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[Mission B] La tanière des sans-âmes (pv Shirogane Genjiro & Honoka)

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Dream Team, en marche !
Comme à son habitude, le Haut Conseiller de Suna ne pétait pas plus haut que son cul. Quoi qu'il était peut-être déplacé pour Hinagiku, la reine de l'inélégance et du manque de manières, de penser cela. Elle aussi aurait sans doute maltraité son bureau en l'écrasant de ses pieds épuisés. Mais là n'était pas le sujet. L'ordre de mission fut donné, et celui-ci ne put que ravir la kunoichi qui avait obtenu ce qu'elle désirait. Un large sourire barra le visage de l'explosive lorsque la possibilité de meurtre fut évoquée. Son sang bouillonait déjà à l'idée d'aller corriger – voire enterrer – un élément récalcitrant.

Ses yeux se posèrent ensuite sur ses deux nouveaux élèves qu'elle put enfin observer dans le détail. Les deux portaient bien leur nom, puisqu'ils semblaient équipés en conséquence. Et même si Hina préférait de loin briser des os avec ses propres poings, elle pouvait comprendre que certains trouvent le repos dans le fait de décapiter, d'empoisonner, de brûler ou d'écraser l'ennemi avec une marionnette à l'allure des plus effrayantes. Elle trépignait presque d'impatience à l'idée de voir quelles étaient les outils létaux dissimulés dans les corps de bois et de métal transportés par les deux Sunajins, si bien qu'elle ne s'attarda pas plus que ça, accordant un simple signe informel au conseiller.

–– Considèrez le job fait, votre majesté l'intérimaire.

Elle emboita le pas aux deux marionnettistes, s'éclipsant aussi rapidement qu'elle fut venue. Elle ne ralentit pas le pas – et redoubla même la cadence – jusqu'à ce que les portes du village soient atteintes.

–– Bon... La forêt ancestrale d'Inari, ça en fait une trotte. On va devoir traverser la côte d'Omui puis la plaine de Karawar. Le premier qui se plaint du climat, je lui fous une tarte qui le fera voler jusqu'à notre destination.

La pédagogie ? Nah. Ce n'était pas sa tasse de thé, et ça ne l'avait jamais été. Elle faisait partie de ceux qui transmettaient systématiquement le fond de leur pensée sans jamais faillir, quitte à frustrer les plus susceptibles. Mais les deux autres auraient-ils au moins le temps de se plaindre ? Certainement pas, pas avec une Hinagiku pour presser le pas, soleil et plomb et désert aride ou non. Comme toute personne sensée, elle n'avait d'ailleurs plus dit un mot lors de la traversée du désert. Fous étaient ceux qui osaient l'ouvrir par ce temps. Chaque mot coûtait en précieuse salive qu'il fallait mieux ravaler pour survivre à cette épreuve.

Heureusement, n'est pas ninja qui veut. Encore moins ninja de haut rang. Ces petits n'avaient sûrement pas chômé pour en arriver là où ils étaient. Hina doutait qu'ils se laissent vaincre par un simple désert ; quelle honte serait-ce là pour un Sunajin !

Les ombres silencieuses étaient parvenues à braver cette première épreuve et ne tardèrent pas à défier la seconde, laquelle se montra plus clémente que sa prédecesseure. Cette région n'était pas appelée la plaine verdoyante de Karawar pour rien. Cette dernière traversée fut celle qui permit à l'équipe de commencer à discuter d'éventuelles stratégies à adapter. Même s'il ne s'agissait pas du moment favori de la Nozomo, elle devait s'y plier pour faire bonne figure, et surtout pour assurer la sécurité de ses deux poulains.

–– Honnêtement ? J'ai pas lu ce que mentionnaient les rapports vous concernant. Je sais pas trop de quoi vous êtes capables en situation réelle, va falloir me faire un topo pour qu'on puisse calmer les ardeurs de l'autre con et préserver l'art de votre clan.

Elle marqua une pause, leur faisant un simple signe de la main pour leur indiquer qu'elle allait commencer à observer les environs. Elle prit de la hauteur en courant le long d'un arbre et se posa en éclaireur, au moins le temps d'assurer que la voix était libre. Suite à quoi, elle redescendit et reprit où elle en était.

–– Considérez-moi comme une professionnelle du cassage de gueule. Littéralement. Je donne pas cher de celui qui se trouve un peu trop proche de moi. À contrario, ceux qui restent loin ont déjà beaucoup moins à craindre. Je peux compter sur vous pour palier à ça ?

La forêt allait bientôt être atteinte, ce n'était plus que l'affaire de quelques quarts d'heures, selon Hina. Après ça, le mont Dokumo sera leur cible...
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Intitulé de la mission:
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[Mission B] La tanière des sans-âmes (pv Shirogane Genjiro & Honoka) Code10


Bien étrange phénomène que de voir notre loup solitaire intégrer une équipe du jour au lendemain et ce avec consentement. Lui qui se définissait comme une ombre même parmi son clan, une présence insaisissable en dehors des séjours au sein de son atelier énigmatique. L'initiative ne tenait en réalité qu’aux conseils avisés de ses mentors Shirogane parmi les veilleurs du vent blanc, entrevus brièvement peu de temps avant son passage à l’Oasis. Il n’allait pas pouvoir y échapper longtemps ce malgré sa nature de mercenaire sans foi ni loi, le concept d’équipe signifiant irrémédiablement le décuplement des sources de contrats et missions en tout genre, avec des récompenses évidentes à la clé. Mais le destin se voulait des plus ironiques, le narguant d’une présence familière pour le moins … Surprenante, voir déroutante à en considérer leur aventure précédente.

Ne résidait cependant plus de place à cette coïncidence traitée avant leur passage dans la tour du Kage, sa facette de maraudeur reprenant ses droits sur les enjeux de cette expédition.

L’homme ne comprit pas vraiment tout cet emballement sur le climat et la difficulté de cette traversée, se demandant encore combien de Sunajins demeuraient immaculés des affres du désert. Sûrement la perversion de ce système militaire couvant les jeunes pousses à l’intérieur des murs, à l’abri des dangers. Il fallait croire que les gens de son espèce, nomades nés et élevés dans ces conditions impitoyables devenaient peu à peu des vestiges d’une époque révolue. Non, la tension qui semblait envelopper son être durant ce voyage concernait davantage le Shirogane supposé dans la missive, l’esquisse de ses capacités effleurées de son esprit aiguisé. Une attitude peu habituelle parmi la sauvagerie du chasseur, détail que seul Honoka serait peut être en mesure de déceler dans son regard. En effet, affronter un membre de sa guilde ne ressemblait en rien à un combat classique, prévisible … Cela s’apparentait plutôt à une partie de poker, où le bluff et la ruse dominaient tout le long. Au delà de la stratégie, il s’agissait surtout de brasser constamment ses cartes et les abattre au bon moment.

Aujourd’hui, au milieu de ces plaines verdoyantes, ces deux femmes faisaient aussi parties du jeu de carte disposé entre ses mains. Des atouts ou des faiblesses dont il ne connaissait pas encore les atours, du moins pas encore en termes martiales … Bien que la Kunoïchi à la crinière flamboyante daigna s’effeuilleter sur ce plan.

- Bien, évitons les détours et les convenances. Tu es chef d’équipe, comme le veut le prestige des grades. Glorieux accomplissement. Mais les belles histoires de disciples et de professeur, la romance du maître et de ses fiers soldats, l’idylle académique. Oublie ces rêves. Ne me considère pas même comme un soldat.

Froid, sec et réaliste. Conformément aux impressions que dégageait la Nozomo sanguinaire, cette mise en situation ne devait pas vraiment lui briser le coeur, à moins que ne fusse cacheée sous cette carapace une certaine tendresse insoupçonnée. Sa déclaration se basait essentiellement sur les modèles déjà observés jusqu’ici, entre ces disciples fiers et admiratifs de leur leader à l’instar de fanatiques. Sa stature, sa posture et l’imposante silhouette des deux marionnettes de guerres voilées sur son dos évoquaient explicitement son engeance.

- Mercenaire, chasseur de prime, vagabond, maraudeur, au choix.

Le ton de ses propositions n’insistaient pas sur le choix de la dénomination en tant que tel mais plutôt sur sa façon d’agir, ses méthodes peu orthodoxes et sa nature profonde. Il n’avait rien d’un héros, du servant de la veuve et de l’orphelin ni du soldat au nindo inébranlable. C’était les hobbies de la nouvelle génération. Lui s’avérait être plutôt un professionnel, un habitué des contrats au grès de leurs récompenses et leurs valeurs indépendamment de sa carrière. Ainsi cette équipe n’arborerait pas pour sa part la candeur d’une camaraderie joviale mais davantage la fonction de groupe de guerre, de traque ou d’anarchiste selon les circonstances.

- Tu as cependant l’audace d’assumer une affaire de Shirogane. Intéressant.

Impossible de le renier, son entêtement pour assurer cette mission à leur groupe avait particulièrement retenu l’attention du rôdeur. Une histoire de relique ancienne, de potentiel membre de sa guilde issue d’un maître aux secrets anciens et la possibilité de le tuer pour récupérer ses marionnettes … De quoi faire frémir les instincts et la hargne de Genjiro. D’ailleurs, ce dernier ne se sentait pas particulièrement en territoire étranger devant ces femmes, son propre groupe de nomades ne faisant la distinction qu’entre les combattants et la main d’oeuvre et ce indépendamment du sexe, de l’handicap ou de l’origine. Assez pour dévoiler un peu de ses capacités par nécessité après avoir décroché son regard des yeux de la Nozomo.

- Je peux manipuler plusieurs marionnettes aux capacitées diverses et variées, trop pour en faire une liste. Courte distance, longue distance, traque, piège, poison. Autant de polyvalence que l’exige un chasseur. Mon corps quant à lui est capable de résister aux toxines les plus courantes. Ne vous éloignez pas trop de mes marionnettes.

Ses iris dessinés par son couvre chef et son masque sombre vaguaient entre les deux Kunoïchis, insistant un peu plus sur la marionnettiste. Il était conscient d’une certaine méthode à avoir contre les pires malices du poison vis-à-vis de son handicap, sans vraiment en laisser soupçonner quoi que ce soit dans ses paroles. Juste pour lui faire prendre conscience de ses interrogations sur les quelques conseils quasiment autoritaires glissant de sa voix rauque et grave.

