...SANADA...MILIANA...BAKU...JE JURE DE VENGER VOTRE MORT...VOUS ENTENDEZ VOUS AUTRES...JE LES VENGERAIS...

Un petit coup de pression supplémentaire sur vos adversaires ne pouvait pas faire de mal pour jouer sur le fait que leur psyché s'en trouverait ébranlée dans un sens ou dans l'autre, ce qui rendrait forcément leurs pensées et leurs actions moins lucides. Sans doute des shinobis auraient-ils su garder aisément leur sans froid dans de telles circonstances, mais sauf erreur de ta part, ils n'étaient pas shinobis, et un tel écho ne pouvait que les surprendre. Ne restait plus qu'à se méfier des pièges qu'ils étaient susceptibles de placer sur la route te séparant d'eux.

-Baku-san, Miliana chan, foncez vers votre embarcation et faites le tour de l'île, en faisant le moins de bruit possible pour ne pas vous faire repérer...si vous tombez sur eux, occupez-vous d'eux comme il se doit...

Après tout leur navire était sans doute celui à la pluralité offensive la plus évidente du lot, même si l'étoile parvenait à le concurrencer.

La mort de Mayä, encore fraîche dans ton esprit, t'avais appris une leçon que tu n'étais pas près d'oublier. Plus question de pardonner.

-Je compte leur apprendre qu'on n'attente pas à la vie de mes amis sans en assumer les conséquences...exprimas-tu d'un ton monotone, le visage masqué d'une froideur que le Masamune ne te connaissait pas...je pars en chasse...Masamune Sanada, viens avec moi....c'est TA course, c'est avec TOI que j'ai voulu la partager...ce sera TA victoire...d'après ce que l'on a pu voir, ils ont pris cette direction...dis-tu en pointant de l'index un sentier côtier...on part ensemble et rapidement tu bifurques pour les prendre à revers...s'ils te croient mort comme je l'espère, tu auras un avantage certains...prends ça avec toi...tu lui lances un kunaï...utilise le pour te défendre si jamais tu te fais repérer...mais ne ne t'en sers pas pour tuer sauf si le contraire entraîne ta mort...lui lanças-tu finalement en lui jetant un regard noir.

Il y avait déjà bien assez de meurtriers dans ce monde, toi y compris, pour que tu ne cautionnes pas une sombre naissance supplémentaire sans une excellente raison. Sanada était un pêcheur, respectable, altruiste et bienveillant. Tu étais bien placé pour connaître les salissures que le sang pouvaient maculer sur les âmes des vivants. Si tu ne pouvais toujours empêcher cela, tu ne le cautionnerais jamais, du moins espérais-tu ne jamais avoir à le faire. Après un petit kilomètre de progression, tu repris la parole.

-Séparons-nous ici Sanada-kun...à partir de là, je te fais confiance pour les suivre à la trace et les surprendre si nécessaire...

Pour ta part, tu continuas ton chemin, gardant le mode furtif activé, et te glissant d'ombre en ombre, à l'affût du moindre bruit, jusqu'à ce que finalement, au loin, des voix à peine audibles parviennent à tes oreilles.

-Vous êtes sûr? Aucun de vous ne connaît ce type? S'exprima Kasaï Makusaï d'un air inquiet...pas même toi Alana? Tu dis rien depuis toute à l'heure...tu l'aurais pas mis dans ton pieu celui-là aussi...t'en ai à combien maintenant...continua t-il sur un ton moqueur qui transpirait des pensées désobligeantes.

Alana déglutit, le visage hésitant entre la vexation et la colère.

-Euh...non...je l'ai vu de loin au banquet mais rien de plus...répondit-elle en fin de compte, d'un ton laconique alors que Goraku la fixait d'un air interrogatif.

-Bon ok...enchaîna Makaï Makusaï...de toute façon, qui que ce soit il est tout seul maintenant que les autres sont morts. On n'a rien à craindre...mwahahah...tout est en place, qu'il vienne on saura le recevoir...conclue t-il avant que les voix ne s'éloignent.

Tu en avais entendu trois, dont celles des deux frangins, donc potentiellement, trois pouvaient ne pas être parmi eux, et si tel était le cas, cela voulait dire qu'il t'attendaient planqués quelque part. Pas le temps d'y songer plus qu'un projectile non identifié vint faire exploser le rocher qui te servait d'abri. Te retournant promptement vers la mer, tu aperçus derrière toi Inaba, la forteresse, exhibant fièrement trois sortes de gros canons prêts à cracher leur boulets sur toi. Le bateau avait été recouvert de la coque protectrice réputée pour offrir une protection solide à ses occupants. En l'occurrence, Kuro et Danshi. Étant donné le QI des Makusaï, il y avait fort à parier que le traquenard avait été réfléchi par Kuro, dont tu pouvais apprécier, aux premières loges, le sourire carnassier et satisfait. Un deuxième boulet fusa dans ta direction. Tu ne dû qu'à ta vitesse de l'éviter de justesse. Si tu ne faisais rien ils allaient finir par t'avoir, d'autant plus que le nombre d'abris susceptibles d'offrir une protection viable s'amenuisait au rythme des assauts adverses.

A cours d'idées, planqué à l'ombre d'un énième rocher, tu entendis le son d'une nouvelle attaque, mais curieusement rien ne se passa près de toi. Passant la tête tu vis la forteresse vaciller sur son flanc droit, Miliana et Baku se faisant plaisir à utiliser toutes les forces vives de l'arsenal pour mettre à mal leurs adversaires. La surprise semblait être totale pour les occupants d'Inaba qui eurent un long moment de déconcentration, pensant voir surgir deux fantômes, avant de se concentrer sur leur défense. Tu en profitas pour plonger sans réfléchir dans les eaux sombres devant toi, nageant du plus vite que tu pus vers l'ennemi, qui devait être à vingt-cinq mètres de la côte. En quelques secondes, tu accostas enfin le navire, Danshi décidant de venir à ta rencontre tandis que Kuro tentait de s'occuper de tes compagnons d'aventure en manœuvrant son navire, ce dernier pliant de plus en plus sous les coups de boutoirs de Miyagushi, sans toutefois rompre pour le moment.

Techniques utilisées:
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Masamune Sanada
Masamune Sanada
Uzushio no Chunin
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Fiche du Ninja
Grade & Rang: Chuunin - Rang B - Arpendeur des Six Chemin du Cercle d'Or
Ryos: 855
Expérience:
Hasch et Pêche ( Flash-back relationnel) [PV - Nara Shika] - Page 2 Left_bar_bleue2671/1200Hasch et Pêche ( Flash-back relationnel) [PV - Nara Shika] - Page 2 Empty_bar_bleue  (2671/1200)
La diversion de Shika avait parfaitement fonctionné, la voie semblait libre, les Makusaï et leurs sbires étaient maintenant en chemin vers la perle, ignorant la survie de leurs concurrents.

Le Nara confia un kunaï à Sanada, arme des shinobis par excellence. Le perliculteur regarda les lames saillantes briller à la lueur de la lune. Il avait usé de nombreux couteaux pour vider les poissons ou ouvrir les coquilles d'huîtres, mais jamais il n'avait tenu une arme faite pour éventrer un homme entre les mains. Ce fut une sensation étrange pour Sanada. Lui qui avait vu les traits de son partenaire changer pour la première fois. Lui qui avait observé les traits si amicaux à l'accoutumé du Nara se durcir sous la tension d'une colère froide et menaçante, ne pouvait s'empêcher d'imaginer le nombre de victimes tombées sous la lame qu'il tenait entre les doigts.

Shika était un ninja, un soldat d'élite, un assassin.

“Le réel, c'est quand on se cogne” Lui répétait sans cesse sa mère.
Et voilà que le réel le percutait de tout son être. La fatigue, la peur, la douleur de tous ces jours, qu'il avait vécu comme un rêve, vinrent conquérir chaque partie de son corps pour le plonger dans un bain de sensations désagréables.
La perle n'avait jamais été une course amicale, c'était une lutte sans merci pour le pouvoir et la gloire. Et lui, pauvre perliculteur, avait eu l'outrecuidance de se croire fait pour ce genre d'aventures.
Lorsqu'il fut seul, ce changement de perception par le dérèglement de tous les sens fut encore plus net.
Il sentait chaque rainures des troncs sous son toucher, son ouïe, en alerte, captait le moindre bruit, il se sentait comme un nouveau-né dans un monde étranger. Un homme nu, face aux dangers inconnus d'une nature hostile et mystérieuse. Il se sentait explorateur découvrant une nouvelle terre, de nouvelles sensations, sur un territoire, pourtant, que son esprit connaissait par cœur.

Son coeur explosait dans sa poitrine, ses tempes martelaient des coups qui résonnaient dans son crâne. Il avait froid, il avait peur, mais jamais, il ne s'était senti aussi vivant.
Jamais il n'avait ressenti son être plonger avec autant de lâcher-prise vers les abîmes du monde des hommes. Il se sentait petit face à celui-ci, fragile aussi, mais il se sentait à sa place, loin du grand ensemble dont il faisait pourtant toujours partie, loin des dieux, marchant d'un pas hébété dans le royaume de ses semblables.

Sous l'impulsion de l'adrénaline, Sanada détacha le Kimura en vitesse avant de mettre les voiles pour contourner la côte. À peine avait-il quitté le renfoncement qui avait servi d'abri à l'embarcation qu'il entendit le combat faire rage de l'autre côté de l'île. Une seconde, il hésita à fuir. Rentrer chez lui, se faire une bonne soupe de poisson avant d'avaler un roman épique avec pour seule distraction le clapotis des vagues sur son ponton.
Cette vision fut empreinte d'une nostalgie qui surprit le jeune homme. Il n'avait plus envie de lires des personnages vivre une vie trépidante, il voulait lui aussi écrire une page, sa page, dans le livre de la vie. Avec un sourire, il orienta son gouvernail vers la bataille qui faisait rage.

Rien ne serait jamais plus comme avant.

Sous l'impulsion des vents marins, Le Kimura ne tarda pas à se faire une place au milieu de l'arène aqueuse. L'Arsenal de leur allié, bateau sur-armé, était déjà aux prises avec la Forteresse, le géant de la course. Sanada, slalomant entre les projectiles qui fusaient en tout sens, cherchait son partenaire.
Les explosions qui illuminaient la nuit l'aveuglait, rendant la tâche encore plus fastidieuse.
Seul à bord, il ne pouvait pas manoeuvrer l'embarcation et faire feu avec les armes, les répliques de Shika manquaient cruellement.
N'ayant trouvé aucune trace de son acolyte et voyant l'Arsenal mise à mal par la résistance insolente du mastodonte des sept, il quitta momentanément la barre pour tenter de détourner l'attention et ainsi accorder une seconde de répit à Baku et Miliana.

Il était à une dizaine de mètres de son ennemi, assez près pour tenter un tir direct. L'oeil fermé pour ajuster la mire, le perliculteur tenta de trouver un point faible dans la coque de la forteresse. Mais les plaques de métal étaient omniprésentes, et, rien de ce qu'il possédait à bord ne pouvait percer cette carapace. Soudain, il eut une idée, orientant le viseur beaucoup plus haut, il décocha un tir qui transperça la voilure majestueuse du colosse. Le vent termina le travail, déchirant la toile en deux. La Forteresse perdit alors de la vitesse, puis, enfin, s'immobilisa presque totalement. L'arsenal redoubla son harcèlement de projectiles, tandis que le Kimura reprenait de la vitesse pour s'approcher du navire de l'autre côté.

Alors qu'il s'approchait de l'immense mur de bois et d'acier de la forteresse, il entendit un choc assourdissant résonner plus fort encore que les explosions qui agitaient les flots.

Bouche-bée, il eut juste le temps d'apercevoir la Flèche foncer tout droit sur l'Arsenal. La proue en forme de lance du bateau filiforme transperça la coque de Miyaguchi de part en part, le coupant littéralement en deux.
Les cris de joie d'Alana et son compagnon résonnèrent dans la nuit tandis que l'équipage déchue tentait tant bien que mal de rejoindre la terre ferme.

Sanada se précipita vers ses cordages pour porter secours à ses amis. Il sentait la colère l'envahir, une colère froide, qui plongeait son esprit non pas dans une haine aveugle, mais semblait au contraire lui donner le calme et la détermination nécessaire pour être efficace. Tout son corps était parcouru de picotements étranges, il se sentait en pleine possession de ses moyens, portés par la conscience du danger et de ce qu'il impliquait.

Cependant, doucement, il sentait une partie de son âme s'élever, une partie inconnue jusqu'alors. Il était le même, mais un autre en lui, semblait partir vers les cieux.

La nage de Miliana Et Baku ne pouvait pas rivaliser avec la vitesse du plus rapide des bateaux de la course. Sanada se sentait impuissant, il avançait aussi vite que le vent lui permettait mais, il n'allait pas arriver à temps, encore une fois. Shika n'était pas là, il ne pouvait rien pour lui et pour les autres, c'était à lui de faire quelque chose.
La promesse qu'il s'était faite quelques heures plus tôt et la cicatrice qu'elle avait creusée dans son esprit était encore ensanglantée. C'est en s'y plongeant qu'il avait atteint le réel, le monde que les dieux avaient choisi pour son âme.
C'est en creusant cette brèche en lui qu'il allait servir les dieux, plus question de faire marche arrière.

Malgré tout, la volonté ne pouvait pas faire des miracles et bientôt, la flèche fut au niveau des nageurs infortunés. Lentement, avec une application outrancière, Goraku, le partenaire d'Aliana sur la flèche asséna des coups de rames sur la tête du grand-père, qui tentait de crier en invoquant la pitié.
La vue du sourire carnassier et satisfait de l'équipage de la flèche fut insupportable pour Sanada. Sous la colère divine qui l'envahissait, il cria de toutes ses forces, exorcisant sa peine. La sensation de partir redoubla d'intensité, comme si ce trop plein d'émotion ne pouvait être assimilé par son esprit. Comme si cette frustration était un fardeau que sa conscience ne pouvait plus porter, la confiant aux divinités comme une offrande pour qu'ils sacralisent sa vengeance.

Le ciel couvert d'une nuée d'étoiles s'assombrit. Un petit nuage se mit à gonfler, étendant son ombre sur la mer agitée par le combat. Lentement, la lune fut privée de son emprise sur la terre, laissant une obscurité étrange régner sur les Seigneurs qui fendaient les vagues.

Sanada cria une nouvelle fois, pour indiquer sa présence et tenter d'attirer l'attention sur lui, mais le son de sa voix fut caché pour un tonnerre assourdissant qui résonna exactement au même moment.

Le nuage se densifia, et des flash lumineux semblèrent le parcourir de part en part, illuminant les flots un court instant. La pluie s'abattit en quelques secondes, rendant la visibilité quasi nulle autour de lui.
L'équipage de la flèche fut surpris et affolé par cet orage aussi soudain que dangereux et s'éloigna de la tempête en laissant les nageurs à leur propre sort. Avec une averse de foudre aussi véhémente qui bombardait la surface, ils n'allaient pas survivre longtemps.

Make it Rain:

Sanada embrassa la pluie en écartant les bras, le ciel avait répondu à ses prières, et voilà que le château éthéré des divins flottaient au-dessus de lui, faisant régner la loi des dieux sur le monde des hommes, son monde.

Quand un éclair vint frapper l'océan à quelques mètres de lui, il sursauta et manqua de tomber à l'eau. Se tenant au rebord, il remarqua avec horreur que des dizaines de poissons remontaient à la surface, flottant sur la mer de plus en plus agitée.

Le Masamune redoubla d'efforts pour atteindre ses amis, mais la visibilité rendait impossible tout choix de direction. Seul des trombes d'eau l'entouraient. Du nord au sud, tout le paysage avait disparu, couvert par un voile grisâtre monotone qui colorait à peine le fond noir. Sanada dû se fier entièrement à la boussole pour se diriger. Maintenant que l'adrénaline n'agissait plus sur son esprit, il se sentait étrangement fatigué, vidé. La partie de son âme qui s'envolait vers les cieux pour quémander une aide divine semblait ne pas vouloir revenir, laissant le corps du perliculteur sombrer petit à petit dans une léthargie incontrôlable.

Il tenta de se ressaisir, les gouttes lui fouettant le visage aidant. La recherche de Miliana et du grand père prit un long moment, trop long pour Sanada qui n’avait toujours pas vu son partenaire dans ce chaos devenu tempête. Alors qu’il naviguait à l’aveugle, cherchant désespérément à garder le cap sur la dernière position connu des naufragés, il sentit un poids faire tanguer le bateau à bâbord.
Se précipitant sur la voile pour l'abaisser le plus vite possible, il se jeta ensuite littéralement sur un des flotteurs du kimura pour attraper une main qui sortait à peine de l’eau. La main n’apparaissait qu’entre le creux des vagues, submergée par le déferlement des remparts d’eau et de mousse qui se créaient à l'infini avant de s'abattre avec une force prodigieuse sur la côte. Sanada dut s’y reprendre à plusieurs fois et dans un cri qui traduisait l’effort surhumain qu’il demandait à ses muscles pour les hisser, il parvint à relier les doigts creusés de milles sillons par l’eau avec le filet tendu.
Trop faible et sans doute blessé, ils ne purent que se maintenir, buvant la tasse maintes fois, alors que Sanada tentait de les poser le plus proche possible de la terre ferme.

Á l’aveugle, la navigation avait des airs de jeux de hasard. Sanada tournait à l'instinct, une fois à bâbord, la seconde à tribord. Il faisait des zigzags sur les flots pour tenter de trouver une roche, un banc de sable, n’importe quoi lui permettant de jauger la distance qui le séparait de l’île.

Mais, rien.

Si ce n’est de l'eau encore et encore, aussi noir que de l’encre. Les gouttes fusionnaient instantanément avec le grand ensemble lorsqu’elles percutaient les flots,  elles semblaient galvaniser le royaume de l’eau, lui donnant une force qui était loin d'être nécessaire tant il malmenait les embarcations.

C'est avec soulagement qu'enfin, le Kimura atteignit un amas rocheux. Á bout de force, les perdants se hissèrent sur la roche.

Sanada leur jeta quelques provisions pour qu'ils reprennent de force en attendant la fin de la tempête. Maintenant qu'il les savait sain et sauf, il n'avait plus qu'une obsession, retrouver Shika.

- Sanada non ! Gardes tout ! On pourra se débrouiller, les bateaux chargés de la recherche des perdants sillonnent les îles en permanence.

- Nous n'aurons plus besoin de beaucoup de provisions. Dit Sanada tout en s'attelant à faire gonfler la voile en luttant contre le déluge.

- Mer….Merci ! S'exclama la jeune fille.

Mais déjà, Sanada était trop loin et le tambour rythmé par la pluie étouffa le cri de remerciement.
Fonçant dans la direction opposée, le perliculteur brava la tempête non sans psalmodier des prières. Il se devait de retrouver son ami. Il se souvint de l'air si déterminé de Shika et de ses mots, il savait qu'il était en train de combattre la forteresse à mains nues. Pour l'aider, il fallait d'abord retrouver le géant des mers.

