Je me lève de plus en plut tôt en ce moment, allez savoir pourquoi. Nuit trop agitées ? Angoisses nocturnes ? Envie de partir, de changer, de ne plus avoir peur ? Un peu de tout ça, sans doute. Et j'ai beau m'évertuer à ne rien laisser paraitre, que ça soit dans mes attitudes ou mes actes, il faut croire qu'on ne peut pas se tromper soi même. Et, tout ce fardeau qui me ronge, petit à petit, du à mon passé et à ma récente humiliation. Sauvé par des étrangers... Involontairement, mais à cause de moi, Konoha a une dette envers eux. Je crois que c'est la pire des choses possibles que peut causer un shinobi à son village, l'obliger à être redevable. Et c'est sans aucun doute l'origine de mes tourmentes plus récentes.
Je soupire, las, en m'habillant. Le temps est à l'image de ma lassitude, grisâtre. Franchement, je crois que tout m’appelle à ne rien faire, l'envie d'inaction est presque plus forte que mon envie de vivre... j'ai l'impression d'être pris dans un de mes genjutsus, tiens. Mais bon, je dois continuer à avancer, pas après pas. Yurikô-sensei m'a fort bien enseigné l'endurance, l'effort, et elle m'a donné une force intérieure que peu de choses peuvent souffler. Alors, vêtu de mon habituel manteau blanc, et l’œil bandé, je sors de ma lugubre demeure. Pour faire quoi ? je sais pas encore, je verrai bien où me mènent mes pas... Et je pars donc, déambuler sans but dans Konoha.
Il réside dans les rues du village caché des feuilles une espèce de magie, une insouciance maligne, invisible mais pourtant présente, qui à le don de me mettre du baume au cœur. J'ai l'impression d'être coupé du monde des humains classiques et d'entrer dans un genre de monde différent, ou tout est régi par la poésie, l'art et la beauté malicieuse. Les maisons boisées se fondent et se cachent mutuellement, faisant un concours acharné avec la végétation environnante, et il n'est pas rare d'y apercevoir quelques petites têtes malignes d'animaux, ou encore de faire des rencontres atypiques avec des villageois tout aussi perchés que moi. Ça fait du bien, un bien fou... Et on oublie qui l'on est, où l'on va. C'est... grisant.
Finalement, après une ou deux heures de marche, je finis par arriver pas hasard dans un lieu que je connais très bien... le camp d'entrainement n°2. Cette vision m'arrache un sourire, surtout que je le vois vide, comme à son habitude. C'est mon camp favori, car il possède une petite rivière, et est très peu fréquenté car à l'écart des autres terrains. C'est un genre de petit paradis solitaire, où j'ai adoré suer sang et eau, et mettre au point mes techniques les plus farfelues. Mon regard s'arrête sur un creux dans le sol, et mon sourire s’agrandis lorsque je me rappelle avoir creusé moi même ce petit trou, en essayant désespérément de mettre au point ma vague... Mon crâne s'en souvient très bien, lui aussi ! Et, c'est avec une pointe de nostalgie que je fais appel à l'eau présente dans la rivière pour invoquer ma vague, et la chevaucher. Finalement, c'était pas si compliqué ! Et l’exercice me procure une sensation agréable, chaleureuse, qui me confirme une chose, que je soupçonnais mais qui m'apparait maintenant clairement... Manier l'eau, c'est cool.
Je coupe ma vague, avant de m'assoir au bord de la rivière, et y plonger mes mains en fermant les yeux. Manier l'eau, c'est un exercice tellement complexe en soit... mais il faut comprendre le truc. beaucoup essaient d'imposer leur volonté à l'élément, qui, par définition, essaie d'être libre et de s'enfuir dans tous les sens. Non... Le truc, c'est de convaincre l'eau d'accomplir ses désirs. il fautla cajoler, la caresser, la désirer... Et, alors, peut être qu'elle voudra bien rendre service. Et c'est ce qu'elle fait pour moi, dans beaucoup de mes créations. je la propulse, la presse, la tords, voire la sculpte... Tiens, la sculpter. Je le fais un peu, avec ma vague, mais est ce qu'il n'y aurait pas un moyen de la sculpter différemment ? Voyons voir...
Je laisse mon instinct parler, et, petit à petit, une boule d'eau gigantesque se détache de la surface de l'eau pour s'élever doucement au dessus de la surface. Songeur, je l'observe, en appui sur mes bras, allongé vers l'arrière, avant de lâcher, pour moi même :
"Une boule... De cette taille... Qu'es ce que je vais bien pouvoir faire de ça ?"
