L'Étoile et le Nuage. [Entraînement] (Solo)

Technique à apprendre:

La terre était sèche. L'été avait brûlé l'herbe autrefois verte. Elle était maintenant jaune et terne. Tellement anhydre qu'elle rompait sous le poids de la jeune fourmi.

Les antennes en alerte, celle-ci tentait de retrouver le chemin de phéromones tracé par ses congénères pour rejoindre la maison-mère. Ses pattes griffues s'entremêlaient dans les tiges cassantes, l'énorme morceau de pain de riz qu'elle tenait entre les mandibules, presque aussi gros qu'elle, l'empêchait en prime d'avancer à vive allure.
La colonie se méfiait de cet endroit, toujours abondant en nourriture, mais plus encore en danger. Le sucre y était roi, cependant, d'immenses gardiens, si haut qu'ils en étaient invisibles, semblaient défendre ces trésors, et, chaque fois que les ouvrières chassaient dans les environs, elles étaient attaquées et écrasés par de gigantesques choses capables de faire trembler le sol à chaque coup.

L'insecte avançait en titubant, ramassant le morceau de nourriture chaque fois qu'il tombait avec la résilience qui caractérisait son espèce.
Soudain, la chitine de l'animal se dilata légèrement sous l'effet de l'humidité qui venait d'emplir l'air.

Par instinct de survie, elle lâcha le trésor qu'elle avait transporté jusque-là et se cacha sous une feuille épaisse. Quelques secondes plus tard, elle regarda les sphères d'eau d'une taille comparable à la sienne s'écraser sur le sol avec fracas.
La fourmi connaissait cette menace venue d'en haut. Depuis toujours elle était l'ennemi des colonies, la destructrice des fourmilières. Pourtant, il suffisait d'attendre pour que le déchaînement aqueux ne cesse.
Alors, le formicidae régurgita une partie de la nourriture qu'il avait stocké dans son jabot social, organe normalement destiné au don de nourriture, puis avala le repas pour se redonner des forces avant de se recroqueviller sous la tige du végétal qui l'abritait.

Quelques secondes passèrent à peine et déjà, la pluie disparut, laissant le soleil réchauffer agréablement sa carapace.

Guidée par son instinct, la fourmi repartit en quête de nourriture. Maintenant qu'elle était assurée de ne pas finir emprisonnée dans une goutte, il était impensable de rejoindre la cité sans un apport.

Traversant la forêt jaune, les antennes en alerte, l'insecte arriva bientôt devant une immense étendue ocre, constituée de petit cailloux. L'espace s'étendait à perte de vue et le contraste avec la forêt était on ne peut plus marqué. Comme si les géants avaient tracé à l'aide d'une immense griffe cette démarcation.

Le grand désert.

Le lieu interdit.

Les légendes que les nourricières racontaient aux œufs de la reine parlaient d'un espace infini, pilonné sans arrêt par les coups des géants et sans vie. Composé de roche et de vide.

Les géants aimaient le vide, sans doute pour y marteler des coups.

Sans cesse.

Chacune de leurs frappes faisait pousser la pierre et enterrait le vivant.

La fourmi resta immobile, face à cet espace infini qui s'ouvrait devant elle. Mais la contemplation ne dura pourtant pas très longtemps.
Les géants avaient senti l'ouvrière entrer en territoire ennemi, et ils ne tardèrent pas à la chasser.
Celle-ci plongea dans la forêt sans hésitation et se mit à l'abri dans une coquille d'escargot abandonné depuis des lustres par son propriétaire. Les coups des géants se rapprochaient, et si l'insecte avait eu peur de la mort, elle aurait sans doute psalmodié ses dernières prières. Mais elle ne fit que patienter. Avec raison, car les coups la dépassèrent bientôt, s'enfonçant plus loin dans la végétation.

La recherche de nourriture put reprendre, mais seulement quelques instants, car aussi incroyable que cela puisse paraître, l'humidité de l'atmosphère avait encore drastiquement augmentée et le pilonnage reprit de plus belle. Cette fois-ci, les gouttes semblaient encore plus grosses, faisant plier les feuilles sous leur poids. L'eau s'infiltrait rapidement dans la terre aride, mais cela ne l'empêcha pas de ruisseler dans les fissures creusées par la sécheresse. La fourmi ne pouvait plus compter sur un abri de fortune. Il fallait fuir.
Évitant avec toute l’adresse dont elle était capable les flaques qui fleurissaient partout, elle accéléra le pas alors qu’une feuille venait de céder, créant une explosion froide et humide qui provoqua une vague circulaire s’approchant dangereusement de ses six petites pattes.
Enfin, la forêt se fit un peu plus dense, le ciel bleu devint une immense toison verte protégeant le sol des attaques. La fourmilière se rapprochait, les phéromones de ses congénères étant plus odorantes par ici, mais une délicieuse odeur de nourriture se mêlait aux messages de la colonie.
Elle était forte, douce et fraîche, l'être ne put donc résister à sa pulsion et se précipita vers la piste du festin.

Lorsqu’elle arriva guidée par ses antennes, le sol de la forêt semblait couvert par un entremêlement de fibre. De couleur noire, la surface se révéla douce et facile à grimper, les minuscules griffes s'accrochant parfaitement entre les fils.
La fourmi sembla monter ainsi pendant une éternité.
Des montagnes mouvantes garnissaient ce paysage, le rendant chaotique par son évolution permanente.

