Sans dire un mot, Haruka croise une multitude de regards qui la dévisagent. Des têtes se tournent, pour chercher dans les yeux de leurs voisins une explication à ce silence complet. Bon sang, dans quoi s’est-elle embarquée ? On lui avait dit que ce baptême pédagogique serait un cours en petit comité, il n’était pas censé y avoir autant de monde. Elle se met à réfléchir à ce qu’ont bien pu pérorer les anciens à ces genin pour réussir à attirer ici autant de volontaires. Se montrer à la hauteur de leurs probables exagérations lui semble excessivement compliqué : c’est la première fois qu’elle donne un cours. Comment savoir ce qui sera trop barbant ou suffisamment intéressant pour ces jeunes ? L'éducation qu'elle avait reçue de ses précepteurs n'était pas une référence de pédagogie, elle datait de la fin de la guerre des clans et, à ce titre, était pour le moins rigoriste. Un soupire anxieux soulève sa poitrine, tandis qu’elle repense plutôt à l’entraînement qu’elle avait donné à la petite Toka comme un exemple à suivre afin que tout se passe bien. Sauf qu’elle avait fini à l’hôpital, dans un premier temps. Vraiment, tout ça commençait mal.
Bon écoutez, lâche-t-elle enfin pour briser la glace, tandis que son regard embrasse le nid d’oisillons amassés devant elle. Je ne sais pas comment ça se passait à l’académie, mais je n’ai pas l’habitude d’entraîner des gens de votre âge, alors je me comporterai avec vous comme je le ferais avec des adultes. Vous n’aurez qu’à me faire savoir si vous avez besoin de plus d’aide ou d’explications.
Intérieurement, elle maudit Menma, directeur de l’institution qu’elle vient d’évoquer, de ne lui avoir adressé pour tout conseil qu’une tape goguenarde dans le dos. Fallait-il y voir un bizutage taquin ? Un second silence gênant retombe. Haruka cherche une réaction sur leurs visages, mais ils se contentent de l’écouter sagement et d’attendre la suite. Elle commence à comprendre qu’elle va devoir donner le rythme en discourant tout du long, ce à quoi elle n’est plus tellement habituée depuis qu’elle a quitté l’intendance. Dans l’ANBU, on agit beaucoup, mais l’on parle peu. De surcroît, elle n’a jamais été très à l’aise avec les plus jeunes, faute de savoir comment leur parler.
Enfin, avant de commencer peut-être qu’une présentation s’impose… se racle-t-elle la gorge pour reprendre.
Une formalité des plus simples dont elle ne s’embarrassait généralement pas puisqu'elle avait acquis une relative notoriété aux côtés d'Akimichi Chô, mais il n'était pas certain qu'à leur âge, on se sente concerné par l'identité de ceux qui ont gratté des papiers à la Tour. La kunoichi fouille dans ses souvenirs en examinant leurs visages. En plus, elle n’avait vu aucune de ces têtes blondes passer dans son bureau à l’époque.
Je m’appelle Haruka et je fais partie des jônin du village. Comme on a dû vous le dire, je vous enseignerai durant ce cours, ainsi que les prochains, quelques techniques de Suiton plutôt basiques mais qui pourraient bien vous sauver la mise, là-dehors.
La kunoichi fait quelques pas pour s’avancer sur le terrain verdoyant mis à leur disposition. Il y avait tout ce dont un Senju pouvait avoir besoin : une petite cascade s’écoulant dans une mare, beaucoup de terre et des arbres cerclant ce bel espace.
Retenez ceci : les grandes techniques ne font pas les grands shinobi à elles seules. Peut-être que vous trouvez vos apprentissages ennuyeux pour le moment et que vous aimeriez vous consacrer tout de suite à l’étude des arts légendaires du clan. Mais des jutsu moins complexes deviennent redoutables entre les mains d’un esprit rusé. Les multiplier, c’est également cultiver votre polyvalence, une qualité essentielle lorsqu’il s’agit de se débrouiller.
