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La voie du Bushido ~ Entraînement solitaire

Chinoike Hitagi
Chinoike Hitagi
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Chinoike Hitagi





   
La voie du Bushido 

   




   
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Depuis que j’avais gagné en aisance ces derniers temps, je sentais mon corps devenir de plus en plus fort, je n’avais eu de cesse de prendre en confiance. On pouvait bien dire qu’un petit melon commençait à me pousser que d’ici quelque temps, mes chevilles commenceraient à me faire mal pour soutenir tout mon égo.

Je n’étais pas une bretteuse parfaite, loin s’en fallait, mais malgré tout, je me sentais forte, terriblement forte et dans l’isthme, j’avais cette impression que rien ni personne ne pouvait faire quelque chose contre moi… que j’étais inarrêtable, que j’étais invincible…

Bien sûr, c’était sans compter les puissants sabreurs qu’était mon vieux, Zennosuke et peut-être Toshiro. Mais, en dehors de ces trois gars-là, j’étais la plus forte de l’isthme, enfin, je le croyais vraiment. Quand je disais la plus forte, je comprenais homme comme femme. Enfin, je voulais le croire que j’étais au-dessus des autres gonzesses comme des pauvres types qui vivaient là !
Bref, tout cela pour dire que j’avais ainsi peu à peu à prendre la confiance et commencé à gueuler partout que j’étais la plus forte de l’isthme et que rien ne pouvait m’arrêter. Sauf qu’à trop gueuler, on finit par attirer les loups et c’était là, le début d’une bonne grosse leçon d’humilité pour la bonne poire que j’étais. Bon, il fallait évidemment que ça m’arrive, que quelqu’un vienne me rabaisser mon caquet. Je rabaissais celui des autres et de plus faible que moi, je devais me préparer à vivre la même chose.

Je traînais dans une auberge à raconter à Mugi, mon fidèle larbin/amant/meilleur ami, comment la dernière fois, j’avais botté le cul, toute fière d’un clodo et lui avait rétamé sa petite gueule à coup de pommeau de sabre. J’éclatai de rire, alors que tout gêné, Mugi esquissait un sourire. Il m’avait vu évoluée continuellement et savait bien que ce qui naissait en moi n’était pas quelque chose de bon… J’avais beau devenir de plus en plus une adulte, il ne faisait nul doute que sur certains points, je restais une peste et une connasse. Mais, l’autre m’aimait trop pour me le faire remarquer. J’étais dans une impasse et j’allais en payer le prix fort.

J’étais bien humble quand il s’agissait des Chinoike, mais je perdais tout respect envers ceux que j’appelais la plèbe… Après tout, je leur faisais bouffer la poussière si facilement, j’avais aucune raison de respecter ces petites frappes. Moi, je ne respectais que la force, la vie, c’était tuer ou être tués et je n’avais pas envie de crever, du coup, je terrorisais du mieux que je le pouvais les ivrognes avec une grande gueule au moins aussi grande que moi et assez con pour m’affronter. Ils se basaient tous sur le fait que j’étais une gonzesse, que j’allais être facile à battre. Enfin, vu le beau morceau que je représentais, ils étaient fous à vouloir se fritter avec moi. Ce n’était peut-être pas glorieux de se créer une réputation parmi des ivrognes et des piliers de bar, mais il fallait bien commencer quelque part.

Tout cela pour dire, que je vantais mes mérites, arrogantes et insolente à souhait, persuadée de ma place et de l’incapacité des gens à pouvoir faire la moindre chose contre moi. Je me sentais beaucoup trop forte. C’était pour cela, que j’allais me prendre un sacré karma dans la gueule.

Je soulevais la pinte de bière que je tenais dans les mains et la vidait d’une traite. Je beuglais violemment au barman de m’en ramener une. Mugi semblait bien discret à côté de moi. Et je continuais à lui vanter les mérites de ma dernière baston, avec quelle férocité, j’avais réussi à casser la mâchoire de je-ne-sais-quel gars qui m’avait balancé un mot plus haut que l’autre.

