Nozomo Hayato, stratège du duo Yukayato. [en attente de validation du test RP]

Lorsqu’Hayato se réveilla, il se tourna naturellement sur le dos, voulant s’adonner, comme à son habitude, à la paresse matinale. Observant encore et encore, les moindres imperfections du plafond se trouvant en face de lui et laissant ainsi vagabonder son esprit. Cependant, en cette belle matinée, comme le laissait présager les doux rayons d’un soleil radieux, traversant les interstices des volets. Hayato remarqua l’inhabituel.

Pourquoi diable tout est aussi calme ?

Dans sa chambre, régnait un silence pesant. Encore anesthésié par un sommeil profond et tranquille, Hayato dût recourir à toutes ses capacités pour se focaliser sur cette question. Ainsi, commença-t-il à lister les éléments.

Pas de ronflement ? Pas de respiration ? Mon frère est parti. Pas de bruit d’entrechoquement ? Les entraînements n’ont pas commencé ? Pas de conversations grivoises entre les anciens ? Pourtant, le soleil est déjà là… Ils devraient déguster un thé, assis autour de la petite table bordant nos quartiers.

Malgré sa concentration, cherchant à analyser le moindre bruit, il n’était confronté qu’au silence. Bientôt, il fut coupé dans sa réflexion par le croassement d’un corbeau survolant le domaine. À son écoute, une boule s’insinua dans ses entrailles.

Mauvais présage ?

Il entreprit de se lever, ne débarbouillant que rapidement son visage avec un peu d’eau. Un regard vers le lit de son frère confirma son intuition. Le lit était vide, en désordre, un des édredons avait visiblement terminé sa nuit sur le sol. Son regard se porta ensuite sur le râtelier, le katana de son frère manquait à l’appel.

Plus de doutes, il est parti s'entraîner aux aurores

Pourtant, rien ne pouvait le départir de son angoisse grandissante. Quittant ses quartiers, en périphérie du domaine, il s’approcha machinalement de la cour centrale.

Personne, où sont-ils ?

L’angoisse grandit et occupa bientôt tout l’espace, remontant peu à peu le long de sa gorge. En approchant le centre du domaine, il put enfin distinguer des voix, venant du bâtiment principal, rassuré, mais encore sous le choc, il avança d’un pas décidé vers lesdites voix. À mesure de son approche, les murmures devinrent paroles et il en distingua des bribes avant même de pénétrer dans la salle

« Cela devait arriver un jour ou l’autre […] je vous aurai prévenu […] j’ai toujours été contre […] traître ».

Trop tard, Hayato engageait déjà son entrée. Lorsqu’il ouvrit la porte, tous les regards se tournèrent vers lui et le silence gagna la pièce. Il fut immédiatement frappé par le regard de Nakata, ancien du clan, qui arborait un mélange de haine, de colère et de peine.  Les yeux d’Hayato ne tardèrent pas à parcourir l’espace, ils se trouvaient dans la salle à manger, qui devrait, être parcouru de divers plats protéinés, constituant le premier repas des guerriers. Pourtant, ici, Hayato ne put que remarquer l’absence d’agitation… Mais surtout…

Du sang, en grande quantité.

La conversation qui suivit se fit sous couvert d’une hostilité aisément perceptible. C’est Nakata qui prit en premier la parole, sous le regard approbateur des anciens. Un choc, à mesure que les mots s’écoulaient, une infinité d’émotions parcouraient les entrailles d’Hayato.

Frère… meurtre… traître…

Les paroles des anciens lui semblaient ressembler de plus en plus à des aboiements, à l’image d’animaux blessés, ils ne surent réagir qu’avec agressivité…

« Où est-il ? ». Les mots sortirent sans qu’Hayato ne puisse réellement les contrôler et il venait en réalité de couper Nakata en pleine phrase.  Le silence retomba, quelques secondes seulement, avant que le débit incessant ne reprît :

« Comment osez-vous […] jamais un Nozomo n’aurait […] vous auriez dû mourir avec vos parents ». Ces derniers mots auraient sans doute, en d’autres circonstances, entraîné de la colère chez le jeune homme. Mais Hayato se contenta d’ignorer ses émotions et poursuivit :

« Où est-il ? ». À nouveau le silence.

