Fuma Mitsuko... Cette femme m'avait toujours paru gentille, calme et intelligente. Récemment, j'avais appris qu'elle était maître dans l'art du shurikenjutsu, elle avait même accepté de nous apprendre, à Aoshi et à moi, une technique qu'elle maîtrisait. Hélas, la Fuma fut convoquée et nous laissa plus tôt que prévu. J'avais envie d'en connaître un peu plus sur elle, Shinonome nous avait présenté, mais brièvement et cela ne me suffisait pas. Ce fut pourquoi je m'étais précipitée sur la demoiselle lorsque celle-ci rentra à Uzushio afin de l'inviter à manger dans un restaurant, duquel j'avais entendu beaucoup de bien, de la rue commerçante de notre village. Je voulais apprendre à la connaître, je souhaitais apprendre à connaître un maximum de shinobi d'Uzushio... Non seulement cela pouvait être utile si je venais à faire une mission avec l'une de ces personnes, mais en plus cela me permettait d'élargir mes horizons. Je ne m'étais jamais vraiment intéressée aux autres clans, il était encore temps de commencer. Hors de question de finir comme les anciens complètement grincheux et passifs qui étaient à la tête des Uzumaki.
Le jour J était enfin arrivé, oui, j'avais fait preuve d'une grande bonté en laissant quelques jours de répit à la kunoichi qui venait tout juste de rentrer de mission, espérant la retrouver en pleine forme. Cette soirée ensemble était pour moi l'occasion parfaite de porter ma nouvelle tenue de travail, l'ancienne étant un peu trop déchirée à mon goût... Ce n'était pas rare que j'abîme mes vêtements en m'entraînant et que je les achève en effectuant une mission quelconque, par conséquent je devais régulièrement m'acheter de nouvelles tenues, ce qui me coûtait plutôt cher à la longue. J'avais mis un short noir, un uwagi à manche courte, des gants noirs, des jambières et des zôri. Je m'étais soigneusement attachée les cheveux en queue de cheval, à l'aide d'un ruban blanc. Je m'étais rendue sur place, une dizaine de minutes avant le rendez-vous, puis je m'étais installée à une table, située à côté d'une fenêtre, surveillant les entrées et sorties... Mitsuko était mon aînée, je devais être l'une des plus jeunes, si ce n'était la plus jeune jônin. Ainsi, même si nous avions toutes les deux le même rang, j'étais persuadée qu'elle avait plein de choses à m'apprendre...
Mitsuko posa un dernier lot de kunais sur l'étalage en face d'elle lorsque le hurlement de sa mère la fit sursauter.
_ Ohé toi ! Tu comptais partir sans payer ?!
La cinquantenaire avait soudain saisi un gigantesque hachoir de guerre exposé dans un rayon, avant de frapper avec en direction du cou du voleur. Ce ne fut que lorsque le fil de la lame ne se trouva plus qu'à quelques millimètres de la peau du petit homme qu'elle stoppa net son geste. Dans le magasin, un violent courant d'air circula alors avec violence. Les parchemins présents sur le comptoir s'envolèrent sans mal, et l'innombrable quantité d'arme présentes dans les étalages cliquetèrent en s'entre choquant en elles. Le garde du corps du client mal intentionné n'eut le temps que de faire un unique pas en direction de l'hystérique. Celle-ci, d'un habile mouvement de poignet, avait fait apparaître un kunai aiguisé qu'elle avait tendu en direction des bijoux de famille de l'homme de main.
Mitsuko s'avança vers eux d'un pas léger, armé comme à son habitude de son agréable sourire.
_ Excusez moi monsieur, mais il semblerait que vous ayez oublié de payer. lança t'elle poliment au marchand ambulant.
_ Dé... Dé... Désolé... bégaya l'accusé en détachant lentement la bourse présente a sa ceinture. Ga... Gar...dez la monnaie...
_ Mer... Mer... Merci ! se moqua la mère pendant que la plus jeune récupérait respectueusement le petit sac de pièces. Maintenant dégagez de mon magasin !
Les deux hommes s'exécutèrent avec hate, escorté par la jeune femme qui n'avait pas perdu son sourire.
_ Merci. Revenez bientôt. leur lança finalement cette dernière avant de verrouiller derrière eux la boutique.
Mitsuko se tourna alors vers sa mère. Malgré son âge mur, Fûma Megumi n'avait rien perdu de sa superbe. Avec ses compétences au sabre et sa maîtrise de l'élément du vent, elle aurait pu être un atout militaire significatif d'Uzushio. À la place, en raison de la venue au monde de sa fille, elle s'était retournée vers la profession de marchande d'arme, et avait ouvert ce qui était aujourd'hui le margasin d'outil ninja le plus réputée du village. C'était une véritable affaire de famille. Le grand-père tenait une forge prestigieuse au quartier Fûma et approvisionnait les stocks, la mère veillait à ce que les clients n'oublient pas de payer en partant, et Mitsuko venait régulièrement mettre la main à la patte.
_ Je sors ce soir. Ne m'attends pas pour manger. conclue la kunoichi avant de quitter l'échoppe par la porte de derrière.
La Fûma tapota sa cheongsam blanche comme pour en enlever la poussière avant de pousser la porte du restaurant. Elle était à l'heure. À vrai dire, à la seconde près. Les deux nattes qu'elle portait ce soir-là balançaient de gauche à droite devant ses épaules, alors qu'elle s'avançait d'un pas décontracté vers la table où l'attendait déjà Haruka.
_ Bonsoir, Haruka-san.
Elle s'installa face à sa camarade avant qu'une serveuse ne vienne s'occuper d'elles. Mitsuko laissa la Uzumaki passer commande en première, avant de demander une salade d'épinards...
Attendant Mitsuko, je posai mes coudes sur la table, puis je soutins ma tête de mes mains. Mon regard se posa sur chaque personne déjà présente dans le restaurant, vérifiant si la Fûma n'était pas déjà là, j'étais peut être arrivée après elle. Soudain, la porte s'ouvris. Mes yeux furent de suite attirés par la blancheur immaculée de la cheongsam que portait ma camarade uzujin. Je me redressai. Je lui fis ensuite un signe de main, puis je l'accueillis en souriant. J'avais toujours apprécié ses tenues, non seulement elles étaient jolies, mais en plus, elles semblaient très confortables pour le combat. Malheureusement, je doutais fortement que ce genre de vêtements fasse un bon effet sur moi, je préférais donc m'en tenir à mes tenues habituelles.
- Salut, Mitsuko ! En forme ?
