Mori Jorō [reroll]

Une fois votre fiche complétée, le staff vous confiera un test RP sur la base des éléments donnés. Ce test RP déterminera votre grade.
Faites nous rêver !
Pour un rang D : 500-2000 mots minimum
Pour un rang C : 1000-2000 mots
Pour les rang B/A : 1500-2000 mots


Le ciel, grande étendue cyan que traversent des nuages épais en filament, masque un chaud mais timide soleil, ne baignant Konoha que par à-coups lorsqu'il daigne se montrer le bout des rayons. Bien calé au creux d'une branche large, le dos contre l'écorce centenaire, Mori Jorō compte les feuilles d'un air distrait, la respiration calme et apaisée, dans la pénombre qui engourdit. Ses grands yeux roses scrutent l'horizon crocheté des bâtiments du village et ses oreilles captent les conversations du jour en murmures inintelligibles. Tel le chat, Mori Jorō se prélasse et s'étire. Lorsque son menton sort du cocon réconfortant qu'est le col épais de son pull violet, il pousse un bâillement, étire son grand corps et reprend une nouvelle position boule pour n'être qu'un petit amas de tissu bien au chaud. Son esprit vagabonde d'une pensée à une autre, sans jamais se fixer. S'il ferme les yeux, alors ses pensées se fondent en personnages, en ombres dansantes, qui l'étourdissent. Mori Jorō garde donc les yeux mi-clos et malgré l'engourdissement de ses membres, l'aspirant ninja se laisse bercer par le chant des cigales.
Un genin nouvellement promu vient s’installer au pied de l’arbre.

« Psst. Hey ! Choja ! Psst ! Par ici, par ici ! »

Un cri de surprise plus tard et le garçon a le visage tourné vers la cime de l'arbre, sourcils froncés. Puis, ses traits se radoucissent lorsqu'il distingue la silhouette métamorphosée en cet incapable de Mori.

« Oh ! Mori-san ! L'examen est terminé ! T'as encore raté la cérémonie ! »
« Ouais ? Quel dommage ! Je pense bien que je vais devoir finir ma vie comme fleuriste alors ! »

Le ton de Jorō ne trahit aucune déception et le jeune Choja pense même y détecter un certain soulagement. Mori-san est une petite légende de l'académie : inconnu d'aucun, nul ne comprend pourquoi un jeune homme aussi incompétent se prélasse encore sur les bancs de l'académie. Le renvoie semble glisser contre son dossier, malgré ses échecs répétitifs et son taux d'absentéisme frôlant la perfection. Les histoires sont nombreuses sur les raisons de ses échecs ; certains s’imaginent Mori Jorō être un agent des forces spéciales ; ils préfèrent éviter toute interaction avec l'aspirant, persuadé que Mori-san est un évaluateur secret. Mais pour la plupart, Mori Jorō est un bon à rien et sa famille doit être importante, voilà pourquoi il n’a pas encore été renvoyé !

« Donc tu l'as eu hein ? Ton grade ? Tu dois être content ! Dommage que tu doives quitter l'académie, j'aimais bien copier tes devoirs... »
« Pfff. T'as jamais copié mes devoirs... Tu n'fais jamais rien Jorō-san ! »
« Ha ! C'est bien vrai mon petit Choja ! Wouaaaah ! J'ai bien dormi ! Dis ? Tu veux aller fêter ta réussite ? »
« Ah ! J'aimerais Mori-san mais mes parents m'ont promis une surprise si je réussissais mon examen ! »
« Oh ! Bah oui, vite vite, rejoins-les ! »

D'une main molle, Jorō lui fait signe de partir. Le garçon lui renvoie la main à son tour, alors qu'il court pour retrouver les siens et quitter le terrain de l'académie. Jorō le regarde partir, compressant les brèves émotions qui souhaitent fuir de leur cage.

« Tss. Va va, Choja, et meurt comme un ninja ! »

Il claque la langue, énervé par cette boule qui lui coince la gorge. Mais le chant des cigales reprend, les murmures inintelligibles également, et la chaleur en lourde couverture engourdie peu à peu son corps.

