Yuriko se tenait là, sous un rideau de pluie en plein cœur des grandes forêts. Un corps était à ses pieds et ses mains ensanglantées se lavaient lentement de son crime. Un seul? Non. Il y en avait au moins trois. Les deux autres ressemblaient à des pantins disloqués à qui on aurait coupé les fils. D'étranges chaînes étaient également attachées à ses poignets dont on pouvait deviner que les maillons avaient cédé sous l'effet de quelqu'un qui les avait arraché violemment. Ce lieu sentait la mort et le sol rougissait encore fraîchement malgré la rage du ciel. Et au beau milieu de ce triste spectacle se tenait la kunoichi dont le regard n'avait jamais été aussi sombre qu'à cet instant-là. Statique, le visage tourné vers le cadavre au visage défiguré par une agonie douloureuse, elle demeura silencieuse.
En face d'elle, à quelques mètres de là, se tenait un homme âgé d'à peine quelques années de plus, à la chevelure aussi sanguine que les tâches qui souillaient la tunique de la jeune femme. Il était grand et ses yeux vermillons brûlaient d'une lumière envieuse et malsaine. Toute son attention était tournée vers de la konohajin immobile dont la pluie inondait la chevelure obsidienne. Lui aussi demeurait silencieux... jusqu'à ce que la shinobi leva la tête pour soutenir son regard.
l'inconnu:
Jamais ces noires pupilles n'avaient affiché autant de colère et de haine. Elles étaient égales aux ténèbres qui happeraient n'importe quels fous qui s'approcheraient de trop près. Cependant, cette attention venimeuse sembla faire naître une esquisse au coin des lèvres de son opposant.
" Ce regard... le voilà enfin. Que j'aime ces yeux ma chère.... "
Yuriko se mordit subitement la lèvre pour ne pas lui répondre, elle ne désirait pas se laisser prendre par son jeu.... ou peut-être était-ce simplement la douleur qui s'élançait dans son bras...ou bien celle de sa jambe paralysée par le poison... ou bien encore avait-elle conscience qu'elle était trop faible pour pouvoir se défendre. L'inconnu ne bougea pas d'un centimètre mais il n'avait de cesse de la dévorer du regard.
" Comme j'aurais aimé jouer avec vous plus longtemps. Je serais presque tenté de dire que je suis en train de tomber amoureux.... si j'étais capable de posséder d'aussi nobles sentiments. "
La voix de cet homme était sombre et d'une suave sonorité. Chacun de ses mots résonna dans la tête de la kunoichi, attisant en elle le dégoût ainsi que le mépris. Il le savait, il en jouait. Cela faisait déjà trois jours qu'il s'adonnait à cela. Mais Yuriko était incapable de bouger. Cela faisait déjà plusieurs longues minutes qu'elle ne s'appuyait que sur une jambe. Une aiguille empoisonnée paralysait l'autre. Un coup de traître, un coup de fourbe.
" Vous n'avez jamais été aussi magnifique que couverte par cette pluie. Vous êtes faites uniquement pour vous épanouir sous le sang. J'attends avec impatience le jour où vous viendrez pour le mien... que je me replonge dans vos yeux si noirs... "
L'inconnu s'enfonça alors subitement dans l'ombre, abandonnant sa proie aux éléments. Mais la rage envahit pour la première fois celle qui était connue pour ne jamais se laisser saisir par ses émotions.
" HIROMASAAAAAAAAAA !!!! JE VOUS RETROUVERAIS!! Je.... je.... "
La voix de la jeune femme n'eut comme réponse que l’écho de ses propres mots, mais ses yeux dégagèrent une fureur inégalée.
" Je vous tuerais.... de mes propres mains.... "
Mais pour comprendre ce qui avait pu amener la jeune femme dans une si périlleuse situation, il fallait revenir en arrière de plusieurs jours. Des jours où le nom de Hiromasa n'existait pas, ni lui, ni ses yeux carmins, ni cette voix qui résonnerait désormais dans sa tête, ni même cette haine que l'on ne pourrait jamais soupçonner... des jours qui lui rappelleront amèrement qu'il était parfois préférable une défaite plutôt qu'une victoire dont on ne pouvait tirer aucune gloire...
Tadake Yurikô
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La mission aurait pu être totalement banale, une formalité dans la vie d'un shinobi expérimenté. Suite à la convocation de l'Hokage, on remit entre les mains de la jonin les détails de sa tâche : se débarrasser par tous les moyens d'un certain Genzo Watanabe, et l'ordre provenant d'un proche du Daïmyo d'Hi no Kuni. Il s'agissait d'un commerçant tout ce qu'il y avait de plus ordinaire en apparence, un individu ventripotent qui avait réussi à faire fortune en profitant de la route commerciale des Grandes forêts, carrefour entre la majorité des grandes nations. Il était parvenu à se faire un nom dans son milieu mais il n'était pas associé uniquement à de licites transactions. Ce Watanabe avait réussi à tisser un solide réseau et avait engagé de nombreux individus peu scrupuleux pour le protéger. Cependant, des hommes comme lui, il en existait des centaines. Que lui valait-il d'avoir un contrat sur sa tête? Ces petits hobbies d'homme de pouvoir. Il se trouvait que ce vieux bedonnant avait un goût prononcé pour les belles jeunes femmes et que ces dernières disparaissaient mystérieusement... jusqu'à ce que leurs corps soient retrouvés pourvu d'étranges mutilations. Parmi ces tristes victimes, il y avait la nièce préférée d'un proche du Daïmyo, raison pour laquelle on avait fini par recourir au savoir-faire des shinobis. Les autorités classiques ne pouvaient intervenir car aucune preuve directe ne liait Watanabe aux disparues, sauf les soirées qu'ils organisaient et auxquelles elles avaient été invitées. Cela n'était pas assez pour faire de lui un assassin mais les rumeurs faisaient de lui le principal suspect.