Sanada ignorait depuis combien de temps il errait entre les gouttes, il allait perdre espoir quand la silhouette imposante du navire bouclier apparut au loin. Le Colosse semblait malmené par la tempête. Sa grande voile déchirée, il ne pouvait fuir la colère du nuage noir qui le dominait depuis le ciel. Le Kimura se gonfla entièrement et fonça vers sa cible. Le vent était fort, les vagues se fracassaient sur la coque avec une puissance décuplée par la vitesse.
Heureusement, les foils permettaient d'éviter les plus grands remous, mais le choc quand la vague s'affaissait sous le navire faisait tout de même trembler la charpente de tout son long. Le Kimura n'allait pas survivre longtemps à pareils agressions, il fallait faire vite.

Lorsqu'il put distinguer correctement le navire, il se précipita dans les coffres pour y chercher un des nombreux objets ramenés par le Nara pour l'épreuve. Il sortit un long tube métallique affublé d'un verre courbé de part et d'autres de l'objet. Sanada avait vu certains marins l'utiliser en fermant un oeil, puis en collant l'autre contre le verre. Le perliculteur imita donc ce qu'il avait observé et fut surpris de voir la Forteresse bien plus loin qu'elle ne l'était réellement. Regardant l'objet d'un air dubitatif, il s'interrogea un instant sur l'intérêt d'un tel objet en mer, mais décida tout de même de retenter sa chance avec l'autre côté.
La vue était un peu trouble, mais le spectacle fut, cette fois-ci, saisissant. Sanada distinguait les détails des protections en métal, griffées par les attaques et la tempête, sur le pont, il pouvait voir  deux silhouettes qui semblaient se battre, une troisième semblait immobile, allongé de tout son long, les vêtements détrempés brillant à la lueur de la lune qui perçait partiellement le nuage orageux.
Aucun doute, Shika était à bord.

- SHIKAAAAAAAAAA !

Il cria de toutes ses forces, les deux ombres semblèrent s'immobiliser un instant. Le moment était trop beau, ils étaient distraits. Sans réfléchir, il s'empara du kunaï que son ami lui avait confié et le jeta de toutes ses forces vers son partenaire qu'il reconnut par son aspect plus élancé que son adversaire.
La lame fendit les gouttes avant de disparaître derrière le rideau aqueux.

Le perliculteur entreprit d'attacher le kimura au grand navire avant d'escalader tant bien que mal la coque du monstre. Il n'avait pas l'agilité de Shika ni sa souplesse et l'ascension se révéla difficile, ses mains glissaient sur les prises une fois sur deux, mais il ne pouvait pas arrêter. Il l'avait promis aux dieux.

Alors qu'il était à mi-chemin, partiellement accroché à une planche, la tempête et le nuage qui la provoquait s'estompèrent aussi vite qu'ils étaient apparus.

Sanada se sentit soulagé.

Un instant plus tard, il chutait dans l'eau, provoquant un "splash" retentissant.

Le choc ne réveilla pas la conscience du jeune homme. Et c'est donc sans aucune peur, sans aucun remord qu'il commença sa descente vers les abîmes, une partie de lui-même toujours dans les cimes.
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Danshi était doté d'une vitalité impressionnante pour quelqu'un ne sachant pas manipuler le chakra et les arts ninjas. Les muscles saillants, il les contracta et d'un coup de poing descendant qui se fracassa sur le pont de la forteresse après que tu l'eus esquivé, il prouva que sa force n'avait pas à rougir de la tienne. En guise de réponse, tu lui envoyas un coup de pied au visage qu'il para de son avant bras après avoir adopté une garde que tu n'avais jamais vu. De plusieurs mouvements de tête et d'épaules, il se mit à chalouper, les deux poings en avant au niveau du visage, l'un un peu en retrait de l'autre. Ses mains étaient emmitouflées à l'intérieur de deux gros gants ne ressemblant à rien que tu connaissais. Rouges, il épousaient le pouce, tandis que le reste des doigts étaient serrés dans une seule et même coque protectrice, ne leur permettant pas de se dissocier les uns des autres. Interloqué par son attitude et le fait qu'il sautillait toujours sur place, tu tentas par curiosité quelques attaques de mains, vives bien que peu appuyées, en direction de son visage. Certaines rebondirent contre ses gants savamment placés, alors qu'il esquiva les autres par plusieurs déplacements rapides, légèrement courbé sur lui même et contre-attaquant de plusieurs directs du gauche au torse. Ce style était vraiment surprenant, mais curieusement, si le haut du corps était intelligemment protégé, il laissait toute la partie inférieure à nu. Si bien qu'après avoir testé le tout, tu balanças une jambe en direction de ses pieds pour le balayer sèchement.

Tentant de se rattraper à la petite rambarde  du navire, il se laissa emporter par son élan et bascula par-dessus bord, non sans avoir pris le temps de te saisir un bras, profitant de ta prétentieuse inattention. Ne jamais sous estimer l'adversaire. C'était pourtant une règle d'or de ton apprentissage. Entraîné avec lui dans sa chute, tu eus tout juste le temps de prendre une grande inspiration, avant que vous ne vous enfonçâtes dans les profondeurs, ainsi liés l'un à l'autre. Bêtement, les choses s'équilibraient. Il était du coin et sans doute aguerri aux joutes aquatiques, tandis que tes forêts natales ne permettaient pas un entraînement poussé dans ce type d'élément. Ici tout était ralenti, tu en avais déjà fait l'expérience. L'autre, misant tout sur sa force, utilisa l'effet de surprise pour se glisser dans ton dos et passer son bras autour de ton cou pour l'enserrer de toute sa fougue. La surface était déjà à cinq mètres au-dessus de vous quand tu te décidas enfin à réagir, saisissant le poignet du bras qui t'étranglait pour le tordre et lui faire lâcher sa prise. Ce qu'il fit en laissant échapper quelques bulles, avant d'attraper un harpon à sa ceinture et de le pointer sur toi. De si près et avec toute cette eau autour, il allait être compliqué d'esquiver.

*Fukumi Hari*

Cette technique ne nécessitant pas de mudras, elle fut lancée dans l'instant, les senbons visant le bras qui pointait le harpon. Banco. Il laissa l'arme lui échapper et la regarda s'éloigner avant de nager dans ta direction. Une succession de coups de poings s'ensuivit, jusqu'à ce que tu commences à manquer d'air, alors que lui semblait encore pimpant. Jetant un œil vers le haut, tu jaugeas la distance à parcourir à une dizaine de mètres. Il te fallait remonter rapidement. De quelques brasses, après avoir repoussé l'autre d'un pied libérateur, tu engageas la remontée, poursuivi par ton assaillant. Plus que trois mètres. Deux. Enfin, tu y étais. A peine le temps d'une demi respiration que l'ennemi te chopas la cheville pour te ramener vers le fond, tout en profitant de l'appui pour reprendre un peu d'air à son tour et amorcer un piqué droit sur toi, couteau à la main. Tu évitas l'attaque de peu en déplaçant imperceptiblement ton épaule droite mais, pendant que tu bloquais le bras agresseur sous ton aisselle, le corps de l'autre se plaqua contre le tien et t'entraîna un peu plus vers l'abîme. Plus le choix. Suffocant, il te fallait en finir rapidement.

*Ranshinsho*

Entouré de plusieurs bancs de poissons venus assister au spectacle, tu plaquas une main sur le dos de Danshi. Totalement perturbé et incapable de se mouvoir à sa guise, ce dernier paniqua, avant que tu ne lui assènes un coup net et incisif sur la nuque pour le mettre hors d'état de nuire. Agrippant l'inconscient par le col, tu amorças une nouvelle ascension pile au moment où deux raies mantas géantes passèrent sous vos pieds pour vous saluer à leur façon. Étrangement, plusieurs flashs lumineux éclairaient ta progression, comme pour te montrer le chemin à suivre dans la noirceur de la nuit. Que se passait-il là-haut? A bout de souffle, tu émergeas enfin. Jamais l'oxygène ne t'avait paru aussi délectable, si bien que tu t'en gorgeas les poumons pendant plusieurs secondes, stupéfait par le nuage qui s'était formé en si peu de temps au-dessus de vos têtes et constatant que la forteresse avait clairement dérivé, emportée en même temps que vous par le courant. La faute à une voilure déchirée de toutes parts. Qu'avait-il bien pu se passer pendant le temps que tu avais passé sous l'eau?

Conséquence directe de l'orage annoncé, la mer s'agita de plus en plus, le navire de Danshi et Kuro s'éloignant peu à peu de toi pendant que tu débattais tant bien que mal pour rester à la surface de l'eau, l'autre boulet accroché à toi ne te rendant pas la tâche aisée. Avant que les premières gouttes de pluie ne se mêlent à l'eau salée, il te sembla apercevoir au loin l'Arsenal de Baku et Miliana sombrer lentement, ainsi que le Kimura, avec à son bord une silhouette, les mains levées vers le ciel. Sanada? Était-il possible que? Pas le temps d'y penser, des creux de plus en plus important se formant, alors que tu approchais de la forteresse.

Une vague plus grosse que les autres déferla par-dessus l'embarcation à l'instant où tu parvins à agripper l'un de ses rebords. Tu chargeas Danshi sur ton épaule et débutas ton ascension. Le bougre pesait son poids et ce ne fut qu'au prix d'un effort incroyable qu'épuisé, tu te hissas finalement sur le pont. Il était temps, l'inattendu orage se transformant en une véritable tempête, le vent et la pluie se tirant la bourre comme deux démons en quête de suprématie. Bringuebalé dans tous les sens, tu déposas Danshi et le harnacha au premier cordage venu, avant d'essayer de te maintenir en équilibre debout, après avoir injecté une infime dose de chakra sous tes pieds.

Face à toi, protégé par l'épaisse coque recouvrant la cabine de pilotage, Kuro exprima pour la première fois un regard empli de doute lorsqu'il te vit avancer dans sa direction, en t'accrochant à tout ce qui pouvais favoriser une progression compliquée. Plusieurs déferlantes aqueuses s'abattirent sur le navire, le faisant tanguer sur ses flancs, tandis que tu parvenais de plus en plus difficilement à te maintenir debout, ton estomac s'invitant au dîner des imprévus. D'un vomissement immonde, tu recrachas la totalité de tes repas du jour, un genou à terre et une main au niveau du ventre pour tenter d'endiguer au mieux la douleur qui te tiraillait.

Une lueur d'espoir réapparue alors sur le visage de Kuro qui empoigna deux harpons avant de sortir de la cabine, une corde solidement attachée autour de la taille d'un côté et à l'une des poutres principales à l'autre bout, pour assurer ses arrières. Il pointa les armes de pêche dans ta direction et brailla quelques mots, dont tu ne retins qu'un ''ordure'' et un ''fini'', les autres se perdant dans le vacarme orchestré par le déluge.

Les flèches furent décochées simultanément à deux kunaïs qui les percutèrent pour dévier leur trajectoire, avant que tu ne te replies en deux, rattrapé par les caprices d'un estomac de plus en plus ulcéré. C'était donc ça le truc que l'on appelait mal de mer. Tu allais devoir en finir promptement pour retrouver la terre ferme au plus vite. Du coin de l’œil, tu aperçus Kuro s'apprêtant à regagner l'intérieur de la cabine et repris ta lente marche en avant, un sourire carnassier au coin des lèvres et les cheveux trempés.

-SHIKAAAAAAAAAA !

Cette voix. Sanada, quelque part derrière-toi. Déplaçant tes pieds pas à pas, tu te retournas pour t'enquérir de sa position, mais rien n'y fit, ton champ de vision étant bien trop obstruée par le climat environnant. Tu avais vu pas mal d'orages dans ta vie et celui-ci n'avait assurément rien de naturel, bien qu'il semblait en voie de se calmer, les gouttes se faisant plus éparses.

Concentré sur ta recherche du jeune perliculteur, ce n'est qu'au dernier moment qui tu remarquas le kunaï qui fendait l'air dans ta direction, alors que celui-ci n'était plus qu'à un mètre de toi. D'un réflexe que tu ne te soupçonnais pas, tu penchas le buste en arrière, les cuisses accompagnant le mouvement avec l'attitude d'un danseur de limbo, une danse des forêts dont le but est de passer sous un bâton tendu par deux partenaires qui abaissent sa hauteur à chaque passage. La scène sembla se dérouler au ralenti, les gouttes d'eau giclant de tes dreadlocks et la lame frôlant ton torse sur toute sa longueur, avant de poursuivre sa route vers Kuro. Cependant, il était évident que le lancé allait être trop court et rebondir sur le pont.

Maintenant la position, tu décrochas une nouvelle pointe ninja de ta ceinture et la jetas vers celle que tu venais d'éviter, afin de la dévier en la cognant sur l'arrière. L'arme lancée par Sanada changea alors de trajectoire pour aller se ficher dans la cuisse de Kuro, qui accompagna la réussite de l'entreprise d'un hurlement de douleur. Sans savoir s'il pouvait te voir, avec un grand sourire, tu tendis un pouce victorieux à l'attention du Masamune pour lui signifier que son kunaï avait fait mouche, avant de t'approcher de votre adversaire, le nuage au-dessus de vos têtes se dissipant peu à peu. Te penchant au-dessus de lui après avoir attrapé une corde dans une main et t'être saisit d'un scalpel dans l'autre, tu plantas un regard sombre dans le sien.

-Tu prends la corde, l'histoire s'arrête là, tu te réveilles au sec et tu crois ce que tu veux...tu prends le scalpel, tu restes au pays de merveilles et je te montre jusqu'où va la cruauté...voilà les deux matrices que je peux te proposer...

Sans se faire prier, l'autre reconnut sa défaite et tendit les bras pour que tu les ligotes au mât. Enfin, après quelques instants, la mer se calma, quand un plouf sonore retentit aux abords du bateau. Derrière toi, le Kimura. Où était Sanada? Tu passas en revu tout le tour de la forteresse pour finalement distinguer quelques bulles discrètes qui remontaient à la surface. Malgré le mal de ventre qui t'agressait encore, tu ne réfléchis pas plus d'une seconde et plongeas pour récupérer ton ami. Une fois sous l'eau, tu constatas son inertie au fur et à mesure qu'il s'enfonçait plus profondément. Tu parvins à le rattraper et lui saisis la taille, alors qu'un groupe de dauphin vint tourner en rond autour de vous, apparemment heureux de constater l'accalmie. Tu avais fait beaucoup d'efforts récemment et la remontée s'annonçait délicate. Par deux fois tu manquas de lâcher ton camarade lorsque, arrivé à mi-parcours, tu sentis tes forces te lâcher. Pile l'instant choisi par l'un des mammifères pour se glisser sous toi et vous remonter aussi vite que possible. Il ne te fallut ensuite pas longtemps pour jeter le Masamune sur le pont et le rejoindre.

-Sanada-kun...bordel, réveille-toi...imploras-tu en le giflant de plusieurs allers retours médicalement approuvés.

Réalisant un diagnostique rapide, tu constatas qu'il ne respirait plus et que son cœur semblait s'être arrêté. Des soins rapides s'imposaient. Pas le choix, tu allais devoir lui dispenser plusieurs insufflations pour éjecter le surplus d'eau de mer ingurgité. Mais avant ça, il te fallait trouver un moyen de réactiver son muscle cardiaque. C'est alors que tu te remémoras le fruit d'une pêche précédente. Tandis que tu comptais bien bouffer le poisson longiligne qui s'agitait au bout de sa ligne, Sanada t'avait stoppé dans ton élan en t'expliquant que cette espèce n'était pas comestible car chargé d'électricité, d'où le nom d'anguille électrique qu'il lui donnait. Fasciné par cette curiosité de la nature, tu avais supplié ton compagnon de le placer dans un seau plutôt que de le rejeter à la mer, afin de pouvoir l'observer à ta guise. Grand bien t'en avais pris! L'idée ne fit qu'un tour dans ton cerveau. Tu te ruas sur le contenant en question et le déposas à côté du Masamune, avant d'en extraire la bestiole, non sans avoir pris soin de te recouvrir les mains d'une matière isolante. Un sourire aux lèvres, fier de ta découverte médicale, tu balanças le poisson sur le torse de ton camarade, en hurlant à pleins poumons.

-ANGUILLO-CARDIOGRAMME NO JUTSU...

Le corps de ton partenaire sursauta plusieurs fois sur place, quelques gerbes d'eau s'échappant de sa bouche avant que son cœur ne reparte. D'un coup de pied bien placé, tu repoussas l'anguille au loin et administra au garçon plusieurs insufflations, puis tu le plaças en position latérale pour qu'il recrache le surplus aqueux. Enfin, tu ajustas le tout d'une technique d'Iroujutsu pour t'assurer une cicatrisation rapide des organes touchés dans la noyade. Il pouvait respirer. Toi aussi. Il était sauf. Plus qu'à le laisser se reposer jusqu'à ce qu'il revint à lui de lui-même.

Reprenant ton souffle et tes esprits, tu actas la contre-offensive. Hors de question de laisser trop de marge de manœuvre aux Makusaï et à leur duo de complices. S'ils mettaient la main sur la perle, tout était fini. Tu devais arriver avant eux et pour cela, il allait te falloir piloter le Kimura, malgré des connaissances plus que succinctes en la matière. Ce qui se déroula par la suite, du moment où tu posas une main sur la barre jusqu'à celui où tu foulas le sol d'un pied hésitant, se passait de commentaires, votre embarcation empruntant les trajectoires les plus improbables, si l'on pouvait appeler cela des trajectoires. Mais, malgré ce trajet aléatoire, pendant lequel tu vomis plus d'une fois de la bile, l'essentiel était acquis. Vous aviez atteint la terre ferme, et c'est dans un ouf de soulagement que tu apprécias, plus que de mesure, de retrouver enfin un terrain stable. Visiblement fatigué, Sanada revint néanmoins à lui alors que tu t'apprêtais à le charger sur ton dos.

-Pfiouuuu...Sanada-kun, tu m'as fait une de ces peurs...ne refait plus jamais un truc pareil...ton cœur s'était arrêté, mais heureusement j'ai pu le faire repartir...tu pourras dire merci à ton anguille électrique...marquant une pause, tu le dévisageas avec un air interrogateur...et cet orage, là, c'était quoi exactement? Ça n'avait pas grand chose de naturel...il va falloir qu'on cause tous les deux...hésitant à satisfaire ta curiosité dans l'immédiat, tu te retins finalement d'aller plus loin pour le moment, arguant qu'il était plus urgent de s'occuper des frangins et de leurs acolytes...mais on verra ça plus tard, y a des Makusaï qui attendent qu'on leur botte les fesses et une perle qui ne demande qu'à être cueillie...suis-moi...conclues-tu d'un sourire motivé.

