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Reminiscence [Solo]

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Reminiscence [Solo] Mer 25 Sep - 21:28
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tomorrow



Akihiko


Cela faisait déjà une semaine, jour pour jour, que le meurtre avait été commis dans le paisible village du Sable et que le corps gisant dans son propre sang avait été découvert. Étonnamment, la jeune femme  avait gardé son sourire simple et son regard fragile. Posée sur sa chaise, personne n’aurait pu la penser morte. Ce qui donna l’alarme fut tout simplement l’impressionnante quantité de sang qui couvrait la quasi totalité du sol de sa chambre. Qui avait eu la cruauté nécessaire pour s’adonner à un tel crime ? Même maintenant, en l’an quinze, la question se posait encore. Bien sûr, tous n’étaient pas au courant, mais les principaux concernés n’avaient pas oublié. Mais à l’époque où cela s’était déroulé… Personne n’avait pu ne serait-ce qu’oser imaginer qu’elle telle chose aurait pu se produire.
Désireux de retrouver le responsable et de lui faire payer au centuple ce qu’il avait fait subir aux proches de la victimes, un certain blond s’était mis en quête de le traquer et de ne revenir qu’une fois sa vengeance assouvie. Malheureusement, il ne savait pas du tout par où commencer ses enquêtes et ce malgré sa grande intelligence. Même ses talents de senseur n’avaient rien vu venir… Chercher directement au sein du village était dès lors inutile. De toute façon, le Kazekage allait se charger d’interroger tous les ninjas créchant entre ses murs, enfants comme membres du troisième âge. Personne n’y couperait. Il en avait fait d’ailleurs le serment à son fidèle Haut-Conseiller mais également second. Lui qui était la personne la plus importante après le dirigeant, aussi bien en tant qu’homme, que Shinobi, ou encore en tant que pièce maîtresse en cas de stratégie militaire, ne serait pas déçu.

A la nuit tombée, le dénommé Akihiko s’empara de son katana, d’un sac de voyage léger à l’intérieur duquel se trouvaient sa bourse et le minimum vital et d’un cadre photo – qu’il prit soin d’emballer avant de le mettre au fond de son sac, d’ailleurs – pour se rendre chez son « ami » le Serika. A cette heure aussi tardive, il n’y avait pour ainsi dire pas âme qui vive dans le village. To us étaient bien au chaud dans leurs humbles demeures tandis que ce dernier arpentait ces rues glaciales. D’un hochement de tête expéditif, il salua les deux Chuunins qui montaient la garde de la tour du village qui le laissèrent passer. A cet effet, il emboîta les escaliers et, sans même crier gare, ouvrit avec force la porte de son supérieur.
Le regard grave et sans émotion, le blond avançait doucement vers celui qu’il était venu voir. Il ne démissionnait pas, non, mais il tenait malgré tout une lettre minutieusement emballée dans un papier de soie.  Avec délicatesse mais fermeté, il la déposa sur le bureau de son interlocuteur qui, d’un doigt, stoppa son entreprise. De son autre main, il lui pria de s’asseoir tout en jetant un œil à la pendule située à sa droite. A son sens, ils avaient le temps de discuter quelques temps.

« Alors ça y est, Akihiko… Il semblerait que tu sois enfin prêt à en finir… Me trompe-je ?
- En effet, Kazekage-dono… Mais ce dernier le coupa.
- Non, il n’y a pas de « Kazekage-dono » qui tienne entre nous. Appelle-moi Senshi. Nul besoin d’instaurer une telle formalité entre nous, surtout après ce que nous avons déjà pu partager et ce qui nous attend dans un futur proche… Akihiko arqua un sourcil. Dans un futur proche ?
- Peut-être, Senshi… Mais dans l’immédiat, j’ai besoin de votre…
- De TA Le reprit le maître du Sable, ce qui fit grommeler le conseiller.
- … de ta… De ton approbation pour quitter le village pour une durée indéfinie. Sa gorge se resserrait à mesure que les mots sortaient.
- J’ai donc vu juste. Dis-moi… L’Ombre du Sable marqua une courte pause et proposa à son ami qu’ils s’en grillent une. Es-tu sûr que vous n’étiez que de simple frères et sœurs d’armes avec feu Aika ? Demanda-t-il alors que le blondin accepta volontiers cette cigarette.
- Encore une fois, non. Je te l’ai déjà dit à main tes reprises, Senshi… Rétorqua Akihiko sans montrer ne serait-ce qu’une faille. Je veux simplement venger, comme tu l’as si bien mentionné, une sœur d’arme. Crois-moi, j’aurais agi de la sorte avec n’importe quel Shinobi de notre village… lui assura-t-il ensuite.
- Soit. Je ne vais pas plus remettre ta parole en doute. Lâcha Senshi qui sortit un registre du tiroir situé sous son bureau. Donc, absence à durée indéterminée, disais-tu… Reformula-t-il.
- Parfaitement, acquiesça le veuf.
- Dans ce cas… Je peux très bien te rayer de nos registres afin de balayer toute information à ton propos et éviter tout problème par la suite pour t’y réintégrer à ton retour. Ou alors… Il sortit un parchemin accompagné d’un tampon et d’une plume. Ou alors… Nous pouvons considérer que je t’envoie sur une mission de rang S, sans que cela n’ait aucun impact quelle qu’en soit l’issue. Il lui tendit alors le registre et le parchemin. Quel est ton choix ?
- Akihiko ne dit pas un mot, se donnant le temps de la réflexion. Il fit brûler la lettre qu’il avait apportée avec lui et, malgré encore quelques hésitations, désigna le vieux parchemin de son index droit. La mission me semble être l’idéal. Mais dans le cas où nous nous ferions attaquer de nouveau, peut-être serait-il préférable de remplacer les informations me concernant par d’autres fausses. Il ne le laissa pas répliquer. Je connais ma notoriété à travers le monde, Senshi, mais rares sont les personnes extérieures au pays du Vent à connaître mes diverses facultés. Après tout, ne m’as-tu pas choisi comme Haut-Conseiller car je savais manipuler la foule à ma guise ? Siffla-t-il.
- Ainsi personne ne réalisera la supercherie, surenchérit le Kazekage alors qu’il écrasait son mégot dans le cendrier, se levant ensuite tandis que ses pas le guidèrent vers le balcon surplombant une bonne partie du village endormi. D’un geste de la main, il invita son camarade à le rejoindre.
- Senshi, je… » Mais il fut coupé par ce geste insistant.

