La démocratie est un problème faible face à des problèmes forts. L'Empire est le plus grand défi que nous avons affronté jusqu'alors, il n'est plus temps de savoir si oui ou non nous devons nous préparer au pire, il est temps de foutre le chrysanthème au bûcher! Il n'est plus temps de nous contester car il en va de la survie du clan, si quelqu'un doit être pendu ce sera moi, en attendant que vous trouviez le courage de me destituer de ma fonction d'intendante, j'assure les fonctions militaires.
Brûler le chrysanthème ne se fera pas en un jour. Consciente que la situation ne ferait qu'empirer à mesure que le démon d'hommes et d'ashigarus s'éveillerait, j'avais envoyé un messager pour ouvrir les relations diplomatiques avec le clan Yamanaka. Ils n'étaient pas de bons guerrier. A vrai dire, je pense qu'ils sont les pires guerriers du sekai, toute nation et tout clan confondu. Pourtant, c'est peut-être cet état de fait, cette spécialisation dans un domaine inutile au possible pour les combats qui m'avait poussé à leur enjoindre cette missive. Ils étaient mauvais pour se battre, mais ils étaient diablement doués pour la guerre ; prendre le contrôle de l'esprit d'un homme était une faculté qui ne pouvait que nous être utile. Là où les Kaigans sont des combattants redoutables, ils sont cons comme des briques et se laissent aveugler par un fanatisme démentiel. J'aurais volontiers conclue une alliance avec eux si je n'étais pas persuadée qu'ils louperaient des batailles pour honorer Shukaku. Quand on est un idiot prosélyte et fanatique, même quand on sait se battre il faut bien s'incliner comme un crapaud devant sa déité. Mais qu'importe. Je vais parler avec les Yamanaka, c'est déjà très bien ; ce qu'ils n'ont pas pour les affrontements frontaux, ils le compensent avec de très bon renseignements et un don pour emprunter les meilleurs chemins. Aujourd'hui, je vais marchander et discuter avec eux. De soldats à déployer, de ponts à détruire, de jeux d'ombres avec l'empire. En somme, sous les apparences du conversation cordiale, pour présenter les choses crûment, nous allons discuter des gens qui vont mourir pour défendre le territoire.
Ils arrivent.
Je souris du haut de la muraille et descend dans la cour principale, au centre il y a un saule pleureur qui n'a aucune autre utilité que de nous pourrir la vie avec ses fruits indigestes, mais au moins il fournit de l'ombre en été. Je marche sur la pierre froide et attend que les portes s'ouvrent avant de saluer la délégation Yamanaka. Aucun cérémoniel particulier ; on les déleste de leurs bagages et de toutes les fioritures dont ils souhaitent s'alléger, le gros de l'escorte est invité à se détendre dans un coin au chaud avec de l'alcool et des passe-temps tout ce qu'il y a de plus normal. Les diplomates, stratèges et autres intellectuels qui se sentent les tripes de tenir une réunion au sommet sont invités à me suivre, moi et Tetsuo. Le chef de clan par intérim tire sur sa moustache, tout ça commence vraiment à le fatiguer et à ses débuts de rides des congés lui feraient du bien. Le shinobi secoue la tête en constatant que j'ai bien l'intention de mener le dialogue avec Nobushi, ma cousine.
-Mes respects. Celle-ci fait preuve d'une politesse exemplaire, et des sourires faux dont sont si capables les gens.
Elle est souriante avec des claniques qui vont peut-être nous prouver une lâcheté (à moins que ce ne soit un instinct de survie particulièrement clairvoyant) exemplaire. Toutefois, j'imagine que cela tranche avec l'accueil très poli mais un brin froid que j'ai pu fournir. Endormi aussi, je n'ai eu que douze heures de sommeil cette nuit après tout. Nous nous installons à une grand table, Nobushi, Tetsuo et moi d'un côté, les Yamanaka de l'autre. La carte dessus est vierge, fait assez rare quand on sait qu'elle est passée entre mes mains. Comme pour signifier que la séance va commencer, je me racle la gorge. Musique!