La route vous mena à une petite crique de sable fin, après quelques minutes passées à crapahuter au milieu des rochers. Planqué derrière l'un d'eux, tu aperçus distinctement Alana et Goraku. Les deux étaient en train de faire le guet devant une petite cascade dont le son résonnait dans le silence de la nuit en venant percuter les pierres qui la composaient. Aucune traces des deux frères. Se pouvait-il qu'il soient derrière l'eau vrombissante? Sans doute!

-Ne bouge pas d'ici Sanada-kun...je vais me débrouiller pour passer au-dessus de la cascade...chuchotas-tu.

De plusieurs déplacements furtifs, tu joignis les actes à la parole pour surplomber la chute d'eau, une huitaine de mètres en contre haut de vos adversaires, avant de te munir d'une grosse pierre que tu jetas sur Goraku, puis d'éparpiller une poignée de makibishis à leurs pieds. Le morceau de roche frappa sa cible à l'épaule, le faisant choir en avant, ses mains prenant douloureusement appuis sur les petites pointes ninjas. Désorienté, il ne vit pas arriver le coup que tu lui portas pour l'assommer, après avoir agilement bondit jusqu'en bas. Alana, surprise par l'enchaînement des actions, sursauta en marchant sur les makibishis au moment où elle t'aperçut du coin de l’œil. Prête à crier, tu déposas promptement un index sur ses lèvres, puis la saisis par la taille et  l'embrassas fougueusement, profitant de son hésitation. Serrée contre-toi, elle perdit finalement connaissance lorsque tu abattis sur sa nuque un coup précis.

-La voie est libre Sanada-kun...

Trempé pour trempé, tu n'eus aucun mal à te glisser sous la cascade pour découvrir une caverne assez large pour accueillir deux personnes. Sur les parois, une humidité certaine qui n'offrait aucune prise viable, tandis que le sol était recouvert d'une fine couche aqueuse. Cette dernière, ainsi que la friabilité globale de l'endroit, rendaient la discrétion d'autant plus compliquée. Tout au bout du premier tunnel, un second, plus étroit semblait déboucher sur une lueur plus intense que les autres. Une torche enflammée. Les frères Makusaï se trouvaient probablement au bout de ce couloir. La perle également.

Techniques utilisées:
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Masamune Sanada
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Fiche du Ninja
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Carte et itinéraire:


“ Ouvre les yeux.”


La lumière blanche vint frapper ses rétines, l'aveuglant quelques secondes.
La paupière se referma. Une fois, puis deux, le regard s'ajustant petit à petit à l'éclairage écrasant de la pièce.

Sanada se releva doucement. La sensation de l'eau froide glissant sur le tissu humide collant à la peau avait disparu. Il se sentait bien, étrangement léger et euphorique, comme lorsqu'il fumait l'herbe sacrée de son calumet.
Autour de lui, il n'y avait que quatre cloisons, rien d'autre, aucun meuble ne venait habiller la petite pièce. Trois murs, d'une blancheur plus aveuglante encore que la lumière, entouraient le perliculteur. En face de lui, cependant, le mur n'en était pas vraiment un, c'était un gigantesque miroir.
Mais il n'en était pas si sûr.
Il voyait bien son reflet dans la matière réfléchissante, mais celui-ci semblait légèrement différent.

Voulant saisir ne serait-ce qu'une certitude dans cet océan inconnu, Sanada avança légèrement.

Comme il l'avait craint, son reflet, lui, ne bougea pas d'un pouce, se contentant de le regarder avec un air malicieux.

Sanada sentit la panique monter en lui, mais pour une fois, la sensation était différente, comme si elle ne pouvait se rattacher à quelque chose. Elle semblait voler ici et là dans sa poitrine, laissant de la place pour l'euphorie qui voguait toujours dans ce corps vide.
En s'approchant, il fut tenté de toucher la frontière entre lui et son double, mais un instinct enfoui au fond de son être lui ordonnait de se retenir.

Peut-être les dieux eux-mêmes ne pouvaient que chuchoter dans cette pièce si étrange.

- Je te confie la pierre. Dit le reflet dans le miroir.

- Quoi ? Quelle pierre ?

- Parce que tu ne veux pas t'en servir, et, seul une personne qui veut la pierre, mais ne veut pas s'en servir, l'aura.

- Ce que vous dites n'a absolument aucun sens.

- Ah, je crois que je me suis trompé d'histoire… Dit le reflet d'un air déçu. Il s'immobilisa une seconde, puis reprit son air apathique en fixant l'androgyne.

Sanada prit une longue inspiration pour se calmer. Il creusa sa mémoire à la recherche des raisons qui l'avaient amené ici. Pourtant, malgré ses efforts, il ne se souvenait de rien d'autre qu'un orage puissant s'abattant sur eux.

Sur eux ?

Sanada était avec quelqu'un, un homme. Il n'arrivait pas à mettre un visage ou un nom sur la silhouette qu'il avait retracée dans son esprit, mais pourtant, il ressentait un sentiment de chaleur et d'amitié devant cette ombre sculptée de souvenirs flous et éparses.

Après une longue attente, alors qu'il était assis contre un mur immaculé, le reflet s'approcha enfin.

Sanada se précipita vers lui, il n'était qu'à quelques mètres et pourtant, chaque pas de plus semblait estomper son écho, qui disparut entièrement lorsque le perliculteur fut tout proche.

Un clignement d'œil plus tard, Sanada se retrouva tout à coup devant son véritable portrait.
Totalement perdu, il leva la main, puis l'autre, parfaitement imité par son double qui paraissait maintenant être le reflet naturel d'un miroir banal.
Sanada s'approcha pour s'observer.
Il se toucha les joues, bizarrement flasques, et tenta de les remonter.
Alors qu'il appliquait une pression sur sa peau, celle-ci se mit à couler doucement vers le bas.
Ses paupières tombaient irrémédiablement, comme si son épiderme était devenu un objet extérieur à son corps. Sous la force de la pesanteur, le jeune homme voyait son doux visage aux traits fins se transformer en une matière atonique et molle, qui tombait de plus en plus, révélant peu à peu la chair derrière le masque de l'homme.

Sanada remonta tant bien que mal sa peau, mais chaque fois qu'il tendait le tissu humain, une partie lui restait entre les doigts, l'épiderme devenant aussi sec qu'une qu'une feuille morte.

Devant la vision horrifique de sa peau lui servant maintenant de col-roulé et de son visage à vif, il recula avec force, gagné par une douleur qui lui emplit la poitrine.

Puis, ce fut l’obscurité. Et la chute.

“Ouvre les yeux”.



La douleur traversa les poumons de Sanada qui dans un réflexe de survie se redressa, crachant une quantité non-négligeable d'eau salée qui lui irrita la gorge.
Les sensations l'assaillirent de toutes parts, sa conscience replongeant dans le réel comme s'il s'agissait d'un bain glacé.

“ Le réel, c'est quand on se cogne” se répéta-t-il en pensant à sa mère, avant de tomber dans un sommeil profond et réparateur.

Les trajectoires hasardeuses du Kimura forcèrent le jeune homme à reprendre une semi-conscience, toujours incapable de parler, la bouche remplie de cette amertume salée, il pria intérieurement, bougeant le moins possible pour récupérer rapidement.
Son épuisement était tel cependant qu'il alterna entre le sommeil et la prière pendant tout le trajet qui les menait vers la dernière destination de leur périple.
Sanada ignorait comment Shika avait pu suivre la trace des Makusaï et de leurs sbires. Bientôt, pourtant, il entendit le bruit d'une ancre qu'on jette à l'eau. Le vent se fit plus doux, le Kimura, sous la seule lumière de la lune, s'immobilisa près des immenses montagnes gardiennes des souterrains qui descendaient dans les abîmes de la terre, jusqu'au coeur du cratère fumant.

Sanada empêcha son ami de le porter, tandis que celui-ci lui racontait tout ce qu'il s'était passé depuis sa chute.
Le perliculteur était encore trop faible pour réellement écouter ce que disait le Nara. Il acquiesça, se remémorant une pièce composée d'un immense miroir et une sensation de légèreté, mais les souvenirs étaient si fins qu'ils semblaient disparaître à mesure que la mémoire tentait de les attraper.

Presque machinalement, il suivit Shika au travers des sentiers de la côte, ne se maudissant même pas pour la lenteur dont il faisait preuve comparé à son partenaire, plus déterminé que jamais. Après ce qui lui parut une éternité, ils débouchèrent sur une cascade aussi magnifique qu'elle était bruyante.

-Ne bouge pas d'ici Sanada-kun...je vais me débrouiller pour passer au-dessus de la cascade...chuchota-il

Le shinobi disparut dans la nuit, adoptant une posture aussi discrète que rapide. Sanada se mit à l'abri et alluma son calumet en faisant bien attention à ne pas générer une lumière trop forte.
Il fallait que sa conscience reprenne le dessus, que sa fatigue physique le quitte, et pour cela, l'herbe sacré faisait un effet immédiat dans le corps et l'esprit du croyant.
Bien sûr, sous l'ombre de la chaîne de montagne qui protégeait les mortels du volcan, la lumière de la lune n'avait plus de pouvoir. L'obscurité presque totale fut donc déchirée par la mèche qui s'enflamma après une explosion d'étincelles. La lumière fut fugace, mais elle suffit à alerter ceux qui gardaient l'entrée de la chute d'eau.

À peine Gorki avait-il fait un pas qu'une grosse pierre vint lui frapper l'épaule. Sous la force du choc, il tenta de se retenir, mais sembla encore plus mal en point une fois à quatre pattes. Une ombre s'abattit soudain à la suite de la pierre, assommant le gaillard sur le coup.
Sanada pencha la tête et aperçut son partenaire en train d'embrasser Aliana. Le jeune homme ne put s'empêcher de rire aux éclats lorsqu'il fut témoin du coup sec que le Nara porta derrière la nuque de la belle, la laissant délicatement retomber sur la pierre humide.

Shika lui rappelait un de ses héros romanesques préféré. Un Shinobi portant pour nom de code un numéro, avec une classe et un aplomb incroyable. Il était au service d'un daimyo femme. Celui-ci usait de multiples gadget improbables dans ses aventures, comme des kimonos capables de capable d'arrêter une lame, cachant une multitude de clés capables d'ouvrir tous les coffres, ou encore une écharpe se transformant en grappin.
Il avait pour autre particularité d'être un fin séducteur, faisant tomber dans ses bras l'associée désirable du grand méchant de l'histoire. Chaque roman avait son vilain et ses belles-dames, les deux tombant chaque fois devant la force et le charisme du serviteur secret de “la reine”.

Shika lui indiqua qu’il pouvait maintenant le rejoindre et c’est après une grande tape sur l’épaule et un clin d’œil qu’il suivit son ami dans les légendaires galeries de la fournaise.

Passé la douche froide fournit par la cascade en prime de bienvenu, ils avancèrent à pas feutrés jusqu'au mince couloir à peine éclairé par la lueur qui scintillait au bout.

Enfin, ils débouchèrent sur une salle sans doute creusée par la nature elle-même. En comptant l'entrée, il n'y avait pas moins de cinq couloirs différents qui s'enfonçaient dans la nuit noire.
L'entrée de ces tunnels était toutes éclairées par une torche, toute sauf deux. Les Makusaï s'en étaient sûrement servis pour illuminer leur pas sur le chemin de la perle.

L'équipage du Kimura avança, quelque peu impressionné par l'architecture aussi brute que majestueuse des lieux. Sanada n'avait entendu parlé de cet endroit que dans les contes locaux que racontaient les anciens à l'ombre d'un arbre sur l'une des places de la petite capitale de la perliculture. Mais aucun mot n'aurait pu d'écrire l'aura intimidante de la pierre et la chaleur suffocante qui régnait en ces lieux.
Le jeune androgyne, trop absorbé par la magnificence de la roche ocre magnifiée par le feu, trébucha sur un anneau en métal qui était fixé au sol et tomba de tout son long. Dans le mouvement, il avait soulevé l'anneau, ouvrant par là même une trappe qu'il n'aurait jamais vu sans cela.

Il se releva avec panache et découvrit un trou assez large pour deux personnes. Au fond, sept petits coffres avaient été disposés. Chaques écrins étaient gravés du nom d'un seigneur des mers, évidemment, celui des Makusaï était ouvert et vide. Sans réfléchir une seconde, Sanada s'empara de la petite boîte baptisée Kimura et tenta de l'ouvrir. Malheureusement pour lui, absolument rien ne se produisit. La boite semblait solidement fermée. À y regarder de plus près, un ingénieux système de rouleaux de cuivre permettait l'inscription d'un mot à six lettres. Sanada retourna le coffre et y découvrit un petit texte. Se rapprochant de Shika, il s'éclaircit la voix toujours quelque peu altéré par sa noyade.

- Shika, regarde ça ! Il faut répondre à cette énigme si on veut ouvrir la boite, je pense.

“ Courageux ! Tu as vogué comme un vrai marin.

Et la peau de l'arbre t'a montré la voie.

Mais maintenant que tu es ici-bas,

Écris donc le milieu du chemin.

Fais attention à ne pas te hâter.

Car une chance, tu auras.

Et si tu en viens à te tromper,

Je garderai mon secret jusqu'à ton trépas”


Sanada relu plusieurs fois les brûlures calligraphiques du bois, tournant en rond sous les volutes épaisses de fumées qu'il exhalait pour expulser une idée afin d'en accueillir une nouvelle.

- Prenons les choses dans l'ordre ! La première phrase est facile, on est dans l'antre de la perle, donc ok. “La peau de l'arbre”, qu'est-ce qui nous a montré là...La carte bien sûre ! S'exclama Sanada alors que Shika avait sorti le large papyrus qui faisait l'atout de la Constellation. “Maintenant que tu es”... Facile aussi, on est en sous la terre.“Écris-moi le milieu du chemin” ? …. Avec la carte…. Mais oui ! cria Sanada en se précipitant vers son ami. La carte nous indiquait La Vallée verte comme point de recherche, et nous sommes au cratère fumant enfin, encore loin, mais dans ses souterrains. Il faut donc inscrire un lieu notable environ entre les deux endroits. Ce qui nous laisse…..Dit Sanada en cherchant du doigt sur la grande carte l'itinéraire le plus direct entre les deux endroits. …. Le Mont solitaire, mais il est assez excentré, la barrière de corail ou le cercle. Nous avons six rouleaux de lettres, donc six lettres pour le mot. Il s'agit donc de corail ou de cercle.
On a une chance Shika, une…. Murmura-t-il en tenant le coffre comme s'il s'agissait d'un contenant à parchemin explosif.

Doucement, il fit pivoter le premier rouleau en bronze pour laisser apparaître la lettre C. Il s'agissait maintenant de faire un choix. Shika avait réussi à compenser les lacunes du jeune homme. Il avait combattu pour défendre non seulement son équipier, mais aussi ses concurrents. Maintenant qu'il s'agissait d'une énigme sur son île natal, il ne pouvait pas s'effacer une nouvelle fois pour laisser le Nara maître de leur destin.

“Cercle”.

Sanada n’en pouvait plus d’attendre, chaque seconde perdue les éloignait de la perle. Il arracha le mince fil de fer qui retenait une sorte de liquide noir. Si l’infortune avait fait choisir le mauvais mot au perliculteur, le contenu serait noyé sous cette mélasse épaisse. Détruisant leur seule chance de continuer sans se perdre complètement.

Les yeux fermés, il attendit le déclenchement du mécanisme, mais après une seconde, le soulagement gagna sa poitrine. Il avait, avec l’aide des dieux et de Jashin, maîtres des destinées, choisi le bon mot.

Dans la boite, il fut surpris de ne voir qu’une sorte de pierre à la forme angulaire accompagnée d’une feuille qui indiquait simplement quel couloir ils devaient emprunter.

Sanada s’empara d’une torche avant d’en lancer une autre à son partenaire. Avec un sourire, il fut heureux d’ouvrir la marche pour une fois. Les deux acolytes descendirent des sentiers escarpés pendant de longues heures.
La chaleur se faisait de plus en plus intense et Sanada buvait sans cesse dans sa gourde en peau. L’eau était encore fraîche et il pouvait la sentir emplir ses organes, refroidissant agréablement son corps pour un court instant.
Plusieurs fois, le jeune homme eut l'impression qu’ils étaient suivis. Les nombreux enfoncements de la roche étaient des lieux propices à l’espionnage et à l’embuscade. Il redoutait de tomber nez à nez avec une créature digne du royaume des £egoks à chaque moment, mais pourtant, seul de lointains vrombissements souterrains venaient accompagner le bruits de leur pas sur le sol volcanique.

Au bout de plusieurs heures, Sanada n'en pouvait plus. La chaleur le desséchait littéralement et sa gourde semblait tellement légère qu'il n'osait plus y tremper ses lèvres. Sous le ciel minéral et uniforme, il était impossible de savoir quelle heure il était, mais le jeune homme aurait parié qu'ils descendaient dans les abîmes de la terre depuis des jours.
À son grand soulagement, Shika proposa une pause. Ils trouvèrent un renfoncement assez profond pour les préserver un peu de l'accablante chaleur et dormir en paix.

- Je ne pensais pas un jour fouler les souterrains du pic fumant. On raconte que le premier Fuma shuriken a été forgé ici même, dans les forges des Khazâd, un peuple aujourd'hui éparpillé dans le Sekai.
Dit Sanada en tirant sur son poisson séché pour en déchirer la chaire salée.

Après avoir organisé les tours de gardes, Sanada s'endormit aussitôt, apaisé par la confiance aveugle qu'il avait en son partenaire.

Il fut secoué par celui-ci quelques minutes à peine après s'être assoupi, du moins c'est l'impression qu'il avait. Deux heures ayant effectivement passé depuis la halte.

Sanada remplit donc sa pipe et prit son tour de garde en ouvrant le grand livre que sa mère complétait de feuillets et autres pensées religieuses. Enfermé dans sa bulle enivrante, le jeune homme ne put résister à l'attrait du sommeil, et assis devant l'entrée du petit trou, il ferma les yeux sans même s'en rendre compte.

- Ils vont prendre la perle, ma perle. C'est moi qui l'ai posé…. Ma ronde, ma douce, ma brillante perle…

- Mais ce n'est pas ta perle, nous n'avons fait que notre devoir, comme chaque année…

- TAIS-TOI !


Les yeux toujours clos, Sanada avait la conscience bien éveillé et l'esprit en ébullition.

La voix ne ressemblait pas à celle d'un frère Makusaï, pire, c'était la même qui semblait dialoguer, changeant de ton d'une manière assez inquiétante.

- .... Ma perle, après toutes ces années. C'est à moi ! Moi ! Moi !

Sanada se leva doucement, prenant appui sur les pierres pieds nus, il fut assez discret pour glisser sa capuche contre la paroi, laissant apparaître le long escalier qui semblait s'étendre à l'infini dans les deux directions.

