Espoir sur toi! [ft. Ena]

Le soir s’entâmait à peine, la petite guérisseuse venait de mettre les pieds aux baraquements de soin pour accomplir son devoir de la journée. Avant son arrivée, elle était prise dans son petit monde quotidien, à déambuler en Suna pour poser sur la populace son fameux regard bienveillant à l’affut de tout problème à régler. Chez le peuple, peu de danger; c’est toujours chez les combattants des ombres que la menace plane. Cette fois, la mort était venue pour chercher une autre petite fille au parcours mystérieux. À peine entrée, la jeune Konomi fut promptement attirée aux côtés d’un lit médical de fortune aux allures rougies par du jus de veines.

Elle s’appelait Ena, et on ne savait pas comment ni pourquoi elle était dans un aussi sale état. Incapables de faire quelque chose pour elle, les infirmiers avaient attendus au mieux l’arrivée d’un médecin. Elune n’étant que mansuétude et générosité, elle avait pardonné l’incompétence de ces gens devant la mort et avait envoyé son meilleur élément pour leur venir en aide.

La petite s’assoit par terre, devant le corps en douleurs, puis délie la boucle de son ridicule sac de secours. Elle oserait dire qu’elle n’en a pas besoin, mais il faut bien faire son travail quand Elune demande de rattacher les morceaux de la vie en un seul. À ses oreilles viennent les halètements d’agonie, à ses narines les relents d’un combat, d’un feu fini. Elle sait calmer la peine et dompter la souffrance.

Les mains jointes, les yeux posés sur le visage meurtri de l’autre petite fille, Koko force la bonté divine de sa déesse à sortir de ses entrailles, à venir danser pour apaiser cette amie dans le besoin. Entre ses doigts, la lumière nait. «Les espoirs d’Elune pour Ena.»

Elle dépose son cadeau près de la tête de sa patiente, laissant la lueur accomplir son travail. Elle sent sous ses doigts que les muscles sont moins tendus, qu’elle peut commencer son traitement. Filant quelques signes mystérieux, une lumière blanche se forme au creux de ses mains. Elle se porte sur les blessures de la combattante, faisant s’évaporer les égratignures bénignes et s’arrêter les coulées de sang sur son passage.

Au bout d’un moment, la Fille de la Lune se rend compte que les yeux de son amie sont ouverts. Ses mains au niveau du ventre, ses lueurs s’activant toujours, elle tourne un peu la tête vers Ena pour lui adresser quelques petits mots en souriant. «Je te soigne, Elune est avec toi.»

Malheureusement, ses paroles laissent un peu à désirer, on voit bien que ses talents dans les arts médicaux sont bien plus développés que ceux dans les arts de la conversation. Probablement parce que dans une telle situation, elle ne saurait vraiment que dire.

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Ce n’était pas la première fois. Ce n’était pas la dernière, très certainement. Les choses avaient empiré exponentiellement depuis qu’on l’avait arrachée à la fougueuse lumière de Yuuki-chan et celle de Rinka. Depuis quelque temps, elle errait entre les équipes venant porter main forte ici et là, soigneusement gardée loin de sa magnifique rose des sables et de sa sulfureuse dune. Pourtant, on ne lui avait pas dit immédiatement qu’elle serait retirée de l’équipe, préférant d’abord l’envoyer à droite et à gauche dans le but de la ‘’préparer à son départ.’’

On lui avait appris ce matin-là par l'entremise d'un chunin de la tour qui l’informait de sa nouvelle affiliation. Ça c’était mal passé, pour elle. D’abord les cris, l’orage. Des menaces vides, le son du tonnerre au loin. Les supplications et les larmes, la pluie qui s’abattait piteusement. Pourtant, le Chunin n’avait pas cédé, il n’avait pas changé d’idée.

« Si tu réussis à me battre, je vais accepter, sinon tu peux pas faire ça ! »

Alors là oui. L’homme le savait qu’il pouvait, défi ou pas, mais l’envie de remettre Ena à sa place lui démangeait depuis qu’il l’avait vu pour la première fois dans la tour, alors que cette débile profonde hurlait pour une mission. Au pire, son supérieur aurait à s’en occuper. Ils étaient donc sortis à l’extérieur où ils s’étaient battus. Ena n’avait même pas eu le temps de lever un doigt qu’elle s’affaissait déjà sur le plancher, incapable de respirer proprement. On l’avait rapportée au baraquement à demi consciente, marmonnant des phrases (en était-ce même ?) sans queue ni tête. Sa tête pendait en arrière, en avant, elle n’essayait même plus de la retenir. Lorsqu’elle fut allongée dans un des lits, elle n’était plus consciente.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, des lueurs magiques, merveilleuses, dansaient autour d’elle et une lumière sur son ventre attira son attention. OH MA ELUNE YUUKI-CHAN ÉTAIT VENUE LA SOIGNER !!!!!!

Non, ce n’était pas elle. Ce n’était pas sa tempétueuse nymphe des dunes, mais plutôt une autre fille. Elle faisait de la lumière, comme Rinka, comme Yuuki-chan. OH MA ELUNE. C’était une Kusaribe, c’en était sûr. UNE KUSARIBE SOIGNAIT SES BLESSURES. La pyromane en titre de Suna eut un mal fou à retenir le frisson d’excitation qui traversa son dos et hérissa les poils de ses bras. Déglutissant difficilement, elle tenta de parler. Non rien à faire. Ena n’arrivait pas à se concentrer sur rien d’autre que la fille penchée sur elle, que les lumières gracieuses dansant près d’elle.

Puis, la voix douce comme des clochettes de cette petite déesse résonna accompagner d’un sourire. OH MA ELUNE ! C’était donc ça recevoir le sourire d’une Kusaribe ? Elle en voulait plus. Elle voulait tous les sourires de cette fille-là juste pour elle. Personne d’autre n’avait le droit d’avoir ne serait que la moitié de ça. Non jamais. C’était à elle.

« m … Merci. »

La jeune Tomei venait enfin de parvenir à dire un mot et ce fut comme si un barrage venait d’éclater.

« Wow. On t’a déjà dit que tu es plus belle que le soleil ? »

Quelle mauvaise approche et pourtant, aux yeux d'Ena, c'était vrai. Entièrement vrai. Une peau claire, parfaite, pas de la même façon que la sombre peau de Yuuki-chan, c’était plus un parfait … pur ? Oui, voilà. Cette fille, elle était un parfait d’une pureté inégalée. Cheveux châtains courts brillant comme de la soie, des yeux verts et scintillants comme des joyaux, un sourire doux, un air innocent. Dire qu’Ena pensait avoir le faible pour le filles plus agressives, la voilà qui oubliait de respirer devant une demoiselle si délicate qu’elle avait peur de la briser en deux rien qu’à la regardant.

Normalement, pour la petite Koko, cette tâche est de l'ordre du commun; elle a vu plus effrayant, mais s'est quand même montrée rassurée de voir Ena ouvrir les yeux. C'était, du moins pour un médecin, le signe le plus sécurisant et le plus valorisant; les efforts portent leurs fruits. Depuis les évènements de Baransu (là, quelque part dans le monde, où la protégée de la Lune n'a jamais eu la chance d'aller), un fort besoin d'accomplissement s'est lentement laissé croître en son sein.

Les mains jointes une fois de plus, le scintillement vert des paumes guérisseuses fait son apparition. La tendre petite pousse des oasis se permet d'insinuer sur les ecchymoses et sur les plaies anesthésiées ses meilleurs outils de travail. Après une bonne bouffée d'air, elle libère toute cette énergie curative et se donne de tout son mal à remettre sur pied le plus rapidement possible sa compagne ninja.

Puis, un frisson et la chair de poule; signe qu'il faut faire preuve de patience, que le patient soit prêt pous qu'on se remette à l'ouvrage. Une fois la procédure reprise, on voit d'amblée l'amélioration de cette peau bossée et couverte de rudesse; «tu guéris bien, je finis bientôt.»

C'est alors qu'on lui parle, chose à laquelle la soignante du moment ne s'attendait pas; vu les blessures, la parole est revenue drôlement vite. Toujours concentrée sur sa tâche, la vaillante Koko-chan a quand même pu écouter d'une oreille pesante les mots d'Ena. Incertaine d'avoir bien compris, elle prend un moment pour réfléchir et ralenti la cadence de son chakra curatif.

Ses yeux tombent dans le vide un moment, après avoir compris. Il ne laisse présager rien de bon, mais ce n'est pas tout à fait le cas. Les yeux finissent par se fermer, les mains joignent les joues qui se mettent à rosir, comme le bout de son petit nez.

Tint alors une voix transie, une courte ligne sortie à la dérobée d'un sourire béat; «non, jamais...»

S'échappe aussi un  rire doucereux et débordant de gaieté.

Autant dire la vérité, la petite Koko n'arrivait même pas à y penser, trop occupée à baigner dans la réalisation que quelqu'un lui a fait un compliment (aussi brusque et sans contexte soit-il). On lui a peut-être dit des milliers de fois, mais de chacune d'elles ressort cette inexplicable sensation de bien être qui ensevelit tout le reste.

Au bout d'un petit moment, la gamine envoyée aux anges finit par réapparaître sur le bon plan physique, par redescendre de son nuage moelleux et argenté (non, il était doré, bien entendu), pour finalement rétorquer: «maintenant, je finis!» Elle reprendra donc avec fougue et motivation son travail pour remettre sur pied la gentille jeune fille qui avait bien voulu voir en elle quelque chose qu'elle ne voyait pas.

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L’innocence incarnée dans un écrin de soie, voilà ce qu’était cette fille au yeux d’Ena. Un précieux trésor de porcelaine à protéger, quelqu’un pour qui elle n’hésiterait pas à se prendre pire que cela. Oui, c’était ça. Les yeux jaunes de l’adolescente ne quittaient plus la petite brunette à son chevet, un mirage tendre, instant de douceur octroyé par l’aride désert, une oasis de surcroit dans son long périple. Peut-être que si Yuuki-chan continuait d’être si distante, peut-être que celle-ci, était en réalité la fille dont lui avait parler la diseuse de bonne aventure et qu’elle avait tout faux depuis le début ? Non, ce devait être Yuuki-chan, mais comment penser autrement de cette délicate petit bout de femme ?

Non, il fallait chasser la tentation. Et pourtant elle ne devait pas être sur son chemin pour rien. La réaction de sa soigneuse était tellement pure, douce et adorable qu’elle laissa Ena la bouche à demi ouverte, des cœurs dans les yeux.

A-DO-RA-BLE.

« C’est vrai. T’es vraiment très très belle. Si les autres le disent pas, c’est parce qu’ils sont soit aveugles soit cons. »

Dans les deux cas, ça l’arrangeait beaucoup, car elle pouvait garder pour elle cette réaction de la délicate fleur des sables. Les autres n’y avaient pas le droit.

« Merci d’me remettre en un morceau. Ça va mieux pour faire mon travail. Tu sais, je suis Chunin. J’suis une cheffe d’équipe et je suis pas mal forte ! Si tu veux, un jour j’te montrerai ça. C’pas mal chaud quand j’y mets »

Elle lui fit un petit clin d’œil de sa position toujours allongée. Un clin d’œil qui avait semblé être difficile à faire, mais même si elle n'était pas dans le meilleur des états, elle ne pouvait s'empêcher de chercher à vouloir l'impressionner. Après tout, c'était très peu flatteur de se retrouver dans cette situation lors d'une première rencontre avec une Kusaribe. Mais ... n'était-ce pas ainsi que l'on rencontrait des Kusaribe ?

« Moi, C’t’Ena et toi, c’quoi ton nom ? »

Elle se devait découvrir le petit nom de cette envoyée d’Elune. C’était, après tout, le premier pas pour découvrir qui de Yuuki-chan, Rinka ou ce magnifique petit oiseau de paradis était sa promise. Bien que fantastique, sa rose des sables était bien trop épineuse et ne la laissait pas la cueillir. La sulfureuse épéiste des dunes était plutôt tranchante et semblait imperméable aux approches d’Ena. Ce petit oiseau de paradis avec qui elle n’avait échangé que quelques paroles s’était déjà laisser réagir et flatter par ses mots. C’était tellement plus que n’importe qui d’autre que Ki-chan …

Lorsqu’elle obtient sa réponse, Ena savait déjà comment elle l’appellerait et elle ne sut retenir sa question :

« J’peux t’appeler Koko-chan ? »

Oui, c’était mignon, autant que Konomi elle-même, c’était un surnom plus que digne d’elle.

Faire la journée d’une personne aussi simpliste? Il n’y a rien de plus facile; on la rassure qu’elle est plus belle que le soleil, probablement parce qu’elle on peut la regarder bien plus longtemps. L’idée d’être un phare ensoleillé illuminant le chemin de sa nouvelle amie fait particulièrement plaisir à Koko.

Ou Koko-chan, pour ceux qui savent lui rappeler qu’elle a de l’importance, et qu’elle est facilement aimable. Le rose aux joues commence à brûler, la petite prêtresse ne sachant trop quoi dire suivant cet aveu irascible et sans nuance; Koko-chan devait donc être diablement belle pour que tous ceux qui ne le remarquent pas soient soit affublés de cécité ou considérés immanquablement comme débiles. Pourtant, elle ne s’est jamais vue comme particulièrement jolie; les atours féminins lui font quelque peu défaut, Elune n’étant malheureusement pas la déesse du temps et n’ayant (selon elle) pas eu la chance de pencher en sa faveur quand l’univers avait discuté des points importants de sa puberté.

Alors que la soignante continue de panser abondamment les blessures sous ses yeux, elle s’interroge sur un autre point. Au fond, peut-être qu’Ena voit au travers son enveloppe charnelle, qu’elle apprécie la beauté intérieure de Koko-chan, cadeau entier de la Déesse-mère. C’est vrai que c’est possible; au fond, peut-être qu’Ena se rend compte de tout ce qui fait Konomi. Elle est positive et vaillante, elle est intelligente, elle est unique... et intelligente... et unique... mais surtout intelligente et unique...

Enfin, elle se voit sortie de force de toute sa fascination personnelle lorsqu’on l’initie à un langage plus familier, auquel il manque des morceaux. Des paroles rapides et des mots qui s’entrechoquent et se connectent trop vite pour que Koko en comprenne tout le sens. Elle a compris le remerciement (et a incliné la tête vers Ena, pour exprimer à sa façon que “c’est tout naturel”), chuunin et chef d’équipe. «Oh!»

Elle répond donc de sa voix très enjouée que «moi aussi!», tout en tapant frénétiquement des mains. Un point commun! Elle admettra alors (avec un petit pincement dans sa voix, signe qu’elle est un peu gênée) que «moi par contre, je n’ai pas d’équipe, on m’envoie rarement au dehors parce que je ne sais pas me battre... même si j’aimerais sortir plus souvent...»

On lui demande alors son nom, et après avoir répondu qu’elle connaissait déjà celui d’Ena (sans pourtant dire qu’elle l’avait seulement découvert il y a moins d’une heure), se fit un plaisir de lui donner le sien. Konomi, mais on m’appelle toujours Koko.

Koko-chan? «...Oui!» Elle avait fait mine de réfléchir un instant à l’idée, mais Koko étant Koko, la réponse ne pouvait être autre que Oui. Un Oui accompagné d'un hochement de tête et d'un petit sourire avec les yeux fermés. L’envoyée d’Elune ne vit (sans vraiment le cacher) d’amour et d’eau fraîche; elle aime qu’on l’aime, que l'affection à son égard coule à flot. «Toi, tu sors souvent? C'est comment, en dehors? Est-ce que c'est amusant d'être une ninja?»

En travaillant sur un pansement à mettre sur le flanc gauche d'Ena, elle laisse entendre quelques questions pour montrer qu'elle s'intéresse, sans trop savoir comment bien formuler ce qu'elle veut dire. "Est-ce que c'est amusant de partir en mission et de combattre?" Serait la question, mais elle ne peut pas l'articuler comme il le faudrait.

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Koko-chan était des plus charmante, tellement qu’elle se laissait aller aux surnoms d’Ena. Koko-chan. C’était mignon, c’était parfait. Cette fois-ci ce fut à Ena de sourire jusqu’aux oreilles. C’était exhilarant de voir que cette jeune fille la laissait s’approcher ainsi sans la chasser. Peut-être accepterait-elle-même, si elle avait beaucoup de chance, d’être son amie ? Incapable de retenir un rire à demi heureux, à demi dérangé.

Une amie. Une amie Kusaribe. Tous les rêves les plus fous d’Ena se réalisaient les uns après les autres. Enfin, non pas tous. Il manquait qu’elle puisse épater la petite lueur divine des tourments de la vie de Shinobis. Elle voulait la garder dans un combat, s’assurer qu’aucun mal ne lui soit fait. Un si délicate envoyée de la déesse ce devait d’être gardée par les meilleurs ninjas de la nation.

Puis, comme si la gentillesse de base de la petite Kusaribe n’était pas suffisante, elle sembla se montrer intéressée à ce qu’Ena faisait, à sa carrière de kunoichi. Rougissant, un peu, celle qui aurait pu, avec de la chance, manipuler le verre se racla la gorge avant de répondre à la question de Koko-chan.

« boarf, souvent, je sais pas, mais des fois. Je suis trop forte, alors on aime pas m’envoyer quand il faut faire des trucs en douceurs ! J’fais du feu, beaucoup de feu. Fort, voyant et surtout inarrêtable ! »

De simplement le dire comme ça, sans en ajouter, sans expliquer davantage, ça lui semblait bien trop vide. Elle avait besoin de preuve. Elle fouilla rapidement dans sa mémoire, les missions qu’elle avait récemment exécutées. Ah oui, celle tout c’était bien passé, c’était l’exemple parfait de sa force.

« Un jour on m’a envoyé pour faire fermer boutique à un marchand d’merde, alors, sais-tu que j’ai fait ? J’ai tout brûlé ! La mission a été facile, très. J’ai vaincu les gardes avec un dragon de feu et POUF ! Plus de boutique, juste la victoire. »

Ena souriait à pleine dents, visiblement très fière de son coup. Elle regarda la réaction de la jeune fille, de douce sa fleur des oasis, avant d’ajoute avec le même ton fier :

« Pas pour me vanter, mais j’veux dire, quand t’fais du feu comme moi … Y’a jamais grand-chose qui s’met sur ton ch’min ! »

Un paon qui étalait sa queue colorée, voilà ce qu’était Ena. C’était plus fort qu’elle alors qu’elle ne désirait que faire bonne impression sur la délicate prêtresse d’Elune, lui prouver qu’on pouvait lui faire confiance, qu’elle était forte et qu’elle serait capable de protéger sa douce dans n’importe quelle circonstance. Sa douce, déjà ? Et Yuuki-chan ? La si belle, si parfaite Yuuki-chan ? Elle n’était plus là, plus son équipière et ne lui avait jamais montrer ne serait-ce qu’un instant de sympathie à son égard, alors que Koko-chan lui montrait déjà une compassion sans fin et ça ne faisait pas quelques minutes qu’elles se connaissaient.

« La prochaine fois que j’vais aller en mission, j’vais essayer de voir si t’peux venir avec moi. J’ai souvent besoin d’être recollée de partout comme ça. Je donne des coups plutôt solides, mais j’encaisse mal »

Se redressant d’un bond, Ena frappa son poing droit dans sa paume gauche, un éclair de génie lui traversait l’esprit.

« Je peux demander qu’on aille en mission toutes les deux ! Comme ça j’pourrai t’montrer à quel point je suis forte, tu pourras prouver à quel point tu es indispensable sur le terrain et tu pourras voir c’est quoi être ninja ! »

Disons la vérité: Konomi n’a de ninja que le titre (accompagné d’un grade, certes), sa famille n’étant pas très admirative des gens de l’ombre. La vision de la petite fille en est même partiellement teintée; les shinobi sont nécessaires, mais n’existent que pour faire le mal, la sale besogne. Elle n’a rien à redire sur ces gens qui acceptent de servir à leur façon, car elle-même le fait. Si elle ne sait voir le bon  derrière les gestes d’un assassin ou d’un chasseur de primes, elle sait par contre poser les yeux sur la personne qui se cache en dessous. C’est pour ça que malgré les actions qu’elle décrit (et dont elle semble particulièrement fière), Koko ne peut lui en vouloir.

Une discrète moue avait malgré tout teint son visage. Tout brûler, c’est risquer de causer du mal à ceux qui ne le méritent pas. Elle cherche dans les paroles de sa nouvelle amie quelque chose à quoi se rattacher, pour ne pas garder en tête ce sujet trop longtemps. Elle finit rapidement d’arranger son bandage et range le reste de sa trousse.

Un dragon! Voilà quelque chose qui pourrait fortement l’intéresser (de plus, Ena aimant apparement les dragons, un autre point commun).

Enchantée par cette parole inattendue, elle reprend vite de l’entrain; elle ne ne pourrait pas trop en dire sur cette espèce mystique, si ce n’est que «le symbole de ma famille, c’est les dragons!»

Si Koko n’en a jamais vu, c’est bien parce qu’ils n’existent pas. Pourtant, les légendes du clan ont bercé son imaginaire des années durant; ils représentent la force et la protection, et ils crachent souvent du feu.

Une idée malsaine commence à germer dans l’esprit de la jeune Kusaribe, et elle n’hésitera pas à en faire part. Elle croit sur parole sa nouvelle amie, et serait prête à la suivre si elle... accepte de devenir un dragon. «deviens mon dragon de combat! Je veux rencontrer un vrai dragon un jour, mais... je ne peux pas faire ça toute seule.»

Indispensable, c’est déjà le cas, mais si Koko pouvait avoir à ses côtés quelqu’un capable d’accomplir les tâches funestes d’un ninja, alors elle aurait enfin quelqu’un de confiance, quelqu’un de prêt à la laisser se rendre utile.

«Tu veux?» Une main tendue, de l’amie d’Elune vers une nouvelle amie d’Elune. Elle attendra, mais dans son coeur Koko-chan sait qu’elle vient de faire la rencontre de quelqu’un de formidable, qu’elle saurait apprendre à apprécier sous toutes ses coutures à raccomoder le moment venu.

Surtout, elle était prête; elle avait finalement trouvé quelqu’un qui voulait d’elle et qui n’oserait pas croire que sa faible carrure pourrait un jour être dans le chemin.

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La question de l’innocente prêtresse du désert fit briller une myriade d’étoiles dans les yeux ambres de la jeune Tomei qui déjà s’empressait d’ajouter d’un ton fort, déterminé et plein d’entrain :

« OH MA ELUNE OUI ! J’serai ton dragon, ta gardienne, ta protectrice, un rempart, une bombe, Koko-chan. J’serai tout c’que tu veux que j’sois. »

Ena posa sa main dans celle de Koko-chan, l’air transie devant sa question, mais également face à sa propre déclaration. Elle comptait enfin pour quelqu'un. Si Konomi avait pensé que sa demande serait accueillie avec une nuance, une teinte de gris ou même juste un peu de rationalisme, elle ne connaissait pas Ena. Elle n’avait aucune idée de l’ampleur de la folie de la jeune kunoichi, ni de son désir de plaire. Si la fragile guérisseuse, si sa fleur des oasis voulait un dragon, jamais un dragon plus protecteur n’aurait existé. Sa décision était prise et Ena ne pouvait en aucune façon revenir dessus. Elle garderait Koko-chan d’absolument tous les maux du monde. Elle serait sa gardienne dans les ombres pas tant dans les ombres que ça. Si konomi voulait toujours un dragon après ça, Ena irait lui chercher elle-même. Elle lui rapporterait en laisse, dressé et sans danger.

« Merci encore d’m’avoir recollée d’partout. »

Peut-être avait-elle perdue Yuuki-chan, mais elle venait de gagner la plus pure et la plus douce des amies qu’elle aurait pu imaginer. Elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour la garder à ses côtés. Cette fois-ci, elle n’aurait pas l’excuse d’être dans la même équipe pour lui parler, elle était son dragon. D’ailleurs … Il lui faudrait une apparence de dragon pour être un dragon … Elle irait bientôt travailler là-dessus. Pas question de décevoir Koko-chan.

« Je vais t’amener voir les dragons. Ceux que t’voudras. J’le jure. »

Une promesse que jamais Ena ne reprendra, une promesse qu’elle ferait tout pour mener à bout, même si cela voulait dire qu’elle devrait foutre le monde entier en feu, qu’elle devrait raser villes et villages, car il n’y avait rien de plus beau que le sourire de sa fleur des oasis. L’univers, c’était un bien faible prix à payer pour la voir ainsi être heureuse.