L'équipement standard d'un samouraï sur le champ de bataille se répartit de la façon suivante ; une armure qui pèse entre dix et trente kilos, composée principalement d'une couche de maille de fer entre deux plaques de bois ou de cuir pour la rendre un peu plus épaisse et protéger le métal de l'érosion. Pour les hatamoto de généraux, ont rajoute par dessus un gros sac rempli de coton pour se protéger des flèches adverses dans le dos, ensuite, une fois que ça a été pris en compte il faut rajouter le casque et le masque facial. On arrive facilement à une bonne vingtaine de kilos pour une armure d'excellente facture. Ensuite on ajoute à ça un katana comme symbole de pouvoir, de caste et surtout d'autorité, en plus d'être une arme de secours évidemment. On oublie pas le tanto en arme secondaire pour les combats acharnés et les rixes en intérieurs. C'est pas fini hein. On a juste fait le tour du paquetage le plus basique pour pas qu'on soit moqué sur le champ de bataille par Tatami et Dojo, les deux lèches bottes du seigneur local. Pour faire bonne figure il faut une lance en fer, arme par excellence du fantassin et surtout du membre d'une unité ; elle permet de se battre en groupe et pas simplement de faire partie du tas de spadassins qui vont enchaîner les duels jusqu'à mourir. Une lance peut s'utiliser aussi bien seul qu'en formation serrée. Ensuite on s'encombre aussi d'un arc, pour pouvoir faire preuve de finesse en démontrant qu'on est polyvalent et pour engager à distance les troupes adverses. C'est pas tout, pour être potable on doit aussi rajouter la bannière dorsale pour s'identifier dans le conflit. On rajoute les fringues. Et ça y est, on peut partir à la mort avec élégance. Ça, c'était pour la guerre.
-Mademois... Je me retourne pour faire face au tailleur. Mada... Il voit mes galons et reconnait sans doutes ma broche d'intendante du clan Kisho. Votre excellence désire? Yeux ronds.
C'est moi qui ai les yeux ronds, devant cette demande que n'importe quelle femme saurait gérer sauf moi. Je me sens un peu comme une gamine au milieu d'un champ de bataille ; je ne sais pas vraiment quoi faire ni quoi dire. Si seulement j'étais chez moi à l'Enclave, ou justement à une bataille, je pourrais juste pratiquer mon métier/loisir/sport favori (entourez la mention qui vous convient) en toute quiétude. Mais non, j'ai pris la résolution d'être (par moment), un peu plus féminine pour mon copain, alors il va falloir se faire violence.
-Je souhaiterai un kimono. Bien! On applaudit Benkei.
Celle qui peut calculer de tête des polynômes du second degré tout en faisant une traction, écrit des romans qui se vendent comme des petits pains, mais qui est toujours incapable de parler fringues. Je pince les lèvres, un peu gênée par ce silence qui en dit long sur mon inaptitude.
-En soie bleue, pour les grandes occasions. Le tailleur commence à me poser des questions sur mes mesures, mes choix de obi et bien plus encore.
J'essaie d'y répondre tant bien que mal avant de finalement trouver du regard Yuriko, la jônin de Konoha que j'avais croisé à l'Enclave. Je lui lance le regard le plus évocateur du monde.
A l'aide!
Tadake Yurikô
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Le nez sur les étales, absorbée par les nombreux tissus colorés, Yuriko en oubliait le temps. Parmi les nombreuses coquetteries de la kunoichi, les tenues traditionnelles de son pays lui tenaient beaucoup à cœur. L'élégance, la féminité, elle se souvenait O combien cela la fascinait dans son enfance, tout comme l'idée même d'être considérée comme une jolie femme. Cela pourrait paraître bien superficiel quand on connaissait son caractère, mais cet attrait de sa personnalité remontait à son enfance. Originairement fille de fermier, la kunoichi ne pouvait se permettre de rêver à ce genre de chose à la fois parce qu'elle s'était fait la promesse de pouvoir soigner son frère et s'adonnait que trop sérieusement à son apprentissage, et d'une autre façon parce que cela n'était guère dans ces moyens.