Les éléments se précipitèrent, Hayato entreprit d’empoigner le col du vieil homme. Mais il ne put tout juste qu’esquisser un mouvement, que déjà, derrière lui, un homme masqué pointait sur son cou la pointe d’un kunai. Plus le temps pour la réflexion, Hayato virevolta et se plaça en position défensive dans le coin de la pièce. L’espace les séparant désormais, permit à Hayato de réfléchir.

Un membre de l’unité spéciale ? Tout Suna doit être au courant. Ils ne me laisseront pas retrouver mon frère, je suis une menace pour eux. Je dois le rejoindre… La porte est bloquée, mais la fenêtre ? … La fenêtre.

Tout juste quelques secondes s’étaient écoulées lorsque Hayato se projeta en direction de son ultime chance d’évasion. Bien piètre espoir cependant, tout juste fut-il hors du bâtiment qu’il se retrouva nez à nez avec un autre membre de l’unité spéciale.  Avec l'énergie du désespoir, encore sous le choc, Hayato commit l’irréparable, il entreprit d’attaquer. Il neutralisa aisément son premier adversaire, mais fut rapidement cerclé de toutes parts. Jamais il ne s’était autant identifié à une biche apeurée, parcourant du regard les possibles issues, hésitant, rebroussant chemin, agitant frénétiquement ses membres en tous sens pour se débarrasser de ses chasseurs. Il fut cependant rapidement maitrisé et assommé. Un échec cuisant.

À son réveil, Hayato était seul dans l’obscurité d’une pièce humide. Une odeur nauséabonde inondait la pièce, mélange de déjections et de transpiration, mais aussi, plus ténue, une odeur de sang.

Les geôles de Suna

Jamais il n’aurait pensé s’y trouver un jour. La douleur était encore vive, ses poignets en particulier étaient douloureux.

Des chaînes, ils craignent que je récidive… Mon frère...

Plongé ainsi dans la pénombre, Hayato ne put que se confronter à ces démons. Il rejouait indéfiniment la scène, perdant la notion du temps, analysant chaque détail, repensant chaque mot. Mais ses souvenirs étaient flous, teintés par ses multiples émotions où l’espace d’un instant l’auraient submergé. Son frère aurait-il profité de la nuit pour s’attaquer au clan ? Revenant sans cesse aux mêmes conclusions.

Même si nous n’étions pas pleinement Nozomo, jamais il n’aurait fait ça. Pas sans m’en parler tout du moins…

Un entrechoquement stoppa sa réflexion, face à lui se trouvait Shinrai, l’un de ses compagnons d'armes. Ses traits étaient tirés, son expression était grave, impression renforcée par le jeu d’ombre provoqué par sa torche. Malgré tout, il était indéniable que sa présence eut pour effet d’apaiser l’espace d’un instant la jeune âme en peine.  Il voulut tout d’abord s'enquérir de l’état de son ami, politesse qu’Hayato décida de balayer pour aborder le sujet qui, seul, occupait ses pensées.
Il put ainsi obtenir de plus amples informations. Tout d’abord, le nombre de victimes, 14 membres du clan, à l’écoute de cette liste macabre, une profonde peine s’empara de lui…

Pourquoi ?

Au milieu du carnage, le katana de Yukio, encore planté dans l’un des corps, mais surtout, Yukio lui-même, baignant dans le sang d’une de ses victimes. Les preuves étaient accablantes.

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Qu'as-tu fait...

Sa condition rendait difficiles toutes réflexions. Si c’est jusqu’alors, la colère qui dominait ses impressions. Elle céda sa place, à la suite des dires de son ami, à une profonde peine. Une peine affligeante et indivisible, dont la douleur n’avait encore nul égal dans sa jeune vie.

Trahison…

Une fois son ami parti, de nouveau plongé dans le noir, seul, isolé de tous, avec l’impression tenace que jamais rien ne redeviendrait comme avant. Il aurait voulu rester digne et ne laisser que quelques larmes couler paisiblement le long de son visage. Mais la réalité fut toute autre, commençant par des gémissements, hoquetant, les yeux piquants, le nez démangeant. Puis les larmes, ses derniers verrous psychiques sautèrent et la peine déformait maintenant ses traits. Il aurait voulu crier, hurler au monde l’injustice de sa situation.