Une serveuse ne tarda pas à venir nous voir pour prendre nos commandes. Je commandai un plateau de grillades, ici, la viande et le poisson y étaient excellents, néanmoins la demoiselle qui partageait ma table préféra opter pour une salade d'épinards. J'espérais pour son corps qu'elle ne partait pas en mission avec ceci dans l'estomac, car cela ne me semblait pas bien nutritif or notre travail n'était pas le plus simple... J'observais la jônin avec plus d'attention que précédemment, enroulant des mèches de cheveux autour de mes doigts. Je n'y avais jamais prêté attention, mais elle avait un certain charme. Je me demandais si j'étais capable d'acquérir ce charme, et si oui, comment. Venait-il avec l'expérience ? S'obtenait-il en s'entraînant ? Ou était-il héréditaire ? C'était une bonne question qui méritait qu'on se penche dessus. Après quelques secondes de silence pendant lesquelles j'étais perdue dans mes pensées, je revins à la réalité, gênée de m'être ainsi égarée, puis je pris la parole.
- Tu es partie faire quel genre de mission ? Elle s'est bien passée ?
Je ramenais une mèche derrière mon oreille gauche, puis je posai mes mains sur mes cuisses. Je regardais mon aînée droit dans les yeux afin de lui faire comprendre que je lui dédiais toute mon attention.
Les deux jeunes femmes commencèrent par s'échanger quelques banalités avant que les plats ne leur soient servis à table. Mitsuko baissa les yeux vers son assiette. Quelques jeunes feuilles d'épinard crues assaisonnées d'un filet d'huile reposaient sur la porcelaine blanche. Le tout était surmonté d'éclats de noix qui venait ajouter du croquant.
"Un régal !" pensa joyeusement l'illusionniste avant de tourner les yeux en direction de l'assiette de Haruka. De beaux morceaux de viande baignaient dans une sauce brunâtre sur un lit de riz blanc. Malgré l'odeur appétissante qui vient lui chatouiller les narines, Mitsuko ne put s'empêcher de voir le cadavre du pauvre animal mort, déchiqueté en morceau, qui reposait dans l'assiette. Il était rare qu'elle mange de la viande. Lorsqu'elle le faisait, elle se retrouvait toujours à culpabiliser. Curieusement, ce sentiment ne s'était cependant jamais manifesté en mission alors qu'elle tuait une cible.
_ Tu es partie faire quel genre de mission ? Elle s'est bien passée ? s'enquît alors la jeune Uzumaki.
_ De l'espionnage plutôt classique. J'ai dû recueillir la signature de chakra d'une cible.
La cible en question, était suspectée d'être dans des combines un peu louches. Le commandement souhaitait pouvoir le traquer s'il disparaissait de leurs radars.
En voyant la posture qu'avait prise Haruka et l'insistance avec laquelle elle l'observait, Mitsuko comprit que sa camarade souhaitait en savoir plus. Elle porta alors sa main droite à côté de son visage et leva l'index en direction du plafond.
_ C'est top-secret. lâcha t'elle d'une voix calme et décontractée, toujours le sourire aux lèvres. C'était le bon moment pour changer de sujet. Et toi ? Tu es douée en sensorialité ? Quelle technique tu utilises pour collecter les signatures de chakra ?
Nous nous échangeâmes quelques banalités en attendant que les plats soient servis, j'étais rêveuse, parlant sans vraiment y prêter attention. Jusqu'à ce qu'un silence s'installe, à l'arrivée des plats. L'odeur était enivrante, nous laissant imaginer le goût succulent de la nourriture contenue dans nos assiettes. Décidément, j'étais distraite ce soir... Je décidai de passer à une discussion un peu plus sérieuse, questionnant la kunoichi sur sa mission.
_ De l'espionnage plutôt classique. J'ai dû recueillir la signature de chakra d'une cible.
Une mission d'espionnage, hein ? Ce n'était le genre de technique que je préférais, néanmoins mes capacités faisaient de moi quelqu'un de particulièrement utile en surveillance, traque et tout autre type de mission où il fallait localiser et suivre une cible ou repérer des intrus. Je fermais les yeux et priai pour l'âme des créatures ayant été tuées pour que l'on puisse se nourrir, puis je coupai un bout de viande que je portai à mes lèvres. C'était excellent. Le plat avait été légèrement épicé ce qui relevait le goût de l'animal, je n'en attendais pas moins de ce restaurant. Après quelques secondes de silence, une information arriva à mon cerveau. Elle avait recueilli la signature de chakra de sa cible, ce qui signifiait qu'elle possédait le même don que moi. J'écarquillai les yeux. Je ne savais pas qu'elle avait de telles capacités. Nous avions donc un autre point commun que notre rang. Les capacités sensorielles étaient couvent appréciées chez les shinobi, après tout, elles étaient toujours très utiles en mission permettant d'esquiver des ennemis ou de trouver une cible.
_C'est top-secret. Et toi ? Tu es douée en sensorialité ? Quelle technique tu utilises pour collecter les signatures de chakra ?
- J'ai en effet quelques dons sensoriels. Je fais rarement appel à des techniques spécifiques, préférant économiser du chakra, mais j'en connais une me permettant de déterminer : l'état de santé et de fatigue de la cible, sa nature de chakra, si elle est prise dans un genjutsu ou fuinjutsu, si elle est empoisonnée ou malade. De plus, cette technique permet de mémoriser la signature de chakra de la cible. Tu ne la connais pas ? Elle est plutôt intéressante.
Je m'étais penchée sur la table et j'avais parlé à voix basse, j'avais confiance en Mitsuko, mais je ne voulais pas parlé de mes techniques à des étrangers, même si je n'utilisais pas souvent les techniques en question. Je n'avais aucun problème quant à partager mes techniques avec des amis ou des personnes de confiance qui étaient fidèles envers Uzushio, c'était pourquoi je lui avais parlé avec sincérité. Je laissais le temps à la demoiselle d'enregistrer toutes les informations que je venais de lui fournir, me réinstallant correctement et reprenant une bouchée de grillade avant de continuer.
- Tu ne m'avais pas dit que tu étais une ninja sensorielle. Tu utilises quel genre de techniques ?
Haruka lui avait révélé qu'elle aussi était dotée du sixième sens, et qu'elle utilisait Kokoro no Bunseki, la technique d'analyse du coeur. Ce jutsu de détection mettait l'accent sur l'appréciation de l'influence du chakra sur le corps. Elle permettait notamment s'informer sur l'état de santé et de fatigue de la cible, mais aussi de détecter le poison, les maladies... Même les genjutsus et les fuinjutsus affligeant la cible était débusquable grâce à cette analyse. Les utilisateurs les plus doués étaient même capables de ressentir le quasi inperceptible lien reliant la personne à un pacte d'invocation. Cette technique était des plus intéressantes pour supporter ses coéquipiers.
