Retrouver, la fille d'un marchand. C'est pourquoi je suis dans la forêt en ce moment même, tendue. Je suis dans mon environnement naturel, vous me direz. Pourtant, je ne suis pas à l'aise... Est-ce à cause de l'aigle qui plane et piaille au dessus de ma tête ? Je sais très bien ce que ça veut dire... Reira est à l'affût autant que moi. Cependant, le ciel est si haut, si loin... Il est intouchable et combien même, je n'ai rien contre cet oiseau en particulier mais plutôt pour ce qu'il représente. Si aux enfants, on apprends à avoir peur du loup... Chez nous, on nous apprends à se méfier des aigles. Feu mon père, en a fait les frais de se confronter à ses anges violents. Ma mère, en a perdu la vue... Suivrais-je leurs pas en finissant morte ou handicapée ? Pas question.
Reira grogne... Sa fourrure s'hérisse de mécontentement. C'est plus fort que moi, mon grognement se joint au sien. La jeune femme que je suis fait place à la bête, l'instinct de survie ne se décide pas, il se ressent. Nous ne sommes pas seules, c'est certain, je le sens... Une odeur étrangère et à la fois familière m'entoure, ce parfum ô combien hostile aux miens. Un Inuwashi m'observe et sans doute qu'il décide de mon sort. Est-ce qu'il doute encore à qui il a à faire ? Alors je décide de lui faciliter la tâche, je n'ai pas peur de montrer qui je suis... Une fière Inuzuka. Je relève mon masque de loup sur ma tête et sur mes joues blanches, les crocs rouges peints ne font pas de doute sur mon clan. Il sait alors, que je vais lui donner du fil à retordre, jusqu'à mon dernier souffle.
J'inspire profondément. Reira essaye de le pister, mettant de côté notre quête pour donner la priorité à notre propre survie. Seulement, l'ennemi nous connait si bien, depuis des années, avant même ma naissance... A bon chat, bon rat... Il ne s'agit pas de foncer tête baissé, c'est ce que l'aigle attends sans doute de nous et son crie est peut être notre requiem. Je passe une main sur le pelage de Reira, l'ambiance est électrique et je déclare à voix haute, après avoir réussi à maitriser mes pulsions.
_ Je sais que tu es là, que tu m'observes ! Nous n'avons pas peur !
Sur la défensive, mon naginata est près à suivre mes mouvements.
_ Je ne cherche pas querelle, même si toi et moi, on a sans doute bien des raisons de s'en vouloir depuis des générations... Je suis en mission en ce moment même. Un père marchand est inquiet pour sa fille qui s'est faite kidnapper. Laisse moi ce contrat, et ensuite, nous réglerons nos différents. Même si je sais que nous avons aussi des points communs outre la soif de vengeance... Nous aimons honorer nos missions.
Je déglutie. Si les histoires que les anciennes me racontent sont vraies. Nous n'avons pas que des différences avec les Inuwashi, mais aussi des qualités partagés et me tuer lâchement... Ça ne l’intéresse pas. Les Inuwashi, tout comme nous, nous voulons que le monde entier entendent nos exploits et prouver que l'un est meilleur que l'autre. D'où ce génocide sans issu.
"Sen, c'est peine perdu, il va nous trancher la gorge à la moindre occasion.."
Grogne Reira suite au silence. Je ne veux pas y croire. Je veux croire qu'il existe comme moi, des gens différents dans chaque clans. Je ne suis pas mon frère, disjoncté, assoiffé de sang. Je veux croire que chez les Inuwashi, il existe aussi, quelqu'un capable d'un peu de raison.
_ Ne pouvons nous communiquer que par la violence ?
Repris-je d'un ton las. Ce sont peut-être mes dernières paroles. Un père ne reverra peut être pas sa fille et moi, je ne reverrais peut être pas les miens, mais pas sans me défendre. La vie de shinobi peut être très courte, mais intense. Un père attends sa fille, tout comme moi, j'ai attendu le retour d'un père qui n'ai jamais revenu, que je n'ai jamais connu. Je sors de ma poche, une petite peluche lapin... Cet objet confié, devait me mener sur la piste de sa fille.
