Fureur océanique - Fin

Dans les eaux tumultueuses de l’océan, un ballet mortel se déroulait. Orchestré par le vice et l’infamie. Le requin, Hoshigaki Mako se tenait face à Jinpei Kazuki. Un ancien allié devenu traître, perverti par l’appât du gain il avait vendu les siens à Inoue Kyouji. Avec violence leurs lames sifflaient dans l’air, tranchant avec une précision mortelle dans un seul et unique but mettre un terme à la vie de l’autre. Tandis que les éclairs d’aciers miroitaient sous les rayons du soleil couchant et les reflets des flammes qui incendiaient le campement. La squale regarda un très bref instant derrière elle, observant la totalité de ses rêves et espoirs s’envoler dans la fumée. C’était un spectacle si lourd et difficile à ses yeux, sa seule véritable famille était en train de disparaître dans les flammes.

Ses yeux humides furent remplacés par un regard haineux, porté sur le responsable de tout cela. Kazuki rigolait, il se délectait de la haine qu’il lisait à son encontre. Cela n’avait aucune importance pour lui, la seule chose qui comptait était le pactole qu’il allait embaucher d’ici quelques temps. Ni une ni deux, leurs mouvements reprirent en une danse gracieuse et effrayante, une chorégraphie macabre où la vie et la mort se mêlaient en un enchevêtrement inextricable. Kazuki lui se battait pour ses propres ambitions, c’était incompréhensible pour l’Hoshikagi. Cette bande de brigand était bien plus qu’un simple groupe d’individus unis par la nécessité à ses yeux. Ils avaient été sa famille, ses frères et sœurs d’armes, les seuls à l’avoir acceptée et comprise dans ce monde impitoyable. Pourtant, ils n’étaient plus. Son cœur se serrait à chaque échange de lame, à chaque fois qu’une pensée traversait son esprit brisé.


Comment avait-il pu ? Kazuki avait été leur ami et leur allié depuis le début, il avait partagé leurs victoires, leurs peines et leurs espoirs. Mais derrière ce masque amical se cachait un cœur perfide, avide de pouvoir et de richesse. Nul ne se doutait que ses actes de bienveillance et sa confiance lui permettaient de recueillir les informations sensibles du groupe, il avait vendu tout le monde au Daimyo de la région en échange de son poids en or.

Mako animée d’une haine sans merci frappait avec une férocité sauvage, cherchant à anéantir celui qui avait fait voler son paradis en éclat. Ses coups étaient rapides et puissants, empreints de la rancœur de cette trahison. Kazuki esquivait et répondait avec des contre-attaques précises et calculées, chaque échange de lame était une symphonie de métal et de sang, un écho vibrant dans la tumulte, les lames s’entrechoquaient dans une explosion d’étincelles tandis que les deux combattants se jaugeaient du regard.


Alors que Mako se tenait face à Kazuki, le traître qui avait détruit leur groupe, elle était submergée par un tourbillon d'émotions négatives qui menaçait de l'engloutir tout entière. La tristesse pesait lourdement sur son cœur meurtri, étouffant chaque parcelle de joie et d'espoir qui avait jadis fait vibrer son être. Les souvenirs heureux se transformaient en douloureux échos qui résonnaient dans son esprit, lui rappelant avec une cruelle intensité tout ce qu'elle avait perdu. Chaque image, chaque éclat de rire partagé, chaque moment de complicité était désormais enveloppé d'un voile de douleur insoutenable.

La colère brûlait en elle, féroce et dévorante. Elle avait le sentiment d'avoir été poignardée dans le dos par celui qu'elle avait considéré comme un ami, un frère. Les flammes de la trahison dansaient devant ses yeux, ravivant une rage profonde qui pulsait dans ses veines. La colère était un brasier qui consumait tout sur son passage, emplissant son être d'une énergie sombre et dévastatrice. Elle voulait que Kazuki ressente ne serait-ce qu'une fraction de la souffrance qu'il lui avait infligée.
La déception s'insinuait en elle, venant se mêler à ses autres émotions. Elle se sentait trahie par l'illusion de leur amitié, qui avait été réduit à néant par un seul acte de trahison. Tous les rêves, les espoirs et les plans qu'ils avaient partagés semblaient désormais vains et dérisoires. Un sentiment d'amertume la submergeait, faisant ressortir toutes les fois où elle avait fait preuve de naïveté en pensant que leur union était indestructible.