Mitsuko lui répondit que, contrairement à elle, elle utilisait Ora no Bunseki, la technique de données complètes. Ce jutsu renseignait surtout sur les propriétés du chakra analysé, permettant de connaître la quantité de chakra restant à la cible, mais aussi son affinité élémentaire primaire et les éléments pour lesquels la cible s'était entraînée. Même les affinités combinées pouvait être apprise par un utilisateur des plus compétents. Cette technique avait plus d'utilité dans l'espionnage. L'acquisition de ce genre de renseignement était décisive dans une confrontation. C'était ce qui avait fait que Mitsuko s'était tournée vers ce jutsu.
La Fûma fit un exposé rapide sur les forces et faiblesses des deux techniques, ainsi que sur leurs utilisations idéales. La discussion était lancée. Les deux jeunes femmes commencèrent à échanger leurs manières de faire tout en dégustant leurs plats. Cet échange de paroles n'était pas sans rappeler à Mitsuko ses entraînements en la matière. Plutôt que d'avoir été entraînée par un professeur, elle avait reçu cette formation de sa grand-mère.
La vieille femme avait le même caractère que sa fille. Elles se ressemblaient, toutes deux à s'emporter pour la moindre petite chose, et n'hésitant pas à en venir aux mains. Le grand-père avait un jour confié à Mitsuko que lui comme Megumi préféraient fuir plutôt qu'affronter la colère de la vielle dame. La dernière de la famille avait cependant du mal à imaginer sa grand-mère en combattante effrénée - l'intéressée ayant toujours tout fait pour refléter l'image d'une mamie gâteau en présence de sa petite fille - et pourtant même les combattants du clan Fûma les plus aguerris semblaient lui vouer un certain respect, mêlé parfois même à de la crainte ou de l'admiration.
La matriarche, aujourd'hui à la retraite, était autrefois une espionne redoutable au corps-à-corps. Elle avait rejoint le clan grâce à son mariage, mais ne venait originellement pas d'une famille ninja. C'était elle qui avait initiée Mitsuko aux subtilités de la sensorialité. La retraitée avait cependant tenu sa descendante hors de portée de sa réserve de poisons.
La discussion avait continué pendant toute la durée du repas. Les deux femmes continuaient de parler théorie en sortant de l'établissement lorsque Mitsuko proposa de continuer la soirée sur les toits de l'académie.
Ora no Bunseki... J'en avais déjà entendu parlé... Oui, dans la première équipe que j'avais intégré, mon sensei avait été remplacé après quelques mois passés avec nous, il avait perdu un oeil et avait reçu une importante blessure au bras gauche. Je ne l'avais plus jamais revu. C'était pourtant mon premier sensei et sans doute celui que j'avais préféré. Inconsciemment, je m'étais peut être sentie coupable de ce qui lui était arrivé. Quoiqu'il en soit, sa remplaçante était ninja senseur et faisait souvent appel à cette technique afin de déterminer si nous autres, genin, pouvions lui être d'une quelconque utilité ou si nous devions reculés pour ne pas devenir des dégâts collatéraux. C'était cette femme qui m'avait découvert des dons en sensorialité. Elle m'avait enseigné deux techniques : le Kokoro no Bunseki et le Shinrei Torakkâ. Mais cette seconde technique était bien plus classique, j'étais donc persuadée que la Fuma la maîtrisait déjà et que, par conséquent, il m'était inutile de la lui en parler.
J'écoutais Mitsuko évoquer les points forts ainsi que les points faibles de chacune de ces techniques... Je trouvais sa description pertinente. Je portais donc toute mon attention sur son discours. Elle semblait à l'aise avec la théorie, pourtant, de ce que j'avais compris, elle ne maîtrisait pas Kokoro no Bunseki. Elle avait peut être du mal avec la mise en pratique ou n'avait simplement pas eu l'occasion de s'exercer. Entre deux bouchées de viande bien grillée, je lui posai directement la question. Je la questionnais aussi sur sa famille, sur les Fuma... Je m'intéressais vraiment à la jônin, raison pour laquelle j'étais si curieuse à son sujet. C'était une amie de l'une de mes cousines et, en même temps, c'était une ninja sensorielle avec qui je pouvais parler d'égale à égale.
Une fois l'estomac bien rempli, nous sortîmes du restaurant pour nous installer sur les toits de l'académie, comme l'avait proposé la jeune femme au cheongsam. C'était un endroit agréable, l'air, frais, nous caressait le visage tandis que les étoiles illuminaient le ciel nocturne. Je m'allongeais afin d'observer les astres.
- C'est beau, tu ne trouves pas ? Je n'avais pas pris la peine de tourner la tête vers la kunoichi, je savais qu'elle était là, juste à côté, comme elle savait que j'étais là. Pourquoi es-tu devenue kunoichi ? Tu aurais pu être commerçante. Je fermais les yeux quelques instants, le temps de prononcer quelques mots, avant de me relever pour fixer ma camarade, attendant une réponse de sa part.
Les deux jeunes femmes se mirent en route pour l'académie. Un léger vent frais venait régulièrement leur chatouiller le visage, apportant l'odeur iodée du port du village. Haruka avait tenté de faire parler Mitsuko à propos de sa famille et de son clan, mais elle n'avait eu que des réponses courtes et sans détails. La Fûma ne souhaitait pas être reliée publiquement à son grand-père à cause de la notoriété de ce dernier, et plus encore, elle redoutait par-dessus tout que le sujet de son paternel ne vienne entacher la discussion. L'illusionniste retourna rapidement ces mêmes questions à sa camarade pendant leur balade nocturne.
Les toits de l'académie. Un sentiment de nostalgie envahit Mitsuko. C'était ici que, bien des années plus tôt, l'équipe Une et leur prestigieux sensei, le Shodaime Uzukage, avait l'habitude de se rejoindre. Haruka s'allongea un instant pour regarder les étoiles. La Fûma sortit alors de sa poche ce qu'elle n'avait pas oublié d'acheter en passant à la caisse du restaurant : une petite bouteille de sake ainsi que deux petits verres de porcelaine blanche. Elle fit habilement danser les récipients entre ses doigts avant de les remplir d'alcool.
_ C'est beau, tu ne trouves pas ? demanda la Uzumaki, le regard toujours plongé dans les étoiles.
Mitsuko déposa une dose de saké non loin de la rousse en s'assurant qu'elle ait bien vu le verre, mais sans lui préciser ce qu'il contenait. Elle acquiesça à la question avant de lancer un "Kampai" décontracté. La Fûma profita que sa camarade se redresse en posant sa question suivante pour s'asseoir dos à dos avec elle.
_ Pourquoi es-tu devenue kunoichi ? Tu aurais pu être commerçante.
Décidément, c'était le moment nostalgie de la soirée. La kunoichi porta la porcelaine à la bouche avant d'en vider d'une traite le contenu. Un souvenir particulier lui revient en mémoire...
Mitsuko était toute jeune à l'époque. Elle n'avait emménagé dans le village que depuis un mois seulement. La jeune fille avait réussi les test d'admission ninja et avait été attribuée à l'équipe Une. En ce jour, elle était face à la mer en compagnie de ses nouvelles camarades et de son sensei. L'une des kunoichis s'avérait d'ailleurs être Uzumaki Shinonome, une cousine ainée de Haruka.