Ce fut avec ces seules informations que la jeune femme s'était lancée dans sa quête, accompagnée de deux chuunins en guise de soutien. Retrouver leur cible fut assez facile car ce dernier ne se cachait pas aux yeux du monde, bien au contraire, mais il était toutefois prudent et méfiant car il avait toujours à ses côtés quatre garde du corps. Yuriko le retrouva dans un premier temps à Baransu où il vaquait à ses habitudes commerciales. Il y retrouvait ses contacts et ses partenaires divers. Rien de spécialement suspect. Cependant, le but de la kunoichi était d'étudier les habitudes du marchand, son attitude, mais aussi les hommes qui étaient avec lui. Elle y passa près deux jours entiers sans qu'elle ne notât quoique se soit de peu ordinaire sauf... sauf un homme. Plus discret que les autres, le visage toujours dissimulé, Watanabe changeait de comportement en sa présence. Son visage se fermait comme si cet informateur venait à chaque fois lui apportait de mauvaises nouvelles. Toutefois, l'inconnu n'était apparu qu'à deux reprises et une seule fois par jour. L'heure n'avait jamais été la même et la jeune femme n'avait pas réussi à déterminer le rôle de ce dernier.
Six jours avant...
Yuriko se trouvait présentement dans les Grandes forêts. Elle s'efforçait toujours à suivre l'objet de sa mission et grâce à ces compagnons, elle avait appris que Watanabe avait une maison recluse dans la région, loin des sources chaudes et des touristes, un endroit calme où vous auriez beau crier, personne ne serait capable de vous entendre. Si vous tentiez de fuir? La nuit vous dévorerait et ferait de vous la proie des loups. Un endroit parfait pour y emmener des jeunes femmes et leur faire subir des sévices innommables. Toutefois, le marchand faisait des voyages récurrent entre un village non loin et sa demeure. D'après ses observations, il jouait les faux bons samaritains et les regards qu'il jetait parfois sur certaines passantes montraient qu'il se cherchait une nouvelle victime. Il ne fallait pas tarder.
Et au moment où elle ne s'y attendait pas, l'inconnu de Baransu réapparut. Il se faisait toujours aussi discret et parlait continuellement à voix basse, et d'une telle façon qu'il était impossible de lire sur ses lèvres. Par précaution, la kunoichi avait demandé à l'un de ses camarades de tenter d'en savoir plus sur cet intriguant, par simple intuition. Ce n'était peut-être qu'un messager ou un espion que le commerçant envoyait pour ses commissions mais quelque chose dans l'attitude de cet homme dérangeait la jeune femme.
" Tadake-san. Au rapport. " " Dites-moi ce que vous avez trouvé. "
Le chuunin semblait embêté, elle le devina rapidement.
" J'ai bien peur de n'avoir rien trouvé. J'ai tenté de le suivre mais... ces activités semblaient anodines. Je peux cependant vous le décrire : une chevelure rouge, des pupilles carmins. Je n'ose pas m'avancer mais je pense qu'il s'agit d'un shinobi, mais je n'ai pas réussi à identifier son clan. Il n'affiche aucune appartenance. Un indépendant? "
" Si tel est le cas, cela nous complexifie la tâche. Il ne faut pas que nous soyons reliés à cette affaire et si ce genre de pion entre en jeu.... "
Le regard de la jeune femme se porta sur les hommes qu'elle surveillait mais son attention s'inquiétait de l'inconnu qui était en compagnie de Watanabe.
" Nous entrerons en scène dans deux jours. Soyez prêt. "
La voix de la jeune femme était froide et cassante. Il fallait en finir au plus vite. Le temps qui leur serait imparti sera mis à profit pour étudier les rondes et les allées des gardes du marchand dans sa maison secondaire. Ils établiraient un plan à partir de là et profiteraient de l'avantage de l'isolement de la résidence de leur cible.
Tadake Yurikô
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Yuriko se tenait dans l'ombre, et les deux chuunins qui l'accompagnaient en faisait de même de leurs côtés. Il attendait le signal de la jonin pour pouvoir entrer en action. Cela faisait près de trois heures que la nuit était tombée et les gardes ne semblaient pas être des personnes qui prenaient leur travail à cœur. Il y en avait quatre à l'extérieur, un pour chaque coin de la résidence. Ils se déplaçaient tous dans le même sens à des intervalles réguliers afin de conserver une surveillance élargie. Toutefois, les bruits de la forêt et l'ombre des grands arbres ne les aidaient que peu. Afin de conserver la tranquillité du lieu, il n'y avait aucune lanterne à l'extérieur, et la lumière se limitait à celle de l'intérieur de la maisonnée. Toutefois, les cerbères étaient bien armées : une armure légère, un casque, un katana. C'était sans compter leur formation de combat.