-Shinobi et kunoichi du clan Yamanaka, vous connaissez déjà les projets de l'Empire mais surtout ses relations avec le reste du monde ninja. Compte tenu de la conjoncture actuelle des événements, sans compter le fait que nos clans sont limitrophes aux frontières de l'Empire, j'ai jugé bon d'établir le dialogue pour décider d'une marche à suivre. D'une attitude à adopter face au Chrysanthème puisque nous sommes en première ligne si ça tourne mal. A la lumière des événements de Baransu et des incursions de l'Empire ici, il est assez simple de savoir qui est le prochain sur sa liste. Je pointe d'un signe de tête l'armurerie que nous pouvons apercevoir, ou plutôt, ses imposantes portes en bois massif. Je pense que vous avez tous déjà vu un arsenal de clan, vous avez pu constaté les industries minières et forestières de l'Enclave. Vous savez ce qui arrivera si nôtre if. Utilisé pour manufacturer les arcs longs du Sekai. Notre bambou. Pour les lances des ashigarus, mais aussi pour fabriquer les arcs Yumi si caractéristiques de l'Empire. Sans compter le fer et le charbon. Qui servent à fabriquer des armures de bien meilleure qualité que les broignes misérables qui sont répandues chez les paysans-soldats de l'Empire. Tombent aux mains de l'Empire.
Nous crèverons, et ils pleureront en constatant que la logistique de l'Empire sera bien supérieure à ce qu'ils auront déployé pour nous tuer, profitant allègrement des ressources de la région pour renforcer leur matériel.
... Brûlez les racines. ft. Benkei « Sans routes et sans jambes, ils ne passeront pas. »
Mine de rien, l’Enclave est loin d’être la porte à côté. C’est un voyage de plusieurs jours, c’est vrai, mais un voyage peu périlleux. Certains vont jusqu’à dire que c’est un trajet sans intérêt, un objectif nul, sauf qu’au vu de la situation, il faut s’activer, préparer la bordure de l’empire et du terriroire ninja à un accueil chaleureux, voire ardent.
À l’arrivée, je regarde autour; je compare toujours le territoire où je me trouve à celui de mon clan, pour y voir des trucs à mettre en pratique; quand on veut préparer la défense, il faut s’inspirer de ceux qui sont bons à la défense. Une imposante muraille qui cache du mieux qu’elle peut une forteresse encore plus imposante. C’est exactement comme l’image que nous avions du clan qui supervise l’enclave; solide, bien organisé, fiable.
Une fois passé la barrière, on m’accueille et on me débarasse. Tout est fait sobrement; c’est différent de chez moi, mais je me plis à ce qui me semble être un code de conduite traditionnel pour eux, malgré mon allure un peu trop colorée pour passer inaperçu. Je retourne donc ses respects à la jeune femme, choisissant à la volée deux de mes consoeurs avant de les suivre. J’ai déjà assisté aux conseils de mon coin du Sekai, mais rares sont les conseils de guerre avec une branche voisinne du monde des Shinobi; on peut probablement voir que je suis un peu nerveux.
Une fois attablés, Benkei prend la parole pour m’expliquer le léger bourbier dans lequel on se fait enfoncer. Très éloquente et moins intimidante lorsque assise, je dois préciser. Durant son explication, j’écoute en fixant la carte, pour bien voir les points par où l’empire pourrait se glisser. Peu de terrains plats, beaucoup de montages et de forêts. Une multitude de ponts.
«...»
Je ne suis pas le plus brillant du lot dans ce genre de choses, parce que je suis une princesse, mais j’arrive bien à comprendre que juste par volume pur de ressources primaires, l’Enclave s’est dessiné un cercle rouge sur le front. À côté, notre territoire ne semble pas encore être l’objet de convoitise. «... D’accord, je comprends. C’est une bonne initiative de nous informer. De notre côté, l’ombre de l’empire ne s’est pas encore étendu, nous sommes dans une situation bien moins urgente.»
Je pense surtout par camaraderie entre ninjas; «D’abord, sachez que notre chef souhaite vous assurer un accueil sur notre territoire en cas de débordement ou, si on joue mal nos cartes, d’échec. Je ne veux pas dénigrer vos capacités; c’est juste si jamais vous finissez par en avoir la nécessité.»