Sur ces mots, Haruka compose les mûdra d’un Mizu Bunshin. Quatre silhouettes aqueuses émergent alors de la mare non-loin, puis ondulent jusqu’à reconstituer parfaitement son apparence. Aussitôt formés, comme guidés par une instruction muette, les clones se séparent et bondissent dans les arbres qui entourent le lieu pour se percher à leur cime, postés à chacun des points cardinaux. Elle désigne l’un d’entre eux de l’index.
Une mise en pratique vaut mieux que mille mots. Voyez plutôt : l’ennemi se trouve à grande distance. Je pourrais effectivement utiliser un Suidanha…Elle marque une brève pause pour vérifier que ce nom leur parle, ce qui est heureusement le cas. Les cours de l’Académie étaient très complets. Mais ce ne serait pas très malin. Cette technique est gourmande en chakra et l’adversaire est encore en pleine possession de ses moyens, ce qui signifie qu’il pourra l’esquiver plus facilement. Je lui donnerais un avantage certain en me fatiguant de cette manière. Elle se tourne vers le clone désigné. Les senseurs, mobilisez votre perception. Ça vous aidera.
La kunoichi compose de nouveau des mûdra. Sa tête bascule légèrement en arrière tandis qu’elle semble prendre une puissante inspiration, puis recrache un filet d’eau au débit torrentiel sur le clone positionné au Nord, qui éclate à l’impact. Une fois la gerbe entièrement expulsée, son regard coule de nouveau vers ses élèves
Voilà pourquoi des techniques telles que le cône du déluge existent. Une grande portée, un coût raisonnable en chakra, qui vous permettra entre autres applications de gêner une cible en retrait sans vous exposer. Cela pourrait créer une ouverture pour vous ou vos coéquipiers, ce qui serait l’occasion adéquate pour amener une technique plus puissante. Haruka leur sourit. En espérant que ça vous donne envie de l’apprendre. Maintenant, regardez. Elle leur montre au ralenti les mudrâ nécessaires. Tigre, Boeuf, Tigre et Rat. Malaxez le chakra dans votre estomac et concentrez votre Yin sur la visualisation d’un torrent. N’essayez pas de faire affluer votre chakra progressivement : accumulez-le en grande quantité, puis expulsez-le d’un coup.
Le voilà, là avec son plâtre. Il avait l’air bien minable, observé de la sorte par ses nombreux cousins. Le pauvre Ento ne baissait cependant pas les yeux, son regard ne faiblissait aucunement et allait même provoquer d’un air challengeur ceux qui le toisaient ainsi. Hors de question d’en démordre ni même de rester sur un échec, il partageait comme des nombreux konohajins cette fougueuse volonté, originaire du clan Senju. Ento ne pouvait pas éteindre l’incroyable brasier incandescent qui brûlait dans sa poitrine. Motivé par l’envie de progresser, son apprentissage n’avait désormais plus aucune limite, risquant même sa santé. On avait convoqué un bon nombre de genin du clan pour un cours assez particulier, l’ancienne intendante ; Senju Haruka allait y présenter quelques techniques suiton. Naturellement, foule s y précipita. Après tout, on parlait ici d’une tête majeur du village de Konoha ainsi que du clan Senju, nombreux étaient les enfants à s’imaginer des choses ; Pensant même y découvrir des techniques surpuissantes, après tout l’image de kunoichi d’élite lui collait certainement à la peau. Quant à Ento, lui normalement admiratif devant ses aînés Senju n’avait pas plus de réaction que ça. Auparavant, il aurait sûrement été surexcité d’enfin pouvoir recevoir l’enseignement d’une des figures inspirantes de son enfance. Mais là non, il s’avançait avec une certaine nonchalance pour rejoindre les rangs. Le brave Senju était tout de même animé par la volonté de s’instruire, curieux. Il s’arrêta pour enfin profiter de ce cours.
Aucun son, si ce n’est un silence pesant et des échanges de regards bien gênants. Ento s’accorda lui même quelques mouvements surpris, toisant assez rapidement son voisin de droite, puis de gauche. Les élèves, bien trop nombreux, agglomérés presque les uns sur les autres se fixèrent en attendant une réaction de la légendaire Haruka.
Puis, finalement elle se décida à prendre la parole. Ento leva même un sourcil, assez intrigué par cette attitude. L’imaginaire se heurtait à la réalité, lui qui avait entendu tant d’histoires avait enfin la vérité en face. Sûrement comme des nombreux autres, le petit Senju pensait y découvrir une douce et agréable personne, un nouveau mur qu’il heurtait avec plus ou moins de violence. Néanmoins, ce ne fut pas une découverte très perturbante. Elle avait l’air de partager des traits communs avec certains aînés que le petit genin avait pu rencontrer par le passé, une rigidité digne des anciens qui incarnait parfaitement le clan Senju dans sa globalité. Quelques enfants trouvaient ça assez cool, renforçant l’image intrigante et mystérieuse dont se couvrait la jeune femme.
Quelques genins trouvaient ça intéressant de recevoir un entraînement digne d’un adulte, d’un balancement de la tête Ento pu collecter les airs curieux sur le visage de ses nombreux petits camarades. Visiblement, cela plaisait. Quant à lui, il reporta son regard sur la Senju, fixant attentivement cette dernière tout en se dévoilant particulièrement attentif. Elle se présenta pour les rares qui ignoraient qui elle était, toujours silencieux Ento ne se manifesta pas particulièrement. Il ne se démarquait même pas de la troupe, mélangé totalement dans la masse de jeunes en quête de savoir ou pouvoir. Profitant de son incapacité à utiliser pleinement son kenjutsu, Ento désirait progresser dans sa branche affinitaire, il le devait tant son étalage de technique suiton était misérable.
La kunoichi s’avança de quelques pas, les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer. Nombreux étaient les jeunes à se redresser légèrement avec une attention bien visible dans leurs pupilles. Ils observaient et buvaient les paroles de la prestigieuse Kunoichi comme de l’eau. Il est vrai que les techniques que beaucoup nommaient comme simples étaient bien souvent les plus utiles. Lui même avant ne cessait de répéter à son père qu’il désirait apprendre des techniques plus puissantes, une nature impatiente ancrée au plus profond de lui et qui avait causée beaucoup de torts. Auparavant, le petit Senju était de ceux qui voulaient aller plus vite que la lumière, brûlant des nombreuses étapes essentielles pour son apprentissage.
Haruka invoqua quatre clones aqueux, puis fit un étalage de démonstration et d’explication. Le style de combat du petit Senju était principalement axé sur le corps à corps. Efficace et précis, encore plus contre un shinobi qui se spécialise en ninjutsu contraint de formuler des mudras. D'autant qu'il ne négligeait pas sa capacité spéciale ; pouvoir signer d'une main. Savoir alterner entre un style de combat se basant sur un harcèlement au corps à corps et du ninjutsu efficace serait véritablement dangereux. Ainsi, il redressa sa petite tête, portant fièrement son casque à l’insigne du clan. Le jeune garçon écoutait attentivement les paroles et conseils de la jeune femme, hochant légèrement la tête, comprenant ses réflexions. Ses iris détaillent avec attention les signes utilisés pour cette technique, il ne cessait de les visualiser de nouveau dans son esprit. Si les autres enfants étaient déjà en train de chercher à s’approprier cette technique, Ento lui voulait savoir comment il pourrait convertir ces signes en d’autres afin de pouvoir les utiliser avec une seule main de manière instinctive.
Cherchant déjà à maîtriser les bases, le jeune Senju malgré son plâtre formula une série de signe avec deux mains pour commencer ; tigre, bœuf, tigre rat. Ses deux mains jointes, il arrive sans aucun problème à signer les mudras, son chakra est malaxé dans son estomac, il converti naturellement les énergies nécessaires pour générer une telle technique, visualisant dans son esprit un véritable torrent. Le petit garçon avait déjà les bases d’une telle technique après tout, le chakra transformé remonte le long de son corps, puis Ento expulse d’un seul coup un véritable torrent de sa bouche, la technique n’était pas encore parfaite. C’est un jet torrentiel qui quittait sa bouche, aspergeant et s’éclatant non loin. De l’entraînement serait sûrement nécessaire pour parvenir à maîtriser totalement cette technique. Hors de question pour le petit Senju de baisser les bras, il commençait déjà à étudier de nouveau les signes, les répétant prêt à essayer de nouveau, attendant également les nouvelles instruction du professeur.
Accueil 
