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Fenêtre sur cours ( de Ninpō). [Entraînement feat Junko]

Masamune Sanada
Masamune Sanada
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Depuis que Sanada prenait des cours particuliers avec Rokuro et était suivi et entraîné par Mifuyu, il n'allait plus vraiment à l'académie.
L'institut d'enseignement des arts shinobi d'Uzushio avait établi un système qui marchait plûtot bien. Les aspirants ninjas étaient orientés au fur et à mesure de leur formation vers certains Jônins. Ceux qui tissaient des liens avec leurs supérieurs continuaient naturellement avec ceux-ci tandis que les plus esseulés avaient des professeurs désignés. C'est comme cela que Sanada avait rencontré Rokuro, le premier tête-à-tête avec Mifuyu étant, lui, la cause de la fortune seule.

Les cours obligatoires pour les genins étaient ceux de théorie et les “activités de pratiques encadrés”.
Ce matin-là, justement, Sanada avait été convoqué à l'académie pour assister à une leçon, suivi d'un exercice pratique l'après-midi.
Il n'aimait pas trop les salles de classe. Il y faisait chaud, il y avait du monde, et surtout, surtout, il lui était interdit de fumer.

Étant arrivé il y a quelques mois au village caché du tourbillon, Sanada avait, dans un premier temps, étudié avec des enfants. Il y avait appris les rudiments des arts ninja ainsi que les bases du combat.
Il était aujourd'hui dans une classe du niveau supérieur, et c'est avec satisfaction qu'il remarqua que l'assemblée était majoritairement composée d'adolescents d'à peu près son âge.
Prit d'un espoir fugace, il balaya la salle du regard pour vérifier si Otohime Uzumaki était, à tout hasard, là.
Elle aurait bien pu assister elle aussi à ce cours, même s'il ne l'avait vu que très rarement au sein de l'académie.
Après quelques secondes, il se résigna enfin et s'assit à côté d'un Fûma baraqué qu'il avait déjà vu quelques fois.
Sanada était de nature bavarde, malheureusement pour lui, avant même qu'il ait pu faire connaissance, un vieil homme entra dans la salle, installant un silence presque instantané.
Le jeune genin avait déjà vu ce professeur, il enseignait le ninpo et le ninjutsu élémentaire. Ses monologues sur les jutsus, les mudras, et la parfaite exécution en symbiose avec le terrain étaient sans doute pleins de sagesse et intéressant dans le fond. Mais le vieillard pêchait par la forme, et d'un ton lancinant, le regard planté dans ses parchemins, il récitait sa complainte d'une extraordinaire monotonie.
Même les plus valeureux tombaient sous les mots assommants du professeur qui profitait ainsi d'une quiétude parfaite pour réciter son cours.
Que la salle dorme ne le dérangeait pas, ne quittant à aucun moment son regard de ses notes.
Plus encore, en plusieurs années de carrière, il ne s'était rendu compte de rien.

Sanada se promit de rester concentré cette fois-ci. Il avait maintenant un objectif concret, celui de réveiller l'affinité de son chakra et Rokuro comme Mifuyu lui avait dit que cela passerait par une plus grande maîtrise du flux divin. C'est donc avec toute la motivation du Sekai qu'il attendit, la plume prête à gratter le papier, les premiers mots de l'orateur.

- Les premières traces de la technique que l'on va appréhender aujourd'hui remontent à plus de soixante-dix ans. Ce chiffre, est, bien sûr, à prendre avec des pincettes. C'est le plus vieil écrit que nous ayons trouvé qui date d'à peu près cette période, cependant, la technique devait être utilisé un peu avant cela. Selon certaines sources de chercheurs en sociologie autour des îles, c'est avant tout pour la chasse que l'on a développés ces mudras. L'effet voulu étant une paralysie temporaire, suffisante pour achever l'animal proprement et sans effort. Elle a donc été développée dès le début pour déstabiliser un esprit plus faible, plus “primitif” que celui du lanceur. C'est dans la région des “Doigts de l'océan” que nous avons retrouvé le parchemin, dans un temple désaffecté…..

Un temple...Sanada marchait vers l'édifice, mais celui-ci semblait se dérober à mesure que le genin avançait. Il croisa Shun, le directeur de l'orphelinat qui lui proposait une lanterne enduite de miel. “C'est bon", disait-il, "Goûte” en tendant l'objet luisant d'une robe dorée qui se balançait en éparpillant le liquide sucré, ce qui ne tarda pas à attirer des fourmis.

Elles étaient énormes, et elles arrivaient à toute allure vers les deux jeunes hommes.

Senzo sauta alors de la branche d'un arbre et s'empara de lanterne. “Mange” disait-il à son tour “Il faut que tu manges”.

Sanada voulait reculer, mais ne pouvait pas, il voulait leur dire que les lanternes n'étaient pas comestibles, mais quelque chose l'en empêchait. Il prit donc l'objet lumineux à contre-coeur et croqua à pleine dent.
Le goût était neutre et pas terrible, pas sucré pour un sous et plus sec qu'un gâteau de sable. “Il faut manger” répétaient le basané et l'artiste en chœur, applaudissant au même rythme que le claquement de la mâchoire du genin.

- Allez, il faut manger gars.

C'était le Fuma voisin qui secouait le bras de Sanada, celui-ci voulut répondre, mais il avait la bouche pleine, il se rendit alors compte avec horreur qu'il avait un bout de parchemin dans la bouche, le recrachant dans sa main, il remercia le jeune homme qui s'éloigna d'un air un peu dégoûté sans prolonger la conversation.

Encore groggy et somnolent, il partit directement en direction du terrain d'entraînement où allait se dérouler la seconde partie de la journée. Beaucoup de genins avaient fait la même chose, préférant manger leurs bentōs à l'ombre des arbres, mais tout de même proche du lieu de rendez-vous pour ne pas manquer le début de l'exercice.
Même si l'académie d'Uzushiogakure était réputée pour son enseignement théorique, le frisson de la pratique parcourait toujours les élèves avant un entraînement collectif. C'était le moment où ils se jaugeaient et découvraient les progrès de leurs congénères.

Le repas du jeune genin fut frugale, il savait par expérience qu'il ne fallait pas se remplir la panse avant de dépenser beaucoup de chakra. Il écouta ensuite les pronostics des élèves sur l'identité du professeur en silence, préférant emplir son palais de fumée plutôt que de mots.

Il était en train de savourer la nouvelle herbe qu'il avait fait pousser sur son toit quand il l'aperçut, entre les arbres, au bout de l'allée.

La démarche tranquille et assurée, la nuque droite et le port haut, ce kimono impeccable, cette allure de reine et ce visage…

Myōshin Junko” Pensa-t-il en se redressant.

Lui, qui n'avait rien suivi ce matin, allait devoir prouver sa valeur à une des seules personnes qu'il ne voulait surtout pas décevoir.

Jurant contre la providence des Cinq intérieurement, il se leva pour se mettre en rangs avec les autres aspirants ninjas.
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Myōshin Junko
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« Myōshin Junko, Jûnin d’Uzushio. » dit-elle calmement, embrassant du regard le rassemblement de curieux. « On commence dans 5 minutes. Vous pouvez prévenir vos camarades en retard : il est inutile de se présenter après le début du cours. Ceux qui ne savent pas ce qu’ils font là sont priés de partir. Je ne me répéterai pas. »

Junko traversait une période compliquée et ce cours tombait très mal, à vrai dire. Elle ne dormait plus beaucoup, l’esprit bien trop préoccupé. Plusieurs événements avaient chamboulé son quotidien dernièrement et elle avait l’impression qu’il se tramait quelque chose sans qu’elle n’arrive précisément à mettre le doigt dessus. Si bien que, parfois, deux personnes passaient à côté d’elle en riant dans la rue et cela suffisait à la rendre paranoïaque, à lui mettre les nerfs à vif. Elle interprétait les faits et gestes de simples inconnus comme une menace. Qui plus est, elle songeait sérieusement que quelqu’un dans les hautes sphères souhaitait, pour une raison obscure, la punir. Pour preuve, il y avait tout d’abord cette équipe « d’élite » à laquelle on l’avait assignée, et maintenant ce cours.

Elle ne se voyait pas comme une très bonne professeure – certainement était-ce dû à son échec en tant que mère – et elle se réfugiait derrière le fait que tout cela lui semblait une perte de temps. Mais, au fond, elle souffrait surtout de côtoyer la jeunesse alors que son propre fils devait avoir sensiblement le même âge qu’eux, à présent. Elle avait passé ce détail de sa vie sous silence, tant bien que mal, mais elle ne doutait pas que cela avait été ébruité, au fil des années. Alors, quelqu’un là-haut devait s’imaginer que pour la blesser, pour la faire rentrer dans les rangs, il suffisait de lui assigner un cours, épisodiquement. Elle avait du mal à l’admettre, mais c’était généralement vrai. Elle déployait tant d’énergie à ne pas céder, quand elle enseignait à l’Académie, qu’elle n’en avait plus à déverser par ailleurs.

Au cours des cinq minutes qu’elle laissait à tout ce petit monde pour se préparer, elle fit un rapide inventaire de ses troupes. Par chance, le groupe d’aujourd’hui était un peu plus âgé que ceux qu’on lui assignait généralement. Cela serait plus supportable, certainement. On lui avait dit que l’un ou l’autre élève était « intéressant », au point qu’il faudrait certainement « qu’elle leur accorde une attention toute particulière ». A ses yeux – des yeux de senseur – il n’y avait pas un seul individu qui se démarquait et elle savait bien ce que signifiait ce genre de remarque, en réalité. Il s’agissait, l’air de rien, de favoritisme. Ces étudiants dont elle devait s’occuper « tout particulièrement » appartenaient à telle ou telle famille dont, honnêtement, elle n’avait absolument rien à faire. Ici, dans son cours, tout le monde était logé à la même enseigne…
Elle remarquait toutefois quelqu’un, dans le lot. Le gamin de la libraire était là ; Masamune Sanada. Son regard s’adoucit tandis qu’elle croisa son regard, subrepticement. Elle fit un discret signe de tête, comme un salut, car elle ne souhaitait pas non plus que l’un d’eux soit mis en défaut au prétexte qu’ils se connaissaient.

C’était une situation cocasse, à vrai dire. Au cours de leur précédente rencontre, ils s’étaient considérés comme des égaux. Aujourd’hui, un fossé les séparerait. C’était cette étrange société dans laquelle ils évoluaient qui leur imposait. Junko, comme à son habitude, obéissait fidèlement – même si son cœur grondait, au fond.

Elle s’éclaircit la voix. Il était temps de commencer le cours pratique. Il fallait l’avouer, la présence du jeune Masamune la troublait légèrement, comme si elle avait quelque chose à prouver – alors qu’à l’évidence c’était elle le juge. Elle n’oubliait pas la proximité qu’ils avaient eue ; il était difficile de rester impassible quand, dans l’assemblée, quelqu’un savait. « Bien. Commençons. » Elle posa un regard sévère sur le groupe. « J’ignore ce que le vieux vous a raconté ce matin, mais partez du principe que c’était un beau ramassis d’idioties. Pour faire simple, Kanashibari est l’illustration de la vie : dans la vie, si vous ne tuez pas, vous êtes morts. En pratique donc, il faut montrer à son adversaire qu’on est un prédateur. »

Elle attrapa un élève, aléatoirement dans le groupe, et le plaça devant elle. « Votre adversaire est à proximité, vous pouvez clairement établir un contact visuel avec lui. Alors, vous canalisez vos pulsions les plus primitives. La rage, la haine, l’envie de meurtre. Et d’un coup, vous projetez votre chakra vers lui et avec, vos pulsions. » Elle regarda l’élève et ajouta : « Je ne t’ai rien fait, inutile de faire semblant d’être paralysé. File dans le groupe. » Elle continua, se tournant vers l’assemblée cette fois : « Faîtes des groupes de deux, celui qui est tout seul sera avec moi. Et, croyez-moi, vous n’avez pas envie d’être avec moi. Donc choisissez bien votre adversaire ; vous apprendrez que dans la vie, la notion d’allié n’est qu’une illusion. Et de toute évidence ce sera plus simple pour vous, au départ, si vous choisissez quelqu’un que vous n’appréciez pas. »

Elle attendit que chacun se trouve un coéquipier avant d’ajouter : « Une façon de contrer ce jutsu est de le lancer soi-même. Entraînez-vous donc à le lancer chacun à votre tour pour prendre le dessus sur votre adversaire. N’oubliez pas, vous êtes un prédateur. »

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Masamune Sanada
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- Myōshin Junko, Jûnin d’Uzushio. On commence dans 5 minutes. Vous pouvez prévenir vos camarades en retard : il est inutile de se présenter après le début du cours. Ceux qui ne savent pas ce qu’ils font là sont priés de partir. Je ne me répéterai pas.

Il reconnut bien là le ton de la mère dépossédée.
Froid mais, surtout, distant, comme si, son être était ailleurs, et que ce cours n'était qu'une corvée qu'il s'agissait de rapidement finir pour pouvoir retourner dans son refuge intérieur, creusé par la tristesse et le remords.
Sanada ne décela rien de tout cela, bien trop occupé à demander les notes des autres pour au moins y apprendre les mudras de la technique.
Il n'aurait jamais cru que celle qui avait libéré une partie de son âme était une manipulatrice de chakra, Jûnin, de surcroit.
Tout cela faisait pourtant sens dans l'esprit du jeune homme. La puissance de cette femme n'aurait pu n'être qu”intellectuelle, le jeune genin avait le pressentiment que c'était une redoutable shinobi, aussi affûtée dans ses coups qu'elle l'était dans ses arguments.

Leurs regards se croisèrent et Sanada ne put s'empêcher de sourire face à son léger signe de tête, cependant, après quelques secondes à la fixer, il se rappela qu'ils n'étaient plus dans la réserve, que l'Homme, plus que le ciel encore, hierarchisait les êtres, et, baissant la tête, il se détourna pour revenir dans le cheptel des apprentis ninja.

D'un faible son guttural, Junko convoqua le silence dans l'assemblée, avant de prendre la parole. Elle commença par détruire les espoirs des élèves du premier rang, qui tenait à peine debout, tellement les notes qu'ils avaient prises le matin pesaient sur leurs bras, en affirmant que le cours théorique était une perte de temps. Certains semblaient déçus, prêt à rebrousser chemin tant ce discours était inhabituelle au sein de l'académie. Les cours pratiques étaient en général une application stricte des préceptes appris le matin-même. Le village comptait sur les senseï et leurs entraînements individuels pour endurcir sa jeunesse et cela marchait très bien. Rokuro, la vieille Miyamoto en charge de Sanada, en était le parfait exemple. Elle qui se distinguait par sa sévérité et son goût prononcés pour les arts du combat.
Junko fit mine de ne pas entendre les remarques des élèves, ou peut-être ne les entendait-elle tout simplement pas.
Les genins, plutôt craintifs face à la nouvelle venue, n'osaient que chuchoter.

Le silence revint quand la professeure du jour attrapa d'un geste vif un élève pour se placer en face d'elle. S'adressant à l'assemblée et accompagna ses paroles de gestes afin d'être le plus clair possible.

- Votre adversaire est à proximité, vous pouvez clairement établir un contact visuel avec lui. Alors, vous canalisez vos pulsions les plus primitives. La rage, la haine, l’envie de meurtre. Et d’un coup, vous projetez votre chakra vers lui et avec, vos pulsions.

L’élégante femme plaça alors sa main en face de son visage, l’index et le majeur relevé entre les deux yeux comme si elle lançait la technique. Le jeune homme se figea instantanément cherchant d’un regard paniqué une issue qu’il ne trouvait pas.

- Je ne t’ai rien fait, inutile de faire semblant d’être paralysé. File dans le groupe.

Les genins se mirent à rire, se moquant du peureux en chœur, Sanada, lui, fumait son calumet en regardant la Jûnin, bien trop heureux de la revoir.

- Faîtes des groupes de deux, celui qui est tout seul sera avec moi. Et, croyez-moi, vous n’avez pas envie d’être avec moi. Donc choisissez bien votre adversaire ; vous apprendrez que dans la vie, la notion d’allié n’est qu’une illusion. Et de toute évidence ce sera plus simple pour vous, au départ, si vous choisissez quelqu’un que vous n’appréciez pas.

Sanada fit mine de chercher un partenaire, mais il n'était pas vraiment populaire à l'académie. Face aux Kekkai Genkai des clans, des différentes capacités uniques des uns et des autres, il n'avait de distinctif que son androgynie. Mifuyu et lui était à la recherche de sa vraie affinité et peut-être que son statut changerait alors, mais pour le moment, il n'était que “le mec qui ressemble à une fille caché dans sa capuche et derrière un nuage odorant de fumée”.
Pour une fois, il ne regrettait absolument pas d'être à l'écart et se contenta d'attendre, le calumet à la bouche que les alliances satisfassent tout le monde entre les ruptures amoureuses, les trahisons amicales et autres péripéties qui tourmentaient les âmes des écoliers.

Il s'approcha de lui-même de la professeure lorsque tous les groupes furent formé. Et attendit que Junko reprenne la parole pour donner son approbation au commencement de l'exercice.

- Une façon de contrer ce jutsu est de le lancer soi-même. Entraînez-vous donc à le lancer chacun à votre tour pour prendre le dessus sur votre adversaire. N’oubliez pas, vous êtes un prédateur.

Sanada s'inclina lentement tout en la regardant dans les yeux avant de mettre son masque rituel. Celui qui le protégeait du courroux de dieux au combat et était le symbole de son obéissance et de son dévouement en tant que soldat des Cinq.

- Je suis honoré d'apprendre cette technique en votre compagnie Junko-sama. Je dois dire, pour être véritablement franc avec vous, que jamais je n'aurais imaginé que ce soit dans ces circonstances.

Alors, sans le moindre signe avant-coureur, il exécuta la technique pour tenter de la piéger.
Il savait qu'il ne pouvait pas réussir aussi vite, et même s'il réussissait, elle allait contrer son attaque avec facilité, mais, étrangement, il voulait la voir forte, admirer sa puissance et ses prouesses martiales, comme si, cela le grandissait lui.

Après un moment, il dût se rendre à l'évidence, la technique n'avait absolument pas marché, et alors qu'elle allait riposter, il ancra ses deux pieds dans le sol, prêt à grimper une nouvelle marche vers la puissance, la porte des cieux, à ses côtés.
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Myōshin Junko
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Ainsi donc, elle serait la partenaire de Sanada. Junko ne savait pas vraiment si elle devait attribuer ce fait au hasard, à la volonté du Masamune ou à celle de ses camarades de promotion. Elle se surprit à espérer que ce ne fussent pas les autres élèves qui l’avaient mis à l’écart ostensiblement. Et tandis que cette pensée l’effleurait, elle jeta un regard impérieux aux duos qui s’étaient formés un peu partout, comme pour les avertir. Si, parmi eux, certains s’amusaient à le maltraiter d’une façon ou d’une autre, à le rejeter ou à se moquer de lui, elle le saurait et elle leur ferait regretter. Mais alors qu’elle prenait conscience de la portée de ses propres pensées, elle se sentit soudainement blêmir. Elle était leur professeure ; il fallait, à tout prix, qu’elle évite que ses émotions se mêlent à son enseignement. Elle lançait donc l’exercice pratique, résolue à ne pas s’intéresser plus longtemps au pourquoi du comment Sanada s’était retrouvé avec elle. Après tout, peut-être qu’il préférait être seul que mal accompagné.

La dame le regarda mettre son masque. Mais comme elle s’apprêtait à lui répondre, il passa à l’attaque, promptement. Elle arqua un sourcil ; bien qu’elle ne ressente aucunement les effets de Kanashibari – signe qu’il avait échoué à le lancer correctement – elle devait admettre qu’elle s’était laissée surprendre. Certainement que s’il avait eu une plus grande maîtrise de la technique, elle n’aurait pu l’esquiver. Alors, soudainement, comme si la réalité la frappait de plein fouet, sa surprise laissa place à de la colère. Et, sans prévenir, celle-ci se mua en quelque chose de brutal et de terriblement animal. D’instinct, la Jûnin forma quelques mudras, relâchant autour d’elle une vague de chakra : elle exécutait un Kanashibari, chargé d’une violence incroyable. Dans le regard qu’elle porta au jeune, il n’y avait plus trace d’aucune compassion. Mais qu’il ne s’y méprenne pas, c’était à elle-même qu’elle en voulait : encore une fois, elle avait oublié ses obligations, croyant qu’elle pourrait tranquillement discuter avec lui, comme s’il était à la librairie du coin, et elle s’était montrée faible alors qu’elle n’aurait pas dû. Alors, dans sa précipitation à vouloir camoufler son incompétence, elle s’était emportée. « Voilà qui me servira de leçon… » murmura-t-elle amèrement.

Elle observa son visage masqué, silencieusement. Certainement qu’il était paralysé – et elle se rendrait compte plus tard qu’elle avait également atteint le groupe d’à côté, qui s’était placé un peu trop près d’eux, malheureusement. Et, tandis de sa colère s’évaporait comme elle était apparue, un sentiment étrange l’étreignit de nouveau. Un mélange de remords, de tristesse et d’incompréhension.

Il y avait quelque chose de troublant, à le voir ainsi dissimulé. Il n’était plus le Sanada qu’elle avait connu – celui qui l’avait étreinte, comme s’il comprenait et partageait sa peine. Ce nouveau Sanada, celui qui se dressait devant elle à présent, avait un quelque chose de différent qui la mettait mal à l’aise. Pourtant, elle pouvait encore voir le visage du jeune, sous son masque. Et alors que son regard s’accrochait à ce bout de chair, elle songeait que, certainement, il devait se dire qu’elle aussi elle n’était pas la même. Car, en réalité, ce qui l’embarrassait – mais elle ne l’admettrait pas immédiatement –, c’était de devoir jouer le rôle de l’instructeur impitoyable devant lui. Cela aurait été n’importe quel autre élève, n’importe quel inconnu... D’une part, elle ne se serait pas fait surprendre à vouloir discuter au lieu de pratiquer. D’autre part, elle n’éprouverait pas le même regret à avoir profité de son premier échec pour lui renvoyer la technique avec violence.

A vrai dire, plus elle contemplait le Genin, plus Junko trouvait la situation injuste. Il cachait sa véritable identité pour devenir un prédateur, le temps d’un combat. Mais pour elle, c’était l’inverse : elle se révélait véritablement dans le carnage, elle montrait la bête impulsive qu’elle était.
Elle détourna le regard, s’éloigna de quelques pas, faisant mine de regarder les autres groupes, de donner quelques conseils, abruptement – et libérant le duo prisonnier par sa faute, aussi. Elle se sentait un peu perdue, ne sachant pas trop pourquoi elle rechignait tant à lui montrer cet aspect-là de sa personnalité. Si elle avait été raisonnable, elle se serait dit qu’il n’était jamais qu’un inconnu avec lequel elle avait partagé une longue discussion, un jour. Et pourtant… Et pourtant, elle en avait peut-être plus dit à cet inconnu-là qu’à tous les inconnus qu’elle avait croisé ces dernières années.

Lorsqu’elle revint à la hauteur de Sanada, elle constata qu’elle savait encore moins qu’elle attitude adopter à présent. Alors, simplement, elle lança d’une voix éraillée : « A toi, venge-toi. » Et elle sourit, sans grande conviction.

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Masamune Sanada
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Technique à apprendre:

Les bruits des genins qui s'entraînaient s'estompèrent au moment où le visage si pur de la Jûnin se transforma. Sanada se sentait vide et lourd. Chaque muscle de son corps semblaient figés, mais cela ne faisait pas mal, au contraire, au travers du masque sacré, sous le joug de celle qui l'avait éclairé dans la sombre bibliothèque, il se sentait à sa place, instrument du divin qui semblait jaillir de cette femme.
Sanada n'aurait pas bougé, même s'il avait pu le faire. Devant lui, les traits de Junko n'étaient plus les mêmes.

Toute sa puissance émanait comme un torrent effroyable parcourant l'échine de Sanada, impuissant. Il se sentit partir, son esprit allégé par le poids de l'herbe, s'éloignait de son corps, aussi rigide qu'un bout de bois. Elle était là en fonds, toujours devant lui, de plus en plus déformée par la peur et les sentiments...



- Maman, maman, c'est quoi cette statue, elle est horrible.

- On ne touche pas ! Je vous l'ai dit, au sein du temple, on en touche à rien.

- C'est qui ?

- Amanozako, celle qui oppose tout au paradis.

- Opposer le royaume des cieux, qui serait assez fou pour cela ?

- Assied-toi mon enfant. Tu vois cette inscription gravé sur le mur, “ Tout pouvoir qui n'est pas personnel n'existe pas”. C'est la phrase que prononça Susanoo le père de l'orage et des tempêtes à Shinsei, lorsque le divin reprocha la sévérité des tsunamis infligés à la terre des hommes par le kami. Susanoo se fâcha, convaincu que les hommes devaient être les témoins réguliers de la supériorité des cieux. Les insulaires, pourtant, perdirent la foi en même temps que leurs semblables en mer, et bientôt, les temples devinrent vides, sans personne pour prier des dieux qui les avaient enfermés sur leurs îles. Les £egoks furent courroucés par l'attitude ingrate et égoïste du kami et prirent d'assaut la forteresse des nuages. Après un combat acharné, le kami fut enlevé, et condamné à être noyé perpétuellement. Devant couper la corde de £egok-Jashin qui le maintenait au fond du lac noir avec ses ongles. Pendant quatre-vingt-dix-neuf vies humaines, le kami dut mourir inlassablement, sous la pression qui écrasait des poumons n'ayant jamais connu une bouffée d'air.
Lui.
Le souffle des nuages.
Les dieux ont toujours une façon ironique de punir ceux qui se dressent contre leurs volontés.

- Mais elle est où elle ?

- Si tu te tais, tu le sauras. Après une éternité de souffrance, Susanoo fut relâché. Son enfermement n'avait pas du tout réglé le problème de nos ancêtres, qui après avoir connu des siècles d'orages, ne pouvait compter sur aucun kami pour souffler une brise. Ce fut donc une époque sans vent. Sans bateau. Et les hommes restaient prisonniers de la prison d'eau qui les entouraient. Susanoo reprit sa place au sein des nuages, mais il ne souffla pas. Et pendant quatre-vingt-dix-neuf nuits encore, les hommes durent attendre pour ressentir la caresse du kami sur leur peau. Enfin, lorsque les premiers coups de tonnerre éclaircirent la nuit, Susanoo recracha toute la rancœur qui avait gonflé dans ses poumons emplis d'eau. Amanozako naquit. Faites de ressentiment, et de haine, elle mène depuis lors une guerre sans merci au royaume des cieux.

- Mais maman, pourquoi alors on doit prier pour elle, si elle est une ennemie des dieux ?

- Tu es drôle Sanada, et ta question n'est pas si bête. Les relations entre la terre et les cieux ont toujours été…..complexes. Et si nous honorons Amanozako, c'est parce qu'elle rappelle aux cieux que des victimes aussi futiles que les hommes peuvent entraîner des conséquences cosmiques. Tout est lié Sanada, et les legoks sont à vénérer au même titre que les dieux. Comme Amanozako, fille de Susanoo est à honorer, pour être l'incarnation de la vengeance des hommes et des kami sur les Dieux.



Le soleil l'aveuglait, il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis la riposte brutale de Junko, mais le soleil lui tapait sur le crâne, et il ne pouvait toujours pas bouger. La peur s'estompait petit à petit, mais Sanada ne parvenait pas à se libérer dans la prison intérieure infligée par son professeur du jour.
Il ne la voyait plus du tout comme cette douce philosophe qui était entrée dans la librairie faisant trembler les édifices de la pensée à coups de murmure.
Elle semblait la réincarnation d'Amanozako, fille de la rancœur des hommes portant la dague du conflit au cœur de ce monde.
Tentant de se détourner vainement du soleil, il aurait voulu pleurer de joie, jamais la frontière entre les nuages et son être n'avait été aussi mince, jamais il n'avait côtoyé un être si proche des dieux.

Lorsqu'elle revint vers lui, elle le libéra rapidement.

- À toi, venge-toi.

Sanada n'avait jamais ressenti de pitié pour cette femme lors de leur première rencontre, au contraire, il avait perçu la force extraordinaire qui l'animait, et pourtant, celle qui était maintenant devant lui n'avait rien à voir avec cette femme forte. Rokuro était une combattante certes, mais l'attitude de Junko était tout autre, elle semblait être dans son élément, et en demander plus, comme si, le frisson de l'entraînement n'était qu'une piètre offrande pour celle qui semblait se complaire dans les abysses de la souffrance et du conflit.
Son imploration à la vengeance était sincère, elle voulait qu'il se venge, qu'il soit traversé par cette flamme de la révolte, puis de la domination, jusqu'au souffle prédateur qu'il avait ressenti dans tous ses membres lorsqu'elle l'avait immobilisé.

Le soldat des Cinq était honoré, il savait qu'à travers elle, les dieux l'invitaient à glorifier Amanozako, la vengeresse. Concentrant toute sa hargne contre les cieux et les hommes, il embrassa le talion et composa les mudras. Il avait confiance, il savait bien sûr que lui ne pouvait rien face à elle. Mais ce n'est pas lui qui chassait, c'est le mortel qui défiait Amanozako avec l'énergie millénaires de la vendetta des faibles sur les puissants, des proies sur les prédateurs.
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Myōshin Junko
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Le jeune ne se fit pas prier. Sans un mot, il lançait la technique, projetant sur elle toute la rage qui l’animait alors. Elle l’observa, le laissa faire, se faisant juge de sa méthode. Étrangement, elle se sentait déçue – ou, plutôt que de la déception, était-ce de l’incompréhension ? Ce n’était pas tellement qu’elle ne comprenait pas son attitude ; il était dans un rôle et elle devait l’accepter – même si, peu à peu, elle se demandait : « Et si cet autre, celui qui porte le masque, était le vrai ? ». Ce qui la troublait, c’était que ce personnage devant elle répondait à sa provocation. Il lançait encore Kanashibari, alors même qu’il avait vu ce dont elle était capable. Alors même qu’il avait vu son véritable visage. Secrètement, elle avait souhaité qu’il refusât… Bien sûr, cela signifiait aller contre le système, contre cet entrainement, contre son statut (à elle) de professeur. Elle se rendait bien compte que tout le monde n’était pas capable d’un tel effort, mais elle avait cru en lui pourtant. Elle avait cru qu’il serait au-delà de tout ça et qu’il ferait preuve de suffisamment de pudeur pour la laisser en paix. Pour ne pas la pousser au vice, encore. Mais il jouait le jeu, il la forçait à être cruelle et sans remords.

Elle le regardait et ne savait plus quoi penser. Était-ce une forme d’admiration, avait-il envie de revivre sa fureur ? Était-ce un acte malveillant, voulait-il la faire souffrir de la sorte ? Ou bien, était-ce autre chose, quelque chose qui la dépassait et que seul lui pouvait comprendre…
Elle s’en était voulu de lui infliger sa colère et à présent elle lui en voulait de la provoquer de nouveau. Ils n’étaient pas simplement un professeur et son élève ; ce n’était pas juste de lui faire ça.

Elle inspira profondément, comme dans ses moments où elle prenait de grandes décisions. Elle renonçait. Elle acceptait la violence de la technique, la paralysie, sans lutter, en l’embrassant même comme elle accueillerait une amie. Elle ne voulait pas se battre, elle ne voulait pas redevenir Junko l’Impitoyable. Avec lui, elle aurait aimé rester à tout jamais la Junko de la librairie. Celle qui, en dépit de sa forte volonté, pouvait s’autoriser des moments de faiblesse, car elle se saurait à l’abri, sans qu’on ne la juge. Et pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit honteuse. Elle avait honte d’être ce qu’elle était.
Elle restait silencieuse un moment, immobile. Elle savait qu’elle pouvait se libérer du Kanashibari en un rien de temps, elle l’avait déjà fait maintes fois. Mais ce qui la paralysait, en réalité, était un sentiment bien plus puissant et plus oppressant. La honte et l’humiliation la contraignaient, l’enchaînaient et elle ne pouvait pas se résoudre à se défaire de cette technique par la force. Elle sourit avec douceur.

« Pourquoi ? » se demanderait-on, en la voyant lutter pour ne pas être ce qu’en d’autres circonstances elle revendiquait farouchement. Pourquoi s’acharner sur le monde entier et refuser cet entrainement en particulier ? Elle ne voulait pas reproduire les erreurs du passé. Si, ne serait-ce qu’un jour dans sa vie, elle avait cessé d’être ce personnage féroce et implacable, si elle s’était contentée d’être une mère pieuse et aimante… Sanada n’était pas son fils, elle le savait. Il ne le serait jamais, ainsi étaient faites les lois de la Nature – seule chose contre laquelle la volonté ne pouvait rien, certainement. Pourtant, elle ne parvenait pas à détacher cette image de son esprit : l’image d’une étreinte, d’un amour qui lui avait été arraché, interdit. Elle ne voulait pas le perdre de nouveau.

Finalement, le bruit des étudiants tout autour d’eux la rappela à la réalité. Elle s’était promis de ne pas faire de favoritisme et voilà que sa vie personnelle prenait le dessus. Elle brisa les chaines qui la retenaient, sans avoir à user de la technique en retour – par sa seule volonté, comme elle ne souhaitait plus jouer le rôle du prédateur. « C’était une belle exécution. » dit-elle à l’attention du Masamune, comme pour lui confirmer qu’il avait bien atteint son but, en dépit de la simplicité avec laquelle elle s’affranchissait des liens invisibles. « Tu as bien cerné l’état d’esprit avec lequel il faut l’utiliser. » Elle tentait de ne rien laisser paraître, mais ce n’était pas si évident.
Se tournant vers le reste des Genins, elle appela à un regroupement. Cela faisait un petit moment que chacun s’entraînait dans son coin, avec son binôme, et elle souhaitait s’assurer que tout le monde avait réussi au moins une fois à exécuter correctement un Kanashibari. Comme elle assumait de nouveau son rôle d’instructeur, son visage s’était durci et ses lèvres pincées. Un sondage rapide lui confirma que ses élèves du jour s’étaient bien débrouillés. La technique n’était pas d’une grande complexité en soi, et l’approche qu’elle leur avait proposée était somme toute assez ludique. Il n’était pas étonnant qu’ils y soient rapidement arrivés. Ceci étant confirmé, Junko sembla soulagée, comme si elle avait eu peur de faillir à son devoir.

La tension redescendant, elle se sentit soudainement lasse. Sa tête lui faisait mal ; elle fronça les sourcils. « Puisque vous avez tous réussi au moins une fois, ceux qui le veulent peuvent partir. Je reste ici pour ceux qui voudraient encore s’entraîner ou qui auraient besoin de conseils… » Elle s’attendait à ce que la plupart s’en aille, ce qui l’arrangeait assez. Elle avait besoin de calme ; il fallait qu’elle réfléchisse à ce qui s’était passé avec Sanada. En songeant au jeune homme, elle lui lança un regard furtif. Elle était partagée entre se confesser ou l’éviter.

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Masamune Sanada
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Sanada mit quelques secondes à se rendre compte que Junko était bel et bien paralysée bien qu'aucun signe extérieure ne puisse le prouver.
Elle semblait simplement immobile, se tenant droite, la tête haute, transperçant de son regard les yeux ambres du genin, lui donnant l'étrange impression qu'elle avait plongé dans son âme.

Le temps s'arrêta comme lorsqu'ils s'étaient étreints sous le porche de la librairie, mais cette fois-ci, c'est une lame froide qui semblait couler dans le dos de Sanada, un sentiment étrange qui lui serrait les entrailles, qui murmurait subrepticement l'étrangeté de cette situation, de cette mise en scène qu'il créait en permanence dans son esprit.
Il avait parfois peur des conséquences de ces révélations soudaines.
Sous le joug de la volonté divine, il pouvait se transformer complètement, mais cela ne durait jamais très longtemps. À présent, Amanozako était loin, il ne restait plus qu'elle, si proche et pourtant si seule.
Comme lui.

Puis, comme si ce moment avait été suspendu par sa seule volonté, l'élégante Jûnin brisa le jutsu comme on balaie une poussière du revers de la main. Elle se dirigea lentement vers Sanada pour le féliciter avant de corriger les autres étudiants sans que rien ne semble la gêner outre mesure.
Le genin alla s'asseoir sur un rocher tout proche pour allumer son calumet. Il avait oublié le cours, l'académie, les autres, pendant un instant, il avait même pu voir la déesse vengeresse, il faisait de plus en plus ce genre d'hallucinations, comme si la frontière entre les cieux et la terre s'amenuisait à mesure qu'il gagnait en force et maîtrise du chakra, mais loin de le rassurer dans sa quête, ces moments d'absence commençaient à l'effrayer.

Le couple de ninja qui s'était entraîné à côté de Sanada vint soudain le rejoindre avec un air moqueur accroché sur le visage. Il s'agissait d'un Fûma tête-à-claque accompagné de sa petite amie blonde, une shinobi très en vogue à l'académie.

- On a tous vu que tu as crié sur la prof en lançant la technique, un truc de genre “Amazenko”. On a vu aussi qu'elle t'avait félicité alors que tu n'as pas réussi la technique.

- Je l'ai réussi. Répondit calmement Sanada entre deux bouffées de fumées âpre.

- Non, tu mens, elle a pu bouger sans briser le jutsu. Je l'ai vu. Dit la jeune fille en relevant la capuche du genin. Il faudra que tu me donnes des conseils pour les cheveux…

- Une vraie gonzesse jusqu'au bout...

Les deux rirent de concert et s'approchèrent un peu plus du visage du jeune homme pour murmurer:

- Je parie qu'elle t'aime bien parce qu'elle est aussi tarée que toi, ça se voit à sa tête dépitée et son air d'être toujours “ailleurs”.

- Ouais, elle est folle, c'est sûr. Nous dire que le cours théorique ne sert à rien. C'est sûr quand on félicite une personne qui ne réussit pas, c'est facile sans théorie...

Sanada se leva, il commençait à sentir les griffes de Jashin lui titiller le plexus et remonter vers la gorge pour y nouer un noeud.

- J'ai réussi la technique, et Junko-sama n'est pas folle.