_ Bonjour ! Je sais que c'est notre tout premier jour ensemble, mais s'il vous plaît ne soyez pas timide. On va commencer par se présenter chacun son tour. Je commence : je m'appelle Tsuri Meyo, j'ai 18 ans, et je suis le dirigeant d'Uzushiokagure no sato, le Senkage. Après vous être présentées, vous me direz pourquoi vous voulez devenir des ninjas.
Les instructions du sensei avaient été suivies par la Uzumaki et la Miyamoto avant que le tour de Mitsuko ne vienne.
_ Je m'appelle Fûma Mitsuko, et j'ai 10 ans. Je veux devenir une kunoichi, car je veux me battre pour ce qui est juste. Dans le futur, des livres parleront de moi et j'inspirerais à mon tour les futures générations. avait elle alors répondu avec détermination.
La Fûma se resservit un verre en commençant sa réponse.
_ Les gens associent souvent le clan Fûma à ses marchands et ses forgerons, mais ils oublient que notre héritage descend de grands shinobis. Le titre de Démon du Vent revient toujours au Fûma le plus puissant, et ils ont été nombreux à le porter fièrement. J'aimerais un jour mériter ce titre. C'est ma façon à moi d'inspirer les générations futures.
Malgré les années passées, même si la forme s'était tout de même amélioré, le fond, lui, n'avait pas changé.
Mitsuko vida à nouveau son verre avant de se resservir, et de proposer une seconde tournée à Haruka. Déjà, la jeune femme sentait la boisson lui faire monter la chaleur aux joues. Elle retourna la question à sa camarade en fermant les yeux. La Fûma se laissa bercer par le breuvage et le rythme des paroles de la jeune rousse...
Je bus une gorgée de saké... C'était rare que j'en boive. J'aimais bien l'alcool, mais j'avais fait le choix de n'en boire que lors de fêtes spéciales, là, c'était en l'honneur de ce lien qui s'était créé entre Mitsuko et moi-même. En l'honneur de ce magnifique ciel nocturne qui s'étendait au-dessus de nous et qui était témoins ces instants où nous nous confions l'une à l'autre. J'étais contente. Ce n'était pas toujours que je pouvais profiter des étoiles. Il n'y avait qu'à Uzushio, lorsque je ne travaillais pas que je pouvais le faire. En mission, il fallait que je reste concentrée, je n'avais donc pas l'opportunité de profiter de la beauté du paysage, de la douceur des parfums ou des sonorités harmonieuses de la nature.
_ Les gens associent souvent le clan Fûma à ses marchands et ses forgerons, mais ils oublient que notre héritage descend de grands shinobis. Le titre de Démon du Vent revient toujours au Fûma le plus puissant, et ils ont été nombreux à le porter fièrement. J'aimerais un jour mériter ce titre. C'est ma façon à moi d'inspirer les générations futures.
J'avais bien fait de questionner la Fûma... Grâce à cela, j'avais pu me rendre compte que j'étais bien trop centrée sur les Uzumaki, à tel point que j'en oubliais les autres qui, pourtant, détenaient une certaine importance au sein d'Uzushio. En effet, je pensais que la fonction de shinobi n'était que secondaire chez le clan de Mitsuko, je pensais que les siens étaient des marchands et des forgerons qui avaient évolués, mais apparemment, j'étais dans le faux. Au moins, cela me permettait de savoir qu'il fallait que je m'intéresse un peu plus aux autres. Après tout, il était probable que je travaille avec un membre du clan Fûma, Omura ou Miyamoto puisque c'étaient des clans implantés dans ce village. Je finis mon verre de saké, puis je fis signe à la jônin de laisser tomber, que je n'en prendrais pas plus. Il fallait être raisonnable. Je m'installais en tailleur, puis je réfléchis quelques secondes afin de ne pas lui raconter de bêtises et pour essayer de trouver les mots idéals afin d'être comprise, avant de répondre à sa question.
-Je suis fière d'être née Uzumaki et j'aime ce village. Je veux faire partie de l'élite, devenir une kunoichi connue et respectée. Je veux défendre ce village et faire changer mon clan. Les anciens sont trop passifs à mon goût. A cause de cela, une certaine méfiance s'instaure peu à peu envers les Uzumaki alors que nous n'avons aucune mauvaise intention et que nos jutsus pourraient être des plus utiles à Uzushio. Je ne suis pas la seule à penser comme ça et on se bat pour faire entendre nos idéaux, mais cela ne semble pas fonctionner. Alors, je veux que les anciens ne soient plus en mesure de s'opposer à nous, je veux qu'ils m'écoutent.
Mon regard se perdit... J'étais ailleurs... Ce fus le fait de ressentir un chakra de shinobi entrer dans ma zone de sensorialité qui me fit sortir de mes pensées. Je tournais la tête en direction de la femme en cheongsam, me demandant si nous pouvions nous échanger nos techniques sensorielles qui étaient parfaitement complémentaires. Je montrais l'homme, au chakra m'ayant interpellé, du doigt.
- Est-ce que tu pourrais m'apprendre l'Ora no Bunseki ?
_ Je suis fière d'être née Uzumaki et j'aime ce village. Je veux faire partie de l'élite, devenir une kunoichi connue et respectée. Je veux défendre ce village et faire changer mon clan. Les anciens sont trop passifs à mon goût. A cause de cela, une certaine méfiance s'instaure peu à peu envers les Uzumaki alors que nous n'avons aucune mauvaise intention et que nos jutsus pourraient être des plus utiles à Uzushio. Je ne suis pas la seule à penser comme ça et on se bat pour faire entendre nos idéaux, mais cela ne semble pas fonctionner. Alors, je veux que les anciens ne soient plus en mesure de s'opposer à nous, je veux qu'ils m'écoutent. tel fut la réponse de la Uzumaki.
Décidément, les aspirations que les deux Uzujins avaient pour leurs clans étaient diamétralement opposées. Là où Haruka souhaitait changer les choses, Mitsuko elle, souhaitait que revienne les anciennes coutumes, même si elle avait conscience que tout n'était pas bon à prendre. Celle-ci conseilla alors sa jeune amie quant à son projet. Elle lui expliqua que, selon elle, une personne seule, peu importe ses efforts et convictions, n'était qu'une goûte d'eau dans l'immensité de l'océan. Qu'une goûte seule était limitée quant à sa capacité à troubler l'eau qui l'entoure, mais que plusieurs goûtes pouvaient avoir la puissance d'un tsunami, créant de gigantesques vagues capable de changer les choses. Son allégorie était claire, si Haruka voulait avoir un impact sur son clan, elle allait devoir trouver des alliés dans sa grande famille. La rousse aurait aussi bien pu arriver à ses fins grâce à de la manipulation, mais Mitsuko pensait la Uzumaki trop pure pour utiliser une méthode aussi fourbe.
