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Aux mains du destin

Senju Haruka
Senju Haruka
Konoha no Jonin
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Aux mains du destin Dim 13 Déc - 15:25
Senju Haruka

Aux mains

du destin

...



Aux mains du destin Surendra-rajawat-forest

Parvenue sur le pallier du domaine Senju qu'elle est censée rejoindre, Haruka s'arrête.
Elle s'imprègne du panorama verdoyant, où la silhouette de son ample robe rouge se détache. Son regard revient cependant se river sur l'arche écarlate qui se dresse face à elle, impossible à éluder. Véritable monument à la gloire d’un clan aussi illustre qu’ancestral, le Torii qui marquait l'entrée de son luxuriant foyer ressemblait à un avertissement écrasant. Il en allait de même pour toutes les bâtisses et jardins qui composaient le reste des lieux, que l'on devinait depuis ce parvis, enfoncés dans la verdure. Dans un effort de restituer l’aura de légende du clan et d’offrir une allégorie théâtrale de la prévalence de la nature sur l’Homme.

L'observation tire à la kunoichi un froncement soucieux, tandis qu'elle songe à la situation présente des siens. De cette nature, les Senju avaient été la main incontestée. Les héritiers d’une force que l’on imaginait descendre des kami eux-mêmes : celle de la Vie, de sa foisonnante et implacable croissance qui abritait les Hommes autant qu’elle les menaçait. Mais tout comme la vie prédestine à mourir, le clan s'éteignait inexorablement, précipité dans une lente et douloureuse agonie. Ou du moins, ce qui constituait jusqu'à présent sa fierté : le Mokuton, précieuse sève censée couler dans leurs veines et dont ils étaient exsangues.
Une calamité qui couvrait presque ces démonstrations architecturales ostentatoires de ridicule, car bien peu pouvaient encore se targuer d'être capables des les ériger.
Beaucoup le pensaient sans le dire : il n’y avait pas plus piteuse vision que celle d’une étincelle divine tarie, rampant à présent dans la boue parmi le commun des mortels. Et bien que cette déchéance ait été largement pressentie par les autres clans, sa véritable ampleur demeurait camouflée par une omerta impérieuse chez les enfants du Mokuton.

Face à un tel fléau, ils n'avaient guère d'autre carte en main pour le moment. D'aucun diraient qu'il leur était toujours possible d'embrasser leur héritage moral comme nouvelle identité, la volonté du feu, qui n’était pas en reste de gloire après avoir conduit à la fondation de Konoha. Mais une doctrine, aussi influente soit-elle, ne pouvait conquérir par la force ni continuer d’assurer une prédominance martiale dans le monde shinobi.
Haruka l'avait défendue à une époque, soutenant qu'elle leur éviterait l'anathème des autres clans, avant de se voir blâmée pour sa naïveté et brutalement remise à sa place. Qui était-elle, elle qui ne devait renoncer à rien, une privilégiée au Mokuton, pour leur dire ce qu'ils devaient éprouver ou désirer ? Voulait-elle qu'ils singent les Sarutobi en devenant un ramassis de talents sans la moindre spécialité ? Qu'ils en deviennent la pâle copie et se couvrent ainsi de honte ?
Quitter un trône n’était pas chose aisée, il l'était encore moins d'être quitté par l'essence de la vie même.
À leurs yeux, couver leur acrimonie dans l'attente d'un miracle était un sort préférable. Et qu'il soit de nature divine ou bien plus ignominieuse leur était maintenant égal. Leur dignité avait été trop violemment écornée, leur chagrin était trop immense pour envisager le deuil. Ils ne parvenaient qu'à se cramponner à un passé chaque jour un peu plus révolu, comme s'il eût suffit de le prendre en otage au sein leurs esprits pour l'appeler Présent. Dans un savant mélange de déni et d'espoirs illusoires, leurs consciences étaient ainsi devenues le tombeau dans lequel ils semblaient résolus à s’enterrer avec leurs précieux gènes.

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Haruka adresse un signe de tête courtois à quelques personnes quittant l'enceinte du domaine, puis reprend sa marche.
Elle était l’une des dernières rescapées de ce déclin. L’une des dernières branche fleurie d'un arbre mort à laquelle ils s’agrippaient de toutes leurs forces dans leur chute, quitte à la rompre. Sa famille, les anciens, les précepteurs et autres académiciens l'accablaient depuis l'enfance de responsabilités aussi invraisemblables qu'irréalisables. On lui répétait que la vie lui avait fait grâce d’un don là où elle avait visiblement condamné presque tous les autres. Qu'elle avait été bénie, choisie pour faire renaître le clan de ses cendres, pour faire honneur à quelques puissances là-haut et racheter les Senju auprès des kami, lui disait-on, d’un péché dont eux-mêmes ignoraient la teneur. C’était en tout cas la croyance de certains de ses pairs, suspendus à un mysticisme désespéré.
De cela elle n’avait jamais su que penser, et son avis importait peu de toute manière. Elle n'avait le temps d'y accorder qu'un acquiescement poli, car ces belles paroles déposaient sur ses épaules une charge colossale. Composée d'une obligeance indiscutable, d'entraînements quotidiens, de prières et de leçons. Bientôt, il lui incomberait également de se plier à un mariage arrangé avec un autre héritier du Mokuton. Le cas échant, à une union politiquement avantageuse. Puis de procréer autant que possible avec l'inconnu désigné afin de reconstruire la pureté du clan. Elle devrait enfin participer énergiquement à sa renommée tout le long de sa vie. Tout un programme réglé comme du papier à musique depuis son premier cri.

Sur la plupart des points, elle s'en était jusqu'à présent plutôt bien sortie. En apparence du moins, et au prix d'un surmenage qui l'avait fragilisée tant mentalement qu'émotionnellement. Mais seul le don absolu de sa personne pouvait représenter un retour sur investissement satisfaisant.
C'était une bien rude manière de traiter celle, parmi d'autres, qu'ils prenaient pour une sorte de messie providentiel. Sans doute certaines familles faisaient-elles preuve de bien plus d'indulgence. Mais en ce qui la concernait, la sienne était de la vieille école : celle de la guerre et de la discipline. Elle la considérait comme un matériel à exploiter. Loin de l’adorer, on la couvrait de devoirs. Et si elle leur inspirait le respect, elle ne recevait guère leur amour. Sa personne n'était pas l'objet de toutes les idolâtries : elle n'était qu'un réceptacle, un outil à la fonction bien précise.
Ironiquement, ce don si convoité n’avait fait que dresser une barrière métallique entre elle et les siens. Et elle s'était souvent questionnée sur la docilité avec laquelle elle endurait pourtant leurs exigences.

La progression d'Haruka se fait plus hésitante, son souffle plus lourd. Ces pensées convoquaient en elle une anxiété palpable.
Il y avait dans son obéissance, tout d'abord, un fort sentiment de responsabilité : l'auréole du clan ainsi que sa survie reposaient entre les mains des héritiers du Mokuton. S'ils se contentaient de résultats moyens, ils actaient un suicide collectif. Aussi dément que soit d'imaginer qu'une poignée d'individus pouvaient constituer à eux seuls la force et la gloire de tout un clan, tel était leur devoir. L'abandonner était un acte égoïste et cruel, qui la laisserait en proie à un sentiment de culpabilité bien plus dévorant que la pression de ses pairs.
Il y avait ensuite cette part d'elle-même qui n'était jamais sortie de l'enfance, malléable et affligée par la solitude, qui continuait de chercher désespérément une reconnaissance affectueuse au travers du devoir. Même si cette dernière n'était jamais exprimée sous la forme qu'elle convoitait sans se l'avouer, c'était un moyen de revêtir une quelconque importance à leurs yeux. De recevoir un peu de cette chaleur qu'on lui prohibait en tant qu'instrument de mort.
Pour couronner le tout, elle n'avait rien d'une rebelle. Une vocation compulsive de contenter ceux qui l'entouraient pour convoquer quelques émotions agréables l'avait toujours habitée. Peut-être en réaction au climat de guerre qui avait pétri ses plus jeunes années, mais aussi parce que c'est ce que l'on avait encouragé chez elle. Hélas, le fardeau de son don lui rendait la tâche de plus en plus difficile. Il l'amenait, lentement mais sûrement, au bord d'un point de rupture qu'elle avait redouté et repoussé de toutes ses forces.
Après la mission qui l'avait amenée à assassiner son chef de clan, Naoshige, à accuser la perte d'Inuwashi Sora et à affronter l'Ermite-Dragon, cependant, elle était à bout.

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Bienvenue, Haruka-dono, articule d’une voix caverneuse un sceau qui entrelace le Torii, animé par un antique Fuinjutsu. Ses traits étaient ceux d'un serpent, emblème et mudrâ iconique du Mokuton.

Sitôt après avoir établi son identité, l'animal serpente le long des piliers avant de se figer de nouveau, signe qu'elle est autorisée à traverser. Un amusant petit rituel dont on gratifiait les figures importantes du clan et qui serait la seule chose à l'accueillir.
Ni les anciens, ni les plus jeunes ne viendraient lui tendre les bras pour la recevoir. Les plus vénérables, forgés dans la guerre, n'avaient pas idée de chérir un instrument, même envoyé par le destin. Les armes sont faites pour être manipulées : on désire les posséder ou l’on craint qu’elles soient dirigées contre nous. Aussi revendiquaient-ils un droit de regard sur son existence, et lui avaient-ils inculqué durement l’art de servir sans penser, de plier sans mot-dire. Ils avaient modelé le pion qui participerait à un but supérieur, la déformant à tel point qu’elle en avait oublié sa propre nature.
Les plus jeunes ne la traitaient pas mieux. Nombreux étaient ceux qui avaient vu le jour dépourvus de Mokuton, jalousant ce qu’ils pensaient être un privilège utopique. Eux, à qui l'on refusait obstinément le droit de représenter le clan alors qu’ils composaient sa majorité. Eux, à l'existence gênante, que l’on avait baptisés Senju en rechignant, considérés comme des produits ratés jusque dans leurs familles.
Quant aux autres détenteurs du Mokuton, elle n'avait guère le temps de nouer des liens avec eux. Elle avait même craint de le faire, de peur de se retrouver de nouveau captive de relations coercitives.