- Faites en sorte que je puisse vous voir ou sentir votre présence, notamment contre les nuages de poisons. Et ne vous fiez pas au sol.

Malgré la supériorité numérique présumée, le terrain dans lequel ils allaient pénétrer représentait un grand désavantage dans l'hypothèse de confronter un membre potentiel de la guilde. Ses derniers mots concernaient une capacité pouvant les conduire à une mort directe, ses deux propres pantins étant capable de le réaliser. Lui, à la place de leur adversaire n'hésiterai pas une seule seconde à déployer cette astuce ultime, surtout dans une telle configuration. La parole revenait maintenant à Honoka, le maraudeur s’afférant brièvement à déplier une carte pour prendre conscience du terrain, des reliefs de la forêt et du mont en question. Il se tenait à disposition pour tout autre remarque ou interrogations en dépit d’une certaine aura distante. Son âme entière se concentrait déjà sur ses objectifs, imaginant cette relique, cette marionnette et cet individu … Le temps d'étendre peu à peu le piège chimérique de sa traque.






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Fiche du Ninja
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[Mission B] La tanière des sans-âmes (pv Shirogane Genjiro & Honoka) Left_bar_bleue2279/1200[Mission B] La tanière des sans-âmes (pv Shirogane Genjiro & Honoka) Empty_bar_bleue  (2279/1200)
La tanière des sans-âmesft. Nozomo H. & Shirogane G.


Je devais être dans les tréfonds de mon atelier quand on vint me chercher pour m'informer que j'étais convoquée à la tour du haut-conseiller. Mon premier réflexe était de me demander quelle connerie j'avais encore pu faire - ou bien celle que l'on voulait me coller dans le dos. Puis après, je m'étais simplement dit que cela devait avoir un rapport avec mes stalkers personnels ou un de leur compte-rendu à mon sujet qui ne devait pas être glorieux. C'était pas comme si je prenais un malin plaisir à aller trainer dans les pires endroits pour les obliger à les trainer eux aussi dans mon sillage. D'ailleurs, je m'amusais à parfois passer des journées si insipides qu'ils devaient se faire chier comme des rats morts à m'espionner et d'autres jours, ils devaient même plus oser me regarder.

Du coup, quand je compris qu'en réalité on m'avait affecté à une nouvelle équipe, je m'étonnais presque qu'ils se décidèrent enfin. Cela ne faisait même pas un an que j'étais rétablie, et jusque là, je n'avais droit qu'à des missions mineures. Visiblement, ils avaient accepté à me faire passer au niveau supérieur. Chouette. Enfin.... beaucoup moins quand j'entendis l'ordre de mission. J'avais l'impression que l'on se foutait grassement de ma gueule en réalité - ou l’ironie de la situation était vraiment vicieuse. Traquer un "Shirogane", un traître potentiel. Sérieux? Quand on connaissait un peu mon histoire, on ne pouvait pas dire autre chose que l'histoire puait à mille lieues. C'était pas Suna qui me soupçonnait d'être une traîtresse à cause de mes origines? Et là, on m'envoyait courir auprès d'un type qui serait potentiellement de mon clan? Vous la sentez fort comment l'ironie? Ils pouvaient aussi être assez tordus pour vouloir me tester indirectement.

Grand bien leur fasse.

J'étais une shinobi après tout. Ils voulaient que je tape un marionnettiste? Allons taper du marionnettiste.... Je jouerais les bons petits soldats si cela pouvait les rassurer pour qu'ils se décidassent enfin à me lâcher la grappe parce que je venais à être à cours d'idée pour emmerder mes surveillants. Cependant, dans mon petit malheur, je me marrais. Je me marrais parce que je me retrouvais avec des équipiers improbables, dont un qui m'arracha clairement un sourire quand je l'avais aperçu.... mais j'effaçais cela bien vite en m'enfilant une clope dans le bec, celle-là même que m'avait refilé blondinet-sama quand on était allé le voir. Pas le temps de trop déconner... ni d'évoquer les bons souvenirs.

D'ailleurs, on ne perdit pas notre temps à conversation inutile car la route à tracer était longue. Le mont Dokumo où on devait mener notre petite enquête n'était pas la porte à côté. Ce fut dans un silence assez religieux qu'on traversa la région désertique - ce qui ne fut pas bien compliquée pour moi malgré les avertissements de... de qui déjà? Ha oui! Nozomo Hinajiku. J'avais pas la moindre idée de qui était ma chef d'équipe mais c'était clairement une grande gueule à la manière dont elle causait. Elle avait l'air d'avoir... beaucoup d'énergie. Personnellement, j'étais plus modérée si on pouvait dire les choses de cette manière. J'aimais pas dépenser inutilement mon dynamisme, sauf si ça valait le coup.

Ce fut dans cette ambiance joviale et emplie de ferveur - vous la sentez encore l'ironie? - que nous parvenions sans trop de difficulté dans un nouveau décor qui ne me déplut pas tant que cela. Je préférais de loin mon désert mais les plaines avaient leurs charmes. Un lieu parfait pour une petite pause et commencer à parler tactique. Mon premier geste fut bien évidemment d'allumer une cigarette et je laissais mes camarades tranquillement échanger entre eux pour parler en dernier. Si Hinajiku parlait pas le langage des signes, autant que je sois la dernière à causer. Je savais que je pouvais compter sur Genjiro pour traduire mais je préférais lui épargner une telle besogne.

Pendant leurs conversations, je me mis à observer les alentours consciencieusement tout en ayant une oreille attentive à leurs propos. Mes yeux balayaient tout ce qu'il était possible de balayer, j'emmagasinais toutes les informations que je pouvais sur les environs. Sur le moment, je pouvais clairement donner l'impression que j'en avais rien à faire de ce qu'ils racontaient, pourtant, j'avais déjà saisi mon carnet sur lequel je commençais à noter quelques bricoles. Il me fallut cependant attendre que mon acolyte marionnettiste finisse ses explications pour "m'exprimer" à mon tour. Pour faire simple, j'agitais une première feuille de papier sous leurs nez.

" Honoka, trente ans, célibataire, née Kaigan et adoptée Shirogane. Rétrogradée au grade de chuunin après avoir perdu mon équipe en mission. Salutation. "

Ça, c'était pour la blague. J'aimais bien mettre directement dans l’ambiance et apparemment, c'était notre cas à tous les trois. Je tournais rapidement la seconde page.

" Je tâte du sabre. Je tâte de la marionnette. J'ai aussi de sacré poumon pour ventiler la tronche des adversaires. "

Je faisais bien évidemment référence à mon affinité primaire.

" Je m'adapterais. Corps à corps ou distance. Aucune importance. "

Je crachais un rond de fumée. Je sentais que cela allait être long et fastidieux parce que d'après ce que j'avais compris, tous les pauvres gugus qui avaient tenté de venir dans les environs s'étaient littéralement fait rétamer la figure. Maintenant, à nous de faire la différence.

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La tanière des sans-âmes
Le paysan s’avançait à pas lent sur la route, son ballot lourd de bois sur le dos il rentrait dans son village, plus loin et que les Sunajins avaient dû croiser, un petit hameau pitoyable. Il tenait à peine sur ses canes. Il était édenté et s’appuyait lourdement sur sa bêche complètement rouillée. Il était à l’image du paysage qui s’étendait autour de lui : décrépit et son odeur rappelait la moisissure ou la l’odeur nauséabonde de la brume qu’on pouvait sentir puisqu’elle était portée par le vent. Il trébucha un peu et des morceaux de bois tombèrent au sol. Il se pencha maladroitement pour le ramasser, il marmonna dans sa barbe, inexistante et qui ne cachait pas le petit filet de bave qui coulait sur son menton. Il frémit en entendant les longs hurlements des loups qui déchiraient l’air. Il se dépêcha et fixa le sol. L’arrivée des ninjas, dont il ne reconnut pas les signes le fit s’arrêter. Surtout qu’ils allaient droit vers la forêt. Il prit le bras du meneur et souffla son haleine dans son visage avant de bredouiller :

« Malheureux… Pourquoi… pourquoi vous allez dans cette direction. La forêt est… elle est maudite ! Les arbres… les arbres ils mangent les gens… Et puis les âmes… Les âmes des gens hantent le lieu. Il… il ne faut pas y aller… La forêt mange les gens. Vous allez droit à la mort. Faut pas y aller… C’est maudit, maudit, y a des loups… mange tout le monde. Puis… sont pas naturel, non, non, non… Trop dangereux, faut pas y aller. »

Il raconta en bredouillant les légendes sur la forêt et il finit par s’éloigner en marmonnant sur les fantômes et les malédictions de la forêt qui tuaient tout le monde.

Les corbeaux croassaient avec violence et les hurlements des loups faisaient une bien sinistre mélopée, des tentacules de brumes sortaient de la forêt et semblaient lécher les ninjas pour goûter leur saveur avant de les dévorer. Les branches se tordaient vers le ciel comme les mains de suppliciés implorant pour une grâce imaginaire et désirée, mais inaccessible. L’air semblait figé et vicié dans la forêt, la lumière ne semblait pas pénétrer entre les branches. Aucun chemin, des lambeaux de vêtements tachés de sang pendaient aux branches, on trouvait quelques vestiges de traces humaines et un corps humain était empalé sur les branches, d’autres pendaient aux branches, parfois ce n’était plus que des vestiges de vêtements. En posant le pied sur la mousse et en marchant on pouvait sentir les os des morts craquer sous le poids des ninjas. Les hurlements et les croassements des corbeaux rendaient l’ambiance encore plus lourd. En dehors des bruits des prédateurs, seuls le silence résonnait affreusement assourdissants aux oreilles des ninjas. Rien ne semblait bouger, la brume cachait tout, laissant juste des formes vagues être perçu. Rien d’autre. Un corbeau survola en croassant bruyamment et il sembla être engloutit par la brume et plus aucun bruit.
   
