[Rang B] Sombre Naufrage [Gintaro, Rinkusu, Hana & Aya]

Que s’était-il passé ? Ce fut sans doute ce que chaque membre de l’équipe dû se demander lorsqu’ils reprirent connaissance aux premières lueurs de la lune, ligotés au mat du navire de Sanada, les vêtements trempés et la fraicheur de la nuit leur glaçant les os. Autour d’eux, personne, mais ils pouvaient tous entendre des voix s’élever de la cabine d’où sortait d’ailleurs une légère lumière. Tous étaient courbaturés, douloureusement privés de leur bien-être au travers de maux de tête et de nausées terribles.

Que s’était-il passé ?

Après tant de malchance et d’incohérence, il devenait évident que quelque chose clochait. Quelque chose de plus que préjudiciable pour l’avenir de cette mission. Un genjutsu ? Un poison ? Non, rien d’aussi dramatique, juste un petit oubli venant d’un autre ninja du village de nos héros. En prenant la route vers le quartier Général de la Ligue de Somei, tous étaient passés au même endroit, soit devant le logement du très spirituel Masamune Sanada qui avait visiblement cherché à ouvrir davantage son esprit aux divinités de ce monde en faisant bruler une nouvelle création. Ce jour-là d’ailleurs, il y eut plus d’une interpellation et beaucoup de personnes avaient fini à l’hôpital d’Uzu en raison de forte nausée et de grave hallucination. Beaucoup de civils en fait, mais les quelques ninjas ayant emprunté le même chemin n’avaient pas été dans une forme olympique et il fut rapidement demandé de battre le rappel à la tour du Kage pour s’assurer qu’aucun civil ne serait mis en danger, tout comme la politique intérieure.

Cette information aurait sans doute pu atteindre les oreilles de notre petit groupe si les effets puissants de cette mixture n’avaient pas déjà atteint leurs cerveaux en les condamnant à tourner en rond. Il faut dire qu’ils avaient eu le malheur de passer tous au moment où le nuage était puissant et compact et que dans cette préparation, de nombreuses plantes aux effets psychotropes déjà bien identifiés par les Omura avaient été utilisées. Comme l’Artemisia absinthuim, ou l’Artropa belladonna, il avait été question de Datura, de Papaver somniferum, d’un peu de Myristica fragans, de beaucoup de Salvia divinorum et autres petites joyeusetés toutes étant utilisé pour provoquer des vertiges ou des convulsions, voire de l’alcool, ou trouble de la vision, tachycardie, troubles neurologiques, anxiété, délires, hallucinations et hyperthermie. De joyeux petits symptômes qui auraient pu causer la mort et qui avaient d’ailleurs fait quelques frayeurs aux habitants du village, mais qu’ici… Posèrent un tout autre problème.  

Si tout pouvait sembler normal dès le début, la réalité était déjà entrain de se distordre. Déjà, Rinkusu comprit que l’homme s’appelait Kouki, ce qui était déjà un indice que l’esprit du pauvre homme était atteint et que les autres n’arrivaient plus réellement à voir, ou entendre, la vérité. Ça trahissait aussi la faim grandissante du blondinet qui, comme nombre d'utilisateurs de drogues dures, voyaient son appétit grandir à mesure que la drogue faisait son effet. La suite du problème… C’est que l’homme rebaptisé comme une sucrerie avait un navire, il était même amarré avec un équipage non loin dans la baie, mais par politesse et pensant qu’Uzuchio ne voulait pas pénaliser son supérieur en cas de dégât, il n’osa rien dire quant à la recherche d’un nouveau navire. Après tout c’était généreux non ? Et venant d’un village aussi puissant maritimement, rien de surprenant. Il fallait être stupide pour ne pas penser que le village n’avait pas sa propre flotte d’ailleurs. Mais il en fut un peu moins sur quand le chef d’équipe se perdit dans un monologue pour finalement partir à la recherche d’un navire tandis que ses élèves devaient trouver des armes - que le commanditaire avait préparés avec canon et poudre -, des vivres - qui étaient aussi en quantité sur le navire de l’homme au vu du voyage et pour ne pas paraitre suspect.- et des hommes - qui étaient déjà sur le navire et connaissaient les mers car devant mener notre équipe au plus vite à la bonne destination.-. Alors, réalisant qu’il était impossible d’en placer une, l’homme essaya de rationaliser, peut-être qu’il était primordial d’avoir des hommes d’ici, peut-être qu’Uzu pensait qu’un traitre pouvait être à l’origine de tout ça, ce qui n’était pas non plus déconnant et aurait pu justifier une telle perte de temps. Il se contenta donc de suivre, tandis que Gintaro partait déjà d’un pas instable vers un dispensaire déjà passablement débordé par l’afflux de plus en plus important de civil nauséeux.