Haruka était donc seule.
Elle personnifiait une image du clan qui ne concernait pratiquement plus personne, ne reflétant en rien le présent, encore moins l'avenir. Elle n’était qu’une fleur artificielle, anachronique, une vitrine mensongère destinée à maintenir des apparences politiques. Dire qu’elle venait de franchir les portes de chez elle était ainsi un bien grand mot, en ce qu’elle venait de pénétrer la gueule d’un monstre moribond détenant les clés de sa cage.
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Re: Aux mains du destin Ven 1 Jan - 23:51
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Aux mains

du destin

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Haruka s'avance d'un pas contrarié sur le sentier terreux menant au coeur du domaine, l’estomac noué et le visage crispé. Elle devrait se sentir libre au milieu de cette grande étendue sauvage, mais l'arpenter lui inspire un profond mal-être. Ici, la liberté n'est qu'une façade. La main du clan y discipline et organise discrètement la nature et les Hommes. Elle a disséminé des graines, qui ont fait pousser autant de talents que de maux. Il s'agit en réalité d'un enclos où l'on a dilué son ego dans des enseignements qui lui démangent le cœur, avec une vigueur renouvelée chaque fois qu'elle y pénètre. Ses barrières ne sont pas enfoncées dans l'herbe, son toit ne couvre pas le ciel, mais il est là. Il cercle leurs esprits et obscurcit leur regard. Il est l'endroit où elle est la plus vulnérable.
Pour y échapper, tout avait été prétexte à évasion. Les escapades en forêt de son enfance, la traque de criminels, la paperasserie de l’intendance, la direction de l’ANBU : autant de rendez-vous avec elle-même qu'elle rechignait à quitter. Et comme un ours extrait de sa tanière, forcé de se plier à un numéro grotesque par le fouet de ses montreurs, la Senju est à fleur de peau.

À quelques mètres devant elle, une silhouette féminine se dessine enfin, puis lui fait signe d'approcher.
Te voilà ! J’imagine que tu as été retenue par tes obligations, la hèle avec suspicion cette femme qui, la voyant arriver, se précipite jusqu'à sa hauteur. Un mélange subtil d’agacement et de vanité tirée de l’évocation de ses responsabilités enrobe son reproche. Si elle ignore pourtant tout de la nature de son travail, les membres de l'ANBU gardant leur activité secrète, elle sait tout de même qu'elle a hérité d'une fonction importante.

Mère, la rabroue Haruka avec une voix éteinte par la résignation.

Ce que sa génitrice ignore superbement, visiblement plus préoccupée par la petite foule agglutinée au loin, à qui elle s’efforce de renvoyer des sourires artificieux :
Souris un peu veux-tu, ce n'est pas le moment de faire cette tête.

Un vieillard qui avait capté leur conversation les rejoint. Manifestement désireux de couper court à toute réponse qui pourrait jeter de l'huile sur le feu, il prend immédiatement la parole :
Haruka, prends place je te prie, l’invite-t-il en posant délicatement sa main dans son dos, d'une douceur qui ne laisse pourtant aucune place au refus.

Senju Kanemitsu, une armoire à glace taillée dans le marbre dont le corps avait échappé à la courbure des années. Un chêne sec et balafré par la guerre, au visage émacié, dont la pointe était soulignée par une barbiche laiteuse. Il se reposait, les mains en croix, sur une canne à l'utilité purement esthétique -ou disciplinaire- qui ajoutait à la sévérité du personnage. Ce vieil homme, s'il convenait vraiment de l'appeler ainsi, était le plus vénérable précepteur Senju. Il était parvenu à maîtriser la plupart des techniques Mokuton et supervisait les détenteurs les plus talentueux du Kekkei Genkai, avec une main de fer et selon les méthodes traditionnelles -certains diraient archaïques- du temps de la guerre des clans. Si les années et les conflits ne l'avaient pas fait plier, inutile de dire que les têtes blondes indisciplinées du domaine se trouvaient bien incapables d'émousser son autorité.
Bien mal en aurait pris à Haruka de lui déplaire. C'est donc en effaçant la moindre contrariété de son visage qu'elle s’exécute.
Elle était l'une de ses petites protégées. Sa mère, en admiration devant cet inébranlable combattant, était parvenue à capter son attention et l'homme avait vu en sa fille un talent à chaperonner. Mais la jeune femme ne tenait pas en bonne estime l'individu, trop rigide à son goût. On ne s'embarrassait toutefois pas de son opinion pour cela comme pour le reste. Il fallait dire qu'à côté du souvenir de son ancien précepteur, Shohei, bien peu trouvaient grâce à ses yeux.

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Un peu plus loin, des socles de pierre attentent Haruka. Disposés en face d’une cascade dont l'écoulement harmonieux entre des rochers aide la concentration. Des quatre, il n'en demeure qu'un seul encore vacant, car sur les trois autres sont assis en tailleur une vieille femme, un jeune homme et un garçon en pleine méditation.

Le gamin, Senju Masato, fêtait à peine sa seizième année. C’était un petit prodige appliqué et orgueilleux en qui l’on plaçait de grands espoirs. Des espoirs démesurés, selon l’avis d’Haruka, même si l'adolescent s'estimait pleinement capable de les honorer.
L’homme quant à lui, Senju Kotarô, ne savait guère comment il s’était retrouvé là. Cette étrange anomalie était le fils d’une famille "mal née", habité par un talent qui le dépassait lui-même et qui lui avait permis de survoler les attentes du clan. Mais qui ne suffirait certainement pas à lui seul, cette fois, à faire siennes ses techniques les plus puissantes.
La vieille femme enfin, Senju Shiori, était un cas d’école. Née sans Mokuton, celui-ci était apparu vers ses 20 ans comme s’il avait été dormant. Son gène demeurait faible, incapable de produire les imposants végétaux que l’on connaît, mais elle était parvenue à force de volonté et d’ingéniosité à développer ses propres techniques basées sur l’utilisation de ronces. Son travail ayant toujours payé, elle s’était lancé le pari fou de réussir à exécuter une technique analogue au Roi Lotus, adaptée à sa propre singularité.  

Plongés dans un état proche de la transe, aucun d'entre eux ne sourcille à son arrivée, hermétiques tant à son mouvement qu'à la présence d'un public en face d'eux.
Ils étaient réunis ici pour se consacrer à l'apprentissage du Kanzeon, sorte de colosse ligneux à la face calme qui cristallisait les principes du clan : souplesse, grandeur et sapience. Une technique ancestrale et prodigieuse s'il en est qui avait été placée entre les mains d'illustres shinobi. S'en doter, s'était s'engager à incarner sans faillir l'esprit des Senju, à le transporter par-delà les frontières pour affirmer sa suzeraineté. L'affaire était donc sérieuse et avait attiré nombre de curieux. Il planait sur le terrain une atmosphère religieuse que certains, comme Haruka, auraient qualifié d'anxiogène.

Les précepteurs retors faisaient de genre d'exhibitions leur outil le plus humiliant, poussant les mauvais élèves à se produire afin que leurs échecs soient exposés à la vue de tous. Une opprobre censée leur rappeler leurs responsabilités et les pousser à l’excellence.  Pourtant, leur incapacité n’était pas toujours l’expression d’un manque d’effort, mais bien d’une faiblesse de leur gènes ou d’une absence de talent irrémédiables. Mais en ces temps de crise, il incombait aux héritiers du génome ligneux d’accomplir l’impossible, et à défaut, de se faire les boucs-émissaires d’une situation dont ils n’étaient pas vraiment responsables.
Afin ne ne pas endurer ces admonestations et les mesures qui allaient de pair, Haruka avait toujours déployé des efforts colossaux. Honorer les attentes du clan, c’était échapper à ce que la folie rigide qui le gagnait avait de pire, et qui le faisait parfois flirter avec l’austérité du clan Hyûga. Elle allait donc s'appliquer à maîtriser cette technique qui lui donnait de grands espoirs : si elle y parvenait, elle serait un accès direct à une liberté longuement convoitée. Car convoquer le Roi Lotus revenait dans une certaine mesure à s'extraire d'une subordination aux anciens émérites du clan. Faire jeu égal avec eux, c'était gagner la légitimité de leur opposer des refus.

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Nous allons commencer, déclame sentencieusement l’ancien Kanemitsu.

En face du quatuor, la petite foule qui s’était amassée afin de les observer se tait. Et Haruka de s’installer sur le socle rocheux, prête à entrer dans un état second.
Elle travaillait au Roi Lotus depuis bientôt un an. Son exécution était affreusement complexe et très gourmande en chakra, tant et si bien qu'elle ne permettait que deux tentatives d'exécution en une session, en plus de rendre obligatoire un long prélude méditatif à chaque essai. Mais au fil des mois, elle était parvenue à manifester tous les bras du Roi Lotus et ne ressentait plus le besoin de se concentrer sur la matérialisation de chaque membre. Quant à la procédure mentale stricte qui lui permettait d’obtenir ce résultat, elle n'était plus qu'une formalité.
La kunoichi ferma les yeux afin d'en projeter rapidement chaque étape dans l’obscurité de ses paupières closes, tout en abaissant progressivement le rythme de sa respiration.

Lentement, entrez l'intimité de votre conscience... commence comme à l'accoutumée le vénérable vieillard.
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Re: Aux mains du destin Sam 2 Jan - 20:29
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Aux mains

du destin

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L’antichambre de son inconscient était un lieu hanté par de vieux fantômes surgissant des tréfonds de son esprit. Un théâtre obscur, qui faisait de chacune de ses entrées en méditation un moment pénible dans lequel elle pouvait facilement s'enliser.
Le point de départ était invariable : une forêt en friche, emmitouflée dans une nuit sans lune.

