Demandes de missions et rapports de Jin Wei

Inoue Yori avait toujours le second, le cadet, le plus faible. Toujours méprisé, toujours rabaissé par son aîné qui prenait un malin plaisir à cela, persuadé que de toute manière, il allait devenir daimyo à la place de leur seigneur et père, mais le vent avait tourné. Car Yori n'était pas aussi faible que le pensait son frère et la preuve était là, en cette jeune femme à la longue chevelure auburn et l'espèce de malabar sous testostérone qui la suivait. Le jeune noble ricana seul, heureux de son plan, son glorieux frère n'allait plus tarder à être que l'ombre de lui-même et finir par crever et c'était le petit Yori, le misérable petit Yori que tout le monde pensait être faible qui allait cueillir ce merveilleux fruit qu'était Umiko Shiraihime, rien qu'à y penser, son pantalon le démangeait. Finalement, secouant la tête, il jeta un regard à droite et à gauche, pour bien vérifier que personnes ne les écoutaient. Evidemment, tout devait rester secret, sinon il serait bien embêter et finalement, il échouerait et resterai le pitoyable fils cadet qui jamais n'accèdera à la dignité de daimyo. Se redressant sur sa chaise, un regard malsain, il s'adressa en ses termes aux deux shinobis devant lui :

« A la bonne heure ! Je désespérais de ne point trouver de shinobi pour accepter ma... ma demande. Je vais vous rappeler ce que vous devrez faire, vous infiltrez sur le bateau où sont désormais ma future épouse et mon frère après leur noce. Le voyage sera long et ils devront faire plusieurs escales. Ils s'arrêteront dans une semaine au petit port de Habu, une fois cette escale faite, le bateau se retrouvera isolé du monde pendant deux semaines. Largement le temps pour vous de faire vos trucs de ninja. Faites attention aux gardes du corps de mon frère... Je ne sais pas où il les a dégotté, mais ce sont de formidable combattant, ils font parler d'eux un peu partout. J'espère que vous réussirez sans problème... Mon futur en tant que daimyo est en jeu. Si vous réussissez et que vous ridiculisez mon enfoiré de frère, je saurai me montrer généreux, très généreux. Je saurai même avoir confiance en vous. Maintenant partez et pas un mot de cette entrevue... J'aimerai ne pas avoir à missionner certaines personnes pour vous faire taire. »

Celui qui se voyait déjà seigneur fit un signe de main, invitant les deux shinobis à y aller. Il avait confiance en eux, ou alors était-il absolument trop excité pour douter d'eux, c'était aussi possible. Mais, peu lui importait, tout ce qu'il voulait, c'était dominé son aîné et gagner absolument cette domination pour lui. Il comptait bien racheter son honneur et faire des noces de son frère, des noces sanglantes.

Parchemin de mission:

Le palais de Yamazaki Kento, Daimyo de la région, était situé entre une des forêts d’arbres géants qui faisaient la renommée de la région, et un fleuve, garant de la prospérité commerciale des terres environnantes.

Dans le bureau du chef de la sécurité, Yamazaki Usoi passait un mauvais quart d'heure.

- …Avec cette attaque, c’est la quatrième en moins d’un mois ! Les ébénistes ne veulent même plus venir travailler sur nos terres, persuadés qu’ils se feront voler ! Et tu sais quoi ? Ils ont raison ! Tu as un mois pour régler cette histoire. Si, après ce délai, j’entends encore parler des Sans Annulaires, tu seras pendu haut et court.

La mâchoire crispée, Usoi se contenta de garder les yeux sur le sol. Il n’avait pas reçu une telle humiliation depuis l’école martiale.

Cette fois-ci, s’en était trop. Les Sans Annulaires allaient payer pour cet affront, et le chef de la sécurité publique allait y mettre le prix.

En plus de la prime qu’il avait déjà allouée à la location de mercenaires, il ajouta une partie de ses économies personnelles. Il savait que les monstres qui avaient réussi à repousser l’Empire Tetsu demandaient en général une somme bien supérieure à des mercenaires ordinaires.

Le général de formation attendit la nuit tombée pour sortir de son bureau. Une cape assez longue pour couvrir sa carrure et son identité sur les épaules, il prit la direction du lac à la lisière de la forêt d’arbres géants.

L’endroit était sombre et assez éloigné des dernières habitations de la périphérie. Usoi était venu ici une seule fois. La mission que son Daimyo avait commandée alors avait bâti les fondations de la prospérité de la ville.

Avec un mélange de crainte, d'appréhension et d’excitation, il se plaça sur le seul ponton craquelé qui habillait encore le lac.

Au bord, il agita une petite cloche qui vint briser le silence de la nuit, provoquant l'envolée de quelques oiseaux.

Puis, il attendit.

Le froid, l'obscurité et la brume aidant, Yamazaki Usoi crut apercevoir des dizaines de fois ceux qu’il appelait. Pourtant, après quelques clignements, les hallucinations disparaissaient.

Enfin, le doux bruit d’une barque fendant légèrement l’eau se fit entendre.

Brisant la brume, la noix géante taillée se rapprocha, avec deux silhouettes à son bord.

Comme dans ses souvenirs, ils avaient une stature très étrange. Une bosse dans le dos les empêchait de se tenir droit. Leurs mains semblaient fines et armées d’ongles aussi longs que des serres et taillés pour le combat. Leurs têtes, enfin, étaient complètement dissimulées derrière un masque d’oiseau.
Selon la légende, ce peuple de messagers vivaient sur la cime des arbres géants de la région en totale autarcie. Paradoxalement, ils avaient développé un réseau de messagers si efficace que beaucoup de nobles et de seigneurs de la région utilisaient leurs services. Arpenteur, ninja, assassin, roi ou bandit de grands chemins, les Serres des Cimes avaient accès à tout le monde plus vite que les autres.


- Voilà un moment que nous n’avons pas eu de demande de votre part.

- C’est un cas urgent. Une mission pour des ninjas.

- Très bien.

- Je veux les plus violents et les plus implacables. Cette mission doit être achevée au plus vite.

- Nous ne faisons que transmettre cher Yamazaki Usoi, et vous le savez pertinemment. Dit l’un des messagers en s’inclinant légèrement, accentuant encore la bosse qui transparaissait au travers de sa cape végétale. Nous enverrons le message vers le nord comme le sud. Ensuite, ils viendront.

Sans un autre mot, l’embarcation repartit doucement, disparaissant complètement dans la brume.

Mais Yamazaki Usoi le savait, ils allaient bientôt revenir pour demander leur paiement.