Dans un petit coin près d'un rocher, un homme aussi petit qu'un enfant semblait fixer le mur, en grande conversation avec son ombre qui dansait sous la lueur orangé de la torche qu'il tenait à la main.

- Nous devons prévenir le chef que les participants ont pénétré le temple de la perle. Il faut organiser les récompenses et…

- Pourquoi ? Écoutes, si nous prenons la perle, finit le travail...


Sanada, trop absorbé par ce qu'il était en train d'observer, prit appui sur une pierre friable qui céda.

Le bruit des petits cailloux tombant sur le sol alerta l'étrange bonhomme qui se retourna, dévoilant un visage assez anguleux avec de grands yeux rond empli de terreur qui contrastait avec le reste de son faciès.

- Hé, attends ! S'exclama Sanada.

Mais déjà, il avait fui. Il ne put voir qu'une ombre disparaître plus vite qu'un éclair dans une des innombrables crevasses sombres qui perçaient la roche de toutes parts.

Il retourna au campement de fortune pour réveiller son ami, mais ce n'était pas la peine. Le Nara était debout, le regard toujours empli de cette détermination bienveillante qui aurait pu motiver Sanada à parcourir un marathon dans le cœur de l'enfer.

À peu de choses près, c'est ce qu'ils s’apprêtaient à faire.
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Une boîte. Une boîte cubique, composée d'un rouleau de cuivre rotatif en six points ainsi que d'un texte rédigé sur sa face inférieure. D'une mine curieuse, tu collas plusieurs fois le nez aux inscriptions avant de relever périodiquement la tête en adoptant un air faussement songeur.  Le Masamune, totalement impliqué, supputa une énigme à déchiffrer quand tes propres réflexions, en manque flagrant de salvia divinorum, te firent imaginer toute autre chose. Tandis que ton acolyte commençait déjà à se remuer les méninges en répétant se répétant les différents vers, tu saisis la boîte à deux mains, puis la calas face à toi légèrement en hauteur, enjoué par tout ce qui te traversait l'esprit.

-Une énigme? Tu crois pas plutôt que c'est comme une sorte d'incantation?

Un grand sourire plus tard et te voilà sautillant d'un pied sur l'autre, adoptant une voix solennelle pour énoncer le texte, les yeux écarquillés en grand sur le coffre. Comme tu aurais pu t'en douter, rien ne se passa. Si bien que tu reposas le cube dans son écrin avant de prendre un peu de recul.

-Hmmm...une chanson peut être? Oui c'est ça, ça doit être une chanson qu'il faut chanter en rythme!

Tu commenças à cogner tes mains l'une contre l'autre pour donner la cadence.

-Et peut-être même qu'une petite danse favorise la réussite...

Tu engageas une sorte de danse de la pluie autour du socle de pierre, tout en chantant les paroles indiquées et en continuant de frapper dans tes mains. L'échec fut aussi retentissant que le précédent. Dépité par ces deux ratés successifs, tu jugeas finalement plus judicieux de te mettre en retrait pour laisser faire Sanada, profitant de l'instant pour te rouler une clope de sauge salvatrice pour ton cerveau désespérément embrumé par ta bêtise du moment.

La moue boudeuse, tu eus à peine le temps de finir ton roulage que ton partenaire parvint à résoudre ce qui s'avérait effectivement être une énigme en fin de compte, la réussite laissant apparaître une pierre et un parchemin indiquant la direction à suivre. Même si tu n'avais aucune idée sur le pourquoi et le comment, cette pierre anguleuse aurait assurément son importance pour récupérer la perle tant convoitée, mais curieusement lorsque tu tentas de la prendre pour la contempler, elle dégagea une forte chaleur qui te brûla la main. Si bien que tu la redonnas immédiatement à Sanada qui semblait supporter mieux que toi l'aura qu'elle dégageait. Peut être un rapport avec vos origines respectives. Le sourire retrouvé, tu le félicitas chaleureusement pour son bon sens, avant de déposer la cigarette sur ton oreille droite. Les mains ainsi libérées, tu  récupéras aisément la torche lancée par le Masamune et marchas à sa suite sur le sentier s'engouffrant dans les entrailles de cette terre.

Friand de contes et légendes en tous genres, tu te délectas des connaissances de ton coéquipier en la matière. Chaque virage était prétexte à une nouvelle histoire, chaque roche avait sa référence chez les anciens et les croyants. Ton ami était inénarrable à ce sujet. Tu buvais ses paroles. Sa culture de l'endroit était immense et tu aimais cela, ton regard pétillant de plaisir à chaque envolée lyrique.

Au fur et à mesure de votre avancée, la chaleur se faisait de plus en plus pesante, la sueur rampant entre tes omoplates avec assiduité. L'air, de plus en plus suffocant, était quant à lui vicié par une émanation odorante que tu ne connaissais que trop bien, bien qu'à moindre échelle, pour l'avoir déjà maintes fois humé en allumant tes cigarettes. Cette odeur de souffre, persistante pour l'occasion, imprégnait tes poumons avec une ferveur désagréable. Récupérant ta clope dans une main, tu n'eus d'ailleurs aucun mal à l'allumer par l'intermédiaire d'une petite tige de bois grattée contre les murs de l'endroit. Petit à petit, le pas se faisait plus fatigué. Si bien que tu ne rechignas pas lorsque Sanada proposa de faire une pause sensée vous remettre d'aplomb, après plusieurs heures de marche. Tu pris le premier tour de garde pour lui laisser le second, t'effondrant derechef pour quérir un repos mérité.

Malgré le souffre, l'oxygène était encore acceptablement présent ici. Pas sûr qu'il en serait de même plus tard. Il fallait en profiter. Tu ne mis pas longtemps à t'endormir, tes songes te guidant dans un monde extraordinaire, dans lequel, paré de ton chapeau de pirate, tu observais des enfants en train de voler auprès de fées minuscules et d'autres énergumènes, tandis qu'au bas de ton navire, un crocodile te regardait avec insistance en te montrant les dents pour te croquer, quand tout à coup il se mit à sonner tel un réveil qui ne manqua pas de t'extirper de ton sommeil en sursaut, relayé par un léger vrombissement venant de bien plus haut dans le dédale.

-Sanada-kun...t'écrias-tu machinalement.

Le jeune homme n'était pas là. Seul avec toi même en apparence, tu ressentis de nouveau cette présence qui t'avais fait croire que vous étiez suivis toute à l'heure. Le vrombissement se transforma quant à lui en une sorte de grouillement parasite qui semblait venir dans votre direction. Arquant un sourcil d'inquiétude, tu ramassas tes affaires à la va vite, ainsi que celles de ton compagnon d'aventure et te mis à sa recherche.

Tu ne mis pas longtemps à le retrouver puisque c'est lui qui vint finalement à ta rencontre. Tu l'accueillis avec un sourire bienveillant, pour lui indiquer ton plaisir de le retrouver et l'invita à ne pas trop traîner dans le coin à cause du bruit étrange que tu lui indiquas au loin. Sac sur le dos, vous reprîtes la route en vous enfonçant un peu plus encore dans les ténèbres du volcan, accompagnés par un air de plus en plus irrespirable et une chaleur de plus en plus insupportable. Trempé de sueur des pieds à la tête, tu n'eus d'autre choix que de retirer ta tunique pour l'essorer avant de la ranger dans ton sac. La respiration haletante, de grosses gouttes perlaient sur ton front pour venir terminer leur course en flaques sur le sol, telles les cailloux d'un petit poucet qui souhaiterait retrouver son chemin. La marche était de plus en plus difficile et tu ne manquais pas de jeter plusieurs regards inquiets à l'attention de ton partenaire pour t'assurer qu'il tenait le coup. Bien que de la région, pas sûr qu'il ait eu l'occasion de s'habituer souvent à de pareilles conditions. A première vue, il ne semblait pas plus vaillant que toi, vos deux paires de jambes se traînant avec lassitude, vos pieds trébuchant contre des cailloux devenus subitement trop volumineux pour que vos forces vous permettent de les enjamber avec autant d'aisance que précédemment. Vous manquâtes plusieurs fois de choir, mais chaque fois vous trouvâtes l'énergie nécessaire pour aller de l'avant. Le cœur du volcan se rapprochait et d'un regard bienveillant, tu tentas quelques mots.

-Sanada-kun...courage, nous y sommes presque...lui tendant la main...si je ne peux pas porter cette pierre, je peux vous porter vous monsieur Sanada !!!

Le bout du tunnel n'était à présent plus qu'à une centaine de mètre. Vous pouviez voir la lumière y apparaître à son extrémité. Accablés par la chaleur, ton oreille t'avais fait défaut. Tu n'avais pas entendu le bruit de grouillement se rapprocher peu à peu. Lorsque tu tournas la tête, tu découvris avec horreur une masse de bestioles difformes fondre sur vous. Difficilement identifiables, leur vie ici les avait sans doute fait muter au cours du temps pour créer une nouvelle espèce.

Créatures de l'ombre, il n'y avait qu'une seule issue pour vous en sortir. Retrouver la lumière. Rassemblant tes maigres forces, tu chargeas le Masamune sur ton dos sans lui demander son avis et courus à perdre haleine. Le souffle court, les poumons infestés du souffre caustique, tu refusas de céder maintenant. Sanada devait arriver au bout de cette course pour laquelle vous aviez tant donné, mis tant de cœur. Personne dans le sekaï ne pourrait plus jamais dire que les Nara avaient l'abandon facile.
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Masamune Sanada
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Hasch et Pêche ( Flash-back relationnel) [PV - Nara Shika] - Page 2 Left_bar_bleue2671/1200Hasch et Pêche ( Flash-back relationnel) [PV - Nara Shika] - Page 2 Empty_bar_bleue  (2671/1200)
Sanada, à peine conscient, se sentait ballotté sur le dos de son partenaire et sauveur. La charge du jeune perliculteur ne semblait aucunement gêner le shinobi qui grimpait à vive allure le long de la paroi rocheuse, se rapprochant du puits de lumière, synonyme d'air pur.

Le perliculteur entendait, derrière eux, un bruit indescriptible. On aurait dit que des milliers de percussionnistes frappaient la pierre à l'aide de fines tiges de bois sans aucun sens du rythme. Tous les musiciens tapaient à leurs propres rythmes, qui semblaient pourtant à chaque fois soutenus.

Enfin, alors que le son commençait à englober le duo, un air glacial lui gifla le visage. La première bouffée d'oxygène fut une extase plus grande encore que le dernier calumet de la journée. Lentement, Sanada laissa l'oxygène emplir ses poumons, les gonflants au maximum, avant d'expirer lentement. Il se sentit alors être déposé au sol, sentant la douceur de l'herbe fraîche et parfumé lui caresser les joues. Il ouvrit les yeux une seconde pour adresser un long sourire à son partenaire, puis, exténué par des efforts qu'il soumettait pour la première fois à son corps, il s'endormit pour quelques heures. C'est le son d'un oiseau qui le réveilla. Il sentit d'abord les rayons du soleil sur sa peau. Cette chaleur douce et agréable qui contrastait tant avec la brûlante atmosphère sous le volcan. L'odeur de nourriture cuisant sur le feu finit de le convaincre de se relever.

- Je ne sais pas ce qu'étaient ces bruits quand tu m'as porté ainsi, et je tiens à te dire que je ne veux pas savoir. Mais merci. Sans toi, je n'aurai jamais pu en arriver là.


À ces mots, Sanada regarda autour de lui. Partout, de gigantesques murs de roche lisse les entouraient, comme une cathédrale aussi austère que titanesque. Les parois montaient tellement hauts qu'elles semblaient toucher littéralement le ciel.

- Nous sommes au centre du volcan ! S'écria Sanada. Khazad-dûm, l'ancienne cité des forgerons. 4

Le petit trou qu'ils avaient traversé pour atteindre la surface depuis les entrailles du volcan donnait sur une petite pointe rocheuse qui dominait un gigantesque gouffre. Un pont massif de pierre blanche semblait avoir fait fonction de jonction entre les deux parties, mais il était tranché net de par et d'autres, ce qui prouvait sans doute que le temps n'avait rien à faire dans la raison de son effondrement. Encore plus saisissant, l'entrée de la cité légendaire semblait intacte, tellement parfaite dans son architecture et sa construction que les âges n'avaient aucune emprise sur la pierre, devenue bénite par le travail des orfèvres des profondeurs.
Sanada contempla pendant un long moment la majestuosité du lieu légendaire qui s'offrait à son regard. L'immense porte de bois bardé de métal portait la fresque historique de la création du lieu. Tout en haut, un peuple de paysans était sculptés, s'affairant dans les rizières et les champs. Au milieu, juste au-dessus de l'immense poutre d'acier qui scellait les deux battants, une scène de village se faisant attaquer par d'énormes monstres aux multiples queues était gravée, puis l'exode, et enfin la montagne et son abri.

Sanada savait que les Khazads étaient un peuple du continent qui avait fui un massacre, mais jamais il n'avait eu autant de détail conté par les protagonistes mêmes de cette légende. La porte était ornée d'une immense voûte si grande qu'elle englobait totalement l'immense entrée. Elle semblait regorger de salles et de portes cachées au sein des milliers de sculptures de pierre et de métal qui la composait. Si la perle était quelque part, c'était forcément dans ce monument. Sanada s'approcha du précipice pour vérifier qu'il n'y avait aucune trace de corde ou d'un objet qui puisse prouver la présence antérieure de leurs concurrents. Mais il ne trouva rien. Personne ne semblait avoir pénétré ces lieux depuis des siècles, et, pourtant, si la perle était là, il se trompait.

Le mausolée de la renaissance entourait la grande porte de Khazad-dûm et représentait la grandeur des architectes de la cité, anciennes victimes devenues guerriers. Chaque membre-fondateur y était sculpté dans son ensemble dans le cœur de la montagne, les doigts de pieds dépassant allègrement la taille d'un homme valeureux. Les sommets des couronnes étaient sculptées sur les bords de l'énorme cratère, donnant l'impression que seul le ciel qui perçait la roche dentelles dominaient ces géants. L'impression de gigantisme était telle, que même à cette distance, Sanada semblait être en capacité de percevoir les détails des sourcils, la forme des iris des héros de l'ancien peuple. Pourtant, les statues étaient si grandes que cela n'était qu'une impression.

En effet, au loin, juché entre deux cheveux de métal de Hattori Hanzo, un des fondateurs de la cité et véritable légende des îles, l'homme trapu que Sanada avait aperçu observait le duo en conversant avec lui-même.

- Le petit et le ninja vont réussir. J'en suis sûr.

- Ils ne méritent pas cela, il faut les prévenir.

-  Tu ne dis rien, cela se passera bien, ou comme toutes les autres années.

- Mais nous pouvons récupérer la per…

- Assez ! La perle n'est rien. Et s'ils réussissent, s'en est fini de cette vie enfermée.

Ignorant tout de la conspiration qui les menaçait lui et son ami, Sanada faisait les cent pas le long du précipice entre les piliers qui délimitait le pont. Après un souffle de frustration, il alluma son calumet et s'assit à côté de Shika.


- Bon, je pense qu'il n'y pas d'énigme ou de secret cette fois-ci, il fait juste qu'on trouve un moyen de sauter par-dessus un trou de dix mètres. Les inscriptions sur le pont ne font que raconter l'histoire de Khazad-dûm et de la raison de sa création. Si j'ai bien tout compris, ce peuple était un village de forgerons libre. Leur travail était si glorieux qu'il fut décidé par les daimyos de l'époque qu'aucun ne devait s'approprier leur savoir-faire exclusivement. Ils les ont donc laissé vivre en paix. Le village était prospère, tous les plus grands guerriers et riches seigneurs voulant une lame légendaire de ce clan. Un jour, pourtant, leur village se fit attaquer par un des monstres si grands qu'ils détruisirent leurs remparts réputés pourtant comme impénétrable. Les quelques survivants ont alors fui à la recherche d'un écrin pour leur nouvelle forteresse. Un endroit que même les “monstres aux multiples queues” comme ils les nomment, ne pourraient souiller. Après des années, ils trouvèrent cette montagne perdue au milieu des mers. Ils firent un pacte avec la montagne, si elle s'apaisait, il construirait une merveille en son sein, la rendrait joyaux des monts, diamant des montagnes. Elle accepta et c'est ainsi que la ville fut créée. Comment fut-elle à nouveau détruite, ce n'est pas marqué. Dit le jeune homme en regardant le cercle de ciel qui les couvrait. Enfin, pour en revenir à nos moutons, je pense que toi, tu pourrais peut-être t'en sortir avec ton chakra. Mais moi, je ne peux vraiment rien faire. On est pourtant si prêt ! Conclut-il en jetant une pierre dans le précipice.

Plusieurs secondes passèrent avant qu'un bruit sourd ne résonne entre les immenses sculptures.  

Le son failli désarçonner l'ombre toujours cachée dans la chevelure de métal. De peur de choir, ou pire, de se faire repérer, il s'éloigna avec précaution avant de renter dans ses quartiers, situés à l'intérieur de la tête du héros fondateur de la ville morte.

- Ne te fais pas une si grande joie, tu n'auras pas ta perle cette année. Ils vont réussir.

- Traverser le pont n'est rien, mon espoir, c'est le gardien du mausolée. Le ninja peut être fort, il finira comme les autres.
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Enfin, vous étiez à l'air libre. Épuisé par l'effort en quasi apnée que tu venais de réaliser, tu déposas Sanada sur le sol, du moins si l'on peut considérer comme une dépose homologuée le lâché de Masamune imposé par ton manque de force du moment. Il ne te fallut pas longtemps pour le rejoindre sur le matelas herbeux qui composait l'endroit et jurait avec les abîmes que vous veniez de traverser. D'une toux sèche et bruyante, tes poumons expulsèrent les résidus de souffre dont il s'étaient imprégnés, pendant que ton regard se posait sur l'immensité du décor environnant. Les pics abrupts tout autour, le gouffre et cette fabuleuse citadelle qui vous faisait face. Fier du chemin accomplit jusqu'ici tout autant qu'émerveillé par ce qui s'offrait à ta vue en cet instant, tu posas un regard bienveillant sur ton compagnon de route en le regardant rejoindre les bras de Morphée, sans oser lui poser maintenant les milliards de questions qui te taraudaient et auxquelles tu savais qu'il saurait répondre à coup sûr. Reprenant ton souffle avant de t'endormir à ton tour, tu te roulas une cigarette de salvia que tu mis du temps à fumer, pour profiter au mieux de ces instants de solitudes contemplateurs. Avec sérénité. Si ta vie de shinobi errant t'amenait à parfois ressentir le manque du clan qui t'avait vu naître, des forêts ancestrales qui en étaient son lieu de résidence, assurément, rien ne pourrait jamais remplacer la multitude de découvertes toutes plus pittoresque les unes que les autres, que tu avais pu faire au cours de tes pérégrinations dans le sekaï.

