L'art de porter des coups tout en finesse et délicatesse. Pv- Kuma

Avant même que le soleil ne se couche, Kuma avait été présent, sur les lieux du terrain d'entraînement, où un rendez-vous, très attendu, allait bientôt être honoré. Un match "amical", un "entraînement" avec le Kazekage lui-même : Serika Senshi en personne. La date avait été retenue à l'avance, et dès ce moment, le chef de clan avait été presque incapable de se tenir. Comme un enfant à noël, il s'était retrouvé incapable de penser à quoi que ce soit d'autre. En revanche, les sentiments qu'il éprouvait envers son "chef" n'avaient rien d'enfantin. Il y avait moins de personnes, au courant de l'antipathie qu'il ressentait à l'égard du doyen de Suna, que de doigts sur une main. Il l'avait toujours vu comme un tyran belliqueux, et lui reprochait bien des choses, dont la situation de faiblesse dans laquelle se trouvait actuellement Suna. La mort d'êtres chers. Celle de Sanae.

Rien que de penser à se retrouver, seul à seul, éclairé seulement par l'astre nocturne, qui brillait, haut dans le ciel de leur petit village, le faisait bouillir d'impatience. Il avait souvent rêvé, de lui coller son poing en pleine figure, mais avait toujours dû refréner ses pulsions. Jouer le bon petit laquais, le représentant exemplaire des Akayuki. Le vieux Serika avait beaucoup de fidèles, dans les rangs de Shinobi, sans même parler de la position même de Kuma, qu'il devait sécuriser le plus possible, pour mener ses projets à bien.

Combien de conflits, combien de pertes devraient-ils encore subir, sous son commandement ? Mais l'ours de sable était un être patient. Pour le moment, il n'était encore ni suffisamment fort, ni suffisamment influent pour pouvoir mener une réelle opposition à ce régime tyrannique. Une petite voix lui avait bien soufflé qu'un tel entraînement, sans le moindre témoin, pouvait être le lieu d'un accident malencontreux... Il avait dû la faire taire bien vite, car le moment n'était pas encore venu. Non.

Cette confrontation serait un bon moyen de tester son rival auto-attitré, ainsi que de faire ses preuves. Le moment n'était pas encore venu. Soudain, son regard capta quelque chose qui lui fit frémir l'épiderme, durcissant ses traits déjà tirés, les pupilles fixes, qui se démarquait du reste de sa face, camouflée par sa capuche. Les lèvres serrées, il grinça légèrement des dents et serra les poings.

Son adversaire finit par arriver, alors que le martialiste était encore juché en haut d'un toit, les muscles tendus, observant le lieu qui abriterait bientôt un combat grandiose. Le chakra du shinobi s'agite, à l'intérieur de son corps, lui chauffant les nerfs comme de l'eau bouillante, qui remuait dans ses veines. Il le laissa s’asseoir, se relaxer, en prenant lui-même le temps de souffler, se recentrer. Encore une fois, il fallait faire bonne figure. Malgré son ressenti, Kuma avait un profond respect pour le vieil homme. Sa force ne faisait aucun doute, ni son charisme. Le sous-estimer n'était pas une éventualité, si il voulait éviter de n'être qu'un vulgaire sac de frappe.

Il lui fallait être calme. Réfléchi. Se reconditionner, pour revêtir ce masque sous lequel on le connaissait d'habitude. Chasser ses propres pulsions. Résister à la tentation. Observer. Respirer...

Dans un mouvement fluide, le shinobi se laissa tomber en avant, sans un bruit, laissant se détendre tout son être. Chutant en silence, du haut de son perchoir, il regagna le plancher des vaches, se mettant immédiatement en marche pour rejoindre l'ancêtre. L'expression rageuse de ses lèvres s'était changée en un sourire respectueux, mais qui témoignait tout de même de son envie d'en découdre. Quoi de plus normal, après tout, pour l'Ours Fou du village des sables ? Tout le monde le connaissait comme un acharné des combats et du champ de bataille, après tout.