Aussi le rejoignit-il sans ajouter un mot, curieux de savoir ce qu’il voulait encore lui dire, voire même lui montrer. Une fois positionné sur le balcon, le Kage lui conseilla de prendre appui sur la balustrade pour pouvoir contempler le village. A ce moment-là, ses yeux s’écarquillèrent. Il n’avait jamais remarqué que ce balcon donnait directement sur le « cimetière du sud » de Suna, endroit où tous les héros du village – même les moins connus – reposaient. Ainsi, s’il restait aussi tard dans cette pièce… était-ce pour veiller les morts ? En tout cas, c’est ce que se disait Akihiko. Son expression qui s’était adoucie après les quelques mots échangés avec son hôte se renfrogna  spontanément. Entre plusieurs tombes se trouvait un trou fraîchement creusé. Il savait que c’était la place qui avait été destinée à Aika. Plus encore, son air en devint presque menaçant, ce qui alarma tout de même Senshi.

« Es-tu sûr de ne pas vouloir te confier, Akihiko ? Sans voir ton visage je peux sentir ton hostilité ainsi que ton envie de meurtre… Il apposa sa main sur l’épaule du susnommé et tenta de le calmer. Ce dernier fit volte-face, surprenant même le grand Serika qui n’avait pas vu une telle soif de sang depuis de nombreuses années.
- Senshi… Laisse-moi accomplir ma mission. Sa voix était on ne peut plus sèche. Il prit son katana et emprunta la porte qu’il avait manqué d’éclater un peu plus tôt. Merci pour cette dernière cigarette.
- Nous nous reverrons, Akihiko… Termina Senshi quoiqu’un minimum concerné par tout ce qui était en train de se passer. Il savait que son intendant ne ferait rien d’irréfléchi, néanmoins il n’avait pas envie que le village se passât de sa présence pour trop longtemps… »

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Re: Reminiscence [Solo] Mer 25 Sep - 23:12
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Akihiko


Véritable fauve assoiffé de sang, Akihiko était parti du village en abandonnant toute son humanité. Ses ressentiments, son empathie, ses volontés… Tout était resté sur le balcon du Serika avec qui il avait partagé cette dernière cigarette. Son dernier attachement. Son repenti. Son éternel salut. Du moins, l’espérait-il. Le Haut-Conseiller savait la route longue et sinueuse. Le chemin empêtré et tortueux. Pourtant, le voici élancé, avec pour seul et unique but de découvrir ce qui était réellement arrivé à Aika et qui avait été capable de la tuer de sang-froid et avec préméditation. Qu’avait-elle bien pu faire pour mériter cela ? Jamais son franc parler ne saurait être mis en exergue. La Fuwa était bien vue de tous, au village. Tous l’aimaient, tous l’appréciaient. Alors pourquoi ? Pourquoi mettre fin à ses jours ? Pourquoi la laisser, là, gisant dans son propre sang, avec pour seul support sa chaise préférée ? Tant de scénarios, tant de possibilités… Mais, malheureusement, aucune réponse. Son Ondoyance s’en voulait fermement – et personnellement – de n’avoir été capable de la protéger. C’était pourtant là son devoir. La protéger, veiller sur elle… Et par deux fois, il en avait été incapable.
Méritait-il seulement encore son titre et les privilège qu’on lui accordait ? Pouvait-il encore accepter tout le crédit dont on lui faisait montre, là, dans sa cage dorée ? Avait-il seulement le droit d’être encore vivant après tout ça ? Le doute s’était emparé de lui, de son subconscient. Mais comme un mécanisme de défense, son esprit lui-même s’était forgé une coquille protectrice de laquelle ne ressortaient que les pires côtés du Lion Enragé. Avide de sang et de vengeance, il n’avait cure de ce qu’il pouvait bien se passer autour de lui. Son but était aussi primitif que la vie qu’il s’apprêtait à vivre de longs mois durant. En était-il conscient ? Probablement pas. La seule chose qui faisait de lui encore un être humain n’étant que son physique, il y avait fort à parier pour que, effectivement, il ne se rendît compte de rien et ne se souvînt aucunement de ce qu’il avait pu être durant toutes ces années.

Une personne faible. Une créature insignifiante. Combien de fois l’avait-on protégé, d’ailleurs ? Trop, beaucoup trop. Même sa mémoire, aussi grande fut-elle, était incapable de toutes les énumérer. Dire que cela avait déjà commencé dans la cave, lieu triste, sordide et ô combien insalubre il avait pu voir le jour… Et encore, cela ne fut que de courte durée. Bien rapidement, l’on avait fait en sorte de lui retirer la moindre once d’espoir et le moindre rêve. Jamais n’avait-il pu avoir le luxe de sentir les battements du cœur de sa mère. En aucun cas n’avait-il eu le droit de la voir sourire d’émerveillement s’il lui apprit le doigt de sa toute petite main. A aucun moment ne lui avait-il été donné l’honneur d’entendre celle-ci rire. Au contraire. Tout ce qui avait entouré sa naissance n’était que désolation et amoralités. Ce qu’il se souvenait d’elle ? Ses cris. Ses gémissements. Le bruit horrifique de quelque instrument battant sa peau. Quid des joyeusetés de l’égoïsme de sa mise au monde ? Que nenni. Déjà issu d’une union forcée, Akihiko n’avait pas non plus pu voir celle qui l’eût porté pendant de longs mois. Fruit indésirable, il n’avait eu d’autre choix que de se soumettre aux bons vouloirs de son géniteur qui, par égocentrisme probablement, voulait le forger comme bon lui semblait, à son image, à son effigie.
Puis les années passèrent et la tête blonde continua de grandir dans ce lieu sombre et humide. Quel enfant pouvait se targuer d’être normal après six longues années passées dans une cave, avec pour seule compagnie des démons, une gêne, un mal-être palpable, des cris, des plaintes, de la violence ? Personne. Pourtant, son esprit avait déjà commencé à se complexifier… probablement pour le préserver, mais jamais ne lui avait-il été donné le bonheur de pouvoir occulter, ou au moins altérer, ces souvenirs douloureux. Peut-être que tout cela faisait de lui un survivaliste certifié, au final ? En un sens, il avait toujours accepté la vie qui lui avait été horriblement donnée, offerte. D’aucune manière Akihiko n’avait cherché à se défaire de l’emprise paternelle, ni même à échapper à son horrible joug. Chaque jour qui passait semblait le rendre plus conciliant. Bien rapidement, il avait appris à ne plus montrer ses sentiments ; les masques et filtres qu’il se forçait à revêtir devinrent rapidement son propre reflet, et c’est certainement une fois ce point de non retour atteint que le Kayaba perdit toute son innocence. Voilà de quoi bien résumer l’intendant : une innocence au placard et des masques si omniprésents qu’il en oublia qui il était réellement.