Autrement, pour s’assurer que les richesses ne tombent pas entre de mauvaises mains... «D’autre part, je crois que piéger les eventuelles routes possibles pour Tetsu vous permettrait d’affaiblir leur troupes. Je ne parle pas de brûler les ponts pour les empècher, mais bien d’être prêt à faire exploser les ponts en cas d’invasion. Aussi, vous pourriez vous réserver la possibilité de bloquer ces richesses en les détruisant si vous devez battre en retraite. "Si on ne peut pas avoir tout ça, alors personne ne l'aura."» Je ne parle que de cas d'extrême mesure, cela dit.
Celui à prendre la parole tient pour le moins un raisonnement particulier. Je mets de côté la proposition d'asile politique si les choses venaient à exploser, c'est toujours aimable d'avoir une aussi gentille proposition. Même si cela veut aussi dire que nous serons éternellement redevable aux Yamanaka si elle venait à se concrétiser, ce qui est parfaitement inacceptable ; ce serait un aveux de faiblesse. J'hésite sur la façon dont je dois réagir à cette main tendue. Ce qui provoque un silence un peu gênant avant que je ne me décide de répondre à l'autre suggestion. Celle sur la stratégie de la terre brûlée. Je tousse gentiment. Il croit. Moi je sais.
-Je suis flattée que vous nous offriez votre expertise militaire, nous avons analyser ces possibilités. Je suis ici pour sceller une alliance, ou bien à défaut de conclure un accord, m'assurer de la stabilité et de la neutralité des Yamanaka.
Ce n'est pas que je déprécie ses conseils, c'est juste qu'en temps que personne dont le métier a été la guerre, dont le nouveau métier est de défendre le territoire national dans lequel j'ai grandi, mais aussi en tant que Kunoichi élevée à la table des stratèges... Je me permets de prendre un peu de recul sur ces suggestions ; je n'ai pas non plus des milliers de kilomètres de territoires ni une chaîne de montagne derrière laquelle mettre mes populations et mes industries. J'ai une chaîne de montagne qui abrite mon quartier général et de la forêt, sans compter les champs. A partir de là...
-Brûler les forêts et condamner les mines porterait aussi un coup majeur à l'économie civile, les gens et le Daimyo nous acceptent car nous sommes d'utilité publique. Détruire l'économie de la région dans nos intérêts serait égoïste et surtout, donnerait une raison supplémentaire à Tetsu de discréditer les shinobis. J'observe la carte, puis plante mon regard dans celui de l'émissaire, Ao. Je vais sortir la plus chaude des constatations, de ma bouche va sortir la plus brûlante de toutes les vérités, que ça plaise ou non. Servie sur le ton le plus froid. Je défends l'Enclave autant que le clan Kisho. Il va normalement faire le lien. Nous n'avons pas réclamé l'asile politique car nous ne sommes pas ici pour faire perdurer un quelconque savoir ninja, ni même un don inné. Nous sommes l'une des deux forces coercitives qui permet aux populations de l'Enclave et aux shinobis indépendants de vivre à l'Enclave sans craindre l'ombre de Tetsu. En l'absence de réaction du Daimyo à propos de tout cela, nous prenons les commandes pour pérenniser cet état de fait. J'hésite une demi-seconde sur la suite.
C'est un diplomate, pas un tacticien ni un stratège. Je ne gagnerai rien à être sympathique ni cordiale ; j'ai un but, autant aller jusqu'au bout. A s'enivrer de politesses, on en oublie parfois la dure réalité de la nature et de la guerre ; on ne dit rien, on prend sans même avoir la politesse de dire bonjour. Besogner verbalement un diplomate est une chose, l'emmener hors de sa zone de confort en est une autre. Je n'ai pas besoin d'être agressive, juste de faire glisser le sujet vers un point que je maîtrise.