Le pauvre garçon ne remarqua pas réellement l’étendue du problème et continua dans son délire au point de s’imaginer rencontrer la chef du clan Omura qui était en réalité déjà en train de s’occuper des cas les plus graves. Parlant en réalité à un squelette d’enseignement, il n’obtient rien si ce n’est les regards torves des personnes alentour qui appelèrent à l’aide un peu trop tard car l’adolescent n’était plus là à l’arrivée d’un médecin. Il y eut simplement une description de son physique qui fut transmis aux autorités devant le retrouver au plus vite pour sa sécurité. Le garçon s’était en fait rendu chez une connaissance censée l'approvisionnait en vivre, puis chez un autre avant de se faire agresser par un autre ivrogne. Mais quand on voit flou… Ça devient tout de suite plus impressionnante.

De son côté l’Omura ne fut pas en reste dans sa recherche d’équipage, elle y mit du sien, elle sembla même moins atteinte par les fumés toxiques du maitre de la foudre, mais elle ne s’exprimait plus aussi bien et surtout, elle était allée voir le mauvais groupe de personnes qui s’avérait être deux pères de famille qui péchaient, certes, la semaine avec leurs fils cadets, mais dont la seule expérience en mer était de bien savoir pêcher la sardine. Quant à la femme, ce n’était qu’une pauvre femme de ménage ayant une peur phobique de l’eau et le canonnier un enfant entrant à peine à l’Académie. Au final, elle avait trouvé un groupe de personnes n’ayant rien à faire dans le métier et si quelques-uns étaient bien des matelots, soyons honnêtes qu’ils eussent plus d’intérêt pour le postérieur de la pauvre et délicat Omura que pour autre chose. Après… Sans en justifier l’acte, la jeune femme semblait bien éméchée de l’extérieur… Quel macho avide de relation facile n’aurait pas sauté sur l’occasion pour priver la demoiselle de son innocence ? Dégueulasse, mais bien une réalité dans ce monde en retard sur les magnifiques préceptes futuristes et égalitaires qui frôleraient bientôt ces terres. Heureusement sans doute que la petite Miyamoto passait par là et qu’elle avait la gâchette… pardon… La bagarre facile, car elle eut assez de lucidité pour voler au secours de la princesse sans pour autant bien tenir sur ses jambes. Elle prit plus de coups d’elle-même ou de chute de réel affrontement. Ce qui était aussi le cas des autres. Par ailleurs avant son acte héroïque, la jeune femme avait commis une erreur, ou plutôt avait bafouillé au point que sa mission pourtant réussite, ne soit finalement qu’un échec quand la cargaison n'arriva nulle part.

La suite… Avais-je réellement besoin de la raconter ? Ce ne fut qu’une succession d’échecs avec une terrifiante crainte naissant dans l’esprit de l’homme gouter qui n’arrivait plus à les raisonner, pire, quand il se décida à les conduire à son propre navire, ils refusèrent de le prendre car endommager et c’est inquiet qu’il se retrouvât mêlé au vol du navire, enfin du bateau, de l’homme à l’origine même de ce fiasco. Dans un sens ce n’était que justice, mais tout de même. Le narrateur semblait s’amuser de cette infortune ivresse…

Mais ils avaient un navire, mais ils n’avaient plus l’itinéraire. Pas de problème en soi, l’homme en avait une copie qu’il proposa plus d’une fois sans qu’on ne veuille l’utiliser. Il n’était pas à son aise, cet équipage était fou et il regrettait ses marins expérimentés qui l’avaient vu partir au loin avec une bande de demeurés. Oui, car c’était le terme, ils étaient en train de s’enflammer en voyant une pauvre rascasse, sans doute en fin de vie, remonter à la surface de l’eau. Elle n’avait rien d’un monstre légendaire et pourtant, tous dans leurs réactions trahissaient le contraire.