« Tss. Va va, Jorō-baka, et meurt comme un ninja ! »

Le temps passe…

Le ciel bleu clair s'est mué en des teintes orangées. La cour de l’académie est désormais vide des genins nouvellement promus et les commerçants ferment échoppe. Les derniers aigles piaillent pour annoncer la fin du jour.

« Alors Jorō-kun ? On se revoit l'an prochain ? »

Cette simple remarque provoque une grande bouffée de chaleur colérique à l'aspirant et d'un bond il se dresse en position de défense, la sueur aux tempes et la cœur en chamade. Il n'a pas besoin de voir pour reconnaître cet homme menaçant ! Un long cri guttural en prémices de son ton acerbe, voici comment réagit Mori Jorō à la surprise !

« Dégages le vieux ! Je veux pas de ton bandeau, je veux pas de cette vie, je veux pas de ton aide ! Combien de fois je devrais te dire que - ah ! »

Son nouvel interlocuteur n'a que faire de l’animosité et bondit aisément pour rejoindre Mori. Jorō a un mouvement de recul et conserve ses distances.

« Non non non ! Beaucoup trop près ! Beaucoup trop près ! Recules le vieux ! Recul-leuh ! »
« Hohoho! Mori-kun, n'es-tu pas fatigué de toujours me fuir ? dit le vieux en tendant une main inoffensive vers son élève ; l'aspirant crache, les épaules rondes. »
« Non ! Nonononononon ! Recules yokai ! Je ne deviendrai jamais ninja, bakayaro! »

Mori bondit à son tour au travers du feuillage, en fuite. Son professeur l'observe un moment, compte les secondes nécessaires (avec les années, le sensei ne lui laisse plus qu'une infirme avance) puis le jeu de chasse commence !
D'abord, Mori emprunte les chemins familiers : d'arbre en arbre, puis de toits en toits, il zieute par-dessus son épaule la distance inchangée entre lui et son poursuivant.
Comprenant qu'il ne parviendra pas à le semer, Jorō bifurque dans une ruelle étroite et improvise. Moins gracile, le jeu change : à de multiples reprises, il sent le souffle de son poursuivant contre sa nuque, prend des détours inusités, sème momentanément son professeur. La course folle se poursuit encore une bonne demi-heure jusqu'aux portes du village.

« Un pas de plus ! Un pas de plus et je t'assure que c'est la désertion immédiate ! C'est ça ! Arrêtes-toi ! Ça va pas non Jiji ? T'es rendu sénile ? Ça aurait pu être dangereux ! Le nombre de mémés que j'ai doublé, un pas d'côté et leurs cannes volaient ! Tu veux leurs morts sensei ?! »

Silence.

Mori halète toujours.

« Aaaaah ! Sensei ! Tu fais chier ! Pour une fois que j'me disais ne pas avoir à bouger l'cul pour l'examen... C'est gâché maintenant, je ne pourrai plus jamais tenter le record de la plus longue sieste... »
« Je t'ai vu parler à Choja-kun, Jorō. »
« Ouais ? Hey bien ! Tu m'as gâché le record du sommeil le plus court mais le plus profond, alors ! »

Cela ne sert à rien de s'obstiner avec Jorō lorsqu'il est en opposition, son professeur le sait. Plutôt, il le laisse ventiler.

« T'as fini ou t'en a encore à déballer ? »
« Tss... Va te faire... Mais ouais, c'est bon, j'ai fini. »

Jorō affiche désormais des traits tirés par la fatigue et l'ennui. Son regard saute d'un point à un autre, à observer les fantômes de son imagination. Du moins, en apparence, et son sensei le sait. Mori est un garçon intelligent, sans doute plus que la plupart de ses camarades du même âge. Hypersensible, il ne supporte que très peu l'échec ; après sa première défaite, il s'est persuadé qu'il n'était qu'un bon à rien, débutant le cycle de la procrastination.