Elle se souvenait encore avec une certaine nostalgie envieuse la façon dont son regard se tournait vers les élégantes qui affichaient toujours une attitude soignée, de leur geste à leur tenue. Elles semblaient toutes sorties d'une estampe et dotées d'une confiance en elle que la konohajin leur jalousait. Au fil du temps, la jeune pousse qu'elle était avait fleuri et était parvenue à développer ses propres charmes et un parfum unique.
Cependant, tout se travaillait. Parfois plus durement pour certaines.
D'ailleurs à ce propos, ses songes furent interrompus par la horde de questions que posait le marchand à une cliente hésitante et visiblement perdue. Mais la surprise fut d'autant plus grande quand elle reconnut la jeune femme en question : Kisho Benkei, du clan du même nom. Elle avait rencontré cette personne dans l'enclave, une femme agréable bien qu'un peu bourrue. Malheureusement, les entrefaits qui les avaient liés à ce moment là n'avaient pu aboutir. Les jeux de la politique. Mais malgré cet échec, Yuriko pourrait se rattraper en lui venant en aide.
" Monsieur? Pardonnez-moi de vous interrompre, mais je pense que mon amie préférerait que vous lui montriez des échantillons concrets de tissus. Nous parlerons de taille et de ligne une fois que nous aurons établi le motif qui pourrait lui convenir. Le reste se fera une fois que vous aurez pu nous proposer un tissu de soie de choix. Il nous faut d'abord trouver la pièce maîtresse avant de penser aux accessoires. "
Le regard de Yuriko pressa le commerçant d'aller chercher ce qu'elle demandait, ne serait-ce que pour laisser respirer Benkei. Une fois ce dernier éloigné, la kunoichi se tourna vers sa camarade.
" Je suis heureuse de vous revoir, et agréablement surprise des circonstances. Peut-être pourrais-je vous venir en aide cette fois-ci? Vous m'avez guidé dans l'enclave, je peux aisément le faire ici. "
Elle lui sourit agréablement et le plus simplement du monde.
" Est-ce que vous cherchez quelque chose pour une occasion particulière? "
L'intervention de Yuriko arrive à point nommée, ce qui m'arrache un soupir de soulagement en constatant que je vais peut-être pouvoir m'en sortir en une journée dans mes achats pour mon peut-être mariage. J'hésite encore sur l'union qui est censée me lier à Nakai : un mariage serait le plus traditionnel, mais nous sommes du même clan, ça serait un peu consanguin sur les papiers et surtout nous nous sommes surtout illustrés par nos prouesses martiales. On ne pourrait pas être nommé roi et dame, cavalier et folle ou encore roi et tour (j'adore permuter ma place avec lui), roc, ce serait un joli nom de couple non?
-Le plaisir est partagé, merci de m'avoir aidé. Je cherche un kimono de mariage. Hors de question de me marier en yukata, par contre, en tenue d'apparat d'intendante... Non, je ne veux pas que le mariage soit politisé. Quelque chose de bleu puisque mon chéri va être en rouge.
La réaction de Yuriko ne se fait pas attendre. En même temps, peu de gens pouvaient s'attendre à ça ; Tetsuo a mimé un malaise quand il a appris que j'allais enfin officialiser la relation avec mon second. Comme quoi j'étais à ses yeux une croqueuse d'hommes qui n'hésite pas à les humilier et à en faire ses jouets le moment venu, ce qui est faux. Sauf pour Yoh, mais Yoh c'était un cas unique. Je ne cache toutefois pas mon embarras causé par mon ignorance sur le sujet.
-Je suis censée épouser mon second, un mariage d'amour. Je dois avouer ne pas vraiment savoir quelle est la procédure pour ce genre de choses ; je suis censée avoir un joli kimono mais... Est-ce que je vais devoir danser ou chanter quelque chose? Quel parfum suis-je censé mettre? Est-ce que je peux garder des fringues pratiques ou alors vais-je finir sous une dizaine de couches de tissu?