Heureusement pour elle, la vue n'était pas un organe vital dans ces cas-là et les phéromones dégagées par la nourriture ne mentaient jamais. Après une ascension périlleuse, elle atteint une falaise, de couleur beige, qui semblait à la fois dure et molle au toucher.

La surface dégageait une chaleur revigorante et c'est avec une motivation renouvelée qu'elle entama l'escalade de la paroi.

La nourriture était proche, elle le sentait, elle touchait au but. Elle allait revenir avec des réserves pour la colonie, elle allait remplir son rôle. Loin de tout bonheur ou besoin de reconnaissance. Simplement parce que c'était ainsi.

Une bourrasque de vent vint soudain la désarçonner et c'est seulement en mordant dans la matière qu'elle réussit à se maintenir.
Elle ne craignait pas la chute, mais elle n'avait pas envie de recommencer. À peine avait-elle fait quelques pas qu'une autre bourrasque beaucoup plus proche cette fois-ci apparut. Une ombre gigantesque vint masquer le toit végétal qui lui servait de refuge et…

- Aïe ! Dit Sanada en se tapant le cou avec la paume de la main. Ouais, je pense que je maîtrise enfin ce satané nuage de pluie comme il faut. Il regarda ce qu'il avait senti et découvrit une minuscule fourmi noire. Son corps inanimé et recroquevillé, sans doute par le choc, gisait. Il la jeta dans la nature avant de croquer une nouvelle fois dans son pain de riz à l'encre de seiche.

- Et combien de temps ça dure ton truc. Dit Kaname, Le Fûma qui était son partenaire désigné d'entraînement avant l'examen.

- Pas longtemps, comme la première fois où je te l'ai montré, c'est juste que c'est une averse plus puissante quoi.

- Ben, je dois dire que c'est impressionnant. Mais bon, cela ne t'empêche pas de perdre à chaque fois contre moi. Parce qu'à part faire la pluie et le beau temps, je comprends pas trop l'utilité de ton affinité si rare.

- Je dois t'avouer que moi non plus.. Dit Sanada presque à contre-cœur.

- Allez, on y retourne ! Rétorqua le Fûma alors que le nuage invoqué par le chakra du Masamune venait de s'estomper.

Sanada engloutit le reste de son encas avant de se relever du tronc sur lequel il était assis. Il foula les quelques mètres d'herbes qui séparaient le début de la forêt du petit terrain d'entraînement derrière l'académie puis, enfonçant ses pieds dans la terre battue détrempée, se tint prêt au combat.

Kaname avait été choisi par Rokuro pour son extraordinaire dextérité dans l'utilisation du shuriken géant qui faisait la réputation de son clan. Il alliait l'art du shurikenjutsu avec une technique martiale sans faille. C'était un adversaire bien au-dessus du soldat des Cinq, et, sûrement, la vieille l'avait désigné pour que son élève se souvienne du chemin qu'il lui restait à parcourir. Cela n'empêchait pas le genin d'en vouloir à sa senseï, au contraire.

Sanada se releva avec difficulté d'une “Dainamikku Entorî “ qui le prit au dépourvu.
Crachant une salive rougeâtre qui avait un goût métallique, il commença à former des mudras, mais fut interrompu par une salve de senbons qui fonçait dans sa direction. D'un saut sur le côté, il parvint à l'éviter, mais fut incapable de reprendre son incantation.

Sous les rafales de shurikens d'entraînement et de ses poings, le Fûma annihilait toutes possibilités de mettre en place une stratégie. Sanada n'avait pas une seconde de répit, il évitait tant bien que mal, mais toute son attention et sa concentration étaient orientées vers une échappatoire.

Quand le soleil commença à décliner, les deux comparses s'arrêtèrent. Sanada était sale et amoché. Tout le contraire de Kaname qui n'avait aucunement l'allure d'un jeune homme qui venait de se battre pendant des heures.
Le Masamune se sépara du Fûma au croisement entre le domaine du clan et le centre-ville.
Avec un salut sans conviction, il accepta l'invitation de Kanamé à combattre dans trois jours, pour qu'ils puissent mieux percevoir leur progression.

Sanada se sentait mal pour le grand gaillard. Il était faible, les confrontations l'aidaient sans doute à progresser, Bien que le seul domaine qu'il pratiquait réellement soit l'esquive, mais pour le clanique, cela devait être une corvée et une perte de temps.
Le soldat des Cinq détestait la compétition et le fait de perdre ne le dérangeait pas plus que cela. Son arrogance céleste, elle, ne supportait plus d'être l'éternel boulet que l'on devait traîner partout.

Le voyage avec Mifuyu et l'expérience du temple, le renoncement dû à sa faiblesse surtout, avait été un coup dur à accepter. Il revoyait sans cesse le regard sans pitié de la Sorcière, sans colère non plus. Seule une lueur de déception, aussi tranchante que ses scalpels, avait hanté ses iris ce jours-là, et ce souvenir, suffisait à lui glacer le sang.

Sanada fumait calmement, adossé à la fenêtre de son logement qui ne lui servait que de temple, il observait les gouttes de pluie qu'il avait invoqué percer le nuage de fumée blanc provenant de son calumet.
Il regarda les passants, qui ne comprenait vraisemblablement pas ce si brusque changement de temps, sans trop les voir. Il méditait sur la meilleure façon de progresser.

Après avoir libéré son affinité naturelle, il avait naïvement cru que sa progression serait exponentielle. Qu'avec la force des cieux enfin délivrée de ses chaînes, il n'aurait plus qu'à transmettre leur divin pouvoir sur la terre par la seule force de sa volonté.
La réalité était tout autre.
Les badauds qui se couvraient la tête à l'aide de leur fourniture en courant se mettre à l'abri n'avait peut-être pas été choisi pour trouver le prophète, mais les cieux leur avaient confié un pouvoir équivalent au soldat des Cinq, bien supérieur parfois.
S'il voulait se donner les moyens d'accomplir sa mission divine, il allait devoir redoubler d'efforts et commencer à prendre l'art du combat au sérieux.

- Arrête ça tout de suite, ça fait deux semaines que tu es revenu et depuis, je peux plus étendre mon linge pour qu'il sèche ! Y en a marre de tes nuages qui polluent le ciel de l'immeuble.

- Désolé madame Masako ! S'exclama Sanada en se frottant la tête d'un air gêné.

Celle qui habitait en face de chez lui était une vieille dame veuve d'un riche marchand. Elle passait son temps à la fenêtre espionnant la vie du quartier avec la rigueur d'une taupe infiltré. Souvent, quand Sanada priait devant les autels qu'il avait sculptés à la gloire de ses victimes, il l'apercevait entre deux rideaux, fouinant à la recherche du moindre fait qu'elle pourrait raconter à ses copines autour d'une bonne bouteille de saké, à l'izakaya, en bas de la rue.

- Tu vas stopper cette pluie ! Nom d'un £egok !

- Le problème, c'est que je ne peux pas vraiment l'arrêter... Dit-il en souriant pour faire passer la pilule. Mais ne vous en faites pas, elle ne va pas durer longtemps.

Le genin n'attendit pas la réponse véhémente de la vieille dame et ferma la fenêtre avant de quitter l'immeuble en vitesse.
Quand il fut arrivé au coin de la rue, il regarda le nuage qui planait au-dessus du pâté de maisons s'estomper, non sans éprouver une certaine fierté. Il y avait quelque chose de grisant dans la maîtrise des cieux, une forme de gigantisme qui clouait au sol son être, mais propulsait son ego haut dans le ciel. Il se sentait petit devant son pouvoir, mais immense en sachant qu'il lui appartenait.

Il se dirigea vers le port afin d'emprunter une barque. Il avait remarqué une facilité à invoquer son affinité au large, quand plus rien ne séparait l'océan du ciel.

Une fois que le grand port de commerce ne fut qu'une ligne lointaine à l'horizon, il s'arrêta.

Quelque mudras qui l'avait appris durant les premiers mois de sa formation basique à l'académie lui suffirent à enjamber la barque pour se mettre debout sur la surface de l'eau.
Le genin, au milieu de l'océan, invoqua alors la technique de ranton qu'il maîtrisait le mieux, Heures Sombres.

Un nuage aussi noir qu'un ciel sans étoile apparut au-dessus de sa tête. L'altitude très basse du stratus accentuait le changement de luminosité et pendant un instant, seuls des points lumineux traversèrent le regard du soldat des Cinq, partiellement aveuglé.
D'une nouvelle salve de signes incantatoires, il transforma le nuage, l'étoffant de matière aqueuse. Celui-ci se gonfla et prit une teinte grise claire. Les gouttes d'eau ne tardèrent pas, mais le genin n'en avait pas fini avec sa création.
Libérant une quantité de chakra ranton, il tenta de le faire évoluer en un cumulus orageux, quintessence du domaine qu'avaient choisi les dieux pour lui.

Il avait réussi sur l'île, une fois, une seule. Il savait donc qu'il pouvait le faire, mais malgré l'application et l'optimisme qu'il garda jusqu'à la nuit tombée, aucun orage n'apparut sur la scène céleste.

Pendant deux jours, le genin emprunta la petite barque pour s'isoler au large.

Des heures durant, il s'entraîna à former un nuage d'orage, des centaines de tentatives plus tard, il invoquait un cumulus chargé en électricité, mais une digue semblait retenir quelque chose.

Le nuage était parcouru de flash lumineux, mais aucun des éclairs présents à l'intérieur du château éthéré ne semblait vouloir quitter son refuge pour s'écraser sur les flots.
Sanada, pourtant, ressentait la séparation mystique de son âme, cette partie de son soi qui montait aux cieux pendant que son corps restait ici-bas.
Le nuage d'orage avait une chose en plus que les autres. Le ressenti était extrêmement faible, mais il sentait, comme lorsqu'il avait affronté la bête de boue dans le temple, que ce nuage était un catalyseur à raiton.
Sous son ombre, entouré de ses gouttes, il pouvait sentir les flux électriques en lui s'épaissir. Il n'avait plus besoin de forcer pour invoquer un éclair ou bien même la technique paratonnerre. Ce nuage semblait agir comme un allié.

Un allié fugace, cependant, qui ne durait pas plus de quelques secondes. À peine le temps pour le genin de lancer une technique et entrevoir le fabuleux potentiel de ce cumulus.

Le dernier jour avant l'affrontement, le genin réitéra ses efforts jusqu'à être au bord de l'épuisement. Retournant enfin sur la barque pour s'asseoir et se restaurer, il profita de la vue imparable qu'il avait sur le coucher de soleil avant de ramer jusqu'au port.