« Donc, si je résume, tu ne peux pas devenir ninja ? »
« J'ai jamais dit ça ! J'ai dit que je ne voulais pas devenir ninja ! »
« Vouloir, pouvoir... C'est lié ça, Jorō-kun. Sans volonté on n'arrive à rien, mais je dois t'avoir surestimé, vu que tu ne comprends pas la différence... »
« La différence ? La différence ? TU M'PRENDS POUR QUI L'VI-... hum... Jiji, tu m'as presque eu. Tu croyais que j'accepterais de passer l'examen en m'insultant, pas vrai ?»
« Hohohohoho ! Voyons petit, je ne te crois pas aussi stupide ! Hohohohoho ! »
« Mouais... C'aurait pu, tu sais... »

Ils s'observent en chien de faïence.
Au-delà des remparts, les grands arbres de la forêt du feu bruissent.

« Mori-kun, je ne compte plus te le demander. Après je prends ma retraite. Si tu me dis que jamais tu ne changeras d'idée, je comprendrai. Être ninja n'est pas un métier aisé, ni même agréable. Si je peux éviter à plusieurs d'aller au combat, je le ferai volontiers. Mais toi, Mori-kun, tu es différent. Tu ne démords jamais de tes idéaux, ni n'a honte de te montrer comme tu es. Nous avons besoin de ninjas comme toi Mori, qui évitent de se mettre en danger et qui cherchent des solutions pacifiques. Mes collègues te traitent de lâche, mais je sais que ce n'est qu'une façade. Dis-moi, Jorō, ai-je raison ? »

La gorge de l'aspirant se noue davantage et sa respiration accélère. Son regard se brouille sous le coup de l'émotion.

« Tss... Tu n'as pas tord. »
« Très bien ! Et maintenant, je veux une réponse à ma question : dois-je cesser de te poursuivre ? »

Mori Jorō ne répond pas sur le champ. D'un long soupir, il observe le soleil couchant et les grandes ombres qui s'étendent sur le village. Dans sa petite cage intérieure de nonchalance, où il y enferme la majorité de ses émotions, il permet à une petite larme de suinter. Elle coule le long de sa joue et s'évapore dans le grand col de son pull.
Après un moment, Mori se prend le front, refoule un rire incontrôlable et relève enfin le regard, sa tignasse asymétrique repoussée derrière une oreille.

« Aaaaaah... Je suis sur que je vais le regretter mais... Ouais, pourquoi pas. Puis si Choja y est parvenu, cela ne doit pas être bien compliqué... On se dit l'an prochain donc ? Tu viendras me voir, malgré ta retraite ? »
« Mmmh... Non. Car nous n'attendrons pas à l'an prochain... »

Sa main est vive à plonger dans sa poche et à lui balancer le morceau de métal. Mori l'attrape sous la surprise. Son pouce trace le sigle de la feuille, appréciant la délicatesse de la gravure. Puis il lance le bandeau à son professeur.

« Bah... on peut aussi attendre à l'an prochain non ? »
« Non. Je prends ma retraite. C'est aujourd'hui l'examen ! réplique son professeur, le bandeau à nouveau lancé. »
« Bah je sais, mais je ne me suis pas préparé. Non non, vraiment, je préfère l'an prochain ! Attrapes ! »
« Tu me réponds la même chose chaque année ! Puis ne viens pas m'insulter en me disant que tu n'as jamais appris les techniques de passage ! Aller, attrapes !
« Hoy ! Sensei ! C'est pas du jeu ! Pourquoi je serais le seul qui n'aurait pas le droit à son congé pour études ? Hop ! »
« Parce que ça fait depuis le début que t'es en congé Mori-kun ! Hop ! »
« Hein ? Mais non ! Impossible ! J'ai toujours travaillé très dur, c'est la faute à pad'chance si j'ai pas mon bandeau encore ! Tiens ! »
« Mori... Si tu me relances une nouvelle fois le bandeau, je te casse la tête ! »
« Oh ? Vraiment ? Tu n’prenais pas ta retraite ? Puis c'est pas bien de menacer ses élèves ha! Tiens ! »

L'altercation se transforme à nouveau en combat, où le professeur tente cette fois d'accrocher le bandeau au front de son élève, qui lui, de grands rires et remarques provocantes, se débat du mieux qu'il peut pour éviter la plupart des assauts.

Le lendemain, la branche de l'arbre centenaire devant l’académie brille de l'absence d’un cancre.