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A whole new world [PV : Raion, Yuriko & Hayato]

Akayuki Shirokuma
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Akayuki Shirokuma


 
A Whole New World
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Debout au bord d’une falaise qui donnait directement sur l’étendue maritime qui se trouvait en contrebas, Shirokuma se tenait les mains dans le dos, le regard porté sur l’horizon. Il s’était rendu sur un terrain encore relativement neutre, où il avait acheté quelques habitations au bord de l’eau, avec les vastes ressources qu’il avait économisées au cours de nombreuses années en tant que Triumvir d’un des plus grands clans marchands du Sekai, qu’il utilisait généralement avec grande parcimonie. Avec une certaine nostalgie et pour l’importance que le lieu avait pris dans son esprit, il avait décidé de faire son acquisition immobilière au Delta d’Ofusecho, à titre personnel.

S’il comptait en profiter pour avoir une résidence secondaire où s’exiler dans un cadre plus agréable que lors de ses entraînements solitaires, ce qui avait motivé son achat était bien plus calculateur que cela. Suite à sa nomination et à l’acceptation de sa demande en mariage, entre autres, plusieurs rouages s’étaient mis en branle pour avancer les projets de l’Ours Blanc qui comptait bien capitaliser sur ce momentum pour donner davantage d’essor à son village et concrétiser son alliance avec le village de la feuille. Si sur le papier, il était assez confiant que tout se passe comme il l’espérait, il n’en restait pas moins empli d’un stress indiscutable, dans l’optique où sa demande viendrait à être tout simplement refusée.

Non seulement les sentiments qu’il éprouvait en prendraient un sacré coup dans l’aile, surtout après qu’il ait passé autant de temps à se battre contre lui-même pour tenter de les ignorer ou de les passer sous silence, mais cela risquait également de retarder voire invalider nombre de ce qu’il avait pu prévoir dans une optique plus large. Bien évidemment, il avait plusieurs voies de secours sur lesquelles se reposer pour arriver grosso modo au même résultat au bout du chemin, mais il s’agissait de chemins plus escarpés, détournés et sombres, qu’il préférait éviter d’avoir à pratiquer à moins d’y être absolument contraint.

Afin de s’entretenir directement avec son homologue du pays du feu, il avait envoyé un aigle messager pour faire parvenir une missive d’invitation dans les plus brefs délais, sur lequel se trouvait le message suivant :

“Chère Nidaime Hokage,

J'espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé et que la saison vous a été prospère.

Le sang de nos shinobis coule depuis bien trop longtemps pour des querelles d’un autre temps, qui ne sont bonnes qu’à nous affaiblir et retarder nos développements respectifs. Si le conflit était inévitable, voire même bénéfique, à l’époque de nos prédécesseurs, ils ne sont désormais plus que des reliquats stériles du passé, faisant bien pâle figure face aux bienfaits apportés par l’entraide et le soutien de deux puissances, pour bâtir un meilleur futur pour le bien de nos concitoyens et, je l’espère, de l’intégralité du Sekai.

Le vent du changement n’en a pas fini de souffler. Contre toute attente, l’ère de Serika Senshi, figure mythique et emblématique du désert, est arrivée à son terme. Plus inattendu encore, les braises d’un amour surprenant et improbable ont même réussies à allumer une flamme inextinguible dans le cœur de deux représentants de nos belles nations, preuve que même la guerre ne saurait étouffer des sentiments plus vertueux.

Particulièrement touché par la beauté de ces sentiments, j’y vois là l’occasion parfaite d’enterrer d’anciennes rancoeurs pour laisser germer les graines d’un avenir plus tendre, représenté et scellé par une union à la fois politique et romantique.

Il serait toutefois malvenu d’en discuter plus avant sans pouvoir en parler de vive voix et en hommage au jour où ces sentiments sont nés, c’est le cœur chargé d’émotion que je vous transmets cette lettre pour vous inviter cordialement à une nouvelle entrevue entre nos deux villages, dans le but de nouer des liens durables qui sauront nous bénéficier à tous, sur les lieux de notre première rencontre officielle et pacifique. Cette fois-ci, je peux vous promettre que la présence de notre dirigeant ne sera pas optionnelle et espère avoir l’opportunité de bientôt vous serrer la main en tant qu’homologue et allié.

Amicalement votre,

Cordialement.


Nidaime Kazekage.“




S’il avait volontairement laissé planer l’ambiguité pour maintenir un certain effet de surprise qu’il affectionnait particulièrement, il ne s’était pas passé une minute suite à l’envoi de sa lettre sans qu’il ne décortique le moindre de ses mots qu’il avait retenu par coeur, pour trouver toutes les erreurs et les faux pas qu’il avait pu provoquer avec sa petite plaisanterie. Il avait rédigé de nombreux jets avant de se décider à valider son écrit, en essayant de danser sur la ligne du formel et du décontracté pour montrer un changement des mœurs Sunajin, en espérant que son ton ne soit pas trop mal pris par sa (l’espérait-il) future collègue.

Arrivé un peu en avance sur les lieux prévus pour la rencontre, l’Ours Blanc avait laissé les rênes du village entre les mains d’un trio composé de Serika Senshi (afin de montrer à tous l’entente et l’acceptation entre le Shodaime et son successeur, s’il le fallait encore), Nozomo Yukio (qui était l’une des rares personnes de confiance du village) et Akayuki Ogawa (son oncle et véritable mentor pour le marchand et qui avait la tâche de mettre en palce tout le nécessaire pour la cérémonie à venir). Il n’était venu accompagné que de son fidèle intendant, Nozomo Hayato, qui avait un don pour la diplomatie en plus d’être l’une des personnes dont les idéaux étaient les plus proches des siens au sein de Suna, non seulement car il ne doutait pas de sa loyauté mais aussi pour montrer patte blanche à la belle Tadake, à qui il voulait éviter tant que possible de montrer la moindre animosité ou lui donner l’impression de l’attirer dans un quelconque guet-apens.

Il prenait ainsi des risques personnels mais avait suffisamment foi en sa promise et ce qu’elle avait pu lui dire sur sa dirigeante pour estimer son pari raisonnable. Drapé dans son uniforme de Kage, Shirokuma poussa un soupir embarrassé en rougissant, avant de se laisser tomber en arrière, les pieds dépassant de la colline sur laquelle il était posé.

« Que voient tes yeux d’aigle, Hayato ? » Demanda-t-il sur le ton de l’humour pour cacher son début de panique à son second, sur qui il comptait pour épier l’arrivée de ses convives afin d’avoir le temps de se rendre présentable. « Je n’ai jamais eu une telle pression, même Senshi c’était un jeu d’enfant, en comparaison ! Dis-moi que tout va bien se passer, tu veux ? »

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Nozomo Hayato
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A whole new world

"Un monde aux mille et une splendeur… Dit moi Kuma, n’as-tu jamais laissé parler ton cœur ?"

Planté au sommet d’une butte, Hayato contemplait de son œil attentif un horizon aussi lointain que ravissant. Les récents évènements s’étaient enchaînés sans qu’il n’ait dessus, la moindre emprise. Il lui semblait qu’hier encore, il n’était que le pauvre junin désigné en hâte pour accompagner l’intendante Sahara Denya dans sa rencontre avec Konoha. Le temps s’était lentement écoulé et un nouveau cycle débutait, ramenant ses pas jusqu’au Delta d’Ofusecho. Cependant, il n’était plus le jeune homme frêle qui découvrait les yeux à demi émerveillé, le monde des grands. Intendant du village, il accompagnait son unique maître, Shirokuma.

Tournant la tête pour gratifier celui-ci d’un sourire empreint de bonté, le second de Suna se voulut rassurant. Comment en vouloir à un homme de ressentir pareille pression à quelques minutes à peine d’un moment aussi historique pour le Sekai que pour sa propre vie. Il avait bien entendu était informé des desseins de son supérieur. Si pour Hayato cette région avait été le théâtre de sa rencontre avec Yuriko, il en était de même pour Kuma et sa belle Kamiko. Ainsi donc l’amour l’emportait-il sur la méfiance ? Les deux villages historiquement opposés, semblaient prédestinés à s’unir et cette réunion serait alors, la première pierre d’un édifice aussi gigantesque que remarquable.

"Il n’y a aucune raison que ça dérape… Sauf peut-être si Konoha s’est joué de nous depuis le début… Et que nous venions de courir droits vers un guet-apens ourdi de longue date…"

Une moue dubitative sur le visage, l’intendant avait porté la main à son menton, comme pour soutenir sa réflexion. Il n’en pensait bien entendu pas le moindre mot. S’il était d’un naturel prudent et suspicieux, jamais il n’aurait pu entrevoir l’ombre d’un mensonge dans les prunelles de sa Tadake.

"Pourtant les dieux savent que je me suis attelé à les dévorer…"

Des mots murmurés qui laissèrent tout de suite la place à un sourire de satisfaction. La raison de cette gaieté soudaine ? Il allait la revoir. D’un moment à l’autre elle serait là, devant lui. Perfide, son appréhension vint caresser son échine. Elle serait là oui. Mais il ne pourrait décemment pas outrepasser les règles qu’ils avaient pourtant eu tant de misère à détruire, brique par brique. Elle serait la Nidaime et lui l’intendant d’un pays étranger. Jusqu’à quel point laissera-t-elle leur relation parasiter ses décisions ? Si au lieu du Kuma porteur d’un message de paix et qui se reposait à même le sol et les jambes en l’air, Hayato avait dû accompagner un belliciste de la première heure. Qu’auraient-ils fait ? Comme pour écarter cette pensée dérangeante, Hayato emplit son esprit des derniers préparatifs.

"J’ignore quel ton les Konohajin choisiront d’appliquer à la conversation. Je pense qu’il serait judicieux de leur laisser la main là-dessus. Une première concession qui devrait nous assurer une certaine bienveillance ! On devrait rapidement être fixé. Rien que le nombre de représentants sera un indice de taille."

Laissant un petit temps mort, celui-ci ajouta sur le ton de la confidence et tout en prenant place à côté de son maître.

"La diplomatie et l’amour fonctionne un peu de la même manière. Donner l’impression à l’autre qu’il a le contrôle de la situation. C’est encore le meilleur moyen de le conserver…"

Une réalité transcendantale et qui faisait écho à la méfiance de l’archer. Il était l’intendant et nul doute que sa présence ici ne portait guère d’autres motivations pour l’ursidé. Pour autant, à quel point la relation qu’il entretenait avec la Nidaime avantagerait les négociations ? Kuma en était-il conscient ? Comptait-il là-dessus ? Hayato n’était-il pas celui qui, par le petit pas qu’on avait fait vers lui, se retrouvait endormi dans sa certitude d’avoir les choses en main ? S'il partageait les idéaux de son supérieur et avait bien vite appris à se lier d'une affection sincère à son égard. Il n'en demeurait pas moins attentif à la facette moins ragoutante qu'il pensait deviner chez-lui. Une impression, à la limite de l'intuition et reposant aussi sur, il fallait bien l'admettre, quelques apriori. Avant d'être le nouveau roi du désert, Shirokuma était un Akayuki. Et une chose était sûre. Pérenne et indubitable. Les Akayuki étaient bien souvent porteur de machination. Il en voulait pour preuve son expérience avec Kalida et Ogawa… Était-ce les origines marchandes du clan qui entrainait inexorablement cet esprit tout tourné vers l'intérêt ?

Un mouvement et deux silhouettes. Tel fut l’image qui s’imprima au fond des rétines du bien méfiant sunajin. Ses yeux se gorgèrent d’un halo bleuté alors qu’il maintenait un mudra de concentration. Le doute n’était plus permis et un sourire étira sur ses lèvres.

"Kazekage-san… Je crois que l’heure est venue."

Se redressant et proposant sa main à l’ursidé, il ajouta.

"Bâtissons ce rêve merveilleux à deux."

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Tadake Yurikô
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Tadake Yurikô
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feat. Les délégations Konoha/Suna

" Diplomatie. L'art patriotique de mentir pour son pays. "



Le Sekaï était une terre de changement constant, où chaque décision des puissants pouvait bouleverser l'ordre établi. Un simple choix aux multiples conséquences, bonnes ou mauvaises, mais inéluctables. Ce qui s'apprêtait à se dérouler était sans nul doute un fait historique pour les deux nations concernées, l'entérinement des vieilles rancœurs du passé par l'union consacré du vent et du feu. Le plus symbolique était de savoir que cette initiative viendrait de la part de deux jeunes Kage, une nouvelle génération de combattants qui mettait en avant les actions de protection plutôt que de conflit. Plus emblématique encore, le choix d'un mariage politique, preuve de la naissance d'une confiance mutuelle entre les deux Pays.

Mais, les enjeux semblaient aller bien au-delà, bien plus que les austères décisions qui restaient à prendre de point de vue aussi formel qu'administratif. Pour le comprendre, il suffisait de lire la missive envoyée par celui qui avait réussi à prendre le pouvoir dans un lieu qui paraissait être l'autre côté du monde pour des Konohajin.

" Les braises d’un amour surprenant et improbable... Je dois dire que je n'aurais jamais pensé lire pareil mot dans une lettre officielle d'un Kazekage. "

Yuriko avait convoqué quelques minutes plus tôt son espiègle intendante, Raion, lorsque l'on lui remit le courrier. Puisqu'elle était directement concernée, non seulement en tant que seconde de Konoha mais aussi en tant que future épousée, il lui avait paru plus que naturel de lui lire à haute voix l'invitation officielle des négociations.

" Ce Shirokuma est un homme plutôt passionné... une union à la fois politique et romantique, le cœur chargé d’émotion... je ne veux pas te paraître moqueuse, mais je n'avais pas souvenir que tu me l'eus décrit si... poétique ? "

Un sourire s'étira sur le visage de la kunoichi alors qu'elle posait un regard amusé sur sa camarade, lui tendant la missive afin qu'elle vérifiât s'il ne s'agissait pas d'un faux et que l'écriture correspondait bien à celle de son prétendant.

" Décidément, cet homme s'avère aussi surprenant qu'ambitieux, et d'une franchise pleine de spontanéité. Beaucoup de chose risque de changer à Suna. "

Un règne bien différent de celui de Senshi Serika attendait le village des sables, et peut-être une chance pour le Sekaï de gagner un peu de félicité méritée. Si Yuriko n'avait eu le loisir de croiser le premier Kazekage, elle savait pertinemment que négocier un traité en compagnie du vieux guerrier aurait été d'une nature moins plaisante... même si rien n'était encore fait avec son successeur.

" Et bien ma chère, je pense qu'il est temps pour nous de reformer notre délégation. Nous avons des sunajins qui nous attendent pour traiter avec eux. "

Après avoir pris quelques dispositions auprès de ses nombreux agents et shinobis, les deux jeunes femmes entreprirent leur voyage qui devait les emmener dans un lieu déjà connu sur les terres des plaines fertiles.


*********

Contrairement à la première rencontre, Yuriko et Raion avait fait le choix de limiter la délégation à elles seules, même si probablement la prudence les aurait poussé à prendre quelques hommes de plus par sécurité. Mais puisque la rencontre était officielle - et que les deux jeunes femmes étaient à même de se défendre - il avait paru plus judicieux de restreindre le nombre des représentants afin de gagner en temps et efficacité. Dans ce même état d'esprit, la bienveillante Tadake avait fait le choix de revêtir un nouveau kimono de confection Kamiko - cela allait sans dire, tissé par Raion - aux couleurs et symboles de Konoha, plus appropriés pour les longues routes, tout en demeurant égal à l'élégance qu'on lui connaissait. Il ne fallait pas oublier les usages et les convenances.

" Nous arrivons bientôt Raion-san. Tu n'as pas changé d'avis ? Car tu joues autant ton destin que le futur de notre village. "

Plus les kilomètres s'amenuisaient, plus le doute ou la pression pouvaient être permis. Yuriko n'aurait pu guère en vouloir à sa camarade, même si elle savait qu'elle avait déjà fait son choix depuis longtemps. Il fallait tout de même qu'elle fût sûre de sa décision jusqu'au moment déterminant des signatures.

" Sache que je serais intransigeante jusqu'au bout et que je défendrais nos intérêts autant que les tiens. "

Mais alors qu'elle posa ses mots bien sévères, elle se tourna vers la kunoichi aux yeux malins en affichant un sourire chaleureux.

" Faisons honneur à notre réputation et ce qui semble être nos dernières négociations ensemble, un succès. "

Car oui, pour son grand malheur, l'élection de l'Akayuki à la plus haute fonction de son village n'avait pas uniquement modifié le visage de son interlocuteur. Il avait pris le cœur de Raion, mais il lui volait aussi son intendante, car l'épousée irait vivre chez son gradé d'époux, un détail qui n'était pas des moindres dans les futures discussions qui s'annonçaient.  L'efficacité de l'énergique Kamiko lui manquerait beaucoup, mais elle se consolait en pensant que ce n'était que pour des plus grands desseins, aussi romantiques que politiques.

En attendant, d'autres pensées permettaient à la jeune femme d'avoir le cœur moins lourd tout au long du voyage, car elle savait qu'il serait là, lui pour qui, elle aussi, aurait été capable d'écrire une lettre aussi enflammée que celle de l'Akayuki si les rôles avaient été inversé.

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Kamiko Raion
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Feat Yuriko-chwan, Hayato-kyun et Kuma ~

 
Rangeant quelques-uns de leurs trop nombreux rapports à passer en revue, Raion se contente de sourire en écoutant la Hokage. Si Yuriko n’avait encore aucune idée de ce qui l’attendait, l’intendante, elle, savait qui était à l’origine de cette lettre historique et, encore plus, ce qui viendrait très certainement avec celle-ci. La brune y travaillait, depuis maintenant un long moment, forgeant avec précaution et attention les prémices de ce qui s’actait enfin, aujourd’hui. Son rêve de paix était là, couché sur papier, seulement dépendant de la bonne volonté de celle qui les lisait à voix haute, le sourire aux lèvres. Nullement gênée par la remarque de sa camarade, la tisseuse lui répond même avec panache.
« Si tu es jalouse, je peux suggérer l’idée à Hayato un jour. »

Une lueur taquine brille dans le regard de la Kamiko, dont le sourire ne cesse de s’étirer à mesure que le contenu de la lettre continue à voleter dans l’air. L’échange, sommaire, lui rappelait leur début sur papier, un doux souvenir qui ne manquait pas de faire battre le cœur de la tisserande. Ils avaient commencé sur des rouleaux de chanvres, ils écriraient la suite sur des rouleaux de soie. L’ambiance généralement studieuse du bureau du Hokage était pour une fois légère et l’intendante, si souvent les sourcils froncés, irradiait d’une paix étrange pour l’irascible perfectionniste qu’elle était.
« Ce n’est qu’un début, oui, j’en suis sûre. »

Evasive, la jeune femme referme un deuxième bras autour de son tas de papier, avant de se diriger vers la porte. Elle avait d’ores et déjà mis sur pied un plan de délégation que son ainée n’avait plus qu’à valider, aussi partit-elle, le cœur tranquille, à la recherche de la personne destinée à la remplacer. Il était temps, puisque la discussion approchait, de préparer cette jeune pousse à prendre ses fonctions d’ici la fin du mois, de quoi assurer une certaine paix d’âme à la trop prévoyante Kamiko.

*

Seules, les deux têtes pensantes de Konoha progressent paisiblement en direction de leur point de rencontre. Raion, qui s’était préparée à peut-être devoir faire face à l’opinion de ses semblables, était ravie d’avoir réussi à s’affranchir d’une délégation en grand comité. Elle avait même été ravie de voir que la Nindaime elle-même partageait son avis sur la question, rendant d’autant plus facile son travail de dissuader les quelques récalcitrants à la rencontre de leur céder du terrain. Autre surprise encore, la demande de Yuriko de pouvoir bénéficier d’un nouveau kimono officiel, là où elle aurait pensé la voir utiliser celui de son clan. Une coquetterie qui avait ravie la jeune femme, qui en avait même profiter pour assortir leur tenue pour l’occasion, jouant un peu plus sur leur ressemblance déjà frappante
« Moi ? Changer d’avis ? »

Un éclat de rire franchit les lèvres de l’intendante de Konoha, alors qu’un étrange sourire s’étire indéchiffrable s’étire sur son visage. Posée contre son cœur, la bague que lui avait donné l’Akayuki battait contre sa poitrine, en rythme avec leur marche. Malgré les kilomètres qu’elles avalaient, la chef de clan ne bronchait pas. Elle avait passé de nombreuses heures à douter et essayer de comprendre, avant de finalement renoncer à l’exercice, lorsqu’elle s’était rendue à l’évidence. S’ils avaient tous les deux essayés, pendant longtemps, d’obtenir l’ascendant sur l’autre et la clé de son cœur, ils n’avaient réussi qu’une partie de l’exercice. Nerveuse, ça oui, la jeune femme l’était. Non pas à cause de l’enjeux, qu’elle se savait parfaitement à même de soutenir bec et ongle devant sa supérieure, mais bien parce qu’il lui serait difficile, voire même impossible, d’exaucer son souhait durant les négociations. L’amusement de la brune se tarit doucement, alors qu’elle porte une main à son précieux pendentif, le saisissant à travers le tissu de sa robe.
« Jamais. Tu poses la question à la mauvaise Kamiko. »

Elle n’avait pas vu Shirokuma depuis quelques temps et n’aspirait, présentement, qu’à une simple étreinte, loin des obligations qui les retiendrait pendant un long moment. La perspective, donc, de devoir le regarder de loin, autour d’une tasse de thé et sans doutes quelques douceurs choisies pour l’occasion, lui donnait envie d’hurler et d’envoyer la moitié de leur travail valser dans un caprice qu’elle ne pouvait se permettre. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la Kamiko inspire profondément, remettant ce désir à plus tard. Lorsque l’entente serait signée, elle aurait bien assez l’occasion de profiter de la chaleur du Kazekage. Avançant d’un pas alors que son interlocutrice lui sourit, la kunoichi lui saisit la main, lui adressant un clin d’œil.
« Je savais que la mère de Konoha ne me braderait pas mais je me surprends presque à plaindre mon promis. Ne le brûle quand même pas trop à coup de volonté du Feu, j’aimerais en profiter un peu quand même, tant qu’il est encore dans la fleur de l’âge. »

Devançant légèrement la Hokage, la tisseuse lui adresse un visage grimaçant, mi-figue mi-raisin. Elle ne pouvait décemment pas lui en vouloir de défendre son honneur et son intendante bien-aimée, mais Raion espérait malgré tout que la discussion serait bien plus calme que houleuse. Elle n’était, à son sens, pas indispensable au village, malgré son statut, d’autant plus puisqu’elle avait veillé à former son successeur comme elle l’avait promis. Si Yuriko perdait peut-être un parfait sosie, le clan Kamiko n’en resterait pas moins un de ses soutiens, tout comme le nouveau diamant brut qu’elle avait dégoté et préparé à la remplacer.
« Ne te débarrasse pas de moi trop vite, nous aurons bien assez tôt de nouveau l’occasion de négocier, j’en suis sûre. »

Continuant la marche vers le lieu de rendez-vous, les sens en éveil, les deux Konohajins profitent d’un dernier moment de répit avant l’ouverture prochaine de la table des négociations. Si Raion ne doutait pas que le nouveau Kazekage ferait tout ce qui est en son pouvoir pour les mettre à l’aise malgré leur long voyage, elle aurait aimé autant que détesté prendre quelques heures de repos. Aimé pour la quiétude qu’elle y aurait trouvé, haï pour ce sentiment horrible d’être proche de la personne qu’elle aimait sans pouvoir la rejoindre, de peur de faire capoter toute la délégation. La chef de clan espérait que leur manège poli ne durerait pas éternellement et, en voyant leur objectif se rapprocher ainsi que deux silhouettes qui semblait attendre leur arrivée, elle se retient de se mettre à courir pour mettre fin à son calvaire.  

Reconnaissant l’une des auras qui les attendait grâce à ses dons de senseur, la jeune femme lève un bras en l’air pour saluer les deux hommes dont elles s’approchaient à bonne allure. Ils avaient, semble-t-il, également choisi de rester sur une délégation de petite taille, plus rapide et moins repérable. Si la signature du chakra du Kazekage lui était familière, Raion découvre bientôt que la seconde appartient à une tête qu’elle ne connaissait encore que vaguement. Jetant un coup d’œil à Yuriko, la tisseuse se fend d’un sourire taquin alors qu’elle inverse volontairement leur position pour qu’elle puisse faire face à l’homme dont elle lui avait un peu parlé, lors de leur soirée confession. Elle ignorait si Shirokuma était au courant et, s’il n’en savait pas plus qu’elle, louait le hasard de leur charmante réunion. Peut-être la présence du bel éphèbe Nozomo adoucirait-elle l’humeur combative de sa propre Kage.
« Messieurs. » La voix de l’intendante de Konoha est enjouée et son sourire, éclatant, fait office de salutation complète. Elle aurait aimée pouvoir se jeter dans les bras de l’Akayuki mais doit malgré tout se le refuser devant leurs témoins officiels. Serrant la main d’Hayato, elle poursuit leur introduction toute protocolaire, toute rompue qu’elle était à l’exercice. « Mes excuses encore pour mon courrier de la dernière fois. Si j’avais su, j’y aurais adressé mes félicitations et mes condoléances pour cette promotion mais je suis contente de voir que ça n’a pas entaché nos relations. »

Lorsque vient le tour de l’ourson, la jeune femme fait appel à bien plus de volonté pour résister à l’envie, irrésistible, de briser les convenances. Saisissant sa main avec douceur, elle ne peut s’empêcher de le dévorer du regard, laissant apercevoir, une courte seconde, à quel point la Kamiko n’espérait plus mais désirait que les prochaines négociations aboutissent sans accroc. Quittant à regret les prunelles de miel du Kazekage, l’intendante reprend temporairement la main sur la discussion.
« Je suis ravie de vous revoir, mais je dois avouer que je ne dirais pas non à un toit et peut-être quelque chose à grignoter avant d’entrer dans le vif du sujet, si vous voulez bien nous montrer le chemin. »

La main de Raion retombe, libérant les deux Kage qu’elle tenait encore malgré elle. Le protocole voudrait sans doute que Shirokuma ouvre la marche avec Yuriko mais la tisserande ne pouvait s’empêcher d’espérer que l’autre intendant comprendrait son encouragement silencieux à saisir la main de la maitresse de Konoha. Il n’y avait là rien d’extravagant, mais jamais, ô grand jamais, la négociante ne se priverait d’une occasion de taquiner sa supérieure, tout en se ménageant une porte de sortie convenable. Le sourire doux de Raion se fait alors, inconsciemment, amusé, alors qu’elle étudie avec attention la réaction de son collègue du pays du Vent. Peut-être même pourrait-elle glisser, discrètement, l’idée de procéder à une échange d’intendant à l’occasion ? Voilà qui serait novateur, pour les deux puissances, mais qui ne manquerait certainement pas de piquant, si la Tadake appréciait bien plus le Nozomo qu’elle ne le laissait deviner.
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Akayuki Shirokuma
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Comme d’habitude, Hayato semblait bien plus rasséréné que son paranoïaque de Kazekage quant à la rencontre qui allait avoir lieu avec la petite délégation de Konoha. Poétique, même, tandis qu’il posait une question sans doute rhétorique en laissant ses yeux se perdre sur l’horizon. Si Kuma n’avait jamais laissé parler son cœur, alors sans doute qu’aucun d’entre eux ne se serait trouvé là, en ce jour à marquer d’une pierre blanche. Rebondissant sur son chef qui lui avait demandé de le rassurer, il embraya avec ce que l’Ours Blanc espérait être un humour de mauvais goût, en lui présentant le pire scénario possible qui pouvait encore se dérouler. Un guet-apens de la part du village de la feuille et les deux sommités de Suna qui se trouvaient là, seuls et sans le moindre senseur, à la merci de n’importe quel piège ou coup fourré.

Le nouveau dirigeant des sables devint momentanément blême en envisageant la chose, avant de reprendre des couleurs en secouant la tête. Allongé sur le dos, il tendit sa main ouverte au-dessus de sa tête pour éclipser le soleil qui se trouvait au-dessus et d’une légère torsion du poignet, referma les doigts autour de l’astre lumineux, bien hors de sa portée.

« Dans ce cas, tant que nous sommes tous les deux, personne ne pourra nous arrêter. Je suis prêt à défendre chèrement ma peau. » Murmura-t-il à voix basse, sur un ton un peu trop sérieux pour être vraiment de la simple plaisanterie. « Plus sérieusement, je ne connais pas vraiment Yuriko, mais Raion m’aurait prévenu, si quelque chose devait arriver. J’ai confiance en elle. »

Perdu dans ses propres pensées, il ne remarqua qu’à peine les murmures de son camarade, comprenant juste qu’il parlait de dévorer quelque chose. Ramenant ses jambes en arrière, le Kazekage exécuta une flexion du bassin pour se détendre comme un ressort et se mettre en position assise, les poings posés au niveau des hanches. Il observa son comparse avec un air circonspect, avant de jeter un regard inquiet en direction des habitations modestes et de la table prévues pour l’occasion.  

« Ah non hein, me dis pas que tu as tapé dans les provisions, hein ! » Supplia-t-il, réellement préoccupé par cette possibilité. « On a ni le temps ni le personnel de reproduire un buffet avant qu’elles n’arrivent ! »

Passé bien loin de comprendre ce à quoi faisait réellement allusion l’archer, le pauvre chef du désert était bien plus terre-à-terre qu’à son accoutumée, en se préparant au pire comme il savait si bien le faire. C’était généralement pour éviter de se faire prendre de court et aussi afin de lui permettre de préparer des plans supplémentaires pour rattraper les pots cassés mais dans son état et cette situation, ce n’était que la réaction naturelle d’un homme dont les projets se mettaient enfin en place après une très longue attente. Il avait peur que tout puisse capoter d’une seconde à l’autre et ne savait pas réellement à quoi s’attendre. Même s’il faisait confiance à sa promise et que celle-ci semblait porter sa Kage en haute estime, il n’avait aucune idée, lui, du personnage qu’il allait rencontrer. Il avait bien entendu quelques chansons de barde et autres rumeurs sur la Nidaime du pays du feu mais il était bien placé pour savoir que ce genre de choses étaient assez peu représentatives de la réalité.

Le monde était peuplé de gens fermés et formatés par des principes inflexibles, archaïques et intransigeants. L’honneur, les apparences, les griefs passés et toute une pléthore d’autres concepts abracadabrantesques qu’il cherchait à abolir. Si le taux et le niveau de gens renfrognés et enfermés dans les habitudes d’antan atteignait des records à Suna, il n’était pas à exclure qu’il en existe ailleurs et que cela ne vienne mettre des bâtons dans les roues de ses projets. Il reporta son attention sur son second qui s’installait à ses côtés, croisant les bras en expulsant un souffle lourd d’épuisement, avant d’écouter et d’imprimer ses conseils pour mieux les cogiter de son côté.

« Oui… Oui, tu as raison. Tu m’étonnes que Senshi ait pris autant de recul, avec un intendant aussi sage. » Enonça le martialiste, en hochant doucement la tête, les yeux fermés. « J’ai passé la majorité de la délégation avec ma future et après le vent que m’a mis Yuriko, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de m’entretenir avec elle mais toi, tu as passé un petit moment avec, non ? » Se rappela-t-il en haussant un sourcil, la tête tournée vers le Nozomo. « Qu’est-ce que tu en penses d’elle, concrètement ? »


Hayato lui avait déjà donné de bons conseils mais il souhaitait également avoir son analyse plus personnelle sur la question. Il redressa rapidement l’oreille en l’entendant annoncer l’arrivée de leurs invitées, ce qui allait leur permettre d’être fixés sur leurs intentions et la suite des événements. Avec un sourire, il attrapa la main que lui tendait son ami pour l’aider à se relever, acquiesçant sa proposition d’un hochement de tête. Encore un peu d’effort et ils auraient enfin atteint l’un des premiers objectifs d’une longue liste que Kuma gardait en tête à tout instant de sa vie, depuis de nombreuses années.

Dès que l’Akayuki posa les yeux sur sa belle Kamiko, toute ses inquiétudes s’envolèrent, remplacées par l’impatience de pouvoir enfin la côtoyer débarrassé de tout secret ou d’un quelconque besoin de suivre un protocole fastidieux instauré par quelqu’un d’abstrait. Armé de son sourire le plus charmant, il laissa les deux jeunes femmes arriver à leur hauteur en se retenant de dévorer sa belle du regard et en les laissant faire le premier pas. Il haussa un sourcil en entendant parler de la correspondance qu’elle avait entretenue avec son intendant, concernant certainement un présumé traître à sa nation sous ses airs de patriote mais préféra éviter de rebondir là-dessus pour éviter que la discussion ne s’engage sur les mauvais rails.

Une fois Raion à sa portée, il captura ses prunelles dans les siennes en se faisant violence pour ne pas la serrer dans ses bras. Au lieu de ça, il se contenta de lui faire un baise-main tout ce qu’il y avait de plus doux et chaste, avant de pouvoir lui répondre en bonne et due forme. Tendant le bras derrière lui après avoir relâché son interlocutrice, il désigna les quelques bâtisses derrière lui, d’une taille modeste mais non sans un certain luxe et qu’il avait fait construire en prévoyant cette importante réunion. Sur la terrasse se trouvaient déjà plusieurs spécialités de Suna, préparées spécialement pour l’occasion et gardées sous cloche pour rester le plus frais possible et ne pas perdre trop de chaleur.

« Tout est prêt, j’ai moi-même préparé quelques pâtisseries et boissons chaudes pour vous remettre de votre marche.  » Les rassura le Kazekage, avant de se tourner en direction de son homologue, à qui il tendit la main. « Je suis ravi de pouvoir vous proposer une nouvelle poignée de main amicale, d’égal à égal, dans un cadre aussi magnifique. J’espère que vous avez fait bon voyage ? »

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Amusé par les circonstances, l’intendant regardait avec une compassion non feinte son supérieur. Il ne pouvait lui en vouloir pour son attitude si étrange et sa prudence excessive. Comment pourrait-il conserver son calme et sa normalité alors que d’une minute à l’autre, sa vie allait ou non prendre une toute nouvelle tournure. Aussi avait-il accueilli dans un rire lumineux les propos de l’ourson. Affronter la Nidaime ? Voilà une idée aussi saugrenue qu’intéressante. Que pouvait bien donner la belle au cœur d’une bataille ? Jusqu’ici leurs entretiens n’avaient pas laissé place à un quelconque affrontement. Pour le mieux nous dirons nous. Peut-être un jour auraient-ils la chance de croiser le fer ?

"Ahah, nous n’en aurons pas besoin, j’en reste convaincu ! Si tu tiens réellement à focaliser ton inquiétude quelque part. Concentre-toi sur la Nidaime. C’est avant tout à elle qu’il faudra plaire."

Un nouveau sourire appuya ses dires, complice cette fois-ci.  Quant aux errances de ses pensées Shirokuma crut y entrevoir une erreur de sa part, Hayato en balaya bien vite les craintes. Il n’avait pas touché au repas auquel il avait, conjointement avec son Kage, participé à l’élaboration. Deux hommes préparant le repas pour leurs deux convives féminines. Voilà une précision qui n’aurait pas manqué de faire sursauter le vieux Senshi.

"Pas encore ! Mais je meurs de faim !"

Le poisson ainsi noyé, il avait fait coulisser la discussion vers des contours moins gênants pour lui. Hayato avait inscrit en lui cette âme cachotière et malgré tout le bien qu’il pouvait penser de son supérieur, il n’avait pas encore parfaitement osé toute la vérité sur sa relation avec la Nidaime. À vrai dire, pire que cela il n’avait tout simplement jamais ne serait-ce qu’abordé la question. Il ne craignait pas réellement la réaction de celui-ci, non, Shirokuma faisait partie de la nouvelle génération et il ne faisait aucun doute qu’il verrait ce rapprochement d’un bon œil. C’était plutôt par pudeur qu’il conservait siens les moments partagés avec sa bienaimée. Tout était encore si frais, si fragile, au fond de son cœur, il ne pouvait nier craindre voir les bases de cette structure bâtie à deux sur cette plage, ne soit mis à mal par une trop grande insouciance. Après tout, Yuriko préférait peut-être conserver cette relation secrète ? Pourquoi n’avaient-ils jamais discuté de cela ? Certes. Ils étaient déjà bien occupés, mais tout de même ! D’un autre côté, abordé la question aurait rendu tangible cette escapade féérique. Coupant court à ses réflexions avant de voir le rouge lui monter aux joues, Hayato retourna son attention sur l’ursidé.

Pouvait-il lire dans les pensées, ou bien n’était-ce là qu’un malheureux hasard ? Toujours était-il qu’en quête de réconfort, le Kazekage sommait à son conseiller quelques informations sur la gardienne de l’esprit du feu. Pinçant ses lèvres, le numéro deux de Suna pesa les pour comme les contres. Il se refusait à mentir bien entendu, mais ne voulait néanmoins pas compromettre sa bienaimée. Du moins, tant que cela ne relevait pas de la sureté de l’état. Contraignant un sourire assuré, il commença donc son récit.

"Une femme charmante, au port élégant et au regard implacable. Sympathique, elle sait mettre à l’aise son auditoire ou au contraire glacer le sang de toute une pièce. Sous ses faux airs, je dirais que c’est une habile politicienne qui sait rivaliser d’ingéniosité. "

Devant cette esquisse de portrait certes flatteur mais peu rassurant pour l’ursidé, il enchaina.

"C’est aussi une femme juste et bienveillante. Si elle reconnait la pureté de ta démarche, alors tu peux être sûr que tout ira pour le mieux." Un sourire rassurant sur le visage, il réfléchit quelques instants avant d’ajouter.

"Je pense qu’il serait préférable de jouer cartes sur table. Le mensonge risquerait d’entrainer sa méfiance. Si jamais, bien que je ne pense pas que ça arrivera, les choses venaient à mal tourner… on aura peut-être un vatout à jouer, mais ce serait à double tranchant."

Laissant en suspens sa phrase, Hayato se rappela avec netteté la principale faiblesse de sa compagne de cœur. Le liquide alcoolisé devait maintenant avoir totalement disparu, seul devait encore résider les quelques bris de verre sur le sol qui avait connu leur étreinte.

"Mouais… Pas sûr que ça soit une riche idée…"

Par chance ou par malheur, la conversation du couper court alors que les silhouettes lointaines des deux femmes se dessinaient. Se tenant un pas derrière Shirokuma, Hayato eut tout le plaisir de contempler l’approche de la Nidaime. Un sourire taquin sur les lèvres il esquissa une légère révérence de la tête à son intention. Avant de voir son attention accaparée par les présentations faites. La petite Kamiko avait bien du mal à masquer son impatience et Hayato ne put qu’étirer son sourire en remarquant les regards que celle-ci adressait sans discontinuer à son amant.

"Je ne peux vous en vouloir, j’aurais sans nul doute agi de la même à votre place."

Réponse sincère bien que volontairement brève vis-à-vis de cette anicroche qui avait manqué d’entacher les relations entre les deux villages. Véritable victoire en vérité que ceci eut été évité ! Du temps de Senshi, un dixième d’une histoire similaire aurait pu être le prétexte de guerre sanglante et Hayato ne pouvait que saluer la médiation de Konoha dans l’affaire.

"Si cela peut vous rassurer, sachez que l’affaire est réglée. Merci encore pour votre sollicitude."

Coupant court à cette parenthèse, la troupe ainsi réunie prit bien vite la direction de la tablée. Prenant position aux côtés de son Kazekage, Hayato découvrit les plats un à un, tout lorgnant sur la réaction des convives.

"J’espère que nos spécialités sauront ravir vos pupilles autant que vos papilles."

Laissant là les plats, il prit ensuite le temps de servir les thés à la mode traditionnelle. Le rituel un peu ampoulé répondait à d’antiques croyances qu’Hayato exécutait avec minutie. Si pour l’heure la politesse était de mise, il espérait férocement qu’ils pourraient d’ici quelques heures s’en détacher pour arborer une attitude plus humaine. Une fois la chose faite, il porta des deux mains les tasses vers ses convives, débutant par la Nidaime. Un instant de plus durant lequel il pouvait profiter du spectacle que le kimono rouge et blanc tissé avec finesse, offrait sur le corps gracieux de Yuriko. La seconde tasse fut servie au Kazekage, la troisième à la Kamiko et enfin, il put se servir lui-même. Étant jusqu’ici restait en retrait dans la conversation d’usage, Hayato prit les devants, espérant apaiser l’atmosphère chargée de tradition.

"Qui aurait pu imaginer les dirigeant de Konoha et de Suna partageant une tasse de thé. Je ne peux cacher à quel point je suis honoré de pouvoir participer à l’élaboration de ce nouveau pan de notre histoire. Conjointe cette fois."

Une lueur d’espièglerie flirtait dans le fond des prunelles de l’intendant, alors qu’il parcourait tour à tour chacun des visages réuni autour de cette table d’exception. Joueur émérite, il n’avait pas résisté à l’irrépressible envie de jouer cette douce farce. Car si dans sa main droite l’intendant portait noblement la tasse à ses lèvres, de l’autre il tenait un petit objet ornemental qui ne manquerait pas de piquer la Nidaime. Il l’entrouvrit tout juste pour laisser entrevoir son dessin et s’amusait à le faire danser entre ses doigts.

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Tadake Yurikô
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feat. Les délégations Konoha/Suna

" Diplomatie. L'art patriotique de mentir pour son pays. "



Le moment fatidique était arrivé, celui de la rencontre qui allait sceller deux destins. Après moult taquinerie en cours de route de la part de Raion - qui ne manquèrent pas de rendre Yuriko un peu suspicieuse sur certains sujets - les deux kunoichi du pays du Feu avait atteint le lieu de rendez-vous pour rencontrer leurs homologues de Suna. L'intendante fut la première à montrer patte blanche, saluant les deux hommes des sables avec une certaine désinvolture qui lui était propre. La Nidaime, elle, demeurait égale à elle-même, avec son sérieux et son sens du protocole. Quand bien même cela aurait pu paraître un peu froid - comme lors de la première délégation - cela avait également le don de chasser toute forme d'anxiété chez elle afin de ne se concentrer que sur l'essentiel de sa mission. Yuriko avait toujours été très scolaire dans son travail. N'était-ce d'ailleurs pas pour cette raison que sa camarade lui avait demandé d'essayer de faire preuve d'un peu moins de rudesse que d'habitude pour sauvegarder son futur époux ? Elle ne lui avait pas menti en disant qu'elle ferait de son mieux.

Par contre, alors que son esprit réfléchissait aux mots qui seraient les siens, la kunoichi aux poings d'acier n'avait pas noté le petit jeu de théâtre auquel s'adonnait discrètement Raion. Elle ne lui avait jamais confié que sa relation avec Hayato avait évolué au cours des derniers mois. Pour elle, il n'était qu'un homme aux goûts de son Hokage. La malchance de Yuriko était d'ignorer que les deux intendants, bien que méconnaissant leur espièglerie mutuelle, étaient aussi taquin et manipulateur l'un que l'autre, et que ces gredins allaient se jouer amicalement de la belle Tadake... et de ses nerfs.

En attendant, l'esprit sérieux de la jeune femme parut inflexible... aux premiers abords. Bien que les traits de son visage parurent de marbre, elle fut interpellée par la correspondance mentionnée par Raion et Hayato. Il n'y avait pas mieux pour mettre tous ces sens méfiants en alerte. Nul doute qu'elle viendrait un peu plus tard à les interroger sur le sujet de ces mystérieux échanges. Chassant ses pensées parasites, elle s'évertua à se concentrer sur ce qui se déroulait présentement. La politesse la poussa ainsi à saluer d'une révérence les deux sunajins, mais elle fit mine de ne percevoir la salutation un peu plus marquée de son amant. Bien qu'elle n'était absolument pas désireuse de le blesser par cette froide attitude, elle n'oubliait pas que, bien que toute l'attention de Raion était accaparée par Shirokuma, elle la savait assez malicieuse pour tout de même conserver un petit regard par-ci par-là. Les railleries de la Kamiko seraient bien plus terribles à supporter pour elle, que les mille excuses qu'elle devrait adresser au sunajin.

Yuriko tourna ainsi rapidement son attention sur le nouveau gouvernant du village des sables, tendant sa main comme dans un geste de déjà-vu. Bien que cela fût lointain, le résultat n'en demeura pas moins différent puisque la jeune femme la serra avec la fermeté d'une politicienne tout en affichant enfin un sourire.

" Je suis également ravie, Kazekage-sama, de pouvoir enfin rencontrer l'homme à la tête de Suna. Je vous remercie de votre bienveillance et de votre sollicitude. Je suis certaine que cette seconde rencontre se passera sous de meilleur hospice. "

La jeune femme faisait bien évidemment référence à la première délégation où Senshi avait brillé par son absence, mais le nouveau chef de village corrigeait cette erreur par sa prévenance, et peut-être aussi parce qu'il y avait la main de sa belle Kamiko à conquérir. Au-delà d'un chef exemplaire, il devait aussi être à l'image d'un gendre idéal.

" Quant au voyage, ce dernier s'est fait sans encombre. J'espère qu'il en a été de même pour vous. "

Sur ces paroles, la petite délégation se rassembla autour de la table richement apprêtée. Les deux Sunajin avaient fait preuve d'une appréciable générosité qui ne pouvaient jouer qu'en leur faveur. Les gourmandises présentées semblaient aussi délicieuses que belles pour les yeux, et le parfum délicat du thé qui infusait ravissait par avance les narines de la Nidaime. Là, les petits yeux noirs de la jeune femme se portèrent sur Hayato, un petit sourire aux lèvres pour plussoyer ses propos.

" Je suis certaine que nous saurons les apprécier. "

Bien que l'esquisse fut naturelle, Yuriko lutta intérieurement pour que son regard ne la trahit en rien au moment où il se posa sur l'intendant qu'elle aimait en secret. L'effort que cela lui demandait était grand, à ne pas en douter, mais elle y parvenait par la force de l'habitude. Son poste de Hokage l'avait rompu à l'exercice pour ne laisser aucune ouverture à ceux avec qui elle négociait. Contrairement à Shirokuma et Raion, ses sentiments devaient demeurer cachés. Toutefois, si le doute venait à gagner l'archer, un petit détail aurait pu venir rassurer ce dernier. Dans un mouvement de remerciement à l'instant où il lui apporta sa tasse de thé, la chaîne d'un collier familier put être entraperçue au niveau du col de son kimono. Une élégance faussement anodine.

Elle ne fut d'ailleurs pas la seule à jouer avec les détails, mais cela était bien plus cruel de la part de l'intendant de Suna. À croire que l'espièglerie allait avec la fonction. Quel culot de la part d'Hayato de légèrement agiter l'éventail qu'elle lui avait offert comme si de rien n'était, tout en affichant un grand sourire ! Pourtant, la Nidaime semblait refuser de jouer, trempant ses lèvres innocemment dans son thé et de renchérir calmement sur le dialogue que ce dernier venait d'ouvrir.

" Il est en effet plaisant de noter que ce qui était impossible hier s'avère réalisable aujourd'hui. Et quoi de plus symbolique qu'un mariage entre nos deux grandes nations en témoignage d'un avenir plus agréable pour nous tous. "

La jeune femme posa délicatement sa tasse, avant que son attention bifurqua de l'intendant à son supérieur Shirokuma. Un petit sourire figé sur le visage, elle l'observa silencieusement quelques instants, comme désirant percer le mystère qui l'entourait. Elle se rappelait tout ce que la Kamiko avait pu dire de lui et qui, bien évidemment, ne pouvait jouer qu'en sa faveur. Il était temps pour elle de se faire sa propre opinion.

" Puisque nous y sommes et que je suis certaine que vous n'êtes pas homme à aimer perdre votre temps, Kazekage-sama, parlons du sujet qui nous amène à cette rencontre. "

Les yeux de la jeune femme devinrent subitement plus suspicieux.

" Ainsi, vous désirez épouser mon intendante ici présente...  Bien que je concède volontiers que cette alliance maritale est le gage d'une paix que j'espère durable entre nos nations, et que je suis sensible à vos sentiments vertueux, votre choix ôte de mes services non seulement une précieuse kunoichi, mais également une chef de clan ainsi qu'une personne importante de mon administration. Pourquoi devrais-je vous cédez Raion-san plutôt qu'une autre valeureuse kunoichi pour un résultat équivalent et qui me ferait moins défaut ? "

Finissant sa phrase, Yuriko se saisit de sa tasse de thé et ne quitta pas du regard l'Akayuki. Il était temps de peser la volonté de son homologue et la sincérité de ses sentiments. L'heure du jugement avait sonné ! Il fallait qu'il soit à la hauteur de sa couturière préférée que diable !


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