***

Intérieurement, Haruka progresse sur ses sentiers boueux. Elle sait ce qui va suivre et, à peine y songe-t-elle que cela se produit. Des cris éclatent aux alentours, la cerclant de toutes parts. Ce sont les hurlements des filles et garçons de son enfance avec qui elle avait pu jouer ou grandir, un temps. Car ils avaient presque tous connu des destins tragiques lors de la grande guerre : monnaie d’échange, défouloir, "exemple" ou avertissement. Les stigmates de ce traumatisme ne disparaîtraient jamais.

Des injonctions tonnent depuis le ciel, couvrant ce brouhaha macabre. Des voix dures et sèches qui lui interdisent de pleurer et réprimandent ses rires. Elles l’exhortent au lieu de cela à répéter inlassablement des exercices.
Maintenant, achève-le !
Le miaulement plaintif d’un chaton retentit. Il souffre, ce qui soulève brutalement le cœur. Et la Senju de revenir une enfant de 7 ans, protestant de sa voix enfantine étranglée par les sanglots.
Si tu ne peux pas tuer un simple chat, comment comptes-tu affronter des shinobi Haruka ? Tu veux finir comme ton cousin ?
Elle secoue la tête, couvrant son visage poupin, mouillé de larmes, avec ses petites mains d'enfant.
Alors tue-le, une kunoichi ne doit jamais hésiter, que ton adversaire soit innocent ou pas.
Elle ne devrait même pas s’être entichée de cette bestiole en premier lieu. Cesse de pleurnicher gamine !
C’est parce que tu l’aimes que tu dois le tuer, tu comprends ? Si tu accomplis cela, tu deviendras plus forte.

Haruka lève le kunaï qui vient d'apparaître entre ses mains au-dessus du chaton. Son regard croise le sien, apeuré. Mais son bras s'abat.
Soudain, l'environnement se distord brusquement, à l'image de la brisure qui afflige son être. Il se reforme en un paysage d'hiver. Un jardin enneigé au manteau reflétant une lumière crue et froide, parsemé ça et là des vestiges de souches coupées.
La voilà redevenue adulte.
Dans le silence le plus total, elle erre entre les couloirs labyrinthiques de cette nature, ne parvenant guère à en deviner la sortie. Le temps passant, des gelures commencent à mordre l'extrémité de ses membres et s'étendent dangereusement. Comme la soif gagne un homme dans un désert, son esprit implore l'apparition d'une couverture, d'un feu bien chaud ou d'un corps contre lequel se blottir.
Mais rien ne vient.
Haruka tombe à genoux, engourdie. Il ne lui reste plus qu'à se recroqueviller sur elle-même dans cette poudreuse et mourir. Quelque part, le froid l'apaise.
Ca y est, elle ne ressent plus rien. Elle n'est plus que calme mortifère.

Un contact salvateur vient heureusement l'extraire de cette fin. Des mains chaudes, comme autant de rayons généreux, la prennent par les épaules pour la redresser. Elle découvre alors sur sa droite le doux regard de Kirei Yamanaka, et sur sa gauche, le sourire serein de Shohei.
De nouveaux éclats de voix s'élèvent tandis que lieux s'ensoleillent. Ce sont les chamailleries de genin qui avaient traversé son bureau et qui débaroulent à présent sous ses yeux.

***


La suite... la suite était toujours imprévisible.

Aux mains du destin 3479c910

Cette fois, la silhouette carbonisée de son chef, étendue au sol dans une mare de sang, allait-elle à nouveau agripper sa cheville en lui demandant pourquoi ? Un double d'elle-même, déformé par une laideur monstrueuse, allait-il encore enfoncer une lame dans son cœur ? Tant de choses pouvaient surgir.

Haruka.

La jeune femme entrouvre une paupière pour darder de son iris de jade celui qui vient de perturber son cheminement intérieur.

Ton flux de chakra est irrégulier, concentre-toi, intime le vieux Kanemitsu, qui la dévisage en plissant ses petits yeux striés de pâtes d'oies.

L'ancien avait toujours l'air de deviner ce qui la troublait.
Pour toute réponse, la Senju expire profondément, dans une tentative d'invoquer le calme qui lui fait défaut pour arpenter les voies tortueuses de son esprit.
Résolue à ne pas laisser se poursuivre le scénario de son inconscient, dont elle redoute à raison le dénouement, elle entreprend de figer sa méditation au dernier instant de bonheur qui lui est apparu jusqu'à ce qu'enfin, sa vision ne se résume plus qu'à un panorama blanc et clair. Une page blanche prête à recevoir l'enseignement convoité.

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Bien, commente aussitôt le précepteur, qui semble percevoir une amélioration.
C'est alors d'un ample geste théâtral, sublimé par la longue manche de soie qui accompagnait les mouvements de son bras, qu'il brandit sa canne au ciel.
Le Roi Lotus est arborescence. Il est la graine qui germe et croît pour aller chatouiller les cieux. Il est le candélabre, aux mille branches dressées vers le divin, comme autant de bras levés pour accueillir sa bénédiction.
Le vénérable articulait soigneusement chaque mot, les déroulant tels une poésie sacrée donnée en offrande à leurs oreilles.
Dirigez votre flux en respectant le principe de l'éclosion. Suivez son mouvement, accompagnez son énergie jusqu'à la porter délicatement au-dehors de votre être. Je ne veux voir ici ni jaillissements barbares, ni agglomérats stagnants.
Tandis qu'il donnait cette leçon, Kunemitsu mimait son propos par des gestes gracieux mais martiaux, décrivant une sorte de danse évocatrice.
La manifestation du Roi lotus est un accouchement. A présent, déployez votre corps comme l'arbre pousse.

De concert avec les autres participants, Haruka se relève en menant une chorégraphie millimétrée. Aucun geste ne souffrait d'imprécision ou d'hésitation, signe qu'ils avaient été répétés de nombreuses fois. Alors, joignant ses paumes et partant de son bassin jusqu'au dessus de sa tête, elle décrit une ascension, puis un arc de cercle avec ses mains.
La petite foule qui observait la scène était ostensiblement fascinée par cette procédure mystique, et si la plupart n'y voyait probablement qu'un joli ballet, les participants, eux, en tiraient un véritable bénéfice. Par ce pantomime, leur énergie physique apprenait à circuler d'une façon bien précise, arborescente. Un byakugan ou un senseur observant cette canalisation aurait été capable de percevoir un flux de chakra dessinant la forme d'un arbre. Quant à leur énergie spirituelle, elle se nourrissait de l'imagerie que leur avait dépeinte leur enseignant et elle ne devait souffrir d'aucune impureté pour suivre un schéma bien défini.

Par le Yin, concevez l'essor, l'efflorescence. Par le Yang, insufflez-lui la vie. Par le Bois, donnez-lui un corps dans lequel s'exprimer.

Le processus dura encore une dizaine de minutes durant lesquelles les participants parvinrent à synchroniser leurs mouvements à la perfection, et cette harmonie était le signe qu'il étaient prêts.
Alors, d'une interjection sèche, il leur commanda d'effectuer leur première tentative.
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Re: Aux mains du destin Dim 3 Jan - 14:43
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Aux mains

du destin

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Le parchemin jusqu'alors vierge de son esprit, griffonné seulement de quelques ébauches, tremble sous le coup de pinceau qu'il vient de recevoir. Non sans appréhension, Haruka venait d'amorcer par sa volonté le processus de malaxage de son chakra.

Son flux arborescent, tel un geyser expulsant une gerbe d'eau, se réunit brutalement en un seul vaisseau pour plonger dans la terre. Les mains de la Senju signent alors une série de mudrâ, plusieurs fois celui du Serpent. A mesure qu'elle les compose, elle sent cette rivière d'énergie former des ramifications complexes au-dessous d'elle qui ne tardent pas à donner naissance à une structure ligneuse. Son chakra s'écoule abondamment, jusqu'à ce que celle-ci soit assez vigoureuse pour éventrer le sol derrière elle.
Cette fraction de seconde était un moment charnière où tout son travail pouvait s'effondrer pour ne donner naissance qu'à un tas de bois tumoral. Elle avait appris à le repérer, puis à le saisir.
Haruka fait donc pulser son chakra, ce qui donne Roi Lotus l'impulsion nécessaire pour amorcer correctement son essor et se déployer. La manœuvre emporte un peu de son souffle, conséquence naturelle du relâchement d'une telle quantité d'énergie en si peu de temps, mais lui permet de faire croître sa statue noueuse jusqu'à une hauteur spectaculaire.

Elle devait à présent perfectionner son tableau spirituel. Haruka visualise l'éclosion d'un lotus, aidée par la chorégraphie de son corps, puis commande à son chakra des les imiter en affluant au centre de du colosse avant de s'écarter sur les côtés. Et la réalité d'obéir à son injonction : les bras du Kanzeon se déploient en décrivant un arc de cercle.
Bien qu'exténuante, Haruka savourait la sensation inhérente à la réalisation d'un tel jutsu. Une grisante impression de pouvoir, qui lui était d'autant plus délicieuse qu'elle n'en possédait pas tant lorsqu'il s'agissait de choisir comment mener sa propre vie.
Cette pensée, fugace mais prégnante, fut le point de départ d'un échec terrible.
Enivrée par ce parfum de puissance, son flux de chakra redouble d'ardeur là où il aurait dû s'assécher pour parachever la construction. La manifestation du Roi Lotus s'en trouve aussitôt déséquilibrée, puisque d'autres bras commencent à naître dans son dos, bien plus qu'il n'en faut.

Haruka ! Maîtrise ton flux, gronda sèchement Kunemitsu.

