Le Delta d'Ofusecho était sans doute, après le village d'Uzushio, l'endroit où transitait le plus de marchandises.
Le long de la côte, c'est donc une succession de petit port ,de commerce et d'entrepôt de grossiste qui parsemaient les plages. Naturellement, un réseau de transport en calèche assez développé partait des multiples bras du fleuve qui se jetaient dans la mer.
Encore trop au large pour distinguer l'activité du continent, Maika et Doro dormaient paisiblement sur une frêle embarcation qui les ramenait vers leur troupe. Moyennant une modeste somme, cela permettait un voyage rapide et sans accroche. Si l'acrobate était une force de la nature, l'eau n'était vraiment pas son domaine. C'est donc pour oublier le mal qui lui rongeait l'estomac qu'il fermait les yeux, tentant de noyer ces moments inconfortables dans un sommeil qu'il méritait pourtant.
De par le don qu'il avait appris à affiner avec son hérisson, même les yeux fermés, Maika avait une idée des personnes qui passaient devant lui, et, pour passer le temps, il s'amusait à se souvenir de la tête qui correspondait à l'odeur. Chaque être avait un cocktail olfactif différent. Pour celui qui venait de passer et qu'il identifia comme un membre de l'équipage, c'était un mélange de sueur, d'urine, d'alcool et de tabac. Le tout, saupoudré d'une rance odeur de relent de scorbut, maladie qu'il devait avoir eue ou couvait. Passa ainsi certains marchands, un peu plus propre, mais dont la complexité des parfums jurait avec leurs odeurs aussi repoussantes que tout le monde. Et après deux jours en mer, c'était assez naturel.
Quand un bruit d'explosion au loin se fit entendre, l'équipage sembla paniquer une seconde. La peur traversa le pont du petit navire. Maika se releva, arrachant le foulard qu'il avait attaché sur ses yeux pour ne pas être gêné par la lumière.
Le soleil était pourtant maintenant presque couché, il régnait cette atmosphère bleutée qui survient juste après le jour et juste avant la nuit. Au loin, brisant l'horizon de sa hauteur pourtant, un bateau pirate se dirigeait droit sur eux.
- Mettez la moitié de votre marchandise à l'arrière du bateau ! Dit le capitaine en passant entre les marchands. C'est Siya de la Brume, elle vient réclamer la taxe. Nous venons d'entrer dans son territoire. Ne faites pas de vague s'il vous plaît.
Maika s'approcha du vieillard complètement apeuré par l'apparition de ce prédateur des mers.
- Je peux tenter de vous protéger. Dit-il, Doro sur son épaule.
- Par les Cinq non ! Même si vous mettez Siya en déroute pour cette fois, je ne pourrai jamais plus passer par ici. Je gagne ma vie comme cela moi. S'il vous plaît. Pas de violence.
Sous les ordres du capitaine, les voiles furent abaissées et les commerçants attendirent gentiment de se faire racketter par cette fameuse Siya, ce qui n'était pas quelque chose d'inhabituel si l'on se fiait aux mines résignées.
Plus le bateau pirate s'approchait, plus il paraissait démesurément grand par rapport à la petite embarcation. Majestueux et impérial, L'Uzujin volant, le vaisseau de la légendaire pirate, s'arrêta à quelques dizaines de mètres. Une frêle silhouette sauta du pont principal sur l'eau, mais, au lieu de couler comme l'aurait fait n'importe qui, elle roula sur une vague avant de s'approcher d'un déhanché provoquant vers eux.
- Et bien mon cher, nous avons failli vous manquer. Les marchandises sont déposées. Très bien. Je vais voir si vous n'avez rien oublié. Ses yeux pâles se baladèrent sur les civils et les rares guerriers qui voyageaient avec eux, hélas bien moins nombreux que le régiment de pirates enragés qui criaient sur la montagne flottante.
Quand elle s'approcha de Maika, elle le regarda de haut en bas comme pour le jauger.
- Tu feras un bon soldat. Veux-tu rester avec nous ? Je te paierai plus grassement que n'importe quel seigneur bedonnant de la terre ferme. Lui dit-elle avec un sourire.
- Bordel, elle pue le rhum !