À l'intérieur, il n'était qu'au nombre de trois, sans compter Watanabe, leur cible. Cela semblait si peu que cela aurait pu être risible. Il y avait un étage, de nombreuses petites pièces et de long couloir. C'était au premier que se trouvait la chambre du marchand - les shinobis avaient pu distinguer sa silhouette et son ombre reconnaissable par une fenêtre. Toutefois, un mauvais pressentiment envahissait Yuriko au fur et à mesure que les minutes passaient. Cela semblait... trop facile. D'autant plus que depuis qu'elle surveillait les lieux, l'inconnu aux cheveux rouges n'étaient pas venu. Pas une seule fois. Sa présence n'était pas appréciée en cet endroit? Nul temps pour les questions...
Bientôt, l'éclairage s'abaissa pour ne laisser qu'une légère pénombre... c'était le moment...
Dans la ronde nocturne des quatre gardiens, il y avait une légère faille. À un certain moment, sur une toute petite intervalle de temps, chacun devenait invisible pour les autres, comme dans un angle mort. C'était pile à cet instant que la jeune femme décida de frapper en simultanée avec ces camarades. Mais il fallait être rapide pour ne pas donner l'alerte. Sur les quatre individus, trois furent pris d’assaut. Pour Yuriko, l'approche fut instantanée grâce à une technique de déplacement rapide et sans que ce dernier n'eut le temps de se rendre compte de sa présence, un bruit sourd de craquement, comme une branche sous un pied trop lourd, brisa le silence. Le geste fut chirurgical. Le son bref. La nuque brisée en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire. Il fallait maintenant s'occuper du dernier larron avant qu'il ne puisse comprendre. Avec célérité, la jeune femme se précipita dans l'angle de la maisonnée, attendit que le soldat arrivât à sa hauteur. Le coude levé, sa main faisant office d'un scalpel de chakra, elle frappa d'un coup unique la gorge du malheureux, pile entre le début du plastron et l'attache du casque. Ne relâchant pas son attention, Yuriko plaqua sa main sur la bouche de l'individu pour étouffer son dernier râle avant la mort. Alors qu'elle tenait encore le cadavre dans ses bras, elle vit les têtes de ces deux compagnons qui lui confirmèrent par un hochement qu'ils avaient accompli également leur tâche. Il ne restait plus que les trois hommes à l'intérieur.
L'affrontement au sein même de la résidence serait d'une toute autre nature. Le milieu était plus confiné, l'espace amoindri, pour la kunoichi tout comme ceux qu'elle s'apprêtait à affronter. Le combat au corps à corps était le plus approprié. S'ils étaient armés, il lui faudrait les parer avant même qu'ils ne puissent dégainer. S'ils avançaient leurs poings, alors il tâterait du sien. Cela faisait partie du paradoxe de la jeune femme. Rien dans son apparence ne pouvait laisser suggérer toute la violence qui se dissimulait dans son bras, et si l'on pensait que son visage incarnait une certaine forme de douceur, son style de combat était plus brutal.
Toujours dans l'optique d'agir rapidement, Yuriko abandonna les cadavres au soin de ses partenaires, tout comme la sécurité des environs pendant qu'elle gérerait les hommes de main de Watanabe. Puisque les bâtiments étaient quasiment dans l'obscurité y pénétrer lui serait facile. Notons que préalablement, l'un des chunins, senseur, avait repéré la position des gardes : un devant la chambre de commerçant véreux, les deux autres se trouvaient au rez-de-chaussée, menant une ronde sommaire. La vitesse. Tout serait une question de timing. Tout serait une question d'efficacité.
Devant l'entrée, une respiration calme, son regard changea pour afficher une expression aussi froide qu'une pierre tombale. Elle était prête à en dresser quatre de plus.... à cet instant là.
Un.
Yuriko rentra dans le bâtiment. Elle surprit le premier garde qui tente de dégainer son katana. D'un geste, elle retint le poignet de l'individu, le serra et le contorsionna d'une manière anormale. La douleur aurait été insupportable pour n'importe qui mais elle ne lui permit pas de crier. De son autre main, d'un mouvement de paume, elle frappa si violemment sous le menton du soldat que l'on entendit le craquement de sa mâchoire, et le bruit de ses dents qui coupèrent sa propre langue dans un bruit visqueux. Par mesure de sécurité, elle enchaîna rapidement pour lui saisir la tête. Un nouveau craquement. Il s'effondra.
Deux.
Le deuxième gardien apparut au détour du couloir. La kunoichi courut dans sa direction et le frappa directement au plexus. Elle se heurta à la plaque de métal de son plastron mais ce dernier de mauvaise facture, plia sous la force herculéenne de la jeune femme, écrasant ainsi ses côtes et le piégeant dans ce qui était censé le protéger. Cela eut pour effet de lui couper le souffle et permit à la konohajin de se saisir d'un kunai pour lui trancher la gorge d'un coup vif. Un son guttural s'échappa quelques secondes. Puis le silence.