Ce fut à cet instant-là que quelqu’un pénétra dans l’auberge, qui n’était clairement pas le lieu le plus chic qui soit ici. En même temps, chic et classe n’était pas vraiment les mots qui me définissaient. Puissante et bestiale, c’était plus ça mon truc. Une vraie tigresse.  Bon, du coup le gars rentra dans l’auberge. Ses cheveux étaient accrochés en un chignon serré sur le haut du crâne et devait bien avoir une quarantaine bien tassée. Un bouc ornait son menton et ses yeux semblaient deux perles sinistres remplis d’un honneur que je ne connaissais pas et que je n’avais jamais vraiment eu. Pour moi, la fin justifiait les moyens. C’était le genre de noble bien casse couille, des êtres pompeux comme je les détestais. Tout dans ses mouvements me rappelait un guerrier, c’était précis net, fonctionnel. Son sabre à la ceinture et le beau fourreau ne trompait pas, ce n’était pas n’importe qui était là. Tout cela était follement excitant. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que l’envie de me battre contre l’autre naissait dans mon bide.

Il n’était que le milieu de l’après-midi, tout le monde était avachi autour de moi, complètement bourré avec une vieille odeur de bière rance, très peu de lumière naturelle, quelques torches vacillantes au mur. Mes pieds sur la vieille table au bois élimé et aussi percé que la lune, le noble sabreur resplendissait d’un charisme guerrier. Il me fallait éteindre sa lumière. Je vis alors dans le regard de Mugi de la crainte. Il me connaissait trop bien, il savait ce que je voulais faire. Il secoua alors la tête négativement, mais moi, un sourire carnassier et cruel sur le visage, je ne pensais plus qu’à une seule chose, me battre et voir si j’étais si forte que je le pensais.

Mais, je n’eus même pas le temps de me lever pour aller défier l’homme que déjà l’aubergiste me signalait de la main. Et que l’homme s’approcha de moi et me regardant d’en haut, siffla :

« C’est toi la dénommée Hitagi, celle qui se fait appeler « la plus forte bretteuse de l’isthme » ? »

J’hochai la tête, le regard retors et incandescent, tant j’avais envie d’en découdre :

« Il me veut quoi l’vieux ? »

Un léger sourire sadique se dessina sur son visage et j’eus alors la nette impression que quelqu’un de la même espèce que moi ou presque se trouvait devant moi ! Que c’était follement excitant !

« Je suis venue te mettre une petite raclée ma petite ! T’apprendre le respect ! »

Mon sourire s’élargissait encore et remonta jusqu’à mes oreilles et je sifflais en retour :

« Putain, oui ! »

Et malgré les injonctions de Mugi qui essayait de calmer le tout, je me levais en trompe et attrapant mon nodachi et suivit l’homme, bien trop heureuse pour une femme qui allait se battre. Rien n’y faisait, je bandais comme un âne à l’idée de me battre contre quelqu’un qui ne paraissait pas pitoyable pour une fois !

Abandonnant, mon amant me suivit en levant les yeux au ciel. Il me connaissait si bien, il savait qu’on ne pouvait plus rien faire pour moi et que j’étais inarrêtable !

Une fois dehors, l’humiliation publique allait pouvoir commencer, sans savoir qu’évidemment, ce n’était pas le noble et sa longue tunique aux couleurs rappelait le brasier qui allait se faire défoncer, mais bien ma petite gueule à moi, misérable et ridicule.

La neige crissait sous mes bottes et je sortais alors mon sabre de ma ceinture. Je brandissais un énorme nodachi et un sourire arrogant sur ma gueule, j’attendais, prête à me battre avec le noble à l’épée, qui dégaina avec grâce son sabre avec un doux chant de l’acier contre l’acier. Je souriais à pleines dents, beaucoup trop excitée pour réussir à vraiment mettre deux pensées cohérentes en place, seul l’appel du combat résonnait en moi. J’aimais vraiment me battre et écrasé les autres et plus faibles que moi !

Je lançais avec médisance pour prévenir le sabreur qui se tenait devant moi :

« C’est encore l’heure de faire demi-tour… Ce s’rait moche qu’à votre âge, vous vous cassiez un truc ! »


Il me rendit un regard courroucé et lâcha un petit rire prétentieux avant de persifler :
 
« Ne me sous-estime pas gamine… Je vais t’infliger la rouste de ta vie, comme ton père aurait dû le faire depuis longtemps ! »

Je gardais un sourire figé sur le visage et vidais mes poumons pour ne pas m’énerver et sombrer dans une colère sombre. Je n’arriverai à rien en me laissant dominer par mes émotions, je devais rester calme, tranquille ! Enfin, essayé de me contrôler. Je ne répondis rien d’autre que :

« Cesse de blablater vieil homme et en garde ! »

Je bondis alors sur l’homme en malaxant mon chakra pour l’insuffler dans mes muscles de mes bras et d’un large coup horizontal, visait sa tête. Je n’avais aucun doute qu’avec ses mouvements précis, il n’était pas le quart d’un tocard. Il para d’une seule main mon assaut. Il affichait une mine bien sérieuse, les sourcils froncés. Moi et mon sourire sadique et mauvais, je tranchais. Je n’étais pas étonnée de sa parade, mais je grognais quand même.