Dans ma concentration, je n'avais pas entendu la personne s'assoir à côté de moi. Et je fais presque un bond de surprise en l'entendant répondre à ma question...
On dirait une grosse méduse ft. Itachi « La peur de mourir noyé »
C'est un beau village, exactement comme on me l'avait décrit. Un grand air d'aller de l'avant, qui n'a de contraste que les fondations et bâtiments plus... monumentaux que ceux que je peux retrouver sur mon propre territoire. Cependant, lorsque l'on rend visite à quelqu'un on ne critique pas son chez-soi.
Séparé de Sayuri, j'arpente les rues marchandes, les quartiers résidentiels très calmes, juste pour me faire une idée de ce qui se fait ici. Si je vois des choses intéressantes, je pourrais bien rapporter des idées de génie à mon clan. Sachant l'heure, il me reste beaucoup de temps avant de devoir la retrouver au premier tournant qu'on a emprunté pour se séparer; il faudra se retrouver là pour aller manger.
Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour faire le tour quand je suis passé ramener le jeune ninja, il y a de ça un bon moment; j'en profite un peu. Je ressens beaucoup de bien à être ici et pas coincé entre deux douzaines de feuilles de papier. Même si j'aime me rendre utile, la paperasse peut tuer n'importe qui, et ce n'était (littéralement) pas passé loin. Plus d'une fois, dailleurs. Je me promène un peu plus loin en longeant une rivière, comme pour m'éloigner de ma propre image mentale; j'ai quand même presque vécu le Temple du Nirvana final... version papier.
Je me demande bien si je pourrais le retrouver, pour voir s'il va mieux.
«...» Bon. Il fallait juste demander, hein.
Visiblement, il va plus que mieux. Je l'observe bouger sur l'eau un moment, plongé dans la fascination malsaine typique du "vas-y, tombe face première dans la boue. Après un bon moment, il finit par redescendre sur terre (mais pas aussi littéralement que j'aurais souhaité le voir), et j'en profite pour m'approcher un peu, pour voir ce qu'il essaie de trafiquer.
J'ai bien compris qu'il sait contrôler l'eau (et on me dira que je devais bien m'en rendre compte, sinon quel niveau de débilité j'aurais atteint à le regarder surfer sans planche comme si c'était normal), mais en voyant la boule d'eau qu'il essaie de faire, j'avoue que je ne comprends pas.
J'en ai vu des utilisateurs de Suiton dans ma vie, mais je n'ai jamais vu une technique comme ça. «Itachi! Pourquoi tu fais un ballon d'eau? Tu vas pas essayer de jouer à l'équilibriste, j'espère?» Enfin, il faut remarquer qu'il pourrait bien y arriver. Auquel cas, je veux bien voir ça. Je ne parlerai pas des blessures qu'il pourrait se faire; on a bien vu le genre de dégâts qu'il s'est pris, et je ne suis pas là pour lui rappeler cette situation malchanceuse.
... Juste un peu.
«Ça fait longtemps! Est-ce que tu vas mieux? Comment se passe la remise en forme? J'imagine que ça va, si tu peux flotter sur une vague et faire du surf. Tu tires ça d'où, comme tour de magie?»
«Itachi! Pourquoi tu fais un ballon d'eau? Tu vas pas essayer de jouer à l'équilibriste, j'espère?»
Je bondis de surprise, décollant de quelques centimètres du sol avant d’atterrir comme si de rien n'était, provoquant un soubresaut qui traverse la surface de la boule d'eau. je salue la personne qui s'était glissée près de moi, il faut dire que dans mon genre de méditation je n'avais rien entendu venir.
"Dame Yamanaka..."
Je la salue un peu froidement, restant distant là ou elle m'avait directement tutoyé. Certes, je la respecte, mais je sais aussi que c'est une illusionniste de grand talent et qui aime bien jouer des tours un peu farfelus. La dernière fois, j'avais surréagi, cette fois, je vais garder mon calme le plus absolu. Je me remets de ma surprise, m'expliquant :
"Je ne vous avait pas entendu venir... Et j'avoue que si j'avais la réponse quant à pourquoi cette forme, ça m'aiderai bien ! Elle s'est comme imposée a moi, je pense qu'il y a des chose à faire mais je sais pas vers où chercher. Quand a faire l’équilibriste... j'ai déjà ma vague, et ça m'a l'air particulièrement instable, mais après tout pourquoi pas ?"
J'ai l'esprit léger, aujourd'hui. J'aurai pu envoyer sa suggestion bouler au loin, mais je pense comme l'eau, je suis détendu, flexible, et même cette idée saugrenue m'amuse.
