L'assassin d'Uzushio. [reroll]

Journal d'un Ninja

C'est une bonne journée, j'ai un gâteau au chocolat pour le déjeuner, une succulente pomme... Ah oui, je viens de recevoir mon diplôme d'aspirant Ninja, enfin ! Je sautille partout dans le village en mangeant ma pomme, les passants me regardent en souriant. Je passe devant le libraire, ce dernier m'appelle, je suis un habitué de la boutique.

- Hé ! Shiroi, j'ai un truc pour toi !

Je me dirige vers mon libraire, j'espère qu'il a de nouveaux romans illustrés, j'ai hâte de les lire.

- Bonjour, mon petit Shiroi. Dis-moi, pourquoi es-tu si jovial de bon matin ?

Il n'en sait rien, pas étonnant.

- Hihi... Hier soir, j'ai reçu mon diplôme d'aspirant Ninja, je suis enfin un Shinobi confirmé !

Monsieur Saeba à l'air impressionné, mais il a un air triste, pourquoi ?

- Vous n'êtes pas heureux de mon succès ?

Mon libraire se rend compte qu'il me fait de la peine, alors, il essaye de sourire.

- Non, je suis heureux de te voir réussir, même si j'avais envisagé une autre carrière pour toi... La vie de Ninja est attrayante, mais beaucoup périssent lors de leurs missions. Tout comme mon petit Hiro.

Qui ça ?

- Hiro ?

Le libraire retire ses lunettes, et il essuie ses dernières avec un chiffon blanc.

- Mon fils, c'était mon fils. Il y a une dizaine d'années, mon petit fut nommé Genin, mais il perdit la vie lors de sa première mission... Depuis ce jour, je me consacre entièrement à ma passion, l'écriture.

Il devait être nase son fils, en fait qu'est-ce qu'il me voulait ?

- Je suis désolé... Mais, vous n'aviez pas dit que vous aviez quelque chose pour moi ?

Saeba remet ses lunettes, et il sort un livre de derrière son comptoir. D'ailleurs, il n'y a pas un chat dans sa boutique, je me demande pourquoi ?

- Tiens, c'est le dernier livre d'Osoba-man.

Ah cool, le dernier livre de mon Héros favori ! Je prends le livre qu'il me tend, je remercie Saeba.

- Merci beaucoup.

- Hohoho ! Attends, je ne te le donne pas. C'est dix Ryos, et n'essaye pas de m'arnaquer avec de fausses pièces comme la dernière fois

Elles étaient très bien mes pièces en terre cuite, j'aurais dû les faire en métal, juste pour le réalisme. Je sors de ma poche quelques pièces, et par miracle, j'ai pile dix Ryos. Je les donne à mon libraire, ce dernier me sourie. Je lui dis au revoir, je suis attendu à la maison.

- Attends, promet moi une chose.

- Quoi ?

- Quand tu seras en mission, fait attention de ne pas t'exposer inutilement au danger, et si tu dois fuir pour survivre, fait-le.

Pardon, mais il est cinglé de me dire ça !

- Il vaut mieux préserver sa vie, que de la perdre par loyauté.

Je refuse de lui promettre que je serais un lâche, je suis un Ninja, bon sang ! Je lui tourne le dos, je pars en courant le plus vite possible, mon père m'attend. Sur le chemin, je croise plusieurs camarades de promotion, ils me demandent de me joindre à eux, ils veulent manger un bout au restaurant.

- Je ne sais pas, mon père m'attend.

- Allez, tu verras ton père ce soir.

- S'il n'est pas déjà ivre...

Mon père, cet homme a perdu ma mère à cause d'une maladie pulmonaire, par la suite, il a succombé à l'alcool pour noyer son chagrin. Il n'est pas rare que je le retrouve ivre mort en rentrant le soir. Je m'occupe de la maison, je fais la vaisselle, le ménage, et je prépare le repas du soir... Ah, et puis merde ! J'ai bien le droit de m'amuser, aujourd'hui, c'est un jour unique !

- Je viens, par contre, il faudra me payer le repas.

- Pas de problème, tant que tu nous rembourses après.

Je pars donc avec mes amis manger un morceau dans un restaurant de poulpe grillé, c'est délicieux, j'aime le poulpe. J'ai passé une très bonne journée, je suis sur le chemin de la maison, je sifflote un air jovial. Une fois arrivée devant ma demeure, je remarque énormément de monde qui affluent tout autour, je me demande ce qui se passe. Je rentre dans la foule, et je me fraye un chemin jusqu'à ma maison. Dans la foule, j'entends quelques commentaires que je ne comprends pas.

- Pauvre homme...

- Il a bien souffert.

- Méthode de lâche...

- Il n'a pas pensé à son fils.

- Je vais racheter sa maison.

- J'ai la diarrhée, poussez vous !

J'arrive enfin devant ma maison, et là, je vois quatre Ninjas regroupés autour d'un drap blanc. Je reconnais ces hommes, ce sont les compagnons de mon père, qu'est-ce qu'ils... Oh, non. Tout, mais pas ça. Il y a une personne sous le drap, ce n'est pas... Je plonge mon regard dans celui d'un Ninja, ce dernier exprime la tristesse, la compassion, la douleur. Je comprends que la personne qui se trouve sous le drap n'est autre que mon géniteur. Je refuse de le croire, mon père n'est pas mort, je refuse !

- Où est mon père ?!

L'un des camarades de mon père s'approche de moi, je le reconnais, c'est Shiba, le meilleur ami de mon père. Il s'accroupit pour se mettre à ma hauteur, son regard est empli de tristesse, ses yeux sont humides.

- Shiroi... Ton père, Shawa Shoubi, nous a quittés plutôt dans la matinée. Je suis désolé, tu es orphelin.

Non, ce n'est pas possible, ce n'est pas lui ! Il me ment, ils me mentent tous, mon père est invincible, personne ne peut le battre !

- Menteur, ce n'est pas mon père... Il n'est pas mort, pourquoi tu mens ?!

Shiba regarde ses amis, ces derniers me regardent avec un air triste, j'en ai marre de ses regards de pitié ! Il n'est pas mort, c'est impossible !

- Ton père est mort, accepte-le !

- Menteur, mon père est invincible...

- Il s'est donné la mort, tu comprends, Shoubi s'est suicidé ! Accepte sa mort, le plutôt sera le mieux !

J'ai la tête qui tourne, je ne me sens pas bien, j'ai envie de vomir. Ma vision se trouble, mon regard se pose sur le corps de mon père... Un médecin légiste passe à côté du drap, et sans faire exprès, il tire ce dernier en marchant dessus, le visage de mon père apparaît... Je vomis devant Shiba, ce dernier engueule le légiste, et lui ordonne de cacher le visage de Shoubi Shawa.

- Merde, fait attention !

- Désolé...

Je tourne de l'œil, mon esprit part à la dérive, je suis parti pour faire une longue sieste. Je me retrouve dans un champ, pourquoi ? Un vaste champ de blé, je suis tout seul... J'ai peur. Tiens, au loin, j'aperçois deux personnes. Je les reconnais, c'est mon père et ma mère, je cours vers eux. Mais bizarrement, je n'avance pas, j'ai même l'impression que je m'éloigne... Non, c'est eux qui s'éloignent, pourquoi ? Ils m'abandonnent encore une fois, qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Plus je cours, plus ils s'éloignent, attendez-moi ! Ils disparaissent dans un faisceau de lumière, je suis seul... Tout seul. Arrrgggghhhhh !!! Des flammes m'embrassent, elles consument le champ de blé, je ne cherche pas à me débattre, la mort est une délivrance.

- Ah !

Je halète, je souffle comme un bœuf, je transpire de toute parts... Je suis vivant ? Mais où suis-je ? Je regarde autour de moi, je suis dans une chambre, je crois que je suis dans un Hôpital. Je me souviens, j'ai perdu connaissance en voyant le corps de mon père, pourquoi moi ? Je n'ai rien fait de mal pourtant... Pourquoi ?! Je ressens une immense colère envers le monde, envers mon père, envers moi... Une infirmière entre dans ma chambre, elle vient me voir avec un sourire d'ange. Je suis bien à l'Hôpital. L'ange me demande si je désire quelque chose, je lui réponds.

- Mes parents, je veux mes parents.

L'infirmière a les yeux humides, elle me dit qu'elle va m'apporter mon repas. Je suis seul dans cette chambre vide, dans un lit au drap blanc, comme celui qui a recouvert le corps de mon père. Shiba arrive, elle croise l'infirmière, le Chuunin me salue.

- Salut, comment vas-tu ?

Je ne dis rien, je me contente de regarder par la fenêtre. Le Ninja prend une chaise, et il s'assoit à côté de mon lit.

- Écoute, je n'ai jamais perdu un être cher... Mais je sais ce que ça fait d'être anéanti. Je ferai de mon mieux pour t'aider, même si j'ignore tout de sa souffrance.

Je me tourne vers lui.

- Pourquoi s'est-il suicidé ?

Shiba croise les bras.

- Ton père a laissé une lettre avant de s'ôter la vie. Dans cette lettre, il raconte ce qui l'a poussé à faire ça, ton père n'en pouvait plus. La mort de ta mère l'a profondément marqué, il ne pouvait plus vivre avec cette souffrance. Son alcoolisme, ses débordements de violence durant les missions, sa sévérité... Tout ça, c'était à cause de cette douleur invivable. D'après la lettre, Shoubi s'est suicidé après avoir appris que son fils est devenu un homme.

- J'ai tué mon père...

- Je t'interdis de penser ça ! Ton père s'est donné la mort parce qu'il a considéré que tu étais devenu assez grand pour te débrouiller tout seul, le fait de grandir n'est pas un crime ! S'il y a bien une personne à blâmer, c'est Shoubi ! Pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé, pourquoi se cacher dans l'alcool ?!

Je verse des larmes.

- Tu n'as pas à te sentir coupable, ce n'est pas toit qui lui a tranché la gorge avec ton Kunaï... C'est cet égoïste qu'il l'a fait ! Putain !

Shiba donne un coup de poing dans le mur, il pleure tout en étant en colère contre mon père. Je ne peux retenir mes larmes, nous pleurons ensemble. Shiba me laisse me reposer, j'ai du mal à m'endormir, quand je ferme les yeux, je revois le corps inerte de mon père. Tout comme ma mère étant allongée sur son lit de mort, en train de lutter contre la maladie.

- Toc, toc.

Saeba est venu me voir, il a appris pour mon père. Le libraire ne dit rien, il se contente juste de s'asseoir à côté de moi, il connaît ma douleur, lui qui a perdu son fils. Il revient chaque jour, il reste toute la journée, il me parle de tout et de rien, sa compagnie me fait du bien. Je lui ouvre mon cœur, je lui raconte mes faiblesses, mes doutes, mes peurs. Il m'écoute, me réconforte, je ne suis pas seul, j'ai des amis qui prennent soin de moi. Je refuse de mourir comme mon père, je ne suis pas un égoïste, ma mort n'apportera que la tristesse, par ma vie, je peux apporter la joie... C'est décidé, je vais survivre à la mort de mes parents, je suis un Ninja.

Quelques semaines plus tard, je sors de l'Hôpital. Aussitôt, dehors, je retourne dans ma demeure. À peine avoir franchi le pas de la porte, je ressens une immense angoisse m'envahir. Je ne peux pas rester une minute de plus dans cette maison, je dois aller de l'avant, pour cela, je dois oublier le passé. Je passe la nuit chez mon libraire, il m'a gentiment accueilli dans sa maison. Par la suite, la maison familiale est rachetée par un habitant du quartier, je m'en fiche, je vis désormais avec Saeba.

Je passe mon temps à m'entraîner sans relâche, je dois devenir plus fort, endurcir mon corps et mon esprit. Je ne dois plus faiblir devant une épreuve de la vie, je dois tenir. Parfois, je pars en mission avec mon équipe et mon Senseï, ce ne sont que des missions de rang C tout au mieux. Durant les entraînements, je vois le visage de mon père sur les mannequins de frappe, je ressens alors une très grande colère que j'exprime en réduisant en charpie ses mannequins. J'ai conscience que mon père avait mal, mal au point de se donner la mort... Mais ce que je n'accepte pas, c'est le fait qu'il m'a abandonné. Je ne suis pas comme lui.

- Je n'abandonnerai jamais un être cher !