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Dream Team, en marche !
Courtes furent les présentations et les résumés tactiques qui s'en suivirent. Tant mieux. Hinagiku n'était pas du genre à s'éterniser sur ce type de formalités, préférant de loin rentrer dans le vif du sujet – ici la baston – le plus rapidement possible. Cependant, sa position l'obligeait à prendre quelques précautions de plus que d'habitude, car ele n'était plus à la charge d'elle-même uniquement mais également d'une équipe. Et bien que les deux Shirogane semblaient ne pas être sans défense, ils restaient sous la responsabilité de la Nozomo qui, contrairement aux apparences, ne les laisserait pas tomber aussi facilement.

Les remarques du premier marionnettistes arrachèrent un rire franc et non-dissimulée à Hina. Elle avait tendance à apprécier ce genre de tempérament, ces personnes qui ont du plomb dans le cervelle tout en s'exprimant sans détour, sans langue de bois. De sa propre expériences, ces personnes étaient celles qui survivaient le plus souvent sur un champ de bataille. Et, au contraire, il y avait l'autre Shirogane qui ne s'exprimait pas. Pas directement, en tout cas. Muette ? Il semblerait. Hina ne comptait pas fouiller dans son passé. Que ce mutisme résulte d'une simple timidité, d'un traumatisme ou d'une naissance compliquée, peu importe. Ca ne la regardait pas. Elle garda cependant une information dans un coin de sa tête, celle avançant que la fumeuse était auparavant jounin, avant qu'un certain événement ne la rétrograde. Hina n'avait donc pas affaire à des gamins ou des ninja inexpérimentés ; tant mieux.

–– Bien. Je sens qu'on va accomplir de grandes choses. Et vous en faites pas, je compte pas non plus vous materner. Je tiens seulement à ce qu'on soit suffisamment en bons termes pour pouvoir travailler, rien de plus.

Sur le chemin, un vieil homme finit par interrompre les sunajin. Aux yeux de la Nozomo, il parut immédiatement fou. Si le regard de ce vieillard était rempli de crainte et de désemparement, celui de la guerrière brûlait d'une flamme plus vive qu'auparavant. Une forêt maudite ? Des arbres mangeurs d'hommes ? Des âmes errantes ? Que tout cela vienne s'attaquer à elle, alors ! Elle restait prête à faire comprendre à tout assaillant que l'attaquer était une mauvaise idée ; peu importe que l'attaquant soit vivant ou non.

–– Inquiétez-vous de votre propre dos. On ira là-bas quelles que soient vos mises en garde, vieillard.

Sans s'étendre davantage, la guerrière reprit son chemin et pénétra dans la forêt à l'ambiance lugubre quelques minutes après cette rencontre ennuyante. Le décor faisait froid dans le dos, sans pour autant que la rousse n'en soit perturbée. Elle restait droite et fière face au spectacle que le bois présentait à l'équipe. La peur n'était pas un concept qu'elle comprenait ; la peur de l'étrange, de l'inconnu. Pour Hina, il ne s'agissait que d'un sentiment futile dont il fallait se débarrasser pour terrasser ses démons, et qu'il ne fallait conserver que face à un ennemi bien plus puissant que soi, afin de suivre ses instincts et survivre. Mais puisque, selon elle, la forêt ne présentait aucune menace directe, alors elle n'avait aucune raison d'avoir peur.

Ses sens restaient cependant à l'affût au moindre son suspect, puisque la brume limitait la vue des ninjas. Peut-être y avait-il déjà des pièges dissimulées çà et là. Hina fut déçue d'apprendre qu'il n'y en avait pas un seul, ou que le trio n'en rencontra simplement aucun, ce qui lui permit d'enchaîner rapidement avec l'excursion du mont Dokumo, lequel perçait la brume de son immense et glorieuse stature. Une cavité béante s'ouvrait un peu plus loin, donnant accès à une grotte probablement labyrinthique et truffée de pièges en tous genres, puisqu'il s'agissait du repère d'un mystéreux marionnettiste ayant l'habitude d'être traqué. À partir de là, Hinagiku ne prononça plus le moindre mot. Les seules choses qu'elle adressa aux deux Shirogane furent de simples gestes pour indiquer la procédure à suivre.

Elle infusa du chakra dans ses pieds avant d'escalader l'une des parois du mont, toutefois sans entrer à l'intérieur de la grotte qu'elle observa pour le moment, toujours sans dire un mot. Pas un son, pas une âme ressenti pour le moment. C'était suspect, peut-être même trop à son goût. Elle braqua alors son regard sur ses équipiers puisque ces derniers avaient, selon elle, plus d'options pour pouvoir vérifier le terrain sans prendre trop de risques, et leur fit comprendre ses intentions de quelques nouveaux gestes basiques. "Regarder. Danger. Aller." Elle se contentait de ce court message puisque ses maigres connaissances en langage des signes – si on pouvait appeler ces signes militaires improvisés ainsi – ne lui permettaient pas d'exprimer des idées détaillées.
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Accomplir de grandes choses … Voici de curieuses aspirations encore évasives qui résonnaient avec la réalité concrète des projets du marionnettiste. Restait à savoir si cela relevait d’une motivation purement idéaliste ou d’un acabit similaire aux travaux dissimulés dans son atelier à l’unique confidence de son génie Shirogane … Un lieu de conception destiné à prendre de l’ampleur. La Nozomo ne représentait pour l’instant qu’un élément secondaire dans ses dessins, entièrement accaparé par les connaissances et pièces de collections que pouvaient lui apporter le traître une fois tué, dans l’idéal. Le tout sans oublier de garder un oeil sur Honoka afin de voir ce qu’elle lui montrerait de ses talents et surtout sa soif de découverte au sujet des marionnettes.

Ainsi s’ouvrait une nouvelle page du récit de notre chasseur dont l’allure épousait à la perfection le charme lugubre de leur destination, avec cette subtile note macabre ressentie d’un simple regard porté sur la forêt. Cette seule vision suffit à faire frémir cette tension qui l’habitait depuis le début, bien habitué à jongler avec la mort et les créatures les plus fantasques du désert. Preuve en était au niveau de son dextre furtivement dégainé de sa poche tel un sabre à l’approche du pauvre paysan, en de fugaces tressaillement méthodiques. Enclenché par cette mélodie silencieuse, des doigts mécaniques s'enroulèrent lentement mais fermement sur la poignée d’un sabre à la lisière des voiles qui couvraient les pantins sur son dos. Au moindre soupçon de supercherie, sa tête s’envolerait … Si bien que ce dernier fusse réellement de chair et d’os.

Si la chef d’équipe paraissait hâtive et sans crainte, le maraudeur ne pouvait disposer de cette aisance sans travailler à chaque instant les malices potentielles d’un des membres de sa guilde. Surtout dans ce genre de configuration. Chaque membre des veilleurs du vent blanc connaissait la valeur de la peur instinctive, moteur essentiel du vivant pour appréhender les réels dangers. Lui même vivait de ces frissons, de ces pulsions et tensions, préservant bien souvent sa rage pour l’instant ultime. Il n’écartait aucune des mises en gardes du vieux roturier surtout en ce qui concernait les loups anormaux. En effet, une marionnette pouvait adopter d'innombrables formes, autant que le permettait l’imagination de son créateur ; Aussi improbables que réalistes. A côté des siennes, les histoires de démons, fantômes et autres inventions chimériques prenaient rapidement tout leur sens …

Genjiro profita du caractère dirigiste de la femme à la chevelure flamboyante pour s’imprégner du riche décors et d’en comprendre la logique au fil du choc de ses bottes sur un feuillage perfide. Ses iris vagabondaient sous le déplacement de son couvre chef à la manière d’un légiste cherchant à connaître la cause des diverses morts qui ornaient les arbres au point de brouiller les pistes sur la transformation subit par celle-ci. L’entortillement et la posture suppliciée des multiples branches indiquaient à quel point l’absence de mère nature avait rendu ces bois peu hospitalières, abandonnés par les animaux eux même. Seul les dévoreurs de chairs carnassiers y persistaient à en croire l’ambiance sonore, volontairement attirés par cette quantité incroyable de cadavres. Un véritable blasphème défilait sous ses pas, lui même retranché à l’intérieur de ses pensées aiguisés alors que sa silhouette fermait la marche parmi les deux Kunoïchis à porté de regard.

Cet homme maîtrise bien son environnement. Aucune de ces morts ne semblent naturelles ni l'apanage d’un piège qui aurait négligé sa proie. Cependant le passage des corbeaux et des loups ne permet pas de distinguer l’origine des blessures mortelles, seulement la chair déchiquetée et étalée ici et là, pour ce qui en reste. Il n’y a pas que du hasard dans ce décors ... C’est fait pour surprendre et profiter de la brume. Éveiller et menacer chacun des sens, de cette odeur nauséabonde, de ces os craquant sous le sol, de ces silhouettes mortuaires déformés par la brume. Pourtant, il y en a beaucoup trop, même pour moi … Un fétichisme ? Ou bien … Hmm … En tout cas, ceci ne nous est pas destiné, pas pour des ninjas.

Cette partie du mont semblait avoir été modelé au fil des années et des mois pour éloigner les simplets curieux et la couvrir de mystères, de légendes et d’histoires étranges que personne ne prenait au sérieux. Un moyen efficace d’éloigner l’attention de la foule et laisser cette parcelle obscure à l’abandon total. Cela avait fonctionné jusqu’à l’arrivé d’un nouveau seigneur courageux, du moins selon la supposition du traqueur vis-à-vis du contenue de la missive. Cependant, l’absence de piège intriguait fortement notre homme, s’attendant forcément à des précautions prises envers des explorateurs doués de capacités propres aux Shinobis. Peut être était ce volontaire … Pour les attirer ? Une idée farfelue digne d’un Shirogane peu orthodoxe, qui ne tarderai pas à présenter le bout de son nez.