_ Est-ce que tu pourrais m'apprendre l'Ora no Bunseki ?
L'illusionniste se resservi un verre en répondant positivement.
_ Bien sûr. Et toi le Kokoro no Bunseki ?
Les deux femmes repartirent donc sur le sujet qui avait animé leur repas. Elles avaient déjà grandement échangé sur la théorie. Mitusko se contenta de rappeler à la rousse qu'elle devait se concentrer sur le coté énergie spirituelle du chakra analysé. Pour sa part, elle allait devoir porter plus d'attention à l'aspect de l'énergie corporelle. C'étaient ces deux énergies combinées qui formait le chakra de tous êtres.
La Fûma conseilla donc de commencer par un peu de méditation. Elle vida son verre d'une traite et ferma les yeux. L'alcool la faisait se sentir tanguante, mais ce n'était pas pour lui déplaire. La jeune femme se laissa bercer par la boisson en se concentrant sur sa propre signature de chakra. Rapidement, elle étendit sa zone de perception au maximum, se concentrant sur tout ce qui l'entourait, avant de réduire à nouveau sa portée pour ne plus se ressentir qu'elle même. L'espionne répéta alors de nombreuse fois l'opération. Mitsuko trouvait cette méthode, qui lui avait été enseigné par sa grand-mère, des plus efficace. Cet entraînement permettait un meilleur contrôle du son sixième sens et forçait le sensitif à agrandir sa zone de détection au maximum de ses capacités.
C'était agréable de discuter avec Mitsuko, elle avait été à l'écoute et, une fois que j'eus fini de parlé, m'avait conseillé du mieux qu'elle le pouvait. D'après elle, seule, je n'était pas bien puissante et je risquais de n'avoir aucune influence sur mon clan, néanmoins, elle était sûre qu'il était possible de changer cela si j'arrivais à me trouver des alliés. C'était logique. Cependant, trouver des alliés n'était pas forcément la chose la plus facile qui soit. Nous étions très différentes, que ce soit dans nos domaines de prédilection, notre façon de vivre, notre caractère ou ce à quoi nous aspirions, mais nous nous entendions parfaitement bien. C'en était presque étrange. Je me sentais bien avec elle. J'avais bien envie que l'on devienne amies et que l'on se voit plus souvent, que l'on parle de tout et n'importe quoi, que l'on se conseille et s'entraide, mais aussi que l'on passe du bon temps.
- Est-ce que tu pourrais m'apprendre l'Ora no Bunseki ?
_ Bien sûr. Et toi le Kokoro no Bunseki ?
Je hochai la tête en guise de réponse. Si la kunoichi m'apprenais sa technique, il n'y avait aucune raison pour que je refuse de lui enseigner une des miennes. C'était du bon sens. Nous appartenions à un village marchand, alors il fallait que nous appliquions le principe de l'échange équivalent. D'ailleurs, je ne lui avais toujours pas rendu la pareille pour la technique de shurikenjutsu qu'elle m'avait enseigné...
J'écoutais la Fûma et suivis le mouvement, commençant à méditer. Je n'aimais pas vraiment la méditation, mais il s'agissait là d'un élément essentiel pour l'apprentissage de certaines techniques nécessitant une finesse particulière au niveau du contrôle du chakra ou de la perception de celui-ci. Assise en tailleur, les mains sur mes cuisses, mon dos droit, j'utilisais la même méthode de méditation que ma camarade. Je me concentrais sur ma signature de chakra ainsi que sur la circulation de cette énergie dans mon corps, puis j'élargis ma zone de perception, captant tous les chakra de celle-ci en différenciant civils de shinobi, avant de me centrer une nouvelle fois sur moi. Je fis plusieurs allers-retours entre moi et la limite de ma zone de perception. C'était un exercice que j'avais un peu de peine à effectuer, je n'y étais pas habituée. En tant normal, je me concentrais soit sur mon chakra, soit sur ma zone de perception, mais je ne faisais pas ce genre d'exercice. Peut-être que j'allais un peu vite sur les transitions... En tous cas, je doutais que ce soit normal d'être essoufflée au bout d'une petite dizaine de minutes. Je marquai une pause m'allongeant sur le dos.
- Lorsque tu m'as parlé de méditation, je pensais pas à quelque chose de si intense. Je vais garder cet exercice en mémoire pour l'exécuter de temps à autres, je pense que j'en ai bien besoin.
Je me réinstallai correctement, puis j'attendais les instructions et conseils de la jônin afin d'apprendre sa technique...
Faire ainsi des va-et-vient avec la frontière de la technique de détection était éprouvant pour les non-initiés. Si Mitsuko avait l'habitude de pratiquer cet exercice de méditation depuis des années déjà, ce n'était pas le cas de Haruka qui commencer à réaliser l'intérêt de l'exercice.
_ Lorsque tu m'as parlé de méditation, je pensais pas à quelque chose de si intense. Je vais garder cet exercice en mémoire pour l'exécuter de temps à autres, je pense que j'en ai bien besoin.
Mitsuko pensait que sa camarade était déjà prête à tenter la technique. Aussi, elle lui donna la série de mudras à réaliser et lui rappela de se concentrer sur l'énergie spirituelle du chakra, plutôt que sur l'énergie corporelle comme elle en avait l'habitude en utilisant le Kokoro no Bunseki.
La Fûma se souvenait de ses premières tentatives dans sa quête d'analyse des signatures de chakra. Si elle n'avait pas été aussi motivée par l'apprentissage de nouveaux jutsus, elle aurait sans doute trouvé sa grand-mère bien trop dure pour mériter le droit d'enseigner. Fûma Shishino avait toujours poussé sa descendante vers l'excellence, et avait jusque là toujours été satisfaite du résultat.
L'illusionniste avait une différente manière d'enseigner. Elle pensait que valoriser la confiance en soi, l'autonomie, et laisser l'apprenti évoluer à son rythme était une technique bien plus prometteuse. Aussi, elle laissa Haruka faire quelques tentatives. Se saisissant du bouchon de liège qui refermait quelques minutes plus tôt la petite bouteille d'alcool, Mitsuko se mit alors à envoyer le projectile improvisé contre le muret servant de garde-fou. Le petit morceau de bois rebondit contre la pierre avant de retrouver place dans la main de la jounin. Celle-ci répéta l'opération, jouant à la balle en attendant de constater les progrès de la Uzumaki.