Le sommeil fut court. Du moins, c'est ce que la fatigue encore bien présente au réveil te laissa supposer. Ton camarade, lui, dormait encore comme un bébé. Si bien que tu occupas le temps en rassemblant tout ce qui pouvait être utile à la mise en place d'un feu, afin de faire cuire les quelques vivres qu'il vous restait. Tu ne savais pas combien de temps encore allait durer votre aventure, mais il allait falloir vous rationner, tant en nourriture qu'en eau. Après celui-ci, il ne vous resterait plus qu'un repas frugal à disposition, ainsi qu'une gourde d'un litre d'eau chacun. Et bien sûr le fond d'une bouteille de rhum. Apparemment, le repas ne devait pas être trop loupé cette fois, puisque c'est l'odeur qui s'en dégageait qui ramena le Masamune à tes côtés, pour un instant de partage. Sans sourciller, tu l'écoutas te remercier, avant de lui octroyer un sourire accompagné d'un geste de la main signifiant que c'était normal.

Nous sommes au centre du volcan ! Khazad-dûm, l'ancienne cité des forgerons.

Tu avais mis en plein dans le mille peu avant. Inépuisable source de connaissance sur l'Histoire et les histoires de sa région, Sanada allait pouvoir répondre à tes interrogations. Ce qu'il ne tarda pas à faire, tandis que tu ne pouvais quitter des yeux deux étranges créatures planquées entre les sculptures de l'immense porte de la citadelle. Comme toujours, le récit était passionnant et te fit frémir lorsqu'il mentionna les monstres aux multiples queues. Un rapport avec le démon à queue que te contait ton père étant enfant? Celui avec qui vos voisins Sarutobi avaient eu maille à partir? Sans doute. La similarité de l'appellation était bien trop proche pour n'être qu'une coïncidence. A chaque pas supplémentaire, les légendes du sekaï devenaient un peu plus réalité, ce qui te donnait à chaque fois envie de pousser l'expertise un peu plus loin encore.

Enfin, pour en revenir à nos moutons, je pense que toi, tu pourrais peut-être t'en sortir avec ton chakra. Mais moi, je ne peux vraiment rien faire. On est pourtant si prêt !

En effet, vous étiez de plus en plus prêt du but, tu n'avais aucun doute là-dessus. Et vous deviez avancer encore. Toujours avancer. Tendant l'oreille pour écouter les sons émis par la pierre jetée par ton coéquipier dans le précipice, tu n'entendis rien. Le néant. S'il y avait un fond en bas, il devait être sacrément loin pour que votre oreille ne puisse rien percevoir. Il ne fallait pas se louper pour traverser. Tu t'accroupis au bord du gouffre puis, poing fermé, vint frapper trois coups secs contre la paroi intérieure afin de t'assurer de la solidité de l'ensemble. De la pierre, ça restait ton domaine pour de la manipulation. Une chance. En revanche, la distance à parcourir te paraissait à la limite du surmontable par rapport aux techniques à ta disposition. Gardant la position, tu tournas la tête vers le Masamune.

-Bon, Sanada-kun, je ne vois que deux solutions. Soit une main d'ombre qui te lancera de l'autre côté, mais l'atterrissage n'est pas garanti sans fracas, soit un mur de terre placé à l'horizontal, mais même en jouant au maximum sur la longueur plutôt que sur la largeur, je doit pouvoir pousser le truc jusqu'à huit mètres grand maximum, ce qui laisse deux mètres ou plus à sauter, sachant que l'édifice ne sera pas plus large qu'une trentaine de centimètres si je l'étire en longueur de cette façon...en te redressant, la mine un peu plus inquiète...sans compter que mes réserves de chakra ne sont pas inépuisables...

Il y avait des possibilités. Il fallait maintenant choisir la meilleure. Celle qui assurerait au mieux la sécurité de ton compère. Après quelques secondes supplémentaires de réflexion, agrémentées de quelques tafs sur une nouvelle clope de sauge des devins, tu passas la tige à Sanada et te mis en position, une main sur le rebord de la falaise, après avoir réalisé quelques mudras.

Un pont de terre, peu large, s'étira du rebord où vous vous trouviez vers l'autre extrémité, pour s'arrêter à un peu moins de trois mètres de l'objectif ultime.

-Faut pas traîner maintenant, vu la finesse de la construction, je ne garanti pas une solidité à toute épreuve sur la durée!

D'un pas hâtif, tu t'engageas le premier sur le pont de fortune en invitant ton partenaire à te suivre de près puis, arrivé à un mètre du bout de ta création terreuse, tu manipulas de nouveaux signes pour faire jaillir une gigantesque main d'ombre qui ne tarda pas à saisir le Masamune pour finalement le déposer de l'autre côté, avec bien plus de douceur que n'aurait généré une projection de bord à bord. Tu n'avais plus qu'à prendre quelques pas d'élan pour sauter par dessus le vide restant et le rejoindre. Mais, car il y a souvent un mais lorsque tout semble se dérouler comme prévu, le sol se déroba sous tes pieds au moment de prendre ton appel. Un bon mètre du pont s'effondra, te faisant perdre tes appuis puis choir.

Ce n'est qu'au prix d'un réflexe shinobiesque que l'une de tes mains s'agrippa au rebord qui commençait lui aussi à s'effriter sous ton poids. Ainsi suspendu dans le vide, il allait te falloir être prudent sous peine de voir l'édifice se briser dans son entièreté. La deuxième main rejoignant la première, tu te hissas tant bien que mal, en prenant le plus grand soin d'éviter tout mouvement brusque. Une fois debout, tu jaugeas la distance. Pas loin de quatre mètres à sauter. Cela restait encore faisable, mais la friabilité de l'ensemble ne t'assurait plus aucune certitude à présent. Si tu prenais ton appui à l'extrémité du pont, nul doute que celui-ci s'effondrerait avant que tu n'aies pu prendre une impulsion suffisante. Il te fallait prendre une marge de sécurité suffisante. Tous ces calculs effectués, tu reculas de plusieurs pas et t'élanças en retenant ton souffle, espérant que la fatigue ne t'ait pas trop fait perdre de tes moyens. Ton pied d'appel claqua contre la roche, l'écho du choc se réverbérant sur les parois alentours. L'impulsion générée te permit de décoller à la manière d'un Carliru Lewisoto, célèbre shinobi reconnu pour ses bonds en longueur impressionnants, tandis que le pont finit de s'émietter pour tomber dans le vide en petits morceaux.

Malgré l'effort, tu allais être trop juste. Ton corps frappa violemment la falaise en même temps que tes mains en crochetèrent le bord par instinct de survie. Sonné, tu adressas malgré tout un sourire en direction de Sanada, en lui demandant de t'aider à te hisser.

-Sanda-kun, c'est le moment d'être mon héros...

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Le perliculteur se précipita vers le fossé pour attraper la main de son partenaire, et, faisant basculer tout son poids vers l'arrière, réussi tant bien que mal à le remonter.

La sueur perlant sur son front, à cause de l'effort, mais surtout de la frayeur qu'il avait ressentie en se sentant balancé au-dessus du vide abyssale, le perliculteur épousseta sa tenue avant de laisser son soulagement sortir de sa poitrine dans un souffle.

- Wouh, on a encore eu chaud !
Dit-il d'un air qui mêlait l'amusement et la peur panique.

Sans attendre plus longtemps, ils se dirigèrent vers la voûte qui englobait la porte, une cinquantaine de mètres plus loin.

L'entrée de la cité avait été créée pour impressionner les visiteurs, mais surtout les éventuels assaillants, et une chose était sûr, les architectes avaient bien rempli leur tâche.
Taillée à même la pierre, l'antichambre de la cité paraissait assez grande pour y contenir un village. De chaque côté, des centaines de sculptures et de fresques semblaient relaté des événements historiques du Sekai, parsemé par quelques portes de bois usés par le temps.

Sanada pénétra dans l'une d'elle pour y découvrir une pièce plus simple, bien que très ornementée contenant une table de pierre et quelques chaises de bois beaucoup moins bien conservées.

- Je pense que ces pièces devaient servir de bureaux d'entrées, ou bien même de boutiques. La cité devait être réservée aux seuls citoyens, peut-être la peur d'une nouvelle attaque à rendu ce peuple plus isolationniste que jamais.


Des dizaines d'hypothèses germaient dans son esprit, l'une remplacée par une autre qu'il jugeait plus probable, pourtant, à son grand désarroi, aucune ne semblait entièrement satisfaisante.

- Je ne comprends pas. La perle ne peut être dans la cité, les immenses portes sont scellées depuis des siècles, les secrets de Khazads enfouis. Si nous pouvions rentrer, tout le village aurait été au courant depuis des lustres. Dit Sanada visiblement contrarié de ne pas comprendre. Où sont les Makusai ? Ils devraient être loin devant, et pourtant, il n'y a aucun signe d'une présence humaine, à part la nôtre ! S'écria-t-il passablement énervé.

- Les Makusai ne sont pas là, ils n'ont même jamais pu aller aussi loin. Une voix assez grave venait de résonner entre les immenses murs de la voûte.

Surpris, le jeune homme sortir de la pièce en trombe. Il observa les statues pour y déceler celui que venait de parler. Enfin, en hauteur, sous une des arches qui maintenait l'énorme entrée de la cité, il aperçut une silhouette voûté, qui cachait son visage dans une capuche.

- Qui êtes-vous ? S’écria Sanada. Où est la perle ?

- La perle ? Elle est là. Dit l’homme en tendant une énorme boule de nacre de sa main droite. Mais la Perle n’est qu’une excuse. Un stratagème inventé il y a des années par des génies pour tenter de percer les mystères de la cité perdue des Khazad. Voyez-vous, au travers de toutes ces années, l’emplacement final de cette course si cher à ce village d'alcoolique n’a jamais changé. Ainsi, des dizaines d’aventuriers plus aguerris les uns que les autres se sont présentés devant cette porte, pour arracher la perle de l’empereur et la gloire qui allait avec. Pourtant, cette perle ne vaut rien pour nous, elle n’est qu’une excuse, un prétexte pour faire venir des guerriers afin qu’ils exécutent le sale boulot à notre place. Pourquoi me direz-vous ? Pourquoi organiser une course aussi grande, alors même qu’il suffisait de propager la rumeur de l’emplacement exact de la citée perdue des Khazad pour voir des centaines d’aventuriers et autres shinobis tenter de percer les mystères et la porte de la ville sculpté dans la montagne ? Cela est simple, il nous fallait être discret, garder la connaissance qui se cache derrière ces murs si épais. Les différents concurrents qui ont réussi à pénétrer le cœur du volcan au fil des années nous ont aidés, inconsciemment bien sûr, à avancer. Jusqu’à ce point là. L’antichambre de la cité de pierre est la dernière étape avant notre règne. La dernière étape tout court pour vous autres.

- Où sont les Makusai ? Que leur avez-vous fait ? Demanda Sanada, qui décidément, était complètement perdu.

- Les Makusai attendent sagement de l'autre côté de l'île. Quand vous aurez rempli la mission pour laquelle nous vous avons mené jusque-là, nous leur remettrons la perle, qu'ils puissent se vanter de leurs exploits. Eux-mêmes ignorent pourquoi la course existe réellement. Ils savent juste que s'ils obéissent, ils ont la garantie de terminer la course en champion. Ils sont bien trop bêtes et pas assez puissants pour avoir une chance de survivre au gardien. Mais vous ! Vous avez réussi sans trop d'embûches à arriver jusque-là, comme tant d'autres ninjas, vous avez découvert la cité perdue, et comme tant d'autres ninjas, vous allez périr. Mais ce n'est pas ce que je veux, au contraire. J'attends depuis des décennies celui qui viendra ici et battra le gardien de cette porte. Ensuite, il ne nous restera plus qu'à prendre la seconde partie de la clé, et les secrets de la ville souterraine, de l'art de la forge jusqu'aux écrits concernant l'attaque des monstres sera à nous. Dit-il en montrant cette fois-ci une tablette de runes qui semblait incomplète. La seconde partie est à l'intérieur du gardien, et je compte sur vous par la récupérer. Tous sont morts en essayant de lui échapper, mais peut-être y arriverez-vous. Dans ce cas-là, je n'aurai qu'à attendre votre mort, même si cela doit durer des semaines. Et enfin, je pourrais confier la clé complète à mon maître.

Malgré l'ombre et la capuche qui le cachait, Sanada crut voir un sourire prédateur se dessiner sur la bouche de l'étranger.

- Enfin, assez bavardé. Je vous laisse vous débrouiller avec le gardien. Dit-il en jetant une simple pierre sur l'immense porte de la citée perdue.

Sanada tourna sur lui-même, la peur envahissant ses tripes. Ils n'avaient plus le choix, s'ils choisissaient de rebrousser chemin, la fatigue et le manque d'eau auraient raison d'eux.
Il fallait faire face.

À peine l'idée de la fuite s'était noyée dans son esprit qu'il entendit un hurlement inhumain résonner entre les murs.
Par réflexe, il se rapprocha de Shika, la panique gagnant chacun de ses organes.
Des bruits de pas lourds se firent entendre, de plus en plus sourd, de plus en plus proche.

Enfin, une immense statue de pierre, presque aussi haute que le dôme fit son apparition. Malgré sa peau de marbre, la statue semblait bouger comme un véritable humain, pointant son épée de plus de quatre mètres en direction de l'équipage du Kimura.

Sanada regarda son partenaire et ami, si seulement il avait été aussi fort que Shika, peut-être auraient-ils eu une chance de survivre. Mais face à un tel colosse de pierre, que pouvait-il faire ? Pire, Shika allait devoir combattre tout en le protégeant.

Loin d'être une aide, il était un rempart de plus protégeant les secrets de la citée oubliée des Khazad.
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Tout en reprenant une nouvelle fois ton souffle après les dernières péripéties, tu pus admirer le nouveau décor qui s'offrait à toi. Aussi mystérieuse qu'attirante, la cité proposait une antichambre fastueuse à la valeur historique indéniable. Si les chaises attirèrent rapidement ton regard d'homme fourbu, tu te ravisas bien vite en constatant leur état. Nulle doute que tu n'aurais pas fait long feu assis là-dessus. Si tu avais eu les concepteurs sous la main, tu leur aurais bien dit deux mots sur la solidité de celles-ci, en comparaison de la table massive qui trônait au centre de la pièce.

Il ne fallut pas longtemps pour que votre inspection et vos incompréhensions soient interrompues par une voix goguenarde qui se mit à débiter un tas de conneries. Les Makusaï pas là? Et on fait comment pour leur botter les fesses? En même temps tu trouvais ça louche qu'ils aient réussi à traverser. Encore une fourberie de leur part t'étais-tu dis! La perle qu'une excuse? Un stratagème? Hop hop hop. Attends! Habituellement les stratagèmes sournois étaient l'apanage des Nara et ceux-ci n'étaient pas sensés en être les victimes! Le reste fut du même acabit, chaque parole supplémentaire confirmant que tout ceci était un piège à cons dont les Makusaï étaient les principaux bénéficiaires. Pas de quoi les faire remonter dans ton estime. Tu tiquas un peu plus encore lorsque l'autre vous soumit l'idée de votre mort prochaine des mains d'un gardien. Le reste de son discours fut anecdotique à tes oreilles.

-Hey toi là-bas...il est vachement réaliste ton scénario, mais il est maintenant temps d'arrêter les blagues et de nous filer la perle...

Tu n'eus droit qu'à un petit rire moqueur en guise de réponse. Une indicible envie de faire la peau à l'encapuchonné te saisit aux tripes.

-Alors là, je dis non! Non, non, non et encore non...grommelas-tu...on n'a pas fait tout ce chemin pour s'entendre dire un truc pareil!!! Y en a marre maintenant...et puis t'es qui toi d'abord? Pourquoi tu viens pas nous dire ça en face? Hein? Alors, vas-y, réponds? Donne-nous la perle immédiatement bordel!!! Je refuse de me prêter à ta mise en scène, aussi bien foutue soit-elle...y a un moment donné faut arrêter de rajouter des trucs dans le scénario juste parce que vous vous rendez compte qu'on est meilleurs que les frangins...

Refusant de croire à la réalité du moment, tu attendais presque l'instant où tout les participants sortiraient en même temps pour applaudir votre victoire. Il n'en fut rien. La mine boudeuse de l'enfant qui n'a pas le cadeau qu'il souhaitait, tu te roulas une cigarette de sauge avant de l'allumer, puis de te laisser glisser en tailleur sur le sol et de détourner ton regard, le menton relevé.

-Nan nan nan nan nan nan nan....c'est pas la peine d'insister, j'ai dit NON...rien à foutre de vos conneries...je veux la perle...je VEUX la perle...MAINTENANT...surenchéris-tu pendant que Sanada se rapprochait de toi.

Blasé par ce qui se déroulait, tu étais bien décidé à ne rien céder, jusqu'à ce que le regard égaré de ton compagnon ne te ramena à la raison. Au moment même où l'épée de la gigantesque statue s'abattit sur vous. D'un réflexe, tu repoussas le Masamune d'un côté en bondissant toi-même vers celui opposé.

-Woooooooh...doucement tas de briques...tu comprends pas quand on dit non?

Manifestement pas, puisqu'il était déjà en train d'armer le coup suivant en serrant le poing de son autre main. Tu ne semblais plus pouvoir éviter l'affrontement, bien que tu jetas un œil avisé sur le gouffre derrière-toi, avec l'idée d'y replacer une technique doton pour rebrousser chemin. Hypothèse rapidement abandonnée. Le colosse aurait eu tôt fait de briser le pont de fortune et de vous faire chuter avec les débris.

De plusieurs petits pas, tu te mis à tourner autour du géant pour jauger ses capacités, en attrapant à ta ceinture un kunaï que tu lui lanças. Comme prévu, la lame rebondit contre le roc de son torse avant de retomber sur le sol. A ta grande surprise, l'autre se mouvait à une allure incroyable malgré son imposante masse corporelle. Son énorme poing manqua d'ailleurs de peu de venir t'éclater la tronche contre la porte d'entrée de l'antique cité. Ce ne fut que d'un bond agile et grâce à une vitesse au-dessus de la moyenne que tu parvins à l'esquiver. Si les armes basiques semblaient inutiles face à lui, comme tu l'avais précédemment expliqué à ton partenaire, tes réserves de chakra n'étaient pas inépuisables et force était de constater que tu avais déjà bien tapé dedans. A tout casser, il devait te rester la moitié de ton chakra à disposition. Il allait donc falloir ruser pour limiter au mieux la dépense d'énergie, sous peine de ne pas tenir bien longtemps.

-Sanada-kun...ton calumet...tu crois que tu peux créer une fumée épaisse avec? Suffisamment épaisse pour obstruer un peu la vue de face de caillou si on combine avec ma clope de salvia?