Exténué, il ne s'arrêta même pas pour souper et s'écroula sur le hamac entouré des plantes odorantes sur le toit de son habitation.

Il s'endormit presque aussitôt.

La nuit fut douce, avec les bruits lointains du port pour berceuse et la chaude brise d'été pour couverture.

"Ce n’est pas la hauteur: c’est la pente qui est terrible!

La pente d’où le regard se précipite dans le vide et d’où la main se tend vers le sommet. C’est là que le vertige de sa double volonté saisit le cœur.

Hélas! mes amis, devinez-vous aussi la double volonté de mon cœur?

Ceci, ceci est ma pente et mon danger que mon regard se précipite vers le sommet, tandis que ma main voudrait s’accrocher et se soutenir–dans le vide!

Et c’est pourquoi je vis aveugle parmi les hommes, comme si je ne les connaissais point: afin que ma main ne perde pas entièrement sa foi en les choses solides…."

Sanada lisait des prières dans le grand livre Osmiétien de sa mère qu'il emportait partout quand il s'arrêta.
Il se souvenait de cette psalmodie, et de ce que la Pythie ajoutait à chaque fois, qui n'était pourtant pas présent dans le texte. “ Il faut se laver les yeux à chaque regard.”

Ce fut comme si tout devenait clair en un instant.

Depuis le début de sa formation, il avait inconsciemment appris à séparer son affinité, d'abord par l'apprentissage intensif du raiton, puis en s'exerçant à malaxer le suiton en lui. Jamais il n'avait laissé son chakra libre de tout contrôle.
La technique du nuage de pluie requérait une dose plus forte de suiton, ce qu'il avait réussi naturellement à doser. Heures Sombres, elle, correspondait à son niveau de maitrise du godaï, celui d'un débutant.
Pour invoquer l'orage, il fallait apprendre à désapprendre comme disait un vieux sage.

Malheureusement pour lui, sa découverte arrivait un peu trop tard, et c'est l'après-midi même qu'il aurait à prendre sa revanche sur le Fûma.
Il fut le choix de ne pas s'exercer, afin de préserver ses réserves de chakra. Avec une confiance quelque peu naïve assurément, il tentait de se persuader que le nuage allait marcher dans le feu de l'action, quand il l'invoquerait sans réfléchir. Comme il l'avait fait sur l'île du temple.

Il alluma son calumet en attendant son partenaire tout en s'étirant afin de ne pas se blesser bêtement.

Kaname ne prit pas cette peine, et, à peine avait-il foulé la terre battue qu'il invita son partenaire à le rejoindre d'un signe quelque peu provocateur.

Le fils de l'orage ne se fit pas prier et attaqua sans même un tour d'observation. D'un enchaînement de signes incantatoires qu'il avait répété des dizaines de fois ces jours-ci, il adjura la présence d'un nuage noir qui masqua partiellement la visibilité sur le terrain d'entraînement.

Son adversaire fut un peu surpris. Dans la pénombre et parmi les arbres, le Masamune devenait soudain une cible bien plus difficile à repérer.

Le Fûma, sans perdre son sang-froid fit tournoyer sa gigantesque étoile d'acier autour de lui, formant une barrière contre les attaques physiques.
C'est le moment que choisit Sanada pour envoyer une salve de senbons de foudre qui percèrent la demi-obscurité, semblant s'allonger par le contraste et la vitesse.
Kaname esquiva sans peine, mais trop occupé à éviter les fines épines électriques, il ne vit pas l'androgyne encapuchonné sur le côté, qui, d'un coup de pied sauté, le désarçonna.

- Se cacher dans le noir pour utiliser un clone. Pas mal. Même si, selon les cours de l'académie, le clone est un leurre, c'est donc lui qui aurait dû envoyer la technique et toi le coup au corps-à-corps, mais tu es sans doute un peu trop couard pour ça. Dit-il en se relevant, un brin mauvais joueur.

Le clone ne sembla pas offenser par le sarcasme de son adversaire et se rua sur lui pour l'asséner de coup de poings. Sanada savait que lui comme sa réplique de foudre n'aurait aucune chance de battre Kaname en duel de taijutsu.
Tout ce qu'il voulait, c'était un peu de temps pour invoquer le nuage d'orage et ainsi ouvrir la porte du tonnerre en lui.

C'est lorsque le clone explosa dans une gerbe d'éclairs que Sanada passa à l'action. Vidant son esprit au maximum, il composa les mudras avant de lancer sa main directrice vers le nuage noir.
Sans retenue, il laissa échapper un cri au même moment où une lueur bleutée s'élevait de sa paume vers les cieux.

Le cumulus prit de l'ampleur et de l'altitude. Le soldat des Cinq ressentait le changement d'état de la matière aqueuse sur chaque pore de sa peau.

Regardant le ciel, il laissa les gouttes couler dans son masque pour faire encore plus corps avec lui-même.

Le tonnerre gronda tandis que l'énergie raiton en lui bouillonnait enfin. Avec une facilité qui le déconcerta lui-même, il envoya un éclair de foudre si large que les ramifications touchèrent légèrement son adversaire quand bien même celui-ci avait fait un bond de deux mètres sur le côté.