«Ça fait longtemps! Est-ce que tu vas mieux? Comment se passe la remise en forme? J'imagine que ça va, si tu peux flotter sur une vague et faire du surf. Tu tires ça d'où, comme tour de magie?»
Décidément, sa tête possède plus de question qu'un arbre ne possède de feuilles ! mais encore une fois, j'ai l'impression d'avoir une patience infini, à l'image de la tranquille eau qui s'écoule invariablement...
"C'est vrai que ça fait un bail ! J'ai récupéré de mes blessures tant bien que mal, et Yurikô-sensei m'a raccommodé ce qui n'allait pas... C'est une jônin de Konoha." Oui, elle ne connais pas forcément tous les habitants du village, donc si je lui lâche un nom sans expliquer qui c'est, ça lui fera une belle jambe. "Quand à ce genre de petits trucs..." je fais s'élever délicatement la boule d'eazu, avant de la remettre a sa place initiale "C'est juste mon affinité élémentaire. Je peux changer mon chakra en eau et le manipuler, du coup manipuler de l'eau naturelle est un jeu d'enfant en partant de ce postulat... C'est du suiton classique, en somme."
Pendant ma petite explication, j'étais montée sur l'étendue aqueuse, projetant du chakra sous mes pieds afin de marcher sur l'eau comme si de rien n'était. J'observe la boule avec attention, continuant la discussion tout en l'examinant :
"Tu dois avoir une affinité élémentaire aussi ! Par curiosité, c'est quoi ?"
J'abaisse la boule, pour la faire disparaitre dans l'eau, avant de monter à l'endroit ou elle s'est fondue dans l'eau, puis de la faire s'élever doucement. L'idée est interessante, avec un peu d'équilibre je peux tenir dessus, et la faire légèrement léviter au dessus de l'eau. Avec mon doigt, je dirige les mouvement très lents de la boule, au dessus de l'étendue acqueuse :
"C'est intriguant... Je sens que je peux la bouger, mais c'est pas trop niveau équilibre... et la texture de l'eau est étrange... je me demande si..."
La texture s'y prête bien... j'ai une idée étrange. Je décide de couper la marche sur l'eau pour vérifier ma théorie, et a ma grande surprise je tiens debout, comme si l'eau était dure. J'en fais la remarque à la Yamanaka :
"Alors ça, c'est surprenant ! Je n'avais jamais réussi a obtenir ce genre de texture avec de l'eau, c'est très étrange !"
Un peu excité par ma découverte, je me penche vers la surface de l'eau, tout en délicatesse, pour soudainement sentir un affaissement à l'endroit de mon pied droit, et, en moins de temps qu'il ne faut pour dire suiton, je me retrouve a l'intérieur de ma boule aqueuse, tel un poisson dans son aquarium. Alors, ça, c'est vraiment bizarre. Je comprends absolument pas ce que je viens de créer, mais c'est magnifique. Je place mes mains contre la paroi de la boule, afin de la percer pour me libérer, et c'est en appuyant que je me rends compte de mon erreur, de ma terrible erreur...
La paroi est dure.
L'eau doit s'agglomérer lorsqu'il y a une pression qui s'exerce sur elle, ce qui explique ses passages de solidité temporaires. C'est surement causé par mon désir de vouloir une sphère parfaite... J'ai créé une prison aqueuse. J'ai vraiment fait ça. Et je me suis enfermé dedans. Mais, quel idiot... En plus, il semblerait que je ne puisse pas la couper de l'intérieur ! Je suis donc coincé dans ma propre prison, avec des réserves d'oxygène qui peuvent ne pas durer très longtemps. d'accord, j'ai une bonne apnée, mais quand même, je ne peux pas tenir assez longtemps pour épuiser totalement mon chakra !
Vous pensez que la bulle se brise si je perds connaissance dedans ?
On dirait une grosse méduse ft. Itachi « La peur de mourir noyé »
Dame... Je pensais pourtant qu'avec le temps, il s'en serait rendu compte, surtout qu'à son âge c'est normalement ce qui vient comme genre de questionnement. N'empèche, ce n'est pas moi qui vais lui révéler mon secret, si on peut appeler ça comme ça. À ce point, je préfère voir où cette plaisanterie va me mener, et en rire quand la vérité viendra faire son boulot. À moins que l'équilibrisme mène à la perte prématurée du jeune... Enfin, espérons que ça n'arrive pas.
Yurikô. Yurikô?