A peine avais-tu terminé ta phrase que le mastodonte asséna un nouveau coup d'épée horizontal que tu évitas en te baissant promptement, avant que sa jambe ne balaye l'espace assez largement pour venir t'attraper la cuisse et t'envoyer valser contre l'une des chaises en bois qui se fracassa sous le choc. Sonné, tu pris quelques secondes à te relever et te mis immédiatement en quête de la cigarette qui avait quitté tes lèvres au moment de l'envolée. L'adversaire, te croyant sans doute hors-circuit, était déjà en train d'approcher de ton coéquipier, la mine toujours aussi stoïque et son épée au-dessus de la tête, prête à frapper le jeune perliculteur.  

Aidé par un léger filet de fumée s'échappant du sol, tu récupéras la clope et la porta à la bouche. Tu saisis ensuite deux nouveaux kunaïs que tu lui lanças. Le premier à la base du cou, le deuxième frôlant son visage au niveau des yeux pour finir sa course dans les abîmes. Si le premier jet eut le même résultat que précédemment, le second, ayant pour objectif de s'assurer que l'ennemi ne pouvait pas manquer qu'on l'attaquait, fut une réussite. Il détourna son regard de ton ami et gronda dans ta direction, apparemment surpris de te voir encore debout. Sans prévenir, il frappa un grand coup qui fit trembler le sol, après que tu l'aies évité en courant autour de lui à pleine vitesse, pour finalement enregistrer une glissade sur plusieurs mètres qui te mena à côté de ton camarade. Tu lui tendis un parchemin.

-Tiens Sanada-kun, ça c'est ton permis de tuer les tas de pierre agressifs. C'est un parchemin explosif. Plaque le sur son torse ou dans son dos quand tu seras certain qu'il ne peut pas t'en coller une. Je m'occupe de détourner son attention...quand je lèverais le bras, on crache la fumée ensemble vers sa tête et pour le reste ce sera à toi de jouer...

Derechef, tu tiras plusieurs grandes bouffées sur ta tige, en prenant soin de ne pas recracher la fumée, tandis que face à vous, probablement vexé par ses échecs successifs, le golem hurla toute sa rage, faisant trembler les falaises et la cité alentours. Quelques gravas se détachèrent de part et d'autre pour s'écraser tout autour de vous. Les pieds bien encrés dans le sol, tu fis front face à l'adversaire, avant d'avancer vers lui d'un pas nonchalant, un scalpel chargé de chakra dans chaque main.

*Pas fantôme*

Surpris par l'attaque, le monstre recula d'un pas au moment même où tu levas la main, recrachant tout la fumée accumulée vers son visage en espérant que le Masamune en ferait autant. La drogue serait peut-être votre sauveuse. Un argument futur pour vanter ses bienfaits à ceux qui la réprouve. Tu profitas de la diversion pour étirer un kagemane qui se fixa à son ombre. L'autre était fort. Trop fort pour que tu puisses maintenir l'immobilisation bien longtemps. Si bien que sans savoir ce qui s'était déroulé, tu volas peu de temps après contre la porte, frappé par la violence d'un coup de bras, après que l'autre se soit énergiquement libéré de la technique. Tu t'écrasas au sol, le regard flou. Plus qu'à espérer que Sanada avait eu le temps de réussir son entreprise. Si tel était le cas l'autre n'en mourrait sans doute pas mais en serait sûrement fortement ébranlé, jusqu'au prochain assaut.

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Masamune Sanada
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Le bout de bois rond au bout du calumet, réceptacle de l'herbe sacré de Shima-Biizo s'illumina. Lentement, la fumée tomba sous l'aspiration du futur soldat des Cinq dans le bois gravé des prières de la Pythie. L'effluve combla chaque ramure altérant son état, son goût, son effet. Sanada la sentit emplir son âme, puis, dans un souffle, la recracha.
À sa grande surprise, une quantité phénoménale de fumée fut expulsée, d'une couleur noirâtre, elle semblait être parsemée de fines étincelles bleutées. Le petit nuage compact se dirigea vers le colosse de pierre, lui masquant partiellement la vue.
Malgré cela, il parvint à toucher Shika d'un coup de pied alors que celui-ci venait d'habillement esquivé un premier assaut. Le bruit du bois qui se fracasse fit trembler le perliculteur qui semblait plus impuissant que jamais.

Il fut contraint de se ressaisir quand le gardien de la cité perdue se dirigea vers lui, mais malgré l'éveil complet de sa conscience, son corps refusait de bouger.
L'épée pointée vers le ciel, le jeune adolescent observa un instant la mine satisfaite du démon froid, en passe de satisfaire la colère que lui infligeait un réveil si brusque. Ne voulant pas être le propre témoin de sa mort, Sanada ferma les yeux, prêt à recevoir le supplice que tant d'autres véritables champions de la course avaient vécu avant lui.
Au moment où ses muscles se contractèrent en réponse à l'agression imminente, il entendit distinctement un cliquetis, suivi d'un second, un peu plus sourd. Ouvrant à nouveau les yeux, il aperçut la statue le regard tourné vers son acolyte. Le cri qui s'ensuivit fut comme un électrochoc. Retrouvant l'usage de ses jambes, Sanada s'éloigna un peu de la bête alors que Shika, d'une esquive suivie d'une glissade encore plus impressionnante, parvint à ses côtés.

-Tiens Sanada-kun, ça c'est ton permis de tuer les tas de pierre agressifs. C'est un parchemin explosif. Plaque le sur son torse ou dans son dos quand tu seras certain qu'il ne peut pas t'en coller une. Je m'occupe de détourner son attention...quand je lèverais le bras, on crache la fumée ensemble vers sa tête et pour le reste ce sera à toi de jouer…

Sanada acquiesça, déterminé à ne pas rester un poids mort pour l'éternité. Il reprit des lattes de son calumet, essayant de retrouver le calme et le naturel qui avait provoqué l'étrange fumée. La fumée dans les poumons, il sentit quelque chose naître dans sa poitrine, une vibration, comme un grondement sourd venant d'un continent lointain.
Lorsque Shika leva la main tout en se dirigeant d'un presque nonchalant vers son adversaire, il relâcha la fumée sacré. Plus encore que la première fois, le nuage sembla sombre et profond, nimbé de fin filaments bleu électrique. Sanada ne comprenait pas vraiment comment l'herbe pouvait créer un petit nuage aussi étrange, mais il mit cela sur le compte d'une grâce divine. Les dieux étaient de leur côté. L'ombre si spéciale que semblait manipuler le Nara se glissa sous le nuage, emportant le titan dans le monde de l'obscurité, royaume où elle régnait en reine. Sanada sut alors qu'il était temps. Le parchemin explosif dans une main, le calumet dans l'autre, il se précipita vers le colosse qui faisait face au shinobi.

D'un saut, il parvint à s'accrocher tant bien que mal au cou glaciale et lisse de la statue animée. Celle-ci fut surprise par un assaut aussi peu orthodoxe et fut, une seconde, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Lorsque ce fut le cas, elle se mit à secouer la tête de manière frénétique, faisant tanguer le jeune perliculteur qui restait tant bien que mal sur les épaules du géant.

Dans une tentative désespérée pour se raccrocher après un mouvement très brusque de l'hôte qui tentait de se débarrasser du parasite, Sanada planta le bout de son calumet dans une des narines de marbre de la statue. Le colosse poussa un cri d'effroi mêlé de douleur, se dandinant plus sévèrement encore. C'est à ce moment que l'androgyne colla le parchemin explosif sur l'arrière du cou du gardien. Avec un simple lâché prise, il parvint à être éjecté loin du corps.

Sanada se mit tout de suite à la recherche de son calumet qui avait lui aussi sauté dans le mouvement et alors qu'il le rangeait à sa ceinture, fut l'heureux témoin de l'expulsion massive du parchemin. Jamais il n'aurait pu croire qu'un bout de papier avait autant de puissance s'il ne venait pas de l'expérimenter par lui-même. Le souffle fut tel qu'il souffla le jeune homme qui était pourtant à quelques mètres du géant. Éjecté par d'une immense colonne, le regard de Sanada fut attiré par un autre combat qui semblait se dérouler au-dessus de leurs têtes.

Il reconnut tout de suite la silhouette bossue du petit homme qui les avait suivis depuis les débuts de leur descente, celle qu'il avait perçue alors que Shika dormait. Celui qui semblait converser avec lui-même. Le stalker était aux prises avec l'affreux personnage encapuchonnée. Les coups pleuvaient, mais on voyait bien que ni l'un ni l'autre n'étaient des ninjas, et leur maladresse les mena inexorablement à la chute. Dans un bruit sourd, ils atterrirent au pied de l'androgyne.

- Je veux cette Perle. Vous aviez promis.

- Lâche-moi sale bête !!! Lâche-moi !

Abasourdi par une telle scène, il fut incapable d'aider le bossu à rosser celui qui se prenait pour manipulateur.

D'un coup, l'encapuchonné parvint à s'extraire des mains griffues de son adversaire et se précipita en courant vers le fossé.

- Si tu m'attaques encore, je jette la perle de l'empereur dans le fossé. Dit-il avec son air satisfait.

Pour seule réponse, le bossu se jeta sur l'homme, lui arrachant littéralement les doigts avec les dents avant d'être emporté dans le vide.

Pour Sanada, ce fut comme si la scène se passait au ralenti. D'un appui lourd, il s'éjecta vers le précipice à la suite du malheureux qui avaient pourtant la mine la plus radieuse qui soit, les yeux rieurs fixés sur l'énorme perle tachetée de sang. Dans un mouvement précis, il attrapa le kimono du conspirateur d'une main et le pied du bossu de l'autre.
Paniqué, le malotru à la capuche accrocha ses jambes dans un trou creusé par la roche, retenant tout ce beau monde d'une chute certaine.

- Lâchez-moi, je vais perdre la moitié de la clé ! Dit-il alors que Sanada voyait passer devant ses yeux la partie de la tablette incrustée de pierre précieuse et de runes d'or.

L'éclat de l'objet se perdit peu à peu, disparaissant dans l'immensité infini de l'abîme qui menaçait de les croquer eux aussi.

- Shikaaa ! Cria Sanada alors que ses bras commençaient à faiblir. Sors-nous de là !

Peu importe cette histoire de clé et de cité perdue. Ils étaient là pour la perle, et ils n'allaient pas se la faire voler si près du but. Même s'il fallait l'arracher des mains des £egoks en personnes.
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Shikaaa ! Sors-nous de là !

Le cri te sortit de ton état semi-comateux. Le regard dans le vague, tu te tenais là, adossé à la porte d'entrée de la citadelle, encore groggy pas le vol plané infligée par le colosse. Ajustant quelques gifles sur tes joues rougies par les efforts précédents, tu tentas de trouver la provenance de cet appel à l'aide. Dans quoi s'était encore fourré Sanada. Et le tas de pierre? Qu'était t-il devenu? Si tu avais bien entendu la déflagration qui prouvait la réussite du perliculteur, il n'était pas certains que cela suffise pour abattre l'ennemi. Dans le mile! La statue se tenait là, devant toi, prête à engager un nouvel assaut, bien que sa silhouette n'ait plus grand chose à voir avec celle d'un être vivant. Son bras droit avait été arraché en même temps que la tête. Elle gisait à présent sur le sol, ses grands yeux creux et inexpressifs pointant droit sur toi. Comme si le carnage n'était pas suffisant, la matière composant le corps du monstre se fissurait en plusieurs endroits, dont un au niveau de l'aine qui laissait supposer que la jambe n'allait pas tarder à céder. D'autant plus si on l'y aidait un peu.

Tout en te relevant difficilement, affligé de quelques courbatures, pour ne pas dire quelques fractures sans doute, tu laissas ton regard redevenu plus net faire un tour d'horizon. L'abîme! C'est de là que provenait le hurlement. Sanada était pendu dans le vide en train de s'accrocher à quelque chose qui semblait être l'abruti qui vous avait tendu ce piège. Mais comment avaient-ils bien pu se retrouver dans cette situation. Il n'y avait pas moyen de comater un peu sans qu'il se passe un drame. Et puis il en avait de bonnes. L'aider maintenant alors que tu avais toujours face à toi l'autre mastodonte, visiblement bien décidé à en découdre encore un peu, n'avait rien d'une sinécure. Même si ce dernier ne ressemblait plus à grand chose. Bordel, comment allais-tu pouvoir gérer tout ça cette fois-ci. Sanada ne tiendrait pas longtemps, mais toi non plus si tu ne faisais pas les choses dans le bon sordre. D'abord la statue et ensuite Sanada, tout cela dans un temps le plus court possible bien sûr.

-Sanda-kun, tiens bon encore quelques instants, je ne peux pas passer pour le moment, j'essaye d'en terminer avec cette chose au plus vite et j'arrive...tiens bon je t'en conjure !!!

Grand bien te pris de focaliser ton attention sur l'énorme masse, puisque sans attendre que tu sois disponible, elle engagea le second round d'un coup de poing descendant qui se fracassa sur le sol après que tu l'eus évité de justesse. Il y avait quelque chose de perturbant à se battre contre un adversaire décapité. D'autant plus lorsque sa tête vous regardait aussi fixement.

-Hey et toi tête de caillou, arrête un peu de me regarder comme ça, tu me fais flipper...

Manifestement très en colère la statue multiplia les assauts. Un véritable déluge de coups de poings et pieds te prenant pour cible. Une chance que le bras brisé ait été celui maniant l'épée, cette dernière ayant sans doute chue dans le gouffre au moment de l'explosion. Il était d'ailleurs surprenant de voir qu'elle était encore capable de maintenir une vitesse plu qu'honorable, malgré ses nombreuses afflictions. Aucun moyen de parer, sauf envies masochistes de te faire broyer les os. L'esquive était ta seule porte de sortie. Et il fallait que tu te sortes de là, car plus les secondes passaient et plus l'autre t'acculait contre le mur derrière toi. Si jusqu'ici tu évitais les coups désordonnés tant bien que mal, les choses risquaient de se compliquer si tu n'avais plus la même liberté de mouvement. Sans compter qu'en jetant un coup d’œil droit devant, tu voyais le Masamune puiser dans ses ressources pour tenir du mieux qu'il pouvait. Quelques grosses gouttes de sueur perlaient à présent sur ton front. Ton souffle se faisait plus irrégulier et ton visage grimaçait d'une fatigue à son apogée.

Plus de temps à perdre. Un regard appuyé sur la fissure au niveau de l'aine de ton adversaire, puis d'un kawarimi tu te transportas dans son dos, entre lui et le gouffre, en même temps que son poing massif éclatait en morceaux la roche qui avait pris ta place. Surpris par ta soudaine disparition, il eut un moment d'inattention dont tu devais absolument profiter, quitte à puiser dans tes dernières ressources.

-KAGEZUKAMI...hurlas-tu comme un exutoire...

La désormais célèbre main d'ombre géante apparue dans le dos du colosse et dans un élan imprégné de toute ta conviction du moment, alla s'écraser sur sa jambe. Celle déjà bien entamée. Le membre vola en éclat tandis que son propriétaire chuta lourdement sur le côté. En avait-il pour son compte? Rien de moins sûr, mais au moins cette fois, ses mouvements étaient grandement entravés. Si bien que tu te ruas vers ton camarade d'aventure pour l'attraper par son vêtement et l'extraire de cette situation délicate. A l'autre bout du perliculteur, il y avait une espèce de bossu sacrément laid qui tenait la perle dans ses mains. Celle-ci était tâchée de sang sans que tu ne comprennes pourquoi. Il y avait également l'encapuchonné, dont le sang giclait par à-coups au niveau du doigt. Relation de cause à effet, tu compris mieux le sang sur l'objet de votre quête. Quelque chose de pas très net venait de se dérouler, mais ce n'était pas le moment de t'inquiéter de ça. Sanada allait bien, c'était bien là l'essentiel. D'autant plus que tu avais devant toi tout ce dont vous aviez besoin. Le comploteur et la perle. Tu te tournas d'abord vers l'homme à la capuche, tandis qu'un grondement retentit derrière toi. Le gardien de la cité était en train de ramper dans votre direction. Il n'avait donc pas de limite. Tu attrapas le comploteur par le col.

-Maintenant tu vas nous dire comment on en fini une bonne fois pour toute avec ce truc!!!

-Lâ...lâchez-moi...je...je n'ai aucune idée de comment le vaincre, sinon vous vous doutez bien que ce problème aurait été résolu depuis bien longtemps...lâchez-moi vite, il...il arrive...

Son visage était marqué d'une peur qui se reflétait dans un regard fixé sur le colosse qui s'approchait de plus en plus. Quand il fut assez proche, il étira son unique bras restant vers vous pour te saisir. Tu évitas d'un pas sur le côté, son bras retombant dans le vide alors que tu venais de relâcher ta cible précédente. Au bord du ravin, tu jetas un œil vers le bas pour repérer plusieurs petites cavités, puis te redressa vers l'ennemi.

-C'est moi que tu veux, alors viens me chercher!!!

La statue se dirigea un peu plus vers toi tandis que tu sautas dans le vide, un kunaï dans chaque main. Ainsi démantibulé, l'autre ne put pas grand chose et fut emporté, tant par sa masse corporelle que par son envie obsessionnelle de te faire la peau. Au moment de tomber, son énorme pied attrapa le manipulateur à la capuche sur son passage et l'entraîna avec lui dans sa chute. Pendant que tu plantais tes deux kunaïs dans la roche en contrebas, tu les regardas disparaître dans les profondeurs, le plus petit des deux lâchant un cri de terreur fit écho plusieurs secondes. Sans que tu ne puisses le voir, au centre de la table de l'antichambre, la deuxième moitié de la tablette venait d'apparaître.

Une fois de plus, les rôles étaient inversés. Tu te retrouvais à ton tour suspendu dans le vide, avec comme seules sources de sauvegarde tes deux couteaux ninjas et le peu d'énergie qu'il te restait. Tu savais que tu réussirais à remonter en escaladant à l'aide de tes armes ou d'un kinobori, mais ça prendrait un certain temps au regard de ton état actuel.

-C'est bon Sanada-kun, je suis vivant...dis-tu en étirant un sourire jusqu'aux oreilles, pas malheureux d'en avoir enfin terminé avec le gardien...et je devrais pouvoir me débrouiller tout seul t'inquiète pas...dis, c'est qui l'autre affreux avec toi? Et il fait quoi avec notre perle dans les mains? C'est un concurrent qu'on avait pas vu au départ? Ou alors on l'a vu mais quelqu'un lui a jeté un sort qui l'a transformé en cette chose? Tu crois que ça porte bonheur si on touche sa bosse? En tout cas, ce serait aimable de sa part de nous rendre la perle pour laquelle on en a bien chié jusqu'ici...

Désormais, le Masamune était seul avec le bossu pour quelques minutes. Le temps que tu en termines avec ta lente remontée.