Je reculais d’un pas pour envoyer un large coup transversal en tournant pour me retrouver derrière lui, mais avec d’intense réflexe, il réussit à parer encore une fois. Je grommelais. Il était vraiment bon et parait sans le moindre problème ! Il était vraiment bon et à chaque fois, il trouvait le moyen de me donner des petits coups d’estoc et quelques estafilades apparaissaient déjà sur mes bras.

Mugi regardait cela d’un air inquiet, lui se rendait bien compte que celui avec qui je me battais n’était pas n’importe qui et que j’avais tout intérêt à faire attention. Mais je perdais patience, je m’énervais et je laissais des ouvertures dans ma garde encore plus grande et prenait plus de risque en envoyait des techniques de plus en plus énergivores. Clairement, je n’allais pas tenir bien longtemps comme ça.

Je me lançais alors à l’assaut avec une technique bien plus puissante que les autres, d’un bond, je fonçais à une vitesse ahurissante vers l’homme qui était impassible et ne transpirait guère. Cette technique était une de mes meilleurs, laissant une trace rémanente derrière moi, il ne pouvait rien faire. J’allais salement l’amocher ! Je ricanais presque déjà d’avance de ce que j’allais lui infliger.

Mais, d’un coup habile, il me toucha, traversant ma garde, visant ma gorge, trancha mon épaule gauche jusqu’à se ficher dans ma gorge sur quelques centimètres, avant d’être stoppé intentionnellement pour ne pas me faire trop mal. Mais, j’avais été touchée une gerbe de sang s’envola dans les airs alors que j’écarquillais les yeux de surprises, choqués. Je reculais en titubant, tâtant ma blessure alors que Mugi s’interposait entre lui et moi et commençait à le menacer.

J’étais blanche, cette attaque avait été terrifiante, si rapide, précise… presque parfaite. Je déglutis définitivement, terrifiée, alors que mes jambes tremblaient follement. Après quelques instants à me tâter la gorge et à voir le sang qui en coulait, je me rendis compte que l’attaque n’avait été que superficielle. Libéré du poids de savoir que cette attaque n’était pas mortelle pour moi, je m’effondrais au sol, vidé de toute énergie, l’adrénaline avait quitté mon corps. Il n’y avait rien de mieux qu’une blessure bien placée pour dégriser en un instant. Je gardais ma main plaquée sur ma gorge alors que déchirant une large bande de mon maillot, j’emmaillotais l’entaille de la lame. Il ne manquait plus que ça si je crevais d’une simple blessure.

J’étais verte de rage et blanche de peur. Mugi se précipita vers moi et me demanda si j’allais bien, je lui murmurai avec toute la douceur que j’avais pour lui, que oui. Il vérifia lui aussi ma blessure et soulagé, me pris dans ces bras. Je lui rendis son étreinte, non sans lâcher une larme de soulagement qui disparut au creux de son cou. Chialer ne changerait rien, il me fallait être forte, j’avais survécu, encore une fois, c’était sûr que le ciel avait une mission pour moi. Tout ce qui ne me tuait pas, me rendait plus forte. Il me fallait progresser et je savais déjà comment le faire.

Mon regard regardait dans le lointain, alors que Mugi commençait déjà à grogner tel un chien qui défendait sa maîtresse corps et âme. Je ne voyais plus qu’une seule chose, ce mouvement génial qui m’avait retiré toute envie de faire la maline. Je revoyais encore cet instant ou ces yeux posé sur moi, avait d’un coup parfait, visé ma gorge et s’était faufilé comme une anguille dans ma garde. Le coup était beaucoup trop puissant et violent pour être causé par un être aussi frêle que cette asperge de noble. Il était évident qu’il y avait quelques choses derrière. J’avais déjà subi assez d’attaque, combattus assez de gens pour connaître la force qu’il fallait pour infliger ces blessures et je savais que cet homme ne les avait pas. Il ne restait du coup plus qu’une seule solution, le chakra. Avec cette énergie, il était possible de réaliser tout et n’importe quoi. Je l’avais déjà-vu, infuser du chakra dans ses muscles pour augmenter la force d’une attaque, je le faisais moi-même…

Il y avait quelques secrets que je n’arrivais pas à percer, mais le côté fantastique de cet assaut me donnait envie d’en savoir plus… quelque en soi le prix, hormis ma vie. Le coup demandait une précision incroyable et une puissance bien sympa, elle permettait de frapper avant que l’autre ne frappe. Il me la fallait, pour pouvoir progresser encore plus, pour toucher du bout de mes doigts ensanglanté, ce rêve, celui d’être la plus forte de toute ! Pour pouvoir protéger tout le monde. Je devais apprendre cette technique !