Des envies de meurtre et de vengeance plein la tête, c’était avec une ferveur et un vindicte inébranlables que le blond s’était élancé dans cette folle missions aux issues insoupçonnées. Mais si ce dernier était plus que motivé à retrouver qui avait été le monstre qui s’était permis – probablement de par un pseudo syndrome de Dieu tout puissant – de mettre fin aux jours de la seule qu’il n’avait jamais véritablement aimée. Des mois de fouilles s’entamèrent. Chaque jour était différent de l’autre, et pourtant, tous les rituels du Kayaba étaient respectés et menés à la lettre. Si ce dernier avait effectivement abandonné ce qui faisait de lui un être humain, son coeur, son amour pour Aika et son abnégation pour cette dernière étaient toujours là, ancrés au plus profond de son être, comme si c’était grâce à cela qu’il parvenait encore à respirer. Peut-être aussi était-ce son subconscient qui, pour éviter de totalement sombrer, était parvenu à lui trouver quelque point d’ancrage dans le monde réel, une attache véritable à cette maudite mansuétude. La lumière au bout du tunnel. L’infime once d’espoir dans le désespoir le plus sombre, le plus total, le plus poignant. De jour comme de nuit, été comme hiver, blessé comme en pleine forme… il n’y avait pas un seul moment sans qu’il ne pensât à son amour de toujours, celle qui avait toujours été à ses côtés, celle qui l’avait – une fois de plus – sauvé d’un trépas imminent, celle à qui il avait toujours souhaité offrir sa vie… Celle qui avait accepté cet acte de foi ultime.
Mais non. Le Destin s’était encore décidé à se jouer de lui et à lui retirer ce qui avait le plus de sens à ses yeux. Aussi le Maître des Flots s’évertuait à vivre dans l’ombre des autres, à la recherche du moindre indice, du moindre signe, de la moindre palabre qui aurait pu, éventuellement, le mener à sa Némésis. Mais il ne trouva rien. Ses recherches, pour l’instant, l’avaient mené ci et là à travers le monde. Il s’en était passé du temps depuis qu’il avait fumé cette dernière cigarette avec son seul ami, Serika Senshi. Par monts et par vaux, le Haut-Conseiller s’était même surpris à pénétrer au coeur de l’Empire de Tetsu, espérant acheter les services de quelques viles et avides espions. Hélas, rien n’y fit. Il avait même été jusqu’à se présenter de lui-même au sein d’une secte assassine composée uniquement de femmes (des mantes religieuses, en somme) afin d’obtenir des informations, même les plus minces, les plus maigres, les plus insignifiantes… à l’instar de son existence actuelle.

Encore une fois, il ne trouva rien. Rien qui pût le rapprocher d’Aika. Rien qui n’aurait su lui donner le moindre rapprochement quant à la raison symbolique et idiomatique de son trépas.
Le vide. Le néant. Le désespoir. Voilà ce qui fut offert au pieux vengeur qu’il était devenu. Seul et en quête de sang, il songea à de nombreuses reprises à la mort. Mais s’il y avait bien une chose qui le retenait à la vie, c’était le mystère encore non élucidé de sa belle.
Son coeur était meurtri. Son pas, lourd. Son esprit, plein de ressentiments. Ses espoirs, anéantis. Son âme, brisée. C’était aussi malheureux que prêt à en finir avec tout ceci, comme un acte salutaire qui lui aurait permis de la rejoindre, qu’il avait décidé de retourner à proximité de son point de départ, dans la plaine verdoyante de Karawar.

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Re: Reminiscence [Solo] Jeu 26 Sep - 18:54
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Akihiko


Pourquoi rien ne semblait vouloir aller dans son sens ? N’avait-il donc déjà pas suffisamment souffert lors de son enfance ? Était-il contraint de ployer le genou face à une fatalité contre laquelle il ne pourrait jamais lutter ? Tout juste âgé d’une vingtaine d’années, et pourtant le prématurément veuf s’était déjà résigné à la vie, allant même jusqu’à en oublier le sens. Aveuglé par sa rage, sa haine et sa tristesse, il était tout bonnement incapable de percevoir la moindre beauté de cette dernière. Pourtant, d’aucuns ne diraient qu’elle ne vaudrait la peine d’être vécue. La mort était, selon certains grands esprits, ce qui sublimait la vie. Son apogée, son paroxysme. La fin, oui, mais une jolie fin. Celle que tout le monde se devait, un jour ou l’autre, d’accepter. Mais pourquoi aussi tôt ? Pourquoi sans raison ? Ou plutôt, quelles étaient celles de cet être sournois et sempiternel qui avait effectivement le droit de décider de mettre fin au cycle d’Aika ? Tant de questions mais si peu de réponses…
Prêt à en finir une bonne fois pour toute, Akihiko était retourné au niveau de la pleine verdoyante de Karawar. Dans un élan de lucidité (ou un énième caprice), l’homme s’était tout de même décidé de s’octroyer un court moment de répit. Un dernier repas. Une dernière rasade. Une dernière écoute. Un dernier murmure. Un ultime plaisir – quelle ironie pour quelqu’un qui voulait effectivement rejoindre sa défunte. À quoi bon agir de la sorte ? Finalement, n’était-ce pas inutile, au regard de la finalité à laquelle il allait s’adonner ? Bah, peut-être que si, finalement. Peut-être allait-il parvenir à quitter ce monde en ayant retrouvé toute son humanité, celle qui se rattachait désespérément à lui à la manière d’une vague s’évertuant à vainement avaler le sable qu’elle écrasait.

Le cœur gros et le pas lourd, le Haut-Conseiller s’était doucement faufilé dans cette taverne qui, vraisemblablement, serait le théâtre de sa mémoire. Le clap de fin de son existence. Son propre repenti. L’air nonchalant, la posture vague, les bras ballants et le visage morne, le blondin avait rabattu sur son fragile minois une capuche aux teintes rougeaudes et noirâtres afin d’éviter qu’on ne le reconnût. Malgré tout, cet homme à l’abnégation sans faille ne voulait pas, même dans ses derniers retranchements, qu’on ne jetât l’opprobre sur sa Nation. Il ne voulait pas faire de vagues et ne voulait pas non plus faire parler de lui. Il souhaitait encore moins qu’on ne le prît en pitié, qu’on ne s’apitoyât sur son sort, qu’on ne tentât de le sortir de là. Il s’agissait de son suprême combat. C’était à lui de le mener, et à lui seul. Il était hors de question qu’une main, amie comme ennemie, proche comme inconnue, ne vînt l’aider à trouver le repos éternel. Ou, a contrario, ne vînt l’en empêcher.
Bien sûr, l’on lui devinait un lourd passé. L’atmosphère qui l’entourait était sombre, son humeur fracassante, quand bien même ne le montrait-il pas. Quid de ses masques ? Enlevés, abandonnés. Il ne restait de lui que son ultime désir, le parangon de son aspiration. Plié et brisé, Akihiko avait rejoint la seule place qu’il lui avait été donnée d’apercevoir, au comptoir. Son tout était si sombre, si noir, si pesant, si mortuaire qu’on le laissa rapidement tranquille, comme si l’on avait souhaité éviter tout risque de contagion de sa part. Aussi seul que meurtri, le désespéré avait posé ses mains sur le mobilier boisé et n’avait de cesse de les regarder, sans bouger. Sans se mouvoir. Une carte lui fut tendue. Perdu dans ses tribulations, il remercia la personne – payée pour ça – d’un sensible hochement de tête. Si, en temps normal, il l’aurait fait de vive voix, souriant et fixant la personne, là… aucun mot ne s’échappa d’entre ses lèvres. Enfin, il retourna la carte et pointa de son index droit ce qu’il souhaitait commander.