Tadake Yurikô
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Si Yuriko avait été surprise de voir Benkei dans un tel lieu, elle le fut d'autant plus quand elle apprit la belle occasion qui l'amenait. Un mariage? Une formidable nouvelle que d'avoir trouvé une personne avec qui partager sa vie. La kunoichi mentirait si l'idée d'une alliance avec quelqu'un ne lui était jamais venue à l'esprit. Cependant, elle avait quelques difficultés à s'imaginer dans un rôle de parfaite épouse. Elle pouvait en avoir le style, l'allure, mais elle se demandait si cela était vraiment destinée à une femme comme elle, surtout pour un ninja. En tout cas, le sourire de la jeune femme s'étira à l'annonce de ces épousailles.
" Dans ce cas-là, toutes mes félicitations. C'est un formidable évènement. "
Benkei lui annonça aussitôt qu'elle désirait une couleur précise. Du bleu. Un curieux choix pour un mariage mais les mariées avaient toujours raison non? Cette couleur était le symbole du calme, de l'infini, du rêve et de la sagesse. Mieux que cela, la konohajin avait même plusieurs idées qui lui traversait l'esprit, notamment en ce qui concernait les motifs.
" Je suis censée épouser mon second, un mariage d'amour. Je dois avouer ne pas vraiment savoir quelle est la procédure pour ce genre de choses ; je suis censée avoir un joli kimono mais... Est-ce que je vais devoir danser ou chanter quelque chose? Quel parfum suis-je censé mettre? Est-ce que je peux garder des fringues pratiques ou alors vais-je finir sous une dizaine de couches de tissu? "
Voilà les instants de panique qui gagnaient souvent les jeunes fiancées. Mais Yuriko se voulut rassurante et était prête à aider sa camarade dans la limite de ses possibilités. La jeune femme n'était pas une marieuse, elle n'avait jamais participé à de mariages, mais elle en connaissait les principes, les rituels.... sauf qu'ici, la personnalité de Benkei était bien différente d'une mariée classique. Le mariage le serait tout autant.
" Mmmm. Dans un premier temps, je pense que votre mariage doit vous ressembler avant tout. Il n'est pas nécessaire de précipiter les choses sauf si la date est proche? "
Dans les mariages, tout était question d'organisation.
" Vous êtes une femme brillante. Voyons les préparatifs comme une mission à préparer. Quelles sont les priorités? Nous allons commencer par votre tenue. Vous désirez du bleu. Parfait. Je vous conseillerais une couleur un bleu un peu pâle pour mieux vous mettre en valeur. Je vous conseillerais même un kimono avec un motif de grue ou de tortue. La tradition veut que cela symbolise un mariage heureux. Qu'en dites-vous? "
La jeune femme ferait en fonction de ce que souhaitait Benkei.
" Vous ne le porterez que le temps de la cérémonie. Nous trouverons une autre tenue plus confortable mais dans laquelle vous demeurerez tout aussi élégante pour le reste du grand jour. "
Il fallait composer avec l'esprit pratique de l'intendante Kisho. Cela devait sortir complètement de ses habitudes, raison de plus pour composer avec cette partie de son caractère de femme de poigne.
-Non, la date est assez lointaine, c'est encore en projet mais nous avons clairement l'ambition de nous marier.
Tetsuo était heureux quand je lui ai annoncé la nouvelle, le chef de clan par intérim était ravis de pouvoir célébrer un mariage. L'occasion pour lui de pouvoir faire quelques blagues et féliciter Nakai pour avoir accompli l'impossible, soi disant. Voyons les préparatifs comme une mission à préparer. Quels sont les priorités? Je lui suis très réconnaissante, mais me connaissant, la chose serait réduite à son plus simple appareil ; trouver fringues, cérémonie, embrasser Nakai, lune de miel. A la limite, juste la lune de miel et une bague au doigt me conviendrait, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d'alcool pour célébrer mon superbe mariage dans les émotions qu'il faut. Par contre, il va falloir qu'on m'explique pour des motifs de grues ou de tortues, non, mieux, pourquoi des motifs tout court. Pour moi les motifs appartiennent au camouflage, quand on me dit "motifs", je pense directement aux peintures pour se dissimuler à la vue des autres par exemple. Pas vraiment pour me battre.
