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La fin d'une ère - Première partie [solo]

Omura Mifuyu
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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Date d'inscription : 26/12/2018

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Omura Mifuyu
La préparation, c'est la clef

Quatre semaines se sont écoulées depuis la dernière fois qu'ils se sont vus. Asuno était passée pour récupérer ses affaires et Satori lui avait souri, comme si de rien était. La vérité est qu'il espérait que ce ne soit qu'une passade, un des bas dont il avait eu vent par les autres couples sans jamais avoir l'occasion de les vivre. Il pensait la revoir au bout de quelques jours, un peu désorientée, mais ramenée à la raison. Elle était terriblement belle quand elle pleurait, il n'aurait pas pu résister. Il la prendrait dans ses bras, la rassurerait une dernière fois, puis tout redeviendrait comme avant.

C'est pourtant bien plus complexe. Dans l'esprit d'Asuno, il ne s'agit pas d'une rupture, mais plutôt d'un effacement. Elle sait que cela ne sera que temporaire, mais elle décide de le mettre de côté le temps de régler ses problèmes personnels. Elle doit le sortir complètement de sa tête pour prendre un peu de temps pour elle. Si, pour se remettre les idées en place, certains imaginent des week-ends de détente aux thermes ou des loisirs plus conventionnels, la jolie brune n'a qu'une seule chose en tête. Il s'agit d'un objectif dont elle s'est détournée malgré elle, avant de s'imposer à nouveau comme l'unique voie possible. Elle va tuer son oncle. C'est sa seule chance à la guérison.

Toute sa vie n'a été qu'une lutte constante contre ses propres émotions. Elle pensait les avoir finalement acceptées il y a des années, mais force est de constater que ses démons sont toujours là, plus puissants que jamais. Depuis la séparation, elle ne cesse de rêver de ce laboratoire de fortune où elle a expérimenté sa technique, où elle a arraché tant de monde à la vie. Il devient de plus en plus difficile pour elle de se retenir d'en franchir à nouveau les portes métalliques et de reprendre contact avec les siens, les Omura du mouvement progressistes. Elle ne l'admettait pas il y a de ça cinq ans, mais au fond, elle sait qu'elle est comme eux, même si ses motivations sont bien différentes. Ce n'est pas l'amour de la science qui la guide ou même de la médecine, mais le simple et pourtant si envoûtant désir de vengeance.

Elle a beau souhaiter aussi fort qu'elle le peut de trouver quelqu'un, quelque chose ou une bonne raison de ne pas le faire, son cœur pense autrement. Ca la désole et sa confiance en elle est inversement proportionnelle à son envie de tuer. Elle a l'impression d'avoir fait un bond dans le temps, pour retourner à l'époque où elle ne ressentait rien d'autre que du dégoût envers son anatomie. En attendant, elle se surcharge de travail et d'activités en tout genre pour s'empêcher de déraper. Mais elle en a marre de se cacher. Elle a pitié d'elle. C'est navrant d'avoir une maîtrise de soi si chancelante.

Les choses changent. Aujourd'hui, c'est cette souffrance qui alimente le moteur de sa détermination. C'est le désir d'en finir une bonne fois pour toute avec la douleur et les pleurs qui la pousse à prendre les armes. Une fois soulagée de son fardeau, elle racontera tout à son mari. Elle sait qu'il lui pardonnera.


***

La préparation, c'est la clef. Un homme Omura ne peut pas simplement disparaître dans la nature, il faut donc prendre certaines précautions. S'il n'est pas d'une importance capitale pour les autorités du village des tourbillons, de par ses performances banales, il reste un médecin de talent qui a fait ses preuves auprès des siens. Sa famille voudra forcément enquêter et obtiendra peut-être même le soutien de ses propres parents. Deux choix s'offrent à elle : le tuer hors du village, faire en sorte qu'il s'évapore dans la nature, ou le tuer chez lui. La seconde option lui laisse plus de liberté, lui procure indéniablement plus de plaisir mais engendre également plus de risques. C'est celle-ci qu'elle a choisi. Elle veut que le monde soit choqué, que tout le monde comprenne qu'il a été assassiné, même sans savoir pourquoi. Elle ne veut pas faire souffrir sa famille inutilement, non, ils n'y sont pour rien, mais elle veut qu'ils doutent. Qu'ils sachent qu'il n'est pas mort de sa belle mort ou sous les coups d'un shinobi ennemi. Ils n'avaient qu'à comprendre que quelque chose n'allait pas quand il en était encore temps. Maintenant, il est trop tard pour se repentir.