Trois.
Il fallait monter à l'étage. Toujours dans cet esprit que le temps lui était compté, la jeune femme se rua au premier. Les bruits du rez-de-chaussée, bien que moindre, attira l'attention de l'individu qui surveillait la porte de la chambre de Watanabe. Par précaution, il avait apposé sa main sur la poignée de son arme. Cette fois-ci, la confrontation serait directe. Yuriko d'un côté, le soldat de l'autre. Curieusement - et peut-être par vanité - il n'avertit pas le maître qu'il servait. Tant mieux pour elle. Il sortit lentement sa lame dont on reconnut le bruit caractéristique de métal qui sortait du fourreau. La shinobi ne sourcilla pas un seul instant. Elle demeura imperturbable. Il lui fallait bien plus pour l'inquiéter, d'autant qu'elle ne mettait en jeu que sa propre vie. Il pointa son arme dans sa direction, un petit sourire aux lèvres. Le trop plein de confiance était un vilain défaut. Les deux jeunes gens se précipitèrent l'un sur l'autre. L'épéiste avait pour objectif de transpercer Yuriko de part en part, et l'étroitesse du couloir jouait en sa faveur. Toutefois, la jeune femme était habile et d'une souplesse féline. Un peu de chakra malaxé sous sa voûte plantaire, et la voilà capable de marcher sur les murs et les plafonds. De quoi faire tourner des têtes, au sens propre comme au figuré. Au dessus du malheureux, elle se saisit de son crâne et le tourna comme une vis. Crac.
Cette fois-ci, le bruit du corps qui s'effondra réveilla la cible. La lumière s'alluma dans sa chambre de Genzo Watanabe. On put d'ailleurs l'entendre vociférer et maugréer contre ses hommes. Mais voilà, ce fut Yuriko qui ouvrit les portes.
" Qu'est-ce que... Où sont mes hommes? Qui vous envoie? " " Vos hommes n'ont pas quitté leur poste. "
Il fallait bien entendu distinguer une forme de cynisme et d'ironie dans les propos de la kunoichi. Sa voix tranchante ne fit qu'appuyer ses propos. Elle s'attendait alors à voir le marchand paniquer mais il tenta de négocier son sort comme si ses ryos pouvaient lui racheter sa vie.
" Je ne sais pas qui vous a payé, mais je peux vous offrir le double, voir même le triple. " " Vous perdez votre temps. "
Watanabe grimaça d'agacement .
" Pouah! Chienne! Si tu crois que tu vas m'avoir comme ça. "
Le bedonnant sortit brusquement un tantö de sous son kimono grand luxe.
" Viens jouer avec papa... je vais te redonner le sourire. Les autres ont toutes étaient satisfaites. " " Répugnant. "
Le visage de la jeune femme demeura impassible et sa voix tranchante, alors que Watanabe sous-entendait qu'elle ne serait pas sa première victime. Autant se saisir de ces paroles comme des aveux. Si le commerçant n'était pas connu pour être un combattant, toutes les rumeurs s'accordaient à dire qu'il était un sadique et un violent, un homme imprévisible dont les humeurs étaient particulièrement changeantes. Il ne faisait bonne figure que lorsqu'il était en public ou pour obtenir quelque chose. Pour Yuriko, il avait tout un porc, de la peau luisante de son front dégarni à la pilosité animale qui s'échappait de ses vêtements. Cela était sans compter son attitude et la lueur malfaisante de ses yeux.
Ce fut alors qu'il joua avec sa lame et la patience de la kunoichi. Il agita sa dague, fit un pas en avant comme s'il allait attaquer. Il recula, il tenta de refrapper de gauche à droite. À chaque fois, la konohajin esquiva sans mal. Mais comme Yuriko ne se laissa pas gagner par ses vaines intimidations, Watanabe fut le premier à perdre son sang-froid.
" Tu vas crever oui! "
/ ! \ (Une petite partie est sous hide par précaution)
La mission était accomplie. Watanabe était mort. Les jeunes femmes reposeraient en paix. Elle et ses compagnons pouvaient à présent rentrer et aller faire leur rapport à l'Hokage. Mais alors qu'elle tourna les talons, une expression de surprise se dessina sur son visage et un petit "hic" s'échappa d'entre ses lèvres. Elle abaissa son regard, elle avait une longue aiguille plantée dans le bras mais elle n'était plus capable de le bouger. D'ailleurs, elle eut beaucoup de mal à relever la tête.
En face, il y avait un homme. Il avait des cheveux rouges, des yeux aussi froid que les siens, mais un sourire de conquête sur le bord de la bouche.
" J'aime l'expression de votre regard. "
Le corps de la kunoichi se paralysait lentement.
" Nous allons pouvoir jouer en tête à tête maintenant. "
L'inconnu approcha la demoiselle et lui plaqua un chiffon imbibé de chloroforme sur la bouche. Elle se sentit subitement partir. Tout devint noir. Tout devint froid.