-Vous êtes les prochains. Ce n'est pas une menace, c'est une constatation. C'est ça le plus effrayant. Actuellement l'Empire investit ses ressources ici, pour nous abattre. Avec tout le matériel réquisitionné dans la région, et les arbres en quantité astronomiques, l'Empire pourra se bâtir une marine du côté Est du continent. Vous êtes directement sur son chemin jusque Uzushio et Konoha ; si nous tombons, il aura les moyens de bâtir une flotte. Bien pire que la petite flotte de projection fluviale dont il dispose, ce sera une véritable armada d'invasion. Une force de projection est capable de détruire des objectifs, mais pas de tenir du terrain, une force d'invasion avale les fortifications et garde les territoires conquis avec aisance. L'Enclave et les côtes verdoyantes des sources chaudes sont des régions qui ont une frontière avec l'Empire, nous sommes en première ligne dès que ça tourne mal. C'est en grande partie pour cela que j'ai pris la peine de solliciter cette réunion ; Baransu est révélateur des conjurations de Tetsu. Nous devons faire front unis si nous voulons tenir face à ses armées. Les impériaux n'attendront pas que nous scellions des alliances pour attaquer. Nous devons exploiter au mieux l'initiative que nous avons pour prendre les décisions importantes maintenant. Je songeais à un pacte d'assistance mutuelle entre nos deux clans ; nous ne pouvons nous permettre le luxe de jouer les cavaliers solitaires quand nous allons affronter une armée qui nous dépasse en nombre.
... Brûlez les racines. ft. Benkei « Sans routes et sans jambes, ils ne passeront pas. »
J’écoute, très attentivement. La guerre n’est pas mon métier du tout, et je ne cherche pas à faire croire le contraire. Je veux dire, regardez-moi. Mon travail, c’est dentretenir de bos rapports, quoiqu’il m’en coûte. À voir la proposition de mon chef glissée sous un tapis comme la poussière qu’on accumule dans le salon de grand-maman, je comprends que je ne suis pas le premier à faire cette offre, mais qu’elle ne peut être envisagée. «...» J’écoute encore. Je ne suis pas du genre à cracher des mots hors de ma bouche, parce que s’emporter est une erreur. Pas que je sois sur le point de m’emporter; je veux juste savoir ce qu’il en est, et c’est à voir le portrait se dessiner que je finis par avoir l’information que je veux.
Ce que tu veux, c’est honorer ton entente et protéger les habitants de l’Enclave, autant que protéger les tiens. Je ne vois pas le mal, et je souris à entendre ta proposition. «...Je comprends.» J’y pense; il n’est pas impossible de s’allier, mais on ne peut se permettre de mettre nos projets en hiatus à tout moment, d’échapper nos oeufs ou nos vases en porcelaine parce que quelqu’un vient piler sur les plates bandes du voisin.
«Si on parle d’une alliance contre un ennemi commun, je ne vois pas ce qui me forcerait à refuser. Ce que je me demande, par contre, ce sont vos attentes. Dans l'immédiat, qu'est-ce que vous attendez des Yamanaka?» S’il fallait aller droit au but; aucun problème, je vois bien que tu ne souhaites pas me ménager ni tourner autour du pot. Je vais faire pareil. «J’ai bien vu que vous êtes en ce moment même en plein milieu de construction de systèmes de défense. Il se trouve que notre clan fait de même, et qu’on ne peut pas nécessairement se permettre l’initiative de l’attaque; on peut agir de manière réactive, mais notre situation n’est pas la meilleure pour ce qui est de mener l’assaut. Nous avons beaucoup de projets en cours actuellement, et on ne peut pas vous donner tout notre support sans que ces projets ne soient terminés.» J’arrête un instant, pour ne pas me fourvoyer dans mes prochains propos.
«Un pacte d’assistance mutuelle semble parfaitement correcte. S’il vous faut quelques effectifs de plus pour vous aider à la défense de votre territoire, je n’y vois aucun inconvénient. Sachez juste que nous ne sommes pas les meilleurs militaires.»
J'écoute religieusement la réponse de l'émissaire des Yamanaka, je range dans un coin de mon esprit le renforcement militaro-industriel de son clan et constate une certaine réserve de sa part. Comme si sceller une alliance le dérangeait, pas que nous soyons des poids morts qui viendraient quémander, plutôt que je le sens réticent. Quant à nos attentes à propos du clan Yamanaka, que peut-on attendre d'autre d'un allié sinon qu'il fasse son devoir lorsque le destin l'exige?
