Normalement, Ruka devrait être en route vers Konoha pour sa dernière récupération. Une gamine de treize ans qui n’avait probablement rien à voir avec tout ça. Juste le fait d’y penser la remplissait d’amertume, tout comme ce qui l’attendait à son retour. La jeune femme avait continué son chemin dans le pays du feu. Si ses dernières heures de liberté étaient comptées, pourquoi devrait-elle revenir rapidement au temple auprès de son clan. Un clan qui ressemblait davantage à un culte fanatique maintenant. La blonde voulait donc profiter de ces derniers jours pour admirer les merveilles de ce monde et garder en mémoire des images plus belles les unes que les autres. Il faisait nuit, ses pas la guidait sur les sentiers des grandes forêts. Il y avait peu, voir aucune indication sur son chemin pour la mener vers ce qu’elle appelait le bout des terres. Un lieu que certains lui avait déjà décrit comme étant la dernière parcelle de terre avant le grand océan.
Un endroit paradisiaque où les cotes verdoyantes semblent ne jamais se terminer. Ce paysage semblait beaucoup plus beau que celui du pays du vent. Beaucoup d’hérétiques s’étaient enfuit dans le désert en se disant qu’ils seraient plus en sécurité là-bas, car très peu de gens osent s’y aventurer. Malheureusement pour eux, il n’y a rien capable d’arrêter les fidèles d’Inori. Ruka regardait partout autour d’elle. Le vent frais la forçait à relever le haut col de sa tunique beige. Une chouette chuintait au loin et au-dessus d’elle, de petits animaux volaient. Ruka pouvait les voir passer très rapidement sous les rayons de la lune pour se nourrir d’insectes. Cet animal nocturne lui était inconnu et la vitesse à laquelle elle se déplaçait ne lui permettait pas de bien voir, une souris ailée ? La jeune femme fronçait les sourcils en continuant son chemin. Gardant toujours en tête la direction qu’elle devait prendre après son repérage en hauteur, celle-ci n’hésitait pas lorsqu’il y avait plus d’un chemin à emprunter.
Tout était si différent la nuit, c’était si calme et à la fois si vivant. Sur son chemin, la récupératrice n’avait croisé ni homme ni femme, que de petits animaux dans les airs et d’autres qui se cachaient à sa venue en entendant ses pas. La marche était longue, mais enfin, elle atteignait une grande clairière. C’était comme on lui avait décrit, pas d’arbres, que des collines parsemés d’hautes herbes. Une épaisse brume semblait recouvrir une partit du paysage. « Ce doit être les sources chaudes. » Ce lieu, elle en avait entendu parler de nombreuses fois, l’endroit qui faisait rêver tous les membres de son clan ou presque. Des bains immenses où vont pour se détendre un grand nombre d’hommes et de femmes. Des bains en groupe, c’était loin d’être le genre de chose qui intéressait Ruka. De plus, il lui était risqué d’y rencontrer des gens malintentionnés, comme des ninjas. Risqué d’être prise au dépourvue sans vêtements n’était pas très enchantant.
La jeune femme décidait donc de continuer sa route pour gagner la fin de ces plaines, elle voulait admirer pour la première fois l’océan. C’était une chose que de regarder les chutes du plateau d’Arakura, mais s’en était une autre que de voir des eaux à perte de vue. Plus elle s’enfonçait entre les collines verdoyantes, plus la lune commençait à tomber et à l’horizon, les premières lueurs d’un rayon de soleil commençaient à faire disparaitre les étoiles. Ruka arrivait enfin tout près, à l’horizon, elle pouvait y admirer le bleu de la mer, un sourire se dessinait sur son visage et ses pas étaient beaucoup plus rapides. La jeune femme arrivait en bordure du territoire et humait profondément cet air frais, c’était salé comme elle l’avait imaginé. Le bel astre solitaire cédait sa place au levé du jour et à ses puissants rayons. Le vent y était fort faisant tomber sa capuche sur ses épaules et balayait ses très longs cheveux blonds qui étaient simplement retenus par deux baguettes.
« C’est magnifique. »
Ruka se sentait libre et comme une enfant qui réalisait son rêve celle-ci laissait un petit rire s’échapper en admirant la vue. Cette dernière ouvrait grands les bras et fermait les yeux. Tout ce qu’elle étendait c’étaient les vagues qui se fracassaient au bas de la falaise et les oiseaux qui commençaient à chanter. De grands frissons la faisait presque trembler, elle avait rarement connu une telle joie. Elle ouvrait les yeux et contemplait les couleurs de l’horizon. Une lumière orangée plus claire au centre bordait l’océan la séparant de ce ciel encore bleu nuit. C’était sans aucun doute la plus belle vue qui lui était donné de voir. La demoiselle baissait les bras pour les ramener contre elle sans perdre son magnifique sourire. Sur le point de verser une larme émue, celle-ci baissait les yeux pour regarder attentivement les vagues qui se buttaient contre la roche avec une telle force. Ses mouvements lui donnaient une drôle d’impression la forçant à se pencher un peu plus sans vraiment s’en rendre compte.
C’est alors qu’un bruit ou une voix la prenait par surprise. Son petit sursaut faisait bouger les petites roches mal placées sous ses pieds. Quelques-unes suivaient la pente du terrain et faisait glisser la jeune femme avec elle qui tentait de se redresser, mais trop brusquement ce qui lui faisait perdre le peu d’équilibre qui lui restait pour revenir et après un dernier essaie en se tournant dos à la mer Ruka avait à peine vue une silhouette si s’en était une avant de ne voir que la paroi rocheuse de la falaise en tendant les mains loin devant elle comme si elle cherchait à attraper une corde imaginaire.
Les voyages incessants du borgne, pourvus ou non de sens n’avaient eu de cesse de le faire parcourir le Monde entre deux missions qu’il menait au compte d’Uzushio en tant que Jonin. Cette fois-ci, il se trouvait à dans ce bordel forestier en tant que touriste, le statut qu’il avait longtemps occupé depuis plus d’une décennie lors de ses voyages en mer à travers les Océans du globe. La verdure qui entourait Zenjuro le portait droit devant, suivant le chemin praticable en se faisant porter par les caresses du Vent qui faisaient bouger les feuillages d’arbres sur sa route, rien ne semblait augurer une mauvaise journée. Les oiseaux chantonnaient en chœur leurs douces mélodies en volant ensemble, tout était signe d’une paix solide comme le roc, l’endroit était idéal pour quelqu’un qui ne se sentait réellement à l’aise que dans ce genre d’endroits coupés du Monde extérieur et ce par expérience plus qu’autre chose. Cela faisait environ deux jours qu’il était parti du Port d’Uzushio pour rejoindre les sources thermales qu’il avait déjà croisé sur sa route et qui lui faisait tant envie. Les réserves de Rhum qu’il jugeait cruciales pour sa survie venaient à manquer et cela ne se ressentait rien qu’au regard en le voyant déambuler dans les denses forêts dans l’espoir d’arriver rapidement à destination sans pour autant s’en donner les moyens par manque de motivation et sûrement parce qu’il ne voulait pas plus que ça attirer l’attention sur lui.
Le lever du soleil arriva bien plus vite qu’il ne l’avait prévu mais sa course finit par le mener au petit Village des Sources Chaudes dont il avait entendu parler, à proximité des grandes forêts du Centre qu’il avait traversé plus d’une fois, que ce soit dans le cadre d’une mission où alors dans un cadre purement personnel, collectant des plantes par habitude rudimentaire de vie. Le Jonin se fit très discret en pénétrant dans ce Village ne comportant que peu d’habitants et par habitude laissait toujours son bandeau frontal dans sa besace, ne le sortant que s’il y en avait vraiment besoin... ce qui n’était jamais le cas. Entrant dans le bâtiment abritant les sources thermales qu’il convoitait depuis un moment, son regard se porta immédiatement sur le Bar qui proposait tout types d’alcool dont certains types de Rhum qui pouvaient être servis même dans le bain… réellement du grand luxe que le borgne pouvait se permettre grâce à son travail quotidien. « Hep m’dame, j’voudrais prof’ter des bains s’iou plaît ! » s’exclama-t-il d’un air satisfait en ayant formulé sa meilleure demande avec le plus de clarté dont il était capable aujourd’hui. La Dame le regarda d’un air incrédule, puis se contentant de ramasser son argent, le guida jusqu’aux vestiaires réservés aux Hommes dans lequel le sauvage se déshabilla purement et simplement en attrapant une serviette qu’il laissa pendre sur son épaule gauche avant de laisser son Nodachi dans un coin de la pièce.
Ainsi paré, la bête se glissa dans l’eau bouillante et soupira de plaisir en se posant contre la paroi rocheuse sur laquelle lui était servi une bouteille de Rhum de bon cru que le Vagabond descendit petit à petit en observant le paysage et les cieux dont la lueur du Soleil et celle plus tamisée de la Lune se battaient en duel et dont la douceur de leur éclat encore timide qui reflétait toute la quiétude de cette période du jour. Remuant sa main dans l’eau pour faire de petites vagues, puis ses jambes, son regard se portait sur la haute falaise dont les premiers rayons du soleil levant éclairèrent l’endroit tandis que la Lune se faisait de plus en plus timide devant tant d’énergie. Quelque chose interpella cependant le borgne qui se trouvait juste en dessous de cette falaise… une femme… qui tombait ? Le borgne n’avait pas le temps de se poser toutes ces questions savantes dont se targuaient les plus grands penseurs du Monde et se contenta de bondir hors du bain et de se propulser d’un bond hors de l’auberge avant de concentrer du chakra dans la plante de ses pieds pour libérer une accélération qui le fit purement et simplement disparaître du regard stupéfait des Villageois qui venaient de voir un exhibitionniste s’envoler littéralement sous leurs yeux. Ni une, ni deux, son rush soutenu lui fit rattraper la femme qu’il avait aperçu de loin alors qu’elle lâchait prise et la remonta sans difficulté avant de la reposer, se dressant face à elle, les jambes un peu écartées en bon appui, et en se grattant le derrière de sa chevelure tout en la fixant. « Mais t’pas bien toi ! Qu’es’tu foutais là ? »
Celle-ci pouvait apercevoir une tête se pencher du haut de la falaise pour la regarder tomber son visage n’était pas visible, caché dans l’ombre de son capuchon. Tout se passait au ralentit pour la jeune blonde qui dévalait à tout allure. C’était planifié ? La femme fermait les yeux un instant et se faisait surprendre non pas par le choc brutal de la surface de l’eau ou des grands rochers, mais pas une étreinte ferme qui l’enveloppait. Surprise elle laissait s’échapper un cri assez bref en attrapant l’individu par les épaules pour se serrer contre lui avant qu’il ne se pose quelque part. la femme n’avait toute fois pas réussit à se toucher les mains derrière son dos tellement il était large. Ruka ouvrait les yeux pour le regarder timidement alors qu’il la reposait. Sans vraiment porter attention à son sauveur, le premier réflexe de celle-ci était de regarder en haut de la falaise pour voir si l’étranger y était toujours. « Disparu… » S’interrogeant presque si elle ne l’avait pas halluciné, l’homme s’adressait à elle ce qui la faisait sortir de ses pensées.