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Sanada ne put s'empêcher de sourire, un peu honteusement devant le bossu, en écoutant les remarques de son partenaire pendant qu'il remontait péniblement. Il aurait voulu l'aider, mais il n'avait pas de corde, et surtout, il était épuisé. Il se sentait vide de toute énergie, comme si les jours de fatigue accumulés depuis le début de la course revenaient d'un coup envahir son corps pour le condamner à l'immobilité. D'un geste qu'il voulait pacifique et avenant, il tendit la main en direction de celui qui avait la perle pour lui demander ce qui était leur trophée.

- Tu as entendu mon ami, et tu l'as vu combattre, il vaut mieux que tu nous donnes la perle, ensuite, tu seras libre.

- Oui, bien sûr monseigneur, vous avez réussi la course, et avez percé les mystères de l'antichambre de la cité perdue. Dit l'étrange personnage en tendant la pierre.

Au moment où Sanada allait la récupérer, le visage du bossu se transforma, ses yeux se plissèrent, son air devint plus bestial, sa posture moins soumise. D'un geste brusque, il se ravisa avant de faire plusieurs pas en arrière.

- Pendant des années, nous avons attendu notre tour. Dit-il avec une voix plus rauque, que Sanada reconnut comme l'autre voix avec laquelle il avait entendu le bossu converser. C'est notre perle, NOTRE perle ! Sa voix si particulière résonna fortement entre les pierres. Regardez comme elle brille, regardez comme elle est lisse.

- Oui comme toutes les perles !

- Comment ça comme toutes les perles ? Il n'y en a pas qu'une par année ?

- Pas du tout ! Ma famille est perlicultrice depuis des générations, nous avons des milliers de perles comme ça au village, elles sont moins grosses, c'est tout.

- Elle brille comme celle-là ? Demanda l'homme qui avait maintenant un regard enfantin, les iris plongées dans la nacre comme s'il avait trouvé son paradis.

- Exactement comme celle-la.Encore plus en plein soleil, et vu votre peau, dit le jeune homme en montrant la fine couche translucide de l'étranger qui cachait à peine ses nombreuses veines, vous feriez bien de venir voir ce qu'il se passe à la surface.

- Le maître est parti, le maître et le gardien, d'un coup ! Je suis libre.


- Tu peux venir travailler dans la ferme familiale, quand je partirai, mon frère aura besoin d'un coup de main, et tu aurais plus de perles dans les mains que dans tes rêves les plus fou !
dit Sanada en espérant secrètement qu'il refuse l'invitation. À ce moment, il était prêt à tout pour récupérer le fruit de leur labeur.

- Ohhhhh ! S'exclama le bossu en tentant de s'effondrer d'émotion sur Sanada qui recula vivement. L'étrange bonhomme avait toujours la bouche ensanglantée et une puanteur qu'il ne devait même plus sentir. Le tissu qui lui servait d'habit était tellement sale qu'il semblait presque rigide. Des dizaines de mouches et autres insectes semblaient parcourir la touffe de cheveux gras qui poussaient sur son crane plutôt dégarni. Rien qui ne donnait donc envie au jeune androgyne de laisser le bossu s'approcher pour un câlin.
La perliculture permettait au moins de passer du temps dans l'eau et l'étranger serait un festin pour les petits poissons friand de bactéries et autres peaux mortes.

Chassant la vision incongrue de poissons se régalant de la crasse de cet étranger, Sanada arracha presque la perle de ses mains avant de la glisser dans un mouchoir de soie puis de l'enfoncer dans une poche hermétique où le fumeur rangeait son herbe sèche et son amadou.

Quand il aperçut les mains de son partenaire, il s'approcha du précipice et l'aida à finaliser sa remontée en le tirant de tout son poids vers la terre ferme.

- Eh ben, il en aura fallu des péripéties pour en arriver jusque-là. Si tu m'avais cela au début, je ne serai jamais venu avec toi, et pourtant, si j'en crois mon âme à la seconde où je te parle, je ne regrette pas une seconde tout cela. Même l'encapuchonné.

À ces mots, il se pencha vers le précipice comme s'il avait eu peur que l'instigateur de toutes ces mises en scène puisse remonter d'un instant à l'autre.
Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'une marée noire semblait déferler sur eux. Montant la pente verticale de pierre lisse comme s'il s'agissait d'un chemin, le torrent sombre gravissait la pente à une vitesse ahurissante. Ce n'est qu'au dernier moment que Sanada compris. Il ne distinguait toujours pas ce que c'était et pourtant, il avait déjà entendu ce bruit. Ce bruit si particulier de milliers de claquements désorganisés qui produisait un brouhaha glaçant. C'était exactement le son qui les poursuivait lorsque à demi conscient, il avait été porté par son partenaire et ami.

- Je crois que nous ferions mieux de déguerpir en vitesse ! S'écria-t-il en se précipitant vers l'immense porte qui était pourtant fermé.

Lorsque la vague noirâtre commença à avancer vers eux, le bossu se retourna enfin vers les deux comparses, les yeux emplit de terreur, mais les traits redevenus plus humain.

- Courez, pauvres fous. Dit-il d'un air dramatique. Avant de les dépasser dans une course presque à quatre pattes. Suivez-moi, je connais le chemin vers la sortie où les frères attendent.

- Shika prend le morceau de la tablette ! Dit Sanada qui avait pris un peu de retard sur les deux autres, beaucoup plus rapide.

Le bossu les mena jusqu'à une statue qui semblait représenter une fleur, il invita Shika et Sanada à escalader jusqu'au toit de l'édifice, pétales de pierre somptueuses, et se glissa dans une petite cavité qui semblait plonger dans la tige.

Après un regard inquiet à Shika, mais sous la menace des bruits claquants de la marée noire, il s'enfonça à la suite du bossu dans la tige. Une sorte d'échelle composée de barreaux de fer rendait la descente plus confortable qu'il ne l'aurait pensé, mais dans la nuit noire, garder le rythme requérait toute sa concentration.
Enfin, il put lâcher le dernier barreau pour atterrir dans ce qui semblait être une caverne, plus basse encore que le centre du volcan, entrée de la cité.

- Tu nous avais dit que tu nous aiderais à remonter. Dit Sanada en pointant son calumet d'un air menaçant.

- Du calme, du calme, c'est ce que je fais. Personne ne vient jamais ici. À cause de la bête.... Mais je connais les endroits qu'elle ne fréquente pas. Nous n'avons pas de soucis à nous faire. Dit -il l'air un peu trop satisfait au goût du Masamune.

N'ayant pas le choix, il se contenta de suivre le rythme effréné qui maintenait le bossu, entrecoupé de "chut" agacé.
L'homme semblait en parfaite osmose avec cet environnement pourtant pas très accueillant. Il se faufilait entre les stalagmites avec une aisance et une furtivité qui forçait le respect.

Sanada pensait à un jus de mangue pressé, avec un peu citron. Il avait soif, il en avait assez des aventures, il voulait retrouver son lit, la brise de la mer et le son des vagues. Mais il n'eut pas le temps de se morfondre très longtemps.
Devant lui, le bossu venait de s'arrêter net, le regard aux aguets et l'oreille tendue. Au loin, un tremblement sourd résonnait, mais le son était si léger que Sanada ne comprenait même pas pourquoi ils avaient stoppé leurs efforts.

Pour seule réponse, le bossu se tourna vers l'équipage de Kimura.

- La chasse a commencé. Il ne traîne pas beaucoup par ici, parce qu'il n'y a rien à manger, mais on ferait quand même lieux de remonter.

L’ascension fut lente et longue. Souvent, il devait s'arrêter pour ne pas réveiller une colonie de chauve-souris, ou un prétendu immense serpent qui gardait un trésor. Le bossu s'arrêta une nouvelle fois devant un long couloir qui montait. Au bout, on distinguait une fissure qui était transpercé de lumière. Il avait dit vrai, ils les avaient véritablement conduit hors des entrailles de la terre.

- Vous ne venez pas ? Demanda Sanada.

- Ma vie est ici. Mais je suis sûr que l’on se reverra, et puis, je veux bien quelques perles de temps en temps. Tu n’auras qu’à les déposer devant la fissure.

Sanada s’empara d’une perle incrusté dans son calumet et la tendit à l’homme.

- Il y a un peu de colle, mais son teint rose irisée en fait une perle rare. Lui dit-il avec un sourire.

Le bossu regarda longuement, jouant avec les quelques reflets du soleil qui parvenait à cet endroit.

- Elle est parfaite ! Dit-il en la serrant contre ses joues. Ma précieuse !

Sanada reprit ses affaires et se dirigea vers la sortie. Il n’était pas nécessaire de faire des adieux au bossu. Il en était convaincu, il reviendrait percer le mystère de cette cité.

- Tu es prêt pour les Makusai maintenant ? Dit-il en attrapant son ami par l’épaule. Après un titan de pierre et une marée d’insectes informes, ils me paraissent moins coriaces, c’est bizarre !


Son rire résonna une dernière fois au sein du monde des cavernes, car bientôt, ils furent à la surface.
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Cumulée aux efforts consentis depuis le début de la course, la déshydratation se faisait de plus en plus sentir. C'est donc perclus de crampes et d'autres douleurs en tous genres que tu commenças ta lente remontée, en plantant l'une après l'autre tes lames dans les cavités rocheuses les plus susceptibles de t'offrir un appui stable. L'entreprise prit un certains temps. Tu n'hésitas d'ailleurs pas à marquer plusieurs pauses plus ou moins longues afin de dégourdir les membres les plus ankylosés et tendre l'oreille vers ce qui se déroulait un peu plus haut. Ton compagnon d'aventure se révélait être un fin négociateur et c'est avec une habileté certaine qu'il amena le bossu exactement là où il le souhaitait. La récupération de la perle de l'empereur.

C'est trempé de sueur des pieds à la tête que tu aperçus enfin le bout de ton ascension. Plus qu'un mètre. Un ultime mètre que tu allais parcourir bien plus rapidement que le reste. Porté autant par l'ivresse d'atteindre enfin ton but que par le bruit désagréable qui remontait du fond des abîmes. Une sorte d'ensemble de cliquetis grouillants contre  la paroi, mêlé à de petits cris stridents à vous glacer le sang. Une fois accoché au rebord supérieur de la falaise, Sanada t'aida à te hisser pendant que tu répondais à son engouement pour cette aventure par un large sourire qui ne perdura pas. Ton ami en comprit rapidement la raison et c'est de concert avec lui que tu te penchas au-dessus du précipice pour confirmer les sons que tu venais d'entendre. Ils étaient là. Tout proches. Ils grimpaient par milliers. Une véritable marée noire de ces bestioles démoniaques.

Vous étiez tous les deux sur la même longueur d'onde. Il fallait fuir! Aussi vite et loin que vos forces restantes pouvaient vous mener! Comme demandé par le Masamune qui prit le rôle de meneur d'hommes, tu fis un léger détour pour récupérer la tablette qu'il t'avait indiqué puis les rejoignis au pas de course,  lui et le bossu. Ce dernier proposant de vous servir de guide, en écarquillant ses grands yeux globuleux avec effroi. Vous n'aviez pas encore atteint la cavité qu'il avait mentionné que les premières monstruosités étaient déjà sur vous. Une dizaine composant l'avant garde du bataillon fondait à vive allure dans votre direction, toutes griffes dehors et manifestement pas là pour vous proposer une partie de shoji, leur stratégie simplette mais efficace n'étant basée que sur la loi du plus grand nombre. Si ne serait-ce que deux ou trois d'entre eux parvenait à vous agripper, nulle doute que cela vous ralentirait assez pour que le reste de la horde n'arrive et ne fasse qu'une bouchée de vous. Après une rapide inspection intrinsèque, tu déglutis un bon coup et détournas les talons, tout en incitant tes compagnons d'infortune à continuer leur chemin sans se préoccuper de toi.

*Buredo no farandoru*

Quelques signes manipulatoires plus tard, tu cisaillas la poignée de bestioles qui se présenta devant toi, avant de faire volte face et de reprendre ta course effrénée, tandis que le reste de la troupe ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Tels une vague déferlante, ils passèrent au-dessus des cadavres de leurs congénères, faisant preuve de cannibalisme en les dévorant sur leur passage. L'affreux et Sanada finissaient de se glisser dans la cavité salvatrice quand tu arrivas finalement à leur niveau. Sans perdre un instant, tu leur emboîtas le pas et de quelques mudras érigeas un mur de terre pour bloquer le passage. Vous étiez saufs. Du moins pour l'instant. S'ensuivit une longue marche dans les souterrains du volcan. De dédales en dédales, votre guide s'avéra être de confiance en vous évitant, parfois de justesse, tous les pièges que cette satanée montagne et ses habitants vous tendaient. Jusqu'à ce qu'enfin un puit de lumière te fasse comprendre que la sortie n'était plus bien loin.

Tu saluas amicalement votre hôte, puis inspiras à pleins poumons pour profiter de l'air pur. Il fallut quelques instants pour que tes rétines se réhabituent à la lumière du jour. Tes forces t'abandonnaient de plus en plus et si les Makusaï se pointaient maintenant, il faudrait une bonne dose de courage et d'énergie pour leur botter le cul comme ils le méritaient. Tu t'effondras sur un tas d'herbe fraîche, adossé à la roche, et tout en te roulant une cigarette de salvia divinorum, tu observas ton camarade avec attention. Lui aussi était dans un sale état, claudiquant de ci de là et progressant comme il le pouvait. La conception de la clope une fois terminée, tu l'allumas et aspiras plusieurs bouffées que tu recrachas en une épaisse fumée qui se dispersas dans l'air. Ton regard se perdit au hasard de ses envies du moment. Su ta droite, un couple d'écureuils était en train de peaufiner son nid pour y accueillir la future portée, tandis que sur une branche voisine, deux rossignols vous gratifiaient de leurs chants harmonieux avant de clairement te faire comprendre que la fumée les dérangeait.  Ils volèrent plusieurs branches au-dessus avant de reprendre leurs ritournelles. Le soleil te léchait le visage avec l'intensité d'une caresse maternelle. Ta main libre ne pouvait s'empêcher de s'engouffrer dans les quelques touffes d'herbe plus hautes que les autres et encore imprégnées d'une rosée matinale rafraîchissante. Elle allait et venait avec gratitude, comme si c'était la première fois que tu avais à faire à pareille douceur. Tout te semblait merveilleux. Les troncs d'arbres massifs imposant leur grandeur à la manière de ceux de tes forêts natales te rappelaient à quel point vous étiez petit face à cette nature, que vous sachiez manipuler le chakra ou non. Le bonheur n'était parfois qu'une question de positionnement. Tu en avais ici la preuve et ne boudait pas ton plaisir d'avoir la chance de pouvoir revoir toutes ces beautés. Après quelques bouffées supplémentaires de ta sauge, tu te redressas péniblement en tendant la tige à ton partenaire.

-Tiens Sanada-kun, prends ça...ça va te requinquer...tout en lui cédant la cigarette, tu te positionnas à côté de lui...tu as l'air d'être dans un sale état toi aussi...lui dis-tu en souriant...ne t'inquiète pas, je vais juste poser mes mains sur ton torse pour aider la salvia à te faire te sentir mieux...

Une orbe verte apparue au creux de tes mains avant que tu ne l'appliques sur le Masamune. Cette fois, tu étais totalement vidé et c'est avec ta seule force physique, qui n'était pas bien grande, que tu parvins à te tenir sur tes cannes. Ton regard se floutait légèrement et ta tête tournait largement.

-Si tu n'as jamais eu l'occasion de te transformer en béquille, je crois que c'est le moment Sanada-kun...allons-y mon ami, il nous faut maintenant retrouver le Kimura et ramener la perle à bon port pour valider notre victoire...on l'a bien méritée...

En appui sur le perliculteur, un bras autour de son cou, vous avançâtes d'un pas mal assuré en direction de votre embarcation de l'autre côté de l'île. Ce qui vous prit une heure entière. Curieusement, bien que sur vos gardes, vous ne vîtes aucune trace des Makusaï alors que la Constellation était à présent en vue. Pourtant, à peine aviez vous mis un pied sur ce navire dont vous pouviez être fiers, qu'une sensation désagréable te fit frissonner. Des traces de luttes. Qui d'ailleurs n'avait apparemment pas duré bien longtemps. Ton inquiétude se révéla justifiée presque immédiatement après, quand Makaï et Kusaï Makusaï apparurent de l'autre côté du pont, accompagnés d'une Alana que tu avais assurément assommé moins fort que son coéquipier et qui du coup avait déjà repris connaissance. Elle tenait dans ses mains un fouet enroulé sur lui-même, tandis que chacun des deux frères était armé de couteaux qu'ils avaient glissé sous la gorge de Miliana et Baku. Ligotés et bâillonnés, le grand père et sa petite fille qui vous avaient bien aidés dans votre périple, s'agitaient avec l'énergie du désespoir, la jeune fille laissant échapper quelques larmes à chaque fois que la lame s'enfonçait un peu trop dans la chair de l'ancien.

-Bwahahaha...alors comme ça on s'en est sorti les morveux...pas mal, mais c'est ici que ça se termine pour vous, bwahahaha...en tout cas c'est gentil d'avoir fait tout le sale boulot pour nous ramener la perle...aller, donnez-la nous immédiatement sinon on les crève tous les deux...

Bordel. Espèces d'enfoirés. Et toi qui n'avais plus assez de force pour agir. On ne pouvait quand même pas les laisser gagner comme ça. Le bras jusqu'ici maintenu autour du cou de Sanada glissa lentement, le jeune perliculteur, sans doute aussi abasourdi que toi relâchant sa prise. Si bien que tu posas genou à terre, un regard noir à l'attention des tortionnaires du dimanche.

-Ne nous regarde pas comme ça toi, sinon la punition sera la même...et toi Alana, rends toi utile pour une fois, va leur récupérer la perle espèce d'incapable...tu peux être sûre qu'on racontera à notre père à quel point tu as été nulle. Tu peux d'ors et déjà faire une croix sur la récompense...et estime toi heureuse s'il te garde dans la plantation...

-Hey Makaï, on pourrait peut-être dire à papa de l'envoyer au bordel comme fille de joie...c'est encore là-bas qu'elle est la plus efficace...ah ah ah ah ah...

-C'est une bonne idée ouais Kusaï...parce qu'à part trémousser son p'tit cul je vois pas trop ce qu'on va pouvoir faire d'elle...

Alana ne disait rien, mais son regard embué de larmes et de colère en disait long sur son mal-être du moment. Ces deux là étaient de vrais salopards et en cet instant, tu priais pour qu'un jour un contrat soit placé sur leur tête et que tu sois celui envoyé pour accomplir la mission. Prenant appui sur tes mains, tu te relevas difficilement.

-Hey, tu fais quoi toi? Reste à terre et lèche le sol plutôt...

Un regard assassin dans leur direction eut pour effet de leur clouer le bec, dans le doute où tu sois encore capable de leur faire du mal. Finalement, tu adoucis les traits de ton visage en t'adressant à Alana.