-Une alliance engendre sa part de responsabilités ; comme pour tout pacte d'assistance mutuel, nous attendons de vous que vous nous rejoigniez dans toute guerre défensive quelle qu'elle soit. Ce qui sous entend évidemment de nous venir en aide si Tetsu attaque. De même, si vous êtes victime d'une attaque nous viendrons à votre aide. Je balaie sa question d'un signe de main. Nous n'attendons rien du clan Yamanaka pour le moment ; nous formons une alliance, pas une fédération, nous n'avons pas à faire ingérence dans vos affaires internes. La seule chose qu'il est exigé est une assistance en cas de guerre défensive, mais c'est une redite.
Quant aux détails des invasions, des manœuvres militaires, des milliers de paramètres invraisemblables à prendre en compte pour les combats et la stratégie, je ferais bien un petit cour à notre invité mais... Il n'est pas stratège, tout lui expliquer en large, en long et en travers prendrait du temps et serait malvenu compte tenu de la réunion.
-Aucun ninja n'est un bon militaire, nous sommes des solitaires et c'est de la que viennent nos lacunes face à l'Empire ; pour nous la guerre est une succession de duels, pour eux c'est une école à part entière du combat.
... Brûlez les racines. ft. Benkei « Sans routes et sans jambes, ils ne passeront pas. »
Au fond de moi, je n'attendais que ça; c'est bel et bien la situation que j'imaginais. En vérité, le clan de Benkei est dans une impasse s'il ne se trouve pas des gens rapidement pour faire une alliance assez solide. C'est ce que mon chef redoutait, et c'est pour ça qu'il m'a envoyé, moi, plutôt qu'un autre; il sait que mes attentes sont les plus grandes, et que je ne vais pas accepter un suicide. Cette proposition, qu'elle soit chaude, froide, amicale, forcée, candide ou stratégique, reste, à mes yeux, un pacte de suicide. C'est beaucoup d'audace, demander ça. Je ne croyais pas que c'était ce que son clan espérait. «Avant de vous donner une parole officielle, je devrai revoir mon chef et lui faire un compte-rendu papier de vos demandes et attentes, ainsi que des nôtres.» Je l'ai précisé; nos attentes. «En écoutant votre demande, je me rends compte d'un point très important; Tetsu, c'est gros. Ce que vous demandez est un risque très grand, et je ne peux pas vous donner ma parole à l'aveugle. Je vous l'accorde, la guerre est votre rayon, mais les rapports sont le mien. En ce moment, sur papier, l'idée d'un pacte d'assistance mutuel n'est qu'un synonyme de suicide.»
J'avais tendu ma perche, j'ai eu l'information que je voulais. Je me redresse dans ma chaise et regarde attentivement la carte; il y a beaucoup de terrain entre l'enclave et la côte verdoyante, et je suis au courant de plusieurs clans qui s'y trouvent. On ne craint pas Tetsu, en réalité, mais bien les répercussions si l'un de nous finit par flancher et laisser une brèche. «Je sais que je vais faire mon difficile, mais je tiens quand même à souligner certaines choses. Je le fais avant tout dans l'intérêt de mon clan, et pour assurer notre sécurité. Je vous demande deux informations importantes; d'abord, avez-vous des alliances avec d'autres clans des environs? Si c'est le cas, quels sont ces clans, quels sont les termes de ces alliances, et pouvez-vous compter sur eux en cas d'attaque par l'empire?»
Plus je parle, plus mon motif est clair; je veux savoir si le soutien que vous avez est suffisant, ou si vous demandez effectivement qu'on se risque pour obtenir la satisfaction d'aider un confrère. Je l'ai déjà dit, je le redirai; la foi ne sert à rien quand on est mort, et c'est pareil pour les bonnes actions. Et je n'ai pas foi en deux clans faisant face à un empire, soyons honnêtes.
Un pacte d’assistance mutuelle semble parfaitement correcte.
Trois minutes plus tard.
L'idée d'un pacte d'assistance mutuel n'est qu'un synonyme de suicide.