Ruka baissait la tête pour prendre le temps de respirer sans lâcher la paroi rocheuse du regard. La belle blonde voulait se calmer avant de remercier son sauveur. Lorsqu’elle ne tremblait plus, la jeune femme affichait un charmant sourire avant de regarder l’homme. Normalement, celle-ci aurait gardé ses yeux rivés vers ceux de son interlocuteur, mais ce dernier était beaucoup plus grand qu’elle ne l’avait imaginé. Son regard se faisait aller entre ses pectoraux ce qui commençait à la faire rougir. Le soleil faisait briller son torse encore mouillé et… La femme baissait les yeux sans vraiment l’avoir prémédité. Non seulement il était torse nu, mais il était nu, nu. Sous le choc, Ruka restait figée un instant sur la… Chose avant de relever les yeux vers le ciel. « Par Inori ! » Ce n’étaient plus seulement ses joues qui étaient rouges, mais tout son visage. La demoiselle plaçait ses mains de façon à cacher son sexe en gardant une distance très raisonnable avec le dit organe. Une chose avec laquelle Ruka n’avait aucune expérience et que simplement dire le mot ‘’pénis’’ n’était pas naturel.
« J-j-je crois que vous avez perdu votre pantalon… »
La jeune femme se râclait un peu la gorge avant de prendre une bonne inspiration question de bien faire disparaître l’immense gêne qui la tenait. Celle-ci regardait à nouveau son sauveur qui était fièrement positionné devant elle, toujours les jambes bien écartées, le… Bien en évidence et il ne faisait rien pour tenter de se couvrir, même pas au minimum. « N’a t’il donc aucune pudeur ? » Ruka se ressaisissait, s’il n’était pas pour se couvrir, elle devait arrêter de le censurer comme une enfant. Timidement et mal à l’aise, la jeune femme refermait ses mains en les ramenant vers elle faisant seulement très attention pour ne pas baisser trop les yeux, car à la grandeur de l’homme ce n’était pas trop difficile de tomber dessus par surprise. En parlant de grandeur, il était vraiment très grand il lui faisait même de l’ombre ce qui l’intimidait. Son corps était aussi recouvert de cicatrices, des longues, des courtes, des profondes qui lui ont déformés la peau et son visage n’avait pas été épargné. Son front et son nez étaient rayés par de longues balafres. « Puis son œil il est. Oh… » Aveugle, l’homme était aveugle d’un œil.
« Excusez-moi. Jj-je ne suis pas très polie…Vous m’avez épargné une belle chute. »
Disait-elle en passant une main dans son épaisse chevelure blonde. Il ne lui restait qu’une seule baguette, elle devait l’avoir perdue en tombant, alors sa coiffure n’existait plus, ce n’était qu’une longue tignasse grossièrement retenue avec beaucoup de mèches vagabondant sous les grands vents de l’océan. En inspirant cette douce brise, Ruka se sentait plus détendue, même si elle avait frôlé la catastrophe et même risqué de ne pas s’en sortir, ceci lui faisait se rappeler qu’elle était au bord de la mer, les goélands continuaient de crier et les vagues se buttaient contre la roche autour d’eux. Au passage, la demoiselle recevait quelques goûtes sur son visage, c’était aussi agréable qu’une fine averse.
« Alors quoi qu’il en soit, je vous suis très reconnaissante et je vous en dois une. »
C’était le minimum, Ruka lui devait le respect et un service s’il en avait besoin. Timidement, elle se pinçait les lèvres ensemble avant de sourire à nouveau.
« Je m’appelle Ruka et vous ? »
Celle-ci lui présentait sa main pour entamer les présentations même si tout à coup ce geste lui semblait un peu déplacé puisque rappelons-le-nous, il avait toujours les fesses au grand vent.
Pensant d’abord à une petiote qui voulait se jeter dans le vide, force fut pour le borgne de constater que la demoiselle passa au moins deux minutes à le scruter des pieds jusqu’à la tête en insistant sur la partie basse du corps ce que ne comprenait pas Zenjuro qui n’avait jamais eu aucune forme de pudeur et dont le concept de Nudisme lui échappait totalement. Il fut né sans un habit, et sortit de son marécage à la vingtaine sans un seul vêtement non plus. Pour s’intègrer à la société il n’avait fait que mimer les autres êtres humains qu’il croisait et avait finit par dépouiller un Kimono sur le premier Homme qui était venu lui dire bonjour… manque de chance, à l’époque le Jonin ne comprenait pas un seul mot et ne savait que rugir, et trancher bien évidemment.
Le vent était bien frais ce matin, et le Vagabond n’avait pas eu une matinée aussi rude le jour d’avant son arrivée en ces grandes et majestueuses forêts, la brise qui venait de lui traverser l’entrejambe lui arracha un frisson alors qu’il se tenait fixement devant la blonde et s’observa juste un instant, avant de se rendre compte qu’il était nu dans son bain, et qu’il n’avait pas eu le temps de remettre son Kimono avant de sauver celle qui lui faisait face et qui lui faisait remarquer qu’il ne portait absolument rien, ce qui arracha un rire au borgne qui se contenta d’arquer un sourcil en la fixant de son œil gauche. « J’compr’drai jamais c’que vs’avez quand j’sui’à’poil comm’ça, rien d’mal pourtant… » Et c’était la vérité, l’Uzujin qui se tenait là devant elle n’avait qu’une seule raison de ne pas rester éternellement nu, et c’était le froid. « Ah, j’suis Zenjuro, ‘chanté ! Et t’inquièt y’pas d’mal, j’té en train d’me baigner quand j’t’ai vu l’haut !» Le nudiste riait aux éclats et attrapa d’une poigne bien ferme celle plus réservée de Ruka en lui adressant un sourire tout ce qu’il y a de plus aimable avant de regarder l’endroit d’où il avait décollé un peu plus tôt.
Tournant talon pour redescendre de leur perchoir parce qu’il avait laissé en bas toutes ses affaires dont le Nodachi, qui s’il le laissait seul trop longtemps pouvait tuer rien qu’au contact les imprudents qui oseraient s’en approcher et leur absorberait toute leur énergie vitale. « J’redescends pour chopper mes affaires, t’en fais pas pour c’qui s’est passé et suis moi j’ai d’quoi te requinquer en bas » s’exclama-t-il en ayant déjà prit quelques pas d’avance et désignant rapidement du doigt l’auberge qui servait également de sources thermales, réputées d’ailleurs pour leurs vertus diverses. Bien rapidement redescendus de la falaise et pénétrant avec une invitée cette fois, le borgne écourta les remarques de la Vieille Dame surprise qui avait pu expliquer aux Civils ce qui s’était passé au sein de son établissement en y voyant un Nudiste bondir en dehors des sources. « C’des bains mixtes et j’dois finir l'bouteill', t’pourras m’dire c’que tu foutais là-haut » lança-il simplement avant de disparaître derrière les portes coulissantes des vestiaires pour Hommes, ne comprenant sûrement pas vu son point de vue primitif ce que pouvait bien ressentir une jeune femme invitée de la sorte.
L’homme lui répondait. Ce dernier avait une façon propre à lui de s’exprimer, un grand problème d’élocution, d’où venait-il pour parler ainsi et avoir autant de scarifications sur tout son corps. Très souriant et son rire qui se butait à quelques reprises contre les rochés la déstabilisait. Il n’avait vraiment pas de problème avec sa nudité. Zenjuro faisait disparaître la petite main frêle de la récupératrice avec sa grosse patte masculine assez rude. Ruka tentait de se tenir bien droite même s’il lui secouait le bras jusque dans l’épaule. Rapidement, l’étrange personnage tournait les talons forçant la demoiselle à relever une fois de plus les yeux pour ne pas regarder plus longtemps ce derrière bien exposé sous les premiers rayons du matin. Il enchaînant en disant qu’il devait récupérer ses choses et qu’il avait de quoi la… « Requinquer, qu’est-ce que ça veut dire ? » Son parler lui était assez peu familier, mais quoi qu’il en soit, elle ne pouvait pas juste partir et le laisser en plan alors qu’il venait de la sauver, ce n’était pas très civilisé.
Ruka relevait une dernière fois la tête pour regarder au-dessus d’elle, celle-ci aurait pourtant juré y avoir aperçue quelqu’un. Zenjuro avait déjà engagé le pas et non loin derrière lui, la jeune femme le suivait en faisant bien attention de ne pas glisser sur les roches vaseuses. Il s’était déjà empressé de voler flambant nu à son secours une fois, il ne fallait pas non plus le forcer à devoir nager pour la repêcher et encore une fois se retrouver trop près de son… Enfin bref. Les deux individus arrivaient rapidement vers l’établissement que la demoiselle avait cherché à éviter plus tôt. Les sources chaudes. Cet endroit sentait la mer, l’eucalyptus et bien d’autres parfums. Timidement caché derrière l’homme pour éviter de croiser le regard jugeur de la vieille dame, Ruka regardait autour d’elle la déco exotique des lieux. Beaucoup de choses avaient été pêchés et amenés ici, des coquillages, des étoiles de mers, mêmes les couleurs lui faisaient penser à l’océan, c’était assez coquet.
Rapidement, Zenjuro lui disait qu’il avait une bouteille à terminer et que comme il s’agissait de bains mixtes, elle pourrait lui parler de ce qui l’avait amené à tomber dans le vide. « Quoi ?! Mais il ne devait pas juste récupérer ses choses ? » Un peu prise par surprise, la jeune femme voulait se dépêcher à le rattraper avant qu’il ne disparaisse derrière cette porte coulissante. Embarrassée, Ruka ramenait sa main vers elle avant de se retourner vers la vieille dame de l’accueil qui soupirait et la dévisageait gratuitement. Très mal à l’aise, la récupératrice se sentait forcée de dire quelque chose en gesticulant comme une idiote qui essaie de se sortir d’une situation gênante, la blonde haussait les épaules en gloussant un petit coup.
« Ah, sacré Zenjuro. Haha, hurrmm. Un jour il mettra un pantalon. »
Ruka laissait glisser un petit rire ridicule derrière son sourire forcé. La dame secouait la tête de gauche à droite avant de lui montrer la porte des vestiaires pour femme. Rougissant, la blonde ravalait sa salive et ajoutait le doigt dans les airs avant de tourner les talons pour rapidement disparaître derrière la porte coulissante. Cette dernière retirait sa tunique beigne et la plaçait dans un casier ainsi que sa longue robe violette et tout ce qui se trouvait en dessous. Au contraire de l’homme qu’elle accompagnait, il était hors de question pour Ruka de sortir ainsi dévêtue. Elle fouillait donc les vestiaires et tombait sur une sorte de petit kimono fleurit qu’elle enfilait rapidement avant d’être aperçue en train de dépouiller le casier d’une étrangère. Avant de sortir, il lui était indiqué de se doucher.