Jetant l’ancre sur une île à l’opposé de la destination, le chef d’équipe décida de gaspiller son argent pour un marché n’ayant aucune importance, pire, l’homme ne comprenait pas un traitre mot de ce qu’il baragouinait. C’était le chaos. Un chaos qui se solda par une nouvelle bagarre inutile et la perte définitive de la patience du Sugar Daddy qui les abandonna à la recherche de récipient à remplir d’eau. Successivement, il retrouva tous les membres de l’équipage pour leur jeter une grande quantité d’eau au visage pour ainsi les réveiller ou obtenir leur attention. Il en profita d’ailleurs pour les claquer, tous, un par un, et par les accrocher à une corde dont ils se débattaient vainement sans avoir la moindre force car ils n’étaient plus que de sombre crétin inconscient et inefficace. Finissant sa route dans un lieu peu recommandable pour des enfants. Il profita du calme temporaire offert par la perte successive de connaissance de notre équipage pour se payer un peu de bon temps et surtout parler et parler à ces femmes de combien sa journée était compliquée, difficile et ingérable.

L’homme se fit ensuite aider pour ramener tout le monde sur le navire et il fit ce que l’équipe d’Uzuchio n’avait pas fait et n’aurait de toute façon jamais du faire si ils avaient ne serait—ce qu’étaient calme. Il chercha des hommes, les paya avec ce qu’il trouva dans la bourse de Rinkusu et obtient des vivres et quelques armes de fortune auprès de locaux.

C’est donc mieux accompagné que notre histoire reprit. Au mât de ce bateau, dans le froid,  dans l’obscurité.

En s’agitant pour se libérer, les personnes se trouvant dans la cabine furent interpelées par le bruit et c’est donc sans surprise qu’ils finirent par sortir de là. Devant eux, quatre hommes, celui du commanditaire, deux hommes visiblement du métier et une femme plus fluette, mais lourdement armés. « J’ose espérer que vous avez recouvert vos esprits sinon je me passe de vos services, enfin mon patron le fera. Vous nous avez fait perdre du temps avec vos bêtises. Si ça vous amuse de travailler alcoolisés, c’est votre droit, mais je veux des gens sérieux capables de parler sans se battre avec le premier ivrogne venu ! » dit-il d’une voix ferme avant de dérouler une carte, « A cause de vous nous sommes en retard sur notre itinéraire, on risque de ne pas réussir à les rattraper, ils ont pris beaucoup d’avance. », et ça compliquait tout, « Attaquer de nuit est plus risqué, il faudra naviguer à l’aveugle et le risque que nous nous échouions est considérablement augmenté. Vous avez été inconscient ! En plus on ne veut plus de vous ici… S’en prendre à des sans abris est honteux ! Et allaient voir des prostitués à votre âge ! » constata-t-il alors.

« Shigure-Sama, maintenant qu’ils sont réveillés, il faudrait prendre le large, le vent est fort, nous avons peut-être une chance ! » dit l’un des hommes en révélant au passage ce que Rinkusu avait mal entendu. Shigure et non Kouki… L’audition commençait à se faire difficile. « Vous ! Vous allez nous trouver les moyens d’arriver à destination dans les temps, enfin autant que possible et je veux que nous soyons discrets, j’ai peur que leur ninja soient au final mieux préparé que vous…  » secouant la tête, il libéra l’équipe avant de murmurer, « Pourquoi il a accepté des apprentis tant qu’il y avait un ninja confirmé… Quelle stupidité… » accompagnant le blond à l’intérieur, il eut tout le loisir de lui montrer la carte avec l’itinéraire dessiné et les annotations sur les habitudes maritimes de la cible. Il était peut-être l’heure au blond de se montrer persuasif, car l’échec n’était plus très loin et les retombées seraient dramatiques.

De leur côté, les trois genins pourraient en apprendre plus sur ce nouvel équipage. Hayate, un des noms, celui qui avait demandé à reprendre la mer se trouvait à la barre pour manoeuvrer une sortie tandis que Kaito, l’autre marin, était en train de relever l’ancre. Concernant la femme Chizuru, elle affutait les lames des armes trouvaient en ville, les renforçant et les rendant plus létales. Les trois se montreraient froids, mais ils proposeraient tous de quoi manger non sans expliquer ce que Shigure avait pu leur dire, aussi bien sur cette journée que sur la mission en elle-même. Ils leur diraient aussi comment ils avaient été payés. Toutes idées sûres comment se cacher ou gagner du temps serait bonne à prendre et nul doute qu’il faudrait se concerter. Il était temps de se remettre en selle et de prouver qu’ils n’étaient pas QUE des bras cassés.