Elle le tuerait ici. Peut-être pas dans son salon, mais ailleurs dans le village. Un endroit calme, paisible. Pour cela, il lui faut cerner ses habitudes. Bien que l'idée ne l'enchante pas, c'est son tour de subir les regards malsains, de se sentir comme la proie d'un prédateur bien trop puissant pour lui. Armée de son carnet de note, elle est prête à se la jouer Joe Goldberg le temps d'une semaine. Il n'aura plus aucun secret pour elle.
ASHLING POUR EPICODE

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Omura Mifuyu
On ne s'ennuie jamais quand on est médecin

Lundi, premier jour d'observation.

Ce matin, Asuno s'avance à pas lent devant la demeure de son agresseur. Elle ne l'a pas revu depuis ce moment et se demande à quoi il peut ressembler maintenant. Est-ce qu'il s'est laisser pousser la barbe ? Peut-être sa bedaine fait-elle sortir son t-shirt de son pantalon trop serré ? S'accrocher à ce genre de détails futiles peut l'aider à appréhender la chose. Bien sûr, il n'y aura aucune interaction puisqu'elle ne veut pas qu'il se méfie, mais son simple regard posé sur son corps sale et poilu lui donne envie de vomir. Il faudra passer outre pour mener à bien son projet.

L'observation commence à son domicile. La Jônin n'a aucune aptitude particulière en terme de furtivité, mais un homme qui n'a pas de raison de se méfier est un homme aveugle. Elle attend dehors qu'il termine son rituel du matin. En le voyant comme ça, embrassant tendrement sa famille, il aurait presque l'air innocent. Personne ne soupçonnerait le moindre monstre de se cacher sous cette blouse de médecin. Elle seule est capable de déceler l'odeur putride qui empeste les environs et recouvre toutes les autres.

Au milieu de la matinée, elle le voit prendre la direction de l'hôpital. Ce n'est pas une surprise, il y travaille trois jours par semaine. Il n'y a pas beaucoup de blessés dans ce village pacifique, cependant, on ne s'ennuie jamais quand on est médecin. D'autant plus que, quand on est un Omura, il devient de notre devoir de former les aspirants. Il y reste toute la journée, mais elle ne peut l'observer de près. Ses habitudes se retournent contre elle : aucun jour dans son planning ne correspond au sien, ou jamais dans les mêmes services.
Il revient le soir et couche avec sa femme. Asuno rentre, les yeux remplis de dégoût.

Mardi, deuxième jour d'observation.

Comme lundi, il n'y a rien à signaler. L'homme reste toute la journée auprès de sa femme et reçoit quelques patients à son domicile. À part un type un peu bourru, style mercenaire solitaire, tous semblent être d'honnêtes gens. Il est trop tôt pour en tirer une quelconque conclusion.

Sa fille est en bonne santé. D'un point de vue extérieur, elle est heureuse. J'aurais pu l'être aussi, si on m'en avait donné la chance, pensa-t-elle amèrement. Un éclair lui vient soudainement en tête : rien ne se serait produit si elle n'était jamais venue au monde. Elle n'aurait jamais passé autant de temps chez eux et il n'aurait jamais développé ce désir destructeur. C'est injuste, évidemment, mais cette idée ne la laisse pas de marbre. Elle tente de la chasser d'un coup de tête, en vain.

Mercredi, troisième jour d'observation.

Deuxième journée à l'hôpital. Il n'y reste cependant que jusqu'en milieu d'après-midi. Ce qu'elle voit après est troublant. Pour une raison qu'elle ignore, il n'emprunte pas l'itinéraire habituel pour rentrer chez lui. Il rentre dans un appartement à la façade banale, qui ne se remarque que par la petite lampe traditionnellement bleue qui trône au-dessus de sa porte en bois. En faisant le tour, elle aperçoit également une sortie d'eau à l'arrière. La terre y est encore mouillée alors qu'il n'a pas plu depuis trois jours. Elle croit également y déceler un liquide écarlate, mais comment être sûre qu'il s'agit bien de sang ?

Il reste sur place pendant près de deux heures et demi, puis rentre chez lui en sifflotant. Elle se demande si sa femme sait qu'il vient ici, ou s'il lui fait croire qu'il sort juste de l'hôpital. Ca ne l'étonnerait pas.

Jeudi, quatrième jour d'observation.

Il est encore trop tôt pour prendre la moindre décision. La chirurgienne est troublée par ce qu'elle a vu la veille, mais il se peut que ce soit une fausse alerte. Il se rendait peut-être simplement chez sa maîtresse. D'un autre côté, elle ne peut s'empêcher de penser qu'il s'agit potentiellement de sa porte de sortie : si personne ne venait ici, ce serait la scène de crime parfaite.
Le jeudi midi, il mange avec sa femme et sa fille. Ils rient. Elle comprend que pour lui, rien n'a changé dans sa vie. Elle n'est peut-être même pas la seule à qui il a fait subir cela, mais lui est libre. Sa fureur lui brûle le crâne. Elle rêve de débarquer dans leur salon, de péter tout le mobilier et de l'étouffer avec son bol de riz.
Après quatorze-heures passée, il se rend chez des amis avec qui il fume et partage sa petite vie minable. Elle en reconnaît certains car elle a travaillé avec eux : des obsédés de médecines, prêts à tout pour découvrir la prochaine technique révolutionnaire. Des progressistes pures souches.
Le soir, rien de particulier. Il rentre chez lui sans faire de détours et ne ressort pas.

Vendredi, cinquième jour d'observation.

Troisième et dernier jour de la semaine à l'hôpital. Selon son propre planning, la brune sait que son oncle doit s'y rendre vers onze heures. Elle est étonnée de le voir partir à huit heures de son domicile, même si elle a une petite idée de l'endroit où il se rend.
Bingo ! Son chemin l'amène devant ce même appartement, dont il franchit la porte avec l'air suspect. En y regardant de plus près, un nouveau détail lui saute aux yeux : il n'y a pas de fenêtre à l'étage. Comment une habitation peut-elle se passer d'une source de lumière aussi importante que le soleil ?
Elle reviendrait observer cela de plus près un autre jour. Il serait bête de le faire maintenant, elle risquerait de perdre sa trace. Or, elle veut être sûre d'avoir surveillé le moindre de ses faits et gestes pour ne pas être désagréablement surprise.
Le reste de la journée se déroule comme les autres.

Samedi, sixième jour d'observation.

Le samedi est une journée qu'il passe avec ses amis. Il ne semble être affecté à aucune mission et prend le temps en milieu d'après-midi pour fouler l'herbe de la forêt avec sa femme. Ils y viennent se détendre pendant une bonne heure avant de rentrer.

La journée est banale, rien n'éveille les soupçons de la jeune femme.

C'est après le souper que l'affaire devient intrigante. Asuno avait arrêté sa surveillance, pensant que plus rien ne se passerait. Alors qu'elle approche de l'appartement suspect, elle entend soudainement des voix. Elle reconnaît les hommes avec qui son oncle a partagé un cigare quelques jours plus tôt. Ils sont chargés d'un grand paquet bleu. Elle peut se tromper, mais de sa propre expérience, on dirait que ces hommes viennent de voler un cadavre frais de l'hôpital pour le faire rentrer en douce ici. Son oncle serait-il un progressiste actif, lui aussi ? Ils déposent le paquet, restent à l'intérieur dix bonnes minutes et repartent aussitôt. Elle attend devant pendant une demi-heure pour être sûre que plus personne ne vient. Elle essaie d'entrer, mais la porte est verrouillée. Sans matériel pour l'ouvrir, elle se voit dans l'obligation de rentrer chez elle. Au moins, elle est désormais convaincue qu'il faudra sérieusement creuser cette piste.

Dimanche, septième et dernier jour d'observation.

Il passe la matinée dans l'appartement, où elle le soupçonne de pratiquer de la médecine illégale. Il y reste cette fois encore environ deux heures, soit le temps d'une opération. Quand il part, elle aperçoit les restes d'eau et de sang qui s'écoulent à l'arrière. Il n'y a plus de place au doute, c'est sa chance. C'est bien sa porte de sortie.

Il rentre chez lui sur les coups de midi. À partir de là, il ne quitte plus sa famille. Il apprend les rudiments des techniques des Omura à sa fille, à l'abri des regards.

Fin de l'observation.
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Omura Mifuyu
Ça dépend quelle porte

- Bon sang, tu vas t'ouvrir, foutue porte ?!

Asuno tambourine sur la porte, donne des coups de pied sur la poignée, rien y fait. À moins de la défoncer complètement, elle ne voit pas comment l'ouvrir. Or, elle veut garder un minimum de discrétion. Elle ne compte pas mettre son plan à exécution aujourd'hui, ce serait suspect après s'être absenté une semaine entière. Toutefois, découvrir des preuves tangibles de ce qu'il trafique pourrait lui être utile. Elle a besoin d'un plan concret. À l'heure actuelle, elle n'en a qu'une ébauche, car elle ne sait pas exactement ce qu'il trafique entre ces quatre murs. Elle sait simplement qu'elle n'a qu'à le tuer ici et, quand son cadavre sera découvert par les autorités, ils en concluront qu'il a été assassiné par un proche d'un de ses patients, si tant est qu'il s'y passe ce qu'elle soupçonne.

Elle fait le tour, mais ne détecte aucune entrée. Aucune qui serait discrète, en tout cas. Il serait pourtant si simple d'envoyer un bon gros coup de pied dans le mur pour dégager le tout. Il lui faut trouver une autre solution et elle a justement quelqu'un en tête.

Il fait nuit, l'astre lunaire se frotte doucement aux toits des habitations, mais elle sait qu'il sera réveillé. Il l'était toujours à cette heure-ci. L'homme qu'elle s'apprête à voir lui a rendu de nombreux services par le passé, notamment pour se faufiler de nuit dans l'hôpital ou pour lui trouver des patients désespérés. Elle l'a déjà vu crocheter des serrures, elle sait qu'il aura les compétences nécessaires. Reste plus qu'à le convaincre, ce qui ne va pas être la partie la plus simple. Daisuke, expert en toutes formes de méfaits, est un homme très exigeant. Elle n'a ni assez d'argent pour se procurer ses services, ni l'envie de lui être redevable. Il semble pourtant qu'elle n'ait pas le choix.

Elle frappe doucement à sa porte pour ne pas alerter le voisinage. Il lui ouvre en peignoir, avec l'aspect négligé qu'elle lui connaît. Il a beau être l'exact opposé d'elle, cheveux ébouriffés et tenues à la limite du crade, elle a toujours trouvé qu'il avait un certain charme. Elle se dit que c'est-ce parce qu'il l'a aidée au moment où elle en avait le plus besoin, mais il y a peut-être autre chose.

- Asuno ! Comme ça faisait longtemps, quel bon vent t'amène à cette heure-ci ? Tu n'es pas le genre de personnes que je m'attends à voir toquer en pleine nuit… À moins que ?
- À moins que quoi, Daisuke ?


Ils rigolent tous deux, puis il la laisse entrer. Allez savoir pourquoi, mais ils se sont toujours compris sans avoir besoin de parler. C'est comme s'il savait à l'avance ce dont elle avait besoin.

- Je vais le faire, Daisuke. Après tout ce temps.

Bien sûr, il sait immédiatement de quoi elle parle. Après avoir commencé à travailler avec elle, il avait fait ses petites recherches pour comprendre ses motivations et elle avait fini par lui révéler la vérité. En dehors de son frère, il est le seul au courant dans ce village. C'est un homme si détaché de tout, à cette époque, il lui parut être l'oreille idéale.

- T'as besoin de quoi ?
- Que tu m'ouvres une porte, juste ça.
- Tu sais bien que je ne fais plus ce genre de choses gratuitement…
- Dis-moi ton prix.


Il se gratte lentement sa barbe mal entretenue. Il n'a besoin de rien de particulier en ce moment, alors il sait quelle réponse il va lui donner, seulement, il préfère la faire patienter un peu. Il s'assoit et l'invite à faire de même.

- Eh bien, il n'y a rien qui me vienne à l'esprit actuellement, mais on a qu'à dire que tu me dois une faveur ?
C'est exactement ce qu'elle redoutait. Malheureusement, elle n'a pas le choix. Peut-être que cela ne sera pas si terrible, après tout.
- Quelque chose de légal, j'espère ?
- Enfin, tu me connais, Asuno.
- Bon, j'accepte, mais ce sera à la hauteur de ce que tu me fais, hein ? Parce qu'ouvrir une porte, c'est pas décapiter un Daimyo non plus.

- Ça dépend quelle porte, lui répond-il en riant.

Elle lui rend un sourire. Elle passera bientôt à l'action. Il lui faut juste laisser quelques semaines pour ne pas prendre le moindre risque. Il n'y a pas de raison qu'on la soupçonne, surtout dans la disposition qu'elle imaginait, mais elle n'est pas particulièrement attirée par les cellules de prison partagées. Il faut que tout soit nickel. La préparation, c'est la clef.

J'arrive.
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