Le nom s'enfuit aussi rapidement qu'il est arrivé, mais il tire sur mes pensées. J'ai déjà entendu ce nom, je le sais, mais même moi qui suis doué au jeux de mémoire et devinette, je n'arrive pas à revenir au moment où je l'ai entendu avant. En même temps, c'est un nom qu'on voit passer souvent. Au moins, je suis rassuré que depuis notre rencontre, il a pu être rafistolé! Ça a dû lui redonner la bonne humeur, ça expliquerait son comportement quand il était chez moi. Ça, ou le fait de ne pas être en territoire inconnu et potentiellement rempli d'ennemis capables d'abuser de son cerveau.
J'écoute le cours de ninjutsu 101, répondant distraitement que "je ne sais plus trop" quand il me pose la question de ma propre affinité; ce n'est pas comme si je m'en sers, alors bon. Je suis trop absorbé par ce que je vois pour y penser. C'est le raiton, je le sais, mais ma concentration est ailleurs, si bien que je n'arrive pas à penser à répondre.
...Marcher sur l'eau. Ce que je veux, c'est marcher sur l'eau, histoire de devenir la princesse du septième chemin.
C'est en sortant de ma fascination théorique que je me rends compte du danger; je sens déjà venir que "l'équilibrisme mène à la perte prématurée du jeune". Je m'y connais un petit peu en suiton, et je sais bien ce que c'est; la prison d'eau. C'est une version un peu bancale, visiblement non-voulue, mais ce que je vois est bel et bien la prison d'eau. Normalement, on ne peut pas trop bouger, et utiliser des techniques devient difficile, mais dans ce cas-ci il semble capable de bouger.
Chose certaine, si le petit ne sort pas de là, il va manquer d'air et y rester; je ne le dirai pas tout haut, mais il faut vraiment le faire! On en est à la deuxième fois où quelqu'un du clan doit lui rendre service; j'en serais presque au point de lui demander une commission, hein!
Je ne suis pas trop stressé. À vrai dire, c'est une situation plus amusante que problématique. «Quand je disais de faire l'équilibriste, je blaguais! Bouge pas, on va te sortir de là.»
...Bon.
Je relève le bas de mon kimono et je l'attache plus haut contre mon ventre; j'essaie de le faire tenir du mieux que je peux; hors de question de le mouiller. Cette saloperie est hors de prix, je viens juste de me l'acheter, et j'ai rendez-vous plus tard, je peux pas le salir. J'enlève mes godasses, soudainement mon humeur se noie. Je sens que je vais le regretter. Heureusement qu'Itachi s'est foutu dans le pétrin au dessus de l'eau peu profonde d'un rivage; s'il avait été au milieu d'un lac, il faut me croire sur parole, je lui aurais juste lancé des kunai en espérant de lui crever sa bulle, et rien de plus.
C'est un peu ce que je fais, kunai à la main; je poignarde la boule, je comprends aussitôt ce qu'il disait sur la texture. Le couteau passe, je force un peu pour glisser mon bras à l'intérieur. «Attrape mon bras, qu'on te sorte de là! Et ne te défile pas; tu dois m'apprendre comment on fait pour marcher sur l'eau, même si je suis mauvais en suiton!»
Je vois bien que la Yamanaka essaie de me parler, mais l'eau bloque tout son. je ne peux que lui envoyer un regard interrogateur, comprenant soudainement pourquoi les poissons ont toujours cet air ahuri dans leurs aquariums. De l'intérieur de ma bulle, j'ai une vue privilégiée sur le monde extérieur qui, paradoxalement, m'apparait déformé et étranger contrairement à l'eau qui semble calme et apaisée. Comme si les deux mondes avaient échangé leur place, l'eau devenant un refuge. Si seulement je pouvais respirer sous l'eau... Je comprends alors mieux les légendes sur certains clans qui aimaient tant l'eau qu'ils avaient appris à respirer sous cette dernière, quittant la terre ferme à tout jamais. J'avais cru à un canular, mais, maintenant que j'y suis, je crois les comprendre un peu mieux. Les légendes ont toujours ont fond de vérité, d'après ce que l'on dit, n'est-ce pas ? Toute cette errance mentale cesse soudainement lorsqu'un bras transperce la paroi de ma bulle, et me fait prendre conscience que la dame Yamanaka avait fait l'effort de venir me sortir de ma prison improvisée, mouillant ses pattes au passage. Elle avait surement envie de se rafraichir, ce qui est compréhensible. Mais surtout, elle m'offre une porte de sortie avec son bras salvateur, que je saisis avec gratitude, pour me faire tirer tranquillement hors de mon propre piège. J’atterris à côté de la dame Yamanaka, qui, même si elle ne semble pas trop ennuyée, me fait comprendre que j'ai une dette, et me propose de la régler par l'apprentissage de la marche sur l'eau. Je reprends mon souffle sur la berge un court instant, mes cheveux trempés obscurcissant mon champ de vision un instant avant que je ne les recoiffe de façon sommaire, remerciant la yamanaka :
"Merci de m'avoir tiré de ce mauvais pas, je ne sais pas si j'aurai réussi à briser la paroi de la bulle par moi même ! Intriguant, comme matière... Quand à la marche sur l'eau, c'est un procédé vraiment très simple, regardez."