Je me récitais dans ma tête, à l'envers et à l'endroit, plusieurs fois d'affilé, les mudras à former ainsi que leur ordre afin de ne les oublier sous aucun prétexte. Il s'agissait d'éléments essentiels pour le bon fonctionnement des techniques shinobi. Avant de passer à l'étape suivante, il fallait que je les mémorise. Une fois la partie théorique finie sur les mudras, je les exécutais à plusieurs reprises, habituant ainsi mon corps à les former et m'aidant, une nouvelle fois, à les garder en tête. Je les associais directement à l'Ora no Bunseki afin que les utiliser devienne un automatisme lorsque je pensais à cette technique... Après, il fallait que je refasse cet exercice de mémoire de temps à autre pendant une semaine ou deux pour que ce soit un véritable mécanisme, mais je ne craignais rien de ce côté là.
Me concentrer sur l'énergie spirituelle du chakra plutôt que sur l'énergie corporelle, hein ? C'était plus facile à dire qu'à faire... Je ne savais pas vraiment comment je devais m'y prendre... C'était comme demander à un enfant de huit ans de dompter un ours, enfin c'était la façon d'enseigner de Mitsuko, j'allais suivre sa méthode à la lettre. Au pire, je pouvais toujours changer de méthode s'il n'y avait aucun résultat après quelques temps de travail. Je formais les mudras, pris une grande inspiration, puis je me concentrais sur la Fûma, essayant d'analyser son chakra. Je ressentais de nombreuses choses, j'en ressentais de plus en plus mais je n'étais pas en mesure de décrypter les informations qui arrivaient jusqu'à mon cerveau. Il fallait que j'apprenne à différencier les éléments présents dans le chakra et que je sois en mesure de les reconnaître dans le chakra de n'importe qui.
- Comment je fais pour décrypter les informations obtenues ?
Le bouchon de liège rebondit une fois de plus sur le garde-fou avant de revenir dans la main de la Fûma. Celle-ci tourna le regard vers la jeune Uzumaki qui enchaînait à répétition les mudras nécessaires à sa technique. La rousse semblait concentrée et prenait cet entraînement nocturne très au sérieux. Mitsuko n'en attendait pas moins de sa camarade.
L'illusionniste dévisagea Haruka. Ses yeux couleur ambre étaient cernés de longs cils et surmontés de sourcils fins. De part la nature expressive de son visage, ses fines lèvres se tordaient régulièrement sous son petit nez. Au rythme de sa respiration, sa crinière pourpre tenue par un ruban blanc remuait lentement. Son corps fin était vêtu d'un uwagi à manche courte et d'un short noir, rappelant la couleur de ses gants. Ses pieds, surmontés de jambières, étaient chaussés de zori. L'Uzumaki semblait se plaire à se vêtir de jolies choses.
_ Comment je fais pour décrypter les informations obtenues ?
Mitsuko fut sortie de sa torpeur par la voix de sa camarade. Si elle posait cette question, cela voulait dire qu'elle avait dors et déjà réussi à se concentrer sur l'énergie spirituelle. L'illusionniste parla alors à la jeune femme du papier-test, cette matière, connue de tous les shinobis, ayant la capacité de changer de forme et texture selon la nature élémentaire du chakra de la personne entrant en contact avec elle. La Fûma expliqua que la détection était basée sur le même principe. Haruka serait bientôt capable de sentir les petites variations provoquées par l'utilisation répétée de chakra élémentaire.
La maîtresse du shurikenjutsu, en guise de réponse, me parla du test du papier. Evidemment, celui-ci ne m'était pas inconnu puisque j'avais dû passer par là afin de connaître ma nature de chakra et apprendre une technique découlant de celle-ci. Je ne comprenais pas vraiment ce que voulait dire la demoiselle par le fait que la décision soit basée sur le même principe. Est-ce que cela signifiait que je devais utiliser mon chakra de la même façon que l'on utilisait le papier spécial ? J'avais bien envie de la questionner d'avantage à propos de cette technique, mais il valait mieux que j'essaie de trouver la réponse par moi-même. Je pensais que c'était ainsi que j'allais réellement pouvoir m'améliorer. Trouver les réponses par soi-même était, d'après moi, toujours mieux que d'attendre qu'il y en ait une qui tombe du ciel.
J'essayais donc une méthode différente... Je formais les mudras nécessaires à la technique, puis je me concentrais sur le chakra de Fûma Mitsuko. J'utilisai ensuite mon propre chakra que j'envoyais face à celui de la demoiselle essayant de m'en servir de la même façon que la feuille du test du papier. Au contact de mon chakra celui de ma camarade uzujin eut une réaction étrange, ou plutôt il me fit ressentir quelque chose d'étrange. À ce moment, il me semblait avoir compris ce qu'elle voulait me dire. Je croyais avoir saisi son affinité élémentaire et j'avais une idée de ses réserves de chakra. En tous cas, sa signature de chakra était mémorisée. Je me précipitais alors vers la jônin, qui se distrayait comme elle le pouvait, avec un grand sourire aux lèvres pour finalement lui énoncer les informations que j'avais retenu de l'analyse de son chakra, espérant que celles-ci soient justes.
- Futon et environ quatre vingt pour-cent. Alors, j'ai bon ?
Haruka écouta sagement les indications de la sensei du dimanche, puis prit le temps de réfléchir. Elle analysa les instructions en tentant de trouver une manière correcte d’appréhender la chose. Une idée lui vient vite en tête et elle retenta d'utiliser le jutsu. Haruka forma alors de ses mains la série de mudras requise et porta toute son attention sur le chakra de la Fûma.
Celle-ci porta son regard au loin. D'ici, le panorama était splendide. Ainsi en hauteur, une majeure partie du village était dans son champ de vision. Elle pouvait voir les toits du centre ville face à elle, qui lui coupaient la vue sur le port. Sur sa gauche, elle reconnu les quartiers résidentiels. Plus loin encore dans cette direction, la grande porte semblait toujours aussi massive, même à cette distance. Sur sa gauche se trouvaient les domaines de clans. Même à cette heure tardive, la fumée des forges venaient former un nuage au dessus du quartier Fûma. Dans de dos de l'illusionniste se dressait la grande tour du kage. C'était dans ce prestigieux bâtiment que le gouvernement prenaient les décisions les plus importante.
_ Futon et environ quatre vingt pour-cent. Alors, j'ai bon ? demanda Haruka.
Mitsuko opina du chef. La Uzumaki avait vu juste. Elle connaissait désormais Ora no Bunseki, la technique des données complètes. Cette technique de rang B lui serait sans doute des plus utiles. La rousse serait désormais capable d'obtenir des renseignements importants concernant ses ennemis. Communiquer ces informations à ses alliés pouvait s'avérer crucial dans une situation des plus désespérées.
La Fûma leur resservi un verre de liqueur de riz à chacune. Elle fit teinter la porcelaine contre celle de Haruka avant de faire basculer le liquide entre ses lèvres.
_ A mon tour ? demanda t'elle dans son éternel sourire. Devant l’acquiescement de son amie, l'illusionniste s'assit en tailleur. Quel est la série de mudras ?
