Après avoir secrètement traversé la Côte d'Omui, des pieds de Sunajins foulèrent une herbe verte. Une herbe dont aucun oasis ne pouvait se vanter, une herbe dont même le port d'Omui ne pouvait se targuer. Je me penchai pour la caresser et sa fraicheur m'éloignait des plantes sèches du désert. Cette douceur végétale au bout de mes doigts indiquait clairement que nous étions arrivés. Aussi m'adressai-je à mes partenaires de voyage en souriant :
Messieurs, nous sommes au Delta d'Ofusecho.
Vêtue d'une longue cape, un parchemin de stockage sur le dos, j'observai. Panoramic sur ce nouveau décor vert, parsemé de brun et de jaune et du bleu du ciel, ciel léger aux doux nuages et cet air frais qui me rappelait cette mission que j'avais accomplie dans une autre région des Plaines fertiles, l'occasion pour moi de quitter la chaleur étouffante de Suna pour visiter cette ville nommée Masara. Devant nous, des terres riches et abondantes, des plantes en grande quantité, des fleuves et ruisseaux pour tout irriguer, une beauté, une variété de couleurs avec laquelle aucun Sunajin ne devait être familier. Nous pouvions être habitués avec cet environnement de par les missions demandant de voyager, mais de là à en avoir fait un souvenir indélébile, c'était autre chose. Quel merveilleux tableau que celui qui était peint devant nous et dans lequel les éléments vivaient et animaient la scène sur laquelle nous entrions. Nous voici sur le lieu du premier acte de discussions sérieuses entre des gens venus de Konoha et notre délégation. M'accompagnaient Akayuki Shirokuma, l'un des chefs de son clan, ainsi que Nozomo Hayato, Nozomo Yukio et la chuunin Akayuki Kalida. Une délégation choisie par Serika Senshi en personne était prévue et notre kage voulait envoyer Mirai, petit-fils d'Ibushi, afin de représenter les marionnettistes, ainsi que Shigeru, pour représenter les Serika, sans faire appel au Phoenix, mais ces deux personnes étaient absentes et moi qui n'étais déjà pas habituée à la diplomatie, me voici accompagnée d'une fille dont la réputation était plutôt brulante.
***
Alors que la position de cheffe de la police m'avait été attribuée par le haut-conseiller Kayaba Akihiko sans que je ne fusse bien partante en l'an 15, j'avais été bien soudainement propulsée plus haut encore dans la hiérarchie cette année. Sahara Denya, intendante de Suna, officiant dans la tour du Kazekage. J'étais derrière le bureau de l'intendance. Moi. Immobile, seule dans cette grande pièce, des dossiers devant moi. Un cerveau comme vide, sans réflexions. Plusieurs minutes de silence, plusieurs minutes à ne rien faire.
On m'avait certes aidée, des membres du conseil avaient pris le temps de m'expliquer leur propre travail et la vision qu'ils avaient de la tenue des finances du village, mais j'avais senti de la part de certains de la défiance ou, du moins, une réticence. Un membre du clan Shirogane, notamment, n'avait eu de cesse de fixer avec un air dégouté mes bras de bois. Un vieux guerrier proche du clan Serika m'avait quant à lui sèchement parlé, comme si être une arme devait être pris au sens propre en oubliant l'être humain caché derrière l'ordre de mission. Mon handicap n'était pas un tort aux yeux de tous, mais à ce moment-là, ma nomination avait du raviver un certain mépris pour mes membres factices, jugés auparavant comme un élément de faiblesse. Que leur répondre ? Dans mon lit, il était simple d'imaginer rétorquer à ces gens que j'avais accompli de belles choses, mais face à eux, ce n'était pas la même farine ; j'avais toujours eu l'habitude de me taire. Et encore une fois, les mots n'étaient pas venus. J'avais laissé dire.
Ce titre d'intendante était-il mérité ? À cette question, un conseiller m'avait donné un avis plutôt intéressant :
Est-ce que vous avez mérité votre poste ? Si ce n'est pas le cas, faites en sorte de le mériter dès maintenant.
Puis Serika Senshi était arrivé et, après m'avoir confié un dossier plutôt urgent, il avait débuté un entretien en ayant pris un air grave. Le kazekage, avait évoqué son plan de faire connaissance de manière plus étroite avec Konoha en vue de réussir. Minute après minute se dessinait l'impensable. Ce village dont je n'aimais pas les deux principaux clans était d'accord d'entamer des pourparlers. Nous allions discuter et traiter et peut-être que des signatures allaient être apposées. La mort de Takashi allait donc être pardonnée. L'envie de me lever et de quitter mon poste avait failli prendre et si notre chef militaire n'avait pas posé sur le meuble principal une main ferme et ne m'avait pas regardée droit dans les yeux à ce moment, les choses eussent pu être différentes.
La raison pour laquelle Ibushi n'avait pas été désigné m'était obscure, mais sans doute la jeunesse avait-elle été privilégiée. Et puis, si le chef du clan Shirogane avait été de la délégation, alors une distance eût été marquée entre Senshi et lui. Sans doute les deux raisons étaient-elles valables. Mais pourquoi le kazekage n'avait-il pas décidé de terminer lui-même ce qu'il avait commencé ? Et pourquoi ne pas envoyer un représentant du village plus connu, tel qu'Akihiko ? Peut-être qu'en fait, il me voulait véritablement pour cette tâche. Peut-être étais-je testée ? Au fond, si j'étais si méprisée que cela, comment imaginer que je pusse avoir été nommé à ce poste ? À faire une fixation sur mes bras, j'en avais oublié que j'avais eu l'honneur de servir dans l'une des plus hautes fonctions du village. C'était sans compter les coups du sort : Mirai et Shigeru n'étaient plus de la partie. La représentativité de Suna brisée, le choix de remplacement se porta sur Kalida, Yukio et Hayato.
Il allait en tout cas falloir montrer que je méritais la confiance du kazekage.
***
Après avoir profité du paysage, je posai mon grand rouleau de stockage à terre. La tentation avait été grande pour moi de confectionner un cadeau, mais la rencontre entre nos deux factions n'était pas issue d'une entente cordiale de longue date, ni de quelque politesse que ce fût. N'allons pas nous leurrer, les intentions de chacun n'étaient pas l'amitié, mais plutôt l'absence de conflit réel. Nous allions être dans un rapport de force et offrir quelque chose de grande valeur ne pouvait que nous desservir au stade où nous étions. Nous étions toutefois venus chargés de dattes d'un microclimat de notre désert qui les rendait délicieuses, fondantes, puis du thé du désert, un thé que mes parents m'avaient appris à préparer avec efficacité. Des tasses, nous en avions à profusion, car j'avais confié mon rouleau de stockage normal à l'homme en qui j'avais le plus confiance dans notre corps diplomatique : Akayuki Shirokuma, un homme habitué aux responsabilités. Je l'avais rencontré en amont pour lui imposer ma décision de le charger de porter ce rouleau, car je tenais à ne pas arriver les mains vides. Nous disposions aussi de fines aiguilles afin de piquer les dates pour qui n'eût pas aimé les prendre à la main. Et surtout, j'avais dans ce grand rouleau mon kimono. Que devais-je faire ? Il était riche et pouvait attester d'une position sociale, mais avais-je vraiment besoin de cela ? Le tenue était idéale pour une rencontre diplomatique, mais cela correspondait si peu à mon manque d'élégance que non. Allons donc au naturel. Ce qui tombait bien, car j'avais pris une tenue plus habituelle, plus normale, mais qui n'était pas celle que l'on me voyait porter la majeure partie du temps.
Attendez-moi, je vais me changer.
Je m'éclipsai dans un coin d'arbres avez des branches assez spacieuses pour l'accueillir et rangeai dans mon rouleau mon épaisse cape de voyage pour sortir des habits ordinaires et une veste de cuir de djelli, puis une robe permettant de courir et sous laquelle je portais des pantalons de la même couleur, noirs. Donc tristes. Tant pis. J'étais prête et revins auprès de la délégation, espérant qu'ils en avaient profité pour soigner leur tenue après la traversée du désert.
Je suis prête. Allons-y, profitons d'être dans les temps pour ne pas arriver en retard sur place.
La pression est plus que présente dans l'esprit du phœnix du désert. Faire partie d'une délégation pour rencontrer de haut dirigeant du village de Konoha, c'est clairement autre chose que des missions « classique » ou de la conquête. Adieu à la bagarre et bonjour à la diplomatie et aux négociations. Avec la regrettable disparition de Shigeru ainsi que la mise à l'écart d'une tierce personne, c'est vers la rousse que les responsabilités se sont posées.
Quel enfer pour elle, tant de poids sur ses épaules aussi subitement, il y a facilement de quoi vriller pour beaucoup. Mais Kalida finit par voir la situation sous un autre angle, c'est comme une sorte d'épreuve, de montrer aussi aux autres que les rumeurs de simple bourrine ne sont pas non plus que ce qui la caractérise et qu'elle peut faire preuve de sagesse.
Pour cette rencontre, il est hors de question de porter ses vêtements habituels, certes, ça va rester dans le même ton, mais il fallait que ce soit plus... « sophistiqué ». Des couleurs plus variés, des détails de couture, et même, miracle ! Un très beau collier couleur or avec une pierre précieuse serti pendant juste au dessus de sa poitrine à peine visible sous le tissus. De quoi assumer un peu plus sa « féminité » que d'habitude malgré les vêtements unisexe monacale. Kalida tient tout de même à garder son image « martial » quoi qu'il arrive.
Seul chose qu'elle a pas spécialement prévu, c'est les remarques potentielles qu'on peut lui faire sur ce sujet. Si on aborde ce sujet avec elle, à coup sur elle sera gênée ou elle détournera la discussion aussi vite que possible. C'est donc en se grattant l'arrière de la tête que la demoiselle revient une fois changé, regardant Denya dans sa tenue de diplomate. Ne sachant pas trop quoi dire, elle reste un peu sceptique et confuse, planté comme un vulgaire radis dans le sol. Puis, un moment de génie lui traverse l'esprit avant de lever son bras droit pour faire un pouce de validation et un clin d’œil sans rien dire. Une manière à elle d'exprimer que tout va bien malgré qu'elle n'y connaît rien en vêtement et en mode.
- Ça va le faire !
Tenue de Kalida:
Nozomo Yukio
Suna no Jonin
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La vue de l'herbe et de la verdure m'apporta un réconfort inattendu, moi qui avais grandis au milieu des dunes j'étais toujours étrangement revigoré par la vue d'autres structures naturelles que les instables châteaux de sable portés par le vent. C'est beau un arbre quand même !
La traversée des plaines désertiques fut un joli trajet, pas à cause d'un quelconque changement dans le climat puisque les abords de Suna et cette région étaient sensiblement semblables mais ma curiosité me poussait à m'écarter un peu du cheminement de mes compagnons pour monter sur les dunes, cherchant une ruine. Si je n'avais pas été shinobi, peut-être serais-je devenu explorateur ? La pensée de découvrir le monde librement, sans les limites temporels et responsabilités entraînées par les missions, me trottait souvent dans la tête, mais ma vie était à Suna, avec mon frère, avec mon clan qui m'avait adopté.
"Après avoir tué ma famille, qui m'avait vendu". J'étais encore partagé sur mon opinion au sujet de la question : Famille, clan, responsabilités... Cette fascination pour le voyage me venait peut-être de mes gènes de migrateurs ? J'allais en parler à Hayato pour voir s'il partageait ce type de pensée : - Toi aussi tu veux te barrer parfois ? Moi ça me trotte dans la tête, je me dis que c'est à cause du fait que nos géniteurs avaient la bougeotte. Tu en penses quoi ? C'était nous les représentants des Nozomo, alors que techniquement nous n'en étions pas vraiment et certains membres me le faisaient bien sentir. "Cocasse..."
Après ces quelques jours à avancer dans les dunes, nous étions arrivés sur un paysage bien plus vert. - Messieurs, nous sommes au Delta d'Ofusecho.
Notre intendante était tout sourire, peut-être partageait-elle mon attrait pour la verdure ? Peut-être aussi que c'était les nerfs, avec tout ce stress dû à sa position et à la situation actuelle ? La nouvelle de ma participation dans la délégation politique de Suna durant la rencontre avec Konoha m'avait surpris, j'oubliais souvent que j'étais juunin et que j'avais un rôle important dans ce genre d'évènement. Les grades de ninja me passaient au-dessus, surtout que finalement ce n'était pas un gage de puissance : Kalida, qui nous accompagnait, m'avait battu alors qu'elle était une chuunin ! Malgré tout, cette invitation me fit très plaisir : je pouvais voyager, me sentir utile à mon village. Que de bonheur ! Pour l'instant.
Denya avait stoppé la délégation pour se changer derrière des arbres proches, j'en profitai pour me baisser et apprécier l'herbe à mes pieds, ceux-ci étaient décontenancés par le contact plus dur de la terre par rapport au sable. L'effort n'était pas le même, mais c'était appréciable. Un peu fatigué, je partis m'asseoir contre un arbre à distance du site où notre intendante se changeait, je ne voulais pas la déranger ni passer pour un pervers... Enfin posé contre le tronc, je sortis de mon sac le kimono blanc que j'avais préparé pour la rencontre. Le climat chaud des régions que nous avions traversées m'avait forcé à adopter une tenue décontractée pour le voyage, mais plus on s'approchait du delta plus la température descendait et je commençai à avoir froid avec ma chemise noire, de plus je devais avoir bonne figure face aux pontes du village de la feuille. "Même Kalida s'est mise sur son 31 !" Je devais en faire de même, sinon les Nozomo allaient encore passer pour des bandits sales comme leur manière de combattre... Loin d'être coqué, je voulais quand même ne pas passer pour un péquenot. En imposer passait par la force, mais aussi par le paraître et puis, je représentais le village.
Une fois Denya revenu, je me mis debout et enfilai mon kimono. Entre les manches, je pus apercevoir Kalida faire un geste d'appréciation à l'intendante pour la réconforter, les deux femmes étaient très bien apprêtées pour la rencontre, mais je ne le ferais pas remarquer. On ne m'avait rien demandé.
Tenue de Yukio :
Nozomo Hayato
Suna no Jonin
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C’était avec un bonheur relatif et grandement intériorisé qu’Hayota redécouvrait les paysages verdoyants des plaines. Sans doute aurait-il pu profiter davantage de son voyage, si seulement il n’avait pas été aussi harassé par la traversée des dunes.
Son frère et lui avait été désigné par le Kazekage afin d’accompagner l’intendante Denya, vers le delta d’Ofusecho. Ils devraient alors là-bas rencontrer les représentants de Konaha. Sans doute cherchaient-ils encore à s’assurer que Suna n’avait pas d’intentions néfastes à leur égard.
Si l’idée d’un voyage à l’extérieur des portes du village, ne plaisait guère à Hayato, il était cependant rassuré de pouvoir être en compagnie de son frère. Au moins pouvait-il ainsi garder un œil sur lui et s’assurer que cette tête de mule n’irait pas se mettre, comme à son habitude, dans de sales draps.
Se plaçant en retrait du cortège durant la première partie du voyage, il put observer Yukio discutant avec une certaine « Kalida ». Hayato n’avait encore jamais put réellement faire sa connaissance. Mais, il avait reçu de son frère, un rapport complet, détaillant le combat qu’ils menèrent au sein du domaine Akayuki. Ainsi savait-il que cette jeune kunoichi devenait un véritable phénix au cœur du combat et que, bien que n’étant encore que Chunin, elle lui avait apporté une sévère correction. Les voyants ainsi discuter ensemble et connaissant l’attrait de son frère pour les relations enflammées, il pensait un sourire aux lèvres que sans doute un jour ils devraient faire chambre à part.
Vagabondant dans ses pensées, Hayato ne réalisa même pas que son frère avait quitté la jeune rousse pour se rendre à son niveau. Il l’observa rapidement et eut immédiatement un pressentiment.
Non … Encore ?
Déjà son frère amorçait sa phrase.
Toi aussi tu veux te barrer parfois ? Moi ça me trotte dans la tête, je me dis que c'est à cause du fait que nos géniteurs avaient la bougeotte. Tu en penses quoi ?
Encore la même sempiternelle rengaine, servit à répétition lors de chaque expédition hors du village. Hayato avait apprit à détourner l’attention de son frère afin d’éviter l’interminable débat qui les conduiraient, comme d’habitude, à la même conclusion. Ignorant les interrogations de son frère, il s’exclama, tout en arborant un grand sourire et en fouillant par la même occasion, dans son petit sac de voyage.
Tiens ! Avant que j’oublie, ne t’avais-je pas dit que la vieille commerçante en face de nos quartiers avait enfin été réapprovisionnée en feuilles de maté ? Elles ont infusé toute la matinée et j’ai oublié de te confier ta gourde ce matin.
Lui confiant la gourde, il fit mine de replonger alors dans ses pensées les plus profondes. Son frère savait qu’il était alors inutile de continuer plus avant. Après quelques autres heures de marche, la voix de Denya sortit Hayato de sa rêverie.
Messieurs, nous sommes au Delta d'Ofusecho.
Arrivé sur place chacun partirent se changer, il était en effet préférable de se couvrir davantage et surtout d’afficher des tenues moins austères que les habituels tissus du désert. Alors que l’intendante et Kalida revenaient avec leurs tenues. Hayato ne put s’empêcher de constater que son frère dévisageait cette dernière.
Bien que distrait à cette pensée, Hayato se ressaisit et partit avec son frère, enfiler un habit plus noble. Il avait opté pour un sobre kimono noir aux motifs simples et s’amusa à la vue de la tenue blanche, quelque peu extravagante de Yukio.
Le yin et le yang ?
Revenant auprès du groupe, les yeux encore rieurs, il entreprit de s'allumer une cigarette et de contempler avec attention le paysage somptueux qui se présentait devant lui.
Akayuki Shirokuma
Kazekage
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Depuis le début de leur périple… Non, depuis qu’il avait été convié pour rejoindre cette délégation, l’esprit de Kuma n’avait cessé de moudre du grain. Sans doute pour l’une des premières fois, de manière aussi claire, le Kazekage avait initié, sans aucune manipulation de la part de l’Akayuki, quelque chose qui résonnait totalement avec ses propres projets… Envoyer une délégation, qu'il lui avait permis d'accompagner en personne, pour aller traiter avec le village de Konoha… Était-ce bien le Serika qu’il avait tant connu et haï, qui en était venu à de telles pensées ?
Ou alors, quelqu’un d’encore plus sournois, plus fourbe, mais aussi plus bon, avait réussi à prendre la place du doyen des sables sans que personne ne s’en doute, pour remettre le village sur de meilleurs rails ? C’était impensable, impossible, et pourtant, cela paraissait aussi louche que le soudain regain de sens, du manipulateur tyrannique, qui régnait sur le désert. Peut-être que la responsable de ce magistral revirement de politique n'était autre que Sahara Denya, la nouvelle intendante de Suna, chargée de mener l'expédition. Celle-ci lui avait confié un parchemin, avec divers victuailles, qu'il avait lui-même agrémenté de spécialités de Suna, sélectionnées par ses propres soins et l'aide de ses confrères les plus connaisseurs.
Au cours de la marche, le jeune chef de clan était resté relativement fidèle à lui-même, quoiqu’un peu plus discret. Il lâcha quelques blagues, d’assez mauvaise facture, pour donner le change, mais se concentra surtout, lorsque les regards n’étaient pas tournés sur lui, à poser le sien sur ses comparses. Plus de Mirai, le seul élément de Suna sur lequel il avait vraiment pu compter jusqu'alors, malgré son tempérament imprévisible.
S’il y avait une personne qui avait autant cherché à faire tomber le fondateur de Suna que l’Ours des vents, c’était bel et bien son camarade peinturluré. L’avoir à ses côtés, pour les projets qu'il avait en tête, était une occasion qui ne se reproduirait jamais…
A leurs côtés, il y avait deux Nozomo qu'il connaissait vaguement mais qu’il ne connaissait pas assez, pour s’en faire une réelle idée… S'ils étaient là, c'était sans doute qu'ils avaient les épaules pour se débrouiller, si jamais la délégation devait tourner au vinaigre. Le souci était surtout de savoir s'ils n'étaient pas du genre à provoquer les problèmes, plutôt que de les régler. L'Akayuki n'avait jamais vraiment tenu ce clan dans son cœur, même s'il faisait son possible pour s'éloigner des préjugés, leur aspect belliqueux et sanguinaire faisait partie, à ses yeux, de ces trop nombreuses qui gangrenaient Suna. Kalida, quant à elle, il ne la connaissait peut-être que trop bien. Tête brulée devant l'éternel, c'était cependant une kunoichi d'un talent remarquable et dont la progression ne cessait de l'étonner, à chaque fois que leurs routes se croisaient. Ce genre de mission était totalement ce dont elle avait besoin, dans son parcours. Quelque chose qui allait nécessiter davantage sa pensée que ses muscles, lui apprendre la diplomatie. Pour une membre de son clan, avec le potentiel de le rejoindre au rang de Triumvirat... C'était une expérience charnière, dont il observerait le déroulement avec attention.
C’était l’occasion pour Suna de s’élever, de s’ouvrir au monde, chose à laquelle il n’avait pu que rêver, durant de nombreuses années, impuissants à changer les choses. Et là, on lui tendait cette possibilité sur un plateau… Pour la première fois, il n'était pas question de remplacer le tyran, pour améliorer la vie, dans son beau village. Y aurait-il vraiment besoin de le remplacer..? Ne serait-il pas bien mieux de se contenter de l’épauler, jusqu’à ce que la nature ne remplisse elle-même son rôle..? Si il le pouvait.
*Il s’est enfin décidé à revoir sa vision archaïque… Peut-être qu’il se ramollit, avec l’âge. * Songea-t-il pour lui-même, pensivement.
Tout le monde décida plus ou moins de s'arrêter pour se changer, il se félicita d'avoir choisi pour l'occasion une tenue officielle de Triumvirat, l'ayant gardé au frais le long de leur traversée et correspondant à une visite protocolaire. Vêtu d'une chemise blanche ouverte, qu'il referma une fois le fond de l'air rafraichi, ainsi que d'un large manteau noir, au col frappé de son insigne familial. Il avait prit dans ses bagages, large sac brodé qu'il tenait en bandoulière dans son dos, les plus belles pièces de tissu de Suna, faites par les Akayuki mais aussi d'autres clans moins connus, mais également très talentueux. Dans cette visite, il comptait également faire enfin la rencontre de la belle Kamiko Raion, qui aurait un rôle capital dans l'ouverture des frontières et une entente plus cordiale entre leurs deux villages.
Shirokuma attendait patiemment que la troupe ne se remette en train. La route était longue et l'impatience du chef de clan ne faisait que l'allonger, au fond de son esprit. Cette rencontre serait le premier pas vers le redressement du village, il en était certain. Encore faudrait-il bien jouer ses cartes... Rejoignant Denya en tête de marche, une fois celle-ci décente. Au milieu de toutes les préparations, ils n'avaient pas vraiment eu le temps d'échanger, depuis qu'il avait été assigné à cette mission. C'était non seulement le moment d'en apprendre davantage sur ce qu'ils comptaient faire, mais aussi sur l'intendante, l'une des seules autres personnes à avoir un réel poids au village, à l'exception du vieil homme.
« Ca m'a l'air d'être assez sérieux, comme escorte pour une première rencontre. Tant qu'on est sur le chemin, vous avez déjà une idée de ce qu'on va aborder..? » Demanda-t-il, simplement pour la jauger. « J'imagine qu'on ne sera pas tous à la table des négociations. »
Sahara Denya
Suna no Jonin
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Localisation : À Suna
Fiche du Ninja Grade & Rang: Jônin - rang B - Arsenal Ambulant - Intendante de Suna Ryos: 9571 Expérience: (2034/1200)
J'étais bien heureuse d'enfin arriver en cette saison d'automne sur les lieux. Pas voyageuse pour un sou, je ne connaissais l'extérieur que de manière romancée et ses couleurs tenaient de la surprise lorsque je vis ce chatoiement que la nature offrait en un spectacle animé par un vent léger au gré duquel dansaient les feuilles. Les plaines fertiles n'avaient as changé depuis ma visite à Masara et la démonstration de grandeur de la nature était toujours aussi rafraichissante. On pouvait presque avoir chaud si l'on venait comme nous du désert où sévissait une dure aridité qui avait fini par être le lot quotidien des ninjas de Suna et avec laquelle nous savions jouer, mais j'espérais que les autres ne regrettaient pas le climat présent, qui avait le mérite d'être un changement considérable pour nous.
HAHAHAHAHAHA ! Je me tus. Toute le monde me regardait. Pourtant, la vanne de Shirokuma était excellente, même si j'étais apparemment la seule en rire. J'imaginais déjà Shirogane Honoka soupirer.
Le cuir de ma tenue était incroyablement léger pour une bête adaptée au désert et mon nez posé dessus pour le humer, je ne sentais pas la chaleur du désert inscrite dans l'habit, contrairement à d'autres vêtements qui s'imprégnaient de l'atmosphère climatique des dunes. Il allait falloir que je rendisse visite aux éleveurs et aux taneurs afin de constituer une collection d'habits adaptés à l'extérieur.
J'étais rassurée de voir que tout un chacun n'avait pas choisi de se présenter en face de la délégation dans un costume trop chic, car le haut-conseiller avait du style, mais se vêtir tout en noir était impensable, une option à ne même pas considérer, puis nous eussions passé pour des politiciens et non des ninjas. Je semblais déjà être une civile, même si ma jupe me permettait de me battre, mais l'aisance de mouvements n'allait pas être la même qu'avec un pull sans manche et un pantalon.
J'avais déjà vu la tenue de Kalida, mais où ? Où ? Le kimono noir de Hayato était un grand classique chez les nobles du désert, mais le choix du komono blanc de Yukio apportait la décontraction qu'il fallait, même si je commençais à douter du sérieux de notre allure générale. Sans doute eussions-nous du venir habillés de manière plus militaire, moins protocolaire, car nous restions du monde shinobi, sauf Shirokuma, qui était ici en sa qualit de chef de la branche diplomatique du village.
Ça discutait entre les Nozomo. Sans doute du choix de les sélectionner eux. Ils n'avaient pas les tendances des Nozomo et risquaient de moins passer pour des soudards que les brutes restées au village. Mais si je l'avais annoncé publiquement, imaginez le tollé. Donc motus était le mot d'ordre. Par contre, lorsque le chef choisi des Akayuki m'interrogea, pas question de faire de me taire..
Vous ne posez la question que maintenant ? Je pensais qu'on vous avait averti, le kazekage souhaite un rapprochement léger entre Suna et Konoha. Un rapprochement léger, une fausse amitié passant par un traité de paix qui nous garantirait de ne pas nous entretuer tant que la menace de Tetsu reste présente.
Bien sûr, la crainte qu'une alliance entre Uzushio et Konoha ne menât à une attaque de notre cher village était aussi une motivation qui m'habitait, mais cela, je ne le dis pas non plus afin de ne pas indisposer le chef Akayuki, dont je me disais bien qu'il préférait un discours apaisant à un motif ayant pour toile de fond la peur. Mais Suna devait veiller à assurer ses arrières, car Konoha avait son allié. Nous, non. Pas encore. Sans doute allait-il falloir chercher quelqu'un.
Kalida m'accompagnera pour discuter des modalités. Je compte sur toi, Shirokuma, pour veiller que rien ne parte en vrille avec l'autre délégation. Aucune effusion de rang ne sera tolérée ! Mais ne vous laissez pas moquer non plus.
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