-Tu comptes les laisser te traiter ainsi encore longtemps Alana? Il y a toujours un moment où il faut faire des choix...j'ai fait le mien lors de notre rencontre et je n'oublierais jamais les moments passés ensembles, aussi éphémères furent-ils. Je m'en souviendrais comme de bons moments. Et toi, que retiendras-tu de ces derniers jours...l'arrogance de deux types qui t'ont traité comme une merde ou le plaisir d'avoir fait les bons choix pour toi-même...insistas-tu en adjoignant un sourire fatigué...

-Ta gueule, pauvre type...coupa Kusaï Makusaï d'une voix suraiguë, le visage déformé par une bêtise frôlant la démence et sa lame appuyant un peu plus fort sur la gorge de Miliana...et toi pétasse notre père t'a engagé pour que tu répondes à tous nos besoins, alors exécute nos ordres et ramène nous tout de suite la perle...

-Tu es donc leur esclave? Tu es ce genre de femme que l'on achète? Je n'ai pas eu cette impression l'autre soir, sinon je ne serais jamais allé vers toi. Dans une vie, il y a toujours des moments charnières. C'est dans ces moments là qu'il faut faire les bons choix...ceux qui nous permettent de vivre mieux avec nous même...pour toi, c'est aujourd'hui...

La jeune femme ne disait pas un mot mais tremblait de tout son être. Toute sa vie n'avait été que soumission. A un père alcoolique d'abord, qui avait vu sa femme le quitter en lui laissant une gamine sur les bras. Pendant des années, il l'avait traité comme une esclave, la forçant à faire ce qu'une petite fille ne devrait jamais avoir à faire et la cognant copieusement lorsqu'elle tentait de désobéir. C'est de là qu'elle tenait cette soumission récurrente, et si elle avait toujours su user de ses charmes pour obtenir ce qu'elle souhaitait, elle n'avait jamais réussi à se soustraire à l'emprise que les hommes de pouvoir pouvaient avoir sur elle. C'était encré au plus profond de son être. Comme une phobie. Comme un vice.

-C'est ta dernière chance Alana, je compte jusqu'à trois, si rien n'est fait jusque là, tu es bonne pour le bordel...UN...DEUX...

-TROIS!!!

Le fouet se déroula subitement et d'un coup sec, cingla avec précision sur les mains des Makusaï qui lâchèrent leurs couteaux sous l'effet de la surprise autant que de la douleur.

-RRRRRRAAAAAAAA...SALOOOOPE...

-RRRRRRAAAAAAAA...SALOOOOPE...

-Sanada-kun, c'est à nous de jouer...c'est le moment de rattraper toutes ces années d'oppression...

Tu rassemblas tes dernières forces, jetas un kunaï à Sanada en même temps que tu t'armas de l'un de tes scalpels, puis bondis dans la direction des frangins. Sautant sur Kusaï, tu lui assénas une volée de coups de poings au visage avant de caler ta lame sur sa gorge, pendant qu'Alana s'arrangeait pour détacher et mettre à l'abri Baku et Miliana. C'est également elle qui ligota Kusaï une fois qu'il fut maîtrisé. Le type gémissait comme un enfant à qui on aurait volé son jouet, une auréole apparaissant au niveau de son entrejambe.

Il ne manquait plus que Sanada en finisse avec Makaï avant de pouvoir rentrer au port. D'un bras, tu stoppas Alana lorsqu'elle tenta d'aller l'aider. C'était son combat. Pendant trop d'années, les Makusaï, bercés par la fortune et le pouvoir de leur géniteur, s'étaient cru tout permis vis à vis des habitants de l'île et notamment du perliculteur. Ils avaient besoin d'une bonne leçon et tu n'avais aucun doute sur le fait que ton coéquipier allait la leur donner ici et maintenant. Ce serait sa victoire! Et avec la perle de l'empereur, elle serait totale!

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Masamune Sanada
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Le perliculteur n'avait jamais vraiment appris à se battre, bien sûr, il se chamaillait avec son frère et avait plusieurs fois dû échanger des coups pour faire taire les moqueries sur son physique, trop étrange pour les énergumènes de son île, mais jamais il n'avait ressenti cette peur mêlée à l'adrénaline.
Le temps de l'école, du harcèlement et des bagarres était terminé. Chaque coup de Makaï semblait destiné à détruire Sanada, l'insouciance des coups qui se retenaient après les premières effusions de sang était loin maintenant.

À la moindre erreur, la lame du frère corrompu allait pénétrer sa chair et déchirer son âme. Par de réflexes qu'il n'expliquait pas, Sanada parvint à esquiver plusieurs fois de justesse la morsure de l'acier, montant sur un rocher avant de sauter sur le côté pour enfin effectuer une roulade vers l'arrière. L'instinct prenait le dessus et l'esprit totalement concentré sur l'esquive faisait des miracles.

Les assauts du frère maudit ne semblaient pas freiner par la fatigue, les coups pleuvaient, par en haut, en bas, mais chaque fois, Makaï ne fendait que l'air. Sanada savait qu'il allait devoir répliquer, cela était inévitable, il fallait qu'il remporte ce duel. Depuis les premiers coups de rame à la traversée des tempêtes et des souterrains de Shima-Biizo, il avait traversé bien trop d'épreuves avec son désormais ami Shika pour les laisser gagner. Plus encore que la perle, c'est son ego et sa dignité qu'il était en train de reconquérir.

Jamais plus il ne se laisserait faire, jamais plus il n'allait être intimidé, fût-ce les £egoks en personnes qui se dressaient devant lui.

Chaque esquive était une preuve de plus que malgré ce qu'il avait toujours cru, il n'était pas plus faible que les autres, ni plus peureux. Au contraire, chaque seconde du combat était un pas de plus vers une excitation qui voilait la peur. Makaï était grand, puissant, s'entraînant avec son frère pour exposer leurs corps musclés sur les plages de l'île qui accueillaient des touristes pendant la saison chaude, mais cela avait des inconvénients. Il était lent, plus lent en tout cas que Sanada et moins endurant. Quand l'un soulevait des troncs pour laisser des stries apparaître sur ses bras, l'autre plongeait et nageait quotidiennement, tant pour le plaisir que le travail de la ferme familiale.

- Tu vas arrêter de gesticuler dans tous les sens et te battre ? Grommela l'agresseur, agacé par la fuite incessante de son adversaire.

Sanada ne répondit rien, il fallait garder son souffle, garder le sang-froid qui allait lui permettre de répliquer. Il ne fallait briser la distance avant de pouvoir être sûr que le coup atteigne sa cible. Il attendait donc patiemment l'ouverture, ne cessant de changer de direction et parcourant la moitié de la plage en attendant.

Petit à petit, il voyait les coups du frère Makusai devenir de plus en plus lent. Son souffle devenait audible, lâchant une odeur si pestilentielle que même à plus d'un mètre de distance, Sanada pouvait la sentir sans mal. Lui aussi commençait à fatiguer, il fallait qu'il agisse vite avant d'être embroché sous les yeux de ses amis, laissant la dernière victoire, la plus importante, à ceux qui avaient volé la course depuis tant d'années.

Ils étaient maintenant loin du ponton, sur la plage, la grosse brute chassant le protégé des cieux comme s'il avait été un vulgaire gibier. La sensation du sable avait quelque chose de rassurant dans ce torrent où soufflait l'inconnu du combat.

Ses appuis étaient plus stables, mais les changer était aussi plus coûteux en énergie, ses pieds s'enfonçant dans l'océan minéral. Il eut alors un souvenir de son enfance, son frère et lui jouant près du rivage en attendant que le soleil se lève pour pouvoir commencer la récolte. La bagarre, ils aimaient ça et son grand frère finissait toujours par lui enfoncer la tête dans le sable. Le choc n'était pas douloureux, mais il ne pouvait alors plus rien voir, contraint de sauter dans une vague pour qu'elle lui nettoie la figure comme une mère omniprésente. Esquissant un sourire, Sanada remercia intérieurement les dieux de lui avoir encore une fois facilité la tâche.

Il arrêta soudainement sa course folle et laissa Makaï s'approcher. Celui-ci eut un mouvement de stupeur et freina son élan. Il ne comprenait pas pourquoi l'androgyne venait tout d'un coup de s'arrêter. Après une seconde de stupeur, la brute leva sa lame, il n'avait pas envie de réfléchir au pourquoi du comment, cela n'avait jamais vraiment été son fort.

La lame s'approchait de son visage et pourtant, une petite voix au fond de lui lui intimait l'ordre de ne pas bouger. La volonté combattait son instinct de survie primaire et il dut se faire violence plusieurs fois pour rester impassible devant le métal froid. Enfin, au dernier moment, il fut un simple pas de côté. La brute, bien trop confiante en sa force qui ne l'avait presque jamais trahie face aux habitants de son île ne put retenir son coup et la lame s'enfonça naturellement dans le sable, créant une gerbe qui jaillit de par et d'autre de l'épée. Profitant de cet instant d'accalmie, le perliculteur lança le kunai de toutes ses forces en direction des pieds de Makaï. Si le lancer ne fut pas assez précis pour se planter dans la peau, celui-ci érafla lui érafla le mollet. Mais Sanada n'en avait que faire il avait juste besoin d'une seconde de diversion et alors que le frère Makusai regardait sa blessure d'un air outré, le perliculteur se saisit d'une poignée de sable qu'il tint dans sa paume, derrière son dos. Il n'avait pas encore le bon angle pour être sûr d'aveugler son adversaire.

- Tu m'as fait saigner, petit con, ou je devrais dire petite conne au vu de ton physique. Dit Makaï en s'approchant du jeune homme l'épée à nouveau brandit vers le ciel.

Sanada le laissa faire une seconde fois. Il savait que malgré sa bêtise, jamais la brute n’allait réitérer la même erreur. Avant donc que le mouvement de l’épée ne soit amorcé, et maintenant qu’il était bien en face de lui, les yeux révulsés sous la colère, Sanada jeta le sable à la figure du malheureux qui fut, au même moment, touché par la foudre.

Comme figé au milieu de son attaque, le Makusai parut devenir une statue tremblante pendant quelques secondes, avant de s'effondrer au sol, les muscles toujours raidis par l'électricité qui parcouraient ses cellules. Les cheveux dressés sur la tête, il paraissait dans un piteux état, mais vivant. Sanada s’approcha de lui et, d’un coup de pied, éloigna son arme.

- Tu pues toujours autant, mais au moins, on pourrait te confondre avec une huître pas fraîche en train de griller au barbecue. Alors que ce qui sort de ta bouche est une immondice que même les dieux n’ont pas pu créer.
Dit-il le cœur battant la chamade.

Comme si tout cela n’avait été qu’un rêve, son corps se réveilla soudain, les courbatures et la fatigue, la panique et la peur le submergèrent comme un tsunami et il se mit à trembler aussi fort que sa victime.

Lorsqu’il se réveilla, il était à bord d’un navire. Un simple coup d’œil sur le côté le fit reconnaître le bois du Kimura. Le vent soufflait sur la voile gonflé, laissant la Constellation, navire légendaire, fendre les vagues en retournant au point de départ. Il voulut se relever, mais il n’y arrivait pas, c’était comme si un étau l’enserrait entièrement, le condamnant à regarder le ciel et les nuages qui défilaient sous son regard. Au bout de quelques minutes, il sentit une présence arriver auprès de lui. Dans un effort qui lui parut colossal, il tourna la tête pour découvrir le doux visage d’Alana souriant.

- Shika.... Balbutia Sanada, la gorge sèche et l'esprit troublé.

- Ton ami est là, ne t'en fais pas. Nous arriverons dans quelques heures, avant cela, il faut que tu te reposes, comme lui d'ailleurs.D'un geste de la tête, le perliculteur acquiesça.Vous avez gagné Sanada ! Vous avez brisé le monopole de la terreur que faisait régner les Makusaï et leurs complices.

Sanada aurait voulu lui expliquer que les frères n'étaient que des pions, que tous les organisateurs de cette course devaient être arrêtés et jetés dans les geôles du village. Qu'elle-même avait été contrainte d'aider un objectif qui les dépassait grandement, un objectif qui restait mystérieux, aussi mystérieux que l'encapuchonné et le titan de pierre, que la marée d'insectes et la cité des Khazids.

Mais il n'avait ni la force et le courage.

Porté par les vagues et le bonheur d'avoir remporté la course, il laissa son esprit voguer vers la contrée des rêves. Il marqua un sourire juste avant que le sommeil ne l'emporte.

Après une aventure pareille, le rêve le plus fou allait lui paraître bien terne.
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Harassé et happé par un sommeil qui ne demandait qu'à t'emporter vers des cieux plus réparateurs, tu te fis pourtant violence pour ne pas manquer une miette de l'affrontement entre Sanada et le dernier des frères Makusaï encore debout. Plus qu'un combat, cette opposition était pour le perliculteur un aboutissement. Celui lui d'une aventure qui vous avait mené dans les recoins les plus insoupçonnés de l'archipel autant que celui d'une vie qui ne serait plus jamais la même après ça.

Tout en souplesse, il esquivait les assaut de Makaï, tantôt d'un pas sur le côté, tantôt d'un bond en arrière. Si bien que les deux ne tardèrent pas à se retrouver à l'extérieur du Kimura, poursuivant leur duel sur la plage, leurs déplacements se perdant dans les eaux d'une mer qui n'avait jamais été aussi calme depuis le début, comme si cette spectatrice incongrue, hypnotisée par l'affrontement, n'osait pas faire le moindre mouvement, de peur de déstabiliser les champions. Écumant de rage après avoir remarqué du coin de l’œil le sort réservé à son frère et toujours secoué par la trahison d'Alana, le nanti de Shima-Biizo ne cessait de fendre l'air de son arme, imprégnant à ses coups un peu plus de haine après chaque échec. Plus d'une fois tu mimas des esquives dans le vide, comme si tes mouvements avaient pu influer sur ceux de ton partenaire. Comme s'il était relié à l'un de tes kagemane. Il n'en était rien. Il était seul face à son destin et plus d'une fois tu retins ton souffle en voyant la lame frôler le corps frêle du garçon. Mais s'il ne maîtrisait pas encore l'art du combat dans son ensemble, il faisait preuve d'une agilité et d'une sournoiserie digne d'un shinobi, tandis que son adversaire, misant sur sa force brute plutôt que sur son intellect, commençait à se fatiguer, usé de devoir se déplacer dans l'eau et le sable quand le Masamune était dans son élément.

-Vas-y Sanada-kun, fais-lui mordre la poussière!!!

La mâchoire crispée, le poing serré, le cri jaillit instinctivement avant que tu ne reprennes.

-Enfin le sable quoi, mais tu m'as compris hein ah ah ah ah...

Tu ne croyais pas si bien dire. Si le kunaï que tu lui avais cédé ne fit qu'effleurer sa cible, il profita de l'instant pour saisir une poignée de sable qu'il dissimula. Puis, faisant preuve d'une fourberie toute Naraesque, il patienta jusqu'au moment le plus opportun pour lui jeter le tout au visage afin de l'aveugler. Ce qui se passa ensuite, tu ne le compris pas. Du moins pas immédiatement. Mais rapidement tu fis le rapprochement avec cet orage arrivé aussi rapidement qu'il était reparti un peu plus tôt dans votre aventure. Déjà tu t'étais questionné sur le jeune homme. Cet éclair soudain tendait désormais a balayer les doutes qui subsistaient. Au coin des lèvres, un rictus de satisfaction. Puis, trahit par tes dernières forces, tu t'effondras en même temps que ton compagnon d'infortune.

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Combien de temps s'était-il passé? Trois heures? Quatre? D'après la position du soleil qui t'éblouit lorsque tu rouvris les yeux avec difficulté, pas plus de deux. Étendu sur le pont de la Constellation, le visage balayé par le vent, tu voulus te relever mais rien n'y fit. Tes muscles ne répondaient plus et ton corps était perclus de douleurs à tous les niveaux. D'un geste maladroit tu dégageas la serviette humide posée sur ton front.

-Sanada-kun...

-Enfin réveillé? Il était temps...ça faisait pas très sérieux de te voir dans cet état...ne t'inquiète pas, Sanada dort encore mais il va bien...je me suis occupé du reste...

Le visage d'Alana apparut au-dessus de toi. C'était la première fois que tu la voyais sourire avec autant de sincérité. Elle resplendissait et son regard brillait d'un apaisement nouveau.

-Ah la la, je suis soulagé. Merci pour tout Alana...

-Non...merci à toi Shika...évite de trop bouger, tu as encore besoin de récupérer...nous sommes sur le Kimura, en route pour Shima-Biizo...je ne manquerais pas de raconter vos exploits à tout le monde...poursuivit-elle avant de se retirer.

En jetant un œil aux alentours, tu aperçus le perliculteur un peu plus loin. Sur sa droite, placée dans un écrin de bois lui même posé sur un promontoire, trônait la perle de l'empereur. Les rayons de l'astre solaire se reflétaient à la surface de sa nacre, comme pour illuminer encore un peu plus votre victoire.

-Ohé...Sanada-kun, c'est plus l'heure de dormir, regarde un peu notre trésor comme il est beau...

Mais l'autre ne répondit pas et il te fallut patienter une bonne heure supplémentaire avant qu'il ne refasse surface.

-Hey, Sanada-kun...l'interpellas-tu après l'intervention d'Alana à son égard...regarde la perle comme elle est belle...

Toujours allongé, tu levas difficilement le bras à la verticale, poing fermé et pouce tendu vers le haut en signe de validation. Puis, le sourire jusqu'aux oreilles, tu pris une grande inspiration avant de hurler.

-Tu pues toujours autant, mais au moins, on pourrait te confondre avec une huître pas fraîche en train de griller au barbecue. Alors que ce qui sort de ta bouche est une immondice que même les dieux n’ont pas pu créer...cette phrase là, c'était trop la classe...hé hé hé hé...

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Les jours suivants furent dédiés au repos. Si ta vie d'assassin t'amenait bien souvent à faire face aux dangers les plus improbables, ça faisait longtemps que tu ne t'étais pas retrouvé dans un tel état et tu avais besoin de récupérer l'ensemble de tes forces avant de repartir. Plongé dans la vie de l'île, tu aidas plus d'une fois Sanada et sa famille à leur travail, tout en t'octroyant quelques plages de détente, seul ou en compagnie du garçon, un verre de rhum dans une main, une clope de salvia dans l'autre et la canne à pêche improvisée posée devant et s'agitant au gré des prises qui voulait bien s'y laisser prendre. Puis, le troisième jour de la deuxième semaine suivant la fin de la perle de l'empereur, lorsque Sanada rentra de sa journée de boulot, il ne trouva qu'une maison vide. Posés sur un bureau, un parchemin et le chapeau de pirate qui avait contribué a lancer ton aventure. Sans prévenir, tu étais parti. Aussi brusquement que tu étais arrivé.


Lettre de Shika à Sanada:
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