Vivre seul, avancer dans les ténèbres à l’abri de la Lumière!
Sora et Sen
Feed my hatred
Tsubasa qui me convoquait, il commençait me courir sur le haricot ce stupide intendant. Dernièrement, il faisait que cela et cela devenaient bien compliqués, car je ne savais pas réellement comment lui dire que je ne voulais pas faire ses sales besognes et qu’il y avait d’autres ninjas dans le clan et qu’il n’était surtout pas mon père et qu’il pouvait me laisser un peu tranquille. Cependant, finalement, je ne pouvais pas réellement dire quelque chose. J’avais honte en quelque sorte de devoir me laisser faire, mais en même temps en acceptant ce genre de mission, c’était toujours moins que de me retrouver forcer à me marier à quelqu’un d’un autre clan. Une épreuve de traque, mon sourire se faisait plus prononcés, j’aimais ce genre de nouvelles. La fille d’un marchand avait été enlevée et je devais aider à la retrouver. J’étais parti seul, alors qu’on me proposait une équipe de traque, mais finalement, je préférais carrément me retrouver seul.
J’avais suivi la piste sur plusieurs mètres, j’étais même très étonné qu’ils n’eussent pas réussi à la retrouver tout seul, tellement la personne qui l’avait enlevé était totalement dénué d’un quelconque art de la dissimulation et de la discrétion. Je soufflais de dépit et de lassitude cela m’agaçait fortement surtout quand j’apprenais que je n’étais pas le seul à être sur la traque. Mon regard se faisait vorace et le marchand perdait contenance:
« - Pourquoi m’avoir fait demander si finalement, il y a déjà une personne dessus ? »
Le marchand commençait à vouloir m’expliquer un truc qui allait m’agacer :
« - Vous comprenez, je veux qu’on retrouve ma fille. »
Un simple sifflement, un simple regard plus acéré que les mots. Je tournais la tête et dans un mouvement, je me projetais vers un arbre. J’arrivais sur une des branches surélevées, je me demandais un instant si je devais vraiment prendre ça de manière sérieuse. Quand soudain mon regard captait l’inattendu. Un loup, un chien le compagnon d’un de ces foutus membres de débiles. Mon cœur se mettait à battre à tout rompre, je voulais la tuer, je voulais l’empaler sur une de mes flèches. Mon visage s’habillait d’un masque de haine, mon regard se voulait vorace. Mes canines sortaient de mes lèvres, je voulais manger cette femme. Poser sur mon perchoir l’aigle qui venait de se poser sur mes épaules. Je guettais ma proie, lorsqu’elle se mettait à parler. Elle parlait de points communs et tout ce qui allait avec, je ne pouvais rien plus que d’avoir envie de la tuer. Soudain, Amerika se mit à me parler:
« - Sora, s’il te plaît. Si tu la tues, Tsubasa va péter un câble, attend une guerre. Tuer n’importe qui maintenant aurait de trop mauvaises circonstances pour ton avenir. Fais un effort pour une fois, elle est trop jeune pour avoir une quelconque affaire avec le décès de ton père. »
Je serrais les dents et sautait de mon arbre. Un simple mot :
« - Soit, si tu n’es pas morte, c’est grâce à mon aigle. Je ne serais pas ton ami, on trouve cette fille et je me casse. Tu es pour moi qu’un rebut de la société, une sauvage et une personne que je souhaite tuer. »
Des sauvages, des sauvages, même pas des êtres humains
S²
L'ambiance est lourde. J'ai l'impression que je peut exploser, répliquer à n'importe quel instant. Les mots des anciennes tournent dans mon esprit... J'ai vraiment proposé un "pour parler" à mon ennemi naturel ? Quel mouche m'a piquée ? On se ressembles dans nos techniques, et après ? Imaginons que je sois tombé sur le sosie de mon frère ? Dans ce cas, il ne me reste qu'une poignée de seconde à vivre mais pas sans me battre. Si je tombe, j'essayerais de l'entrainer avec moi ou de l'amocher un maximum pour faire de sa vie un enfer. Pourquoi ais-je sortie tout ça ? Ce sont des faux anges, des démons qui sèment la mort depuis des années, et qui plus est, se font passer pour des victimes auprès des autres clans et villages... Nous aussi, avons de nombreux morts à pleurer par leurs fautes. Pourquoi je pense avoir besoin de lui ? Qu'on pourrait s'entendre ? J'ai été naïve l'espace d'un instant et c'est ce qui pourrait me couter très cher.