Je sautai de joie en criant un "HOURRA", j'étais contente d'avoir compris le truc. Maintenant, je connaissais cette technique de sensorialité qui allait surement m'être très utile en mission, pour savoir comment aborder le combat. J'étais infiniment reconnaissante envers la jônin qui avait accepté de m'enseigner sa technique d'analyse du chakra. Evidemment, je devais retourner la faveur à la ninja sensorielle et je comptais le faire en lui apprenant le jutsu qu'elle désirait tant, celui qui complétait le sien dont elle avait généreusement accepté de me livrer les secrets. Je lui demandai cependant d'attendre quelques minutes, histoire de faire une petite pause entre les deux entraînement. Elle proposa un nouveau verre de liqueur. Je l'acceptai avec un grand sourire aux lèvres. Il fallait fêter cette réussite. Je lançai un petit "Kanpaï", puis j'entamai mon verre. Je fermais les yeux quelques instants, puis j'observais le paysage nocturne tout en finissant mon verre. Les effets néfastes de l'alcool se faisaient ressentir, mais je n'en dis pas un mot, me contentant de concentrer le plus d'attention que je le pouvais dans la nouvelle tâche qui m'attendait.
- C'est parti !
C'était à mon tour de jouer le rôle de sensei. Je m'étirais, avant de prendre une grande inspiration. La Fûma me demandait quelle était la série de mudras à effectuer, alors je les formais les un après les autres, face à elle, en donnant leur nom et en prenant tout mon temps afin qu'elle puisse les mémoriser le plus facilement possible. Je lui demandais ensuite d'utiliser ses capacités sensorielles sur moi pendant que je lui faisais une démonstration. Je recueillis donc des informations sur son état : Mitsuko commençait à ressentir les effets de l'alcool, cela mis à part, elle était en bonne santé, n'était ni sous l'influence d'un Genjutsu, ni sous l'influence d'un Fuinjutsu. Sa fatigue était moyenne. Je regardais maintenant la jeune femme, attendant qu'elle me fasse un petit compte rendu de ce qu'elle avait ressenti et qu'elle me montre si elle avait effectivement mémorisé et contrôlé les mudras.
_ HOURRA ! s'écria Haruka devant l'acquiescement de sa camarade. La petite Uzumaki ne cachait pas sa joie, sautant littéralement sous l'effet de ce doux sentiment. Lorsque la Fûma la questionna pour savoir si c'était à son tour, elle lui demanda un temps de répit bien mérité. Acceptant la coupe de saké offerte par l'illusionniste, Haruka lança un "kanpaï" avant de tremper les lèvres dans la liqueur. Elle prit ensuite son temps pour siroter le liquide, le regard perdu dans le paysage offert sous cette nuit étoilée. Mitsuko, qui attendait patiemment que son amie finisse son verre, recommença à jouer calmement avec le bouchon de liège, enchaînant les rebonds et récupérant le projectile avant qu'il n'ait l'occasion de toucher le sol.
_ C'est parti ! dit enfin Haruka avant de s'étirer et de prendre une longue inspiration d'air marin. Elle s'assit ensuite face à son apprentie du jour, prête à dispenser sa leçon. Calmement, elle enchaîna un à un les mudras nécessaire, tout en citant leurs noms, devant le regard de son ainée. Après cela, l'apprentie sensei demanda à sa locutrice de tenter la technique sur sa personne.
Mitsuko, assise en tailleur, ferma les yeux. À grande hâte, elle enchaîna la série mudras comme si elle avait fait cela toute sa vie. Grâce à son excellente mémoire, cette partie de l'apprentissage d'une technique ne serait sans doute jamais un problème. L'illusionniste prit le temps de se couper de ses sens avant de commencer à se concentrer. Le son du vent nocturne ne produisit vite plus qu'un faible écho à ses oreilles, et elle put apprécier l'obscurité complète offerte par ses paupières closes. Un tel isolement permettait à la junin de ne porter toute son attention à sa tache.
La signature chakra de Haruka apparut dans l'esprit de l'illusionniste. La première étape - et la plus simple - dans l'apprentissage du Kokoro no Bunseki.
Je demandais ensuite ce qu'elle avait pu voir en m'imitant. Elle me répondit alors : la signature de chakra. La base pour un certain nombre de techniques sensorielles. Je ne savais pas vraiment si Mitsuko était sur la bonne voie, c'était difficile de l'estimer avec ça. Je m'approchais de mon amie et lui saisis la main. J'avais une idée à essayer pour qu'elle apprenne la plus rapidement possible cette technique. Je voulais tenter une nouvelle approche. Je n'avais pas de méthode d'enseignement pré-définie, j'aimais bien m'adapter à la personne à qui je faisais face. Pour cette jônin j'avais choisi une approche approximative afin de lui laisser de l'autonomie, en quelque sorte, mais ce n'était apparemment pas suffisant. Il fallait que "je pose un décors" d'une certaine façon, que je l'encadre d'avantage en lui donnant plus de précisions.
- Concentre toi sur le chakra qui traverse ma peau, puis sur celui qui circule dans tout mon corps en commençant par te concentrer sur mes doigts, puis en descendant jusqu'à arriver à mes orteils, en passant par ma tête. Dis moi si tu y parviens.
Je restais immobile, face à mon amie. J'attendais qu'elle tente une nouvelle fois d'utiliser le Kokoro no Bunseki sur moi, en concentrant son attention grâce à un contact physique. Pendant ce temps, je fermais les yeux et essayais de fluidifier la circulation du chakra dans mon corps, espérant ainsi lui faciliter la tâche, un temps soit peu. C'était ainsi que j'avais appris ce jutsu. Mais, si je n'avais pas eu recours à cette méthode avant, c'était parce que je lui faisais confiance et que je voulais qu'elle apprenne cette technique par elle-même, ou du moins, en partie. Cet exercice de fluidification du chakra me permettait également d'affiner ma maîtrise de celui-ci. Je faisais le vide dans ma tête pour ne penser qu'à mon chakra et à mon corps, mais mon esprit était ouvert et, tandis que je m'appliquais, il restait à l'écoute de mon environnement et de la Fûma.
Assise en tailleur et les yeux clos, Mitsuko arrivait à ressentir la signature de chakra de la jeune Uzumaki. Cette dernière questionna la Fûma quant à ses progrès et en obtient vite une brève réponse. "Ta signature de chakra." Haruka sembla un instant perplexe, se demandant quoi faire pour mettre l'illusionniste sur la bonne voie, avant d'avoir une idée. Elle se plaça face à son amie toujours en position du lotus, et lui saisi la main.
_ Concentre toi sur le chakra qui traverse ma peau, puis sur celui qui circule dans tout mon corps en commençant par te concentrer sur mes doigts, puis en descendant jusqu'à arriver à mes orteils, en passant par ma tête. Dis-moi si tu y parviens.