Tadake Yurikô
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Tout paraissait lourd. Sa tête. Ses bras. Ses jambes. Yuriko avait l'impression que son crâne était un tambour contre lequel on n'avait eu de cesse de frapper, et des douleurs lancinantes se faisaient sentir dans chacun de ses membres, comme si un courant électrique venait de lui engourdir les muscles. Elle avait mal aux poignets, mal aux chevilles. Elle avait froid. Il lui fallut bien dix minutes avant d'être capable d'entrouvrir les paupières afin de discerner quelques ombres et lumières. Elle ne se sentait pas capable de parler, ni de crier, ni d'appeler une aide quelconque. Tout son monde semblait... vaporeux. Quand elle parvint enfin à voir, la kunoichi remarqua qu'elle était dans une petite pièce. Il y avait une table, des instruments divers posés sur celle-ci dont les senbons qui lui appartenaient - elle reconnut sa petite trousse. Il y avait des tâches de sang séché aussi. Cela, elle le devina tout de suite. Pas de fenêtre, que des lumières artificielles. Un sous-sol peut-être?
La jeune femme commençait à retrouver quelques sensations et s'agita un peu. Des cliquetis métalliques se firent entendre. Elle redressa la tête avec difficulté et se rendit compte qu'elle était enchaînée. Les maillons étaient épais et le fer semblait commencer à rouiller. Si elle était en pleine possession de ces moyens, elle aurait sans doute pu les briser, mais on avait fait en sorte qu'elle ne puisse pas se montrer farouche. Ses bras étaient maintenus en l'air et les chaînes qui les lui retenaient passaient pas un anneau accroché au plafond. Le tout était fixé au mur derrière elle. On pouvait tirer sur la chaîne pour la soulever ou bien au contraire la faire descendre. Ici, son hôte avait fait en sorte qu'elle puisse poser un pied à terre, mais ces derniers étaient aussi tenus par des chaînes sur le sol. Une précaution supplémentaire que la kunoichi ne pourrait reprocher.
Par contre, elle fut étonnée du silence. Il n'y avait pas un bruit, pas un souffle ni un murmure. Elle donnait l'impression d'avoir été abandonnée comme un pourceau que l'on faisait sécher. Yuriko tenta de s'agiter une fois de plus et ce fut à cet instant qu'il entra dans la pièce.
" Non, non, non, ma chère. Ne vous agitez pas. Vous ne ferez que rendre votre supplice plus douloureux. "
C'était lui. L'homme aux cheveux de feu et au regard carmin. Il affichait un sourire de satisfaction très irritant, tout en s'essuyant les mains. Le tissu qu'il tenait était imbibé de sang. Voilà qui ne présageait rien de bon. L'inconnu s'approcha de la jeune femme, silencieusement et à pas de loup. Ses yeux étaient particulièrement pesant et Yuriko n'avait pas encore l'esprit aussi clair qu'elle aurait souhaité pour réagir. Là, il porta sa main sur son visage et lui saisit le menton. Il examina avec une certaine froideur.
" Mmmm.... je vois que les effets de mon tranquillisant sont en train de s'estomper. Je ne peux me permettre cependant que vous vous agitiez. Je vous le demanderais bien naturellement, mais j'ai comme la nette impression que vous refuserez de m'obéir. "
Il avait une voix sombre et rauque, une voix pénétrante et dérangeante. Le shinobi - car elle n'avait pas de doute qu'il en s'agisse d'un - se tourna vers la table. Ce n'était qu'à cet instant qu'elle remarqua qu'il y avait une autre trousse posée, plus imposante que la sienne. Quand il la déplia, plusieurs petits flacons de différentes formes et couleurs se présentèrent. Sa main passait au dessus avec hésitation, comme s'il se tâtait jusqu'à ce qu'il se décida enfin.
" Nous allons commencer par cela. "
Il prit le flacon ainsi que des senboms qui se trouvaient là. Il trempa la pointe d'une aiguille dans le flacon avant de se tourner vers Yuriko. Il la toisait avec condescendance mais les yeux noirs de la jeune femme soutinrent son attention. Et à cet instant là, il planta violemment l'aiguille dans sa cuisse droite. La kunoichi ne put retenir un rictus de douleur et se mordit même la langue. Il répéta l'opération pour la cuisse gauche. Puis le bras droit et le gauche. Si sur l'instant la douleur paraissait violente, elle s'effaça sous le coup de la paralysie. Ces membres s'anesthésièrent un par un, et elle devint un corps inerte et ballottant.
" Vous ne sentirez rien pendant un petit moment... afin rien.... simplement au niveau de vos membres. "
" Que me voulez-vous? "
Elle réussit enfin à parler, mais sa voix était un peu chevrotante.
" M'amuser. "
Il recula et s'appuya contre la table en croisant les bras. Il ne quittait pas la jeune femme des yeux comme si ce dernier était fasciné par Yuriko. Elle n'aimait définitivement pas ce regard.
" Vous savez. Je vous ai remarqué à Baransu. Lorsque j'ai vu vos beaux yeux noirs, j'ai compris tout de suite que vous serez une formidable camarade de jeux. J'aime beaucoup les femmes de votre genre. "
" Je suis une très mauvaise joueuse. "
Il se mit à rire.