Et pourquoi pas…

Et ses hurlements retentirent, un râle, bestial, inhumain, il aurait été impossible d’y discerner le moindre sens.  Il aurait voulu se sentir apaisé, pouvoir faire s’échapper, ne serait-ce qu’un instant, le démon qui serrait sa poitrine et torturait ses entrailles.

Ça ne peut être vrai, ils mentent, ils veulent me faire souffrir, ils aiment me faire souffrir.

À mesure qu’Hayato le laissait prendre le contrôle, ses pensées devenaient de plus en plus sombres. Puis vint la colère, contre ce clan, qui jamais ne l'avait accepté. Une famille ?! Quelle blague, quel genre de parents condamneraient leur enfant à une vie d’entraînement, de souffrances, sans jamais ne lui montrer un semblant d’affection ? Ses parents, tiens, ses lâches, ayant abandonné leurs enfants contre leur propre vie. Le village, où tous le regardent, l’observent, murmurent. N’était-il pas devenu Jounin ? N’avait-il pas prouvé sa valeur ?! Lui qui, toute sa vie, n’avait qu’espéré pouvoir être un jour accepté. Il était perpétuellement ramené à sa condition, un orphelin, élevé par des bandits. Un homme trop intelligent pour ce village rempli de brute ! Voilà ce qu’il était. Son frère… Seule lumière, seule fondation stable, le rattachant à ce triste monde.


Un traître, comme les autres.  

À mesure que le temps défilait, sans qu’il ne puisse en déterminer avec certitude la teneur. Hayato plongeait, corps et âme dans un océan de reproches, de regrets, de colères, de peines… Il ne reprochait nullement les actes de son frère, il aurait bien pu tuer tout le village si bon lui semblait. Mais comment avait-il pu agir seul. N’avait-il pas confiance en lui ?

Depuis notre naissance, j’ai toujours tout fait pour toi. Je voulais porter pour nous deux nos peines, nos doutes… Ne t’ai-je pas suffisamment accompagné ? As-tu un jour douté de moi ?

Sans même s’en rendre compte, après peut-être des heures, des jours… Le sommeil l’enveloppa de sa main réconfortante. Le monde des songes semblait être pour le jeune homme, un abri idyllique. Plus de souffrance, plus de passé, plus de futur, flottant dans le néant. S’il devait le décrire, Hayato ferait sans doute référence à un nuage, il baignait, il lévitait, il était bien.  

N’est-ce pas ça le bonheur ?

Mais même dans cette forteresse, les ombres planent…Rattrapé par la réalité, les songes d’or se teintèrent doucement de rouge… Le songe devient liquide et Hayato s’y baignait alors. Une goutte parvint à sa bouche, un fort goût de fer…

Du sang.

Un tourbillon l’emportait inexorablement vers un gouffre de ténèbres, une fois la tête définitivement couverte du liquide chaud et visqueux. Hayato, se réveillait, cela se reproduisit à de multiples reprises, mais, épuisé psychologiquement, il finissait toujours par se rendormir.  Personne ne lui rendit plus visite. Peut-être deux ou trois jours passèrent, avant qu’enfin, son calvaire sembla prendre fin.
La lumière semblait lui brûler les rétines et les voix, qu’il devinait pourtant être des chuchotements, rebondissaient à l’intérieur de son crâne, à l’image d’un écho en pleine montagne.  Il fut amené devant le Kazekage, celui-ci semblait sincèrement désolé de voir son Jounin dans un tel état. Mais gardait le visage impassible, inhérente à sa fonction.

« Nozomo Hayato, tu as trahi ton village, en levant la main sur mes hommes et pour cela, tu seras puni. ». Il se tut, attendant sans doute une réaction. Mais le visage d’Hayato restait totalement impassible, il ne semblait plus rien ressentir. Alors le Kazekage poursuivit :

« Tu dois te douter, que ton frère était le suspect principal pour le massacre des Nozomo. » un silence…

« Eut égard pour ton rang, je vais prendre en compte cet événement comme circonstances atténuantes à ta trahison… » à nouveau le silence,

« N’as-tu donc rien à déclarer !? ». L’agacement du Kazekage était désormais apparent. Hayato redressa la tête, fixant ses prunelles.

« Non, je vous prie simplement de bien vouloir excuser mes actes ».