Enfin le fin équipage d'uzujin semblait reprendre les choses en mains, malgré certaines moues dubitatives de la part des marins stipendiés par leur commanditaire.
Disons que l'aura de loup de mer de Rinkisu et sa démonstration de force avec l'ancre du navire assura (enfin) une certaine crédibilité au groupe d'ex-drogués.
Gintaro se précipita pour aider Kaito à remonter l'ancre malmenée par le pirate. L'homme était peu avide en parole, mais il accepta le coup de main d'un grognement bourru. Il entraîna ensuite le jeune homme pour l'aider à déplier et arranger la voile.
"Bien. Tu as de la force et les doigts agiles." complimenta le marin en hochant la tête. "Va attacher la cargaison et dit à Chizuru de ranger ses jouets avant que quelqu’un se blesse."

De son coté, Hana alla essayer de se rendre utile auprès du barreur, Hayate. Il fumait une pipe à l'odeur douceâtre qui n'était (hélas) pas sans rappeler à l'Omura les herbes étranges qu'affectionnait un peu trop Sanada.
Il sourit à la question de la jeune fille, l'air aimable et plus détendu que le reste de l'équipe. Son visage buriné resplendissait d'optimisme sous la lune.
"Vous avez de bons yeux ou un talent ninja pour voir dans le noir ? Vous pourriez me servir de vigie..." répondit-il à la jeune fille d'un ton nonchalant. "On a au moins un peu de visibilité cette nuit mais naviguer dans l'obscurité est plutôt compliqué... Heureusement, nous serons bientôt en haute-mer et ce sera plus simple. En espérant qu'un fou ne nous fasse pas suivre quelque voie maritime pleine de sombres récifs, ahaha !"

L'homme était tendu mais plutôt joyeux, aimant visiblement l'aventure, l'adrénaline et le bavardage. Et il lançait quelques regards en coin plutôt évocateur à la genin.
"J'ai cru entendre que vous étiez une Omura, c'est ça ? Les médecins-ninja ? C'est toujours agréable d'avoir un carabin à bord, surtout s'il est aussi joli que vous ! Moi, je suis l'oiseau de nuit du bateau : je tiendrais la barre jusqu'au point du jour, avant de laisser la place à Shigure-sama pour un repos bien mérité... Tiens d'ailleurs, vous faîtes des messages ? Ce serait divin pour mon stress..."

Aya, bien décidée à avoir au plus vite son comptant de bataille, avait insisté pour un départ immédiat et une attaque de nuit.
La Perle d'Uzushio (il faudrait un jour qu'il convainque le Senkage et le conseil d'Uzushio d'abroger ce titre officiel) était d'accord et s'attela à la navigation auprès de Shigure, l'émissaire de Mûsei Hishaku et visiblement chef de l'équipage. Il s'y connaissait également en cartographie maritime.
Ensemble, il devisèrent et calculèrent. La technique et la force de Rinkusu leur avait fait gagné du temps, mais pas assez.

"Nous ne les rattraperons pas cette nuit. On a loupé la marée et le vent en mer était fort mais il a tourné... Z'allez pas passer votre temps à nous souffler dans les voiles. J'suis pas ninja mais je sais que vos pouvoirs étranges ont des limites." maugréa Shigure en lançant un regard mauvais suintant le la faute à qui aux ninja. Toutefois, il s'abstint de le dire à voix haute, évitant aussi sciemment de poser trop les yeux sur Rinkusu, préfèrent foudroyer du regard les simples genin.
Ces derniers furent recruté de force pour effectuer promptement les milles et une corvées du départ.
L'équipage était visiblement réduit au maximum, à la fois pour éviter les fuites sur la mission mortifère du navire, limiter les pertes éventuelles mais aussi alléger l'embarcation au maximum.
Il y avait une certaine cruauté comptable derrière tout ça.

Shigura pointa du doigts certains éléments sur la carte.
"Ils vont faire des réserves d'eau et se reposer dans cet archipel. Là, vous l'aurez, votre attaque de nuit !" informa-t-il l'ex-pirate et la Miyamoto d'un ton à la fois professionnel et un brin moqueur. "L'île de la Catin. Ses reliefs sont trop tourmentés pour qu'un port ou un village est pu s'y établir, mais sa jungle y est fort généreuse et riche en sources d'eau pure. Il y a une petite anse bien sympa, abritée des vagues et des vents par d'imposant pitons karstiques. L'endroit parfait pour faire relâche... Mais le tout est d'y arriver avant qu'ils n'en repartent."

Il soupira lourdement avant de poursuivre.
"Du coup, pour y être à temps, il va falloir cravacher sec et... prendre quelques risques. Il y a une autre île intéressante dans l'archipel : la Pucelle et sa Dentelle. Ce n'est qu'un piton volcanique raride, un chaos rocheux quasiment sans végétation et sans source d'eau potable. Mais le vent et les courants alentour sont forts, bien plus que celui de la route maritime habituelle... Si on passe par là puis qu'on bifurque vers la Catin, on devrait pouvoir les prendre cul-nus en train de se ravitailler."
La carte et ses annotations semblaient en accord avec les dire de Shigure... Mais du coup, cela soulevait une question : s'il était plus rapide de passer par là, pourquoi les caravelles marchandes ne le faisaient pas.

Le marin dédia un sourire matois à l'ex-pirate avant de l'expliquer.
"Le soucis, c'est la Dentelle. Une chierie de récifs volcaniques vicieux, prompt à déchirer une coque. De jour, c'est déjà un gageure d'y risquer son bâtiment. De nuit c'est... audacieux. Mais peut-être qu'avec vos talents et réflexes de shinobi, avec l'aide de la chance... On peut passer."
Il écarta les bras, laissant la décision au chef de l'équipe d'Uzushio. Rinkusu allait-il risquer la vie de ses genin dans une course suicidaire ? Et la mission d'ailleurs : ils auraient du mal à courser leur proie si jamais ils empalaient leur navire sur un récifs.

Shigure avait une autre alternative, si jamais le chuunin n'osait pas tout risquer sur ce pari.
"Ils sont plus lourd que nous et malgré leur avance, nous devrions les rattraper d'ici deux-trois jours en mer. Là par contre, ce sera un affrontement en plein milieu de l'océan. Sauf un de vos tours magiques, ils nous verront arriver et risque de se méfier... Et l'patron est quasi-sûr qu'ils ont leurs propres ninja. J'ai un cousin dans la flotte du Daimyo et il s'est déjà coltiné un shinobi pouvant manier les vagues de l'océan. Et c'était apparemment pas la joie !"
Il soupira et abattit sa dernière carte, posant son doigts sur une autre île, plutôt éloignée.
"Là, c'est Furîdamu. Un escale assez fréquente pour les capitaines peu regardant sur les questions d'import-export et de légalité. On y charge et décharge ce qui est illégal un peu plus loin, notamment le port de destination de notre cible. Connaissant un peu les affaires de sieur Dorei, un homme qui n'hésite pas à employer des shinobi, ça ne m'étonnerait pas qu'ils y déchargent deux-trois caisses qui ferait lever le sourcil à un inspecteur de port un peu tatillon."

Il lança un regard dans la vague direction des genin avant de poursuivre.
"En ne ménageant pas nos efforts et sans ce soucier d'essayer d'aborder la caravelle de Dorei Mûjo, on pourrait sans doute y être avant eux. Et les y attendre. L'ennui, c'est que....euh... La faune locale est un peu revêche. Et sans compter que les marins aiment cancaner : il faudra trouver un moyen de couler le bateau et détruire sa cargaison de manière discrète, pour pas qu'on puisse accuser Mûsei-sama. Et ceux, avant que le navire reparte : après, ça sera trop tard, il va passer par des lignes maritimes populeuses où les patrouilles de la flotte du Daimyo sont fréquentes..."
Il passa sous silence ceux qui pourraient s'émouvoir de l'implication de son patron dans un attentat. Vu comment il avait décrit la cité portuaire, sans nul doute d'autres contrebandier avec qui Mûsei Hishaku était lui aussi plus ou moins en affaire... Et qui n'apprécierait pas de voir une vendetta enflammée dans leur port.
Loin d'une bataille rangée en pleine mer, cette option allait nécessité du doigté et de la vilénie toute shinobi.

Qu'allez choisir les uzujin ?
Foncer au travers du banc de récifs de la Dentelle pour arriver (si possible nuitamment) au plus vite à l'île de la Catin et surprendre leurs cibles en plein ravitaillement ?
Ou tenter d'intercepter le navire ennemi plus loin, dans un combat naval au beau milieu de l'océan ?
Devaient-ils plutôt foncer vers l'ultime escale, le port franc (ou plutôt trouble) de Furîdamu pour y tendre une embuscade sournoise ?
Et quel que soit le plan arrêté, les shinobi devront faire preuve de tous leurs talents et astuces pour mettre toutes les chance de leur coté.

Résumé:

   

Une fois qu'il eut longuement écouté le capitaine Shigure, Rinkusu sortit un moment faire le pointer pour réfléchir et se remotiver.
Après avoir invoqué son petit lynx, l'uzujin surpris les regards non point méfiant mais au contraire compréhensif et les sourires des marins de l'équipage. Ces loups de mer aimaient les chats (n'ayant guère de culture animalière, bien peu aurait identifié formellement Kaizoku comme un grand carnassier et non un banal greffier) : ils portaient soi-disant bonheur et avait l'avantage de chasser les souris et rats, protégeant les précieuses provisions d'un navire. Et ils offraient un support moral doux en ronronnant quand on devait passer de longue nuit enfermés dans les cales en cas de pluie ou se les geler au sommet venteux du poste de vigie...

Sa décision prise, la Perle d'Uzushio alla informé Shigure de son choix : ils étaient en retard, mais risquer de l'être plus encore s'ils s'échouaient nuitamment sur la Dentelle de la Pucelle en prenant trop de risque pour se hâter.
Foncer à toute vitesse pour gagner au plus vite le port libre servant de future escale à leur cible aurait été préférable... Mais le chuunin semblait douter de la capacité de ses genin à monter une discrète embuscade. Et puis un combat de ninja en ville risquait de laisser pas mal de témoins (on était pas à Suna pour massacrer un village entier pour couvrir un banal assassinat) soit émerveillés, soit terrorisés et donc susciter pas mal de questions gênantes.
Et puis ses disciples étaient plus dans le rentre-dedans que dans la subtilités.

Néanmoins, le capitaine s'en étonna : comme beaucoup, il pensait que les ninjas étaient essentiellement de vils sournois, agissant de dos, de nuit, à plusieurs et usant d'arts secrets contre nature afin de ne laisser aucune chance à leur cible.
Il fut donc plutôt surpris quand Rinkusu choisit de tenter un affrontement direct en mer. Les deux nefs disposeraient sans doute d'artillerie plus ou moins équivalente (enfin, il fallait l'espérer) et de shinobi à bord. On verrait donc qui seraient les meilleurs, entre les gardes stipendiés de la caravelle de Dorei Mujô et les ninjas d'Uzushio.
Pour une fois, leur employeur, Mûsei Hishaku n'avait pas lésiné à la dépense en requérant l'aide du Village Caché des Tourbillons pour littéralement couler son rival.
Cependant, Shigure lança un regard vaguement inquiet à la Perle d'Uzushio et à ses turbulents genin. Leur maître ayant déjà visiblement pas spécialement confiance en leur capacité et ils paraissaient bien jeune... Les ninjas avaient beau être une culture à part, presque un mythe, le capitaine n'était pas spécialement rassurée en présence de ces enfants soldats. Il s'inquiétait autant pour son équipage que pour eux.

Le choix de Rinkusu avait en effet une autre conséquence : les marins du Vif Cormoran (car tel était le nom de leur fier navire) allaient devoir combattre au coté de ninja ou lieu de juste leur servir de taxi.
Si Shigure avait toute autorité sur son équipage et que Chizure, la maîtresse d'arme du navire, semblait ravie de voir un peu d'action, tous le monde n'était pas ravis et certains doutait (en silence, pas envie de se faire égorger ou casser en deux par Rinkusu) de la compétence des shinobi que leur patron avait embauché. C'était notamment le cas de Hayate, le barreur. Il n'appréciait guère de devoir faire louvoyer son vaisseau entre les tirs et sans doute les ninjutsu. Même s'il n'aurait rien contre couler leurs concurrents et que la mer était toujours dangereuse et imprévisible, ils n'avaient pas signer pour risquer sa peau lui-même dans un duel naval !
D'autres, comme Kaito, s'inquiétait pour les jeunes ninjas qu'ils avaient vaguement pris en affection, un peu comme des mascottes. Peu arrivaient à les voir comme de véritable machine à tuer (se rôle étant dans leur imagination, totalement échue à Rinkusu).

Nul n'osa cependant questionner ou remettre en question le plan de Rinkusu, qui avait l'accord tacite du capitaine (vu qu'il l'avait lui-même suggérer). L'équipage se mis aussitôt au travail pour changer de cap et amener les voiles pour foncer en pleine mer.
"Pour le pavillon..." intervint alors Shigure, sollicitant l'avis des uzujin. "Neutre, c'est un peu vague vu qu'y'a pas mal de concurrence entre les flottes marchandes du coin... Actuellement bien sûr, nos naviguons sous les couleurs de la compagnie de Hishaku, du Pays des Tourbillons. Bien sûr, pas question de garder celui-là, surtout si par mégarde il y aurait des... survivants. Mais nous ne sommes pas un navire corsaire, aussi nous n'avons pas moult pavillons."

Il baissa la voix par réflexe et ouvrit un vieux coffre de marin, l'air vaguement suspicieux ou comploteur.
"Bon... On va pas le cacher à des ninjas, mais parfois ils nous arrivent quand même d'afficher d'autres couleurs lors de voyages au long court et quand notre cargaison est... moins favorablement accueillie par des autorités locales tatillonnes. J'ai ici le pavillon de la Flotte Rouge du Levant des îles Tenro. C'est plus un ramassis de petits capitaines qu'une vraie compagnie marchandes et cette organisation un poil... chaotique permet justement une certaine... ambiguïté. J'ai aussi celui-ci, qui appartient à La Voie des Cinq des Trois Sœurs. C'est une compagnie de bonne réputation, spécialisé dans le transport de passer, notamment de pèlerins. Ils sont aussi connue pour être très très chiants et vous bassine avec leur religion, aussi c'est pratique pour rester entre nous et éviter les curieux, notamment au port."

Il soupira, mais se décida à apporter la dernière option.
"Ces couleurs là nous permettent de conserver le nom du bateau, ce qui porte malheur : étant bien établis, la plupart des vigie ne se soucieront pas du nom du navire qui les affiche. Cependant, comme vous n'avez pas choisit une approche spécialement discrète, y'a toujours la possibilité... d'arborer carrément un drapeau pirate. Un aura bien un mousse pour vous coudre ou peindre ça, les jeunes semblent attirer par les têtes de mort et toutes ces conneries..." soupira le capitaine Shigure, visiblement un poil rétif à l'idée. "L'ennui, c'est qu'il faudra repeindre aussi le nom du bateau, au cas où quelqu'un le reconnaîtrait et... survivrait.  Les hommes risquent de ne pas apprécier mais si témoins il y a, ils pourront assurer que ces des pirates qui ont envoyé par le fond la caravelle de Dorei Mujô. C'est la vie et rien à voir avec notre patron..."
Quel pavillon les ninjas allaient-ils recommander d'aborder ? Nul doute qu'un Jolly Roger grimaçant plairait à Aya, mais cela risquait de mettre les autres marins un poil mal à l'aise.

Bref durant la traversée, en plus de se préparer au combat, il allait aussi falloir gérer le moral et le ressentit de l'équipage !
Un Hayate trop timoré risquait de leur faire perdre du temps ou de rendre un abordage de l'ennemi compliqué.
A l'inverse une Chizure et son équipe trop entreprenante risquait de générer des initiatives dignes d'Aya ou pire encore, ruinant les plans des shinobi.
Sans compter qu'un équipage qui doute ou qui s'inquiète pour les genin ou les compétences des ninjas d'Uzushio (qui étaient arrivé là à moitié drogué) risquait de prendre la mouche si le combat débutait mal. Une mutinerie restait toujours possible, même si pour l'instant Shigure avait la confiance de son équipage...
Enfin, pour maintenir leur vitesse il ne faudrait pas tirer au flan mais aussi éviter de gêner les marins dans leurs manœuvres. Les jours à venir s'annonçaient donc compliquer et épuisant pour les shinobi d'Uzushio...

Résumé: