Clairement, le Ninjutsu ce n’était pas mon point fort, ce n’était même clairement pas mon domaine de prédilection. Je m’étais bornée à juste infuser mon chakra Raiton dans ma lame et finalement, ça me suffisait, je tourbillonnais et détruisait des trucs sans grande difficulté et pulvérisait tout ! C’était clairement l’utilisation la plus rudimentaire que je pouvais en faire et ça me convenait jusque-là, de toute façon, vouloir faire mieux serait au-dessus de mes forces, je n’avais ni le talent de Tsumi, ni sa capacité à invoquer et manipuler la foudre dans des proportions similaires.
Mais, ce n’était pas pour autant que j’avais complètement abandonné l’idée de faire plus avec mon chakra affinitaire que simplement l’infuser pour tout détruire. Ça me trottait dans la tête depuis un moment, depuis mon dernier face à face avec le Borgne. Je ne pouvais pas nier que j’étais fascinée par sa maîtrise de la foudre et j’en avais tiré quelques enseignements malgré ma perte de calme durant l’affrontement qui m’avait poussé à voir rouge.
Plongé dans mes couvertures de fourrure, je me remuais et me replaçais. Je réfléchissais à la manière et au moyen de mettre en place mes ambitions guerrières. En me basant sur le style du renégat, j’avais bien compris que contre un adversaire qui restait à distance en envoyant des trucs dans la gueule, j’étais désavantagée et ça me faisait crever de rage. J’avais beau dominer le corps à corps, briller et tout détruire à ma portée, il suffisait que quelqu’un s’éloigne pour que tout devienne beaucoup plus dur. J’avais l’avantage de la portée de mon nodachi au corps à corps, mais à plusieurs mètres, à part quelques techniques de nos dons héréditaires, j’étais sans défense et cela me faisait rager : je n’allais pas devenir la plus forte du clan si je n’étais pas plus polyvalente.
Encaisser les blessures par les projectiles qu’on m’envoyait à la gueule, c’était bien beau, mais sur la longue, ce n’était pas une bonne stratégie. Et je ne pouvais pas compter sur ma vitesse pour espérer pallier tout cela, je pouvais faire quelques esquives, mais le flot était souvent trop important. À la longue, je me prenais des petites blessures qui négligeable en étant seul, pouvait devenir dangereuse une fois multiplié par dix ou quinze. C’était prendre des risques inutilement.
Quel rapport avec la foudre ? Disons qu’en rassemblant les deux neurones que j’avais dans ma caboche, j’étais arrivée à une conclusion : la foudre pouvait être la solution. Quand je parlais de foudre, je ne parlais pas de cet éclair qui m’avait transpercé et me laissant une cicatrice sur le côté gauche de mon corps, mais bien de chakra. M’être pris la foudre de plein fouet m’avait permis de me rendre compte de quelque chose d’élémentaire, la foudre était attirée par le métal, j’avais porté bien haut mon tantô durant l’orage et je l’avais salement payé. Vu la puissance de l’électricité et son penchant pour être attiré par le métal, il y avait moyen de faire quelques choses !
Je n’étais probablement pas la première personne à y avoir pensé, car quand j’en avais parlé autour de moi, il m’avait semblé que c’était assez banal et simple à réaliser. Mais, il n’en restait pas moins que j’étais fière d’avoir cogité jusqu’à là et d’avoir trouvé une solution, ou du moins une idée à cette faiblesse que représentaient les armes à distances. Mais, il fallait que je mette maintenant la machine en marche.
Et la première étape pour réussir à dévier des projectiles par la foudre, c’était encore de réussir à invoquer la foudre, ou plutôt à réussir à transformer son chakra en foudre. Je m’étais donc lancé un matin, sans trop y croire dans les entraînements, tentant de concentrer la foudre dans ma main, pour produire, ne serait-ce qu’une étincelle, mais en vain. Ce n’était pas suffisant, ce n’était pas assez. Après une demi-heure à essayer en vain, rageuse, je m’étais recouchée, dégoûtée de ne pas avoir réussis. Dans mon bide, grognait et grondait mon mécontentement ! Putain, j’voulais la réussir moi, ça m’pétait les couilles d’échouer comme ça ! C’était tout c’que j’avais dans l’bide ? Et bah, ça ne valait pas bien beaucoup du coup !
Mon incapacité, ma faiblesse me rendait folle et j’avais donc recommencé à réfléchir à m’en donner mal à la tête, à me filer d’énorme migraine ! Dieu, que c’était un enfer que de réfléchir à des choses aussi intangibles que la foudre et le chakra ! Même avec des illusions, il m’avait semblé que c’était plus simple et dieu savait que les illusions, c’était encore moins ma tasse de thé. Autant brasser de l’air et du vent jusqu’à devenir maître de l’air pour toucher de l’intangible ! Pourquoi je n’avais pas une affinité plus simple à sentir, comme l’eau ou la terre, ça je touchais et je sentais au moins !
Pendant que je me maudissais et maugréais sur ma blague sur le vent, me revint alors en tête que j’avais aidé Toshiro qui était venu me demander de l’aide pour maîtriser le vent. Outre le fait de l’absurdité de me demander à moi sachant que moi, mon truc c’était la voie du sabre et du sang. Je lui avais répondu une connerie bateau comme quoi, il devait mettre son chakra dans l’air pour le manipuler comme le sang. J’aimais bien le médecin, mais franchement me demander à moi ce genre de choses, c’était ridicule. Il avait eu l’air satisfait de ma réponse, alors que j’avais eu aucune putain d’idée de quoi répondre.
Mais, en y repensant, peut-être que déjà mon idée n’était pas si conne, mais qu’en plus, je pouvais l’utiliser pour mon idée. J’avais essayé d’invoquer la foudre comme ça, comme si c’était simple, mais j’aurais probablement dû commencer par le chakra, comme la première des composantes. Je bondissais hors de mon lit, affrontant le froid ambiant. Il fallait que je me confronte désormais à mes faiblesses, que j’accepte de voir ou j’étais faible.
Je laissais désormais derrière moi ce lit douillet et rassurant pour me confronter. Assise, je plissais les yeux jusqu’à les fermer complètement, plongé dans le noir, dans ce monde dénué de lumière. Mes deux index l’un contre l’autre, je les séparais et imaginais que le chakra pouvait parcourir la petite distance entre les deux avec facilité. Ce chakra n’avait pas une forme absurde, mais bien celle de foudre, d’un éclair pourfendeur, du courant capable de transpercer tout, autant la terre que les armures, autant que les corps que les monastères. Telle une étincelle, toute brisée et fragmenter, pulsant entre mes doigts couturés de cicatrices. Je modelais le chakra entre ces deux doigts, lui donnant la forme si particulière, puis l’infusant dans l’air, cherchant à l’attirer vers cet autre doigt. Mes doigts après quelques minutes d’essais, commencèrent à me picoter un peu, même si on ne voyait rien, je sentais que quelque chose se passait, me poussant à continuer dans cette voie.
A force de travail, cela commença à crépiter, à former de petit arc électrique à l’éclat bleuté, qui pulsait entre ces mains calleuses que j’avais devant les yeux. J’avais peu à peu ouvert paupière, pour apercevoir le résultat, ce petit arc électrique qui crépitait et dansait entre ces doigts, le chakra, telle la foudre changeait d’angle à chaque instant et je le sentais traverser mon corps et ressortir, tel un circuit. Une heure pour faire naître ce qui déchirait le ciel et brisait la terre autant par la puissance que par le son. J’avais dompté la foudre et je me sentais comme une voleuse, d’avoir réussi à détourner la force de la nature, pour la maîtriser simplement entre mes doigts. Quelle étrange sensation que d’avoir réussir à dominer et à soumettre la force de la nature pour l’utiliser aussi simplement qu’un outil entre mes doigts.
Mais, ce mince et petit filet d’électricité n’était que le début, en intensifiant le chakra, il devait être possible de réussir à produire plus d’énergie, plus d’électricité, de plus grands éclairs et arc électrique entre ces mains. En augmentant le débit et la forme des éclairs, beaucoup plus gros, tout commença à devenir beaucoup plus gros et plus dangereux, plusieurs fois, l’arc électrique sortis de son carcan et me frappa, par plusieurs fois, mon corps s’endolorit, mes muscles se crispèrent et par plusieurs fois un sourire se dessina sur ma gueule, un sourire de carnassier qui se délectait de la douleur et jubilait de sa réussite. Seul quelques heures et une concentration dingue m’avait permis cette maîtrise, la base même de la maîtrise de la foudre. Et pourtant, je n’étais encore qu’une novice, qu’une gamine quant à cet art qui assujettissais la nature. Mais, j’avais assez de maîtrise pour mes ambitions. Voilà juste ici, mon rêve et mon envie, qui me faisait crever d’envie, de maîtriser cette puissance et surtout de défier l’acier qu’on me jetait à la gueule ! Je n’avais jamais été aussi proche et heureuse de la réussite !
Mais, il me fallait aussi savoir si ma foudre, les éclairs de mon cœur hargneux étaient aussi prêts que ma chaire à intercepter l’acier et le rendre inefficace ! Il me fallait tester, quel champ d’action, le pouvoir que j’avais usurpé à la nature pouvait m’offrir ! Quelles ambitions je pouvais lancer dans ce j’avais fait, jusqu’à quel point je pouvais me jeter à cœur perdu et quels résultats attendre ! Mais, j’étais confiante… pourquoi je ne le serais-je pas ? Après tout, je défiais la nature avec sa création la plus destructrice.
L’acier attirait la foudre, comme si ce qui était capable de trancher la chaire et faire couler le sang était aussi capable de guider la force la plus incontrôlable de la nature. Comme si l’acier possédait mille et une capacité destructrice. L’acier permettait d’assujettir les hommes, les tuer, leur retirer toutes étincelles de vie. Il était probable que seule la foudre soit capable de défier l’acier et ainsi, le vaincre.
Plantant mon tantô dans le sol, je recréais le courant électrique entre mes deux index et commença peu à peu à augmenter le courant et la puissance, jusqu’à ce qu’un grand arc électrique résonnât et pulsait entre ces doigts de chaires et de sang. L’électricité était comme irrémédiablement attiré vers le pôle le plus attirant et rapidement, la foudre cessa de parcourir mes doigts, pour simplement d’éventrer contre la lame d’acier, immobile sur le sol.
L’acier attirait la foudre, permettait à sa faiblesse de venir le frapper et produire des étincelles. Une fois ces vérifications faîtes, il fallait désormais être capable d’invoquer la foudre avec assez de puissance pour réussir à dévier l’acier volant. Mais, je ne pouvais pas faire cela seule, c’était tout simplement impossible. Pour empêcher le fer futur qui se dirigera vers ma trogne, je devais accepter de me prendre l’acier du présent. Et comme à chaque fois, j’étais allé demander à mon amant de venir me prêter main forte et me jeter à la face l’acier tranchant pour apprendre à le dévier. La pile de senbon, shuriken et kunai devant lui n’avait rien pour mettre en confiance. Quant à moi, j’avais choisi de lever d’abord ma main, ou naissait la foudre et canalisant la foudre entre mes cinq doigts, crépitant dans l’air, la première arme arriva, l’étoile ninja s’enfonça dans ma chair, le courant n’avait même pas esquisser le moindre geste. Les essais continuèrent, toujours aussi infructueux et douloureux. Le courant n’était pas assez fort. Il me fallait aussi probablement synchroniser mes mouvements avec l’acier qui me pleuvait dessus. Vu que les éclairs qui naissaient de mes mains, n’étaient pas assez fort pour toucher à une aussi grande distance.
Ce fut à ce moment-là que tout se débloqua, en suivant la trajectoire de ma main, la foudre, frappait désormais kunai et shuriken, senbon et caillou. Et même si c’était encore insuffisant, c’était un bon début, à force d’essais, les éclairs gerbaient désormais de ma paume, avec de plus en plus d’intensité, interceptant et frappant au passage tout l’acier, à chaque fois avec plus de force, détournant de moi ses armes qui me visaient. Si bien, qu’après des heures à se prendre des armes dans la gueule, voilà que finalement, les éclairs déviaient de mieux en mieux. L’exercice était complexe, mais je me débrouillais pas mal. À main nue, cela marchait, il me fallait désormais voir si mon nodachi et sa longue taille me permettait un avantage, pour intercepter encore plus loin.
Je m’élançais donc, mon sabre était déjà la continuité logique et absolu de mes bras, visualisant la lame comme le prolongement de ce bras, lame que je savais être capable de se gorger de chakra crépitant et fulgurant. Je laissais donc naître la foudre au creux de mon ventre, là ou commençait la respiration et ou on malaxait le chakra. Malaxant ce chakra, lui donnant la forme des éclairs capable de courir partout, irrémédiablement attiré par le pôle le plus attirant, mon sabre, qui ne tarda guère à s’illuminer d’étincelles. La foudre crépitait et il me fallait désormais voire si cette extension de mon corps permettait de dévier la course de l’acier qui viserait ma peau.
Le premier Kunai vola et intensifiant le flot continu de foudre dans mon bras droit, un arc électrique frappa l’arme, mais pas suffisamment, ma peau se retrouva entaillé. Qu’à cela ne tienne, je pouvais faire mieux. Les armes défilèrent et à chaque fois, la gerbe était plus forte, les mouvements plus précis, surtout que je gagnais en allonge et je pouvais dévier plus tôt et plus loin, mais il fallait être plus précis, surtout que le sabre était plus lourd. Mais, ce n’était pas un problème, mes bras étaient habitués à tenir le sabre et si cela m’empêchait de me faire trop taillader, la précision devrait s’acquérir sans trop de difficulté.
Mais a force de sentir ma chair se faire entailler, à connaître le timing et la vitesse des armes, j’étais désormais capable de comprendre à quelle distance la foudre montait pour intercepter, à quelle vitesse elle frappait, combien de cible en même temps. Mes yeux comme mes bras se souvenaient de plus en plus de chaque kunai, chaque senbon qui venait vers moi et finalement, à force de me faire canarder pendant plusieurs heures par mon amant, à sentir ma peau comme mes muscles se faire inciser, j’étais capable de dévier l’acier. La foudre savait intercepter ses armes volantes et cela même par l’intermédiaire de cet imposant sabre.
J’étais toute fière de moi, on ne m’aura plus avec de tels stratagèmes, je saurais battre et dévier ces armes qui me laissaient sans défense. Ce n’était que le début, bientôt, plus personne ne pourra rien contre moi : je serais invincible. Il me tardait donc tant de pouvoir remettre en œuvre ce que j’avais appris, pour savoir combien j’avais progressé, combien j’étais forte. Il n’y avait que dans la bagarre que je savais vraiment ou je me situais, il allait falloir que je me castagne pour perfectionner tout cela. Mais, j’avais désormais une arme contre une de mes faiblesses ! Plus rien ne m’arrêtera jamais !