Je me relève, avant de faire quelques pas dur l'étendue aqueuse devant nous :
"Il suffit de faire passer du chakra sous ses pieds pour pouvoir marcher sur l'eau comme si de rien n'était ! ça requiert un peu d'entrainement, bien sur, mais une fois le principe saisi ça devient un réflexe naturel."
De bonne humeur, je lance à ma compagne de l'instant :
"Vous n'avez qu'a essayer ! Au pire, je peux vous rattraper si vous chutez les premières fois..."
L'heure n'est pas à la moquerie, je suis trop détendu et relaxé pour ça. Le temps agréable, la maitrise de l'eau, tous ses éléments font que le moment semble privilégié, irréel. Et le fait que j'enseigne quelque chose à une personne bien plus puissante que moi, malgré le paradoxe de la situation, me parait presque naturel.
Techniques :
SUIMEN HOKO NO GYO 【TECHNIQUE POUR MARCHER SUR L'EAU】
DOMAINE :
Ninjutsu
RANG :
D
PORTÉE :
Personnel
CHAMP D'ACTION :
Personnelle
DESCRIPTION :
L'utilisateur concentre une partie de son chakra dans ses pieds (ou ailleurs) et le module pour pouvoir marcher sur l'eau ou sur une autre surface liquide ou glissante/instable ou fragile (boue, glace fine, neige, sol poudreux, sables mouvants...). Il n'est nécessaire d'activer cette technique qu'une seule fois par combat, peu importe le nombre de fois qu'une étendue d'eau (ou autre) doit être traversée. Elle ne fonctionne cependant pas contre certaines « glu » ou des techniques utilisées par d’autres ninjas et rendant le sol glissant.
On dirait une grosse méduse ft. Itachi « La peur de mourir noyé »
Il finit par s'en sortir, et en le traînant un peu je mets rapidement mes pieds où il faut; sur la terre ferme. Hors de question de mouiller ma tenue, sachant surtout pourquoi je me retrouve dans son village aujourd'hui. Je dois rester en état, être présentable, sinon je ne donne pas cher de nos projets. J'écoute ce qu'il a à me dire, et je me dis que c'est vraiment surprenant qu'un jeune puisse maîtriser la prison d'eau aussi intuitivement. Au fond, c'est très possible, je ne le dis qu'à moi-même, qu'il soit peut-être un génie en devenir. «Tu connais beaucoup de choses..»
Il propose, j'exécute. Je tente en suivant ce qu'il me dit; assez simple pour un illusionniste entraîné à manipuler le chakra, on me dira, mais je n'ai jamais eu la chance de pratiquer ce genre de choses. Encore une fois, on me dira que c'est la base; ... je ne maîtrise jamais la base. «Attends, je vais essayer.» J'ai à peine posé la plante de mon pied droit sur l'eau que je comprends plusieurs choses.
De un; version aboutie de la technique d'escalade de base.
De deux; je vais tomber dans l'eau, c'est certain.
De trois; j'ai déjà honte de moi pour ce que je devrai avoir à faire.
Je dénoue mon obi, le dépose à côté de mes sandales, puis je prends une bonne respiration. Je ne regarderai pas Itachi, parce que j'entends déjà sa mâchoire tomber. Pas par surprise ou par désir, non. Par jugement.
Enfin, c'est surtout ce à quoi je m'attends.
Je finis par me résigner et enlever le reste de mon kimono; en dessous, je porte des vêtements minces, foncés, de quoi trahir mon appartenance au monde des ombres. Pourtant, ma tenue ne comporte en aucune façon une paire de flotteurs, signe flagrant et évident de mon appartenance au monde des hommes. Ne me regardez pas.
Je chasse l'idée de mon esprit, je finis par me concentrer (et voire, un peu ignorer la présence du jeune homme) pour essayer. Plusieurs fois, je dépose le pied sur l'eau en laissant parcourir mon énergie en dessous.
Plus j'essaie et je pousse mon pied dans la marre, plus je me rends compte que l'idée n'est pas la même que la technique de base. Le chakra doit être fluide, se mouler à l'eau sous le pied pour égaliser, puis adhérer. Ce n'est pas le classique de l'aspect "crampon" du chakra quand on veut grimper une paroi. «...»
Après quelques essais et ajustements, je finis par mettre les deux pieds sur l'eau. J'ai les jambes un peu molles, je refuse de me retourner pour le voir, je fais des petits pas sur place pour m'habituer au mouvement. «... Bon. Tu t'y connais bien en illusions, pas vrai? Tu n'es pas trop étonné?» ... Après tout, les semblants, c'est mon domaine.
Je n'ai pas la science infuse, bien au contraire. Je sais pertinemment que le nombre de choses qui restent hors de ma portée se comptent en millions, voire en milliards. Mais j'ai la chance d'avoir un cerveau qui marche différemment des autres, et qui me permet de saisir très vite certaines choses. Ou la malédiction, selon le point de vue. Bref. Après que j'ai encouragé la kunoichi à venir s'y mettre, je ragne la berge, afin de profiter de l'herbe chaude que je sens entre mes doigts de pied. Le temps est splendide, et c'est un plaisir de s'entrainer dans ses conditions. Enfin, est ce vraiment de l'entrainement ? De la création, plutôt...
«Attends, je vais essayer.»
La jeune femme me fait sortir de ma léthargie, et je me met à observer ces tentatives. Elle pose un pied dans l'eau, et je pourrai presque voir les rouages de son esprit se mettre en mouvement. Aha, elle comprends le problème. Ça doit être une femme d'esprit, d'abord les illusions, et ensuite une capacité d'analyse. Si nous n'étions pas séparés par un fossé terriblement grand qu'est le clan et le village, peut être que nous aurions pu nous trouver des points communs et sympathiser. Dans une autre vie...
Je l'observe tirer ses conclusions, assis sur la berge, avec un amusement non dissimulé. L'eau est capricieuse, et c'est pour ça que c'est mon élément favori. Il ne faut pas la faire plier, la soulever, lui insuffler une force. Oh, non, elle est déjà vivante. Le seul travail qu'on doit avoir avec elle, s'est l'amadouer assez pour qu'elle veuille bien nous filer un coup de main. Tout est dans la douceur, le fait de s'adapter, et la patience. Et, je pense que la kunoichi tire a peu près les mêmes conclusions que moi. Surtout qu'après avoir fait une tentative sur un pied, elle prends la décision de se mettre en tenue plus... confortable.
L'eau est taquine, et, tant qu'on trouve pas un terrain d'entente, est joueuse. Nul doute que la kunoichi finira trempée, comme je le suis actuellement. Sauf qu'elle semble réfléchir, elle. Même si il fait beau, un simple coup de vent suffit à vous glacer les os. N'est ce pas. Bref.
J'observe la kunoichi commencer à enlever son obi, avec toujours ma mine amusée. Voir des débutants en manient d'eau, c'est toujours un plaisir, car l'eau reste très ludique, en soit. Mais, je perds de ma mine lorsque je la vois hésiter un instant, comme si elle revivait un sombre moment, amenant avec elle des ondes négatives qui viennent troubler la quiétude du moment. J'aimerais bien lire dans ses pensées, pour savoir ce qui la traverse a cet instant, puis je rougis en me faisant soudain la remarque qu'elle ne portait peut être rien sous son kimono, et que je suis peut être en train d'effectuer un acte de voyeurisme absolument honteux. Yuriko-sensei me tuerai... Je vais pour me retourner, mais la kunoichi se décide et l'enlève finalement, révélant un vêtement d'un noir de jais, plus près du corps.
J'arrête mon pivotement, car, bon, si elle avait quelque chose en dessous, c'est pas du voyeurisme, et ma sensei ne me tuera pas. Fin, pas dans l'immédiat, elle me cassera peut être un bras pour avoir manqué de manières, mais c'est un autre sujet. Alors, du coup, pourquoi cette hésitation ? Tandis qu'elle fait quelques pas sur l'eau, je finis par tilter. Oui, parfois je suis un peu lent à la détente.
Celle que j’appelle dame yamanaka serait plutôt un monsieur, d'après ce que je peux voir. J'ai un léger instant de bug cérébral, le temps d'assimiler cette information, et de réfléchir un peu. C'est bien évidemment la source de son hésitation tout a l'heure, et le fait qu'elle... fin il me tourne le dos confirme qu'il... ou elle a honte de ça, ou du moins supporte pas le jugement qu'on peut lui porter. Je laisse échapper un petit "ha" amusé et dépité en même temps. Cette situation est très semblable à celle que je subis quotidiennement, et je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre son hésitation a se dévêtir et la mienne lorsque je dois retirer le bandeau qui me couvre l'oeil. J'ai souvent pensé que la famille Akane et surtout mon rejet étaient une exception, mais tout porte a croire qu'il... enfin elle avait subi les mêmes choses. Les regards lourd de sens, les rumeurs derrière soi, les mises à l'écart, elle avait du les vivre, elle aussi...