- Désolé, j'ai le mal de mer. Rétorqua Maika qui n'avait qu'une envie, que ce voyage se termine enfin.
- Et bien, qu'as-tu donné ?
- Un de mes piquants dans ta gueule plus pâle que le cul de Tsumi ?
- Je ne suis pas un marchand, mais un simple artiste itinérant. Je ne possède rien d'autre que ce bâton et ce que je porte sur moi.
D'une main, la pirate s'empara du bâton ouvragé que Maika avait récupéré sur le corps d'un moine. Elle l'observa un instant, laissant glisser ses doigts sur le métal gravé qui recouvrait les deux extrémités de l'arme.
- Je le prends.
- Très bien, il est à vous. Dit Maika.
Satisfait du don du colosse, la terreur s'éloigna pour se placer devant une jeune femme que Maika avait remarqué, car une odeur prenante de métal aiguisé semblait constamment l'entourer.
- C'est un bien joli rouleau de stockage que je vois. Comme tout ce qui est ici, je vais devoir vous prendre quelque chose si vous n'avez rien donné.
Oui, bon, voilà ce qui se passait quand on voyageait en mer : les pirates, ça se pensaient capables de prendre tout ce que ça voulaient. Ors, Masami était suffisamment une grande gueule et suffisamment attachée à son arsenal pour la partager comme ça, sans raison apparente. Non, elle n’allait pas laisser une petite chieuse au cheveux blancs l’intimider. De toute façon, ce n’était pas Mifuyu, alors ça ne faisait pas peur. Quoi que quelqu’un de la trempe d’Otohime, elle ne voulait pas vraiment rencontrer ça. Bref, cette pirate lui faisait moins peur que son équipe, alors pourquoi elle lui donnerai ses armes ? Bah voilà, c’était exactement ça qu’elle pensait ! Pas question de se plier aux caprices de cette dames des mers.
« HA! »
Un rire jaune sorti des lèvres de Masami qui avec un geste de la tête, renvoya quelques mèches de son visage. La kunoichi planta son regard chocolat directement dans celui grisâtre de la pirate, un air de défi sur son visage bronzé par les heures passée à s’entraîner.
« Tu t’mets un doigt dans l’œil princesse. J’fais pas partie de ton armée de nunuches. On prend pas à un Fuma c’qui lui appartient. »
Évidemment, elle en aurait tellement dit plus que ça, mais fallait pas non plus gâcher son effet avec un monologue ininterrompu. Après tout, elle préparait déjà une revanche pour avoir osé convoiter son précieux rouleau.
Masami n’était pas une femme qui avait peur de grand-chose, normalement, elle se laissait porter par le flot et ne se faisait pas d’ennemis, ou du moins, elle essayait de ne pas s’en faire. Elle n’était pas la plus brillante des lanternes, mais elle n’était pas totalement conne non plus. Elle avait regardé tous ses marins sans colonnes se faire marcher dessus et même le gars bizarre au hérisson super mignon lui donner des trucs, mais en tant que bonne Fuma, Masami connaissait la valeur de ce qu’elle avait sur elle et elle savait que de lui donner quoi que se soit allait percer son budget pour des semaines.
Alors c’était non. Juste non. Peut-être que la pirate ne s’y en étai pas attendu, ou peut-être qu’au contraire, avec le refus de coopérer de Masami, elle avait justement compris ce qui allait venir, qu’importait réellement ? La jeune Chunin n’hésita pas, se saisissant de deux rouleaux dans la poche de sa veste de chunin elle balança toute sa sauce sur la pirate.
Après tout, si la madame était morte, elle ne reviendrait pas faire chier ces marins, non ? Alors voilà, un déluge horizontal d’acier vola en direction de la femme. Elle allait goûter à l’acier des Fûma. Aussitôt cet assaut lancée -malgré l’interdiction de violence du capitaine que Masami avait totalement ignoré – la maîtresse d’armes d’Uzushiogakure se saisi d’un sa lance – lance qui ne quittait jamais bien longtemps sa main et se mis en garde, prête à en découdre davantage.