-Donc je vais devoir acheter deux kimonos? Mon budget pour mes ceintures de grenade va partir en fumée! Je me décompose. Oui, je suis d'accord, le bleu me semble une excellente couleur. Mais pourquoi des motifs de grues ou de tortues dessus? Je dois avouer mon inculture sur ce sujet. A l'Enclave, les fringues ça sert à tenir chaud et à ne pas se blesser. Pour la tenue élégante mais pratique, mon costume d'intendante peut faire l'affaire ou alors vais-je devoir arborer quelque chose de plus civils?
Tadake Yurikô
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" Non, la date est assez lointaine, c'est encore en projet mais nous avons clairement l'ambition de nous marier. "
Cette annonce fit sourire la konohajin. Derrière les muscles de l'intendante des Kisho se révélait finalement une femme capable de tout autant d'ambition dans sa vie privée. Elle semblait particulièrement résolue à mener cette alliance au bout, preuve inconditionnelle de ces sentiments envers l'homme qu'elle pensait assez digne de l'épouser. Cela en était presque touchant et ravissait Yuriko de pouvoir constater que, malgré le caractère très militaire de leur clan, de la douceur pouvait en ressortir.
" Si la date est assez lointaine, alors il y a bien moins de raison de s'inquiéter. Vous aurez tout le temps nécessaire pour réfléchir à chaque détail. De plus, il vous faudra vous entendre avec votre fiancé. Un mariage se fait à deux après tout. "
Si la kunoichi maîtrisait parfaitement les sciences médicales, elle semblait également connaître bien des choses sur le mariage et la manière dont on pouvait briller à de telles festivités. Et alors qu'elle enchaînait avec enthousiasme les questions auprès de son amie, elle se rendit compte qu'elle ne la rassurait pas le moins du monde. Bien au contraire, elle ne faisait qu'entretenir que plus d'angoisse.
" Donc je vais devoir acheter deux kimonos? "
Yuriko chercha à lui offrir un sourire plus rassurant.
" Vous n'êtes obligée de rien, si ce n'est pas ce que vous souhaitez. "
Pour Yuriko, le mariage se devait de ressembler au couple que l'on célébrait.
" Mais pourquoi des motifs de grues ou de tortues dessus? Je dois avouer mon inculture sur ce sujet. "
La kunoichi laissa échapper un petit rire cristallin.
" Pardonnez-moi Benkei-san. Je suppose que je me laisse un peu trop facilement transporter par la bonne nouvelle que vous venez de m'annoncer. Pour les motifs, je ne fais que me fier à ce que je connais de la tradition. On prétend que le symbole de tortue est un symbole d'un présage de mariage heureux. Je ne faisais qu'évoquer l'idée. Vous êtes la mariée, c'est à vous de choisir ce qui vous ferez plaisir. "
Quelle ironie d'imaginer les deux jeunes femmes, si différentes, à devoir parler chiffon comme n'importe quelles femmes du monde. Des semaines plus tôt, elles parlaient missions et protections, alliances politiques et soutiens militaires. Aujourd'hui, elles discutaient des préparatifs des épousailles de Benkei.
" Pour la tenue élégante mais pratique, mon costume d'intendante peut faire l'affaire ou alors vais-je devoir arborer quelque chose de plus civils? "
" Mmm... je ne connais pas l'allure de votre costume d'intendante, mais si ce dernier vous semble bien et que vous vous y sentez à l'aise, je suis certaine que cela fera l'affaire. Vous vous y sentirez peut-être vous-même en le portant et vous serez plus confiante. "
À ce moment-là, le commerçant arriva avec plusieurs échantillons de tissus.
" Benkei-san, une longue journée nous attend. Mais rassurez-vous, je vous tiendrais compagnie et je vous aiguillerais du mieux que je le peux. "
Ce fut ainsi que la journée continua entre les deux camarades. Entre les petits instants de doutes et de sourires, de questions et de choix, de commerces en commerces, entrecouper de moments gourmets autour d'un thé. Mais ce n'était qu'une journée parmi tant d'autres qui attendrait Benkei jusqu'au jour J. Les voies du mariage étaient impénétrables et mystérieusement la mission la plus difficile à mener à bien pour un shinobi. Pourtant, quelle plus belle aventure que d'avoir pu trouver une personne avec qui partager sa vie?
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