" Moi aussi. Raison pour laquelle je ne joue qu'à des parties que je suis certain de gagner. "
" Puis-je connaître votre nom? "
Un sourire carnassier s'étira sur le visage de l'inconnu.
" Hiromasa. Et vous, vous êtes Tadake Yuriko. Une shinobi de Konoha. Si vous vous demandez comment je le sais, sachez que vos compagnons ont déjà perdu la partie contre moi. "
La colère anima brusquement le regard de la jeune femme, et l'envie celui qui se faisait appeler Hiromasa. À cet instant là, il se rapprocha brusquement d'elle et plongea ses pupilles carmin dans l'ébène des yeux de la konohajin. Il posa ses mains sur les deux joues de la demoiselle et la força à le regarder.
" Haaaaaaaa! Enfin!! Ces yeux! Cette fureur, cette rage! Je la revois enfin! Oho oui! Conservez-les ainsi! "
Yuriko le sentit presque trembler d'excitation, ce qui n'apporta que plus d'agacement chez la kunoichi.
" J'aime voir cette lumière dans les yeux d'une femme, j'aime les voir brûler de cette façon. Mais j'aime encore plus pouvoir éteindre ce feu, j'aime encore plus voir l'espoir s'évanouir, laisser le désespoir se saisir de tout. Mais ce jeu n'a d'intérêt que si l'adversaire est fort, s'il a du caractère. Il est toujours plus plaisant de faire plier ce qui parait imployable. Ma chère.... comme j'ai hâte de vous voir briser. J'ai hâte.... mais je vous en supplie, faite durer un peu le plaisir. Juste un peu. "
" Allez en enfer. "
Yuriko tenta de lui donner un coup de tête, mais il recula juste à temps. Bien loin de se laisser impressionnée - et bien loin de sa nature et principe - elle lui cracha au visage en vue de l'humilier. Le regard d'Hiromasa changea d'allure et devint plus obscur. Il gifla Yuriko du revers de la main. Une goutte de sang perla sur le coin de sa bouche.
" Vous ploierez ma chère. Laissez-moi simplement le temps de trouver la méthode. "
Il la frappa à nouveau au visage, puis à l'estomac, encore, et encore jusqu'à lui faire cracher de la bile. Si elle ne sentait plus ses bras ou ses jambes, cette douleur là était bien présente. Elle ne sut combien de temps cela dura mais assez que pour qu'Hiromasa ne s'en lassa. Après cela, et dans le silence le plus total, il utilisa d'autres aiguilles, d'autres poisons, d'autres jeux sournois. Il y passa ainsi la journée, tout en maintenant la jeune femme réveillée et semi-paralysée. Ce jour là, Yuriko connut la douleur comme elle ne l'avait jamais supporté. Elle connut les cris comme elle ne les avait jamais poussé. Mais ce n'était que le premier jour. Le premier jour, c'était le corps que l'on brisait, le second....
Tadake Yurikô
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À quel moment la jeune femme avait sombré dans l'inconscience? Elle ne s'en souvenait pas. Elle n'avait en mémoire que la pluie de coups, la suffocation qui l'avait gagné face à la violence des chocs dans ces côtes, cette sensation d'électricité qui lui parcourrait chaque once de ces muscles fatigués. Parfois, elle avait l'impression de sentir les aiguilles qu'Hiromasa avait enfoncé dans sa chair mais elle savait qu'il ne s'agissait que d'une illusion sous l'effet des drogues qu'il s'amusait à lui administrer pour la maintenir au calme. D'ailleurs, peut-être que l'effet de l'une d'elles était sur le point de s'estomper quand elle ouvrit les yeux. Toujours la même pièce, toujours le même silence.
Son bourreau avait pris le soin étrange d'éviter de trop la frapper au visage, il ne l'avait giflé que lorsqu'il la jugeait trop insolente. Ainsi, elle pouvait au moins ouvrir les paupières sans connaître la difficulté d'un regard gonflé par un coup de poing. Néanmoins, son esprit était comateux et embrouillé. Ses yeux paraissaient vides et sa vue était trouble. Il lui fallut aisément une demi heure pour reprendre une conscience véritable. Peut-être aurait-il mieux valu que cela ne soit pas le cas.
Une odeur familière lui parvint, une odeur d'un onguent qu'elle utilisait pour soigner les plaies superficielles. Quand elle tourna la tête, elle perçut que l'on lui en avait apposé sur les plaies de ses bras et de ses jambes... mais aussi qu'elle n'était plus vêtue comme elle l'était. Quand? Quand avait-elle été changée? L'idée l'horrifia d'un coup. On l'avait vêtu d'un kimono blanc et à peine avait-on pris la peine de bien en serrer la ceinture. Rien n'avait de sens. Est-ce ainsi qu'il comptait faire durer son plaisir? La frapper puis venir soigner ses plaies? Cet homme était un fou, et le fou avait choisi son heure pour réapparaître.
Il apparut comme il semblait en avoir l'habitude, en sortant de l'ombre et ne laissant briller que ces yeux rouges. Il affichait un air sévère qui finissait par s'effacer lorsqu'il portait son attention sur la kunoichi. Cette dernière se contenta de ne pas le quitter des yeux, s'enfermant d'elle même dans le mutisme. Il avait emmené avec lui un grand sac de jute qu'il posa sur la table sans aucune délicatesse avant de se placer devant elle.
Yuriko ne répondit pas. Il ne semblait pas s'attendre à ce qu'elle le fasse.
" J'ai un nouveau jeu à vous proposer. Vous allez voir, je pense que celui là, vous allez l'adorer. "
A cet instant, Hiromasa s'écarta de la jeune femme pour retrouver sa trousse d'empoisonneur. Il prit un flacon, le secoua quelques instants avant d'y tremper une aiguille.
/ ! \ (Une partie est sous hide - scène torture +18)
Tadake Yurikô
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Fiche du Ninja Grade & Rang: Jônin - rang A - Chef du clan Tadake Ryos: 2730 Expérience: (4428/2000)
Il y avait des violences qui demeureraient éternellement dans votre chair, même si vous tentiez de faire l'impasse sur les plus pénibles souvenirs afin de vous rendre la réalité plus supportable et vous donner la force de pouvoir continuer à avancer. Les choses que lui avaient fait subir Hiromasa n'avait pour but que défaire son esprit, son courage et sa volonté. Il voulait qu'elle cède, il voulait prouver sa supériorité chimérique, ou bien peut-être que simplement ses desseins échappaient à toute raison. Mais un Tadake ne se brisait pas aussi facilement. Un Tadake se dressait devant la difficulté et se relevait. Quand l'esprit de la jeune femme était sur le point de vaciller, Yuriko s'accrochait à ce qui lui tenait le plus à cœur. Son frère. Elle se rappelait la force qui fut la sienne pour faire front aux ténèbres, elle se rappelait la manière dont il lutta contre ses propres démons. Elle se rappelait de Tetsuo. De la conviction qui avait été la sienne, de ses sourires et son obstination. Elle se rappelait des hommes et des femmes dont elle partagea les douleurs quand ils furent au plus bas. Combien de fois avait-elle tenu ses discours dans lesquels elle ne cessait de dire qu'il ne fallait jamais baisser les bras? N'était-ce que des paroles en l'air qu'elle n'appliquait pas à elle-même?
La kunoichi était toujours enfermée dans les sous-sol de la résidence de feu Watanabe - du moins e qu'elle supposait -, et attachée par des chaînes. Les drogues qu'avaient employées son bourreau commençaient à s'estomper, peut-être commençait-elle même à s'y être habituée. Ses muscles lui faisaient mal et le fer à ses poignets lui irritait la peau. Elle bougea dans un premier temps ses doigts, puis elle eut un petit mouvement de main qui fit cliqueter les maillons de ses entraves. Cela semblait insignifiant sur le moment mais Yuriko, la tête ballante vers l'avant telle une poupée de chiffon, commença à s'agiter. Les sensations lui revenaient. Une nouvelle secousse. Une autre plus violente encore. Elle tirait sur ses chaînes avec toute la force qui lui restait en chassant la douleur que cela lui infligeait. Muette. Toujours muette car aucune parole ne pourrait traduire tout ce qui se passait dans sa tête. Il fallait à tout prix qu'elle réussisse à se défaire de ses liens. Elle se remua une nouvelle fois avec plus de conviction en appuyant de tout son poids. Yuriko sentait que le métal était faible, rongé par la rouille. Ce n'était rien face à sa détermination. Elle tira encore une fois. Puis une fois de plus. Encore. Elle refusa d'abandonner et s'agita rageusement une fois supplémentaire...
... un corps s'écroule.
Le sien. Cela faisait trois jours qu'elle n'avait pas marché, trois jours qu'elle était maintenue suspendue comme de la viande. Ses bras lui faisaient particulièrement mal... mais elle était en partie délivrée. Le plus dur restait pourtant à faire. Il fallait se relever, redresser la tête et avancer. Piteusement, ses mains remontèrent à ses chevilles qui demeuraient toujours entravées par des liens ferreux. Elle réussit douloureusement à les arracher. Le paralysant qu'avait employé Hiromasa engourdissait encore ses membres endoloris, mais plus assez pour l'empêcher de se mouvoir. Avait-il été négligent? Ou bien était-ce volontaire afin de confirmer ou infirmer la force de caractère de la kunoichi? Prenant appui sur la table où était toujours posée la tête de ses camarades, Yuriko réussit à tenir sur ses deux jambes branlantes. Sans regarder pour autant ce qui se trouvait à ses côtés, elle chercha de sa main la trousse où il y avait des senbons, et en prit un qu'elle tint fermement avant d'avancer en se traînant jusqu'à la porte. Là, elle eut un petit temps d'arrêt.
" Je reviendrais vous chercher.... "
On abandonnait pas ces compagnons.
Elle quitta la pièce de ses supplices pour atterrir dans un couloir peu éclairé. La main sur un mur, elle se guida ainsi jusqu'à arriver à un escalier et le monta dans un calme sinistre. Plus elle marchait, plus ses forces revenaient, plus sa rage montait. Quand elle atteignit la dernière marche, cela lui confirma qu'elle était bien dans la demeure de Watanabe et qu'elle n'avait jamais quitté cet endroit. Au détour d'un autre couloir, il y avait toujours le cadavre pourrissant d'un des gardes qu'elle avait assassiné en entrant ici. Hiromasa n'avait touché à rien... mais où était-il?