Maika
Équilibriste de Danzaemon
Messages : 75
Date d'inscription : 05/05/2020
Fiche du Ninja Grade & Rang: RANG A Ryos: 10 Expérience: (156/2000)
Siya de la brume était une pirate réputée dans toutes les mers du Sekai. Son territoire se trouvait à l'entrée des doigts de l'océan et pouvait être comparé à un domaine seigneurial dans la grandeur. Maika ne savait pas trop quoi faire, la Fuma, une uzujin, ne semblait pas vouloir se laisser faire et pourtant, des dizaines de civils semblaient horrifiés par cette situation. Eux n'avaient qu'une envie, payer et ne plus avoir affaire avec ces énergumènes de pirates.
La femme à la chevelure blanche s'approcha de Masami pour la toiser.
- Tu t'mets un doigt dans l'œil princesse. J'fais pas partie de ton armée de nunuches. On prend pas à un Fuma c'qui lui appartient.
- Fuma ? Intéressant. Et qu'est-ce qu'une Kunoichi du Tourbillon peut bien faire au milieu d'un ramassis de pécores ? Dit-elle d'un air narquois.
La suite se passa tellement rapidement que Maika ne put qu'apercevoir la Fuma dévoiler deux parchemins d'où surgirent d'innombrables projectiles concentrés qui foncèrent vers le capitaine. Celle-ci fut d'abord stupéfaite d'une attaque aussi soudaine et létale. Malgré sa superbe maîtrise du Suiton, elle ne put rien faire et se fit transpercer par celle qu'on surnommait le Camélia tranchant, ou l'armurerie de Tsubaki.
Siya laissa exploser un cri de rage. Les membres des villages cachés étaient rares en pleine mer, à bord d'un bateau civil. Elle n'avait pas eu de chance et malgré l'humiliation ressentie et l'envie de répliquer, elle savait que son équipage ne faisait pas le poids face à la force armée du village cachée. La dernière chose dont elle avait besoin était une prime d'un village caché sur sa tête.
Alors que les pirates s'apprêtaient à déferler comme un tsunami sur les innocents, Siya leva la main, stoppant aussitôt les ardeurs de ses camarades. Lentement, elle arracha un bout de son kimono pour se faire un bandage sur son flanc droit qui saignait.
- Je ne veux pas me battre contre Uzushiogakure. Il n'était pas la peine d'user de chakra. Je vous laisse donc passer, pour cette fois-ci. Jetant un regard vers l'équipage, elle eut un sourire narquois et convoqua un requin aqueux qui la propulsa à toute vitesse vers son navire.
À bord, et malgré le sauvetage de leur marchandise, les dizaines de civils regardaient Masami avec un mélange de dégoût et de frayeur.
" Ces ninjas ne pensent qu'à eux. Qu'on se retrouve au milieu d'une bataille, ils en ont rien à foutre".
"Elle aurait pu nous faire tous tuer pour l'honneur de son nom, non mais vraiment !"
Les conversations mêlées aux accusations fusaient sur le pont. Enfin, le capitaine s'approcha de la jeune femme et se mit à hurler littéralement.
- Qu'est-ce qui vous a pris ! Maintenant, je suis condamné par votre faute ! Je vais devoir faire un détour de plusieurs jours !
- Mettez la dehors capitaine !
- Oui, jetez là à la mer, c'est une ninja, elle s'en sortira !
La petite foule amassée sur le pont commençait à donner de la voix pour tenter de laisser la Fuma seule. Le capitaine, résigné, se tourna alors vers la jeune femme.
- Je suis désolé, il va falloir quitter le navire.
Maika s'interposa alors.
- Nous sommes en pleine mer, pourquoi ne pas finir le voyage et refuser qu'elle monte la prochaine fois ?
- C'est encore moi le capitaine ! Dit l'homme en rougissant de colère. Puisque c'est comme ça, on vous laisse tous les deux !
Le danseur avait assez de force pour résister à l'équipage tout entier, mais il n'avait pas envie d'envenimer la situation avec à la clé des pertes civiles. S'il n'avait pas envie de se battre contre les pirates, il avait encore moins envie de le faire contre des civils qui n'avaient que la peur pour raison à ce moment.
Contraint et forcé, lui et Doro furent donc invités à quitter le navire avec la Fuma.