Jouer ce rôle avait au moins l'avantage de faciliter ce genre d'événement, il fallait le reconnaître. Ses yeux ambrés perçaient, même dans la nuit, alors qu'il se rapprochait de son opposant. Ramenant une main sur le haut de son crâne, prêt à enlever sa capuche, une fois suffisamment proche, pour faire face au Kazekage et le saluer, comme il se devait. Il y avait tout de même une certaine étiquette à respecter, pour un tel duel.

« Bonsoir, Kazekage-sama. »  Engagea-t-il.
« C'est un réel honneur, de me retrouver face à vous... Un rêve d'enfant, honnêtement. »

Son ton était doux et respectueux, ne laissant aucunement présager du tumulte qui lui remuait les tripes. Le regard des deux hommes se croisa, au moment où il ne restait plus qu'un mètre, entre eux deux.

« On commence quand vous voulez, Serika-dono. »

Santé

100%

Chakra

100%

Récapitulatif combat:

Suite aux salutations de Shirokuma, le prestigieux shinobi envoya son manteau au loin, alors que le Jounin finissait de retirer sa capuche. Malgré son âge avancé, le vieil homme reste étonnamment bien conservé, témoignant d'une vie passée à suivre un entraînement assidu, ce que même l'Akayuki ne pouvait réfuter. Aussi haineux pouvait-il être à l'égard du Kazekage, le martialiste n'était toutefois pas assez stupide pour ignorer à qui il avait affaire. Ce manipulateur de sable n'était pas le créateur de Suna pour rien. Rien de le voir ainsi, beaucoup auraient sans doute tressailli, remis l'affrontement à plus tard, sur un prétexte frauduleux...

Pour l'Ours à deux visages, cette vision lui rappela ce pour quoi il ne cessait de se perfectionner, sans relâche. Le mur à dépasser, pour pouvoir le démolir. Aujourd'hui, il montait la première marche, qui guiderait le reste de son ascension. Comme en provocation, il plongea les mains dans les poches, lorsque le Serika déboucha sa gourde. Le plan du manieur de vent était, en fait, en train de commencer à se mettre en place. Dès que le doyen du village leva les bras pour commencer à amasser du sable, Kuma passa à l'attaque. Si l'esquive n'était pas une solution, contre un tel manipulateur des éléments, la meilleure option était de rentrer dans sa garde, pour prendre le sable de vitesse.

Avec une puissante impulsion, qui laissa un cratère à l'endroit d'où il était parti, il bondit sur sa proie, tout son corps prit un mouvement de rotation, autour duquel dansait le vent. Portant un puissant kick au doyen du village, en plein sternum, l'attaquant ne comptait pas s'arrêter là. Tombant au sol, il plia les genoux en se ramassant sur l'avant. Quelque chose clochait, une fourberie, qu'il n'avait eu que le temps de voir du coin de l’œil, mais qui ne l'inquiétait pas outre mesure. Rien ne pourrait arrêter sa charge folle.

Le dôme de sable commençait à se refermer autour des combattants, mais l'Akayuki ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Son poing gauche, chargé de chakra, se dirigea vers le ventre du Serika, furieusement. Il aurait beau contracter ses muscles ou tenter de le contrer, son attaque lui traverserait la ceinture abdominale comme si il ne s'agissait que d'un mirage, le pénétrant pour viser directement son foie, d'un assaut appuyé par l'Iroujutsu. Le corps de profil, autant pour accompagner son premier coup, que pour préparer le prochain, ses phalanges menaçantes arborant une petite surprise explosive. "Utilise ton or, vieil homme", Pensa-t-il intérieurement, sans piper mot.

« MADA MADA !!! » (C'EST PAS FINI !!!)