Et si il était comme moi ? A la recherche d'un espoir ? Doté de capacité d'écoute, au minimum ? Pas totalement aveuglé par sa haine ? Je passe d'un extrême à l'autre... Pourtant, le fait que je sois encore en vie est bien un signe d'une possible entente. Je sais pas... Je sais plus. Ça m'énerve ! La diplomatie, ce n'est pas mon fort, merde ! Qu'on en finisse ! Entre bêtes sauvages avec violence, mes crocs dans sa chaire et sa tête en trophée... L'un de nous deux tomberas et ça ne sera pas moi, je dois y veiller.
Soudain. Du mouvement, comme un éclair qui pourfend la forêt, il se dévoile à moi. Reira retrousse ses babines, dévoilant sa rangées de crocs... Elle attends un signal que je ne donne pas. Lorsque je le vois, une haine ancestral remonte en moi. Je tremble d'excitation, je ne dois pas y céder ! La voix de ce dernier, prend toute mon attention et me sort de ma lutte intérieur. C'est tendu !
« - Soit, si tu n’es pas morte, c’est grâce à mon aigle. Je ne serais pas ton ami, on trouve cette fille et je me casse. Tu es pour moi qu’un rebut de la société, une sauvage et une personne que je souhaite tuer. »
Reira trépigne, grogne face à ses insultes, je ne peux m'empêcher de répliquer avec une certaine acidité. Il cherche, il trouve !
_ Cesse tes provocations inutiles, je ne te porte pas plus en estime... La plus sauvage de nous deux, hmm ? J'en suis fière ! Toi, on t'a déjà apprivoisé, domestiqué par Konoha, ton maître et "protecteur". Il siffle et tu obéis. Alors balaye devant ta porte avant de regarder les autres de haut, nous, on donne pas la patte si facilement et on a léché personne.
J'inspire profondément, je dois m'arrêter là. Mon estomac est si lourd, lacéré par ma soif de violence. Cet homme, je veux l'entendre se noyer dans son propre sang... Je n'ai jamais été si inhumaine en cet instant. Je vois la noirceur, la haine dans son regard et ses canines aussi tranchante que les miennes. On s'est bien trouvés ! Misère !
_ Je suis d'accord sur un point... On retrouve la gamine, on prend la récompense et on reprends nos vies quittes à prendre celle de l'autre par la suite.
Franchement... J'ai pas envie de m'écraser ou de lui faire croire qu'il a une quelconque dominance sur moi. Après, il peut croire ce qu'il a envie, je m'en fiche ! Je lui lance la peluche de lapin, vu sa taille, elle tient dans sa main. A sa voix, à sa stature, je lui donne la vingtaine... Pourtant, on porte tous les deux une haine viscérale qui a transcendé les générations. C'est triste d'avoir un tel héritage, mais on a pas eu le choix. Si nos anciens nous voyaient, déjà échanger des "politesses" et pourtant, on a beau parler, il n'y a eu encore aucune hostilité concrète.
_ L'odeur de la peluche m'a conduite jusqu'ici, mais... Je commence à tourner en rond sans trop comprendre, et puis... Comme t'es arrivé...
Tu as bousillée ma concentration, prit toute mon attention. Ça, il n'a pas besoin de le savoir. Cette peluche lapin en tissu, c'est le seul indice que j'ai pour l'instant. Si on travail ensemble, on avancera plus vite et on sera libéré de l'autre. Je passe ma main dans la fourrure de Reira, elle guette l'aigle qui aurait été bienveillant à notre égard... Je le remercierais plus tard, si j'en ai l'occasion.
"Sen, tu penses qu'on a besoin de lui ?"
Je pense que... Le marchand nous a cachés bien des choses et que si il a mit deux clans de pisteurs, ce n'est pas un hasard, ce n'est pas qu'une traque, il risque d'y avoir du combat. On ne sera pas trop de deux shinobis et leurs acolytes. Bref, le décor est planté, on s'est recadré mutuellement, un partout, on ne deviendra pas les meilleurs amis du monde, on le sait déjà ! Blablabla... Pourtant, on va devoir bosser ensemble pour en finir au plus vite. Sur un ton plus neutre, je lui demande :
_ Tu vois un indice en plus ? Quelque chose qui nous ferais avancer ?
C'est dur... De m'en remettre à lui... Pourtant, pire que des opposés avec des nuances de points communs, oserais-je croire qu'on pourrait être...
Vivre seul, avancer dans les ténèbres à l’abri de la Lumière!
Sora et Sen
Feed my hatred
J’avais envie d’exploser de rire, j’avais envie de la décapiter sur le champ d’une simple flèche. Elle se permettait des railleries pourtant au vu de ce que je voyais, elle n’était pas forcément très forte. Une musculature assez fine, mais surtout un peu trop dépendante de son chien. Il montrait les crocs, mon aigle était également sur la défense, mais en comparer à la plupart de ces chiens, il était une source de sagesse assez forte. Sans cet aigle, j’aurais tué tellement de gens, elle parlait de protecteur, de lâche, du fait qu’on serait apprivoisé. J’explosais d’un rire sardonique, d’une puissance viscérale, je m’asseyais à l’endroit où j’étais, je n’en pouvais plus de rire. Elle était tellement drôle. J’avais même du mal à pouvoir essayer de garder un semblant de sérieux devant cette femme :
« - Apprivoiser, je pense que tu ne sais pas de quoi tu parles. Si tu le souhaites, je peux te tuer et tu verras qu’on n’a pas besoin de protecteur particulier. Ne me fais pas regretter de ne pas t’avoir déjà tué. En tous cas, tu es bien risible humain de sexe féminin. Même ton chien à plus de logique que toi. Ne me cherche pas plus que ça, je suis à la limite de ma tolérance et de ma patience.»
Mon aigle me pinçait légèrement l’oreille, je savais que je ne devais pas tuer, pas maintenant avec l’envie de devenir Hokage. Je ne pouvais pas me permettre de tuer quelqu’un, mais il était hors de question que je puisse lui donner raison. Je m’allongeais sur une branche avant de lui rétorquer :
« - Chose, tu peux continuer la traque toute seule, je n’ai aucunement envie de t’aider et pour moi le contrat est caduque à partir du moment où le commanditaire n’a pas été franc sur tous mercenaires de cette traque. »
Hors de question que je bouge d’un chouïa. Elle était soi-disant exceptionnelle comme l’ensemble de son clan et elle pourrait sûrement réussir à effectuer cette mission, puis si elle échouait et elle venait me demander de l’aide peut-être que je pourrais l’aider. Je rétorquais :
« - Si tu viens supplier pour une aide, on en reparlera peut-être, mais il faudra que tu mettes la tête sur le sol pour avoir une once de chance que je t’aide. »
Je tendais la main vers le ciel, si notre clan était celui du ciel, celui de l’être féminin était celui de la Terre. Deux choses en parfaite opposition qui ne pourrait sûrement jamais se rencontrer et s’apprécier.
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