Je tournais un regard haineux vers le noble, reprenant mes esprits après ma réflexion sur le besoin impérieux d’apprendre ce genre d’arcane du Kenjutsu. Toute seule, je doutais d’y arriver… Il me fallait son aide, à celui qui était venu me démonter la gueule et me donner une bonne leçon sur mon orgueil. Il devait me haïr et j’avais si peu d’honneur que m’importait de le supplier de m’apprendre !  Je plaçais lentement mon front sur le sol glacé en signe de soumission, puis implora d’une voix colérique et haineuse :

« J’admets ma défaite ! »

Puis, je relevais les yeux, le fixa avec intensité et rage, une lueur de défis, puis je repris en aboyant :

« Apprenez-moi ! Je ne suis peut-être pas le meilleur bretteur de l’isthme pour l’instant, mais avec un maître aussi fantastique que vous, je me sens capable de réussir ! APPRENEZ-MOI ! »

Il plissa les yeux et eut un léger sourire hautain. Je savais malgré le mépris qu’il devait avoir pour une créature aussi pitoyable que moi, mais je savais aussi qu’on se comprenait, on était de la même espèce, celle qui aimait dominer et détruire les autres ! Nous nous ressemblions plus qu’on pouvait le croire, on le voyait dans nos regards respectifs. C’était peut-être là ma chance, autant qu’il était noble, je ne l’étais pas, mais j’avais du cran et en tant que dominatrice méprisante, rien ne m’amusait plus que d’entraîner quelqu’un à qui j’ai cassé la gueule pour le détruire une seconde fois. J’avais toutes mes chances de réussir. À la suite de son sourire hautain, il répliqua avec cynisme :

« Tu as du cran et du talent, mais je te suis juste supérieur ! Je suis le plus grand maître d’arme de toute la région, que croyais-tu faire contre moi ? Moi, Nitobe Inazo ne craint personne au sabre.  Ce combat n’était même pas amusant, on m’avait promis mieux ! Je vais t’entraîner pour voir jusqu’ou ton niveau va aller ! On m’avait vendu mieux et j’espère que je ne me trompe pas, tu devras un jour te battre contre moi et m’offrir un duel digne de ce nom. J’ai envie de voir si une pisseuse comme toi réussira à me vaincre ! Ne me déçois pas, Hitagi !»

Je me relevais et grommelais en retour, toujours ivre de colère envers cet homme que je haïssais autant que je l’admirais. Je ne respectais que la force et celui-ci avait bien prouvé qu’il avait assez de force pour me faire lui lécher les pompes ! Mais, ce n’était que partie remise, j’allais tout apprendre de cet homme, lui voler toutes ses connaissances pour ensuite le ridiculiser. C’était ce que j’allais faire, devenir plus forte, comme toujours et me relever malgré les obstacles, peu importais ma douleur ! J’étais comme une chienne, je revenais tout le temps à l’attaque et jusqu’à ce qu’on me crève, j’allais mordre bien des gens !

« J’te montrerai, enfoiré de Maître ! »

Puis, d’un mouvement de la tête, il m’invita à le suivre et je me relevais alors, mes yeux crachant des éclairs et suivis de mon amant, nous repartîmes dans une étrange aventure ! Derrière nous, quelques clodos qui avaient vu l’affrontement nous regardaient partir, médusé. Ils avaient vu ce qu’était un vrai combat de guerrier et comprenaient que lors de mes rixes avec eux, je n’avais jamais été sérieuse. Ils venaient de comprendre l’écart qui me séparait d’eux. Ma force et mon talent étaient à des années lumières de ce qu’ils savaient faire !

Et ce n’était que le début, j’allais progresser encore une fois, pour massacrer chaque être qui se mettra sur la route des Chinoike ! J’allais tous les protéger et les aider à construire un avenir meilleur ! Tant que je serais en vie, rien ne leur arrivera à tous ! Je serais leurs muscles pour bâtir une organisation meilleure !