La trahison avait laissé une plaie béante dans son âme, une brèche qu'elle ne savait comment panser. La solitude l'envahissait, lui donnant l'impression d'être abandonnée, isolée dans un monde hostile. Elle avait perdu plus qu'un groupe, elle avait perdu une part d'elle-même, un refuge où elle se sentait en sécurité. La fin de ce qu'elle considérait comme son paradis avait fait voler en éclats ses illusions, laissant place à un vide profond.


Les muscles tendues, leurs deux souffles courts. Ils se lançaient l’un sur l’autre, emportés par une fureur aveugle tandis qu’en fond, les restes de la base du groupe se consumaient dans les flammes et les derniers survivants se firent massacrer par les hommes du Daimyo. Mako et Kazuki étaient en train de faire naître dans leur duel une véritable aura électrique, les eaux alentours semblaient frémir d’excitation, observant avec attention la lutte acharnée entre ces deux prédateurs des profondeurs. Le requin, puisant dans la force de son désir de vengeance parvint à blesser Kazuki à la hanche d’un violent coup de lame. Mais ce dernier avait en lui une flamme inconnue, une flamme que Mako arriva à lire dans son regard, il voulait vivre. Le paroxysme du combat fut atteint lorsque d’un mouvement fluide et précis Kazuki abattit avec une puissance dévastatrice sa lame contre l’abdomen de la pauvre femme, lui déchirant avec violence dans une grande gerbe de sang.

Le coup d’une rare puissance écrasa Mako au sol, qui lâcha son arme. Laissée pour morte, Kazuki lui adressant un dernier regard. Les deux combattants respiraient lourdement, épuisés par leur affrontement. Le traître adressa un dernier regard à ce qui fut jadis son amie, impossible à dire si cette interprétation était vraie. Mako ne pu rien lire dans son regard, l’observant uniquement s’éloigner avec les forces restantes du Daimyo.

La squale, laissée pour morte par Kazuki, se retrouvait à l'agonie, épuisée par le combat et les blessures infligées. Alors qu'elle gisait là, le souffle court et la douleur l'envahissant, elle se laissa submerger par les émotions qui la traversaient.
La tristesse l'envahit tout d'abord, un sentiment profond de perte et de désolation. Elle pensait à sa brigade, cette famille qu'elle avait enfin trouvée après avoir connu tant de solitude. Ils étaient ses frères et sœurs d'armes, les seuls à avoir partagé son fardeau et à l'avoir acceptée telle qu'elle était. Les souvenirs de leurs rires, de leurs discussions passionnées et de leurs combats acharnés se mêlaient à son esprit, ravivant la douleur de leur perte.

Puis vint la colère, un feu brûlant qui s'embrasa en elle. Elle maudissait Kazuki, ce traître qui avait trahi leur confiance et semé la destruction parmi eux. Son cœur était rempli d'une rage indomptable, d'un désir ardent de vengeance. Elle se sentait trahie, blessée au plus profond de son être, et jurait de le faire payer pour chaque souffrance infligée à sa famille.
Cependant, au-delà de ces émotions négatives, une autre pensée émergea dans l'esprit de Mako. Elle se remémora son passé au sein du clan Hoshigaki, une famille cruelle et barbare. Elle se souvint de ces luttes à mort entre les enfants, de ces épreuves insensées imposées par leur patriarche impitoyable. Elle avait été abandonnée et laissée pour morte, considérée comme faible et indigne de porter le nom Hoshigaki.


Mais dans la brigade, elle avait trouvé une véritable famille. Ils étaient les parias, les marginaux, ceux qui avaient été rejetés par le monde. Ils s'étaient unis, se soutenant mutuellement, se protégeant les uns les autres. Ils avaient trouvé la force en eux-mêmes et dans leur lien indéfectible. La brigade était devenue leur refuge, leur paradis au milieu des ténèbres.
Cette pensée fit écho dans le cœur de Mako, réveillant en elle une détermination farouche. Elle n'était pas seule, elle n'était plus la petite fille abandonnée par sa propre famille. Elle était entourée de ceux qui l'avaient acceptée, aimée et soutenue. Ils étaient sa vraie famille, et elle se battrait pour eux, pour honorer leur mémoire et protéger leur héritage.

Ses pensées se tournèrent également vers un livre précieux qui avait accompagné une partie de son existence : "L'Empire d'Oda".