Pivotant brutalement, Shirokuma ramena son poing gauche en y mettant tout son poids, solidement ancré sur ses appuis. Si le Kazekage refusait de lui montrer ses spécialités, le Jounin n'utiliserait qu'une version très simplifiée des siennes. Pas d'arcane de Nintaijutsu Fûton, pour le bonhomme Senshi. Si il continuait à refuser d'utiliser sa poussière d'or, le Suna Kouzui serait l'unique guest, de la bibliothèque Akayuki. C'est donc un poing tout ce qu'il y avait de plus "normal", qui se dirigea vers le vieil homme. Sans la moindre once de Ninjutsu, l'Ours frappa tout de même avec la puissance d'un boulet de canon. Une faculté purement physique, dont il était très fier, qui pouvait en surprendre plus d'un. Un pouvoir démesuré, ne reposant sur rien d'autre que sa force surhumaine.

Il espérait, avec cette performance, l'envoyer valser le plus loin possible et surtout, profiter du contact pour le laisser avec le dernier Goodies, de son enchaînement agressif. Plus tôt, lorsqu'il avait mis la main dans sa poche, ce n'était pas vraiment (ou pas que) pour narguer son chef, mais surtout pour y chercher un parchemin explosif, pour le coller à sa cible, au moment de frapper. Peu importait que l'ancêtre soit loin ou pas, tout ça n'était que de la poudre aux yeux, qui ne devraient guère endommager des hommes de leur trempe.

Épuisé par l'effort qu'il venait de réaliser, Kuma avait la respiration quelque peu saccadée, mais pas assez pour l'empêcher de tendre l'index et le pouce de sa main gauche, en visant Senshi, comme si il s'agissait d'une réelle menace. Un sourire franc ceignait son visage, malgré la fatigue. Depuis combien de temps avait-il rêvé de faire ça ? Il aurait sans doute dû essayer de se contenir un peu plus, jauger le terrain, mais il n'avait pas résisté... Comment allait répondre l'adversaire ? Allait-il enfin devenir sérieux ?! Mais surtout, depuis combien de temps le shinobi supérieur de Suna ne s'était-il pas senti aussi impatient ? Dur à dire. Ce Serika, tout particulièrement, avait le don de le sortir de ses gonds.

« Katsu ! »

Récapitulatif combat:

Récapitulatif combat:

Les deux hommes se connaissaient, de longue date. Peut-être un peu trop bien. Kuma avait toujours ressenti le besoin et le devoir de s'opposer à son ancien senpai, à le remplacer, pour redorer le blason de Suna. Il avait vécu une vie à se brider, continuellement, à ne laisser voir que ce qu'il voulait bien montrer, pour ne jamais laisser filtrer d'informations qui pourraient lui porter préjudice. Pas à pas, il avait élargi son arsenal, pour se préparer au plus d'éventualités possibles, avec un seul et unique but en tête : Devenir Kazekage à la place du Kazekage. Même après la perte de ses êtres chers, même après avoir fini dans des états lamentables, l'Ours de Suna n'avait jamais sourcillé, jamais faibli. Tel était son nindô.

Alors, quand pour la première fois, il avait eu l'occasion de se livrer à un petit duel nocturne, avec la légende des Serika, il n'avait fait que penser à la date concernée. Son impatience de jeune garçon, prêt à s'engager sur une marche supplémentaire, en direction de sa destinée, s'était mêlée à ses instincts plus calculateurs, qu'il camouflait jalousement, sous la surface. Chaque seconde avait été dépensée à se parfaire, à s'aiguiser comme la meilleure des lames, pour ne pas faire simple acte de présence. Ne pas se faire humilier, par ce titan des sables, qui n'aurait aucun scrupule à l'écraser, comme un insecte.

Sciemment ou non, le chef de clan ne voyait plus Senshi comme un homme, depuis bien longtemps. Depuis aussi loin qu'il lui était capable de porter sa mémoire, le fondateur de Suna lui avait toujours paru si loin, comme éphémère. Un mirage inaccessible, qu'il avait fini par mettre sur un piédestal, avec la ferme intention de l'en détrôner.