Yuriko continua son chemin jusqu'à l'entrée de la résidence. Le ciel était voilé et l'air était électrique. Malgré les arbres, il était facile de deviner que la pluie ne tarderait pas à tomber. La jeune femme apparut donc à l'embrasure de la porte et une voix familière lui parvint.
" Ho? Déjà réveillée ma chère? Vous me plaisez de plus en plus. Vous êtes d'une résistance fascinante."
Hiromasa se tenait à quelques mètres en compagnie de trois hommes qu'elle n'avait jamais vu. Peut-être des anciens mercenaires de Watanabe, des complices? Il fallait dire que la konohajin n'en avait que faire car à la seule vue de son bourreau, elle fut gonflée par la haine. Tout cela se lisait parfaitement dans ces yeux. Lui affichait un sourire sournois. Yuriko ne répondit pas à sa provocation mais elle ne pouvait rester les bras croisés. Sa raison lui échappait et elle se laissait submerger par la vague de sa colère.
Elle fit un pas, un autre, elle accéléra... elle courut dans sa direction.
Il fit un geste de la tête. Il envoya un de ses hommes à la confrontation. Pauvre diable.
Telle une bête enragée, Yuriko lui sauta dessus avec une telle force que ce dernier fut surpris. Là, elle se saisit de son aiguille et lui martela la gorge par des gestes répétés et furieux. Elle s'acharna avec une telle violence qu'il était difficile d'imaginer que la belle élégante se dissimulait quelque part sous la longue chevelure d'ébène qui ruisselait comme un torrent sur ses épaules. Au bout de quelques minutes, l'aiguille lui glissa des mains. Immaculée de sang, cela revenait à essayer de tenir une anguille entre les doigts. Bien évidemment, le bougre était mort et elle jeta son corps avec dédain avant de passer au suivant.
Le second comprit qu'il fallait être prudent et ne se lança pas immédiatement sur elle... oubliant qu'elle n'était pas qu'une simple femme. Elle était une shinobi. Maintenant que ses mains étaient libres, elle pouvait user de ses mudras. Il n'osait pas venir à elle? Soit. Technique de déplacement instantanée. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se retrouver face à lui avant qu'elle ne le martela de coups de poings. Si Hiromasa pensait l'avoir brisé physiquement, il n'avait pas compté sur l'énergie du désespéré et de l'adrénaline de sa rage, ni même pensé à drainer son chakra. Sans doute ce dernier s'était-il montré trop confiant. Ce qu'il advint de son homme de main? De la bouillie humaine. Yuriko avait frappé de toutes ses forces et les os que rencontrèrent ses poings éclatèrent sous sa pression.
La pluie commença à tomber au même moment où le cadavre s’effondra aux pieds de la jeune femme.
Il restait encore un homme à abattre avant d'atteindre Hiromasa. Ce dernier se montra étrangement plus hésitant. Comme pour tenter de lui redonner confiance, l'homme à la chevelure sanguine laissa échapper un petit râle d'agacement.
" Il faut tout faire soi-même. "
A peine eut-il le temps de prononcer ces mots que ce dernier lança une aiguille empoisonnée dans la jambe de Yuriko qui laissa échapper un cri de douleur. La jeune femme n'avait que sa puissance brute et primale pour s'opposer à ces adversaires, elle n'avait pas la force nécessaire, ni l'esprit assez clair pour tenter d'esquiver ce genre de fourberie.
Il commençait à pleuvoir de plus en plus.
Si Hiromasa resta en arrière, son geste eut pour effet de rassurer son dernier complice qui la pensait ainsi assez affaiblie pour se débarrasser d'elle plus facilement. C'était une erreur. Il avança vers elle, désarmée et immobile. Il aurait été facile de croire qu'il était à cet instant précis supérieur en tout face à la kunoichi. Erreur. D'un mouvement de bras - et cela lui coûta beaucoup car son visage trahit la douleur de son geste - les chaînes pendantes à son poignet s'enroulèrent autour de la gorge de son ennemi. Là, elle l'attira vers elle tout en l'étranglant. Par réflexe, ce dernier chercha en premier lieu à retirer le lien métallique pour retrouver son souffle mais les mains poisseuses de la kunoichi s’agrippèrent à sa figure. Comme pour Watanabe, elle enfonça ses pouces dans ses yeux et appuya fortement. Ses paumes aussi se resserrèrent comme un étau sur son crâne. L'homme de main cria... son visage se couvrit de sang.... puis le silence.... sauf celui des gouttes d'eau et du souffle saccadé de la jeune femme. C'était fini.
Yuriko se tenait là, sous un rideau de pluie en plein cœur des grandes forêts. Un corps était à ses pieds et ses mains ensanglantées se lavaient lentement de son crime..... En face d'elle, à quelques mètres de là, se tenait un homme âgé d'à peine quelques années de plus, à la chevelure aussi sanguine que les tâches qui souillaient la tunique de la jeune femme. Il s'appelait Hiromasa, l'homme qu'elle haïrait le plus au monde.