Le personnel de la taverne tenta tout de même de lui glisser quelques mots bienveillants et chaleureux, mais rien n’y fit. Aussi résolu qu’il l’était, Akihiko ne tenterait probablement pas d’engendrer quelque contact qui fût. Tout ce qu’il souhaitait était de retrouver une certaine paix intérieure ; hors de question qu’on ne l’en empêchât en le distrayant de l’extérieur. On lui servit alors un verre d’attente, son assiette nécessitant quelque préparation intrinsèques au met luxueux commandé. Un verre de whisky hors de prix lui fut donc amené, posé sur un carton afin d’éviter toute tâche sur le comptoir, puis déposé entre ses mains. Si son ouïe semblait bloquée – ou au moins peu réceptive – à ce qu’il se passait autour de lui, son regard captait tout ce qui entrait en contact avec ses iris. Des doigts fins, presque zinzolins, se risquèrent à caresser ses mains endolories, comme ankylosées par le poids des remords et de la honte qu’il avait lui-même instillée en son esprit.
Sensiblement, le conseiller sortit de sa zone de confort et releva tout doucement la tête, très légèrement. Là, un semblant de sourire s’esquissa sur son faciès ô combien triste et grave. Mais il ne fit rien de plus et se contenta de fixer son verre, contemplant le ménisque ombragé. De sa main droite, toujours, il se saisit du récipient et fit délicatement tournoyer l’alcool en son sein, remuant ainsi ces quelques douces effluves qui lui montèrent au nez. L’alcool préféré d’Aika. D’innombrables souvenirs resurgirent, comme des réminiscences du passé. La joie, la colère… L’incompréhension… Puis la haine, et enfin, la tristesse. Des larmes incontrôlées se mirent à perler, à rouler sur ses joues creusées par le temps et les soucis. Certaines moururent à la commissures de ses lèvres, tandis que d’autres, plus fortes ou espiègles, parvinrent à se frayer un chemin jusqu’à son menton pour s’écraser violemment… tantôt sur la table, tantôt sur son verre. Néanmoins, si Akihiko était habituellement un homme pour qui les apparences comptaient énormément, ce soir… il n’en était rien. Il n’avait cure qu’on le surprît à pleurer silencieusement, presque religieusement. Tout ce qui l’importait était de rejoindre (feu) sa fiancée, de toute façon.

Finalement, le meurtri à la vision troublée par les larmes s’essuya les yeux d’un revers de la manche et se décida à goûter au verre qui lui avait été servi. S’il était, ordinairement, un véritable amateur d’alcools exquis, celui-là goûtait la défaite et le désespoir. Rien de bien étonnant vu son état d’esprit. Pourtant essayait-il tout de même d’en apprécier les arômes et flaveurs. Une dernière. Une toute dernière fois. Peut-être même parviendrait-il à être en paix avec lui-même peu avant de partir. Qui savait ? En tous les cas, cette première gorgée s’était montrée pleine d’amertume, comme s’il transposait ses ressentis au niveau de ses papilles. Le verre fut ensuite délicatement reposé avant que son regard océan ne se posa au fond de ce dernier. Avec une élégance qui lui était propre, Akihiko fit langoureusement flotter son contexte, en un tintement cristallin. A quoi bon pouvoir l’apprécier, si ce n’était de rendre son futur trépas plus difficile ?
Loin d’être peureux, il se sentait tout de même couard et effrayé. Il n’avait jamais eu à réfléchir avant d’ôter la vie à quelqu’un, alors pourquoi douter maintenant ? Pourquoi se demander si c’était effectivement la bonne solution ? Pourquoi avoir peur ? N’était-ce pas là hypocrite que de tuer à tours de bras sans état d’âme mais d’être incapable de le faire pour soi-même ? Aussi décréta-t-il avoir besoin de courage… liquide. Sanglotant, la main tremblante, il renifla et tenta de ravaler les dernières larmes qui coulaient pour amener peureusement son verre. Ses lèvres se déposèrent délicatement dessus, comme on caresserait une rose fragile, avant de fermer les yeux et enfin se décider à boire le reste d’un coup d’un seul. Le schéma précédent fut alors singé ; il pointa de nouveau sa commande du doigt et patienta le temps qu’on la lui servît. Cette fois, il était décidé à s’abreuver et à se donner la force pour parvenir à ses fins… à sa fin.

Une bouteille de liqueur de plantes lui fut apportée, accompagnée d’un verre. Aussi dépité qu’il l’était, le Haut-Conseiller aurait parfaitement pu y boire au goulot, mais il n’en fit rien. Encapuchonnée, sa tête se posa dans le creux de son bras alors qu’il observait distraitement la bouteille aux couleurs naturelles, à l’effigie de la luxuriante flore locale. Du bout des doigts, il se mit à tendrement caresser le verre qui serait bientôt son seul exutoire. Assez tergiversé. D’un mouvement implacable, presque rigide, le veuf se redressa et prit la bouteille en mains. Encore une fois, il fit légèrement tournoyer le liquide en son sein, forçant les effluves à pénétrer ses narines. Doucement, il les sentit et se laissa porter par l’instant présent avant de se servir un premier verre. Non sans ménager ses papilles, sa gorge ou son estomac, il ingurgita le noiraud liquide. L’expérience fut reconduite quelques fois… Suffisamment pour être désinhibé. Bien sûr, si la serveuse s’était osée à ce geste affectif et attendri – plus par empathie que par véritable désir – plus tôt, nul besoin de dire que ce drastique changement de comportement l’avait interpellée. Aussi héla-t-elle quelqu’un plus au fond (sans doute le cuistot) de l’établissement pour qu’on se dépêchât de préparer la commande.
L’appel au secours de la jeune femme semblait avoir été néanmoins entendu. Peu de temps après, on apporta à Akihiko ce qu’il avait commandé ; une imposante pièce de bœuf – au moins un demi-kilo – accompagnée de sa salade et de quelques pommes de terres minutieusement coupées en tranches. Le tout, bien sûr, était pourvu de condiments précieusement parsemés, tant sur la viande que la fécule, avec, en bonus, quelques plantes aromatiques. Akihiko n’avait pas fait dans la dentelle…

… surtout pour son dernier repas, celui qui se voulait salutaire.

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Re: Reminiscence [Solo] Ven 27 Sep - 19:15
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Akihiko


« Eeeet chaud devant ! s’écria la serveuse qui apporta son plat à Akihiko. De la fumée ne cessait de s’en échapper, preuve de la température de l’assiette – et surtout de ce qu’elle contenait. D’un sensible hochement de tête, le veuf la remercia. Au même moment, un des rares ivrognes restant se leva, bon gré, mal gré, de sa chaise et trébucha proche du Haut-Conseiller. Dans sa chute, le malheureux soûlard tenta de se rattraper in extremis. Hélas, il ne parvint qu’à simplement se cramponner dans le vide et, d’un geste brusque et incontrôlé, retira la capuche sombre du Sunajin, révélant ainsi son faciès au grand jour. Si personne (dans l’assemblée restreinte restante) ne semblait vouloir lui chercher de noises, pour une fois, cela n’empêcha pas quelques murmures et autres brouhahas de s’élever. A cet effet, il haussa simplement les épaules et empoigna ses couverts. Kayaba Akihiko… ? Chuchota la serveuse qui était restée face à lui durant tout ce temps, papillonnant et clignant des yeux, désabusée, désillusionnée, mais tout de même surprise.
- Bah, laisse-le. J’ai cru comprendre que ça faisait quelques temps qu’il était en vadrouille ci et là, à la recherche d’un truc qu’seuls les dieux connaissent, apparemment, surenchérit une voix bourrue qui nettoyait des verres, un peu en retrait. Tu devrais le laisser tranquille, paraît qu’il est assez instable en ce moment, soupira-t-il, utilisant un torchon accroché contre sa bedaine pour essuyer la sueur qui coulait sur son front.
- Papa, enfin ! Réagit la servante de la taverne en se rapprochant de ce dernier, les poings refermés sur ses hanches, les joues gonflées. Elle se mit sur la pointe des pieds afin d’atteindre l’oreille de son paternel. Tu as vu comment il a l’air négatif ? On ne peut pas le laisser comme ça ! Qui sait de quoi il serait capable ? Chuchota-t-elle.
- Justement ! Vociféra le père en tapant du poing sur le meuble face à lui. On sait pas d’quoi il serait capable, alors le mieux à faire c’est d’le laisser là à faire l’point avec ses démons, vu ? Il soupira et prit la main de sa fille dans la sienne. T’sais combien j’tiens à toi, Koko.
- Je le sais bien… Sa voix s’était attendrie et l'on aurait presque pu voir ses yeux scintillant, probablement à cause de quelques larmes qui lui montaient. Mais je ne peux pas rester sans rien faire en voyant son désarroi !
- Ton empathie t’perdra… ainsi qu’ta gentillesse et ton âme. Le tenancier haussa les épaules. Bah, fais comme tu veux, j’peux pas t’empêcher d’écouter ton cœur de toute façon. »

Durant tout ce temps, le bellâtre n’avait pas écouté un seul mot de ce qu’il s’était dit, fut-ce entre le père et la fille ou encore provenant de derrière lui. Concentré sur son repas, il tâcha de le savourer autant que faire se pouvait, profitant de tous les arômes qui lui avaient ainsi été donné de goûter. Peu après, Koko revint face à lui. Sans piper mot, elle nettoya le comptoir puis le bar où il se trouvait, tâchant de ne pas le déranger, ni de trop zieuter vers lui. Bien qu’inquiète, elle ne voulait pas non plus trop envahir son espace vital, sa zone de confort et de sécurité. Tantôt chantonnant, tantôt sifflotant, elle restait attelée à sa tâche. Hélas, aucune réaction de la part du conseiller. Aussi une idée lui vint. Rapidement, la barmaid s’éclipsa et revint avec une chope – un grosse et plutôt lourde. Tentant de propager sa bonne humeur, comme si elle pensait que cela aller contaminer le Kayaba, elle sautillait presque sur place en la remplissant de bière. Puis elle revint vers lui et la posa à côté de son assiette.

« Tenez pour vous ! C’est la maison qui offre ! s’exclama-t-elle, rayonnante, avant de lui offrir un clin d’oeil. Mais là, toujours aucune réaction de la part du blondin.
- Hm, souffla-t-il néanmoins en guise de remerciement avant de s’emparer du godet offert et d’y tremper ses lèvres. »

Bien qu’il ne semblait montrer aucune émotion si ce n’était la tristesse, la haine et le désarroi, il ne pouvait se penser qu’on le lui avait offerte de par son statut et sa notoriété… Chose qui était tout de même triste, en y repensant. Depuis qu’il avait commencé à grimper les échelons, tout était devenu plus facile dans sa vie. C’était comme s’il avait enfin véritablement trouvé sa place et qu’il pouvait ranger ses vieilles casseroles et autres cadavres placard. Alors pourquoi un pareil revirement ? Pourquoi lui retirer la seule chose qu’il s’était gardé de protéger à jamais ? Tant de questions et de réminiscences du passé qui n’avaient de cesse de resurgir, et pourtant si peu de réponses à y apporter. De tout cela ne ressortait rien de bon en lui, si ce n’était son envie, encore une fois, d’en finir une bonne fois pour toute. Et pourtant, le courage pour y parvenir n’était pas encore au rendez-vous.
Quelle ironie pour Koko que de lui avoir donné de quoi mobiliser le peu d’audace qu’il lui restait avec cette ultime chope, surtout lorsque l’on savait combien la jeune femme était aimante et combien son empathie était ancrée en elle. Aussi Akihiko but quelques gorgées avant de terminer son assiette. Les idées noires et l’esprit chamboulé, le temps semblait n’avoir plus aucune emprise sur lui. Après tout, depuis quand était-il là, assis sur ce tabouret en bois ? Quelles paroles avaient pu être prononcées autour de lui alors que seule la voix de sa bien aimée résonnait ? Quelles réactions avait suscité la découverte de son visage et de son Ondoyance Dorée ? Bah, à quoi bon se le demander si même le concerné n’en avait cure…

Son repas à présent terminé, le veuf prit une grande inspiration et se redressa légèrement, faisant craquer son dos au passage. Machinalement, il chercha à tâtons un léger paquet cartonné au creux d’une poche intérieure. Il sortit une tige de ce dernier et embrasa son ultime pêché, sans vraiment se soucier du monde autour de lui. L’avait-il seulement fait, par le passé ? Akihiko n’était pourtant pas réputé pour sa morale ou son empathie. Et pourtant. Et pourtant ! Seuls ses proches pouvaient se targuer de vraiment connaître la bonté du conseiller.
« La fin importe les moyens », tel est l’adage qu’il s’était toujours tenu à suivre. Comme pour compenser la médiocre enfance qu’il avait pu vivre, Akihiko sut rapidement tirer parti de ce qu’il avait pourtant toujours détesté ; ainsi se protégea et s’accoutuma-t-il encore un peu plus aux masques qu’il s’était forgé dans cette cave aussi sombre que humide afin de pouvoir faire quelque chose de sa vie. S’il n’avait pas réussi à avoir une enfance digne de ce nom, alors il se forgerait son propre empire adulte. S’il n’avait jamais réussi à améliorer la vie de ses proches (surtout celle de sa mère ou de ses camarades de « cellule »), alors il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour Suna. Enfin, s’il n’avait jamais pu aimer son père, alors il confierait sa vie à Aika… et Senshi, quand bien même ce dernier n’importait guère au veuf à l’heure actuelle.

La fille du tenancier, qui était pourtant attelée à nettoyer les autres tables derrière le grand blond, sentit rapidement l’odeur. Plutôt que de lui demander de sortir pour s’adonner à son vice, elle se tut et ouvrit les quelques fenêtres. De toute façon, elle n’avait personnellement rien contre le tabac, son père étant lui aussi un fumeur avéré. C’était surtout par souci de ne pas gêner les autres clients. Mais vu l’heure qu’il était, il n’y aurait probablement personne d’autre et il était bien le seul restant, aussi l’ouverture des fenêtres semblait nécessaires. Le gérant, quant à lui, ne releva même pas et en profita pour s’en griller une à son tour.
Pendant ce temps, le jeune fumeur savourait cette dernière cigarette, sans pour autant chercher à faire les formes qu’il avait l’habitude de créer en expirant sa fumée. Bientôt, son verre ne tarderait à être vide, et c’était bien là tout ce qui l’importait. La blonde revint alors vers lui, ne cessant de sourire, afin de débarrasser sa table, ses verres et lui mit même sa bouteille de liqueur florale au frais, persuadée qu’il la boirait plus tard. Néanmoins, même si elle avait pris le soin de prendre tout ce qui était face à lui, elle n’avait pas réalisé qu’il manquait… un couteau. Celui pour la viande. Toujours en sifflotant, elle s’était recluse au niveau de la plonge et commença à nettoyer. De son côté, Akihiko avait jeté un regard en coin au niveau de l’horloge sur sa droite, toujours sans piper mot. Son esprit se concentra et se focalisa sur le bruit typique des secondes qui défilaient et sortit la lame qu’il avait « subtilisée » pour commettre son méfait.

« Oh, il manque un couteau, réalisa Koko en nettoyant les couverts utilisés par le Haut-Conseiller. Ce ne fut qu’en retournant au niveau du bar qu’elle se rendit compte qu’elle ne l’avait pas oublié. Effectivement, ce dernier l’avait là, entre ses deux mains. Tremblant de tout son être, il semblait viser une carotide. Doucement, il faisait s’approcher le bout du couteau avant de le reculer, soupirant… sanglotant. Les larmes lui montaient aux yeux et venaient flouter sa vision. Pourquoi était-ce si dur ? Pourquoi n’y arrivait-il donc pas ? Pourquoi était-il si faible, si lâche ? Ne faites pas ça ! s’écria la serveuse en s’élançant vers lui afin de frapper ses mains et lui faire lâcher son arme.
- Même ça… j’en suis incapable… souffla à demi-voix le Sunajin, à bout, regardant avec dépit, et évidemment troublé, le comptoir qui s’offrait toujours à lui. La barmaid, quant à elle, s’était redressée et retirée dudit comptoir pour venir aux côtés du Kayaba. Bienveillante et pleine de gentillesse, le cœur sur la main, elle s’empara de celles de l’homme, comme pour les réchauffer.
- Venez là… murmura-t-elle, au moins aussi troublée que ce dernier, les larmes aux yeux. Elle qui n’était qu’innocence et naïveté, voir pareille tentative l’avait évidemment perturbée. Quoique tremblante, elle expira doucement, mais longuement, et plaqua les mains du conseillers autour d’elle, avant de l’enlacer à son tour. Ce geste n’était que candeur, empathie et amour pour son prochain. Elle n’y voyait là rien de déplacé, et Akihiko non plus. Pire encore, ce dernier n’avait probablement pas conscience de ce qu’il pouvait bien se passer. Son esprit était resté bloqué sur l’échec de sa tentative. Les yeux écarquillés, injectés de sang et rougis par les larmes, il ne réalisait pas être contre Koko. D’un geste lent et mesuré, elle attrapa un mouchoir dans sa poche et vint essuyer les yeux du larmoyant. Je peux être une épaule sur laquelle pleurer. Je peux être le sac dans lequel vider vos ressentis. Je peux être l’écoute dont vous avez besoin. Aussi, ne vous privez pas, Kayaba-sama, continua-t-elle de murmurer et chuchoter, reprenant le câlin.
- Je… tenta-t-il de communiquer. Vous n’avez pas à faire ceci pour moi, répondit-il, plein de tristesse. Nous ne sommes pas sur mon territoire, vous ne me devez rien et mon statut n’a guère de valeur en vos terres, ajouta-t-il, toujours aussi morne.
- Je mentirais si je disais que votre position n’a pas favorisé mon comportement, admit Koko après s’être défaite de sa propre étreinte. Les yeux fermés et souriante, elle espérait qu’il ne remarquerait pas les larmes qui roulaient doucement sur ses joues d’albâtre. Mais ce n’est pas pour les raisons que vous vous imaginez. Elle reprit les mains du Haut-Conseiller et retira les quelques mèches qui venaient obstruer la vue de ce dernier, avant de lui tendre une cigarette de son père – qui était probablement de meilleure qualité que celle qu’il avait écrasée peu avant. Délicatement, et comme si Akihiko était une poupée fragile, elle la lui inséra dans la bouche et l’aida à l’allumer. Vous connaissez probablement votre propre réputation et les bruits qui courent à votre sujet, n’est-ce pas ? Sensiblement mais aux allures robotiques, il opina du chef. Vous qui, apparemment, êtes si vaillant, enjôleur, de bonne humeur et… Elle semblait mesurer ses mots. Disons que vous semblez avoir une certaine propension à ne pas faire dans la dentelle ou dans la demi-mesure… Elle se mit à rougir ; elle n’était pas de celles qui émettaient des jugements de valeur non fondés, aussi était-elle embarrassée de lui jeter ça à la figure. Alors vous voir ainsi, prêt à en finir alors que vous braveriez vents et marées pour votre nation… Elle soupira tout doucement, son souffle chaud venant caresser les mains moites du conseiller. Je me devais d’intervenir. Je refuse catégoriquement de laisser une âme en peine seule avec ses démons quand je peux me démener pour l’aider. Sa main droite glissa derrière le crâne de Akihiko et elle le força à caler son front contre son épaule. Peut-être que je ne vous dois rien, mais je me haïrais si je n’essayais pas de vous réconforter, Kayaba-sama.
- Akihiko, souffla-t-il contre elle. Appelez-moi Akihiko… Il réprima un sanglot et releva la tête, fuyant le contact visuel. Il reprit la cigarette en sa main droite et tira une bonne taffe avant de recracher la fumée vers le plafond. Il avait beau se refuser de l’admettre, force était de constater que les paroles de Koko l’apaisaient un tant soit peu, et l’atteignaient en plein cœur. Il n’avait pas pour habitude qu’une inconnue vînt lui proposer – ou forcer, c’est selon – son aide. Mais vous ne pouvez pas m’aider… Personne ne le peut.
- Je ne peux probablement pas vous aider avec vos démons, Akihiko-san, mais je peux au moins vous tenir loin du Shinigami, affirma Koko avec conviction, son sourire sincère venant appuyer ses mots. Preuve en est ! Néanmoins… Je peux vous aider à vider votre sac, à pleurer votre soul. Il n’y a aucune honte à avoir, vous savez. Mon vieux père ne le sait probablement pas, mais je l’ai souvent vu pleurer, lui aussi… Tout homme, aussi fort qu’il soit, ne peut réprimer indéfiniment ses peines, Akihiko.
- Avez-vous déjà perdu un être cher, Koko ? La question était cinglante, probablement contre son gré. Mais il était encore tellement attaché à Aika que sa colère fusait avec les mots. Aussi compréhensive qu’elle put l'être, son interlocutrice nia d’un hochement de tête. Je doute donc que vous puissiez comprendre ce que je traverse en ce moment… déplora le Sunajin.
- Probablement. Mais si vous m’en donnez les moyens, alors je pourrai vous aider. Je vous en fais la promesse. Suna a besoin d’un Haut-Conseiller fort et droit dans ses bottes, non ? Elle savait où appuyer, mais pour le coup cela ne lui fit ni chaud, ni froid. Pas même une réaction sur son visage… et ce n’était pas du fait des masques, cette fois. Elle tourna la tête vers le fond de la taverne, comme à la recherche de son père. Papaaaaa ! S’écria-t-elle à nouveau. Apporte-nous la bouteille que j’ai mise au frais, s’il te plaît ! Le père grommela mais s’exécuta tout de même. Il la posa devant eux avec deux verres, suivi d’un regard qui indiquait clairement qu’il souhaitait être payé.
- Ne vous en faites pas, monsieur, je réglerai tout ce que j’ai pris. Vous avez ma parole, le rassura Akihiko, l’air grave. Le tenancier grommela à nouveau, mais l’on put déceler une note joyeuse dans tout ça.
- Merci, papa, ajouta la blonde en leur servant deux verres. D’un hochement de tête, le veuf la remercia à son tour et vida sa liqueur d’une traite.
- Vous donner les moyens, répéta-t-il alors. Vous conter mon histoire, en somme… La jeune femme acquiesça silencieusement. Cela s’est passé il y a un peu plus d’un an… L’image lui revint et il se mit à sangloter, aussi se servit-il une nouvelle fois. La gorge serrée, les mains tremblantes, il n’avait de cesse de revoir cette scène en boucle dans son esprit. Quel calvaire… Aika… Elle… Les larmes coulèrent d’elles-mêmes. Ma fiancée, se reprit-il. Je… Je l’ai retrouvée… Il était tout bonnement incapable de finir cette simple phrase, alors raconte la globalité de ce qu’il avait vécu ? C’était inenvisageable, concrètement. Là, son coeur se fendit de nouveau et les larmes roulèrent sans discontinuer, si bien qu’il n’arrive plus à aligner deux mots sans qu’il ne s’entrecoupât lui-même. Mais si Koko n’avait pas eu tous les détails de l’histoire, elle en saisissait le fondement et il nui fallut guère plus de temps pour comprendre que le blond cherchait désespérément le coupable. Il ne serait pas dans ses bras s’il l’avait retrouvé.
- Je… comprends mieux, souffla-t-elle à son tour, abasourdie par l’état de la pauvre créature qu’était devenue l’Ondoyance de Suna. Le jeune homme déposa la cigarette dans le cendrier. Il n’en pouvait plus, et cela se voyait. Cela se sentait, surtout pour quelqu’un comme la pauvre servante. Aussi chétive qu’elle pouvait l’être, elle parvint tout de même à canaliser ce qu’elle ressentait et à se contrôler afin de ne pas ajouter aux peines d’Akihiko. Pourtant les Kamis savaient combien elle était attristée pour lui, combien elle se sentait meurtrie pour lui… Aussi resserra-t-elle son étreinte et tenta d’envoyer de bonnes ondes au blond. Elle voulait lui envoyer toute sa chaleur, toute son humanité. J’imagine que vous aimeriez passer la nuit ici, à présent, non.. ? Demanda-t-elle, penaude.
- Je… Ne sais pas si je pourrai dormir, se confessa-t-il alors.
- Et vous pensez que je vais vous laisser seul après ce que vous avez tenté de faire, Akihiko ? Bien que sa voix était douce, le ton se voulait plus grave, plus ferme. Pour Koko, il était hors de question d’abandonner un homme aux idées sombres, noires, suicidaires !
- Je…
- Vous n’êtes pas en état de contester, monsieur le Haut Conseiller ! Elle était finalement parvenue à rajouter une pointe d’humour dans sa voix. Naturellement, ses douces mains vinrent se poser sur les joues de l’âme errante et, de ses yeux bleus, fixa l’océan de tristesse qu’était devenu le regard du Sunajin. Le désir embrasa son abdomen, doucement, à mesure qu’elle le regardait. Légèrement égoïste, elle voulait juste dévorer ses lèvres, lui insuffler un peu de vie, lui donner de l’amour. Mais le pouvait-elle seulement ? Le doute s’instilla en son esprit mais fut rapidement délogé par la chaleur et la flamme qui s’emparait maintenant de tout son corps, de tout son être. Son attirance pour le Haut-Conseiller n’était plus à prouver et, comme beaucoup, elle avait souvent eu quelques pensées peu chastes à son égard. Aussi l’avoir entre ses mains à cet instant précis ravivait son aspiration, le feu lui brûlant les entrailles. Comme si les dieux avaient voulu leur union, les deux corps se rapprochèrent doucement, tendrement. Puis leurs lèvres se collèrent et tous deux fermèrent les yeux, s’adonnant à cet instant privilégié, pour l’un comme pour l’autre. Je suis là pour vous, Akihiko, susurra-t-elle en rompant le baiser. Pour seul remerciement, Akihiko lui rendit la pareille, tendrement, langoureusement. »

S’en suivit une longue nuit d’amour partagée par le Shinobi et la civile. Pendant ce court laps de temps, le blondin parvint à ne plus penser à Aika, se concentrant sur celle qui avait été là pour l’épauler, même quelques instants. Il voulait lui rendre la pareille, la faire se sentir bien et aimée… à hauteur de ce dont il était capable. L’amour était maintenant quelque chose de bien loin, pour Akihiko. Si le contact physique avec Koko avait pu réveiller quelques sensations, rien ne serait jamais plus comme avant, malheureusement. Son esprit était resté bloqué sur son ancienne sœur d’arme et rien ni personne ne semblait être capable de la remplacer.
Le Kayaba passa néanmoins une semaine complète avec la tavernière. Une semaine vivifiante et rafraîchissante qui lui permit de réaliser qu’il était toujours bel et bien humain, qu’il n’avait pas seulement laissé ces aspects de côté en quittant le bureau de Senshi. Ces sept jours lui permirent également de se déconnecter de tout, profitant simplement de l’instant présent et du temps passé avec la serveuse. Hélas, toutes les bonnes choses avaient une faim, et il l’avait malheureusement compris à de nombreuses reprises. Il se devait de retourner à Suna, auprès de Senshi. Il devait probablement avoir besoin de son Haut-Conseiller, et il ne devait sans doute pas se douter qu’il était en train de batifoler avec une étrangère. Mais si l’amour et les sentiments n’étaient plus quelque chose qu’il parvenait à se permettre, penser aux adieux lui fit néanmoins un pincement au coeur, un peu à la manière d’un poignard planté en cet organe.

« Je vais devoir rentrer au village, souffla-t-il, peiné, la tête posée sur la poitrine de sa sauveuse.
- Je comprends tout à fait… répondit l’amoureuse transie à demi-mots, tentant de cacher sa tristesse. Le conseiller l’avait pourtant bien remarqué et s’était redressé afin de prendre son visage entre ses mains, lui caressant les joues du bout de ses pouces.
- Je suis vraiment désolé de devoir te laisser, Koko, mais… il cherchait les mots mais ne les trouvait pas. Il ne parvenait pas à construire une phrase correcte pour lui dire combien il aurait aimé rester à ses côtés, voire même fonder une famille avec. Hélas, l’appel de la Nation était plus fort et il devait absolument reprendre ses fonctions.
- Ne t’en fais pas, Akihiko, le rassura-t-elle en lui caressant les cheveux, ce qui le fit frémir. Je savais pertinemment que ton travail de Shinobi rattraperait notre idylle, et… Elle ravala quelques sanglots. Tu n’es pas n’importe quel Ninja non plus. Sans parler du fait que ma contrée pourrait être considérée comme ennemie du Pays du Vent… avoua-t-elle avant de fermer les yeux, des larmes mourant à la commissure de ses lèvres.
- Je t’aime, Koko, mais je ne peux te promettre de revenir… se confessa-t-il, fermant les yeux à son tour en apposant son front contre celui de la blonde. Je…
- Elle s’empara de ses lèvres une dernière fois. Ne dis rien, Akihiko. S’il te plaît… Elle l’embrassa langoureusement, lui témoignant tout son amour. C’est trop dur… confessa-t-elle alors que les larmes coulaient de plus belle. Promets-moi une chose, avant de t’en aller… Pour l’intimer à continuer, le Sunajin la regarda tendrement, souriant, tentant de ne pas céder aux larmes à son tour. Vis pour moi, vis pour nous. Ne t’en empêche pas sous prétexte que je ne serai plus à tes côtés. Ne… Ne commets pas deux fois la même erreur, Akihiko. Je n’y survivrais pas…
- Je te le promets, Koko, accepta-t-il, plus sincère qu’il ne l’avait jamais été. Enfin, il l’embrassa une ultime fois avant de commencer à s’en aller. Nous nous reverrons au Nirvana... Il scella leur liaison avec un ultime baiser. Au revoir Koko et... merci pour tout... »

Si son esprit avait en paix pour une douce semaine, son cœur commençait de nouveau à se remplir de ressenti. Était-ce à propos d’Aika ? Ou de Koko ? Les deux… momentanément. Éventuellement. Il était dur de spéculer sur les sentiments du Haut Conseiller, surtout après tout ce qu’il venait de vivre. Non content d’avoir perdu l’amour de sa vie, il avait été contrait d’abandonner la seule pouvant encore lui donner un peu d’humanité, d’amour, de chaleur. Mais parviendrait-il seulement à ne pas l’oublier, à ne pas occulter ou altérer ce pan de sa mémoire, comme c’était déjà arrivé à de multiples reprises ? Pour autant qu’il le sût, il n’en semblait pas capable. Il lui devait sa propre vie et ses propres espoirs. Sa propre envie de lutter. C’était grâce à elle qu’il allait rentrer encore plus fort, puissant et résilient au village. Au final, il ne lui devait pas seulement la vie, non. Il lui devait tout. Le Sekai, les astres… Il s’était ainsi juré de ne plus faillir, de ne plus tressaillir et de ne plus faiblir… pour Koko. Pour Suna. Pour Aika.
De son côté, la serveuse n’avait pas totalement été honnête avec Akihiko. Du moins, concernant sa propre vie, sa propre existence. Ses sentiments, eux, étaient ce qu’il y avait de plus sincère et pur en ce monde. Elle ne lui avait néanmoins pas dit être tombée enceinte aussi rapidement. En effet, les changements propices à cet acte n’étaient pas restés indifférents, malgré les débuts. Elle voulait simplement profiter, autant pour lui qu’avec, et lui faire voir la beauté de ce monde, aussi court fut ce moment… Aussi garderait-elle le secret aussi longtemps que prévu, aussi longtemps que sa santé le lui permettrait…

(c) AMIANTE

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