C’est donc complètement trempé que la jeune femme sortait du vestiaire à la recherche de celui qu’elle accompagnait. « Non mais qu’est-ce que je fais là ? Moi presque nue accompagnant un étranger dans un spas ? Sérieusement, c’est du gros n’importe quoi. » Intimidé par les lieux, la femme se refermait sur elle-même comme une huitre en croisant les bras au niveau de sa poitrine montrant à quel point elle était à l’aise. Certains des gens étaient nus, en serviette ou en robe de chambre en train de se détendre sur de longues chaises. Ses petits pieds mouillés laissaient une trace sur la pierre chaude des lieux menant jusqu’au petit bar tout au centre de la cour extérieur. Zenjuro y était déjà avec cette bouteille. Gênée, Ruka tirait d’une main le petit kimono pour lui cacher les fesses alors qu’elle s’installait sur le tabouret faisant bien attention de s’asseoir sur le tissu.
« Qu’est-ce que vous buvez ? »
Demandait-elle en prenant doucement ses cheveux pour les tordre un peu avant de s’accouder sur le bar et regarder un peu les alentours sans pour autant ignorer son interlocuteur.
Les songes de Zenjuro tandis qu’il attendait la demoiselle perdue dans les forêts qu’il avait sauvé de la mort quelques dizaines de minutes plus tôt, se perdaient dans le ciel bleu qui lui semblait si paisible et si apaisant à la fois tandis que les bienfaits des sources thermales se faisaient ressentir dans l’intégralité de son corps. Les muscles plus détendus, son souffle se faisait lui aussi des plus calmes sans pour autant perdre en intensité, trop de combats, trop de missions farfelues qui lui avait forcé la main ces derniers temps, ce n’était pas si mal de se reposer de cette manière parfois et c’était un luxe que le Vagabond ne pouvait pas se permettre si souvent que ça. La vapeur du à la forte chaleur de l’eau avait aussi son petit effet, détendant totalement les tensions qui rendaient le visage du Jonin aussi strict et expressif dans son agressivité et sa sauvagerie habituelle… le verre de Rhum porté à ses lèvres avec une note de délicatesse tandis qu’il en savourait tout les arômes, gorgée après gorgée était une manière salvatrice de le porter au-delà de ses activités éreintantes d’ordinaire.
Il ne fallut pas longtemps pour voir la blonde débarquer à son tour, attirant le regard de la bête qui la voyait faire gentiment le tour avant de s’asseoir près de l’endroit où lui était posé dans l’eau. A première vue elle ne semblait pas très à l’aise mais étant donné la réaction qu’elle avait eu en voyant Zenjuro plus tôt, celui-ci fit vite le rapprochement avec la situation actuelle et se mit à rire, en pensant qu’il ne lui avait pas fait de cadeaux en l’embarquant dans cet endroit malgré elle. La demoiselle semblait avoir de la parole à mesure qu’elle lui posait des questions sur la boisson qu’il était en train d’ingurgiter… Pour être honnête, il n’en savait pas grand-chose, du moment qu’il avait de l’alcool entre les mains et que ce dernier était buvable, il n’avait jamais fait la fine bouche et ce, que ce soit durant les années où il écumait les mers en tant que Pirate ni même durant la décennie qu’il avait passé à errer par monts et sentiers inconnus qu’il traversait à la marche en buvant tout ce qui lui paraissait possible à boire.
Tout ces voyages, toute cette expérience, sans pour autant être trop vieux pour encore trouver d’autres occupations et amusements dans la vie et en profiter avec le temps nécessaire, même si la mort pouvait lui prendre la vie à tout moment vu la vie qu’il menait, rendait la question relativement stupide et se perdit dans les tréfonds de son esprit vide de toutes ces réflexions que pouvaient se faire les grands savants qui avaient parfois besoin de se lâcher comme le borgne qui vivait en réalité au jour le jour depuis bien longtemps maintenant. « Hm, j’sais po, j’dirai du Rhum mais j’suis pa’ssur ! Qu’es’tu fait assise tout’seul comm’ça ? Viens dans l’eau c’te f’ra du bien ! »
La regardant droit dans les yeux, la tête tournée jusqu’à pouvoir la regarder bien en face, il lui adressa un sourire qui semblait l’inviter à se remettre de ce qu’elle avait pu ressentir plus tôt en chutant de cette falaise et lui passa la bouteille et un autre verre. « Tiens, bois ça c’te f’ra du bien ! »
Encore un peu trop tendue pour pouvoir pleinement profiter des bienfaits que devaient procurer ce genre de lieux, la femme restait assise bien droite sur son tabouret jouxtant le bain dans lequel maintenant trempait l’impudique nudiste. Bien aisé avec les bras ouverts tout comme ses jambes « Merci Inori pour toutes ces bulles et cette vapeur. » En effet, ses attributs n’étaient plus à découvert dans ce bain. Zenjuro recommençait à rire, même s’il était étrange, Ruka ne pouvait s’empêche de penser qu’autant de gaité était réconfortant pour elle. Ce dernier affirmait n’avoir aucune idée de ce qui se trouvait dans sa bouteille. « Du rhum ? C’est quoi du rhum ? Peut importe ce que c’est je peux le sentir jusqu’ici et ça sent fort. » Ce dernier ajoutait qu’elle devait plutôt le rejoindre dans le bain au lieu de rester à l’écart.
La jeune femme restait perplexe face à cette invitation. Se baigner dans un lieu comme celui-ci tout près d’un homme nu, ce n’était pas vraiment concevable, mais elle pouvait tout de même se rapprocher afin de ne pas être aussi loin comme il le décrivait. Donc sans se faire prier plus longtemps, Ruka quittait son assise pour s’installer sur le bord du bain, ses fesses sur la pierre bien chaude, cette dernière plongeait l’un après l’autre ses pieds dans l’eau avec une féline délicatesse. C’est vrai que l’eau était bonne, assez chaude pour parvenir à la détendre un peu. La blonde laissait tomber ses épaules trop droites dans un long et bon soupir. Ses yeux fixaient ses orteils qui bougeaient en profitant du parfum qui dégagé de cette fumigation. Un petit sourire s’affichait sur les lèvres de la femme qui n’avait plus prit le temps d’apprécier un moment de détente comme celui-là depuis bien trop longtemps.
Ce sentiment de détente et de bien être lui rappelait les chutes. Ruka se faisait une fois de plus arracher à ses pensées lorsque Zenjuro lui passait sa bouteille accompagnée d’un petit verre. Il l’invitait à boire pour se sentir mieux. Il fallait l’avouer, son comportement n’était pas commun pour elle, mais il se montrait assez avenant pour un étranger. La femme prenait la bouteille et le verre hésitant pendant quelques secondes. « Alors c’est ça que font les gens pour se sentir mieux ? » La récupératrice avait toujours été très curieuse en ce qui concernait le mode de vie des gens libre. Ce qu’ils faisaient pour s’occuper, s’amuser et se détendre. Mais elle était loin d’imaginer qu’elle en ferait un jour l’expérience. La nonne se versait donc son premier verre d’alcool. Celle-ci reposait doucement la bouteille sur le sol avant de prendre une bonne inspiration.
« Merci. »
Répondait-elle avant de prendre une bonne inspiration question de se préparer à cette première descente. Bien entendue, cette descente ne se faisait pas comme prévue, d’abord le goût d’alcool qui lui coulait sur la langue et qui lui brûlait la gorge en descendant la surprit. Ruka recrachait ce qu’elle n’avait pas réussit à avaler dans son verre en toussant. La belle blonde grimaçait et secouait la tête en essayant de sortir le goût de sa bouche en sortant la langue. De longs frissons la tortillait. « Mais c’est infect ! » La demoiselle se retournait vers Zenjuro toujours avec le verre dans la main ressemblant presque à une enfant.
« C’est ça de l’alcool ? J’aurais pourtant pensé que ça aurait meilleur goût. »
Clairement, son manque d’expérience faisait un peu d’elle la risée des lieux. Certains s’étaient esclaffés après l’avoir vue s’étouffer de la sorte avec une gorgée de rhum. On pouvait même croire qu’elle n’avait pas l’âge de boire ce genre de boisson. Celle-ci souriait à l’homme un peu honteuse de ne pas avoir aimé le verre qu’il lui avait offert. Ruka pouvait encore sentir cette chaleur dans sa gorge et son estomac, mais cette fois ce n’était plus aussi fort, l’effet de surprise s’était dissipé et la sensation dans son estomac n’était pas désagréable, mais pas assez bon pour retenter une gorgée. « Peut-être plus tard… » Se disait-elle en posant le verre toujours aussi gêné. La femme se prenait les bras en s’appuyant sur ses cuisses et tournait la tête en direction de la mer qu’ils pouvaient encore admirer.
« Alors tu te demandais ce que je faisais là-haut n’est-ce pas ? »
Le regard perdu sur l’horizon, celle-ci enchaînait avec sa voix aussi douce qu’une berceuse.
« J’ai toujours rêvé de le voir. Les livres en parlent, les gens en parlent, mais je ne l’avais jamais vue en vrai. L’océan, regarde comme il est beau. » Disait-elle comme si elle en était amoureuse.
Les yeux portés au loin, Zenjuro laissait détendre chacun de ses muscles dont les membres flottaient au gré des flots si paisibles, chauds et apaisants qui berçaient son corps tandis qu’il adressait un sourire à la petite Ruka, qui n’était pas petite en soi, ayant un corps d’adulte et visible du premier coup d’œil, on pouvait même attester des formes généreuses que la nature lui avait donné même si pour le borgne, cela restait un corps comme un autre d’être humain. Un léger trait de fatigue était peint sur le visage du l’Uzujin qui n’avait pas dormi depuis environ deux jours, en soit depuis son départ d’Uzushio et son arrivée ici dans ces bains chauds. Sommeil impossible. Telle avait été sa ligne directrice tandis qu’il avait du traverser un nombre conséquent d’endroits inconnus pour se perdre dans ces contrées reculées au centre de tout, mais au milieu de rien si ce n’est des abondantes verdures qui faisaient pâlir celles des Tourbillons auxquelles il était habitué depuis les années qu’il avait passé à y vivre. Ramenant son regard vers celle qu’il avait sauvé un peu plus tôt, il ne put s’empêcher, lorsqu’il posa l’œil sur la flaque de Rhum au sol qu’elle venait de gaspiller de précieuses gouttes de son somptueux et exquis nectar, un plaisir qu’il ne pouvait et avait apprécié durant la dernière décennie qu’il avait passé à vagabonder à travers le Monde et même en tant que Shinobi aujourd’hui. « Ooof, t’es tro’jeune pour’ça ! ».
Malgré son corps d’adulte, force était de voir qu’elle ne tenait absolument pas l’alcool qui du point de vue de Zenjuro n’était pas si fort que ça contrairement à ses breuvages ordinaires qui feraient tomber un Ours dans le coma en une gorgée. Il riait. Reprenant le rhum des mains de la jeune femme en riant il se permit de vider cul sec posé dans l’eau chaude la bouteille qui donnait tant de mal à la blonde avant de la claquer sur le sol, assez fort pour que cela produise un bruit synonyme d’enthousiasme pour le sauvage, mais de manière assez contrôlée pour ne pas casser le réceptacle à alcool sur le coup.
Reposant son regard vers la mer, le borgne était venu dans ces lieux sans but précis, si ce n’est peut-être de s’évader un peu, retrouver sa patte sauvage à travers cette indépendance qui l’avait toujours caractérisé depuis sa plus tendre enfance. Au gré du vent. Nombre de contrées avait-il pu traverser, pour autant, cet instant était sûrement l’un des plus agréables à ses yeux tant le cadre était relaxant. Son attention se porta sur Ruka qui se mit à répondre à sa question par des mots qui donnaient réellement l’impression au Jonin qu’il avait face, où plutôt dos à lui dans le contexte une enfant qui n’avait encore rien découvert du Monde, par-delà la Mer, l’Océan, qu’elle semblait regarder avec intérêt et admiration. Du point de vue de l’ancien Pirate, cela paraissait inconcevable, ayant vogué assez longtemps pour y être familier tout comme la Nature en général avec laquelle il avait tissé un lien semblable à une famille, des liens profonds telles les racines des marécages, qui même si elles avaient plus d’un million de fois au travers des monstruosités qu’elle y abritaient avaient voulu la mort de Zenjuro selon la loi du plus fort, c’est cette loi, et cette indépendance, cette capacité à vivre à l’état sauvage qui le rendait insensible contrairement à la touriste à ce qu’il ne connaissait que trop bien en l'instant.
« Ahaha ! T’jamais allé en mer ? C’peut s’arranger, j’une p’tite faim après tout ça… Allez, j’t’emmène pêcher avec moi, on y va ! » Ni une, ni deux, le corps couvert de cicatrices de l’Epéiste immergea des flots dans lesquels il se laissait aller quelques secondes plus tôt. Un pied, puis l’autre par impulsion, il sortit complètement du bain, faisant une nouvelle fois face à Ruka, puis se retourna, lui faisant signe de le suivre pour aller voir la Mer qu’elle semblait aimer de plus près, voir même voguer dessus tandis que le Vagabond irait pêcher leur déjeuner, toutes ces émotions lui avait donné une faim de Loup.
Ayant remarqué avec évidence qu’elle ne terminerait pas son verre, l’homme prenait la liberté de se l’envoyer cul sec. Son regard et l’expression sur son visage, Zenjuro semblait abasourdi par les aveux de la récupératrice. Ce dernier lui confiait qu’il avait une petite faim et qu’il allait donc en profiter pour l’amener pêcher. Son enthousiasme prenait une fois de plus Ruka par surprise lorsqu’il se relevait sans crier garde. Le géant sortait de l’eau fièrement exposé tout près du visage de la jeune femme qui se contentait de détourner rapidement le regard avant de rougir. « Encore. » Celle-ci relevait les yeux vers le ciel. « Donnez-moi la force. » Oui, car bien évidement, l’homme donnait l’impression d’être plutôt bien dans son corps et donc, porter des vêtements pour aller pêcher ne devait pas être sa priorité.
Celle-ci se doutait bien d’être tombé sur un cas particulier en voyant comment tous le dévisageaient. Mais sa différence ne faisait pas de lui une mauvaise personne, au contraire, il donnait l’impression d’être l’une des meilleures personnes qui lui avait été donné de croiser. Ce qu’il dégageait derrière son air sauvage était bienveillant. S’il ne l’était pas, il ne se serait pas donné la peine d’aller la rattraper dans sa chute. À cul découvert, Zenjuro s’éloignait des bains. « Il est sérieux là on y va ? » Se disait elle avant de se relever pour le suivre. Timide, elle rentrait un peu les épaules et tentait de se couvrir et tirer le petit kimono vers le bas pour éviter d’être exposé sous les souffles du vent.
Ceux-ci sortaient des limites de l’établissement pour descendre vers l’océan. Ruka le suivait et se montrait beaucoup moins habile que lui se limitant dans ses mouvements pour ne pas dévoiler ses attributs comme le faisait son compagnon. Le vent était fort entre les gros rochers, ce qui fouettait sa chevelure pour la sécher rapidement. Zenjuro s’était arrêter un peu plus bas, ce qui avait permit à la belle blonde de le rejoindre. La jeune femme trouvait un peu de stabilité avant de relever les yeux vers l’horizon. Ses grands yeux dorés s’illuminaient et la demoiselle emplissait ses poumons de cet air salé avant de la renvoyer dans un grand soupire qui la détendait. Elle en oubliait même la tenue d’adam de son camarade. Pendant cet instant rien n’avait d’importance, ni même le vent qui s’attaquait aux tissus de sa petite tenue. Ruka se pâmait d’émerveillement devant une telle vue.
« Il est merveilleux. »
Disait-elle tout bas. Le soleil était maintenant bien levé, son ciel bleu bordait l’horizon de petits nuages blancs et l’eau. L’océan tant qu’à lui scintillait sous la lumière aveuglante du soleil. C’était comme si on y avait enfui des trésors et qu’ils se manifestaient à la surface. De gros frissons forçaient la demoiselle à se redresser. Le temps d’un court instant, la femme fermait les yeux pour profiter de cette douce musique. Ruka se sentait seule au monde, comme lorsqu’elle s’abandonnait dans ses pensées en lisant tous ces livres qui le décrivait et aucun d’eux ne pouvait le décrire aussi bien qu’elle ne le vivait aujourd’hui. Cependant, autre chose lui traversait l’esprit la ramenant à la réalité, Il s’agirait surement de sa dernière fois au bord de la mer, car dans un futur beaucoup trop proche, sa liberté s’envolera et ces images demeureront des souvenirs qu’elle racontera à ses enfants.
Ce petit air triste assombrissait son visage émerveillé devant tant de beauté, il lui était même douloureux de penser qu’elle devrait laisser derrière elle tout ce qui lui avait été donné de découvrir de ses propres yeux. Néanmoins, son sourire de s’estompait pas totalement, le coin de ses lèvres ne pouvaient se résoudre à descendre. La demoiselle ravalait sa salive et se tournait vers Zenjuro qu’elle avait presqu’oublié.
« D’où venez-vous ? »
Ruka s’intéressait vraiment au parcours de l’homme, il n’avait pas vraiment l’air comme les autres, premièrement son allure. Sa peau scarifiée était la preuve qu’il avait vécu beaucoup de choses, la bonté qu’il dégageait et sa façon de s’exprimer. Sans en oublier son manque de pudeur assez flagrant. La demoiselle rougissait de peur d’avoir été trop indiscrète.
Aussitôt sorti du bain que le borgne s’engouffra dans le long couloir orné de différents tableaux simples, comme la représentation d’un paysage, d’une personne, les teintes différentes formaient un rythme sur le passage de Zenjuro, d’une peinture à l’autre sur lequel se perdait son regard, sa marche bien droite le mena rapidement à passer devant les vestiaires dans lesquels il rentra et en ressortit, quelques instants plus tard avec son Kimono qu’il portait sur son épaule et son Nodachi qu’il portait de la main gauche. Sa nudité ne le gênait pas, pas outre mesure et c’est dans cette tenue pour le moins naturelle qu’il déambulait maintenant dans la Rue d’un pas calme, tranquille, seules ses Geta étaient encore en place alors que le reste de ses affaires personnelles étaient confortablement installés sur son épaule. Il faisait bon vivre au Village et les rues étaient bondées de stands divers et de tout genre, de la vente de légumes à la vente de vêtements devant lequel Zenjuro passa devant le regard incrédule du Marchand qui aurait pu littéralement lui vendre une tenue complète, du caleçon jusqu’au manteau vu l’arrivée théâtrale du buveur de Rhum qui fit s’évanouir sur son passage les quelques saintes qui n’avaient jamais vu de penis de leur chaste vie, vœu exaucé, elles n’étaient plus chastes mentalement désormais. Le baptême des trois sœurs accomplies, le Vagabond s’aventura, toujours accompagné de Ruka qu’il surveillait quand-même du coin de l’œil après avoir été témoin de sa maladresse et la fit attendre devant une Taverne. Calme, à cette heure, bien évidemment animée par quelques ivrognes notoires qui n’avait de réputation et d’existence autour de leur table purent remercier le survivant de « Nume » qui les fit traverser la vitre de l’établissement, une sortie en grandes pompes comme on ne pouvait en voir que dans un film.
L’énergumène ressortait armé d’un tonneau de Rhum, et d’une canne à pêche qu’il avait emprunté à celui qui buvait désormais en continu la tasse tout en agitant ses bras et ses jambes, un phénomène que ne nota pas le borgne qui poursuivit sa route en escortant la demoiselle qui comme lui, en moindre mesure était sortie uniquement vêtue d’un petit Kimono trop court pour être confortable, surtout pour la demoiselle qui s’étonnait de voir plus tôt un Homme nu, ce qui ne traversa pas l’esprit de Zenjuro pour qui être habillé où être nu n’avait qu’un seul avantage et c’était dans le but de résister au froid, et ça, l’Isthme du Gel lui avait bien fait comprendre ! La bête n’avait quasiment pas dormi, elle était fatiguée, elle n’avait qu’une obsession, poser ses fesses dans sa barque et prendre le large, pêcher, manger, dormir sous un arbre, tout ce qu’il avait toujours fait mais cette fois, il était accompagné par Ruka qui semblait de plus en plus absente. Au fur et à mesure qu’ils approchaient la mer, le regard que lui portait le Sauvage décelait un réel émerveillement, visible, même pour lui, ce qui lui arracha un sourire. Plongé l’espace d’un instant dans son esprit, il revoyait le moment où lui et sa femme découvraient ensemble la Mer, le vaste Monde dissimulé derrière toute cette masse aqueuse, derrière cette étendue bleutée, aussi bien les cieux que les eaux. Derrière le sourire de Zenjuro se cachait une pointe de nostalgie, accompagné par le chant des Mouettes qui retentissait de plus en plus à mesure qu’ils approchaient de la barque que le borgne emprunta à un Marchand Local en échange d’une bonne prise lors de sa partie de pêche, c’était quelque chose qu’il faisait un peu partout et malgré le suivait une réputation de pêcheur né.
La question de la petite blonde le fit redescendre de son nuage, où plutôt de la mouette qui elle s’envolait, par-delà l’horizon en fredonnant un air que seule elle et ses pairs connaissait, l’air des Marins qui prenaient le large par extension. Un regard plus sérieux, un sourire, l’Homme répondit sans trop de mal. « Hm ? J’viens d’Uzushio j’sui’un Shinobi chez eux, c’paye d’quoi boir’ donc j’fais des missions et j’de bonnes surpris’parfois ! Et toi ?» L’air de rien, il était curieux de savoir à qui il avait affaire, surtout venant d’une personne qui voyait la Mer pour la première fois.
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