C'était donc un combat singulier, qui avait lieu, avec les astres pour seuls témoins. L'Homme contre le Mythe, le Concret face à la Légende. En quelques secondes, l'échange avait été d'une brutalité sans nom. Pénétrant dans la garde du vieil homme, il sentit son premier coup de pied éclater une langue de sable dure, mais sans atteindre sa cible. C'était à prévoir, après tout, mais il ne s'arrêta pas en si bon chemin.

Son coup de poing pénétra à l'aide de l'Iroujutsu, faisant mouche, contre toute attente. Le direct appuyé qui suivit, serti d'un petit cadeau explosif, arracha plus de surprise à Shirokuma que le piège de Fuin dans lequel il s'était embourbé. Sans se soucier des distances imposées par la geôle de sable, il prononça l'incantation pour faire éclater son parchemin. Subissant lui aussi la déflagration, celle-ci balaya, sur un geste providentiel, le sceau qui le retenait.

La fumée se dissipant peu à peu, les deux opposants se retrouvèrent face à face, suant tous deux à grosses gouttes, après quelques poignées de secondes d'affrontement. Alors qu'ils se regardaient en chien de faïence, le Jounin usa de son art médical, pour se prodiguer des soins, afin de se préparer à réagir à la moindre attaque. Le martialiste pouvait lui pardonner, de chercher à lui faire la morale, car, malgré son laïus sur l'attention, l'écran opaque qui s'était levé semblait lui avoir caché la rupture de son sort de Fuin. De plus, il céda enfin aux exigences masquées de son élève, car il se décida finalement à recourir à la fameuse poussière d'or.

Kuma l'avait déjà vue, mais ne l'avait encore jamais expérimentée. De ce qu'il avait pu en voir, c'était de toute façon une matière à éviter comme la peste et il ne comptait pas en faire les frais. Le sable éclatant se dirigea vers lui, lentement, justifiant ainsi l'utilisation du sceau. Malheureusement, celui-ci n'était plus et il était hors de question de le laisser s'approcher plus que de nécessaire.

Rassemblant ses forces, sans émettre le moindre son, il s'élança en biais, en se relevant d'une puissante impulsion sur ses appuis. Contourner la technique, avant de repartir à mi-chemin, en angle-droit, en plein vers le manipulateur de sable. Ce ne pouvait être la fin, il y avait  forcément un piège quelconque. Une entourloupe. En pleine lancée vers le dénouement qu'il avait toujours souhaité, un tableau dont il avait tant rêvé se dressait là, devant ses yeux. Trop beau pour être vrai. Grisé par le combat comme jamais auparavant, il avait tout donné et comptait bien mener cette joute à son terme. Pouvait-il vraiment le faire ? Était-il vraiment en train de gagner, ou tout cela n'était-il qu'un Genjutsu sournois, pour lui faire miroiter sa propre faiblesse ?

Armant son bras, il arriva au contact de sa proie, qui n'était autre qu'un prédateur aux crocs acérés. L'Ours de la toundra contre le Lion du désert, pour l'assaut finale de cette lutte acharnée. Son poing s'enclencha, gorgé de toute sa puissance dans un coup direct, en pleine direction de la face de son ancien tuteur. Un coup mortel, sans le moindre état d'âme, qui fusa avec une furie macabre. La mort était inscrit sur son poing, si Senshi n'avait aucun moyen de s'en prémunir. Une ultime frappe, qui transformerait l'Homme en véritable Légende, en lui accordant ce pour quoi il avait tant travaillé. Un dernier coup, pour le laisser se reposer, avec la certitude que sa création se trouvait entre de bonnes mains.

Il semblerait que le Kazekage, premier du nom, devait avoir compris l'écart de niveau qui le séparait de son disciple.

Ce n'était pas seul, qu'il mettait un point final à toute cette histoire, mais épaulé par tous ceux à qui il devait sa progression. C'était la victoire de Soren, de Mirai. C'était aussi et surtout, la victoire de Serika Sanae, qui arrivait un peu tard, pour un cadeau d'adieu, mais que l'artiste de Taijutsu avait toujours gardé, étroitement serré contre son cœur, même après son départ. C'était, dans une certaine mesure, la victoire de Senshi, aussi. Kuma n'aurait jamais pu arriver à un tel niveau, sans le soutien de cet adulte mystérieux, qui semblait être son opposé total, au premier coup d’œil.

Chacun d'entre eux accompagnait symboliquement son coup d'éclat, ajoutant leur volonté inébranlable à la sienne, pour soutenir davantage son élan. Le miroir vola en éclat. Le tableau se déchira, sous l'impulsion de toutes ces âmes entremêlées, dont le parcours avait enfin fini par déboucher quelque part. Elle était là, la fin de leur premier voyage. Même si elle annoncerait le départ du second, c'était une distance monumentale, qui venait d'être parcourue, en une nuit d'apparence si ordinaire.

Alors, pour ne pas ternir cette bataille, déjà décidée, Shirokuma arrêta son poing, tout net, à quelques centimètres du front du vieil homme. L'arrêt brusque de toute cette force brute laissa échapper une onde de choc, avec sa soudaine inertie, qui souffla les cheveux des adversaires et souleva de la poussière, tout autour d'eux.

Le souffle court, autant à cause de l'effort que de la surprise, était contenu autant que possible, par un air qu'il tentait de garder neutre, pour ne pas montrer l'ampleur de ce qui était en train de se passer, dans son être tout entier. Il ne devait désormais plus y avoir le moindre doute. Le trentenaire avait balayé le palmarès de l'invaincu, entachant son parcours parfait d'une tâche indélébile. Pour cela, il pouvait au moins se résoudre à ne pas retourner encore davantage le couteau dans la plaie. Plantant son regard dans celui du Serika, avec une assurance factice, mais travaillée au fil des ans, pour s'assurer qu'il ne faisait pas fausse route.

Sans aucune malice, le spécialiste de Nintaijutsu ouvrit la bouche, pour sceller ce duel d’anthologie. Aucune malice dans la voix, mais un timbre rendu plus rauque, suite à l'escarmouche. Combien de temps s'était-il préparé, pour ce soir, pour cette phrase ? Combien d'années encore pensait-il avoir devant lui, avant d'en être digne ? Quelle déception, de ne pouvoir partager ce moment avec sa bien-aimée. Quelle joie, d'être enfin arrivé à ce qu'ils s'étaient promis, si longtemps auparavant.

« L'Invincible muraille de sable a finalement été balayée par la tempête. »
Annonça-t-il, sans changer de position, toujours prêt à abattre sa sentence, au moindre mouvement suspect.

Le combat était normalement arrivé à son terme, mais la tension demeurait palpable entre les deux hommes. Un affrontement de fierté, de valeurs mais également de principes. Un combat dans les règles de l'art, qui avait pris une tournure incroyable, à laquelle personne, malheureusement, n'eut l'honneur d'assister. A l'exception de ces deux guerriers, lancés dans un conflit qui les dépassait tout deux, bien évidemment.

« A-t-on seulement besoin d'une audience, toi et moi ? »

Plus de tutoiement, ni de marque honorifique. Il ne s'agissait plus, en cet instant, que de deux Sunajins. Sur un pied d'égalité. Enfin.