   

   

   


   
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La voie du Bushido 

   




   
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L’affaire n’était pas mince, bordel, dans quelle galère je m’étais encore fourrée moi ? Celui qui m’avait ridiculisé et blessé m’entraînait désormais et ses enseignements étaient bien galères. Parce que plus que de vouloir m’apprendre à manier le sabre, il voulait m’apprendre une philosophie, le bushido…

J’avais peut-être l’air de vouloir faire tourner la caboche et réfléchir ? Déjà que j’arrivais à juguler ma colère et ma haine, voilà qu’on me demandait d’apprendre en plus à prendre conscience du monde autour de moi et de ses bienfaits ? Mais quel foutage de gueule, on n’avait que de la glace et du givre à perte de vu et ça cassait les couilles ! L’isthme c’était un lieu craignos ou rien ne poussait à part des hommes aussi dures et résistants que la pierre, au cœur aussi froid que la glace. Et on voulait me faire croire qu’il y avait des bienfaits dans ce lieu ? Je n’y croyais pas, c’était le plus gros foutage de gueule de toute ma vie ça ! C’était ce que je m’étais dit d’abord lorsqu’il m’avait dit que mon apprentissage martial passerait par un apprentissage de la philosophie du Bushido, mais je me trompais.

J’avais suivi le nobliau jusqu’à son manoir, parce que oui, Môsieur Inazo était riche et pas qu’un peu, sa demeure respirait la bourgeoisie et l’opulence, pendant que nous on se les gelait dans une grotte, j’avais comme un arrière-goût d’injustice dans la gueule, ce n’était pas cool qu’il y ait des traitements si différents. Et pourtant, du peu que j’écoutais et que je comprenais, le Bushido de Môsieur était très tourné vers la liberté… Moi qui avais toujours vu les samouraï et nobles comme des salauds qui écrasaient plus faible qu’eux, entendre une ode à la liberté avait quelque chose de… presque rassurant. Ça ne ressemblait à rien de ce que j’avais vu, ça me fascinait presque, je me surpris à penser moi-même : « Peut-être, ne serait-ce pas si pénible que ça, que d’apprendre le Bushido. »

Enfin, on essayait de m’instruire la philosophie des samouraïs et des nobles, qui nécessitait quand une sacrée grandeur d’âme. Mais avec ma manie de frapper dans le dos, je n’avais pas vraiment de grande noblesse d’âme, ni même rien d’un samouraï si ce n’était ses armes et sa carrure, réussir à m’enseigner cela, ce n’était pas gagné. Mais, même si je ne niais pas que je ne pigeais rien aux trois quarts de ce qu’on me causait, l’idée même d’une liberté absolue, basé sur l’endurance et le respect de la vie comme de la mort me fascinait. Personne n’avait respecté nos vies à nous… Pourquoi le Bushido qu’on m’apprenait était si différent de ce que les nobles faisaient ?

Mais, la présence de Mugi m’aidait à tenir devant ses longs cours qui pour finir, m’empêchait de complètement sombrer dans le pessimisme me dire que je n’avançais et ne devenait pas plus forte, ni dans ma tête, ni dans mon corps, parce que je n’avais pas tenu un sabre depuis longtemps. Lui, comprenait ce qu’il me racontait et me le traduisait, peu à peu, j’arrivais à me faire une idée de ce qu’était vraiment le Bushido, l’art du combattant complètement libre, suivant sa propre voie, déchargé de tout. C’était encore très flou pour moi et je ne comprenais pas vraiment en quoi cela me servirait que d’apprendre tout cela, mais moi qui avais été enchaînée et forcée toute ma vie à faire ce que je ne voulais pas, forcer à faire ce qu’on me demandait, qu’on me parle de liberté, de ma propre voie, calmait ma colère initiale et ma rage à devenir plus forte. Ainsi, je tenais bon, parce que bien qu’initialement assoiffée de combat, la soif de me libérer par la philosophie du sabre me charmait encore plus. Il me fallait pour cela, suivre les 7 clés du Bushido d’Inazo pour atteindre la maîtrise parfaite. Les 7 clés étaient :

-Rigueur

-Courage

-Bienveillance

-Respect

-Honnêteté

- Indépendance

- Et la dernière des clés, celle que je devais comprendre par moi-même


A en croire ce qu’avait dit Inazo, en atteignant la compréhension de ces vérités, je ne serais plus la même, ayant fait le premier pas vers la perfection du maniement du sabre. Mais même si ces mots et concepts semblaient avoir un sens pour moi, il semblait évident que je n’en avais pas compris toute la substance, sinon, je serais déjà la meilleure sabreuse qui sois, ayant laissé derrière moi, toute marque de faiblesse et étincelant de tous les feux, n’ayant nul égal partout sur terre.

Je comptais bien, après avoir entendu cela et vu à l’œuvre le talent d’Inazo et son Bushido, tout donner pour essayer de maîtriser moi aussi le Bushido et m’élever par-dessus le commun des mortels en maîtrisant la philosophie qui allait avec le sabre et me permettrait de devenir la meilleure sabreuse. Je voulais devenir plus forte, c’était pour cela que j’acceptais de suivre sa manière d’enseigner.

Mais, ce n’était pas en écoutant de la philosophie que j’allais réussir à maîtriser les arcanes du sabre, c’était un tout et vu mon manque flagrant d’ouverture spirituel, mon maître ne tarda pas à se dire que je n’étais du genre à comprendre que part la sueur et le sang. Il était donc temps pour moi d’apprendre à maîtriser la rigueur et tout ce qu’elle impliquait, même si je n’en avais aucune idée.

Inazo se tenait bien droit au milieu du Dojo, l’œil aguerrit et un sourire narquois de dominateur, il était un homme libre, le meilleur au sabre de ces contrés, celui que personne ne pouvait battre et donc, que personne ne pouvait contraindre. Libre comme il était, il pouvait lui contraindre les autres et ainsi, n’en être que plus libre, une liberté personnelle qui s’étendait sur celle des autres, une liberté qui passait par la force.

Il commença à parler :

« Tu souhaites plus que tout réussir à maîtriser mes arcanes au sabre, mais sans comprendre les sept clés, tu en seras incapable… Cependant, par la sueur, je pense pouvoir te faire comprendre leurs valeurs. Tu devras tirer les leçons des sept obstacles devant lesquels tu te trouveras, surmonter ces obstacles te rendra plus forte que tout, au Kenjutsu ! »

Il souriait de manière narquoise, il semblait bien trop heureux de m’entraîner, même s’il avait dit qu’il espérait faire de moi une bien meilleure adversaire, il n’en restait pas moins que je trouvais cela étrange qu’il consente à entraîner une inconnue comme moi. Peut-être au fur et à mesure de cet entraînement, comprendrais-je pourquoi il faisait vraiment cela !

Mais, ce que je devais comprendre plus que tout, c’était la rigueur, au diable le reste, je devais devenir plus forte pour pouvoir écraser tout le monde sur mon chemin et protéger les miens.







   

   

   


   
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L’entraînement avait alors commencé, par quelques leçons pour se rendre compte de mon véritable niveau, quelques passes d’armes au sabre en bois, quelques coups d’latte pris dans la figure pour me rendre compte du monde de différence entre nous. Ce fut donc couvert de bleue et Mugi me serrant dans ses bras que finalement, on nous amena notre repas, aux vus des efforts que je fournissais, la quantité de riz et de viande à ingurgiter était conséquente, mais pour refaire mes réserves d’énergies, il me fallait bien cela. Mugi se nourrissait du bout des lèvres, bien moins large que moi, il cultivait son corps fin et musclé comme un lévrier contre lequel, j’adorais le blottir.

Le lendemain, je me sentis un peu fiévreuse et nauséeuse, durant l’entraînement, pour m’économiser un peu, je ne me donnai pas à fond et demanda à Inazo de se stopper alors même qu’il m’enseignait le mouvement vertical qu’il fallait pour la technique qui m’avait tant fait peur, me touchant à la gorge. Il me l’avait remontré, mais j’avais du mal à me concentrer, à percevoir réellement les mouvements. Le noble me donna alors le reste de ma journée, pour que je puisse me rétablir.

La nuit n’avait malheureusement pas arrangé mon état et j’étais d’une humeur massacrante en plus d’avoir la tête prise dans un étau. Prise de ce mal, je décidais de ne pas aller à l’entraînement, jugeant cela plus qu’inutile dans cet état. Le soir même, durant la nuit, je vomis toutes mes tripes et une fièvre atroce me pris, je suais dans ma couchette et mon amant à côté de moi, ne pouvait rien faire : j’étais en prise avec un mal sévère qui me dévorait et putain, c’que c’était douloureux !

Une semaine passa comme ça, chaque jour, mon état s’en trouva plus dégradé de la veille et plus grave. J’étais incapable de me lever sans manquer de tomber, je n’avais plus d’appétit, je vomissais et je n’arrivais qu’à boire les remèdes du médecin dépêché pour me sauver. J’avais l’impression d’être aux portes de la mort, Mugi me voyait dépérir peu à peu et j’n’étais plus vraiment très loin de la mort.

Cependant, au bout milieu de la nuit, alors même que mon état était plus critique que jamais, que mon souffle était sifflant, que mon teint était jaunâtre et tous mes muscles endoloris, voyant la mort approchée, mon impossibilité à l’empêcher me rendait juste malade. J’allais crever comme la première des victimes dans un pieu ? Quel honneur à mourir comme cela ? Plutôt mourir de fatigue ou me donner la mort moi-même ! Je me levais alors malgré mon état et hurla à Mugi de m’accompagner, qu’il était hors de question que je meurs allongée, mais debout au combat, avec honneur !

Une fois dehors, plus malade que jamais, fiévreuse et nauséeuse, je forçais mon amant à m’affronter au sabre en bois, vu mon état, je n’étais plus bonne à rien.

La neige était partout autour de nous, le froid était partout autour de nous, attaquant ma peau nue, j’étais accrochée à un arbre, ne tenant pas sur mes pattes, j’haletais comme une chienne sur le point de crevé… Mugi me causait, essayait de me dire que cela ne servait à rien, que j’allais mourir si jamais je restais dehors. Je lui hurlais dessus :

« TA GUEULE ! J’SUIS PLUS BONNE A RIEN LA ! ATTAQUE-MOI ! LAISSE-MOI ÊTRE UNE GUERRIÈRE POUR LA DERNIÈRE FOIS DE MA VIE D’MERDE ! »

Plutôt crever que de rester impotente comme cela, je sentais mon corps se réduire en poussière de l’intérieur, je me sentais mourir, mon temps était compté… C’était fini pour moi…

Flageolante, j’ordonnais a Mugi de m’attaquer, il refusa, je me jetais sur lui et hurlant de douleur, tenta de l’attaquer, il eu juste à faire un pas sur le côté, je tombais au sol. Je m’arc-boutais avec que je gerbais mes boyaux au sol et que mon cœur battait à tout rompre, je le sentais cogner sui fort qu’à tout instant, je le voyais s’arrêter. Les larmes me montèrent aux yeux, je me mis à pleurer. Les larmes coulaient drues sur mes joues : je n’en pouvais plus, c’était si dur, si difficile :

« Je veux pas mourir, je voulais pas que ça se passe comme ça… Je veux pas Mugi… sauve-moi ! SAUVE-MOI BORDEL ! Va retrouver Fuyu et Toshiro, fait les venir, je vais crever sinon… Sauve-moi, sauve-moi, sauve-moi, sauve-moi, sauve-moi ! »

Je restais enroulé sur le sol à psalmodier dans l’espoir d’avoir à mes côtés le médecin et l’aînée du clan, qu’ils puissent faire quelque chose contre moi : en vain… Personne n’était là. Je continuais de pleurer à chaude larme, allongée dans la poudreuse, puis revomis de nouveau, un filet de bile qui me déchira la gorge. Mugi lui, me serrait dans ses bras et tentait de me réconforter, mais j’avais du mal, je n’en pouvais plus… Je voulais juste survivre moi… pas pleurer et mourir…

Je réussis à lui murmurer dans l’oreille :

« Bas toi avec moi, je veux être la dernière personne que je verrai. »

Je vis la douleur traverser le visage de mon amant, ce que je lui en demandais lui coûtait beaucoup, le faisait même souffrir… j’étais un poison pour lui, son amour pour moi était un poison, je l’empoisonnais… Je ne le voulais pas, j’voulais pas lui faire de mal, mais j’étais égoïste, si égoïste… Je voulais juste ne pas mourir sans rien faire, plutôt crever le sabre à la main à côté de celui que j’aimais.

Mugi m’aida à me relever et empoignant un sabre en bois, commença à se battre contre, chaque coup, même sans force me lançait et j’arrivais à rien, je me prenais chaque coup, je n’arrivais pas à en porter un seul, je me faisais rétamer, mais j’avais cette impression que chaque coup me libérait, me retirant cette culpabilité à dépérir sans rien faire, plutôt se battre que mourir comme une merde ! C’était une délivrance, je pouvais fermer ici les yeux et me laisser mourir…

Mais, étonnement, à la fin de cette rouste à sens unique, je n’étais plus aussi souffrante, comme si l’entraînement me guérissait mieux que chaque remède du médecin. Je venais de me la rouste de ma vie, alors même qu’il retenait ses coups contre moi. Mais j’allais mieux… sûrement que ma mort n’était pas pour aujourd’hui… En tout cas, je ne voulais plus rester là à ne rien faire, à me laisser mourir, rester impotente et impossible était trop dur pour moi. Peu importait ce qui se passait, l’effort me libérait de mes souffrances ! Plus jamais je me laisserai porter comme cela malgré mon état, tant que je serais en état de bouger, je ne m’arrêterais jamais ! L’art du sabre soignait mon âme comme mon corps, je devais donc me donner à lui seul.

Alors que mon amant me portait, toujours malade, je me blottis contre sa poitrine et murmura ces mots que je n’avais jamais su lui dire dans un murmure :

« Je t’aime. »

Puis déposa un baiser sur le coin de ses lèvres, puis fermant les yeux, me laissa porté comme une princesse jusqu’à notre chambre… Rien n’était perdu, un avenir était encore possible, un avenir de vie pour moi, mais aussi un avenir de famille entre lui et moi.

Le lendemain, malgré mon état toujours faible, je me décidais à reprendre l’entraînement avec mon maître, si l’effort me libérait, alors autant me libérer de la douleur en affrontant le meilleur sabreur et en m’entraînant comme une forcenée.

Je croyais avoir pris la rouste de ma vie la veille, mais ce n’était rien par rapport à ce qui attendait ma pauvre poire, je me fis littéralement annihiler par Inazo qui n’eut aucune pitié pour moi, m’écrasant comme un moustique avec une telle férocité que Mugi faillis à plusieurs reprises venir me chercher pour me sauver. Je l’en y dissuadais, c’était mon choix, c’était mieux comme cela. Il me fallait de l’effort pour me libérer, même si c’était douloureux. Le travail rendait libre.

Et à force de voir le mouvement qui m’avait tant mis dans le mal, même avec la fièvre, je retenais parfaitement ce qui se passait, la lame qui se baissait, patientant jusqu’à l’instant précis où la garde était brisée et à ce moment-là, tel un serpent, la lame s’éveillait et visait la gorge avec toute la férocité de l’acier. Il suffisait d’attendre le bon moment, quitte à se mettre en danger pour annihiler complètement la moindre attaque d’un autre sabreur.

Me faire tabasser ainsi, à subir ce coup, m’arrêtant mon souffle vraiment souvent, visant ma gorge sans la moindre pitié, j’étais capable de connaître le timing de mon adversaire lorsque mes coups las arrivaient vers lui. Puis, la façon dont il bandait les muscles avant d’attaquer, remplissant de chakra ses bras et d’élancer son arme avec le plus de force possible, pour réduire à néant mes efforts. Ce coup était encore plus fantastique à mesure qu’on le voyait. Il admettait de laisser le danger arriver pour finalement au dernier moment lâcher avec le plus de force un coup dangereux et puissant.

Plus je voyais cet arcane du sabre, même avec mon esprit calciné par la fièvre et ma peau trempée de sueur, plus je voyais le génie d’Inazo qui n’était pas loin de mériter son titre de meilleur sabreur de l’Isthme, si ce n’était même de tout le Nord-Est du Sekai. Je n’étais qu’une misérable à côté de lui. Mais c’était pour cela que je m’accrochais pour moi aussi être capable d’attendre le moment opportun pour envoyer ce coup si puissant.

Cette journée fut éprouvante, mais il me semblait me sentir mieux, alors même que j’étais restée plusieurs heures d’affilée à me faire poutrer. Il me semblait même progresser, tout s’arrangeait ?
Le lendemain, j’allais mieux et je repris l’entraînement dans les mêmes proportions et le jour encore d’après me vis complètement rétablis, remplis d’énergie malgré tous les coups que je m’étais pris, je me sentais en force, remplie de vitalité, complètement régénérer. Et je pus enfin réussir à porter quelques coups à mon maître d’arme, qui souriait du même rictus cruel que moi. J’y lisais satisfaction et moi aussi j’étais satisfaite, heureuse d’avoir vaincu la maladie. Mais surtout d’avoir assez de force pour désormais pouvoir exécuter la technique, je pouvais le faire avec encore un peu d’entraînement !
Une fois nos passes d’armes endiablé terminé, Inazo s’approcha de moi, écarlate de l’effort, mais à la fois si heureuse d’avoir surmonté la souffrance par l’effort alors que j’étais aux portes de la mort quelques jours avant :

« Tu me sembles transformé, qu’as-tu appris ? »

Cette question semblait très tournée, comme s’il attendait quelque chose de moi, comme si tout était prévu… C’était chelou tout ça quand même. