Présentation de Gëraruto [Test RP terminé]

"Oyé, oyé ! Cher habitant des forêts ! Que vos cœurs soient réjouis et vos âmes épanouies ! Vous avez l’insigne honneur aujourd’hui, d’assister à l’antique représentation du Cirque !"

Perçant des forêts, jongleurs, danseurs et musiciens vinrent envahir les alentours dans un joyeux vacarme. En hâte une scène fut dressée, où très vite les artistes enchaînèrent sans interludes leurs numéros. Félins sautant de cerceaux enflammés en cerceaux enflammés, saluant la foule et rugissant sur demande. Acrobates spectaculaires, capable des pires contorsions. Chanteurs aux voix sans pareille, à même de faire vivre à leurs auditeurs, toutes émotions. La foule enthousiaste bien que peu nombreuse, s’extasia donc devant le spectacle merveilleux. L’endroit ne payait pas de mine, trou dans la forêt ou depuis quelques mois un clan prospérait. Tisseurs de renommés et combattants aguerris, les Kamiko depuis la paix, rêvaient plan de relance et parlaient économie.

Un peu à l’écart, un jeune homme semblait se morfondre dans sa solitude. Il y avait bien devant lui quelques cartes, qu’il retournait d’une main leste. Mais ses pensées étaient ailleurs, plus loin dans la forêt. Nara Shikayori… La belle aux ombres, avait manqué de transformer cet homme. Ils s’aimaient et pourtant, elle avançait désormais au bras d’un autre… Jamais sans doute, ne pourrait-il voir grandir son enfant. Car oui, le jeune homme était probablement père, bien qu’il ne pût en être sûr. Mais comment en vouloir à pareil bijou de s’être enchâssée noblement ? Non, sa peine avait déjà trouvé le coupable de son malheur. Les voix. Elles qui toujours lui susurraient conseils et marche à suivre. Elles, qui étaient l’écho lointain d’ordre divin. N’avaient point agit pour protéger leur humble serviteur. Une trahison douloureuse qui laissait exsangue de foi, cet amateur des arts occultes.

Les festivités continuèrent, quittant la scène pour les rues et emplissant la forêt de tintements mélodiques. Les curieux, dispersés, découvrirent donc qu’outre les artistes, quelques voyants, magiciens, alchimistes et autres joyeusetés, s’étaient établis en de petites tentes. Exception faite d’un seul. Gëraruto, assis à même le sol et ses éternelles cartes devant lui, s’activait à mâchouiller une quelconque feuille exotique. L’arrachant de ses rêveries, un groupe de jeunes femmes l’interpella. Toute ravissante, toute rayonnante et pourtant, à ses yeux, si fade… Elles l’interrogèrent sur sa présence et ses compétences. N’ayant guère le cœur au négoce, le sage expédia la demande, en proposant une divination gratuite.

Toujours le même manège déjà répété cent fois : Tout d’abord, il parcourut un ouvrage, qu’il feignit de consulter alors que la cliente récitait ses demandes et autres informations. Une certaine Kooruten, parlait sans détour de ses brillantes ambitions. Elle imaginait pour les siens un avenir grandiloquent. Reposant son livre et empoignant ses cartes, l’occulte guerrier plongea son regard dans les orbes noirs de la jeune fille délicate.

Une révélation, un signe divin. À son oreille, les voix s’éveillèrent pour lui compter bohème. Elle était primordiale et il lui revenait d’éclairer sa voie.  Un avenir brillant qui permettrait au monde de continuer sa traversée inexorable jusqu’au « Jour Nouveau ». Aux voix, vinrent se mêler visions et hallucinations. Dans un état de transe mentale, il aperçut en un instant, une multitude d’images. Un enfant aux cheveux d’argent, un déménagement, une ville, un échange de mains. Puis un halo de lumière qui brûla les rétines du messager divin. Essoufflé, le pauvre plaqua son regard aveugle sur le nœud cosmique que représentait cette femme. Ainsi plongé dans le noir, tout lui parut plus clair. Le futur de la belle, représenté en chaînes infinies, pouvait mener le monde en tout chemin. Déjà loin derrière lui était son sentiment amer. En cet instant une seule chose importait. Il devait la faire sienne.

Remis de son voyage, le jeune Gëraruto changea brusquement d’attitude. Se raidissant après avoir partagé un sourire entendu avec la Kamiko. En toute politesse et avec une déférence respectueuse, il demanda congé, le temps pour lui de servir un thé. Tout occupé à sa confection, il mêla plantes aromatiques avec quelques herbes aux vertus apaisantes. Une fois l’eau mise à chauffer, il composa malicieusement quelques mudras. N’y voyez pas là un quelconque maléfice ! Tout au plus une habitude, un outil, cadeau des dieux. Un résultat indolore et invisible, se traduisant en une aura aux vertus non éprouvées. Technique de son cru, il pensait qu’elle lui permettait de parfaire son charisme. Ce qui dans une certaine mesure devait-être vrai, puisque ainsi paré, il avançait bien plus confiant dans sa quête.

Il servit la jeune femme tout en discourant sur son avenir radieux. Ainsi, il interpréta pour elle, les images entrevues plus tôt. Omettant cependant de discourir sur la charmante tête blonde. Radieuse, Kooruten n’y vit sans doute que la confirmation de ses aspirations. Profitant de la conversation, le bel homme saupoudra le tout de quelques compliments. Mettant en exergue la beauté, l’intelligence et la compétence de sa cliente. Touchée mais prudente, celle-ci repoussait poliment ses modestes avances. Pour autant, elle ne put s’empêcher par intermittence de laisser entrevoir les souffrances de son âme et à chaque ouverture, pareil à un ras de marrée, l’intriguant déferlait.

Il apprit ainsi au détour de la conversation, les tourments de la belle. Mariée très jeune et promise à un avenir répugnant. Mère au foyer et non marchande ?! C’était indigne de son rang ! Mais ses compétences ne se limitaient pas au négoce, elle était aussi guerrière et s’improvisait volontiers autrice. Lorsque le temps le lui permettait.  Rayonnant à l’annonce de ce dernier fait, l’érudit insista pour partager leurs écrits. Bien entendu, elle refusa, jugeant le cas trop intime. Mais il parvint à lui arracher la promesse d’un jour pourvoir la lire. Sautant ainsi d’anecdote en anecdote, le soir tomba plus vite que leurs paupières, sans que jamais ils n’arrivèrent à court de conversation. Depuis longtemps quittée par ses amies, qui jugèrent l’attente trop longue.  Seul à seul et à la clarté d’une lune, ils se promirent de continuer de discourir au lendemain.

Promesse plus que tenue, puisqu’aux premières lueurs du jour la Kamiko vint errer aux abords du campement forain. Elle poussa le vice jusqu’à pénétrer dans la roulotte du jeune Augure. Elle était pressée ! Une mission l’attendait pour la journée et elle ne pourrait donc pas tenir la conversation promise. D’un sourire et d’un baluchon négligemment posé sur son épaule, Gëraruto écarta la question. Il serait du voyage, après tout, il possédait bien d’autres atours, que ses dons de divinations.

Une expédition punitive contre des bandits s’étant montré un peu trop aventureux. Loin donc de l’idée enchanteresse que c’était fait notre ami de ce cas. Quasiment tout le clan avait été réquisitionné, difficile alors pour lui de ne point paraitre suspect en approchant sa douce. La traque, dura plusieurs jours et il en fallut encore deux autres pour rameuter l’ensemble de la troupe disparate. Ce ne fut pas aussi facile qu’ils l’escomptaient et la présence du ninja médecin fut plus qu’heureuse. Blessée dans la cohue, Kooruten s’en trouva paralysé temporairement. La poursuite des fuyards ne pouvant néanmoins attendre. Seuls restèrent nos deux tourtereaux dans le campement provisoire. Une chance providentielle de promiscuité, que le jeune homme attribua sans mal aux desseins divins.

Il l’avait pansé, lavé, soigné et protégé. Le tout bien entendu, sans jamais cesser de recourir aux flatteries et autres traits d’esprit. Une certaine confiance en résultat, puis de fil en aiguille, la tisseuse fit du jeune homme son exutoire. Avec lui, qui repartirait bientôt, elle pouvait confier sans craintes ses espoirs, ses rêves et ses chagrins. Alors, à la faveur de la nuit, dans la chaleur de cette tente partagée. Des mots ils en vinrent aux attentions, des attentions à l’intérêt, de l’intérêt aux gestes…



Malheureusement, ils furent vite interrompus. Les brigands avaient été pourchassés et tués. Satisfaits et victorieux, le clan des fileurs rebroussait maintenant chemin. Si l’Augure ne sourcilla point et continua à s’affairer. La belle en revanche le repoussa violemment. Usant de ses dons pour rhabiller en hâte les deux épris. Bredouillant des excuses, elle l’avait congédié. C’était une femme mariée, noble et promise à un avenir glorieux. Il était un vagabond, volage et enchaîné à sa troupe. Une histoire sans lendemain, un secret dont seuls eux posséderaient la clef. Quelle drôle de sensation pour lui, que d’être ainsi abandonné. De la douceur d’une étreinte humide, il se retrouvait donc de nouveau seul dans le vide de son existence.

En définitive… Les dieux étaient de sacrés farceurs. Qu’importait le bonheur du messager, tant qu’il obéissait. Sa mission avait été remplie et de fait, il était temps pour le cirque de reprendre la route. Retrouvant ses quartiers dans la gigantesque roulotte, consultant ses livres occultes et mâchant avec ferveur une énième feuille toxique. Notre héros fût de nouveau la cible d’un message divin… Dans ses yeux retroussés il put voir le résultat de son office. Un jeune homme, arborant des cheveux argentés et qui conversait avec une jeune femme charmante aux longs cheveux charbon s’avançaient lentement vers lui. Ils arboraient des vêtements finement ouvragés, aux teintes rouges, blanches et noires entremêlées. Dans un naturel qui le surprit lui-même, Gëraruto déclara.

"Mon fils."