Demandes & Rapports de missions - Kenjirama Ryubei

Comme de coutume, Kenjirama fit ses adieux à sa famille et prit la direction du chef-lieu des
Montagnes sacrées de Funaka. Après plusieurs jours de repos pour profiter du calme des montagnes et vallées du domaine, il s'était entretenu avec son père pour convenir des prochaines instructions. Les discussions étant parfois froides, sinon glaciales, le cousin Kaneda, mentor de Kenji', supervisait l'entretien. Cela faisait déjà plusieurs mois qu'ils ne s'étaient entrevus qu'en présence des autres membres de la famille. Pourtant, l'affection était réelle mais... fragile, tant aucun des deux ne se comprenaient.

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- "Tu repars, Kenji' ?", demanda Oda, assis en tailleur derrière sa table basse, les yeux vissés sur des parchemins devant lui.

- "Oui".

Un silence gênant s'appesantît autour de la table.

- "C'est bien", dit-il avec une indifférence telle qu'il parut presque sarcastique.

...

Dans un soupire, Kaneda, tout aussi froid et indifférent de ces échanges renfrognés, prit l'initiative. D'une main, il fit glisser l'enveloppe contenant les ryos destinés au clan, comme il était convenu de procéder depuis que l'Ancien, Yoshida, avait appelés les survivants du clan à cotiser une économie commune pour l'organisation du domaine.

- "Voici la décime. J'ai oublié de te l'apporter plus tôt. - Profonde respiration - Kenjirama retourne en mission sur mon conseil. Il m'a fait savoir que l'escorte annuelle des marchands de Hommachi vers leur ville s'est bien passée. Yojiro Watanabe, le commanditaire, m'a confirmé sa satisfaction. Il devrait nous convoquer à nouveau, au mois de mai, l'an prochain", résuma-t-il d'un ton monocorde et le regard fixe sur une statue parallèle à la table. Il pencha ensuite son regard, comme pour constater qu'Oda avait saisi une plume pour retranscrire l'information, geste mécanique que le chef de clan opéra avec un automatisme involontaire et, pourtant, prégnant.

- "Merci, Kaneda".  

Un lourd silence s'abattit de plus belle autour de la table basse, pendant que les murs faisaient résonner l'écho du grincement du bois, soufflé par les vents de montagnes gelés de l'hiver.

- "Je retourne à Nobu-Garawa. Il n'y a plus de convois à escorter avant l'été. Et je ne tiens pas à regarder les neiges fondre durant les rondes de garde", assena Kenji'.

Kaneda eut un haussement de sourcil pour son petit protégé, avant d'observer la réaction du vieux sage. Oda, l'air infiniment plus vieux qu'il n'était censé l'être, prit une longue pose. Il se frotta lentement le visage comme pour se dépoussiérer et releva enfin les yeux de son bout de table.

- "Bien. Soit de retour avant le solstice d'été. La commande de nos provisions doit être escorté à partir d'Amahiboso. Les pêcheurs des environs ont déjà tenté de piller le convoi il y a quelques années", proféra-t-il lentement, comme un automate.

Après un dernier silence grinçant, Kenji' et son mentor se levèrent et saluèrent Oda respectueusement. Ils quittèrent la pièce et le manoir.

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Village de Nobu-Gawara. Funaka.

Le bruit des bottes qui se râclent sur le pavillon se répercuta jusqu'à l'intérieur. D'un geste, Kenji' fit glisser le shoji à l'entrée et pénétra dans la salle d'accueil du bureau de Nobu-Garawa. C'était un vieux bâtiment un peu moisi où peu de gens traînaient. L'un des sous-fifres de l'intendant attendait là, à trier des parchemins et transmettre les missives.

- "Je cherche du travail. Mercenaire, escorte, enquête ou mission, vous avez quelque chose ?", demanda abruptement Kenjirama, l'âme plutôt morose après la longue marche pour descendre des montagnes et rejoindre les petits villages où se dépétraient les laquets du Daimyo local, Hayashi Hideo.

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