Sodomite de merde! Putain d'attardé! Création de dépotoir commun! Où est l'intérêt d'énumérer et de constater soi même une idée si c'est pour battre en retraite quelques instants plus tard, sous prétexte qu'on a oublié de prendre en compte LE point d'importance? Evidemment qu'une alliance face à Tetsu nécessite des couilles, c'est exactement pour ça que cette entrevue se fait entre représentants de clans et pas simplement par manuscrits interposés ; car c'est un sujet tendu. Le clan Yamanaka qui se dégonfle, j'imagine que c'était prévisible, bah... Enfin, bah... forcément quand on en attendait beaucoup de ce clan on hurle un peu, surtout quand il y a l'Empire juste à côté qui est en train de rassembler ses forces et de lorgner sur nos terres.
-Mh oui, j'imagine que dans des accords, se rendre compte des enjeux est une part importante du processus. Je ne cache pas mon ton glacé.
Accessoirement, j'ignore comment interpréter cette phrase universelle, Je le fais avant tout dans les intérêts de mon clan. Plus qu'une simple remarque, c'est un moyen de se dédouaner de n'importe quelle situation un peu glissante en mettant de la distance entre soi et les problèmes. Une façon de refuser de mettre les mains dans le cambouis sans vraiment se chercher de réelle excuse ; j'ai pas envie de mouiller la chemise pour toi. Mais, je peux aussi jouer la carte de la neutralité feinte.
-Je le fais avant tout dans l'intérêt des gens de l'Enclave, si nous ne défendons pas les paysans et les shinobis indépendants de la tyrannie impériale, qui le fera?.Ma boussole morale pointe au delà des murs de mon clan, et vous?Nous avons quelques relations avec le clan Onryou et des projets à tisser... Mais je prendrai un gros risque de tout révéler à des inconnus.
Les Yamanaka n'ont pas envie de s'exposer en première ligne pour une contrée qui n'est pas la leur, mais ce qu'ils oublient c'est qu'ils sont limitrophes à l'Empire. Une contrée ce n'est pas un caillou qu'on peut dissimuler dans un recoin sombre, les stratèges de Tetsu ne manqueront pas de s'apercevoir qu'il y a un morceau juteux qui n'attend qu'eux. Je me penche un peu en avant, comme pour lui faire part d'une confidence, même si en réalité je suis surtout en train de passer son argumentaire au vitriol.
-Ce n'est pas une alliance de placard, je ne suis pas en train de vous demander d'hocher gentiment la tête à défendre ma région quand la vôtre est ostensiblement la seconde ou troisième qui subira une attaque, vous privant alors d'un temps précieux pour ériger des défenses et faire cavalier seul. J'essaie d'établir une alliance, au sens large du terme entre plusieurs clans. L'Empire n'est pas un gâteau qui se mange seul ; le meilleur moyen de s'en prémunir reste encore de former une coalition et puisque les villages n'ont pas l'air de trop réagir, je prends les choses en mains. A ma manière.
... Brûlez les racines. ft. Benkei « Sans routes et sans jambes, ils ne passeront pas. »
Je vois bien qu’elle n’a pas apprécié que je finisse par retourner sur mes propos, qu’elle est un peu en colère. Juste un peu. «Bon!» En vrai, je ne cherchais pas à l’énerver, juste à m’assurer de ne pas y rester si on finit par se retrouver sur le champ de bataille. Pourquoi est-ce qu’on serait restés neutres aussi longtemps, sinon?
Donc, ce n’est pas une alliance pour obtenir de l’aide dans toutes manoeuvres défensives quelles qu’elles soient, si je comprends bien. On est clair là-dessus, mais on veut une alliance au sens large. «Je me sens plus enclin à accepter, maintenant que vous dites que vous avez déjà d’autres clans sur qui compter. Sinon, autre que les Onryou, vous êtes en lien avec les Nara? Les Inuzuka? Les Sarutobi?» Au moins, on me confirme qu’on ne tiendra pas rigueur aux Yamanaka si on doit réévaluer nos priorités et sauver notre propre terrain. C’est ce que je voulais entendre. Je souris.
«Dans ce cas, sous réserve que vous ayez deux clans à me référer, que je puisse confirmer moi-même de leur alignement à votre cause, j'encouragerai fortement mon chef à vous aider en cas de coup dur, et que vous puissiez avoir une alliance de plus. Arrangez des rencontres avec deux alliés à vous pour moi, si vous pensez que c’est possible. Je pourrai toujours passer par leur région en rentrant, si c’est sur mon chemin.» Pour moi, ça semble correcte; si tu me montres qui sont tes alliés, j’accepte sans hésitation.
Je prends une bonne bouffée d’air, avant de continuer; j’ai l’impression que la discussion devient tendue, et c’est pourtant ce que je veux éviter; ça sert à quoi de se mettre à dos un allié pour des broutilles? Je veux dire, on peut en vouloir à ceux qui veulent protéger les leurs?
«Je suis désolé, je sais que j’en demande beaucoup et que ça doit vous irriter, mais je suis content que vous fassiez l’effort d’organiser un projet d’envergure comme celui-là.»
Il veut deux clans auprès desquels se référer pour l'alliance? Je sens que ça va être une longue journée ; s'ils me disent tous ça, je vais avoir des difficultés à rassembler des troupes, à réunir des clans et à fédérer une alliance. Mais soit, j'imagine que c'est une réponse valable, même si elle complexifie énormément la diplomatie et les relations interclans.
-Vous êtes le deuxième clan avec qui nous nouons un dialogue officiel, de ce fait je ne peux vous fournir de liste. Pour la très simple et bonne raison que le clan est en train de refondre sa diplomatie et de revoir sa politique de neutralité au goût du jour, en accord avec les événements de Baransu.
J'imagine que les négociations s'arrêtent ici puisque je ne peux pas accéder à ses demandes, et que manifestement le clan est réticent à ouvrir la voie. Je suis amèrement déçue, mais quelque part peu surprise, je ne sais pas si je suis censé être navrée de moi même pour avoir eu trop d'espoirs, ou au contraire me satisfaire de cet optimisme un peu maladif qui caractérise ce qui s'en vont à la guerre.
-Nous vous recontacterons donc lorsque nous aurons une alliance solide dans laquelle vous inviter.
... Brûlez les racines. ft. Benkei « Sans routes et sans jambes, ils ne passeront pas. »
Voir que ma demande a bien passé me soulage; ce n'est pas que ma parole soit sans valeur, c'est plutôt que je connais bien mon clan. Si moi je veux bien aider, je suis déjà convaincu que la moitié de mon clan refusera de joindre le champ de bataille s'ils ont à faire du Un contre Cinq, et mine de rien, c'est cette situation qui va salir notre nom si on s'engage trop vite et qu'on ne livre pas ce qu'il faut.
Je ne veux pas que son clan soit en danger parce qu'elle s'attend à des renforts promis qui n'arriveront qu'à moitié. Si elle ne peut pas me vendre sa position actuelle, à moi qui est l'un des plus altruistes, je sais que mon clan va l'abandonner à la première difficulté. Mine de rien, je ne veux pas sa mort et celles des siens sur ma conscience.
«Je comprends. Si vous pouvez avoir au moins l'appui des Onryou et une relation favorable avec les Nara, ça devrait bien se faire. Ça fait plaisir à entendre, qu'on soit parmi les premiers à qui vous avez pensé.»
Je ne dis pas ça pour flatter mon égo, mais surtout pour la mener à un sentiment de confiance; c'est elle qui nous a contacté, c'est donc nous qu'elle voulait avoir, et on ne peut pas se permettre de perdre la face devant quelqu'un d'aussi intelligent, qui sait qui choisir pour alliés. Et c'est tout à son honneur; les Yamanaka sont connus pour ... ne pas être connus.
«C'est bon! Je vais passer chez les Nara en rentrant, pour voir si l'idée les intéresserait. Contactez-les quand même pour essayer d'avoir une alliance officielle, le plus tôt sera le mieux. Les Nara sont plutôt bons stratèges, ils seront d'une meilleure utilité que nous autour de cette table et avec votre carte entre les mains, j'en suis certain.»