Hinagiku venait tout juste de tomber sur une cavité qui correspondait à l’éventuelle tanière des sans-âmes, allant directement vérifier d’elle même ce qui en découlait. Le chasseur quant à lui fit une dernière inspection du plateau qui les entourait pour se prémunir de possibles embuscades, avant de convenir des consignes. Ainsi, après le passage de ses deux compagnes, son long manteaux de cuir fila sur la paroi à la manière d’un fantôme jusqu’à voir de lui même la nature de cette antre. Venait enfin le temps pour lui et son expertise de prendre les rennes de cette funeste expédition … Ou plutôt affaire de famille. L’intention et la nécessité s’avéra clair rien que dans un échange visuel appuyé et marqué avec chacune des femmes, traduisant tout de même la démarche et la formation par des signes militaires précis utilisés fréquemment lors des chasses dans le désert. Une version plus détaillé se vit destiné à Honoka qui comprenait le langage des signes comme l’on le ferait avec la parole, suite à quoi Genjiro s’avança tout en défaisant lentement les voiles sur son dos.

Ne restait plus qu’à poser son propre décors parmi l’oeuvre de son confrère mystérieux … D’un geste unique de ses deux bras brièvement croisés, le Shirogane décrocha les deux ombres imposantes sur son dos pour leur donner vie dans des postures guerrières mais étonnements sereines. Ces derniers semblaient quasiment flotter dans les airs, se déplacer d’un poids volatile et quasi inexistant en dépit de leur allures colossales. Le premier, nimbé d’un vert métallique prenait les devant en tant qu’éclaireur, ses jambes touchant le sol pour déclencher d’éventuels pièges dissimulés. Le second, rouge comme le sang de cette forêt allait rester entre Honoka, Hinagiku et lui avec une fonction défensive et préventive, dans une formation triangulaire précise. Enfin le maraudeur quant à lui allait jongler dans cette figure géométrique au gré des nécessités afin d’adapter son champ de vision et les garder à l’oeil. Le reste de ses directives furent exécutés par les mains de Zetsubo, de sorte à avancer et commencer l’exploration de cette grotte une fois le groupe prêt.

Les présentations étaient maintenant faites … Ne restait plus qu’à braver les ténèbres elles mêmes.




Marionnettes:






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La tanière des sans-âmesft. Nozomo H. & Shirogane G.


Le monde qui m'entourait était plutôt étrange et je l'observais comme si je le découvrais pour la première fois, chose qui avait peut-être un fond de réalité... ou pas. Mon père ne m'avait jamais raconté quoique se soit en ce qui concernait mon expérience de shinobi d'autrefois, ni même de mes potentielles aventures au cours de missions anciennes, comme si dans notre famille, nous n'en parlions jamais. Pourtant, malgré mon amnésie relative, mon corps se souvenait pour ma tête, son seul défaut étant qu'il avait perdu en force et en dextérité. Le comble pour un soldat et je supposais que j'aurais dû nourrir quelques frustrations à cet égard. Ce n'était pourtant pas le cas. C'était sans doute cette partie de moi, ce côté qui en n'en avait rien à cirer de rien qui emmerdait le plus mes détracteurs. Et comme, en plus, j'en avais encore moins à carrer de ce qu'il pensait, je les irritais d'autant plus.

Pendant que je me perdais dans mes observations, un petit vieux se pointa sur le chemin. Un drôle de bonhomme tout tordu, rabougri et dont je m'étonnais de le voir encore capable de marcher à son âge, sans compter le poids du bois qu'il portait. Je posais mes yeux sereins sur sa figure paniquée et écoutais attentivement ces propos désordonnés. C'était pas nous qui le faisions flipper, c'était la forêt derrière lui. Alors quand ma chef le rabroua, je levais la tête vers l'obscurité des bois dont il se dégageait une étrange impression. Je me contentais de laisser échapper une épaisse fumée qui donna l'illusion de se confondre avec la brume qui se levait, tout en écoutant le chant des loups qui apportait son petit je-ne-sais-quoi à l'ambiance des lieux.

Des arbres qui mangeaient des gens et des âmes qui s'élevaient pour chasser ceux qu'ils jalousaient de vivre. C'était un sacré folklore qui pourrait effrayer n'importe qui. Est-ce que j'y croyais? J'aurais bientôt l'occasion de me faire une opinion sur les divagations du vieillard. Contrairement à lui, notre équipe avait des informations comme quoi l'un des nôtres pourrait se planquer dans les environs et en tant que Shirogane, je savais que les hommes de mon clan pouvait être aussi redoutable que leur imagination fertile. En tout cas, cela me laissait plutôt rêveuse. Ouais je sais... j'étais bizarre. Il aurait été tellement plus naturel que je sois dotée de quelques inquiétudes mais ce n'était pas par excès de confiance que je ne l'étais pas. Je partageais mon sang avec celui des Kaigan, bien que jugé frelaté par mes pairs. On apprenait aux gosses à être des guerriers capable de tuer le type qui se battait à côté de vous si on vous le demandait, quelque soit les liens qui vous unissaient, et à glorifier un démon du désert. Fallait bien qu'une telle éducation laissa des marques dans les tréfonds de ma personne. Élever pour être une femme qui n'avait pas a main qui tremblait, même devant un fantôme. Du coup, si cela devait arriver, ce n'était pas tellement par angoisse mais peut-être par excitation. Ou un mélange des deux parce que je n'avais pas non plus la prétention de dire que rien ne m'effrayait. Je cherchais seulement à le découvrir... ce qui me faisait réellement peur.

J'emboîtais le pas de mes compagnons, suivant en premier Hinagiku, puis suivie par Genjiro. Après avoir dénigré le vieux villageois, on avait simplement continuer notre route pour nous enfoncer dans la forêt et autant vous dire que la décoration était pas terrible. Il ne fallait pas s'imaginer que l'on entrait dans un monde merveilleux et enchanté mais peut-être plutôt un avant-goût des portes de l'enfer, assez pour signifier que les nouveaux n'étaient pas les bienvenues. Le message était assez clair : des bouts de macchabées un peu partout, des squelettes encore pendus aux arbres comme des carillons.... un cimetière à ciel ouvert. Ma curiosité me poussa à m'approcher de ce qui devait être autrefois un être vivant et qui oscillait sur une branche grinçante à cause du vent qui s'engouffrait parfois dans la forêt dense. Je prenais entre mes doigts un bout de tissu rongé par le temps et l'inspectait comme si cela aurait pu m'aider à déterminer quel type se trouvait là. A ces pieds, il n'y avait aucune arme, aucun bandeau, aucun projectile qui aurait pu laisser deviner qui il avait été. Il était simplement destiné à être le repas de quelques corneilles voraces.

Je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que cela aurait pu être moi. Si je n'avais pas miraculeusement survécu, j'aurais pu pourrir comme lui avec mes autres compagnons. Cela pourrait toujours le devenir dans un avenir proche après tout. On était à l'abri de rien et j'en étais le parfait témoin. Abandonnant mon camarade refroidi, je retrouvais les vivants jusqu'à ce qu'une immense cavité se dressa devant nous, toute aussi lugubre que tout ce qui nous entourait. Cette histoire puait de plus en plus. Non pas que j'aimais pas l'ambiance cosy des grottes, mais c'était pas l'éclate pour combattre sans en connaître la configuration. Si les couloirs devenaient étroits, cela allait clairement être merdique, autant pour ma marionnette que mes talents d'épéiste.  Pourtant, l'instinct de la chef d'équipe nous poussa à nous y engouffrer.

Je haussais simplement les épaules comme pour signifier que c'était ok, et je suivis sagement la marche. Mais avant de s'enfoncer plus loin dans les tunnels sinueux  du gouffre des sans-âmes, Genjiro sortit ses superbes marionnettes. Je pus une nouvelle fois avoir le plaisir de contempler Zetsubo qui était définitivement ma préférée et que j'enviais sans honte, à la fois l'esthétisme mais aussi le moindre de ses rouages. Je n'avais malheureusement pas encore un tel degrés de sophistication dans mes propres créations, à regret bien entendu. Peut-être qu'une fois la mission finie, je pourrais demander quelques conseils à ce dernier. J'avais toujours l'excuse d'avoir perdu cinq ans de ma vie entre coma et rééducation pour justifier notre différence... ou bien étais-je trop maniaque et je n'avais jamais réussi à obtenir quelque chose qui me convenait jadis. M'enfin, j'avais toujours la petite avec moi.

En effet, dans mon dos se trouvait ma marionnette enveloppée dans des tissus, un peu n'importe comment je dois dire. On voyait quelques mèches blondes dépassées et l'un de ses yeux brillants et désabusés dans entrebâillement des bandages. Ils étaient de la même couleur que les miens et donnaient l'impression de surveiller mes arrières. Pour le reste, j'avais ma main posée calmement sur la garde de mon katana et j'avais éteins ma clope sur le mur de la paroi de la grotte. La fête pouvait commencer.

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La tanière des sans-âmes
Les ninjas marchèrent dans les bois, évitant les quelques pièges discrets. Clairement ces derniers n’étaient pas faits pour tuer du ninja, malgré certains vicieux, mais rien d’indomptables. Les corps des suppliciés restaient pendus aux arbres, figés dans des derniers hurlements de douleurs, les rares expressions encore visibles sur leur chair putréfiée, déchirée par les corbeaux et rongée par les vers gros et gras, étaient des expressions de souffrances, de terreurs, d’abandon. Mais à part les loups qui parfois passaient en courant, certains corbeaux plus qu’agressifs, peu désireux d’avoir des hommes sur leur territoire, fondaient pour attaquer superficiellement les ninjas. Et leurs croassements indiquaient clairement la présence d’intrus. La ninja rousse descendit dans la crevasse dérangeant un corbeau qui jaillit brusquement d’un petit creux, serres en avant en croassant comme un beau diable. Autant pour la discrétion… Le volatile s’envola dans le ciel laissant un écho de sa présence avec son cri. L’action avait été trop rapide pour qu’aucun des ninja ne puisse distinguer un minuscule morceau de parchemin à la patte de l’oiseau qui disparu dans le ciel sans plus attaquer personne. Il semblait juste avoir été effrayé.

Il eut un moment de silence, il n’eut plus aucun bruit. Puis il eut du mouvement dans la caverne, tout au fond. Comme des pas, des soupirs, pas lourd, légers, mais il ne semblait pas agressif. Juste… des bruits d’un être vivants dans cette forêt ressemblant plus à un tombeau ouvert qu’autre chose. D’ailleurs on voyait une main en décomposition sur le fond de la crevasse. Il eut un bruit, puis plus rien… Puis à nouveau un peu de bruit.

« Ne m’attaquez pas s’il vous plaît ! »

La voix était jeune, amicale, et un jeune homme aux cheveux courts, bruns, aux yeux rouges sans que cela ne soit un Uchiha, s’approcha lentement, pour ne pas se faire attaquer. Il portait des habits de voyages relativement simple et noble malgré quelques taches montrant qu’il avait voyagé dans la forêt. Il observa les ninjas avec attention avant de faire un sourire et de s’incliner poliment après les avoir détaillés d’un rapide coup d’œil.

« Bien le bonjour, ninja de Suna. Je suis Fumijiro, humble écrivain, conteur et écrivain public ! Cela est bien rare de voir des étrangers dans cette forêt, en réalité c’est la première fois que j’en vois. Seriez-vous perdu ? Souhaitez-vous vous rendre dans les villages aux alentours ? Je peux comprendre que vous passiez par la forêt. Cela permet de diviser le temps de trajet. Enfin, si on connaît les bons chemins de la forêt. Peut-être puis-je vous y guider ? »

Le jeune homme était calme, sur ses gardes, quoi de plus normal dans cette forêt ?, mais il ne semblait pas craindre les ninjas qu’il regardait avec amitié. Son regard se posa sur la ninja aux cheveux blancs et il inclina la tête vers elle.

« Une beauté comme vous doit être le joyau de son village dame nija. Je n’ai jamais vu une femme telle que vous. C'est un honneur »

   
Feat.


Le jeune homme:
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Dream Team, en marche !
Tout avait été exécuté dans le plus grand des calmes, avec un certain professionnalisme. Il n'y eût guère besoin de mots pour que les intentions de la Nozomo soient comprises, et ses volontés exécutées. L'espace d'un instant, elle se surprit à observer les marionnettes de Genjiro, se faisant la réflexion qu'il aurait sans doute été distrayant de se mesurer à de telles créations. L'envol soudain d'un corbeau la fit sortir de ses pensées, l'arrachant au monde des songes pour la ramener sur terre. La bête avait snobbé tout le monde, se contentant de s'enfuir en croassant à la mort. Un simple détail fit tiquer Hina ; que faisait ce corbeau solitaire à l'intérieur d'une caverne ? Ne préféraient-ils pas bâtir leur nid en plein air ? Si la soudaineté de l'événement empêcha la guerrière de distinguer le moindre message dissimulé, ce détail particulier perturba Hinagiku, mais pas au point de lui faire se poser les bonnes questions, tout juste assez pour qu'elle trouve cela étrange.

Cette activité fut suivie d'un bref silence, lequel laissa planer une certaine tension avant que quelques bruits de fond ne viennent briser ce calme. Hina plissa les yeux, cherchant à distinguer ce qui pouvait être la source de ses sons. Elle n'aperçut qu'une simple main, supposément en très mauvais état, ainsi qu'une silhouette détachée qui se mit alors à avancer, se démarquant des ténèbres ambiantes pour venir à la rencontre du trio. Enfin, une simple requête se fit entendre. Ne pas l'attaquer ? Un sourire étira les lèvres de la rousse, qui se dit que ce type avait bien du culot. Il sortait d'une caverne, laquelle semblait abriter au moins un cadavre, et osait établir une telle requête ? Hina avait rencontré des faibles, elle en connaissait. Un misérable n'aurait jamais pu atteindre cet endroit et ne resterait certainement pas aussi serein à la vue d'un corps – au moins d'une main en décomposition. La conclusion fut facile à tirer : cet individu se présentant comme un écrivain et conteur leur cachait définitivement des choses.

Avant de descendre de sa paroi, Hina laissa tout de même quelques secondes à l'homme pour s'exprimer. Peut-être avait-il une bonne excuse. Elle découvrit cependant que ce n'était pas le cas. Plus encore, cet inconnu avait le courage de conter fleurette à Honoka, une ninja d'un village réputé pour son animosité, en plein milieu d'un lieu à l'allure aussi lugubre que le regard de la Nozomo était empli de méfiance.

–– Ouais, peut-être qu'on pourrait avoir besoin de vos services.

Sur ces mots, la guerrière se laissa tomber au sol, se rattrapant aisément sur ses appuis, et se redressa avant de s'avancer à son tour. Elle restait également sur ses gardes, bien qu'elle savait sa situation avantageuse par le simple fait que la proximité entre elle et l'écrivain lui permettait sans doute d'avoir l'ascendant. Et, en cas de problème, l'un des Shirogane avait déjà deux marionnettes de prêtes.

–– Enfin, pas exactement. J'me suis mal exprimée. On a plutôt besoin de vos réponses.

Aussitôt, elle leva doucement une main au niveau de son buste, sans montrer le moindre signe d'agressivité pour le moment. Elle la referma ensuite en un poing dont les os craquèrent tous une fois. À ce moment précis, son hostilité se fit enfin perceptible puisqu'elle adopta la posture idéale pour porter son coup, pliant quelque peu les genoux après avoir retiré son poing de quelques centimètres vers l'arrière. Dans la seconde, ledit poing vola dans la mâchoire du suspect. Hina n'adressa que quelques mots à l'idiot, au moment où son point était supposé le toucher.

–– À commencer par la raison de votre présence ici.

Elle commença à rabattre son poing vers elle et marqua une courte pause.

–– Évidemment, y'a pas que mes questions qui comptent. Faudra aussi répondre à celles de mes deux collègues, et j'peux pas garantir que leurs méthodes d'interrogation soient plus douces.

Infos combat:
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[Mission B] La tanière des sans-âmes (pv Shirogane Genjiro & Honoka) Code10


Telle une invocation ancestrale issue de rites païens, Zetsubo fendait la noirceur palpable de la crevasse d’une sérénité inhumaine, déroutante. Seul les vibrations de son maître pouvaient briser ce stoïcisme à travers ces gants de cuir dont découlaient des fils de chakra azurés, source de vie ou de mort. Celle-ci ne tardèrent pas à illustrer les reliefs de cette emprise souveraine alors qu’un corbeau se précipita depuis le néant vers eux avec une agressivité digne de cette forêt. Le maraudeur n’eut guère le temps de porter une attention analytique envers le volatile, parfaitement investit de son rôle dans sa posture défensive, les avants bras couvrant partiellement son visage un instant. Il se concentrait davantage sur ce que leur réserverait cette introduction pour le moins folklorique, les doigts attelés à faire chanter les mécaniques de ses deux pantins aux fonctions précises. Une entreprise qui s’avéra finalement suffisamment menaçante pour décrocher une voix juvénile de cette obscurité insondable, lui accordant le bénéfice de la survie le temps d’une présentation implicitement imposée.

Le mercenaire se montra d’un silence curieux, toisant l’invité surprise de ses iris terribles à la manière d’un prédateur s’imprégnant de sa proie. D’ailleurs ses pas suivirent le même schéma, substituant un mètre parcouru en leur direction par un des siens destinés à le contourner et passer derrière. De cette façon, le Shirogane obtenait la possibilité d’avoir un oeil sur la scène tout en explorant de son expertise ce que lui révélerait la demeure factice de l’inconnu. La réactivité naturelle d’Hinagiku lui laissait une marge de manœuvre appréciable quant à assouvir les exigences de son véritable métier, même si l'intérêt du fameux Fumijiro s’orientait plutôt vers Honoka … Intérêt qui ne manqua pas d’attiser une fureur glaciale sur le faciès dissimulé du chasseur détourné un instant vers sa silhouette.

Ce fut une réaction brève et mystérieuse, nimbée de raisons difficiles à appréhender entre deux passages de son attention sur les parois et le sol de ce qui semblait être un logis provisoire. Il recherchait d’éventuelles provisions, déchets liés à ces derniers ou encore d’un feu de camp léger et étouffé voir encore d’affaires personnelles disposées ici et là, que ce soit pour écrire ou dormir. En somme, tout ce qui pouvait corroborer au récit de l’éphèbe enquis d’une certaine noblesse évidente. D’autres déductions et hypothèses émergeaient du fond d’un raisonnement naturelle qui le distinguait de ses confrères ninjas usuelles. Faire la guerre et vivre en nomade dans le désert impliquaient des savoirs assez différents, pas forcément liés au pouvoir ou au chakra. Après tout … Les Hommes vivaient sur cette terre aussi bien que les ninjas.

Mais Genjiro ne manqua pas de décrocher un sourire éphémère parmi cette ambiance tendue et malsaine, presque retenu de féliciter les charmes d’Honoka. Celle-ci parvenait à se faire séduire dans un contexte presque ironique, au milieu du sang, des cadavres et de la mort. Il ne se serait surement pas caché d’un applaudissement sincère bien que taquin si ses mains n'étaient pas occupés à maintenir ses marionnettes opérationnelles. Malheureusement, les deux êtres demeuraient loin du cadre insouciant d’une rencontre anodine, investis de cette tension toujours présente et mise en exergue par une démarche digne de la Nozomo. Elle honorait clairement son statut, quasiment comme un pilier dont le marionnettiste pouvait devenir l’extension d’un naturel complice. Complices dans cet interrogatoire musclé où les deux sans âmes prendraient le relais avec une cohésion complémentaire. Seule Honoka demeurait encore en tant qu’élément inconnu de cette chance que lui offrait le jeune homme.

Quelle serait sa stratégie ? Le temps le leur dirait alors que le maraudeur prenait la parole suite au contexte introduit par la chef d’équipe.

- Il n’est donc pas rare de voir les habitués diviser leur temps de trajets et servir de décoration mortuaire pour cette forêt ? Te retrouver dans cette crevasse alors que des loups pourraient t’y piéger et t’y affamer facilement. Loger avec ce qui semble être un morceau de cadavre avec les risques infectieux que ça implique. Connaître des chemins sécurisés alors que des roturiers pourrissent ici et là du malheur des pièges infestant ces lieux. Et surtout connaître des chemins à priori peu accessibles au commun des mortels.

La voix grave et rauque du rôdeur livrait chaque conclusion des détails relevés jusqu’ici, avec la logique de ce que lui ferait ou non naturellement avec l’optique de survivre. Surtout en étant un habitué de ce genre de milieu hostile. Ainsi la liste défilait telle une histoire contée avec une infime part de nonchalance, preuve d’une certaine accoutumance face à la situation. Savoir que cet individu suspect pouvait représenter une menace ne les avançait pas à grand chose, ceci étant le cas pour tout élément depuis leur entré en ces terres. Les véritables enjeux résidaient plutôt sur ce qu’ils parviendraient à en tirer ou non afin de ne pas se faire prendre à revers.

- Ton récit n’est pas très cohérent petit prince. Je ne sais pas trop vers où et comment tu vas nous guider avec ces méthodes, mais ça n’a pas l’air très rassurant. Soit t’es complètement idiot et t’as une très bonne étoile, soit … Ce sera à toi de nous dire pour la seconde option. Comment se fait-il que tu saches te déplacer librement sur ce territoire alors que beaucoup en sont mort ? Pourquoi crèches-tu ici sans en avoir peur ?

C’étaient là des soupçons basiques, une sorte d’initiation à ce que cachait les suspicions du traqueur qui sommeillait en lui. A vrai dire, il s’attendait à tout et rien, tant un simple civil désirant impressionner des ninjas qu’un membre de cette mascarade. Prendre des vies gratuitement n’était pas vraiment le genre de Genjiro … Surtout que leur interlocuteur pouvait aussi bien être de mèche comme simplement forcé à agir pour celui qui opérait en toute discrétion dans ces bois. Par contre, lui faire perdre son temps inutilement relevait d’une toute autre affaire. En cela, le ton employé prenait au fur à mesure des allures de menaces palpables sans pour autant virer dans l’intention de faire peur en tant que tel. Non, cela semblait plutôt être un procédé auquel ses talents étaient habitués à en croire le timbre de sa voix.

- Tu es un homme de lettre. Alors j’ai une histoire pour toi.

Au fil de ses paroles, Zetsubo se déplaça lentement vers le bout de cadavre en décomposition non loin et sortit subitement une scie faisant office de bras parmi les autres. Le disque déchiqueteur s’enclencha sous un bruit grinçant et parfaitement évocateur de ses capacités à trancher la chair et les os. L’arme d’horreur allait servir à disséquer rapidement le bras par terre afin d’en estimer la mort tout en instaurant un cadre sonore à la voix perçante du Shirogane. Il demeurait assez simple pour Fumijiro d’imaginer ses propres membres sectionnés de la même façon …

- C’est l’histoire d’un célèbre écrivain public dont les livres connaissaient un succès notable. Des livres fantasques, d’horreurs et de légendes urbaines à fortes sensations. Personne ne parvenait à savoir d’où lui venait ce talent, cette inspiration et ce réalisme. Du moins … Jusqu’à ce que de fiers ninjas de Suna viennent découvrir la vérité macabre sous cette affaire. Cet écrivain n’était en réalité qu’un tueur en série fétichiste, utilisant la forêt pour expérimenter ses écrits avant de les déverser sur le papier. Un simple dégénéré éliminé et rendu au repos de ses victimes …

Une pause marquée se dessina sur les lèvres du maraudeur dont la tenue sombre mêlée à la pénombre de la grotte soulignait l’unique présence de ses pupilles argentées. Un regard presque détaché d’un corps inexistant à l’orée du fort contraste entre ces parois, flottant, apparaissant et disparaissant selon le rythme de la dissection en cours. Son intervention depuis le début s’était imbriquée sur celui de la Nozomo, dans un élan similaire qui en faisait presque la continuité unique. Il demeurait suffisamment distant de sa propre marionnette pour se prémunir d’éventuels pièges avant de sonner le glas de son histoire. Le jeune garçon n’aurait pas trop de mal à comprendre que ce groupe ne comportait pas uniquement des Shinobis lambdas. Au contraire …

- Penses-tu que je devrais l’écrire ?

Les coups de poings n'étaient qu'un début, un moyen encore doux et plaisant de faire la conversation. Un genre de plat de résistance masquant des méthodes de tortures bien plus poussées et moins orthodoxes qui découlaient de ces marionnettes. Tout dépendrait de ses réponses.


Résumé:






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L'ambiance était sacrément bizarre, le genre de truc où on sentait qu'il y avait clairement quelque chose qui clochait sans pour autant mettre clairement le doigt dessus. Personnellement, j'eus comme un drôle de frisson qui me parcourut le bas du dos et pas de manière particulièrement agréable. Comme si ce sentiment se matérialisait, on avait eu droit au corbac qui sortit de son trou, nous passant devant les yeux en émettant ses sons lugubres. Qu'est-ce qu'il foutait là l'animal? Je ne peux m'empêcher de le suivre du regard, plutôt étonnée, avant de froncer légèrement les sourcils. Pendant un instant, j'avais cru voir un truc mais c'était sans doute mon imagination. Il suffisait de voir le décor. On avait l'impression qu'un truc dégueu pouvait surgir de nul part et n'importe quand.

D'ailleurs, après monsieur le corbeau, on eut droit à la bizarrerie du jour. Du bruit attira notre attention à tous à l'intérieur même de la grotte alors que nous désirions avancer. L'une des marionnettes de Genjiro, celle qui ouvrait la marche, était naturellement sur ses gardes - mon œil expert de marionnettiste le distingua. Je devais avouer que je m'attendais à voir un mort debout ou un truc dans le genre à la vue du cimetière dans lequel on pataugeait mais à la place, ce fut une voix d'un jeune homme qui sortit des ombres. Je crois que cela m'avait encore plus intriguée que l'oiseau parce que je m'attendais à un tas de chose mais certainement pas à un type sapé dans son genre. Un petit brun, des yeux rubis, des fringues plutôt classieux pour voyager dans un lieu si miteux. C'était clairement pas le fils d'un paysan, sans compter ses manières. Il était bien plus poli que moi, peut-être que je devrais voir cela comme un signe pour apprendre à avoir des manières?

En tout cas, le petit bonhomme avait un œil plutôt vif. Il reconnut assez vite nos bandeaux shinobis, ce qui me fit sourire en coin. Il était aussi bien prompt à nous sortir son curriculum vitae et... me faire du gringue? Oh oh oh le coquin! Il me sortait les grands mots dite donc! Le joyau de mon village? Rien que ça? S'il savait! J'étais plutôt la pestiférée oui! L'ironie de la situation étira une esquisse encore plus grande sur mon visage alors que je ne le quittais pas des yeux. Je ne savais pas trop par quel bout le manger celui-là mais... nul le temps pour moi de trop y cogiter, mes compagnons s'en chargèrent allègrement.

Ne sachant pas si le garçon parlait les signes, je m'apprêtais à lui écrire quelques mots... sauf que ma chef prit les devants en lui démettant littéralement la mâchoire. Je ne sais pas si ce fut par empathie, mais je n'avais pas pu m'empêcher de serrer les dents pour lui. Cela devait piquer, surtout qu'il n'avait fait par d'aucune agressivité... il était juste... bizarre. Il ne collait vraiment pas au décor. Visiblement moi non plus plus puisqu'il me comparait à un joyau. Haha! M'enfin, je ne me serais sans doute pas montrer aussi radicale de Hinagiku, bien que je comprenais qu'elle ne voulait pas perdre son temps avec un damoiseau... s'il était vraiment ce qu'il prétendait être.

Par enchainement, Genjiro prit la suite. Mais si notre cheftaine jouait les gros bras, le marionnettiste préféra jouer la carte de la pression psychologique. Aussi étonnant que cela parut, cela me fit sourire. Je reconnus en lui tout de suite le maraudeur, froid, calculateur mais surtout ces talents de conteurs, bien que, je préférais largement les histoires qu'il avait pu me raconter. Du coup, il ne restait plus qu'à déterminer quel serait mon rôle. On avait la brute, on avait le truand, du coup...

Farfouillant dans mes poches, je me saisis d'un mouchoir que je tendis à Fumijiro, tout en lui tendant un bout de papier sur lequel j'avais noté quelques bricoles à son attention.

" J'ai bien peur de ne pas être une dame, mais vous pouvez m'appeler Honoka. "

Aussitôt donné, j'enchainais sur un autre bout de papier de mon calepin de note.

" Vous avez immédiatement reconnu nos symboles de Suna, vous êtes déjà venu dans notre pays ou rencontré d'autres gens de chez nous?

PS: Ne leur en voulez pas trop. Votre trop grande politesse vous fait défaut dans ce cimetière. "


Comme on ne savait pas trop quel genre de gugus auquel on avait affaire, autant jouer tous les profils d'interlocuteurs. Puisqu'il était plus avenant avec moi, peut-être qu'il pourrait plus aisément répondre à mes questions... ou pas. Dans le pire des cas, Genjiro ou Hinagiku se feraient un plaisir à lui délier la langue et moi, je pourrais me rouler une nouvelle cigarette le temps qu'ils s'amusent.

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La tanière des sans-âmes
Fumijiro avait beau être sur ses gardes, il ne vit pas le coup de poing partir et il fut projeté au sol. Il fut surtout à moitié sonné par l’impact et il secoua doucement la tête en se massant la mâchoire. Il était salement sonné, mais son instinct de survie continua de lui ordonner de paraître faible. En tout cas il ne tenta rien et resta immobile devant les ninjas. Il leva maladroitement un bras pour se protéger en voyant Hinagiku réarmer son bras. Il semblait réellement terroriser et cela sans effort. Il tâta sa mâchoire pour vérifier qu’elle n’était pas brisée avant de regarder le Shirogane encore plus terrifié qu’avant. Il recula en rampant, les yeux pleins de larmes face à autant de violence gratuite. Il observa le Shirogane sans bouger, tremblant de peur avant d’avaler sa salive en le voyant trancher dans la chair du cadavre. Genjiro avait put trouver dans la grotte des traces de feu très récentes et de nourriture, Fumijiro avait bien passé un moment ici pour se reposer et il n’avait rien à cacher. Le regard du jeune homme se porta sur Honoka et il recula davantage en la voyant sortir… Un mouchoir. Il le prit très lentement et le porta à son nez sans aucun geste brusque pour essuyer le sang qui coulait. Il se pencha sur les papiers pour les lires. Il resta silencieux un moment avant de regarder les deux tarés. Il finit par cracher une dent et répondre d’une voix plaintive.