Tenant à peine sur une petite planche qui pouvait contenir deux personnes tout de même, Maika regarda le bateau s'éloigner.
- Elle est con celle-ci, bordel, je veux pas nager ! S'écria le petit animal.
Se tournant vers la jeune femme, le colosse planta ses yeux dans les siens d'un air plus honteux qu'accusateur.
- Je sais pas marcher sur l'eau. Dit-il dans un murmure.
- Elle aura qu'à nous traîner cette traînée. T'as capté le jeu de mot Maika ? Trainer et traînée, bordel, je suis aussi drôle que ta nouvelle copine est couillonne. Dis-lui de ramer, on est là à cause d'elle. Dit-il en évitant soigneusement qu'un de ses piques ne touche l'eau salée. Il n'était pas un animal marin, et ne comptait pas le devenir.
Voilà la seule réponse que Masami avait pour la femme qui voulait son rouleau (rouleau qui valait au total plus que le bateau sur lequel ils se tenaient). Évidemment, la kunoichi n’hésita pas à balancer le contenu de deux rouleaux de stockage sur la pirate en guise de réprimande. Au final, cette situation fut réglée par la lâcheté du capitaine qui avait peur du nom associé derrière celui de Masami, Uzushiogakure. Ce qui était une bonne chose. Enfin, selon la kunoichi, pas selon l’équipage qui commençait à s’agiter. Alors qu’on parlait de les mettre à la mer, Masami s’interposa. Elle n’allait pas monter sur la planche.
« Me mettre à l’eau maintenant, ça ne change rien, vous savez ? Genre … là ou plus tard, elle ne va pas revenir. De ce voyage-ci. À la place, c’est vous qui vous mettez dans la merde pou mettre un ninja à l’eau. Elle a pas voulu se battre contre moi pour une raison. »
C’était un peu bête de le dire ainsi, mais c’était la vérité. Qu’elle soit à bord du navire jusqu’à destination ou non, ça n’allait rien changer pour l’équipage.
« Et je l’ai payé mon passage. Vous me le devez comme un peu. Alors je reste jusqu’à ce qu’on touche terre. Faites avec ça. »
Dans ces paroles, non seulement y avait-il un refus total de coopérer, mais en plus il y avait un défi : si Siya n’avait pas voulu se battre contre elle, probablement qu’eux aussi ne devrait pas vouloir.
« Je veux pas faire un règne de la terreur ou quoi que se soit, mais là, vous poussez l’bouchon un peu trop si vous v’lez que je j’débarque. Aussitôt qu’on touche terre, je vous laisse en paix. D’ici-là, je reste. »
Il était évident que les civils avaient peur des retombés, mais il fallait aussi qu’ils comprennent que c’était risqué et stupide de mettre des gens à la mer comme ça. Dans le meilleur des cas, ils pourraient être accusé de meurtres de shinobis et ce n’était pas la meilleure des idées. Les marins savaient qu’ils ne pouvaient pas non plus forcer la chunin hors du navire, encore moins avec sa petite démonstration. Alors, bien sûr, à contre cœur, ils durent accepter qu’elle allât rester. Quelques regards mauvais en leur direction furent jetés, mais c’était bien la seule chose qui en découla.
Masami attrapa donc Maika par le bras et l’entraîna plus loin sur le pont. Un peu plus à l’abris des regards et oreilles indiscrètes. Elle l’air un peu embarrassée et ce n’était pas les mots quelle préférait dire, c’était facile à voir, et pourtant, elle les dit tout de même :
« Écoute, désolée si ça t’a mis dans une mauvaise position. C’était pas trop le but. On devrait arriver dans la journée à destination, si tu veux en débarquant je te paie quelque chose pour me faire pardonner. »
Elle s’installa sous un escalier, à l’abris des regards, histoire de ne pas rendre la fin du voyage plus pénible pour les marins. Elle était très consciente qu’elle venait de se faire détester à vie d’eux, mais ce qui était fait ne pouvait être effacé et fallait vivre avec. Elle proposé à Maika de partager le dessous de l’escalier avec lui s’il souhaitait lui aussi échapper aux regards mauvais des pauvres hommes en rogne.
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