-Nous ne sommes pas censées être la. -Nous le sommes quand même. -Ça fera tourner l'économie.
En indigo, Tenryuu, qui a donné son nom à notre navire amiral, le Tenryuu. Un gros navire qui est plus connu pour rester à quai et offrir des moules aux membres du clan Kisho qu'à vraiment naviguer sur les flots en dominant les mers de toute sa maestria. Vêtue d'un kimono noir de jais, Yojimbo, jônin au service de la ligue marchande qui est plus douée pour parler que pour trancher des gorges. Au grand soulagement de Tenryuu et du miens, car si j'ai sans doutes les talents pour la défaire, il est toujours malvenu de se battre, encore plus face à une indépendante qui représente la ligue marchande. Après tout, il est toujours très déplacé de se battre entre représentants du pouvoir. On envoie les gueux s'étriper puis on conclut un armistice, une alliance ou une capitulation autour d'une tasse de saké. La blonde aux yeux océans pose ses cartes. Tenryuu râle en constatant qu'elle n'a pas une main assez forte pour suivre et se couche, Yojimbo ricane avant d'abattre son jeu, je grimace. Elle remporte tout, encore.
-Encore et toujours, c'est la ligue marchande qui remporte tout l'or. Soupir.
Yojimbo s'en va très vite après ça, puisque le soleil commence à se coucher. Comme à son habitude elle déploie son ombrelle et se laisse porter par le vent pour rejoindre Uzushio.
-Alors mesdames? La soirée se passe à votre goût? Tetsuo a un petit sourire avant de s'accouder à au rebord du navire.
Le Tenryuu, un navire de guerre qui pourrait faire office de navire amiral si seulement il n'était pas aussi vieux. Sans compter qu'il n'a que ses voiles pour lui, nous n'avons pas de rameurs pour le faire avancer plus vite.
-Je vais allumer les lampions, la nuit va vite tombée.
Aujourd’hui, et comme souvent, je reste libre et tranquille à Uzushio. Mais comme d’habitude, je m’emmerde. Sévère. Aussi je cherche comment tuer l’ennui et la solitude, vagabondant à travers toute la cité, des fois qu’une idée de génie me vienne. Mais rien n’y fait. Aussi je vais simplement me poser en terrasse, profitant des derniers beaux jours. Là, ma serveuse préférée m’apporte directement le café que je commande tous les jours (ou presque). Je lui offre mon plus beau sourire, dragouille un chouilla et sirote ma boisson. Là, je regarde un peu tout le monde qui passe, mais je semble invisible. Triste ? Pas le moins du monde. J’y suis accoutumé après tout. Une fois ma tasse terminée, je décide de retourner au bercail, puisque de toute façon je n’ai plus un rond et que je n’arriverai pas à sortir ma proie de son boulot aujourd’hui. Tant pis ! Jovial et ma joie de vivre ne me quittant jamais, je paye ce que je lui dois et rentre véritablement.
Une fois à la maison, je salue ma mère et m’assois dans la cuisine, à ses côtés. Elle prépare le repas de ce soir en avance… Très en avance. Comme si on devait s’attendre à recevoir du monde… Ce qui me semble vraiment étrange. Ou alors elle veut juste être débarrassée, voire même nous faire un festin et donc profiter, se faire plaisir avec la nourriture. Ce que je peux comprendre aussi, vu que je prends mon pied à chaque fois qu’elle me confectionne un bon petit plat. Après quelques quarts d’heure, elle se ramène vers moi et me propose de sortir pour l’après-midi. D’aller au-delà d’Uzushio, près des îles et différentes embarcations, là où les navires marchands ont tendance à venir faire leurs escales obligatoires. Mon visage s’illumine, mon sourit devient plus grand et c’est toutes dents brillantes que j’opine avec énergie.
En milieu d’après-midi, nous voilà donc tous les deux hors d’Uzu, près de la mer (plus que d’habitude), sur la plage. Ma mère m’avait demandé de prendre deux transats que je prends grand soin d’installer face aux douces vagues et effluves iodées qui viennent chatouiller mes narines. Ma mère et moi discutons deux bonnes heures lorsqu’elle suggère de rentrer. Là, j’entends un bruit vraiment très sourd et, au loin, un énorme bateau vouloir accoster par ici. Excité comme un gosse, je la regarde vite fait et commence à m’avancer en sa direction alors que je lui dis de partir devant et que je la rejoindrai après. Elle glousse de me voir ainsi mais finit par céder. De mon côté, je cours aussi vite que je le peux. Bien vite, la lumière s’efface et le soleil commence à tomber. C’est là que je vois une femme sortir du navire qui vient de se mettre à quai, allumant des lampions. Aussi, je m’arrête de courir et tente une approche discrète… que je foire lamentablement, me vautrant juste face à elle, en contre bas. Je me relève avec un peu de mal et me gratte l’arrière de la tête, faisant signe à la femme qui m’a sans doute aperçu.
J'ai vu mieux comme approche. Ironiquement, j'ai vu pire aussi, bien pire. Tenryuu descend, rajustant ses cheveux violets en une longue queue de cheval avant de voir le gosse qui vient de s'écraser devant nous, instinctivement elle resserre le col de son kimono qui, s'il est assez léger n'est pas vulgaire. Toutefois celle qui me sert de Amiralissime de flotte mercenaire, un nom ronflant pour dire qu'elle est la chef d'une flottille de baignoire constituée d'un navire de guerre qui lui est éponyme, trois bateaux en papier que j'ai fait sur mon temps libre et qui vienne hanter les flots de mes bains et un petit canard rose en cristal qui a un goût sucré quand on le prend en bouche. En temps normaux, j'aurais bien pris un air profondément méprisant avant de lui dire de dégager, mais il est beau et nous sommes entre filles. L'avantage que la capitaine soit une maîtresse des vents autant que des flots, cela nous permet de ne pas avoir de gueux aux rames quand nous sommes dans un petite expédition de plaisance comme celle-ci.
-Bienvenue jeune homme. Je suis Kisho Benkei, l'intendante du clan Kisho et voilà Tenryuu, la capitaine du bateau derrière nous. J'essaie de maintenir l'illusion de noblesse qui est censé émaner de moi, mais je préfère encore mes manières plus, masculines on va dire. Tu viens d'Uzushio non? Il est un peu tard pour rentrer chez soi à cet heure-la. Tu veux prendre un verre?
Je fais quelque chose qu'on m'a appris en sports de combat ; j'utilise ma vision périphérie, je le regarde droit dans les yeux mais j'en profite pour détailler un peu le haut de son torse quand même. J'évite de me mordre les lèvres alors que l'ombre d'un sourire commence à naître au coin de mes lèvres. (Pas jolie répétition ça d'ailleurs). Surtout qu'il a des épaules larges (un peu fuyantes mais ça donne son charme et ça évite l'aspect je-suis-un-taure-on-baise?) et des pecs tout à fait respectable.
-Je lui claque le cul avec la force du soleil. Glisse Tenryuu dans mon oreille. Je déteste quand elle utilise ses pouvoirs pour faire vibrer les os de ma mâchoire et m'informer ainsi de ses pensées. C'est quand même un solide 8/10. Il me déglingue quand il veut. Bonhomme.
C'est tout ce que j'ai à dire sur les murmures chargés de chakra de Tenryuu ; bonhomme, frustration, abstinence et un poil trop d'idéalisation.
-Bah alors les jeunes? On présente même plus les invités au petit vieux? Demande Tetsuo en s'accoudant au navire. Je me retourne pour lui faire signe. Viens gamin, je me sens seul. Il sort une bouteille d'absinthe.
Je me suis rétamé comme une merde en bas du bateau qui a accoté il n’y a que peu de temps. Aussi, pour sauver les apparences, je n’ai d’autre choix que de me relever illico presto et tenter une approche. Enfin, une approche… J’ai dit bonjour. On ne me niquera pas ma mère, au moins. C’est toujours ça de pris. Puis, alors que je suis quelque peu concentré sur la bombe face à moi, voilà qu’une autre descend, réajustant ses cheveux en queue de cheval (salope) et remettant son col de kimono correctement. Putain, deux avions de chasse jute pour moi ? On croirait rêver. J’ai probablement un sourire béat et juste énorme, mais soit. Je m’en fous. De toute façon, je me suis déjà viandé comme pas permis, je ne suis plus à ça près. Puis elle se présente. Kisho Benkei ? Ça me dit vaguement quelque chose… Elle ajoute être l’intendante de son clan. AH MAIS OUI. L’autre gonzesse de l’Enclave là… Une salope, elle aussi. Bah, comme on dit. Toutes des putes (ça change un peu), sauf maman. L’autre s’appelle Tenryuu et c’est la capitaine du bateau qui me surplombe. J’affiche alors une mine pleine de respect. Tout celui qui leur est dû, en fait. De toute façon, elles sont étrangères aussi je me dois de les traiter comme il se doit, pour la bonne gueule d’Uzu !
« Euh… Je perds un peu mes moyens. Misatachi Kuragari, je commence à me présenter. Mais c’est long et chiant à dire, appelez-moi Kuro ! Je les incite. Je suis… Genin d’Uzu, je soupire. De rang B, ajoute-je avec plus de fierté. Puis je me tourne vers Benkei. Du coup… Z’êtes toutes les deux du même clan ou faites juste équipe ? Pis t’es du même clan que Nobu ? Je demande sans discrétion ni tact du tout alors qu’on me propose de prendre un verre. Okay, mais juste un ! J’accepte volontiers. »
Mais pourquoi juste un ? Parce que je tiens très mal l’alcool et que j’aimerai rentrer chez moi sans trop de soucis et d’encombre… et surtout, je déteste quand j’oublie les trois-quarts d’une soirée. C’est putain de frustrant cette connerie. Puis je remarque qu’elle me fixe droit dans les yeux. Et ça, c’est typiquement quelque chose qui me fout mal à l’aise comme jaja. Aussi je commence à me gratter l’arrière de la tête et souris bêtement, pour tenter de masquer ma gêne. Histoire de faire le bonhomme, quoi. Je ne m’adresse pas à n’importe qui là !!! Puis j’entends un vieux qui interpelle les deux gazelles, dont une (la violette) qui n’a de cesse de me reluquer de A à Z. Je l’entends difficilement, de là où je suis. Tout ce que je remarque, c’est qu’il n’est pas en reste pour faire la chouille et qu’il a déjà prévu de se mettre la tête à l’envers. De nous mettre à l’envers. Je vois la bouteille d’absinthe et agraffe à peu près son invitation. Je me racle la gorge et lui gueule que j’arrive. Et j’arrive. Suivi des deux bonnasses. La soirée promet d’être bonne. Après avoir gravi l’espèce de pont déroulé pour permettre l’abordage (ptdr on dirait un pirate, des barres), je m’approche de lui et lui serre la main avant de m’incliner en guise de respect.
« Yo ! Misata… Je m’arrête net. Kuro ! Pas de temps à perdre, soif. Et vous, j’peux vous demander comment qu’vous vous appelez ? Je demande, mon sourire jovial toujours fiché à ma bouche. »
-Mon nom? On m'appelle Tetsuo Kisho, je suis le chef du clan. Mais la je suis en vacances surtout. C'est bizarre, Kuro, j'ai la sensation d'avoir déjà entendu ce nom quelque part. Puis Tenryuu attrape la bouteille d'absinthe et la sabre d'un coup de kunaï. -La bouteille est chaude bordel, rembourser.
Le taulier demande l'absinthe, on lui fait passer, il souffle sur le goulot de la bouteille et d'un coup, une fine couche de givre se forme tout autour, refroidissant l'alcool a une température beaucoup plus acceptable. Il pose la bouteille sur la table avec un sourire satisfait et en sert un verre à tout le monde, faisant apparaître les glaçons qui vont avec d'un claquement de doigt. Tetsuo, toujours présent quant il s'agit de faire le fier avec son fameux avantage de naissance, la manipulation de glace. L'homme vénérable lève son verre.
-En l'honneur du petiot qui a beaucoup de cran, parce que l'absinthe c'est pas rien pour commencer la soirée. Toujours contenu. -En l'honneur du beau gosse! Ouais! Pas comme Tenryuu qui est déjà en train de se dévergonder. -En l'honneur du taulier, qui a toujours une bouteille quand il le faut.
Tout le monde trinque. Premier verre. L'absinthe cogne fort, dire que Nobushi arrive à en prendre au petit déjeuner, des années à passer à boire en compagnie d'impériaux j'imagine. Le whisky, passe encore, mais l'absinthe le ventre vide ça tape avec la violence d'un oni et son gourdin. Je secoue la tête, endommagée par ma boisson, il faut que je sois forte, j'ai une réputation de mercenaire à tenir.
-Au fait patron, vous aviez dit que ça ne vous rajeunissait pas d'aller à Uzushio, vous y êtes déjà aller? -Mais quel Kisho n'aurait jamais visité Uzushio Benkei? C'est ça la bonne question, nous sommes des mercenaires nous allons là où il y a besoin de bras, moi j'ai fait ; je suis allé à Uzushio avant qu'Uzushio n'existe. Si vous saviez à quel point j'ai pu avoir du succès la. On me surnommait le tigre de glace, c'était quand j'étais un jeune capitaine fougueux avide de faire mes preuves. -Et toi Benkei une gamine qui voulait prouver qu'elle n'avait pas peur du noir.- Raclement de gorge. Mais passons, déjà à l'époque j'étais doué avec le Hyoton et j'avais du succès auprès des femmes. Faut dire à l'époque je me réveillais le matin, j'avais un six pack sans rien faire. -Et aujourd'hui? Tenryuu, incontrôlable. Vous vous levez vous avez le pack de bière? -Bien sûr que non, maintenant j'ai juste un pack de quatre. Je suis un ninja pas un ivrogne. -C'était il y a combien de temps tout ça? -Ça va faire vingt ans, à peu de choses près. C'était ma dernière fois à Uzushio parce que le village commençait déjà tout doucement à se former et les gens de mon espèce n'étaient plus le bienvenue ici. Je suis reparti à l'Enclave avec une bourse pleine d'or et... Le vent repousse la chaise de Tenryuu juste à côté de Kuro. Pas très subtile comme approche. -C'est le vent. -Et quelques affaires aussi, qui m'ont poussé à déménager, aussi. -Vous y êtes resté un sacré bail si vous aviez emménagé dans le coin. Le regard de Tetsuo se fait un peu vide. -C'est l’apanage du bon mercenaire que de rester un long moment au service d'un employeur. Et toi gamin? Il regarde Kuro.
Pas comme Tenryuu le regarde, heureusement, elle a une main sous la table je ne sais pas ce qu'elle fait mais elle est baladeuse. I-N-C-O-N-T-R-O-L-A-B-L-E
-Comment ça se fait que t'es genin alors que t'es en âge d'avoir connu la chaleur de tout un bordel? A mon époque tu aurais déjà été jonin avec les honneurs, t'aurais été mon second probablement. Ou celui de Benkei. -Et pourquoi pas? Je connais Nobushi et elle m'a un peu parlé de leur partie de tennis de plage, j'aurais bien besoin d'un numéro deux. Je finis mon absinthe.
Puis je ressers tout le monde. On va pas gaspiller.
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