« Vous aviez pas besoin de cogner ! »

Il s’essuya à nouveau en tâtant sa mâchoire. Pas cassée, mais salement amochée. Il allait devoir payer un médecin au besoin. Il soupira un peu et observa la rouquine avec attention.

« Je vous l’ai dit, je passe par la forêt parce que le trajet est plus court… J’ai appris à la connaître… Et si c’est rare… Mais les loups ont peur du feu, et puis ils viennent pas par ici, y a déjà assez de cadavre à manger pour qu’ils ne me touchent pas. Je suis né dans un charnier et j’ai passé une partie de mon enfance à fouiller les cadavres des gens après les batailles, ça me dérange pas plus. Et on passait souvent par la forêt, j’ai appris comment passer et à me fier aux bruits. Vous entendez ? »

Absolument rien, le silence le plus épais qu’il fut. Il haussa les épaules.

« Les loups chassent en fin de journée, ils sont accompagnés par les corbeaux. Et là on entend rien : donc il est pas encore l’heure, ou ils ont déjà trouvé un truc. Et puis… Moi je suis écrivain public ! Je rédige les lettres des gens, actes de propriété tout ça. Et oui, je suis conteur, mais pour les enfants, je leur raconte de jolies histoires… »

Il se tourna vers Honoka, ne souriant plus du tout.

« J’ai voyagé, je vous l’ai dit… Alors sur les charniers tout ça, parfois on retrouve des plaques, ou ce genre de trucs… On m’a appris à les reconnaître, puis les voyages ont fait le reste. »

Il recula encore un peu en observant son sac qui avait vidé son contenu sur le sol. Des papiers vierges, des pinceaux, une dague pour se défendre, mais rien de plus. Juste de quoi allumer un feu, de quoi se laver et manger. D’ailleurs il en portait une autre, non dissimulée, à la ceinture. Qu’il prit très très lentement avant de la tendre à Honoka, il lui désigna l’autre avant de lui coder en langage des signes tout en parlant à voix haute pour que les deux autres comprennent.

« Si vous n’avez pas confiance, prenez l’autre également. Moi, mon truc c’est écrire, c’est pas me battre… »

Il reporta son attention sur les deux autres avec méfiance. Il finit de s’essuyer le nez et attendit. Il s’arrêta et écouta avec attention autour de lui.

« Par contre, les corbeaux se réveillent, et les loups avec eux. Ça va finir en chasse… Faudrait peut-être bouger. Même si j’imagine que quelques loups vous font pas peur, moi je reste pas dans cette forêt la nuit. La journée encore… ça peut aller, mais pas plus ! »
   
Feat.


Le jeune homme:
[/quote]
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Dream Team, en marche !
Une lassitude non-dissimulée s'empara de la guerrière. Elle était complètement déçue par le comportement de ce pseudo voyageur qui, au lieu de se défendre comme un homme et faire preuve de courage ou de zèle, se soumit si rapidement aux exigences du groupe. D'un côté, le déroulement de la mission s'en voyait accéléré en conséquence. De l'autre, la rousse devait supporter cette frustration naissante. Elle aurait préféré un bon combat, et de très loin. Malheureusement, son coup et les menaces implicites de Genjiro furent apparemment trop pour le pauvre conteur. Peut-être était-ce encore pour s'attirer les faveurs de celle qu'il courtisait puisque cette dernière se montra particulièrement attentionnée avec lui, à moins qu'elle ne le fasse que pour l'encourager à parler.

Dans tous les cas, le regard de la Nozomo se posa sur l'écrivain. Dur, froid, dédaigneux. Hina méprisait les individus dans son genre, ceux qui s'écrasaient et capitulaient au moindre signe de danger. Les propos de la victime laissaient d'ailleurs apparaître une certaine forme de lâcheté. Bien que le damoiseau demeurât suspect aux yeux de la rousse, cette dernière put à présent le considérer comme un misérable insecte, comme un être ne méritant ni sa considération ni son amitié, à un tel point qu'elle abandonna toute forme de politesse envers lui. Pourtant, il fallait rester prudent. De très bons menteurs parcouraient la Terre en long, en large et en travers.

–– Tes mains. J'te conseille de pas les rassembler ou d'en cacher ne serait-ce qu'une seule. Si t'oses le faire une seule fois, je frappe.

Par cela, elle voulait l'empêcher d'exécuter le moindre mudra, tant était-il qu'il sache en faire. Pour ce qui est des armes, Hina confia cela à Honoka qui était mieux placée et surtout moins en froid avec l'étranger qu'elle et Genjiro ne l'étaient. Après quoi, elle adopta une posture plus détendue bien que sa méfiance ne disparût pas. Elle contourna ensuite le voyageur, jeta un bref coup d'oeil aux autres effets personnels renversés au sol, et ne revînt devant lui que lorsqu'elle fût persuadée de ne rien avoir manqué de dangereux ou compromettant.

–– Admettons que tu sois vraiment là "parce que c'est plus court" de passer par ici, ok. Y'a toujours quelque chose qui cloche là-dedans. En chemin, on a croisé un vieillard qui nous a littéralement arrêté pour nous dissuader de passer par là. Ca me semble de connaissance commune que cette forêt soit bien plus qu'un simple bois rempli d'animaux sauvages de quelques cadavres. Malgré ça, tu t'y aventures toujours alors que t'as l'air d'être une énorme lavette. J'comprends pas.

Quel fou apparemment inoffensif irait s'aventurer dans un lieu aussi réputé pour son mysticisme et sa dangerosité ? Le voyageur cachait forcément quelque chose. Cette suspicion fut d'autant plus alimentée par un autre argument auquel Hina repensa à l'instant.

–– Et les pièges ? Pour nous c'est pas grand chose, mais pour toi ? Suffit de voir le nombre de cadavres pendus aux arbres pour le comprendre. C'est pas un lieu fait pour monsieur tout-le-monde. Donc si tu veux pas finir dans un état pire que celui des macchabées, j'te conseille de vite nous expliquer comment tu t'en sors.

Et s'il ne le faisait pas, alors Hina le considérerait comme une cible à abattre. Quelqu'un avait forcément mis en place tous ces pièges, aussi rudimentaires pouvaient-ils être par moment. Soit l'écrivain avait un moyen de les détecter et les éviter, ce qui voudrait dire qu'il n'est pas aussi inoffensif qu'il désire le faire croire, soit il était celui les ayant installés ou, à défaut, était de mèche avec un éventuel autre individu. Dans tous les cas, sa réponse ne sera pas plaisante à entendre pour la Nozomo qui se retenait déjà bien assez afin de ne pas lui faire sauter la tête. Il restait une source d'informations, après tout. Et en parlant de ça, Hina lui adressa de nouveau la parole, mais pour une fois sans le menacer ou se montrer belliqueuse.

–– Tant qu'à faire, puisque t'es sûrement au courant de beaucoup de choses, qu'est-ce que tu sais sur ce bois et sur le Mont Dokumo ? Je m'en fous si ça te prend une plombe de tout raconter. Si des loups se ramènent, je leur ouvre la gueule.
Codage par Libella sur Graphiorum
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[Mission B] La tanière des sans-âmes (pv Shirogane Genjiro & Honoka) Code10


Les lèvres du pauvre homme se délièrent bien rapidement face à tant de pression soudaine, ce qui n’étonna guère les oreilles du mercenaire affairé à terminer sa dissection et rengainer la scie de Zetsubo. Il apporta d’ailleurs des réponses assez convaincantes même si de nombreuses parts d’ombres demeuraient encore en son sein, allègrement traduites par la véhémence de la Nozomo. Parfois même plus que nécessaires au regard des interrogations pertinentes qu’avait complété Honoka dans un rôle qui ne lui allait pas si mal au final. Le Shirogane demeura pourtant passif durant cette scène, préférant découvrir de ses sens aiguisés l’histoire du gamin et les traces de son périple ici, le renvoyant à sa propre jeunesse sur certains aspects. Il ne connaissait que trop bien la nécessité macabre de dépouiller les défunts issue d’un champ de bataille afin de survivre dans le désert et en tirer la moindre ressource possible. Restait à savoir si Fumijiro disposait de cette habitude pour des raisons identiques ou plus obscures.

Ce fut là le mélange de curiosité et de compréhension qui le mena à une clémence négligente face à son plaidoyer, conscient de devoir avancer d’une façon ou d’une autre. Si sa présence constituait effectivement une anomalie pleine de suspicion, le maraudeur ne pouvait pas s’attarder indéfiniment sur son cas, le but étant en premier lieu de débusquer par la sécurité ou le danger leur hôte fétichiste. Ainsi finit t-il de fouiller le fond de la grotte avant de revenir au niveau des deux demoiselles, surplombé par la silhouette imposante de sa marionnette principale. Son regard se porta brièvement sur le restant des affaires étalées de l’inconnu avant de tirer un soupir lourd et quasiment rocailleux, signe d’une déception marquée. Il ne savait pas vraiment que penser de ça ni du choix à prendre une fois tombé sur le fameux possesseur de leur arts secrets.

- Il demeure encore beaucoup de questions mais le petit a raison sur un point. Il va falloir qu’on décampe et qu’on avance avant la tombé de la nuit. Les loups et les corbeaux ne seront pas les seuls dangers à nous attendre dans l’obscurité ...

Subitement moins alarmiste sur le cas de l’écrivain, le guerrier sans foi ni loi fendit la position de ses partenaires pour adopter la même formation exploratrice de tout à l’heure mais dans le sens opposé. Sa part menaçante semblait se retirer peu à peu dans la confiance placé en Honoka et sa stratégie qui impliquait une grande part de féminité évidente. Hinagiku faisait quant à elle une bonne tortionnaire, avec à ses lèvres les questions suffisantes pour la suite. Chose qui libérait le champ pour le Shirogane dans son rôle d’éclaireur conforté par la supériorité numérique de son art. Mieux valait laisser la brute s’occuper du bonhomme et s’atteler soi même à garantir les déplacements du groupe à travers la forêt.

- Il nous racontera tout ça sur le chemin. Tu viens avec nous, mais ça ne veut pas dire que tu fasses partie du voyage. Si tu meurs, si tu trépasses, c’est ton problème. Si tu cherches à nous tromper, alors je deviens ton problème. Dés que tu peux, indique moi la direction d’un quelconque espace suffisamment dégagé pour camper au cas où.

Sa phrase n’impliquait pas le groupe afin de bien lui faire comprendre la menace personnelle qui pesait sur lui, dans la continuité de son récit de tout à l’heure toujours d’actualité. Mieux valait ne pas trop chercher Genjiro quand la nature de ses objectifs concernait un Shirogane, les connaissances et artefacts de sa guilde. Toujours aussi froid, impassible et doué de peu de compassion, le loup solitaire prépara ses compagnons de bois afin de prendre le départ et sortir à l’air libre dès que possible. Trouver sa proie demandait parfois de prendre des risques, de s’exposer aux traquenard et aux pièges en connaissance de causes. Ce dernier le savait parfaitement enquis de ses atours de nomade écumant les étendues de sables à la recherche de l’objet de ses désirs.

Même si Fumijiro craignait pour sa vie dans les ténèbres de la nuit parmi de tombeau ouvert, sa présence auprès d’eux serait obligatoire dans l’éventualité très probable de crécher dans les bois. Le rôdeur se faisait bien une idée de l’utilité que pouvait comporter un tel choix si rien ne se présentait à eux le reste de cette journée, perdant volontairement du temps pour déranger leur cible sur son propre territoire. Si eux n’iraient pas à lui à cause d’une passivité intrigante de sa part, lui viendrait à eux à force, face à leur détermination inébranlable. Le contenue de leur mission représentait l’unique avantage qu’ils disposaient sur les connaissances de l’éphèbe, devant ainsi rester secret jusqu’au dernier moment.

- Lèves-toi le barde. On a de la route à faire.

Barde. Une désignation qui lui était venu sur le coup, se référant à sa tenue pour le moins folklorique, lui rappelant ces musiciens de bar. Fallait avouer que la dégaine du type paraissait assez décalé comparé au décors de cet endroit lugubre … Un contraste qui serait surement encore plus frappante une fois dehors.






@Codage réalisé par Shirogane Genjiro
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[Mission B] La tanière des sans-âmes (pv Shirogane Genjiro & Honoka) Left_bar_bleue2279/1200[Mission B] La tanière des sans-âmes (pv Shirogane Genjiro & Honoka) Empty_bar_bleue  (2279/1200)
La tanière des sans-âmesft. Nozomo H. & Shirogane G.


Était-ce pas instinct ou bien à cause de mes camarades qu'il hésita à prendre le mouchoir tendu? Peut-être un peu des deux au final. S'il était assez intelligent, il pouvait bien se poser la question de comment une femme comme moi, visiblement calme, pouvait se trouver en affaire avec deux individus aussi agressifs. Peut-être étais-je la pire ou peut-être étais-je vraiment une gentille? En tout cas, je resterais indubitablement la moins bavarde. Le reste dépendrait uniquement de son comportement ou bien de ma grande générosité. Mais n'allons pas nous mentir, j'étais clairement pas la plus bagarreuse - et sans honte, je pouvais dire que je n'étais pas la shinobi la plus puissante du groupe non plus. J'étais pourvue de ce honteux défaut qu'était la paresse, à moins que cela ne concerna une activité qui me passionna, moins j'en faisais, plus ça me convenait. Alors, si un petit sourire pouvait le calmer... sourions. Et puis, si je pouvais faire plaisir à ma chef en la laissant se défouler...

Fumijiro passa les dix prochaines minutes à se justifier, tentant d'expliquer les raisons de sa présence et pourquoi la vue des cadavres ne l'émouvait pas. Je ne pus m'empêcher d'arquer un sourcil de surprise quand il indiqua qu'il avait jadis traîné dans les charniers, car à la vue de la trouille qu'il venait de simuler, c'était difficilement croyable. Bien que, les vivants demeuraient toujours plus terrifiants que les morts. En tout cas, je notais dans un coin de ma tête que visiblement, dépouiller les macchabées, cela pouvait emmener loin. Vagabond à notaire et conteur pour bambins... c'était un sacré changement. Sans compter qu'à la vue de ses fringues, il n'était plus sans le sous. Il avait forcément eu un coup de pouce du destin ou une bonne âme qui veillait sur lui? La seule chose sure dans cette histoire était qu'il n'était pas un pantin, puisqu'il saignait. Il devenait subitement un simple petit être fait de chair et de sang, j'en fus presque déçue.

Ne le lâchant pas des yeux comme si je cherchais à voir à travers lui, je suivais ses gestes méticuleux dont celui qui m'était destiné lorsqu'il me présenta la dague qui se trouvait à sa ceinture. Naturellement, je m'en saisis et l'inspecta comme pour vérifier s'il avait pu servir dernièrement et déterminer la qualité de l'ouvrage. Une belle lame. Un simple petit regard vers Hina, et je compris qu'il était préférable que je la conservasse. Du coup, je la glissais à ma ceinture. Quant à la seconde qui était sur le sol, je me penchais pour la récupérer et la dissimula dans mes bottes. Bien évidemment, j'adressai un petit sourire à Fumijiro comme pour me montrer désolée de le priver de ses armes. En réalité, je ne l'étais pas du tout. Puisque de lui-même, il indiquait qu'il n'aimait pas se battre, cela ne lui servirait à rien.

En tout cas, il me surprit. Il parlait le langage des signes. Voilà qui était un soulagement pour moi et qui m'éviterait de me fatiguer pour rien. Bon, le seul inconvénient demeurerait pour Hina mais à l'occasion, je lui apprendrais quelques bricoles.... si elle en avait la patience. D'ailleurs, cette dernière resta sur ses gardes et le martela de questions, alors que Genjiro, dans son pragmatisme, nous poussa à reprendre la route pour ne pas traîner dans un tel environnement en pleine nuit. Telles des sentinelles, les marionnettes de mon homologue reprirent leurs places dans leur conformation première et je ne pus retenir mon admiration - encore une fois - à la vue de leurs mécanismes. J'étais quasi-certaine que je devais avoir les yeux qui luisaient comme une enfant. Pas très professionnelle mais que voulez-vous. J'étais une Shirogane, on ne me referait pas.

Une fois que nous reprîmes la route dans cette forêt sournoise, je ne réprimai pas mon envie de fumer. Nonchalamment, j'allumais une cigarette avant de me tourner vers le conteur pour lui en proposer une, au cas où cela l'intéresserait. Maintenant que je savais qu'il pouvait me comprendre, je pouvais à mon tour mener mes propres petites interrogations, moins frontales que ma camarade Nozomo.

" Dites-moi, Fumejiro-san, quelle genre d'histoire vous racontez aux gamins? "

Ma clope coincée entre les lèvres, j'esquissais un petit sourire amical.

" J'aime bien les jolies histoires. On en a pas beaucoup à Suna. "

Ouais, on en avait pas des belles et il y avait rarement des "happy end". Si vous y voyez une quelconque ressemblance avec un fait réel, c'était tout à fait volontaire.

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La tanière des sans-âmes
Le jeune homme hocha la tête sans rien dire, ne pas assembler ses mains, il avait parfaitement compris. Il observa avec attention Hinagiku sans rien dire pendant une. Il n’aimait pas cette femme. Il plissa le nez en l’écoutant avec attention et haussa les épaules sans réellement expliquer plus que cela. Il retient même un soupir, il ne voulait pas expliquer sa vie ou sa manière d’être ou de faire. Fumijiro soupira longuement avant de gratter sa joue. Et raconter tout sur le mont Dokumo.

« Je suis plus jeune que le vieux, je cours plus vite et j’ai la connaissance des sentiers. J’évite beaucoup de choses. »

Il récupéra vivement ses affaires et se mit en route en rassemblant ses histoires avant de regarder avec un fin sourire Honoka. Il refusa la cigarette d’un signe de tête avec un sourire très doux. Il préféra lui répondre en premier et en langue des signes pour plus de tranquillité sans traduire.

« Je raconte des histoires de palais de jade, des histoires d’amours incroyable qui finisse bien. Tout ce qui peut apporter de la joie aux enfants. Des contes lointains de dragons, de dieux et de repas incroyable. Tout et n’importe quoi. »

Il inspira profondément en continuant de coder, mais il se concentra et parla de l’endroit. Tel un bon conteur, il voila sa voix et parla avec un air de conspirateur :

« Il y a bien longtemps… Vivait ici un clan de ninja, un petit clan discret, il vivait sur un petit village. Un jour… un homme est arrivé… et les a tous décimé. On raconte qu’il serait venu seul, mais que lorsqu’il a attaqué il ne l’était plus… Il semblait avoir une armée avec lui… Il les a tous massacré… »

Il s’arrêta et écouta les loups hurler avec force, semblant faire trembler même l’air. La brume se levait… Épaisse, impénétrable… Les pendus semblaient se mouvoir avec un vent plus fort, la lumière tombait très rapidement. L’air était saturé d’odeur de cadavre, de miasme. L’homme reprit la parole, d’une voix grave en s’enfonçant sans difficulté dans la brume, qui semblait presque solide.

« On raconte que le sage Mitsuaki a apaisé le tueur et lui a permit de réaliser sa faute… Avant de le tuer. Mais on raconte que les âmes tourmentées des victimes innocentes se vengent et habitent cette forêt… Malgré les efforts du moine… rien ne semble apaiser les âmes… »

La brume était tant épaisse qu’on ne voyait pas à un mètre, mais le conteur avançait sans hésitation. L’un des ninjas glissa et son pied s’enfonça dans une eau gluante, glaciale, une gangue de boue, puante et collante enveloppa son pied et… Brusquement Fumijiro disparu dans la brume. Il n’eut plus aucun bruit. Plus rien. Le marais semblait avoir engloutis le pauvre garçon. Il eut un gros « PLOUF » comme un corps chutant dans l’eau. Le silence se fit, jusqu’à ce que les corbeaux s’élèvent en croassant avec violence suivit par le hurlement des loups. Il faisait nuit noire, et la brume recouvrait tout.
   
Feat.

Résumé:
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