When all else fails...

J'étais partie loin de ma maison, comme d'habitude, pour pouvoir m'entraîner un peu; je n'ai pas trop le choix, surtout vu que je ne suis pas comme les filles de mon âge. Il y en a plusieurs qui aiment les autres garçons de leur âge, d'autres aiment les filles d'un autre âge, d'autres aiment les garçons qui aiment les garçons.

Moi, ce qui me fait frissonner, c'est un concept, un idéal. Ça s'appelle Dommages Collatéraux. Tu trembles, tu tombes au sol, tu te brises. C'est le même principe que le grand amour, hein. Juste un peu plus réaliste. Au lieu d'allumer une cigarette après en avoir fini, c'est ce qui fait que tu peux l'allumer. C'est concept, il faut dire.

Je regarde l'amas de grosses pierres, "ruines" d'anciens entraînements de bien d'autres avant moi. Je m'installe par terre, avec mon rouleau et mon encre; il fait chaud, on est loin du peuple, il fait beau, et on est en plein après-midi. Si un autre des anciens du clan a le culot de dire que je l'empèche de dormir, je te le briserai en cinq minutes, juste le temps d'attraper le vieux sénile hyperactif qui a fait une overdose de thé vert.

En attendant, la roche est belle. Dure, comme il faut les aimer. Un beau spécimen, je dirais, si je parlais le même jargon que la petite blonde, mais je dois plutôt dire quelque chose comme «j'ai hâte de réduire tout ça en morceaux». J'ouvre alors rapidement mon rouleau, avec plusieurs sceaux de dragon dessus.

Pour invoquer des dragons.

Même si je suis une absolue débile profonde, même si je manque de subtilité, s'il y a une chose que je sais bien faire, c'est comprendre un fuinjutsu. C'est facile; les lignages de chaque côté du cercle de stries, ça sert de filtre à chakra. Dragon explosif; chakra explosif, donc brûlant. J'ajoute une ligne en haut et en bas du cercle, pour en augmenter la puissance de la décharge, histoire que ça fasse bien mal. Normalement, le dragon explosif de base fait une petite explosion de tapette, et je n'ai pas le temps pour des petites explosions de tapette.

Au moment de passer à la pratique, je ferme le rouleau avant de me lever. Je sais que dans un instant, je devrai le dérouler à nouveau, mais ma façon d'employer les sceaux de ce genre est un peu spéciale; mon rouleau se trouve dans mon dos, avec une ganse. Tout ce que j'ai à faire, c'est tirer sur le coin pour dérouler l'objet devant moi, après mes mudras.

Puis, j'appose ma main sur le dos du papier, pour éjecter le chakra au travers du papier et du sceau. «BAKURYUGEKI !!!» Le dragon se lance rapidement vers un rocher, et puis BOOM!

Il n'y a plus de rocher. Simple, efficace, radical. C'est toujours bon de pratiquer ses explosions; j'essaie d'apprendre un peu chaque jour. Si le potentiel destructeur est là, ce qu'il me manque, c'est bien de la portée.

Je finis par revenir, quelques heures plus tard; les "ruines" ressemblent finalement à des ruines, mais pas encore assez à mon goût. J'ai un goût sucré-amer dans la bouche; je suis partie me gaver de bonbons et d'assez d'eau pour m'éclater la vessie (il fait chaud et y'avait des explosions, il fallait bien que je finisse par être déshydratée à un moment donné, je n'y avais même pas songé), mais le résultat de ma période de bombardement m'avait laissé de mauvais poil.

«BAKURYUGEKI !!!»

Même si ça fonctionne bien, que les rochers finissent brisés, le résultat n'arrive pas à me satisfaire; je suis trop près, je n'ai pas la portée qu'il me faut. Pourtant, en regardant mon document, je ne vois rien d'anormal. Justement, c'est bien le contraire, tout est normal et tout est à sa place, les lignes font sens commun. Si je m'éloigne trop, mon dragon n'a pas le temps d'atteindre une pierre pour la détruire; si je dis qu'il y a manque de temps, je me trompe. Le problème vient surtout du manque de vitesse de ma machine de destruction.

«Arh, j'suis conne!»

En me tappant la gueule et en m'essuyant un oeil, je prends compte de mon erreur de débutante; le dragon explosif de base utilise un sceau de libération simple. Il me faut un sceau à éjection rapide, comme pour le parchemin de shuriken. Ou au moins, ça augmenterait la portée sans que j'aies à sacrifier le potentiel violent de mon explosion.

Je déroule mon rouleau un peu plus, sur une partie vierge (ah ah, vierge), et après avoir finie de me marrer, je réécris les inscriptions simples, et j'adapte en conséquence pour que le sceau d'activation principal soit d'un genre différent: éjection. Idéal pour en mettre plein la gueule à quelqu'un, ça.

Finalement, je m'éloigne des lieux avec toutes mes affaires, mon rouleau encore ouvert traîne derrière moi, dans le tas de gravier et d'herbes carbonisées. «BAKURYUGEKI !!!» Je me retourne en tirant la ganse vers le haut, ma main se fout dans le dos de mon rouleau et appuie sur le sceau fraîchement peint.

Je souris, mais... Pas pour longtemps.

«Oh... Oups...»

Sans perdre une seconde , je fuis; pas tant à cause de la honte d'avoir manqué une cible immobile, mais bien parce que ma nouvelle cible était un arbre, qui a finit par prendre feu. Sans perdre une seconde (je le redis, parce que c'est très très important), je me lance dans le coin du domaine, ayant un besoin urgent d'aide.

Je sais déjà qui je vais appeler.

«HARUKA!!! J'AI BESOIN D'AIDE C'EST URGENT!!!»