J'aimerais le, ou la questionner sur ce point. J'aimerais savoir si elle me ressemblait. Comment avait il réussi à vaincre tout cela. Avait-elle trouvé sa yuriko-sensei ? Avait-il son kato toujours en vie ? Mais, mais. Si certes j'ai appris a être une ombre, je sais aussi ce qui est déplacé. Si elle avait voulu m'apparaitre toujours comme elle, et que si elle ne révèle sa nature d'il que à contrecœur, je suppose que c'est parce qu'elle veut être elle, et non il. Si elle préfère ne pas le montrer, comme je peux le faire avec mon œil, c'est sans doute car c'est un sujet douloureux. Alors, même si j'aurai aimé en apprendre plus, je décide de faire comme si de rien n'était, et de laisser couler l'information au fond de la mare, au dessus de la kunoichi, qui arrivait maintenant à se déplacer sur le petit lac sans aucune difficulté.
Je dois reconnaitre qu'elle se débrouille très bien, maitriser le déplacement en si peu de temps signifie une maitrise du chakra très poussée, comme on peut l'attendre d'une illusionniste confirmée. Je sens toutefois qu'elle n'ose pas se retourner, et c'est confirmé par le fait qu'elle me parle de dos, sans me regarder, avec une parole un brin hésitante :
«... Bon. Tu t'y connais bien en illusions, pas vrai? Tu n'es pas trop étonné?»
Étonné, si, bien sur. Étonné comme tout le monde le serait. Mais pas choqué, ennuyé ou je ne sais quoi de similaire. Le sekai regorge de curiosités, et, dans mon monde qui se résume au village et a ses alentours, je suis loin d'avoir tout exploré. Alors, dans le sekai entier... Un yamanaka qui est aussi une yamanaka n'est pas tant surprenant que ça, je suppose. Je prends néanmoins du temps à lui répondre, car je ne veux pas choisir les mauvais mots, et quand je parle, c'est avec précaution.
"Je m'y connais un peu en illusions, mais ce serait un mensonge que de vous dire que je ne suis pas étonné, comme ce serait un mensonge de vous dire que je trouve cela étrange."
Je suis allongé dans l'herbe, en appui sur mon coude, et je lève mes yeux, enfin mon œil, vers le ciel :
"Je suis étonné par le fait que vous puissiez ne pas être une dame Yamanaka, car vous êtes si naturel dans ce rôle. En fait, c'est plutôt quand vous vous montrez en n'étant pas cette dame que vous semblez être moins vous même."
Je me laisse tomber la tête dans l'herbe, les yeux rivés sur le ciel. De toute façon, elle me tourne le dos, alors rien ne sers de la fixer, autant laisser vagabonder mon esprit ainsi que mes yeux.
"Pour moi, vous serez toujours celle qui m'a sauvé la vie. Ou celui, comme vous voulez... Ao, c'est ça ?"
Je laisse échapper un sourire, avant de continuer mon monologue :
"Vous savez, vous avez bien du courage d'assumer ça, même quotidiennement. Je crois qu'en fait, j'admire ce courage. J'aimerais vous assaillir de questions, mais je crois que ce n'est pas forcément le moment. Tiens, je parie que ma sensei vous apprécierai aussi."
Je me demande ce qu'elle penserai de lui, ou elle. Oh, surement qu'elle partagerai mon admiration. Et qu'elle me mettrai un coup de poing sur le crane pour lui avoir manqué de respect en le, ou la matant un peu. J'ai une grimace a cette pensée, en reprenant mon visage détendu après.
"Quand vous serez disposé à vous retourner, on pourra reprendre l'entrainement si vous voulez. Marcher sur l'eau calme, c'est bien, mais marcher sur de l'eau en mouvement, c'est plus compliqué !"
Je ferme les yeux, allongé dans l'herbe, tandis qu'une légère brise vient caresser mon visage. Je préfère lui laisser le temps de se remettre à l'aise pour ne pas le, ou la, brusquer, et la laisser discuter encore un peu si elle, ou il, le souhaite. On est si bien, à l'écart de la violence du monde et la déchéance de l'humanité qui s'entretue, dans ce petit coin de paradis. Ça serait dommage de pas en profiter.
On dirait une grosse méduse ft. Itachi « La peur de mourir noyé »
Sa symphonie sonne faux, force est de l'admettre, mais de tous ceux que j'ai rencontré jusqu'à présent, c'est bien cet enfant qui est le plus près de ma propre vérité. C'est justement ce qui peut me surprendre le plus; on parle d'un jeune homme, pas encore adulte, et il trouve déjà le moyen de traversé le labyrinthe tortueux de l'identité d'un autre.
Chose que même mon clan, pourtant doué en lecture de l'esprit, a encore de la difficulté à cerner. C'est un peu comme être une chimère, un poisson hors de l'eau, et qui même s'il pourrait trouver un refuge dans l'azur, serait incapable de produire des bulles. C'est comme...
Avoir deux voix, et en même temps ne pas avoir la nôtre.
Même en acceptant l'entièreté de son compliment, car j'estime que c'est ce que c'est, je ne peux pas me débarasser de ce petit morceau amer entre mes dents. Exactement comme une pilule difficile à avaler. «C'est très gentil, ce que tu dis..»
Je ne suis pas une femme. Je le sais très bien.
L'honnêteté est une médecine douce, même si parfois elle peut pincer un peu au coeur. Il le comprend très bien, je ne suis pas à l'aise à jouer les hommes, les gros durs, les machos ou même les chevaliers. Même s'il croit que c'est un peu ce que j'ai fait, je peux lui affirmer que «ce n'est pas moi qui t'ait sauvé la vie, tu sais. Un des miens a juste eu la chance de tomber sur toi au bon moment... pas que je ne t'aurais pas sauvé, mais je ne peux pas prendre son crédit. J'ai changé tes bandages, c'est vrai, et c'est peut-être mieux pour toi de penser que c'est un homme qui l'a fait. Ou une femme, selon ta convenance, mais dis-toi que je n'en ai pas eu tant à faire.»
Les jambes trempées par de nombreuses tentatives floues auxquelles j'ai soit doucement calé jusqu'à mettre pied sur un fond sablonneux, soit abruptement planté sur mes genoux, je finis par ressortir de l'eau et retenter ma chance, sans toutefois le regarder à nouveau. J'ai fini par comprendre quel dosage de chakra je dois faire pour obtenir un résultat convenable (éviter de me noyer étant un résultat convenable). À force de marcher, mes pas sont plus agiles, et je finis par rejoindre la terre ferme en faisant un petit jogging.
Sans vraiment y penser, je me suis distraitement rhabillé. J'étais trop perdu dans mes propres questions, ma recherche d'une réponse qui puisse faire sens, pour agir autrement que par mécanique habituelle. Je n'ai osé regarder dans sa direction qu'une fois assez couvert, avant de replacer mon obi du mieux que je le pouvais. Si je ne l'ai pas pris sur le fait, j'ai cru voir que... non...
Il ne m'aurait pas regardé comme ça, c'est certain. D'habitude, c'est Sayuri qu'on regarde comme ça, pas moi. Je suis trop... exotique?.. pour tomber dans l'oeil des hommes, de toutes façon. Quoique, les plus jeunes (n'allez pas vous imaginer quelconques perversions) du clan gravitent plus autour de moi que les autres adultes. Allez savoir pourquoi.
Probablement parce que, comme Itachi le souligne indirectement, je suis une curiosité, une nouveauté au travers un modèle de traditions séculaires. Je n'ai moi-même jamais rencontré quelqu'un comme moi.
«Ça va, je vais essayer d'éviter de me mouiller plus que ça, j'ai quelques personnes à rencontrer ici ce soir et je veux rester présentable; je pratiquerai le reste quand je rentrerai au domaine. Par contre, si ça te dit, je reste ici pour deux jours; je compte aller au restaurant de grillades à l'entrée du village demain soir, vers dix-huit heures. Là je dois courir et aller me changer pour ce soir, mais si ça t'intéresse demain, je t'invite!»
Et c'est sans attendre mon reste que je me rajuste en le saluant. C'est seulement en partant que je prends le temps d'analyser la situation, ou pourquoi je suis parti aussi rapidement. C'est simple... j'ai fui. Pas par embarras, plutôt par crainte d'être une de ces "nouveautés" assez intéressantes pour être oeillées un peu plus. C'est bien pour ça que je l'invite à me recroiser, mais cette fois dans mon élément, que je puisse me sentir plus à l'aise, que je puisse mieux comprendre cette étrange sensation que d'avoir été... je ne sais même pas comment je pourrais l'expliquer.