Récapitulatif combat:

Le combat éclair s'était déroulé très vite et n'avait laissé que peu de temps de réflexion aux participants. Tout s'était fait par instinct, à la hâte. Action. Réaction. La libération du Fuinjutsu pouvait bien être dû à la chance, aux yeux de certains, mais pour Kuma, c'était surtout un paramètre hasardeux qui lui déplaisait quelque peu. A cause de ça, il avait été confronté à un choix : Affronter une technique dévastatrice, dont il ne savait rien, volontairement, ou bien utiliser la solution la plus intelligente, l'option de facilité, pour s'assurer la victoire. Après tout, la poussière d'or n'était pas un objet d'apparat, pour les Serika, mais bel et bien une arme mortelle. Malgré tout, quelque chose le chiffonnait, alors qu'il se tenait face à son rival de toujours, lui qui n'en avait sans doute jamais vraiment eu conscience. Cette victoire n'était pas complète... Cette victoire n'était pas indiscutable.

Toutefois, lorsque Senshi tombe, sans même essuyer de coup, Kuma chute lui aussi, en son for intérieur. Comment encore parler de "réelle victoire", contre un homme qui avait depuis dépassé son apogée, pour se diriger vers le déclin ? Rongé par la hargne, des successions de guerre et le stress de sa fonction, le Kazekage avait bien perdu de sa superbe. Pour avoir une réelle satisfaction, il aurait fallu un jutsu temporel, au pauvre chef de clan. Mais peu importait, finalement. Le Jounin aurait voulu, lui aussi, se laisser tomber contre le sol, pour souffler un bon coup. Malheureusement, il ne pouvait se le permettre. Le responsable des Senshi avait toujours fait montre d'un contrôle à toute épreuve, d'un maintien et d'une prestance inégalée. Si il voulait être digne du titre, il faudrait y mettre les formes...

Fini, le Kuma "bon enfant". Terminé, l'image de pitre à l'efficacité pourtant remarquable, que beaucoup s'aimaient à imaginer, en posant le regard sur ses actions dévoilées. Maintenant, il fallait endosser la tenue d'un chef de village, se préparer à porter une tenue qui pourrait s'avérer bien trop large, pour ses frêles épaules. Mais il ne faillirait pas. Il n'aurait pas cherché à briser ainsi un tel homme, indépendamment de ses propres sentiments à son égard, si il ne se jugeait pas à la hauteur de perpétuer et d'élever ce qu'il avait créé.

Du plus profond de son cœur, Shirokuma aimait Suna et comprenait les siens. Non pas son clan, mais tout ceux qui l'entouraient, chaque jour, et faisaient vivre leur village adoré. Il y avait des conflits, bien sûr. Il y avait des mésententes, comme partout. Malgré tout, les murailles de sable les protégeaient tous, peu importe leur origine ou leur niveau de vie. Ici, ils étaient tous des Sunajin, pour le meilleur et pour le pire. C'était leur territoire, leur foyer. Du plus grand des Serika au plus petit des aspirants sans nom. Ça, c'était à son maître qu'il le devait. L'Ours n'était pas assez fou pour oser le nier.

Le vieil homme se releva, subitement et, si il avait moins éreinté, Kuma se serait sans doute mis instinctivement en garde, prêt à reprendre de plus belle, épuisement ou pas. Au lieu d'une reprise des hostilités, contre toute attente, l'ancêtre utilisa de son dernier coup de pression, comme pour le mettre dos au mur. Si il voulait sa place, il fallait le tuer..? Se couvrir les mains du sang d'un tel homme, et annoncer la nouvelle, le lendemain, à tous les ninjas du coin..? Un silence morbide s'abattit sur le terrain d'entraînement, où venait de se dérouler un tournant vital, pour tous les habitants du désert.

L'Akayuki déglutit, en voyant la détermination dans ce regard usé, mais toujours aussi vif. Ainsi donc, leur doyen à tous, préférait la mort à l'humiliation de la défaite ? Ainsi donc, lui aussi, voulait emprunter la voix de la facilité. Pour cela, il demandait même l'assistance de son ancien élève, pour lui donner la libération qu'il attendait tant, sans doute depuis de nombreuses années.

« Ce sont donc ça, tes dernières paroles, Serika Senshi ?! »

Les deux mains de Kuma pénétrèrent de nouveau la chair, la traversant comme précédemment, pour se diriger vers les zones déjà meurtries. Passant les doigts au niveau des organes du vieil homme, l'ayant ainsi à sa portée, à sa merci, le martialiste eut un bref instant d'hésitation. Puis, sans sourciller, il se mit à l'oeuvre. Juste un petit geste devrait sans doute suffire, pour infliger des dégâts létaux, avec relativement peu de douleur ou d'agonie... Tout autour d'eux, il semblait que la geôle érigée par le tyran commençait à s'effondrer, laissant pleuvoir une pluie sèche sur leur chevelure.

Du corps du manipulateur de sable commença à émaner une douce lumière de jade, qui se diffusa peu à peu dans ses entrailles, restaurant tant que possible ce qui avait été sauvagement attaqué. Reconstruisant ce qui était endommagé, dans un silence de tombe. Des lourdes larmes roulaient, sur les joues du shinobi, alors qu'il prodiguait des soins, à son ennemi de toujours. Contre son dos, le Jounin pouvait ressentir une pression réchauffante, comme si tout une personne se tenait contre lui, le baignant dans une longue chevelure. Il eut presque l'impression de sentir des lèvres, se poser sur sa joue... La mélancolie et l'amour étaient, sans le moindre, doute les Genjutsu les plus redoutables, même au sein de leur monde. "On y est." Lâcha-t-il dans un murmure, à peine audible, même pour celui qui lui collait le visage. Ce n'était ni aucun d'entre eux, qu'il avait prononcé ces paroles, mais pour quelqu'un qui, il l'espérait, pouvait encore les entendre, où qu'elle puisse se trouver.

« Non. » Répondit-il, séchement. « Tu pensais vraiment que ce serait aussi facile, maître ? Si je dois annoncer ta mort, au beau milieu d'un terrain d'entraînement désert... En moins de deux jours, les rues seront inondées de sang. » Précisa Kuma.

Si l'émotion l'étreignait, ses sourcils restaient tout de même froncés, une véritable tempête battant au creux de ses pupilles. Il s'était longuement préparé pour ça. Une telle marque de faiblesse, de la part du mur qu'il avait passé tant de temps à se préparer à gravir... Il fulminait, malgré sa victoire. Le Kazekage n'avait-il donc aucune idée, de la fragilité de l'équilibre, chez eux ?

« C'est à cause de tes valeurs, qu'on en est là. » Pesta le jeune homme. « Tu as perdu, Senshi. Vu ce que tu me demandes, tu sais ce que ça représente : Ce n'est plus toi, qui dicte la loi. »

Il y avait beaucoup à faire, pour redresser les choses. Mais déjà, pour commencer, il lui fallait de la légitimité. Reprendre le trône de la sorte, sans l'acceptation claire et précise de Senshi, n'était ni fait, ni à faire. Pour cela, il lui faudrait le soutien du vieil homme, pour un certain temps, le temps que les préparations de l'Ours soient terminées. Une succession, tout en douceur. Indiscutable. C'était ça, qu'il leur fallait.

« Je veux ouvrir les contacts du village, je planche dessus depuis... Longtemps. » Distraitement, il retira ses mains, les soins terminés, pour s'essuyer le visage, à l'aide de sa manche. « Je ne veux ni détruire Suna, ni la diviser. Pour ça, que ça te plaise ou non, je vais avoir besoin de ton soutien. »

Rabattant sa capuche sur le haut de son visage, pour camoufler son émoi, le shinobi croisa les bras, en tentant de se remettre de la masse informe de fatigue, de surprise, de joie et de fureur qui bouillonnaient en lui, dans une mélasse intrigante.

« Ça ne me plait pas plus qu'à toi, mais ta vie appartient à Suna. » Illustra le prétendant au titre de Kage, avant d'enchaîner, sur un ton piquant. « Ou alors, tu préfères que tout ce que vous avez bâti s'écroule, dans le feu et l'horreur ? »

Récapitulatif combat: