Hifusenari!

Technique en apprentissage:

Tu arpentes les ruelles du village d'Hifusenari bâti à l'extrême sud de la forêt ancestrale d'Inari il y a maintenant quatre ans, et érigé en véritable carrefour commercial depuis maintenant un peu plus d'un an. Il faut dire que sa situation géographique favorise grandement les échanges. En bord de mer et pile à la frontière entre Hi no kuni, le delta d'Ofusecho et Inari, il tire d'ailleurs son nom d'une partie du celui de chacune de ces trois régions. Il n'a pas fallu longtemps pour que ce village s'équipe d'objets ninjas en tous genre qui ravissent ses clients.

Tu n'es bien sûr pas là par hasard. Dans le viseur, une technique de kaikenjutsu ressurgi d'un sombre passé, comme toutes celles de ce domaine que tu réapprends progressivement à maîtriser. Uragirimono no seikyu. Tel est son nom. Pas bien compliquée au premier abord, elle nécessite cependant que tu puisses dissimuler une arme et l'utiliser après avoir créé une diversion. Si à l'époque un simple morceau d'étoffe ayant la forme d'une cape te suffisait, les outils shinobis ont fait d'énormes progrès ces dernières années. C'est ainsi que tu n'as cessé d'entendre ta mère parler de ce fabuleux parapluie, qui en plus d'abriter son porteur comme le ferait tout autre parapluie, se trouve être structurellement renforcé, une arme pouvant même être cachée dans son manche si on y met le prix. Sans compter que la nature même de l'objet peut être très utile pour un manipulateur d'ombres qui sait s'en servir. Après avoir longé toute la rue dédiée aux tenues vestimentaires les plus hétéroclites , tu bifurques à un angle et t'engages dans une impasse réputée pour ses boutique d'armements de dernière génération, jusqu'à atteindre l'échoppe dénommée ''l'antre du ninja audacieux'', tenue par un ami de tes parents qui te l'ont conseillé. Yuheï Onigashi est l'homme que tu cherches. Il est assis derrière un petit comptoir de bois et te salues en te dévisageant.

-Shika? Nara Shika? Et bien, pour une surprise...ça fait longtemps que j'avais pas vu ta frimousse...c'était quand la dernière fois? Tu devais avoir treize ou quatorze ans. Toujours aussi turbulent? Ton père m'avait invité pour parler affaires...ça fait plaisir que tu me rendes visite...je peux faire quelque chose pour toi? Sourit-il avec sincérité.

Tu lui rends son sourire avant de prendre la parole.

-Toujours oui, sauf que maintenant je peux le faire en toute impunité...lui dis-tu en te grattant l'arrière du crâne...et oui vous pouvez sans doute faire quelque chose pour moi...ma mère m'a parlé d'un tout nouvel équipement, un parapluie qui pourrait renfermer une arme...

Sentant la bonne affaire pour lui, il en oublie sa convivialité pour se parer son air le plus marchand.

-Mais bien sûr Nara-san, j'ai exactement ce qu'il te faut. Toute une gamme, juste là...t'indique t-il en pointant du doigt un pan de mur rempli de ce que tu recherches...on a plusieurs tailles et plusieurs couleurs...pour le parapluie simple, c'est trois-cent ryos...si tu veux quelque chose de...disons plus sophistiqué, on a ceux avec tantô ou katana intégrés dans le manche, pour deux-cent ryos de plus, ce qui ferait un total de cinq-cent ryos...

D'un œil avisé, tu parcours l'ensemble des articles en exposition et arrête finalement ton choix sur un parapluie noir, armé d'un tantô. Exactement ce qu'il te faut pour ton entraînement. Après l'avoir payé, tu prends le temps d'une discussion qui s'étire sur une demi-heure, pendant laquelle tu lui racontes ta vie depuis la dernière fois où vous vous êtes vu et comment tu es devenu le chef de ton clan, avant de prendre congé. Tu prendras le temps de t'entraîner sur le chemin du retour, arguant que le domaine est entre d'assez bonnes mains pour que tu puisses t'octroyer une nuit à la belle étoile, bien que le froid automnal soit de plus en plus saisissant.

Tu te trouves à mi-chemin lorsque le soleil cède sa place, la nuit étant éclairée d'une lune souveraine qui s'invite entre les branches de la forêt pour t'offrir la clarté suffisante pour ton apprentissage. Saisissant le parapluie accroché dans ton dos, tu t'exerces pendant plus d'une heure à l'ouvrir, le fermer, le jeter en l'air, en avant, à le faire tournoyer sur lui même, à te cacher derrière, à en extraire le tantô, à le manipuler et à le remettre à sa place. Tout cela le plus rapidement possible. Te maîtrise semble correcte. Suffisante du moins pour la technique que tu veux apprendre. Le reste résultera d'un entraînement plus poussé plus tard. Plus qu'à passer à la charge traîtresse. Comme dis plus tôt, la technique est assez simple dans sa conceptualisation, le tout restant d'appliquer chaque étape correctement. Tu mimes au ralenti. D'abord maintenir un positionnement neutre, afin de jouer sur l'effet de surprise, primordial à la réussite du jutsu. En cela, ta capacité de furtivité te sera bien utile. Dans la même optique de surprise, interdiction d'utiliser une autre technique de kaikenjutsu avant, sous peine de voir l'adversaire se tenir sur ses gardes au moment de l'exécution, ce qui rendrait le tout totalement inutile. Toute la fourberie de cette technique tient dans le fait, en plus d'être difficile à anticiper,  qu'elle peut aisément outrepasser différentes protections de l'adversaire, tant sa précision est chirurgicale. Répétition. D'abord, observation. Puis vient le temps de la diversion. Toujours à vitesse réduite, tu tends ton parapluie vers l'avant, en l'ouvrant dans le même mouvement. Tu fais semblant que le tantô glisse en dehors de son fourreau et l'imprègnes de ton chakra. Puis, le regard vide de sentiments, tu bondis vers la cible imaginaire.

Mouvements imprégnés, tu peux tenter à vitesse réelle.  Tu te places face à un arbre et rebelote. Observation, diversion et prise en main de l'arme, chakra et enfin attaque. Cette dernière doit être franche, directe, sans fioriture. Encore une fois sa réussite est essentiellement basée sur l'effet de surprise. Ton scalpel se plante sur l'écorce. Tout semble fonctionner normalement. Pourtant, tu n'as aucun point de repère pour jauger si la surprise est au rendez-vous. Pas la peine de t'attarder plus, tu continueras demain, après une bonne nuit de sommeil. Une fois arrivé au domaine, tu trouveras bien quelqu'un pour jouer les sparring-partners. Tu allumes un feu, fumes une cigarette de sauge, puis finit par t'endormir paisiblement.

C'est la bave s'écoulant de la gueule d'un daim penché au-dessus de toi qui te réveille au petit matin. Après lui avoir caressé plusieurs fois l'encolure en lui rappelant que ce genre de liquide visqueux n'a rien d'agréable, tu reprends le chemin qui mène au domaine. Tu es accueilli par le garde posté à l'entrée, qui ne manque pas de te réprimander pour t'être encore absenté toute une nuit, avant que tu ne l'invites à s'enquérir de visu des raisons de ton absence. Pas sûr que cela change grandement son opinion, mais au moins tu pourras tester ton apprentissage sur quelqu'un sans avoir à faire plus d'effort pour chercher.

Tu te places face à lui et lui demande de t'attaquer, ce qu'il fait sans se faire prier plus que ça malgré une petite réticence initiale. Tu reproduis toutes les étapes de la technique et le vise de la pointe de ton tantô. Pas assez rapide. Même si c'est avec un peu de difficulté, ils parvient à esquiver. Un truc cloche. Après qu'il t'aie accordé quelques minutes de réflexion, chacun reprend sa position de départ. Doté d'une vitesse naturellement élevé, tu te dois pourtant d'accélérer encore. Le chakra, tout vient de sa répartition. Il ne suffit pas de le placer dans ton arme, tu dois également imprégner ton bras d'une quantité plus importante et laisser le reste circuler dans tes jambes.

-En place...tonnes-tu.

D'abord analyser sa position et garder une attitude la plus neutre possible. Tu saisis ton parapluie dans ton dos, puis l'ouvres d'un coup sec avant de l'éjecter vers ton adversaire en prenant soin de le positionner de façon à ce que l'autre ne puisse pas discerner tes mouvements. Tout en répartissant ton chakra en fonction de ton nouveau schéma, le parapluie fonce vers sa cible qui l'évite d'un pas sur le côté, avant de se retrouver nez à nez avec le tantô qui s'arrête à seulement quelques centimètres de son visage.

-Et voilà, c'est pour ça que je me suis absenté...dis-tu en souriant assez largement.

L'autre repart en grommelant, tandis que tu prends la direction de ta demeure, satisfait de ta réussite.