Ce roman, relatant l'ascension d'un fils de daimyo banni par son père, avait captivé Mako dès son plus jeune âge. Elle s'était identifiée à ce héros, partageant avec lui l'ambition dévorante et la soif de conquête. À travers ces pages, elle avait trouvé une échappatoire à sa propre réalité, un moyen d'échapper à la solitude et à la cruauté qui avaient marqué son enfance.
Cependant, ce livre ne représentait pas seulement une simple évasion pour Mako. Il était étroitement lié à un homme qui avait changé sa vie : le vieux samurai renégat qui l'avait sauvée des griffes de la captivité et l'avait pris sous son aile protectrice. Ce vieil homme malade avait transmis son savoir-faire au sabre à la jeune Hoshigaki, lui enseignant les voies de l'art martial.



Mako se rappela des moments passés aux côtés de son mentor, apprenant les techniques de combat, absorbant ses enseignements précieux. Le souvenir de sa présence bienveillante, de sa sagesse et de son amour paternel l'enveloppa d'une chaleur réconfortante, même dans les moments les plus sombres. Elle se voyait en ce héros du livre, luttant contre l'adversité et forgeant son propre destin.
Ce souvenir doux et puissant alluma une flamme d'espoir dans le cœur de Mako. Elle réalisa que l'histoire d'Oda était bien plus qu'une simple fiction, elle représentait un rêve à atteindre, une quête de pouvoir et d'indépendance. Ce livre était un rappel constant de sa propre ambition et de sa détermination à créer son propre royaume, son propre pays où les parias comme elle pourraient trouver leur place. Son objectif n'était plus seulement de se venger de Kazuki, mais de réaliser le rêve qu'elle avait chéri depuis son enfance. Elle était prête à tout sacrifier pour se forger son propre chemin, pour ériger son propre royaume où les parias comme elle pourraient trouver un foyer. La douleur qui la consumait n'était qu'un rappel constant de la force qui résidait en elle, une force qui la guiderait dans cette quête audacieuse.

Alors qu'elle fermait les yeux, presque au bord du néant, Mako fut soudainement secourue par les six survivants de la brigade détruite. Ils découvrirent la jeune femme, frêle et blessée, et s'unirent pour la mettre hors de danger. Dans leurs yeux, on pouvait lire la détresse et la désillusion, car ils avaient perdu leur famille, leurs rêves, tout ce qui leur avait donné une raison de se battre.
Mais alors que Mako reprenait lentement conscience, une lueur d'espoir brillait dans ses prunelles. La douleur qui la consumait n'était rien en comparaison de la détermination qui brûlait en elle. Elle se redressa avec peine, ses paroles s'élevant dans l'air chargé de tristesse et de désespoir.

« Dans notre vie, nous avons été brisés, écrasés par la cruauté de ce monde. Mais je refuse de me laisser engloutir par le néant de l'oubli. Nous avons perdu notre famille, nos rêves, tout ce qui nous animait. Mais écoutez-moi, mes compagnons, car je vous offre une nouvelle voie, une nouvelle raison de nous battre. »

Mako prit une profonde inspiration, puis continua d'une voix empreinte de conviction. Elle exposa son rêve, son désir de fonder un royaume où les parias pourraient trouver refuge, où chacun aurait sa place, où leur force et leurs talents seraient valorisés. Elle parla de solidarité, de camaraderie et d'un avenir où ils pourraient être eux-mêmes, libres des chaînes qui les retenaient jusqu'alors.
Les survivants, épuisés et détruits, écoutaient les paroles de Mako avec une attention croissante. Ils sentaient une nouvelle énergie affluer en eux, une étincelle d'espoir qui commençait à briller dans leurs cœurs meurtris. Ils comprirent que cette jeune femme était une source d'inspiration, une guide vers un avenir meilleur.

« Nous avons tout perdu, mais aujourd'hui, nous avons une chance de tout regagner », poursuivit Mako d'une voix vibrante. « Je vous propose de nous unir, de former une nouvelle brigade, une famille choisie. Ensemble, nous accomplirons des choses extraordinaires. Nous forgerons notre propre destin et nous bâtirons un royaume où nous pourrons être fiers d'appartenir. »


Les survivants, autrefois perdus et sans but, trouvèrent dans les paroles de Mako une raison de croire en l'avenir. Leur désir de se battre se raviva, et ils firent le serment de la suivre dans son objectif, de construire ce rêve qu'elle leur avait offert. Ainsi, une nouvelle brigade naquit, forgée par la détermination et la résilience de ses membres.


Un vent d'espoir soufflait à présent sur leur chemin. Ensemble, ils affronteraient les obstacles, briseraient les chaînes de la résignation et traceraient leur propre voie vers un avenir meilleur. Ils étaient prêts à tout donner, à tout risquer pour réaliser le rêve de Mako.