- Elle est folle comme toi. Dis, c'est vrai ce qu'il se dit à l'académie, que ta mère est une folle aussi. Bordel la famille quoi….Qui se ressemble s'assem…


La jeune fille ne put terminer sa phrase, Sanada avait lancé un Kanashibari chargé de toute la volonté de prédateur dont il était capable.
Les deux jeunes ninjas, choqués par tant d'agressivité tournèrent les yeux, seule partie de leur corps qu'ils semblaient pouvoir encore bouger, vers le professeur dans une atteinte désespéré pour qu'elle les remarque. Mais Sanada ne leur laissa pas le temps de la chercher du regard, fou de rage devant ces hérétiques qui insultaient la voie des dieux, il composa des mudras avant de porter sa main gauche à côté de ses lèvres. Un geyser d'eau jaillit de sa bouche et éjecta le couple à quelques mètres plus loin.
Toujours pas rassasié, le masque gravé s'illumina sous l'invocation de la foudre qu'il allait faire jaillir dans le sol mouillé, l'élément celeste n'avait pas son pareil pour déceler les infidèles et les frapper. Mais au moment où il allait poser les mains au sol, il fut taclé violemment et projeté contre un arbre.
Se relevant avec la rage de l'élu contre les blasphémateurs, il se rendit compte qu'il avait été projeté par le Fûma qui l'avait réveillé à la fin du cours théorique et la vision de ce visage familier et plutôt amical sembla le calmer presque instantanément.

- Tu es malade mec ? Tu veux les tuer ?


Sanada ne répondit pas, il enleva son masque et observa le fruit de sa colère. Les deux ninjas avaient été libérés du Kanashibari par le Mizzu Rappa.
À présent, le jeune homme semblait se tordre de douleur en tenant son genou des deux mains, la fille, elle, pleurait en regardant alternativement son copain, Sanada et Junko.

Junko.

Droite et fière, elle arrivait à vive allure, Sanada s'en voulait, mais surtout, il ne voulait pas qu'elle sache pourquoi il s'était battu. Il se cacha derrière un nuage de fumée pour ne pas croiser le regard de sa professeure du jour et pria intérieurement.

“Faire le bien sans chercher de récompense ; fuir le mal sans craindre le châtiment : homme rare sous le ciel des £egoks”
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Myōshin Junko
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Elle le sentit, d’abord comme un coup de vent. Mais il était plus prononcé, plus chargé, plus violent ; prémisses d’une tempête. Puis, alors qu’elle se tournait vers l’instigateur du Kanashibari, elle vit sa colère impétueuse. Elle voulut réagir, mais il était trop tard : les eaux s’étaient déchaînées sur les pauvres Genins. Pareils à des chaloupes sur une mer agitée, ils valsèrent, se reversèrent et finirent par s’échouer un peu plus loin. Le gamin aurait pu en rester là, il leur avait infligé une sacrée correction. Mais que serait une tempête sans l’orage, sans le tonnerre vrombissant, sans la colère des Dieux.
Néanmoins, le Masamune fut rapidement maitrisé par un de ses camarades. Et Junko, qui avait assisté à la scène d’un œil sévère, s’était empressée de rejoindre le groupe. Elle affichait un air grave, et le regard qu’elle posa sur le jeune homme n’avait rien d’amical – il en émanait une certaine froideur, une certaine distance. Ce qu’elle avait craint était arrivé ; ce n’était pas elle qu’elle blâmait, cela dit, mais lui. Malheureusement, elle ne pouvait se laisser le temps d’être attristée, ou déçue. Elle représentait l’autorité et le cas était sérieux. D’un rapide coup d’œil, elle embrassa la scène ; elle savait ce que tous attendaient d’elle – en particulier, la gamine pleurnicharde, mais si on y réfléchissait bien, le système tout entier également. Elle le savait et bien qu’elle n’en ait pas réellement l’envie, elle allait le faire. A vrai dire, la dame ne pouvait pas lutter, pas cette fois-ci. Elle avait vu ce qui s’était passé, elle l’avait vu et ne pouvait le nier. A contrecœur donc, elle prononça sa sentence. « Sanada. Je ne crois pas avoir autorisé l’utilisation de techniques autres que le Kanashibari. Qui plus est, on ne s’en prend pas à ses camarades de la sorte. Ce sont tes compatriotes, tes alliés. Ton comportement est inadmissible. Tu seras sanctionné. Attends-moi là. » Puis, sans plus le regarder, elle lui tourna le dos et se dirigea vers les jeunes au sol.

Elle n’était pas stupide, à l’évidence il s’était passé quelque chose qu’elle n’avait pas vu, ou pas entendu, et les victimes n’étaient pas nécessairement celles qui se tordaient de douleur au sol. Les enfants étaient impitoyables entre eux, ils étaient capables de bien plus de méchanceté que les adultes – il faudrait attendre qu’ils intègrent complètement les conventions sociales, pour que cette méchanceté soit inhibée. Elle apostropha le Fûma qui avait stoppé le combat : « Amène-les à l’infirmerie. Ce n’est pas grand-chose, ils remettront tout ça en place. Je vous y rejoindrai. » La jeune fille fut vite relevée, en outre son camarade semblait souffrir un peu plus. Il était certainement mal retombé, mais de ce que Junko voyait, il n’avait rien de grave. Elle les regarda s’éloigner, puis dispersa les quelques curieux qui restaient sur le terrain d’entrainement et qui s’étaient regroupés, intrigués. Elle annonçait ainsi la fin de la séance. Peu à peu, les élèves s’en allèrent ; tous, à l’exception d’un.

« Nous devons parler. » lui dit-elle simplement, en arrivant à la hauteur de Sanada. Elle avait attendu qu’ils se retrouvent seuls, car ce qu’elle avait à dire ne regardait pas le reste de la classe. Pour autant, elle n’avait pas menti : « Sache que je mentionnerai ce qui s’est passé à ton chef d’équipe. » De son point de vue, ce n’était pas tellement son rôle à elle de le punir ; elle n’était que le professeur du jour, un intérimaire sans réelle emprise sur la vie de ces jeunes, et certainement que son chef le connaissait mieux. Il saurait trouver la sanction la plus adaptée, si sanction il y avait. Alors, elle s’appuya contre un rocher, l’observant quelques instants, bras croisés. Son regard s’était adouci.
Ce n’était pas à elle de sévir, mais cela ne signifiait pas qu’elle garderait sa langue dans sa poche. Seulement, les mots qu’elle prononcerait ne viendraient pas de la professeure, mais de l’amie – si tant est qu’ils puissent appeler leur relation ainsi. Alors, elle reprit la parole, d’une voix plus calme, moins sévère. « Ils sont faibles. Ils s’en prennent à toi, aux autres, à n’importe qui, parce qu’ils ont conscience de leur faiblesse. C’est leur façon de compenser. Mais toi… Ta volonté est plus forte, tu ne devrais pas réagir ainsi. C’est s’abaisser à leur niveau et ça, c’est impardonnable. »

Elle savait qu’il était toujours plus facile d’asséner un discours moralisateur que de s’y conformer. Mais dans son référentiel, il ne s’agissait pas seulement de condamner bêtement ses actes pour leur violence. Il y avait autre chose. Et tandis que son regard se perdait dans le vague, elle ajouta, dans un souffle : « Personne ne devrait réagir ainsi et user de la force de cette façon. » Elle reporta son regard sur lui. « Je ne suis pas un exemple, tu sais. Toute cette histoire de prédateur, de tuer ou être tué, de colère… Ceux qui suivent cette voie, ils finissent mal. »

Elle finirait mal ; si ce n’en était pas déjà fini d’elle.

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Masamune Sanada
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Sanada fumait lentement sa pipe, la fureur semblant s'éloigner avec les volutes de fumées. Enfin seuls, la jounin parla doucement au jeune homme, sans s'énerver.
Cela le blessa encore plus, elle semblait déçue. Et c'est tout le contraire qu'il désirait depuis qu'il l'avait vu apparaître sur le terrain d'entraînement.

Il aurait dû ressentir du remords face à ses actions et la responsabilité qui allait découler de celles-ci. Mais rien.
Seule la flamme de la révolte grondait encore dans son esprit lorsqu'il repensait à ce couple.
L'invitant à marcher en direction du bord de mer, il décida enfin de partager le fond de sa pensée. Il avait toute confiance en elle, elle ne le jugerait pas.

- Vous savez, ma réaction n'a rien à voir avec la volonté d'être un prédateur, enfin, je crois pas.
Quant aux moqueries, j'ai grandi sur une île de perliculteurs bourrues, avec mon physique de “gonzesse” comme ils aimaient dire, croyez bien que j'ai appris à m'en détacher complètement. Au contraire, j'ai fait cela par conviction. D'abord, c'est vrai, ils ont insulté un être cher, mais ce n'est pas ce qui a déclenché mon comportement. Ils auraient pu dire bien autre-chose, j'aurais agi de la même manière. Mais ça, je le comprends depuis peu. La dernière mission que j'ai effectué seul m'a beaucoup fait avancer dans ma réflexion. Il était question d'une bande pas très dangereuse qu'il fallait arrêter et conduire à la prison du village. Enfin bon, ces gens-là m'ont beaucoup fait réfléchir sur le sens du devoir, et surtout l'arbitraire de la morale, qui, quand il est du côté de l'oppresseur qui devient oppressé, peut porter mille visages, dont celui de la non-violence.
Bien sûr j'y ai beaucoup réfléchi depuis, et je continue de le faire. Je suis d'ailleurs heureux de vous revoir, il n'y a qu'avec vous que je me sens libre de dévoiler tout ça.
Dit-il au milieu de deux phrases tant cela le gênait, et pourtant, il l'avait au bout des lèvres depuis un long moment.
Rallumant son calumet, il reprit sa confession.

- J'aime ce village. Pourquoi ? Parce que par-dessus les titres et les clans, il reste une réalité qui ne peut être normée par les puissants. La violence et la force. J'aime ce village parce qu'il donne une chance aux gens comme moi d'exister réellement, en dehors des clans, de l'académie, de l'institution. Il me rend plus fort, pour lui certes, mais mon pouvoir grandit tout de même. Plus je deviens fort, plus je crains les autres. Et ils feraient bien de faire de même. Mais surtout, surtout, je peux montrer aux oppresseurs le rôle qu'ils ne connaissent pas. Il faut être victime pour comprendre. Et quoi de mieux que l'expérience ? Eux, se sentent protéger par le village, ils font ce qu'ils font parce qu'ils savent qu'il y aura un professeur pour les défendre et échapper aux conséquences pourtant naturelles de leurs actes. Qui irait embêter un loup ? Et qui blâmerait le canidé de mordre celui qui le dérange ? Si l'on respecte l'espace d'un loup, mieux vaut faire de même avec nous autres, non ? L'institution les rend aussi provocateurs que lâches. Quant à moi, j'ai appris à me méfier, des groupes comme des organisations, être le vilain petit canard n'a pas que ses désavantages.. Je voulais juste qu'ils sachent que malgré le mur de normes qui les protègent en temps normal, leurs actions entraînent des conséquences dans mon cosmos.


Il reprit une latte en se rapprochant doucement de Junko et parla à voix basse, comme s'il avait peur d'être entendu.

- "Je crois aux lois des dieux, eux craignent celles des hommes" comme disait un vieux sage. Nous ne sommes pas du même monde, et pourtant, jamais je ne me permettrai de blasphémer leurs lois, je ne demande rien d'autre que la pareille. Mais les dieux sont plus attentifs que les gardes, voilà sans doute le drame ! Dit-il en souriant pour tenter d'alléger l'atmosphère.

Parler ainsi du fond de sa pensée était un exercice prenant, Junko avait décidément un don pour stimuler son esprit par sa seule présence, mais elle avait aussi le pouvoir de lui faire oublier le monde extérieur.

Quand le jeune homme regarda autour de lui, cela faisait longtemps qu'ils avaient dépassé la petite plage près de l'académie. Sanada aimait le petit chemin escarpé qui suivait et décida d'y entraîner la Jounin. En contrebas du quartier Miyamoto, il abritait une crique presque entièrement couverte. Seul un grand trou au centre permettait à la lumière de rentrer, reflétant les mille nuances de bleu que l'eau projetait sur la pierre luisante.
Une seule petite plage de sable fin gisait au fond de la grotte inondée, et c'est précisément là qu'il avait envie de l'emmener.

Sanada ignorait pourquoi il avait choisi ce chemin, il se sentait guidé, par le ciel, mais surtout la volonté d'écouter sa réponse.
Il savait que l'édifice qu'il avait construit par la pensée pouvait être balayé par un de ses mots, et il aimait ça.

Une petite barque était accrochée à un vulgaire rocher devant la grotte aquatique. Elle permettait de faire la navette pour qui voulait bien ramer à contre-courant.
Sanada prit place à l'arrière en invitant Junko à le rejoindre. Une fois bien installé, il tourna le dos à la crique et composa des mudras.

- Je ne connais aucun jutsu de Fûton, mais le Mizzu rappa peut nous aider à traverser plus facilement qu'à la rame… Dit-il sans se retourner d'un air peu assuré.

Il avait un doute quant à l'utilisation de cette technique juste après l'altercation, mais, malgré la peur de faire rougir de colère le teint clair de la religieuse, sa flemmardise demeurait plus grande.

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Myōshin Junko
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Recherchez la liberté et vous deviendrez esclave de vos désirs.
Recherchez la discipline et vous trouverez la liberté.

« Je pense que je comprends ton sentiment, Sanada. Et pourtant, je ne peux pas cautionner. » Elle l’avait laissé aller jusqu’au bout de son raisonnement, sans l’interrompre, sans préjuger de sa réponse, car elle connaissait le personnage et elle savait que ce qu’il dirait n’était pas complètement dénué de sens – voire même, que cela ferait écho en elle. De fait, elle se retrouvait un peu, dans son discours. Il était visiblement un idéaliste, même s’il ne se voyait peut-être pas ainsi. Il croyait pouvoir changer le monde, à sa façon. Il croyait faire entendre raison aux persécuteurs, en se mettant à leur place, en jouant leur rôle. Elle sourit doucement ; elle y avait cru aussi et elle y croyait encore. Elle avait vu ce que des hommes infligeaient à d’autres hommes, et elle s’était convaincu qu’il fallait qu’elle soit comme eux, qu’elle prenne leur place – qu’elle fasse la guerre.

Ils avaient quitté l’Académie, longé le bord de mer, descendu le quartier Miyamoto. Junko l’avait suivi volontiers, absorbée par ses paroles. Elle pensait bien comprendre ses revendications, et pourtant… Elle ne pouvait pas lui souhaiter ça. Elle regardait la crique en contrebas et paraissait ailleurs. Finalement, elle brisa le silence. « C’est une question de valeurs. Une question de dignité et d’humanité. Tu veux échanger les rôles, pour leur donner une leçon, mais quelle leçon en tires-tu, toi ? Tu es prêt à sacrifier tes valeurs, à abandonner ta dignité, à devenir ce que tu hais le plus. Que crois-tu apprendre de cet exercice ? Que n’importe qui peut devenir la pire ordure, que tu ferais un excellent oppresseur ? » Elle se tourna vers lui et lui lança un regard douloureux. « Tu crois pouvoir rester toi-même, tu crois que c’est l’affaire d’une fois… Mais ça finira par devenir ta réalité, ton quotidien. Tu seras devenu comme eux… Ou même pire qu’eux, car toi tu savais ce que signifiait être la victime. Tu le savais, et pourtant tu as voulu les placer dans cette position. » Elle inspira et expira profondément, le suivant jusqu’à la crique. Là, elle admira un instant les reflets de l’eau sur la pierre humide. « Tu finiras par perdre plus que tes valeurs. Tu te perdras toi. Et puis le reste. »
Elle était allée à l’encontre des règles du Myōshin-ji, elle était allée à l’encontre des lois imposées par sa religion, elle avait emprunté ce chemin sale et boueux. Elle était devenue impitoyable, destructrice, amorale ; Sanada ne voyait que sa volonté, elle voyait tout le reste. Elle comprenait son besoin de justice, son besoin d’équité. Mais il fallait avoir conscience de ce que cela impliquait ; une fois le doigt mis dans l’engrenage, serait-il capable d’en sortir ? Il fallait bien plus qu’une volonté de fer, pour cela.

Elle rejoignit le jeune dans l’embarcation de fortune. La dame ne savait pas où il souhaitait l’emmener, mais elle lui faisait confiance. Elle ajouta, avant qu’ils ne se décident à partir : « Je crois qu’il existe d’autres façons de leur faire entendre raison que d’échanger les rôles, que de régner par la terreur. Vois-tu, la discipline est au cœur de l’enseignement dispensé au Myōshin-ji. Beaucoup croient que c’est une façon de se contraindre, de se soumettre à certaines règles, que d’autres ont établies. En réalité, la discipline est la maîtrise de soi, le respect de ses valeurs et, finalement, une forme de liberté. Par la discipline, tu es réellement qui tu veux être, moralement, et dans chaque action de ta vie. » Elle plongea son regard dans celui de Sanada. « Il ne s’agit pas de montrer l’exemple – le bon exemple. Il s’agit d’être soi-même, peu importe les circonstances. Je ne crois pas que tu sois réellement cette personne qui attaque ses camarades. Tu crois que je les ai protégés, tu crois que s’ils n’ont pas compris la leçon, c’est uniquement parce que l’institution est intervenue. Je crois surtout que, si les choses s’étaient passées comme tu l’aurais voulu, si tu avais pu les punir comme tu le souhaitais, tout ce qu’ils auraient appris c’est que tu es pire qu’eux. Tu ne les aurais pas tirés vers le haut, tu te serais tiré toi vers le bas. Ils auraient arrêté de t’embêter, certainement, mais ils n’auraient pas changé pour autant, ils se seraient trouvé une nouvelle victime. »

« Si tu étais resté toi-même, ils auraient eu une chance de comprendre l’inutilité de leurs actions, le caractère misérable de leur existence. Ils font pitié, Sanada. Alors aie pitié. Sans mépris, simplement en conservant tes valeurs, en leur montrant qu’il existe quelque chose, au-dessus d’eux. C’est une voie difficile, bien plus difficile que de s’abaisser à leur niveau. Mais ils finiront par comprendre et tu leur serviras de modèle. » Tout comme une mère subissait l’ingratitude de ses enfants, silencieusement, dignement, jusqu’à ce qu’un jour ils prennent conscience que, toute leur vie, elle avait été fidèle aux qualités morales qu’elle leur souhaitait et qu’elle devienne un modèle de force et de volonté. Oui, c’était ce principe-là, précisément. L’éducation.

Son discours allait à l’encontre de tout ce que Junko faisait, dans sa misérable existence. A l’encontre de ce qu’elle apprenait à d’autres, même. Elle avait maltraité Shun, elle lui avait montré les pires actes dont elle était capable – dont la race humaine était capable. Elle lui avait dit de devenir un monstre, comme elle, comme ceux contre qui il voulait se battre.
Pourtant, elle croyait en ce qu’elle venait de dire. Elle y croyait pour lui, Masamune Sanada.

Ils partaient finalement, et le jeune paraissait presque s’excuser d’utiliser la technique qu’il avait employée contre les autres enfants. Elle sourit avec tendresse ; franchement, comment pouvait-il prétendre devenir un oppresseur ? Il paraissait si innocent. Elle lui posa la main sur son épaule, pour attirer son attention. « Montre-moi. » dit-elle avec un air bienveillant. « Montre-moi les mudras, je vais t’aider. »
Quelques instants plus tard, elle malaxait son chakra et, répétant soigneusement les mudras que le jeune lui avait dévoilés, elle tentait son premier Mizzu Rappa. Junko avait pour affinité primaire le Suiton, et pourtant elle n’avait jamais été attirée par les techniques de cette nature. C’était donc une grande première pour elle – mais elle faisait surtout ça pour lui signifier qu’il n’avait rien à craindre. Elle ne lui en voulait pas, vraiment.

Le premier jet fut un échec, en un sens – mais elle n’en garderait pas un mauvais souvenir. Ne sachant trop quelle dose de chakra utiliser, elle en utilisa bien trop peu. Le jet ne parvint donc pas à passer l’extrémité de la barque, les inondant par la même occasion. Et alors qu’elle aurait dû se trouver honteuse, il lui prit un fou rire. Depuis le début de la journée, elle voulait montrer l’exemple, se montrer parfaite aux yeux de Sanada. Et voilà qu’elle échouait à lancer une technique qu’il maîtrisait. Cela avait été plus fort qu’elle – peut-être était-ce un peu nerveux, également – et elle riait.
Lorsqu’elle eut repris ses esprits, elle aida à vider la barque, tout en s’excusant poliment. Il n’y avait pas grand-chose à faire, malheureusement, ils étaient trempés. Alors, perdu pour perdu, elle songea qu’elle pouvait bien retenter l’expérience. « Laisse-moi réessayer. Je vais faire plus attention, promis. » Et, exécutant de nouveau les mudras, elle parvint finalement à quelque chose d’à peu près raisonnable.
Ils pouvaient, finalement, avancer.

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Masamune Sanada
Masamune Sanada
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Technique à enseigner:

Sanada écouta Junko avec attention. Il eut envie de l'interrompre plusieurs fois, pourtant, il savait qu'elle avait raison.
Elle semblait lire en lui, comme si, elle aussi avait parcouru ce chemin sans en ressortir indemne. Peut-être voulait-elle simplement lui éviter les obstacles enterrés sur ce sentier.
Le “Myōshin-ji”, comme elle disait, semblait proche des enseignements que sa mère lui avaient prodigués. Ne jamais déshonorer les dieux en déshonorant les hommes, “ celui qui a pu boire à l'océan de la vie mérite de boire à ton petit ruisseau” lui disait-elle sans cesse. Rester fidèle à sa doctrine, être discipliné dans sa vie comme dans l'adoration des Dieux. "Si l'Univers se soumet à des règles, toi qui est grain de sable dans le désert, fais-en de même." Répétait-elle.

Le genin eut un sourire, au clair de lune, dans son kimono ouvragé, Junko semblait être redevenu ce colosse de la pensée dans un écrin de douceur. Mais Sanada la voyait autrement maintenant qu'il savait qu'elle était une des shinobis les plus puissantes du village.
Il ne pouvait s'empêcher de l'imaginer au combat. L'énergie, d'une violence inouïe, qui l'avait pétrifié lors de l'entraînement avait éveillé chez lui une admiration encore plus vive pour la dame.
Non seulement elle avait su vivre selon ses préceptes tout en étant au service d'une nation militaire, mais elle alliait l'intelligence d'une érudit à l'agilité, l'endurance d'un ninja. À mesure qu'il l'écoutait, il projetait dans son esprit des images de bataille épique entre des centaines de shinobis. La junin, au centre, massacrait les monstrueux assaillants sans peur ni haine. En harmonie complète avec l'ordre céleste.

La rêverie du jeune homme se prolongea jusqu'à l'embarcation, et alors qu'il allait lancer la technique pour propulser le bateau, Junko lui demanda si elle pouvait se joindre à la fête.
Sanada fut enchanté de lui enseigner les mudras qu'elle retint instantanément.
La technique était très simple et constituait la première étape dans la maîtrise du suiton.
Le soldat des Cinq se demanda pourquoi, elle qui était junin, ignorait cette technique de base. Cette remarque ouvrit la porte de l'imagination et il brûla de lui demander quelle était sa spécialité au combat. Il s'abstint cependant et tenta de se concentrer sur son rôle temporaire.

Sans grande surprise, la dame parvint à expulser de l'eau dès le premier essai. Malgré cela, ayant probablement mal dosé son chakra, le jet n'eut pas la force escompter et en une seconde, les pieds de Sanada trempaient dans l'eau froide.

Alors, le masque de porcelaine qui paraissait souvent froid et inexpressif se transforma. Sous la lumière blanche de la lune, les yeux devinrent rieurs, le sourire inonda doucement tous les traits du visage de la dame.
Le doux son marin fut brisé par un éclat de rire, bientôt rejoint par un deuxième, puis un autre.

Cela faisait des semaines que Sanada n'avait pas autant rit, il essayait de reprendre son souffle, les spasmes de bonheurs ayant créé un point de côté.
Mais chaque fois qu'il se calmait, il croisait le regard de la dame et repartait de plus belle pour une tournée.
L'esprit léger et le cœur rieur, ils écopèrent le bateau puis repartirent vers la crique. Plus ils avançaient, plus l'exécution de Junko s'affinait, et avec deux fois plus de force de poussée, ils ne tardèrent pas à approcher la caverne côtière.

- Les gens ne viennent ici qu'en journée, ils ont tort, vous allez voir pourquoi.
Dit le jeune homme avec un sourire alors qu'ils entraient, laissant l'obscurité les happer.

Sanada chercha une rame à tâtons, puis doucement, se redressa.

- J'ai découvert ces êtres par erreur en tapant la roche une fois. Les dieux ont parfois de drôle de manière de nous prouver leur grandeur.
À ces mots, il leva la rame et chatouilla légèrement la roche au-dessus d'eux.

La pierre se mit à émettre un point bleu, d'une phosphorescence douce mais puissante, puis disparut.
Un autre point apparut quelques mètres plus tard, puis un suivant, enfin, la caverne fut illuminée.
La couleur donnait un aspect surnaturel à cet endroit, Sanada avait toujours cette impression grisante de changer de monde, de rentrer dans un cosmos secret, qui ne se dévoilait pas sous l'astre solaire.

Un monde caché, mais qui n'avait rien à envier aux jungles et océans du monde extérieur.

En se rapprochant de la petite plage maintenant illuminé, il attrapa une petite lueur, et délicatement, la posa sur la barque. L'être bioluminescent ressemblait à une petite méduse, la lumière bleue se baladant le long de ses minuscules tentacules en un va-et-vient incessant. La créature gesticulait frénétiquement, sûrement gênée par le changement de biosphère, le genin le reprit donc en main avant de le reposer sur la pierre humide. L'être s'y colla sans mal, brillant de plus belle pour exprimer le bonheur de se retrouver en terrain connu.

La grotte avait maintenant l'aspect d'un océan enfermé dans un ciel étoilé sans cesse en mouvement. Une étoile s'éteignant par là, tandis qu'une autre naissait et formait une constellation, bientôt remplacée par une autre. Ce ballet était envoûtant, et, malgré la promiscuité de l'endroit, la chorégraphie des halos donnait toujours autant le vertige au jeune genin.

Le spectacle était à couper le souffle comme toujours, et c'est avec bonheur qu'il partageait ce monde avec elle.

- Vous avez déjà regardé une fourmilière longtemps Sama ? Ou des fonds marins ? Ou cette grotte ? Dans ces moments, j'ai l'impression d'être un étranger, un vrai. De pénétrer dans un monde qui ne nous appartient pas. Je n'ai pas beaucoup voyagé dans le Sekaï. Pour être honnête, je ne connais que les îles, et encore, pas toutes. Mais ici, j'ai vraiment l'impression de me sentir ailleurs. Loin des hommes et proche de Dieu.

Ils accostèrent sans peine et enlevant ses geta, le soldat des Cinq s'allongea de tout son long sur le sable frais.

- Dites Sama. Lui dit-il en fixant le ciel étoilé de ce monde. Comment on fait pour ne pas s'éloigner de la Voie tout en obéissant aux ordres militaires ? Ma dernière mission m'a forcé à mettre des gens qui avaient été floués en prison. Et mon sensei me dit que je peux rien y faire.Se retournant vers elle, il alluma son calumet avant de poursuivre. Comment suivre à la fois ma morale et la politique du village ? Pour être l'homme sage que vous dépeignez et que je veux devenir, je dois être fort. Plus fort que le plus mauvais homme du Sekaï, et nous savons tous les deux que j'en suis loin. Qu'est-ce qui vous a fait combattre vous ? Pourquoi avoir quitté la quiétude du monastère pour les tumultes des batailles si ce n'est pas pour éduquer les égarés ?
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Myōshin Junko
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Elle regardait ces petits êtres émettre leur douce lumière et, dans ses yeux, une même lueur semblait s’être allumée. Elle s’émerveillait silencieusement de ce que le jeune lui montrait et regretta soudainement de ne pas accorder plus de temps à l’observation de la Nature. Mais cette pensée fugace disparut rapidement, chassée par l’esprit pragmatique de la dame ; elle n’avait pas de temps à perdre pour ces choses-là, malheureusement, c’était une femme d’action et elle dédiait sa vie à une autre cause. Cette Nature-là appartenait aux rêveurs, aux idéalistes et aux sauvages.
Quelque part, elle comprenait son sentiment – celui d’être un étranger – mais elle ne croyait pas qu’il s’agisse d’un monde vraiment différent du leur. Simplement, chaque chose avait sa place, chacun jouait un rôle bien précis, et certainement que cela les éloignait, au point qu’ils puissent se sentir parfaitement étrangers lorsque, par hasard, leurs chemins se croisaient. Mais, à la fin, lorsque le Monde les rappelait à lui, ils n’étaient jamais qu’une partie infime d’un tout bien plus grand. Et ces corps étrangers, et leur propre corps, se mélangeaient dans ce tout. Ils étaient Dieu ; ils étaient à la fois eux-mêmes et quelque chose d’autre. Alors, lorsque Sanada évoqua leur proximité avec Lui, en ces lieux, elle se dit que peut-être touchait-il du doigt, à sa façon, l’Éveil. Et en s’asseyant à ses côtés, dans le sable, elle songea qu’après tout, ce n’était qu’en présence des autres êtres de ce monde que Dieu nous apparaissait entièrement.
Ils en avaient déjà discuté, par le passé, au cours d’une conversation relativement animée. Alors, elle murmura simplement : « Dieu est en nous, Sanada. »

Puis, écoutant attentivement ces inquiétudes, elle hocha plusieurs fois la tête, pour lui signifier qu’elle comprenait (et qu’elle partageait aussi) son sentiment. « C’est le propre de l’institution, malheureusement, que de tordre les ambitions des uns et des autres et de les contraindre. Quelque part, c’est le contrat que l’on a passé avec elle, avec ce village et ses habitants ; un contrat social. » C’était donnant-donnant : le Pays nous formait, nous protégeait, nous permettait de subvenir à nos besoins et, en échange, on acceptait de lui vendre son corps ou son âme. « Ton sensei n’a pas totalement tort, je suppose, et tu l’as parfaitement compris : tu ne peux pas faire grand-chose, pour l’instant, parce que notre société n’est pas parfaite et qu’elle se base sur la loi du plus fort, sans vraiment l’admettre. Elle est loin d’être juste. Cela dit, tu peux considérer que ta position au sein du Village n’est pas prioritaire, te rebeller et en payer le prix. » Elle le considéra un instant. « Ce serait du gâchis. Je crois qu’il faut se demander s’il s’agit vraiment du meilleur moment pour le faire. Qui sait, en patientant un peu plus, en devenant plus fort comme tu dis, peut-être que l’on pourrait frapper plus fort encore… C’est ce que je me dis, souvent. Et je vois cette attente comme une façon de me rapprocher d’autant plus de ce que ma morale prône, car l’impact qu’auront mes actions sera d’autant plus grand. » Combien de fois avait-elle failli lâcher prise, combien de fois s’était-elle sentie humiliée ? Pourtant, c’était bel et bien son idéal, sa vision de la vie, qui l’empêchait de tout foutre en l’air pour une petite injustice. Et c’était cela aussi, la discipline ; il fallait savoir sacrifier certaines choses, accepter de petites défaites, pour obtenir de plus grandes victoires. Pour autant, elle ne croyait pas perdre de vue ses valeurs, dans le processus. Elle poursuivit, en espérant lui redonner un peu d’espoir : « Cela dit, il y a toujours des actions qui peuvent être menées par ailleurs, sans contredire notre profession. En mission, tu représentes le Pays, tu n’as pas toujours l’occasion d’être toi-même parce que des forces plus grandes sont en jeu. Mais dans la vie de tous les jours, à l’Académie, avec tes proches… Tu es toi-même, Sanada. Nous ne sommes pas des machines, nous ne sommes pas des shinobis. Nous sommes des êtres humains ; ce n’est pas parce que le Senkage et ses Conseillers ont l’air de l’oublier que nous devons, nous aussi, le négliger. Et, crois-moi, dans la vie tu auras bien plus d’occasions de suivre la Voie que tu n’auras jamais d’occasions de t’en détourner au cours des missions. »

Distraitement, elle plongea ses doigts dans le sable frais et humide. Il lui avait posé des questions difficiles et elle n’était pas certaine que son discours traduise totalement sa pensée. Qui plus est, elle redoutait de répondre à ses interrogations sur ses motivations à elle. N’allait-il pas finir par être déçu, au fur et à mesure qu’il découvrait ce qui se cachait derrière son masque ? Elle soupira doucement. Formant une petite boule de sable dans ses mains, elle fronça légèrement les sourcils comme elle se remémorait une période délicate de sa jeunesse. « J’ai connu la guerre et la trahison, à un moment où je n’étais pas prête à cela. J’ai vu et vécu des choses… Qui ont détruit le monde dans lequel je vivais. » Mais plutôt que de prôner la Paix, elle voulait faire la Guerre. N’était-ce pas absurde ? Pourtant, dans son esprit, c’était parfaitement limpide, parfaitement logique. Elle continua : « J’ai eu du mal à réintégrer ce monde, par la suite. En fait, je n’ai jamais réussi à revenir à la vie d’avant, pour être tout à fait honnête. Et je suppose que c’est la raison pour laquelle je n’ai plus ma place au Myōshin-ji. » Mais ce n’était pas elle qui avait pris cette décision. Elle, elle aurait aimé rester là-bas. « Pourtant, tout ce que j’essaie de faire c’est bien d’éduquer le peuple, quelque part. Mais ils ne semblent pas le comprendre… » ajoutait-elle plus pour elle-même que pour le jeune. Elle voulait les éduquer et éradiquer ce Mal qui l’avait déchirée intérieurement ; pour cela, malheureusement, le pacifisme était vain. Elle jeta la boule de sable coagulée dans l’eau. Elle ne le vit pas, mais tous les grains de sable se dispersèrent doucement dans l’eau, retombant lentement vers le fond. Il lui sembla que, par ce geste (et par ses paroles), un poids la quittait.

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Masamune Sanada
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Le genin écoutait attentivement la Dame.
Son regard se perdait dans les innombrables tentacules, suivant des yeux le balai des lumières au rythme du clapotis de l'eau qui résonnait dans la grotte aquatique.
Junko semblait avoir le don de porter ses idées sur un char solaire, sachant exprimer les nuances qui ne passaient habituellement pas la barrière du langage. Son discours était aussi clair que profond, mais surtout, il était sans artifice.
La voie du shinobi était pavée de violence et les sentiers qui pouvaient perdre les hommes en parsemaient le chemin. Seul le valeureux marcheur, cependant, avait la responsabilité de s'orienter dans ce labyrinthe. “Dans la vie, tu auras bien plus d'occasions de suivre la Voie que tu n'auras jamais d'occasions de t'en détourner au cours des missions”. Le genin esquissa un sourire en gravant le conseil de la jounin dans son esprit.
Tout cela coulait de source après tout. Tout cela faisait sens avec leur première conversation. La liberté ne se gagnait jamais sans ses attributs, la responsabilité étant le premier et le plus encombrant d'entre eux.

Sanada entendit la boule de sable aggloméré tombé dans l'eau, et en même temps, il lui sembla que ce poids, en train de se dissoudre dans l'eau salée, atterrissait au fond de lui.

Ils restèrent silencieux un long moment, regardant la marche incessante des étoiles de ce monde voguer sur la roche. Le genin ne se sentait pas gêné par cette absence de mot, c'était même le contraire. Il laissait ses pensées rebondirent sur les parois closes ; comme si la Dame pouvait chaque fois réveiller les doutes plantés dans sa doctrine, provoquant une réflexion aussi jouissive pour l'esprit qu'empreinte de culpabilité pour la foi.
Sanada, de plus en plus, voulait être libre, loin des doigts griffus de Jashin qui tenait le fil du destin entre ses doigts. Il entrevoyait par la fenêtre de sa pensée le vide abyssal du libre-arbitre, et le contemplait. Irrémédiablement attiré par le gouffre et le monde qui y régnait en son sein. Un monde où tout pouvait se tordre par la volonté humaine. Un monde, où, enfin, sa vie ne serait plus guidée par des marionnettistes célestes.
L'éducation, pourtant, forgeait des chaînes épaisses et quelques bouffées de calumet suffirent à ramener son esprit à la servilité. C'est en psalmodiant une prière d'excuses pour ses pensées impies qu'il se releva enfin, balayant de sa main le tissu de son kimono pour en chasser le sable.

- Il se fait tard Junko-sama. Je devrais sans doute rentrer. Avec l'examen qui se prépare, je dois à tout prix devenir plus fort.

Il poussa la petite barque pour l'immerger totalement et sauta dans l'embarcation. Le chemin fut joyeux, ponctué par les “mizu rappa” des deux Uzujins qui propulsaient en rythme saccadé la barque provoquant des secousses aussi brusques qu'hilarantes.

La fin de l'été sonnait et pourtant, la température était toujours aussi douce. Sous les étoiles de son monde, il remercia les dieux pour ces moments.
La morale creusait un trou que le confort comblait.
Il faisait bon vivre à Uzushiogakure.

Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent en centre-ville et malgré l'heure tardive, les rues étaient encore vivantes, les bateaux arrivaient à toute heure, guidés par l'immense flamme du phare qui éclairait l'entrée du grand port de commerce.
Sanada s'arrêta devant son habitation. Comme tous les genins, on lui avait attribué un logement, mais il servait de temple au jeune homme qui préférait de loin le hamac accroché sur le toit, au milieu de ses plantes odorantes.

- Je vous remercie pour la leçon Junko-sama. Je vais essayer de bien faire pendant l'examen pour passer chunnin. Ensuite, si vous le voulez bien, j'aimerais partir en mission avec vous. Je suis sûr que vous avez encore plein de choses à m'apprendre.

Avec un sourire sincère, il s'inclina respectueusement avant de disparaître dans l'escalier qui menait à son domaine.

Ce soir-là, il pria longuement devant les autels érigés en l'honneur des êtres qu'il avait tués. Il avait toujours cru agir sous le coup de ciseau de Jashin. N'étant qu'un témoin et instrument de la volonté divine. Pourtant, si la liberté émanait de chacun de ses actes, les autels qui se dressaient devant lui ne devenaient qu'un tas de glaise, miroir de sa culpabilité.
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