Une faible rafale de vent marin souffla dans leur direction. Portée par le courant d'air, une petite feuille d'arbre vient voleter autour des deux femmes, avant de finalement se poser sur le front de Mitsuko. Celle-ci, sans prendre la peine d'ouvrir les yeux, souffla dans sa direction pour lui faire reprendre son envol. Une mèche de ses cheveux s'agita alors que le débris végétal reprenait sa course dans le ciel nocturne d'Uzushio.
Il était temps de se concentrer. La sensitive s'essaya alors à l'exercice donné par la jeune sensei. Elle ressentit en premier le chakra courant sur l'épiderme de la Uzumaki, puis celui gravitant dans son corps. Au bout de quelques secondes, elle décida de faire les choses à sa manière. Sans rien dire à Haruka, elle tenta donc se faire l'inverse de ce qu'elle effectuait en utilisant Ora no Bunseki. Forcée de reconnaître que l'alcool n'aidait en rien, la jeune femme réussit cependant finalement à se focaliser sur l'énergie corporelle du chakra ciblé.
Toujours en position méditative, la Fûma ouvrit simplement l'oeil gauche en esquisant un léger sourire.
_ Comment je fais pour décrypter les informations obtenues ?
L'illusionniste avait volontairement repris les mots de son amie. Malgré la vocation taquine de sa réplique, il s'agissait là d'une vraie question. À présent capable de se concentrer sur l'énergie corporelle d'un individu, il lui fallait maintenant apprendre à interpréter le nouveau flot d'informations qui lui était transmis.
Apparemment, ma camarade jônin avait obtenu des résultats. C'était plutôt rapide à mon goût... C'était surprenant, mais en même temps elle m'avait l'air si sérieuse que j'avais l'impression que tout était possible avec elle, qu'elle me réservait un certain nombre de surprises. Après, il ne fallait pas oublier que l'Ora no Bunseki et le Kokoro no Bunseki étaient des techniques plutôt proches, ce qui signifiait que leur fonctionnement, proche, facilitait l'apprentissage. Enfin, Mitsuko n'avait pas totalement réussi d'après sa question, elle était dans la même situation que moi, un peu plus tôt. C'était gênant de recevoir un certain nombre d'informations qui nous était impossible à interpréter, c'était gênant car un senseur incapable de décrypter ce qu'il ressentait était inutile et personne n'avait envie d'être inutile.
Il y avait plusieurs méthodes pour décrypter les informations obtenues grâce à ce jutsu, néanmoins, personne ne percevait le monde de la même façon, ainsi je partais du principe que la Fûma ne ressentait pas les mêmes choses que moi et que, de ce fait, je ne devais pas me baser sur ce que je sentais pour lui enseigner. Je me levai et fis signe à mon amie de me suivre, avant de descendre du toit de l'académie. Je me mis ensuite à marcher, dans le plus grand silence, vers les rues que je savais encore fréquentées à cette heure. J'accélérai le pas pour finalement arriver face à l'hôpital. Cela allait être une soirée acrobatique, mais au moins Mitsuko allait apprendre le Kokoro no Bunseki. Il était temps de finir l'entraînement de la jônin, de lui apprendre à reconnaître les différentes informations qui parvenaient à son cerveau pour ensuite les analyser. Elle touchait au but.
- Je te propose d'utiliser le Kokoro no Bunseki un certain nombre de fois, sur des personnes différentes. Après cela, tu pourras croiser les informations et en faire des conclusions, finalement je te dirai si tu as juste. Ainsi, tu apprendras de toi même et je m'assurerai que tu ne t'es pas trompée. Cela te convient ?
Mitsuko ouvrit les yeux. La jeune femme fut surprise par la proximité à laquelle se trouvait le visage de Haruka, et lui lâcha la main sous la pression de la gène. La Uzumaki se leva alors en lui faisant signe de la suivre. L'illusionniste se mit à son tour sur ses jambes avant de récupérer ses affaires. L'alcool lui faisait tourner la tête, et ce n'était pas pour lui déplaire. Elle se saisit de la bouteille de sake, mais la découvrit vide. Décidément, ces flacons de liqueur étaient bien trop petits. La jeune femme fit couler la dernière goûte sur sa langue, récupéra coupes et bouchon, et rangea le tout dans sa sacoche.
Après avoir effectué une savante cabriole pour descendre du toit de l'académie, la Fûma suivit la petite rousse qui semblait ne plus piper mot. La brune respecta le silence de sa camarade en marchant à coté d'elle. Les rues étaient encore peuplées malgré l'heure tardive. Bientôt, les deux femmes se retrouvèrent aux pieds de l'hôpital.
_ Je te propose d'utiliser le Kokoro no Bunseki un certain nombre de fois, sur des personnes différentes. Après cela, tu pourras croiser les informations et en faire des conclusions, finalement je te dirai si tu as juste. Ainsi, tu apprendras de toi même et je m'assurerai que tu ne t'es pas trompée. Cela te convient ? proposa Haruka.
Mitsuko hocha la tête, avant d'ajouter qu'à cette heure-ci, les visites n'étaient sans doute plus autorisées. Par respect, Mitsuko se serait de toute façon refusée à entrer ainsi dans les chambres, visitant ainsi l'intimité des patients en tirant parti de leurs problèmes. Elle fit donc signe à son tour à la jeune femme de la suivre. L'instant d'après, les deux kunoichi apparurent derrière le bâtiment. Concentrant le chakra sous leurs pieds, elles entreprirent d'escalader la grande façade trouée de fenêtres.
En prenant soin de ne pas révéler leur présence aux patients, les deux femmes commencèrent alors à utiliser sur eux Kokoro no Bunseki. Mitsuko essayait de déchiffrer les signatures du chakra, tentant de repérer maladies et poisons, et Haruka la corrigeait. À force de répéter l'opération, l'entraînement pratique finirait par porter ses fruits. C'est ainsi, suspendues à la façade de l'hôpital d'Uzushio, que les deux jeunes femmes terminèrent la soirée.
Technique apprise:
Technique inventée
KOKORO NO BUNSEKI 【ANALYSE DU CŒUR】
DOMAINE :
Sensoriel
RANG :
B
PORTÉE :
Faible
CHAMP D'ACTION :
Personnel
DESCRIPTION :
L'utilisateur utilise ses dons de senseur pour analyser spécifiquement le chakra et l'état d'une cible, dont il mémorise la signature. Il apprend alors son affinité primaire, son état de santé (approximatif) et de fatigue, si la cible est infecté par du poison, une maladie ou si elle est soumise à un genjutsu ou un fuinjutsu égal ou inférieur au rang de l'utilisateur. Si l'utilisateur est de rang A ou supérieur, il ressent aussi si la cible est liée à un Pacte d'Invocation, ainsi que son émotion principale actuelle.
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