Mais elle n'entendait pas, déjà absorbée dans une spirale infernale.
Tous vénérables qu'ils soient, pourquoi leur obéir si servilement ? N'était-ce pas insensé que l'une de leurs meilleures kunoichi ait si peu de liberté ? Même sans le Roi Lotus, elle était presque certaine d'avoir le pouvoir de la leur réclamer à la force du poing. Voilà une philosophie à laquelle ils devaient être sensibles, eux qui ne juraient que par les traditions rigoristes du temps de la guerre.
Engouffrée dans une rage montante, le Kanzon répond à son émotion en se déformant. Ce qui avait été une noble sculpture aux traits délicats se métamorphose en un golem grossier : ses mains deviennent des poings disproportionnés, son visage se ferme de colère et sa carrure s'épaissit, menaçant d'écraser par la taille les participants ainsi que les spectateurs si personne ne l'arrêtait. D'ailleurs, ces derniers commençaient à s'inquiéter pour leur sécurité, comme le laissaient deviner les chuchotements à la fois interrogateurs et épouvantés qui s'élevaient dans la foule.

L'absence de réaction de la part de Kunemitsu semblait toutefois les empêcher de céder à la panique. Le vieil homme se contentait en effet d'observer la scène avec son habituelle impassibilité, bien que son froncement de sourcil paraisse plus prononcé que de coutume.
Les autres participants le questionnèrent du regard, peu rassurés par la tournure des évènements, mais il leur intima de ne pas bouger en secouant simplement la tête.

Dans un état second induit par sa transe, la jeune femme entrouvre finalement ses paupières pour mirer la personne qui cristallise une bonne partie de ses problèmes. Elle croise ainsi le regard de sa mère, qu'elle toise avec une défiance discrète. Un acte de rébellion hautement inhabituel pour la Senju, mais qui n'avait rien d'une première.
À cette oeillade, Iyona sembla comprendre immédiatement que les difficultés de sa fille n'étaient guère induites par un manque d'expérience, mais par l'un de ces emportements malvenus qu'elle aimait à punir avec autorité d'une gifle ou d'une privation quelconque.

Petite écervelée ! Arrête ! aboie aussitôt sa génitrice, qui vient de se ruer en avant en poussant les quidam sur son passage. Ceux-là même qu'elle flattait quelques secondes plus tôt, mais qu'elle balayait à présent comme des fétus de paille, offrant à tous un digne aperçu de son véritable visage.

Augurant de l'effet contre-productif de son intervention, Kunemitsu lui jeta une œillade réprobatrice.
La remarque ne fit effectivement qu'exciter la véhémence d'Haruka comme une bûche dans le feu, et son Roi Lotus sembla prendre le chemin d'un décuplement effroyable.
La kunoichi ruminait ses griefs, songeant aux images qui hantaient ses méditations. Elle était à l'image du jardin d'hiver qui lui gelait le cœur. On l'avait taillée à la serpe, enfermée dans un dédale sans issue, privée de chaleur. Mais dans un jardin comme ailleurs, cependant, vient toujours un moment où la nature reprend ses droits.

Kunemitsu faites quelque chose ! implore Iyona, prête à se jeter sur sa fille.
Mais le vieillard lui barre la route de sa canne.
Inutile.

Difforme, le Kanzeon se trouvait bien incapable de se mouvoir correctement, en dépit du tumulte bouillonnant qui lui commandait de s'étendre. Ses bras trop massifs étaient retombés, cloués au sol, et son dos s'était courbé à un rien de la cassure, en raison de son propre poids. Dépassée par sa création, le chakra d'Haruka saignait abondamment de son corps. Le Roi Lotus manqua ainsi bien assez vite d'énergie pour nourrir sa croissance démesurée, qui s'en trouva fort ralentie.
La jeune femme, elle, se trouvait au bord de l'évanouissement. Lorsqu'elle atteignit ses limites, elle quitta son socle de pierre pour tituber en avant. Elle lutta obstinément -pour arrêter son écoulement incontrôlé de chakra ou pour continuer son béhémoth, nul n'aurait pu le dire- mais s'effondra au bout du compte dans l'herbe. S'ensuivit la dislocation immédiate du monstrueux Kanzeon dans un craquèlement épouvantable. Il s'écroula sur lui-même en projetant quelques débris, obligeant les spectateurs à se reculer dans la hâte.
Tous, alors, échangèrent des regards confus. Incapables de saisir ce qui venait de se produire sous leurs yeux.
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Re: Aux mains du destin Mer 6 Jan - 0:57
Senju Haruka

Deux paupières embrumées s’entrouvrent, laissant percer des reflets de jade sous le filet de lumière d’une fenêtre.
Il faisait chaud.
Sa gorge était sèche.
Son corps fatigué.
Elle était allongée au creux d’un lit, enveloppée dans des couvertures soyeuses. Autour d’elle, une chambre aux boiseries familières.

Oh mais était-ce vraiment une "simple erreur" ? Il m'a plutôt semblé y voir de l'animosité, éclate une voix au loin, étouffée par la distance et les cloisons du bâtiment. Dans ces conditions, je me demande s'il est vraiment sérieux de lui enseigner cette technique !
Je vous en prie ! Vous parlez de l’ancienne intendante de Konoha, pas d’une terroriste détraquée ! s’insurgea une autre voix, féminine.
Ce n’est pourtant pas les actions d’une ancienne intendante auxquelles j'ai assistées, mais celles d’une inconsciente !
Calmez-vous, enfin…
Non au contraire, j’ai toutes les raisons de m’emporter. Je veux bien tolérer ce genre d’incidents chez des adolescents immatures, mais nous parlons ici de quelqu’un qui est censé montrer l'exemple à nos jeunes ! Je n’ai aucune envie de placer le roi lotus entre les mains d’une incontrôlable qui se moque de compromettre nos traditions les plus sacrées.
Vous délirez mon pauvre ! Ma fille est et demeure un exemple de discipline et de droiture. Ce n’est qu’une crise de nerfs passagère, nous allons…
Ha ! Une petite crise de nerfs hein ? Ce genre de "petits désagréments" sont coûteux et inquiétants lorsqu’ils concernent une jônin, vous ne croyez pas ? De surcroît madame, j’ai l’impression qu'il s'agit de bien plus que cela !
Assez !
Une lourde canne s'abat sur le plancher.
Seiji. Des affaires familiales sont à l'origine de tout ceci. Vous savez combien elles peuvent être compliquées. Apaisez donc vos craintes, mon ami. Le clan ne verra ni son image, ni son intégrité compromises. Je vous garanti que tout rentrera bientôt dans l'ordre.
Un silence plane quelques instants, avant d’être brisé par un soupir résigné.
D’abord Naoshige, et maintenant ça… Le clan a besoin de retrouver sa stabilité Kunemitsu. Ça ne doit pas se reproduire. Réglez le problème, quel qu’il soit.
Un second silence.
Puis, des bruits de pas se hâtent dans le couloir.
Une porte claque.

Ils parlaient d'elle.
Des images de la veille lui reviennent, déplaisantes. Une gêne, une honte. Un peu de culpabilité, mais aussi de désespoir face à ce ressentiment qui se tapit quelque part, attendant qu'on lui ouvre la porte. Pourquoi était-elle comme ça ?
Tant pis. Seiji pouvait bien penser ce qu'il voulait, il avait toujours été la quintessence du larbinisme imbécile, un fervent gardien de l'ordre et des traditions prêt à marteler le moindre clou qui dépasse.
Même si pour une fois, il avait raison. N'importe qui aurait pensé la même chose.

Haruka s'emmitoufle sous les couvertures et ferme à nouveau les yeux.
Elle de besoin de dormir.
Dormir d'un sommeil de plomb.
Et oublier.

***

Une main posée sur elle la tire du néant réparateur.
Un contact hésitant qui l'effleure à peine.
Elle grommèle.
Haruka, tu as suffisamment récupéré, cela va faire deux jours que tu dors. Réveille-toi.
Le ton est sec. Sans compassion, ni tendresse.
En se retournant, la kunoichi croisa deux pupilles violacées qui la criblaient du regard. En-dessous, des lèvres pincées, une moue amère.

Aux mains du destin Rdh-1

Ayant obtenu l'attention de sa fille, Iyona retira sa main et se redresse sur la chaise, installée à son chevet. Elle lui laisse le temps de s'éveiller, puis, pousse un profond soupir teinté de rancoeur.

Pourquoi faut-il toujours que tu me déçoives et ruines mes efforts ?

Un silence lourd et dense d'inimité mutuelle ponctue ce commentaire. 
Haruka ne lui offre cependant aucune aucune réaction. Autrefois, elle aurait fondu en larmes, dévastée par de tels mots. Par son incapacité à faire reconnaître la légitimité de ses émotions, ne serait-ce que leur existence, à celle qui l'avait mise au monde. À obtenir de celle qui était censée la prendre dans ses bras, sans doute, un peu d'affection.
Cela lui faisait toujours mal, mais avec l'habitude et le temps elle avait appris à se forger une carapace. Aussi se redresse-t-elle simplement à son tour afin de se s'adosser contre le lit.

Si seulement vous pouviez garder vos efforts pour vous, mère, nous serions tous très heureux.
Iyona se fend d'un rictus sardonique.
Comme si tu savais ce qui peut rendre les autres heureux, toi, qui ne pense qu'à ta petite personne. À tes petits chagrins insignifiants, pendant que les autres portent leurs fardeaux sans se plaindre.
La cheffe de famille se penche en avant.
Tu ne sais rien de la souffrance. Tu penses avoir vécu des choses injustes et terribles, mais la réalité, c'est que des gens tueraient pour être à ta place. Pendant que d'autres croulent sous les tragédies, tu t'inventes des tourments et tu infliges au monde tes caprices. Tu n'es qu'une ingrate que j'ai honteusement gâté, mais je compte bien corriger mon erreur.
Comme pour désamorcer cette confidence brutale et revenir au rôle d'élégante dame qu'elle s'évertue à maintenir, Iyona se redresse en se raclant la gorge.
Prends garde, ma fille, à ne pas outrepasser mes limites et celles du clan, lâche-t-elle pour conclure sa pensée.
Sur ces mots, elle se lève.
Ton précepteur t'attend dans les Grandes Forêts. Il te fera la leçon seule, cette fois. Tu reprendras également tes autres exercices demain, à la même heure que d'habitude. Et n'oublie pas le rendez-vous galant que nous t'avons arrangé en fin de semaine.
Elle coule alors vers elle un regard lourd de jugement vers sa progéniture, puis prend la direction de la sortie.

Haruka la regarde s'éloigner. Son œillade est noire, comme la haine qu'elle ne parvient jamais à camoufler dans ces moments. Peut-être atteint-elle sa mère, peut-être pas, mais sa royale indifférence l'y enfonce toujours plus loin.
Son discours, elle se l'était déjà infligée à elle-même avec autant de dureté. La culpabilité de ses propres sermons intérieurs n'a toutefois guère besoin d'être attisée davantage. Elle n'y pouvait rien, tous ces griefs accumulés lui montaient à la tête. Et puis, qui était-elle pour amenuiser sa douleur ? Bien réelle, pour qu'elle en arrive à de telles extrémités. 
Le froncement dédaigneux de la Konohajin s'accentue en sentant poindre l'envie de cracher son venin à sa parente. Puisqu'elle est d'humeur à parler de limites et de déceptions, elle compte bien la satisfaire. 

Ne trouvez-vous pas étrange que même au sein de l'ANBU, je ne trouve que des pages vides d'informations sur la disparition de Shohei ? l'interpelle sa benjamine avant qu'elle ne referme la porte.

Sa mère s'arrête net, silencieuse.
La remarque était une menace, un aveu et une suspicion accablante. En lui dévoilant un peu de la nature de sa nouvelle fonction, Haruka proférait un avertissement sérieux : là où elle se trouvait, elle finirait par savoir ce qui était véritablement arrivé à son ancien précepteur. Et quelque chose lui soufflait que sa mère n'y était pas étrangère.
Après un moment de ce qui semble être une intense réflexion, Iyona ne se décompose toujours pas. Elle se contente de reprendre sa marche, puis disparaît derrière l'entrebâillement de la porte.
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Re: Aux mains du destin Ven 24 Sep - 19:21
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Aux mains

du destin

...

Haruka traversait le domaine Senju sans vraiment regarder autour d’elle. Ses pensées allaient à l’incident de ces derniers jours, ainsi qu'au silence éloquent de sa mère. Elle avait toujours su que cette histoire cachait anguille sous roche, mais comment la faire parler ? La jônin avait beau y avoir réfléchit pendant des années, cela ne lui avait toujours pas apporté de solution et ce n'était pas le moment de songer à cela. Elle presse donc le pas, désireuse d'en finir avec cet entraînement qui l'amène au bord de limites trop inconfortables.
Elle avait quand même même hésité à rejoindre Kanemitsu, la honte lui commandant de rester terrée dans sa chambre pour ne pas avoir à affronter son jugement ou d'autres pénibles séances de méditation. Mais force était de reconnaître que cela n’aurait fait qu’aggraver la situation. 

Alors qu’elle marche dans ses pensées, la Senju repère à la périphérie de son regard trois personnes qui tournent la tête vers elle. Elle pense tout d'abord à les ignorer et continuer son chemin, mais elles semblent parties pour venir à sa rencontre.

Haruka-dono !

La Konohajin reconnaît la voix de Kotarô et, tandis qu'elle jette un oeil aux autres arrivants, elle identifie les autres personnes avec qui elle avait suivi l’entraînement du Kanzeon. C’était la première fois qu’elle allait leur parler, ce qui lui tire une anxiété supplémentaire.

Ah… bonjour.
Vous nous avez fait peur l’autre jour, dites-donc. Mais je suis ravi de voir que vous allez bien.
Ouais, ce machin aurait pu nous tomber dessus ! Qu’est-ce que vous avez fabriqué ? surenchérit l’adolescent, Masato, avec une pointe d’agacement.
Je suis désolée, s’incline immédiatement Haruka. J’ai quelques soucis qui me préoccupent un peu trop, je les ai laissés empiéter sur ma concentration. Vraiment navrée.
Allons allons, la rassure la vénérable Shiori en ricanant d'une voix chevrotante, c’est on ne peut plus normal d’avoir des tracas quand on travaille autant que vous. Je dirais même à vôtre âge, si vous me permettez de jouer les vieilles femmes maternantes.

La cheffe de l’ANBU lui renvoie un sourire reconnaissant.

Bah, je trouve ça vraiment indigne de son rang ! Moi, jamais ça ne m'arriverait. Surtout qu'elle s'entraîne depuis plus longtemps que nous. L'adolescent se tourne vers Haruka, une déception coléreuse dans le regard. Je le sais, parce que j'allais voir tous tes entraînements. C'est toi qui m'a donné envie de m'attaquer au Roi Lotus.

Les deux autres regardent Masato avec irritation. Le franc-parler était différent de l'offense, et il flirtait un peu trop souvent avec le second. Ici comme ailleurs, ses compétences aussi exceptionnelles soient-elles ne lui donnaient pas tous les droits.

Quoi ? On dirait presque que ça ennuie madame d'être ici avec nous. Elle aurait mieux fait de rester gratter des papiers à l’intendance si ça lui déplaît !

Au comble de l’indignation, Kotarô prend le jeune homme à part, visiblement décidé à lui passer un savon. Mais ses remarques avaient déjà fait leur chemin dans l'esprit d'Haruka. A bien des égards, il lui rappelait Nami, sa sœur aînée qui ne se gênait jamais pour lui rappeler combien elle aurait aimé, elle, participer à ces entraînements. S'attirer l'attention de leur mère sans avoir à faire le moindre effort, par la simple possession du Mokuton.
La kunoichi se rendait compte que les conséquences de son attitude revêche ne blessaient pas seulement son entourage. Elles inspiraient aussi un sentiment de dégoût, voire de trahison, à ceux qui avaient fait l'erreur de la prendre pour modèle.
Pourquoi n'arrivait-elle pas à apprécier ce que les autres lui enviaient ?

Il a raison, s'attriste Haruka une fois les deux à bonne distance. Je n’ai pas été digne de cet enseignement.
Ne laissez pas les réflexions brusques d’un adolescent aussi impétueux que Masato vous troubler. Il est jeune et fier, il comprendra plus tard que les choses ne sont pas aussi simples qu'il le pense. Sans doute à son premier échec, qui ne saurait tarder avec cette attitude...

Haruka la regarda avec un air de chagrin au fond des yeux. Hélas, cela ne suffirait pas à la soulager du poids de la culpabilité et de l'embarras.

Oh ma petite… Ne vous faites pas tant de mouron pour cet accident, se désole la vieille Shiori en s’approchant pour poser délicatement sa main sur sa joue.Quels que soient vos problèmes, pensez un peu à votre bien-être. Vous avez déjà tant fait pour ce clan. Et si ça peut vous redonner du baume cœur, sachez que de nous quatre vous êtes la plus susceptible d’arriver à manifester le Roi Lotus.
Elle dépose une caresse sur son visage, puis recule.
A mon âge, on a l'œil pour ces choses-là. Masato est doué mais manque d’expérience et d’humilité, Kotarô n’a pas assez de discipline, quant à moi… persévérance sans talent ne mène pas plus loin que l’inverse. Mais vous disposez de ces qualités. La seule chose qu'il vous manque est la paix.

Haruka la dévisage, une profonde gratitude au creux de ses prunelles de jade. Ces mots l'avaient amenée au bord d'une précieuse réalisation.
Jusqu'à présent, elle avait pensé ses déboires relationnels décorrélés de sa progression martiale en tant que kunoichi, cherché à les bannir de ses pensées à chaque séance d'entraînement. Mais accomplir un jutsu n’exigeait pas simplement une parfaite connaissance des arts shinobis ou une condition physique exemplaire, il requérait également une certaine stabilité psychique afin de dépolluer le Yin des impuretés qui pouvaient entraver l'imagination.
D'ailleurs, au-delà de facultés conceptuelles nécessaires à leur technicité, les techniques avancées portaient en elle des valeurs particulières qu'il fallait incarner à la perfection, en plongeant dans un état d'esprit précis. Voilà pourquoi l'on considérait avec tant de sacralité des shinobi tels qu'Hashirama : il s'agissait d'individus capables de moduler et discipliner parfaitement leur conscience, en toutes circonstances. Mieux encore, capables d'exploiter leurs émois afin qu'ils servent d'appui à leurs jutsu.
Le mental d'acier d'un bonze dans le corps d'un athlète, telle était la trempe des meilleurs ninja.

La Senju remercie Shiori pour ses conseils et prend congé, se dirigeant à la hâte vers la sortie du domaine, puis du village. Elle a un froncement songeur en se demandant comment convoquer la paix qu'il lui manque. Lui faut-il consulter les moines du temple de Konoha ? Non. Une seule chose peut lui apporter un semblant de tranquillité : la réponse à une question qui la ronge et l'assouplissement des exigences des anciens du clan. En l'occurrence, une personne peut les lui apporter, et il s'agit du vieux combattant qu'elle s'apprête à rejoindre.
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Re: Aux mains du destin Sam 25 Sep - 16:23
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Aux mains

du destin

...

L’atmosphère était paisible aux abords du village de la feuille, baignée par les doux rayons sans nuages d’un après-midi de printemps. Le vieux Kunemitsu y flânait le long des murailles caressées par un sous-bois délicat. Tapis de verdure constellé de fleurs sauvages où se cachait une vie minuscule et silencieuse, pourtant aussi agitée que celle des enceintes.
Précautionneusement, il posa le pied dans un talus pour venir se pencher sur une colonie de fourmis qui s’affairaient méthodiquement.
Le vénérable précepteur aimait observer ce monde parallèle lors de ses coutumières promenades solitaires, qu’il trouvait être un reflet surprenant de la société lui inspirant parfois quelques illuminations. Difficile de concevoir que ce guerrier métallique se plaisait à vaquer à de telles contemplations, mais il était sage de se méfier des apparences : la nature humaine était pleine de surprises. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il préférait s’écarter du tumulte du clan et se retirer ici. Tout ce que l’Homme avait d’étonnant, l’ancien l’avait entrevu, et de nombreuses fois la chose ne lui avait apporté que de tragiques déceptions. Seule la nature lui offrait encore la sensation de la découverte, le récompensant par l’émerveillement plutôt que le dégoût. Cela et l’enseignement peut-être, en de rares occasions.

Kunemitsu se redressa en poussant un soupir, avant de partir s’enfoncer dans le bois.
Il attendait patiemment son élève, sans avoir la certitude qu’elle viendrait. Mais il avait bon espoir. L’homme embrassa les environs du regard, absorbé par d’importantes réflexion à en juger par la ride du lion qui creusait légèrement son visage. Il semblait se préparer à quelque chose, avec une résignation pétrie de doutes.
Après de longues minutes, il sentit enfin son invitée approcher.
Ce n’est que lorsqu’il fut en mesure d’entendre ses pas se faire plus clairs, puis le silence les remplacer, qu’il délaissa ses songes pour se tourner vers elle. Alors, de ses yeux plissés par l’âge mais pétillants de sagacité, il la dévisagea.

Tu es prête, affirme-t-il simplement après cet examen.

Aux mains du destin Ae9ecc10

Haruka le regarde avec curiosité ombrageuse. Elle s’était toujours demandé comment ce vieux combattant bourru parvenait à déchiffrer ses états d’âme avec une telle précision, et ce n’était que maintenant qu’elle prenait le temps de s’intéresser à lui que la réponse la frappait. L’ancien Kunemitsu avait connu bien des batailles, passé bien des années à affûter ses compétences. Ce senseur vénérable avait poussé son art à un tel niveau qu’il en était devenu capable de sentir, sans même l’aide d’un jutsu, l’état d’esprit des gens autour de lui.

Vous savez ce que je vais vous demander, n’est-ce pas ?

Il acquiesce silencieusement. La nature de son plus bouillant tourment n'avait pas pu échapper à un homme aussi perspicace, qui la mentorait depuis l'adolescence.
C'était à propos de Shohei, son prédécesseur, mystérieusement mort lors d’une mission dans le pays du feu et qui avait laissé derrière lui un vide béant dans le cœur de la jeune femme. À compter de ce jour, sa famille l'avait sévèrement banni de toutes les conversations, jusqu'à son souvenir, peu importe avec quelle insistance elle avait essayé de convoquer son nom ainsi que des réponses. Ils n'avaient même pas cherché à éclaircir les conditions de sa mort, bien qu'il eut s'agit d'une mission des plus banales et lui, d'un shinobi d'envergure. Aussi avait-elle avait passé des années à le chercher en réaction à cette loi du silence, refusant de croire à son décès et incapable d’accepter son absence. Mais ne subsistait de lui que de vagues informations dans des rapports d'époque, tous plus évasifs les uns que les autres.

Je savais que nous finirions par en arriver là tôt ou tard, bien que ta mère ait toujours rejeté cette idée, avoua sobrement l’ancien qui, sur ces mots, vient déposer sa précieuse cane contre un arbre. Augurant sans doute du combat qui se profilait à l'issue de cette conversation.
La vérité te délivrera ou te piègera dans la rancœur, nous verrons ce qu’il en est. Mais je crois qu'il est temps de prendre ce risque. Il en va de ma responsabilité de lever les freins à ton accomplissement en tant qu’héritière du Mokuton, par tous les moyens.
Il revient alors se planter en face d’elle, mains croisées dans le dos.
Bien. Je vous écoute, dans ce cas, répond-t-elle sèchement sans s’embarrasser de la moindre politesse.

Pour la première fois, elle laissait entrevoir ses véritables sentiments, ce qui fit étrangement sourire le vieil homme au lieu de le courroucer. L'ancien avait compris qu'il s'agissait d'un problème humain qui ferait obstacle à toutes ses réalisations, peu importe à quel point elle apprenait à maîtriser son chakra. Le déséquilibre du Yin était un mal qui rampait dans l'âme, non dans le corps.
Dans ce qu'il s'apprêtait à faire, on pouvait y voir l'ultime exercice qu’il proposerait à son élève. Si elle le relevait, le Kanzeon serait à sa portée, cela et bien plus encore. Si elle échouait, que les kamis préservent le clan du ressentiment de l’âme meurtrie et haineuse qu’ils avaient involontairement engendrée, à force d’autorité et de mensonges.

Je comprends ton hostilité à notre égard. Il n’y a pas pire traitement à infliger à celui qui a deviné la vérité que de la lui interdire en lui opposant le silence, ou de brimer sa quête en l’accusant de divagations.

Vous le reconnaissez alors ? Ce que j’ai pressenti est correct. Sa mort n'est qu'une vaste fumisterie, probablement orchestrée par mère n'est-ce pas ?

Patience, gronde Kunemitsu en sentant l’agressivité de son interlocutrice monter d’un cran, ce qui parvient à tempérer efficacement son ardeur. Shohei est bien mort, et nous avons laissé cette duperie te ronger car la vérité est parfois plus douloureuse que le mensonge.

Haruka a un froncement confus.
Il était bien mort ? Alors, ça signifiait qu'elle avait véritablement passé des années à courir après un fantôme ? C'était incompréhensible. S'ils n'avaient pas menti là-dessus, alors qu'y avait-il à cacher ? Que pouvait-il donc y avoir de si terrible pour qu’ils cherchent à la maintenir dans l’ignorance ?
Son silence curieux l’invitait à poursuivre.

Nous avons préféré t’infliger la blessure d’une "simple" perte, sans y ajouter celle d’une vile manipulation, qui aurait été autrement plus dévastatrice. Vois-tu, Shohei était un homme peu loquace, mais d’un charisme indéniable. J’irais même jusqu’à parler de charme.
Le vieux Kunemitsu pose un regard navré sur elle.
Si j’avais été une jeune fille dans la fleur de l’âge, moi aussi, je suppose que cela m’aurait impressionné.
Sous le coup d’une fugace mais violente irritation, Haruka le darde de ses iris vipérins. Elle s'apprête à lui rétorquer quelque chose, mais il l'interrompt avant qu'un son ne sorte de sa bouche.
Tout ça pour te faire comprendre que personne ne te reproche d’avoir été séduite. Nous ne pouvons blâmer que la malchance, ou le destin, qui sait, que cela soit tombé sur toi.

Venez-en au fait, siffle d’agacement la jeune femme.Arrêtez de prendre des gants, je ne suis plus une enfant désormais.

Kunemitsu cligne doucement des yeux.
Non, en effet.
Il pousse alors une longue expiration, laissant deviner à quel point il redoute les conséquences de la confidence qu'il s'apprête à faire.
Les intentions de Shohei à ton égard n’ont jamais été louables. C’est pour t’amadouer qu’il s’est montré si patient, si tendre et agréable. Et tu l’aurais suivi jusqu’au bout du monde, surtout si cela t'avait permis d’échapper aux obligations que tu détestes tant.
Une profonde gravité creuse les traits de l'ancien.
Sans notre intervention, il t'aurait fait prendre le chemin de son repère où lui et toutes les autres vipères qui ont trahi le clan se terraient. Ils auraient coulé leur poison dans ton esprit, et tu te serais prêtée délibérément à leurs répugnantes "expériences", sous les mains des Omura.
La Senju hausse les sourcils, parfaitement stupéfaite.
Les Omura ? Qu’ont-ils à voir là-dedans ? Quelles expériences ?
Le vieux Kanemitsu ne répondit pas tout de suite, comme si chaque instant passé à remuer cette plaie lui en coûtait terriblement. En bon guerrier, il avait toujours été attaché à des choses telles que l'honneur, surtout celui des siens, et cet incident l'avait irrémédiablement souillé.

Aux mains du destin 4dde4110

Le clan a commis de nombreux excès dans la poursuite de la préservation du Mokuton, mais jamais il n’a accepté de franchir la limite qu’il a franchie, allant à l'encontre de l'avis du conseil comme du bon sens, répond-t-il finalement en répugnant à rentrer dans le détail des exactions de Shohei. S’associer à un clan ennemi pour manipuler nos gènes, même favorablement, est une honte qui entachera à jamais l'histoire des Senju et qui ne doit en aucun cas survivre au temps.
Le vieux Kanemitsu secoue la tête avec sévérité. Son regard semblait contempler une scène pénible de sa mémoire.
Quand cela s'est su, le clan a envoyé un contingent le dénicher, lui ainsi que tous ceux qui concédé à cette folie, afin de laver notre nom. C'est bien lors de cette mission toute particulière, dont seuls les nôtres connaissaient les véritables enjeux, que Shohei a été exécuté. Je le sais mieux que personne, puisque j'en faisais partie.

La kunoichi se fige, incrédule. Était-ce encore une fabulation ? Un moyen de l'empêcher de creuser plu loin ? Shohei avait été si bon avec elle, son seul ami, son confident. Il lui avait tout appris, n'avait eu de cesse de la faire grandir avec patience et délicatesse. Il était impossible que tout ça n'ait pu être qu'une comédie, pas sur tant d'années. Il lui avait forcément porté une certaine affection.
Forcément.
Dans le cas contraire, cela signifierait qu'elle n'avait jamais vraiment eu quelqu'un auprès d'elle.
Cette perspective lui donna un vertige qui était bien au-delà de ce qu'elle était capable de supporter. Elle s'efforça donc de rejeter l'éventualité que Shohei n'ait fait que la manipuler, mais plus elle le faisait, plus elle sentait une paranoïa dangereuse infecter la moindre de ses pensées. Qui devait-elle croire ? En qui pouvait-elle avoir confiance ?
Un long silence venait d'appesantir l'atmosphère autour des deux Senju.

Shohei était...

Un traître.

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Re: Aux mains du destin Sam 25 Sep - 20:07
Senju Haruka

Aux mains

du destin

...



Le souvenir d'une sensation de poils de pinceaux humides qui entrent au contact de sa peau, et de peinture étalée sur son front, ressurgissent.
"Et voilà, regarde."
Elle se revoit découvrir son reflet, une fleur délicatement dessinée entre ses sourcils. Puis du rose qui lui monte aux joues.

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"Un jour, tu finiras par éclore comme cette fleur.
Je serai aussi belle ?
Tu seras magnifique ! Et forte, si tu te concentre pendant mes cours.
Mmmf, je suis déjà comme ça."
Un éclat de rire.
"Pour l'instant, tu es un petit bourgeon qui cherche son soleil."

Le visage radieux qu'il arborait à cet instant renaît dans son esprit. Le filet diaphane du jour qui nimbait le contour ses cheveux. Ses traits sereins, l’impeccabilité de sa tenue et de ses manières. Son ton rassurant.
Rien de tout cela n’allait avec le mot "traître".

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Les yeux d'Haruka s'embuent imperceptiblement.
Ou peut-être que si. Peut-être qu’il avait été trop parfait pour que ce soit autre chose qu’un rôle.Et alors? pense-t-elle aussitôt. Sous ce masque, il n’est pas impossible qu’il l’ait appréciée. Un bon mensonge comporte toujours une part d'honnêteté. Elle a d'ailleurs le souvenir d’un éclat d’affection dans son regard. Et puis, il ne l’avait pas arrachée de force au domaine, alors qu'il aurait pu le faire. Il avait choisi de gagner sa confiance. C'est qu'il ne lui avait pas voulu de mal, non ? De surcroît, peut-être bien qu’il avait mérité cette confiance malgré tout. De ce qu’elle en comprenait, il n’avait pas voulu aller à l’encontre des intérêts des leurs. Son objectif avait été la survie du Mokuton, n’était-ce pas aussi la volonté du clan ? Eux qui déployaient les efforts les plus absurdes pour l’assurer étaient bien mal placés pour le juger. Lui, qui avait proposé une solution concrète, capable d’apporter des résultats.
Honnêtement, y en avait-il seulement une autre ?

La Kunoichi a un ricanement nerveux.
Elle aussi est une "traîtresse", mais son exaction est bien plus terrible. Elle a tué l'un des leurs, leur chef, au nom de la connaissance et de la grande gloire de Konoha. Pour ramener ce satané sceau à Bijuu. Quel genre de fleur était-elle devenue ?
Son expression incrédule se distord de chagrin.
Peut-être qu'il s'était retrouvé dans la même situation qu'elle. Peut-être que lui aussi avait été acculé par le clan et essoré de tous ses rêves, ses désirs dévoyés par les leurs.
De dépit, elle pose une main sur sa tempe.
C’est évidemment le même sort que le sien qu'on lui réserve, si quelqu’un apprend la vérité. Cela lui paraît étonnamment étrange. Elle n'arrive pas vraiment à mesurer son ignominie, car elle se sent parfois encore comme cette petite fille ingénue à la fleur dessinée sur le front. 

Lorsque tu t’es entichée du Yamanaka, Kirei, nous avons prit peur, poursuit Kunemitsu non sans une œillade inquiète face à la réaction de son élève. Ses paroles de miel, l’emprise qu’il avait sur toi… Nous avons craint que la même chose se reproduise et nous sommes opposés à votre mariage. Peut-être qu’à la lumière de ces nouvelles informations, tu pourras comprendre notre décision.

Haruka pose un regard mort sur son précepteur.
Comment aurait-elle pu comprendre que l'on considère l'amour qu'elle pouvait porter à quelqu'un comme un impair dangereux ? Il n'était décidément pas étonnant qu'elle soit devenue étrangère aux émotions les plus tendres. En vérité, s'ils voyaient les choses de cette manière, c'est parce qu'ils étaient capables de percevoir son désir, enfoui, de s'extraire de leurs manigances. Elle était usée de s'être oubliée dans la poursuite de cet objectif, et avait besoin de se retrouver en envoyant balader des responsabilités qu'elle n'avait pas vraiment choisies. Sachant cela, tout ce qui pouvait mettre à mal leur emprise fragile était une menace qu'ils continueraient inlassablement d'écarter, sans le moindre égard pour sa personne. Entre quelques vies malmenées et la survie de tout un clan, le choix était vite fait.

La Senju renvoie un simulacre de sourire des plus malsains à son interlocuteur, qui n’augure rien de bon. Et le vieux guerrier de le pressentir immédiatement, adoptant une posture défensive.
Tu sais pourquoi tout cela était nécessaire. Comme tu l’as dit, tu n’es plus enfant, asséne Kunemitsu en levant ses poings. Pas plus que tu n'as le monopole d'une existence entachée de trahison ou de privation. Conquiert ce ressentiment puéril, et tu deviendras peut-être une meilleure combattante que je ne le fus.

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Ces paroles semblent mettre le feu aux poudres, car la kunoichi le dévisage alors dans un silence grondant.
En cet instant, elle désirait se livrer à la plus primaire destruction. Un désir si ardent qu’il lui semblait ressentir une insoutenable brûlure dans sa poitrine, en train de consumer la moindre parcelle de douceur ou d’amour qui l’habitait. Un à un, sautaient les verrous qui structuraient sa psyché, dans un inexorable basculement vers une pulsion meurtrière débridée. Elle avait envie de carboniser le domaine et ses occupants, qui souillaient son précieux Village de leurs vices. Tous ces fous furieux qui se gargarisaient à propos de l’honneur et du devoir, au mépris de la compassion ou de la pitié. Qui abattaient de sang-froid même ceux qui essayaient de satisfaire leur exigences aux conditions impossibles. Oh, comme elle désirait les éventrer comme des peluches. Les faire hurler jusqu’à s’érailler la voix. Les noyer dans leur propre sang. Les vider de leur substance, tout prendre, tout éclater jusqu’à ce qu’il ne reste rien : ni sol sous leurs pieds, ni ciel au-dessus de leur tête.

Le problème avec la colère, parvient-elle finalement à exprimer d’une voix étranglée d'aigreur. C’est que plus on la retient, plus elle grandit. Le seul moyen de l’apaiser… est de la laisser se déverser.

Un rictus sournois ponctue ces derniers mots, puis une série de mûdra.
Kunemitsu sent aussitôt une grande quantité de chakra affluer des pieds de la jônin pour s’infiltrer dans le sol. Dans un geste réflexe, l’ancien fait alors un bond en arrière pour se reculer de plusieurs mètres. À raison, car une énorme masse commence à remuer la terre autour d’elle.

Tu hais les mœurs du monde shinobi Haruka, mais elles sont pourtant devenues les tiennes. Tu es à l’image de ce que tu détestes : froide, impitoyable et parfois cruelle.

La FERME ! C'est de VOTRE FAUTE !

Le souvenir de jouissances coupables après quelques meurtres viennent entacher cette déclaration. Oui, ils l'avaient éduquée à donner la mort, mais le goût du sang était une perversion héritée de sa simple humanité. Et elle s'y était abandonnée avec délectation, en plus d'avoir fait montre d'un talent pour le meurtre.
Intérieurement, Haruka le maudit, encore et encore. Elle refuse d'assumer cette réalité. À l'origine, elle avait été une jeune fille douce et rêveuse. Ils avaient ouvert en elle la porte à cette corruption. Elle ne leur pardonnerait jamais.

Abêtie par sa rage, la kunoichi fait croître un amas noueux tumoral derrière elle, qui menace déjà de la saigner de son chakra si elle ne prend pas rapidement des mesures. C'est intuitivement qu'elle décide donc d’emprunter le bois aux alentours pour parachever son œuvre, plutôt que de la produire à partir de ses propres ressources. Et l’idée est efficace, puisque son flux, moins sollicité, se stabilise de nouveau.
Les arbres entourant les deux shinobi commencent alors à onduler étrangement, stimulés par une énergie qui effleure leurs racines. Leur forme mute jusqu’à constituer d’imposantes mains ligneuses, et la kunoichi d'entamer une chorégraphie martiale destinée à les diriger avec précision. Tandis qu’elle effectue ce pantomime furieux, une à une, les mains tentent d’écraser le précepteur sous leur paume, s’abattant violemment contre le sol en soulevant la terre.
Kunemtisu voltige cependant entre les assauts de façon spectaculaire, ce qui la fait colérer davantage.

Ta rage te rend faible tant qu'elle ne sert que ce défouloir animal. Vas-tu encore t'évanouir ? Si c’est vraiment tout ce dont tu es capable, tu ne mérites pas d’être mon élève !

Sur cette bravade, l’ancien effectue un ruade en avant prodigieuse qui le torpille jusqu’à son élève. Une fois à sa hauteur, il percute son visage d’un ferme coup de pied qui lui tire un râle de douleur et la fait valser en arrière. Ce n'est qu’après moult rebonds qu’Haruka s’écrase définitivement à une vingtaine de mètre de l’endroit où elle se trouvait, échevelée, couverte d'ecchymoses. 

Le monde a besoin d’individus capables de faire ce que nous faisons, car le progrès, l'ordre et la sécurité ont un prix qui ne se paye pas avec des bons sentiments !
Kunemtisu se rue vers elle une fois de plus.
Si tu rêves d'un monde où il en serait autrement, c'est que ton esprit est rempli de chimè-

Un talon vient fermement cueillir la joue du vieillard, s’y enfonçant jusqu’à lui lui faire cracher une gerbe de sang qui noie la fin de sa phrase. Il est alors projeté au loin, subissant le même sort qu’il vient d’infliger à son élève.

Je t’ai dit de la fermer, vieux débris… vocifère la Senju les mâchoires crispées.

À présent qu’elle l’a repoussé, elle tente de reprendre l’exécution du jutsu qui a été laissée en suspend par l’assaut. Elle le sent, cela lui coûte un supplément de chakra, mais l’adrénaline l'empêche de vaciller. Elle essaye alors de modeler le colosse ligneux des précédentes séances, sans succès. C'est même pire que la dernière fois : sa forme n'est même pas approximative, son tronc n'est rien de plus qu'un amas bubonique gigantesque, tandis que ses bras s'agitent depuis la terre comme si un cimetière de damnés se trouvaient au-dessous d'eux.
Haruka laisse échapper un cri de frustration.
Impossible de concentrer son Yin dans de telles conditions. Son affliction était dévorante, la contrôler revenait à essayer de fermer la gueule d'un lion à mains nues, mais elle devait pourtant trouver un moyen.

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Quel gâchis... se désole Kunemitsu en se redressant, tandis qu'il contemple la masse noueuse non-loin de son élève. Tes efforts ne sont que des gesticulations barbares sans le moindre sens. Je ne tolèrerai pas que tu corromps une fois de plus la sacralité du Roi Lotus.
Le vénérable plante ses pupilles acérées dans celles d'Haruka, avant de poursuivre sévèrement.
Retiens-bien ceci : le Kanzeon est un phare au milieu des armées, son apparition a sauvé du désespoir un nombre incalculable de guerriers... Car chacun de ses membres est le bras châtieur de l'un des nôtres : il est la sage incarnation du clan ! Pas un agrégat bestial grossier !

Comme pour souligner son propos, l'ancien reproduit les mêmes mûdra composés un peu plus tôt par son élève tout en s'adonnant à une brève chorégraphie. Son exécution est claire, fluide, ne souffrant d'aucune imperfection de quelque nature que ce soit. Lorsqu'il lève enfin au ciel ses mains jointes, un tremblement secoue les environs alors qu'une statue gigantesque éventre la terre, toisant de sa superbe la jeune femme, ainsi que sa création bâtarde inachevée.
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Re: Aux mains du destin Jeu 7 Oct - 0:59
Senju Haruka

Aux mains

du destin

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Haruka lève les yeux sur l’humanoïde ligneux qui la surplombe, un mélange d’inquiétude et de mépris dans le regard. Kunemitsu ne parlait pas simplement de ce qu’inspirait le Kanzeon, mais de ce qui l’habitait. Il suffisait de poser les yeux sur cette statue gracieuse pour comprendre qu’il ne s’agissait pas d’une simple marionnette géante : la créature était animée par l'esprit même du clan Senju. Il était son âme souveraine et la force brute de la nature, alliées en un colosse dans le but d’écraser les opposants de l’un comme de l’autre. Et il lui faisait sentir que le chemin qu’elle semblait prendre la placerait de nouveau dans cette position dangereuse.
Son regard croise celui de Kunemitsu, de marbre. Un rictus dédaigneux courbe alors le coin de ses lèvres.

Puisque tu as l’air d’avoir oublié l’importance de tes devoirs, mais surtout la chance qu’ils t’incombent : contemple l’effigie de notre lignée comme rappel de la faveur qu’ils représentent.

Les membres du Roi Lotus commencent à s’animer dans un craquèlement terrible. Une dizaine de bras s’écartent alors de son dos pour venir plonger sur Haruka. La concernée n’a que quelques secondes pour saisir le peu de temps de réaction que lui offre cet assaut, lui apparaissant comme une petite armée. D'un mûdra, elle met en mouvement les membres enracinés de son propre Kanzeon afin se protéger.
Les mains démesurées s’entrechoquent, produisant une onde formidable qui va jusqu’à la faire tituber. Il n’y a toutefois pas matière à se réjouir, car si l’attaque a bien été stoppée, le bruit d’un bois qui se fissure retentit peu de temps après l’impact. La kunoichi comprend ainsi que sa création difforme souffre d’une constitution bien plus pauvre que celle du Roi Lotus de son précepteur. Immédiatement, elle se couvre le visage et bondit en arrière, alors que les bras de sa statue en gestation volent en éclat sous la force exercée par ceux de son adversaire. Les choses se corsaient sévèrement pour la jeune femme, qui savait que le vieux n’hésiterait pas à l’envoyer à l’hôpital pour lui donner une bonne leçon.

Une fois à l’abri, son regard coule vers les membres abattus du béhémoth ennemi, puis remonte jusqu’à son visage. Un noble symbole de gloire et d’espoir, hein ? Elle n’arriverait jamais à matérialiser une chose à laquelle elle ne croyait pas. Elle n’avait pas envie de porter l’étendard de ceux qui l'instrumentalisaient, elle voulait porter le sien.
La Senju s’élance entre la forêt de bras de sa création afin d’échapper au second assaut qui se profile dans les mouvements de Kunemitsu. Jusqu’à présent, le Roi Lotus avait représenté pour elle une dernière contrainte à laquelle se plier avant d’accéder à une sorte d’émancipation victorieuse. Un sommet qui, si elle parvenait à s’y hisser, réduirait drastiquement le nombre de personnes habilitées à lui commander quelque chose. Mais il devait devenir bien plus que cela. Le Kanzeon ne se ferait l’avatar que d’une véritable motivation.

Voltigeant à travers ce champ de bataille où les coups pleuvent et broient, la cheffe de l’ANBU retourne les tréfonds de sa conscience à la recherche d’un tel moteur. Que désire-elle vraiment ?
Il y a un peu plus d’un an, elle avait souhaité venir à bout des moeurs et traditions les plus rigides depuis l’intendance. Peut-être même faire du village un endroit où l’on se mettrait au service d’un doux idéalisme. Mais elle avait échoué malgré toute sa bonne volonté. En fait, elle n’y avait réalisé que davantage combien ce monde n’était pas et ne serait jamais adapté à une telle ambition. L’organisation des examens entre Uzushio et Konoha notamment l’en avaient convaincue : la paranoïa de la guerre planait encore sur le Sekaï, nourrissant des politiques tortueuses qui en devenaient dès lors nécessaires, incapables d’aboutir à la paix.
Cette confirmation n’avait fait que l’aliéner davantage en l’écartant toujours plus de son humanité. L’hiver où elle avait grandit était devenu un blizzard, où n’avait plus soufflé qu’un vent mortifère engelant les moindres recoins de son être. Tuer Naoshige avait été l’aboutissement de ce processus. La mort de Sora, les mots de l’Ermite-Dragon qui l’avait emporté, lui avaient quant à eux fait douloureusement prendre conscience de cette situation. Depuis, désespérée, elle n’avait fait que s’enfoncer toujours plus loin dans cette nuit de l’âme, en rassemblant les démons de Konoha afin d’en prendre la tête. Elle n’avait fait qu’écumer en son for intérieur telle une bête dégénérée, ressassant son malheur. Kunemitsu n’était pas si loin de la vérité en la traitant de barbare égarée.
Mais il était temps de tirer un trait sur tous ces fantômes et ces rancœurs en achevant le deuil de son déclin, que cela soit en remontant son précipice ou en s'y complaisant. Il en allait de son avenir en tant que kunoichi ainsi que de son propre équilibre, à défaut de pouvoir l'appeler bonheur. 
De ce choix, le Roi Lotus se ferait l'expression.

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Haruka réfléchit davantage. Malgré tout, son désir n’avait pas changé. Elle continuait de rejeter un endroit où germaient des histoires comme la sienne. Elle rêvait encore d'un lieu où elle aurait pu devenir... qui sait. Peintre ? Commerçante ? Respirant en tout cas le parfum de l'indépendance et d'un semblant d'innocence, mariée à un homme avec qui elle aurait sincèrement aimé fonder une famille. Une vie simple mais élégante, dépourvue de toute cette laideur.
La jônin clos ses paupières, comme pour noyer ces rêveries dans l'oblivion auquel elles appartiennent. Il n’était plus question d'employer la manière douce pour bâtir un tel monde. Si le prix du changement devait être un bain de sang, alors qu’il en soit ainsi. Ses frappes seraient à la hauteur de ses désillusions, comme l’avait évoqué son précepteur : froides, impitoyables et parfois cruelles. Le temps des shinobis devait arriver à son terme, et avec eux leur univers sanguinaire dont elle serait le dernier monstre.

La kunoichi ignorait comment cela se concrétiserait et si cela serait compatible avec la préservation de son précieux Village, ce parent qui l’avait abrité de la guerre, cet enfant dont elle avait érigé une partie des entrailles, mais son vœu était inaltérable.
Un instant, elle se désole du fait que ce but auquel inféoder sa colère ne se pare pas d’autant de noblesse que la vocation d’Hashirama Senju. Elle se prend même à regretter profondément de ne pas être capable de professer une foi inébranlable en l’humanité comme il l’avait fait, mais elle n'était tout simplement pas de sa trempe. Quand bien même, tout ce que cet illustre personnage avait prouvé était que la paix convoquée par ses méthodes n’était qu’une fragile illusion. 

Tandis que ces pensées arrivent à maturation, l’amas de la Kunoichi prend son essor, tirant un froncement curieux à Kunemitsu. Le vieil homme interrompt brusquement ses coups, puis observe. Son élève assemble ses paumes l’une contre l’autre au niveau de son nombril, où du chakra se diffuse dans une arborescence caractéristique. Parfaite.
Haruka élève ses mains jointes et la terre tremble derrière elle. La masse noueuse jusqu’alors difforme ondule dans un mouvement qui se fait gracieux : la couleur de son bois devient d’ébène, elle construit le buste d’une femme, puis un visage. À l’inverse du traditionnel Kanzeon, ses yeux sont ouverts et ses traits presque inexpressifs semblent dissimuler une peine subtile.
C’est enfin au tour bras jusqu’alors enracinés de se mouvoir jusqu’à se rétracter dans le sol. Ils disparaissent brièvement, avant de réapparaître près de la statue pour venir se rattacher à son dos où, enfin, ils se déploient en éventail.
À présent, une Reine Lotus tristement méditative fait face à la création du vieux Kanemitsu. Il apparaît troublé de ne pas découvrir un colosse identique au sien. Dans son regard, l'on voit qu'il s’interroge sur ce que cela signifie. Il cherche alors celui d’Haruka afin d’y trouver une réponse.
En réaction, la jeune femme le fixe avec une résolution tranquille, mais métallique.

Je vois, déclare simplement le vénérable combattant.
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