Le regard du Fûma avait changé. Trempé et couvert de terre ocre humide, il semblait vexé de s'être fait avoir.

- Bon, j'admets que c'est pas mal tout ça. Maintenant, c'est à mon tour de jouer.

Se ruant sur le Masamune avec rage, il envoya un senbon doté d'une petite cloche qui attira immédiatement l'attention du jeune genin. Il l'esquiva aisément, cependant, il fut touché par une autre aiguille d'acier au bras.
La douleur était presque inexistante, mais étrangement, il avait du mal à bien bouger ses doigts.

Tentant de garder une certaine distance, le soldat des cinq commença l'invocation de Jibaishi, la course de l'éclair, mais ses gestes étaient brouillons, sa main gauche ne semblait pas vouloir obéir à l'esprit.

Ce fut une sensation étrange pour Sanada.

Pour la première fois de son existence, il percevait physiquement la séparation entre l'âme et le corps. Entre l'être divin, et l'homme rampant dans la boue.

Il contempla son index, essayant en vain de le plier. Kaname, lui, n'avait que faire des expériences métaphysiques du genin. On lui avait refilé un des pestiférés de sa promotion, un androgyne toujours entouré d'un nuage de fumée malodorant qui n'avait comme fait d'armes que le fait d'avoir agressé un couple dans un cours de pratique sous la direction de Myoshin Junko.

Le Fûma n'avait qu'une envie, surtout après le début de ce combat et la perspective de rentrer dans son domaine sale, ce qui prouverait sa faiblesse, le battre à plate couture.
Il savait qu'il n'avait fait preuve que d'arrogance en sous-estimant ce taré qui mettait un crâne d'animal mort pour combattre.

Sans aucune retenue, il lança son shuriken Fûma en direction du genin à capuche qui, agenouillé, avait apparemment tenté une technique.
Fendant l'air et les branches qui le séparaient de sa cible, le projectile frappa les côtes de Sanada, suivi par un autre, qu'il n'avait, à aucun moment, vu.

Il tomba sur le dos sous le choc, la respiration coupée par la douleur qui enflammait sa poitrine. Derrière le film de larmes qui troublait son regard, il distingua les sandales de Kaname qui s'approchaient.

- Tu vois, moi aussi, je fais des clones, mais ils ne disparaissent pas avant d'avoir touché leurs cibles. Redresse-toi si tu veux respirer. Joignant le geste à la parole, le robuste clanique aida Sanada à s'appuyer contre un arbre. Tu as de la chance, le shuriken que nous utilisons pour l'entraînement à les bords ronds. Si cela avait été le mien, tu serais sans doute en train de te vider de ton sang. Allez, on se voit pour la prochaine et dernière défaite. Dit-il avant de s'éloigner sans un autre regard pour rejoindre sa bande sur un terrain adjacent

Sanada resta assis très longtemps.
Chaque inspiration le heurtait, l'expiration était une expérience encore plus douloureuse.
Il voulut fumer, mais la latte vint emplir ses poumons de mille poignards et lorsqu'il toussa, ce fut encore pire. Soulevant légèrement son haut, il découvrit une large tache rouge foncé sur ses côtes.

Enfin, quand la nuit était déjà bien entamée, il se décida à confronter l'inconfort de la marche pour atteindre son hamac. Le trajet s'apparenta à une traversée du désert pour le jeune genin. S'appuyant sur les murs à la manière des marins qui sortaient des tavernes tôt le matin, il ne pouvait avancer de plus de quelques pas avant d'être contraint à une pause pour reprendre son souffle.
Après un effort incommensurable, il s'installa enfin sur son toit, et s'allongea pour soulager la douleur. Elle resta omniprésente toute la nuit, et le matin, c'était encore pire.

Sanada aurait pu demander de l'aide à Mifuyu ou Hatsumomo, il les savait expertes dans l'art de la guérison et du traitement des blessures, mais il ne pouvait pas toujours se cacher derrière les membres de son équipe.
Cette fois-ci, il devait affronter cette souffrance seul, comme il combattrait seul dans quelques jours.

Afin de ne pas perdre de temps, mais dans l'incapacité de s'entraîner correctement, il se rendit à la bibliothèque de l'académie, non sans difficulté, à la recherche d'inspiration ou d'une piste qui lui permettrait d'apprendre une technique capable de contrer le Fûma et son arsenal de projectiles impressionnant.

Des heures plus tard, il en était toujours au même point, si ce n'est que la torture qu'était la respiration devenait un peu plus supportable.

Désespéré, il se dirigea vers la maison de Rokuro. Elle avait toujours de bons conseils et un thé on ne peut plus réconfortant.

La vieille Miyamoto écouta le genin sans l'interrompre. Quand il lui dévoila la tâche sur sa côte qui virait maintenant au violet, elle se leva et invita son élève à faire de même. Sans un mot et sans délicatesse malgré les cris de Sanada, elle entoura son torse d'un linge humide imprégné d'une décoction de plantes. Elle serra, fort. À la grande surprise du genin, la respiration, bien que quelque peu bloquée s'avéra plus facile.
Il s'inclina pour remercier l'ancienne qui l'invita à se rasseoir.

- La défaite est bien meilleure professeure que la victoire, tu apprends, et c'est ce qui compte. Si j'ai choisi Kaname comme adversaire, c'est pour deux raisons. La première, c'est qu'il ne maîtrise pas ou peu le ninjutsu, se fiant à ses armes pour combattre. La plupart de tes adversaires non shinobi auront à peu près ce profil. Pas de ninjutsu, et beaucoup de corps-à-corps. Ce qui est justement ta faiblesse. Il est temps que tu trouves une solution à tout cela. Quel est, selon toi, le meilleur moyen de combattre un adversaire spécialiste du corps-à-corps sans être au contact ?

- Le clone, je ne vois que ça, c'est ce que j'ai fait, mais il est inefficace face à lui.

- Le clone de foudre est inefficace, c'est vrai. Tu as d'ailleurs maîtrisé cette technique très rapidement, tu la maîtrises parfaitement n'est-ce pas ?

- Oui, mais je viens de vous dire qu'elle ne marche pas…

- Réfléchis bon sang ! Dit-elle en s'énervant.

Le genin décontenancé se contenta de tirer une latte sur son calumet, oubliant sur le moment qu'il était à l'intérieur d'une maison étrangère. Le lourd et épais nuage de fumée qu'il souffla fut soudain transpercé par la lame de Rokuro, à une vitesse démentielle, elle retira la lame, laissant le nuage intact s'élever doucement vers les poutres sculptées qui ornaient le plafond.

- Tu as maintenant une réponse, je crois. Tu t'entraîneras ici jusqu'au combat, mais tu n'auras aucune aide. En ce qui concerne le ranton, je ne peux rien pour toi.

Le soldat des Cinq dîna seul avant de se coucher sous le saule pleureur du jardin.
Les longues branches de l'arbre tombaient sur le sol, formant un dôme presque étanche au monde extérieur.
Sanada aimait cet endroit, il se sentait bien, emmitouflé dans son hamac qui ressemblait à un cocon géant.
Il invoqua un nuage de tonnerre, mais dû s'y reprendre à plusieurs fois. Finalement, il se recoucha, bercé par les tonnerres et le bruit de la pluie pourtant fugace, il s'endormit avant que le cumulus ne s'estompe.

Le lendemain matin, il prit à peine le temps de faire sa toilette et de voler un gâteau de riz à Rokuro avant de dévaler, aussi rapidement que sa condition lui permettait, le sentier qui séparait le quartier Miyamoto et l'académie.

De toutes les salles de l'école shinobi d'Uzushiogakure, la grande bibliothèque était de loin la plus impressionnante pour Sanada.
Si l'enseignement théorique du village était réputé dans tout le Sekaï, il était parfois moqué.
Mais les médisants ne connaissaient rien de la somme de savoir qui fleurissait en son sein. Porté par le clan Omura et ses innombrables essais scientifiques, le clan Uzumaki, qui, de par sa maîtrise du fuinjutsu avait produit et recueilli un nombre incalculable d'ouvrages, le clan Fûma qui ramenait les trésors littéraires onéreux qu'ils ne vendaient pas, tout l'apprentissage des shinobis des îles étaient soutenues par des siècles de recherches, des siècles de savoir.

Sanada passa entre les immenses étagères de bois, il cherchait une section particulière, celle dédié aux godaïs. Ces formes de chakra hybride dont il était un des gardiens. Après une dizaine de minutes à déambuler entre les rayons, il débusqua une poignée de livres, au fin fond d'une petite salle concomitante à la cathédrale de papier.
Il finit par jeter son dévolu sur un traité intitulé “ Et s'il y avait plus de cinq affinités? - Essai sur le chakra hybridé”. Le genin dévora le livre, il était question des godaïs comme il l'avait espéré, cependant, si le bouquin faisait mention du Hyoton et du Yoton, littéralement la glace et la lave, rien concernant l'orage. Sans se décourager, il continua la lecture et c'est quand l'auteur parla d'un clone de glace et de ses effets spécifiques qu'il eut une idée, et comprit accessoirement pourquoi Rokuro avait percé le nuage de fumée la veille.
S'il pouvait générer un clone d'orage, ayant l'intangibilité des cumulus, alors, les shurikens et senbons de Kaname ne pourrait plus rien faire pour le détruire.

Emportant le livre avec lui, et débordant d'une énergie nouvelle, il s'entraîna toute l'après-midi en prenant soin de ne pas trop forcer. Enchaînant d'abord les clones de foudre pour comprendre comment le processus pouvait être appliqué au ranton.

Le clonage était une technique simple que tous les ninjas maîtrisaient. Cependant, cette technique basique en apparence se déclinait en presque autant d'affinité existantes. Les clones de boue des spécialistes doton comme Rokuro pouvait se reformer avec la glaise environnante. Les répliques aqueuses pouvaient user des techniques suiton tout en se reformant tant que de l'eau était à proximité. Chacune de ces duplications brillait par leur spécificité malgré l'apparente similitude.
Sanada devait trouver la combinaison stable pour transformer le ranton en une projection de lui-même. Si cela était possible avec la glace, il n'y avait aucune raison que cela ne marche pas avec l'orage.

À sa grande surprise, cela se révéla plus simple qu'il ne l'aurait espéré. En moins d'une journée, il était capable de produire une clone. Il était si léger cependant qu'il disparaissait à la moindre brise.

Le gros du travail débuta, et c'est aidé par les conseils de Rokuro qu'il améliora, de jour en jour, sa maîtrise.
Enfin, lorsqu'il se sentit prêt, la vieille dame tenta de couper la réplique de Sanada. La lame passa au travers, dévoilant la nature intangible du nuage humanoïde.
À la grande satisfaction de Sanada celui-ci perdit toute ressemblance avec lui, mais ne disparut pas.
L'ainée asséna des coups puissants qui ne parvinrent qu'à traverser la matière, dévoilant de petits éclairs au contact de la lame.

- C'est pas mal. C'est même très bien, on y arrive, mais ton clone est trop passif, je veux bien que par de sa nature, il ne puisse attaquer, mais tu dois trouver un moyen de le rendre plus gênant pour l'adversaire. Et puis, il était encore trop faible. Il ne résistera pas à une technique de base Fûton.

À ces mots, l'ancêtre invoqua son pouvoir clanique avant de composer des mudras. Elle dégaina son arme et d'un coup sec, trancha le vide. Une bourrasque impressionnante fila vers le clone qui fut coupé en deux, s'élevant dans les cieux pour rejoindre le stratus naturel qui couvrait cette journée d'été. T

- Tu y es presque. Encore un effort. Le combat est après-demain. Je te conseille de t'entraîner dur pour pouvoir te reposer avant l'affrontement. Je vais te préparer un thé bien fort pour la nuit. Allez mon garçon, au travail.

Sanada passa la nuit à affiner sa technique. Il fit des pauses régulières afin de travailler la théorie grâce au livre de l'académie et de reprendre l'énergie nécessaire à l'accomplissement de celle-ci.

Son travail avec Mifuyu avait considérablement augmenté ses réserves de chakra, il avait appris à la catalyser, à ne pas en faire un volcan débordant, mais une source fine et tranchante qui déversait juste ce qu'il fallait pour noyer les hérétiques nageant à contre-courant.

Le clone fut peaufiné au prix d'un plus grand coût en chakra. il devait donc être utilisé avec parcimonie, au risque de vider les réserves du genin en quelques utilisations.

La veille du combat, le soldat des Cinq, bien que fatigué, eut un mal fou à s'endormir. Dans sa tête tournaient les hypothèses et les mises en scène les plus improbables. Si lui avait fait un grand pas vers la maîtrise de son élément et de ce qui allait devenir la base de son art, il en devait être de même pour le Fûma qui, ayant déjà de l'avance, devait s'être encore amélioré, gardant une certaine distance avec le genin androgyne.
Il se remémora alors cette fable, ce lièvre qui courait plus vite, mais se reposait sur ses lauriers et finissait par perdre contre la tortue, lente mais régulière. Il se mit à espérer que Kaname avait profité de l'été sans craindre le combat à venir. Ses pensées se transformèrent bientôt en rêves, qui voltigèrent dans le dôme végétal du saule qui lui servait d’abri.

Kaname arriva en pleine forme sur le terrain, il avait vraisemblablement bronzé durant la semaine écoulé depuis leur dernière rencontre. Sanada, lui, avait passé des jours sous l’ombre de ses nuages, c’est le teint pâle et le cœur palpitant qu’il foula la terre battue, prêt au combat.

Le soldat des Cinq invoqua un nuage noir, qu’il transforma en nuage d’orage aussitôt. Le gardien de l'étoile d'acier, lui, regarda son adversaire faire, comme si, il voulait bien lui donner l’avantage du terrain.
Quand le premier éclair frappa à proximité, lâchant un grondement assourdissant, les oiseaux s’envolèrent, signant le début des véritables hostilités.

Sanada contra avec difficulté les assauts pied-poings de son adversaire, mais il comptait justement sur cela.
Il fallait endurer les coups et faire basse figure tant que le moment n’était pas opportun.
Il se laissa frapper à la tempe, mais attrapa le Fûma par l’épaule dans le même temps. Levant la main au ciel, il convoqua un éclair qui lui parcouru l’échine, avant de plonger vers son adversaire. Le choc déstabilisa les deux shinobis qui tombèrent à la renverse, les habits immédiatement tachés par la terre détrempée.
Sanada se releva rapidement et fit apparaître un petit nuage qui le cacha entièrement. Une seconde, plus tard, le stratus disparut, laissant apparaître une réplique du Masamune à ses côtés.

- Encore ton clone de foudre, je sais qu'il explose. Je m'en fous.

Sanada ne répondit rien, il se contenta de lancer un éclair de concert avec son clone.
Le Fûma esquiva les deux attaques et ce n'est qu'un morceau de bois mort qui fut calciné sous l'effet conjugué des techniques.

Transformant une nouvelle fois le nuage pour faire baisser la luminosité, le genin envoya une salve de senbons de foudre qui furent contrer par l'énorme shuriken. Cependant, l'assaut avait détourné l'attention du Fûma et lorsqu'il regarda son adversaire, le clone avait disparu. Ou bien était-ce l'original.

Un peu décontenancé, Kaname s'interrompit une seconde, regardant Sanada immobile.

- Tu crois que tu me fais peur, tu ferais mieux de bouger, parce que sinon je vais te choper. Le clanique jeta deux kunaïs en direction de Sanada qui ne bougea pas d'un iota. Les projectiles rasèrent la capuche du genin.
OK tu veux jouer à ça ? Dit Kaname passablement énervé par le comportement plus que déroutant de son adversaire qui avait pour habitude de fuir dans tous les sens.
Après un tour circulaire qui développa une force colossale, il jeta son shuriken géant vers Sanada qui ne semblait toujours pas décidé à bouger. L'étoile tranchante vint percuter le kimono noir, mais à la grande surprise de Kaname, elle sembla passer au travers. Actionnant les fils qu'il avait reliés à son arme, il tira de toutes ses forces, laissant le projectile percuter le dos du Masamune qui ne bougeait toujours pas, le visage fermé, comme s'il ne sentait pas vraiment la lame.

Soudain, sous le regard ébahi de Kaname, Sanada se transforma. En quelques secondes, il était devenu un nuage d’une vague forme humaine qui semblait flotter à quelques centimètres du sol.
Le Fûma concentra toute son énergie dans ses lancers, mais tous traversaient la forme en y creusant un trou, qui se rebouchait irrémédiablement.

- Où es-tu sale lâche ! Montre-toi cria-t-il en regardant autour de lui d’un air quelque peu paniqué. Il n’avait jamais été senseur ni prêté d’attention à ceux qui “ne savaient pas se battre” comme il disait. Mais à cet instant, il aurait tout donné pour débusquer son adversaire sans doute caché entres les arbres qui entouraient le terrain.

Sans réfléchir et pour exorciser la peur qui naissait en lui, il se précipita sur le nuage humain pour le frapper de toutes ses forces, mais ce qu’il craignait arriva, et son poing traversa la matière. Pire, il ressentit une douleur désagréable lui traverser le bras au moment même où il pénétrait la formation nuageuse. Se jetant tout de même dans la bataille, il asséna un coup tranchant de son shuriken géant, mais la douleur ne fut que plus grande.
À bout de souffle, il composa des mudras avant de claquer les mains, provoquant une bourrasque aussi rapide que puissante. Le clone parut disparaître pendant une seconde, emporté par le souffle. Mais au grand désarroi de Kaname, il se reforma, restant tout à fait immobile, le toisant de manière arrogante.

Le Manieur de l’étoile tranchante, fou de rage, se défoula sur le clone, mais ne fit qu’aggraver son état, prenant une décharge chaque fois qu’il frappait la cible impassible.
Ne prenant aucune considération du nuage d’orage qui s'élevait, le Fûma s’empara d’un de ses véritables kunais affublé d’un sceau explosif et le jeta sur le clone. L’explosion fut terrible, assez pour éveiller la curiosité de quelques voisins et des élèves à proximité. Le souffle parfaitement dirigé vers la réplique intangible le détruisit sans mal et c’est avec un regain de satisfaction qu’il invita les curieux à regarder le combat.

Sanada, toujours au sommet d’une branche, avait profité de l'aveuglement de son adversaire pour mettre en place son nuage de foudre, il avait senti le clone disparaître, mais, étrangement, il le sentait toujours quelques part, avide de matière et de ranton pour emplir son corps impalpable.

D’un geste instinctif, Sanada rabattit les nuages vers le sol, ceux-ci se muèrent en un fin filet banc qui, doucement, par des mouvements circulaires, forma un nouveau Sanada de l’orage.

Kaname parut horrifié alors que l'astre lumineux reprenait ses droits sur le terrain.
Palpant sa ceinture, il confirma ses craintes. Il avait utilisé son seul kunaï explosif, arsenal onéreux normalement réservé pour les missions.

- J'ai jeté des ryos par la fenêtre par ta faute ! Allez viens te battre maintenant.

Sanada ne se fit pas prier une seconde fois. Le Fûma était exténué, quand lui, bien qu'ayant dépensé une forte dose de chakra, n'avait pas encore sué.
Sans un mot, il sortit de sa cachette en lançant un Doroppu Kikku qui déstabilisa son adversaire. Le clone envoya de concert une salve d'eau qui l'éjecta un peu plus loin encore. Sanada posa les mains au sol, prêt à faire jaillir la course de l'éclair dans le sol détrempé tandis que son clone composait les mudras d'un éclair qui empêcherait toutes fuites sur les côtés.
Voyant les gerbes électriques jaillirent dans sa direction de toutes parts, le Fûma tapa le sol de sa paume par trois fois, indiquant ainsi son abandon.

Sanada s'arrêta, laissant son clone à côté de lui, comme un trophée.

Il se dirigea vers Kaname et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Celui-ci, à contre-cœur, fit mine de la prendre, puis d'un geste malicieux, asséna une balayette au genin pour le faire tomber.

Les jambes de Kaname ne furent cependant pas arrêtés par le corps de Sanada et les désagréables picotements parvinrent à ses cuisses à mesures que ses pieds traversaient le kimono noir du soldat des Cinq.

Celui-ci fit enfin disparaître son clone, qui dominait le gardien de l'étoile d'acier toujours à terre, et s'éloigna sans un mot.

- Je crois que les coups-bas sont l'apanage des shinobis. Dit le Soldat des Cinq en allumant son calumet. Merci pour la leçon.

Le soleil réchauffait ses habits humides, assis sur ses marches préférées surplombant le grand marché du port, il fumait tranquillement, imaginant les épreuves de l'examen qui se rapprochait. Du bout des lèvres, il susurrait une des fables que sa mère lui lisait avant de dormir sur son île natale.

  “...D'où vient le vent, il laisse la Tortue
              Aller son train de Sénateur.
              Elle part, elle s'évertue ;
              Elle se hâte avec lenteur...”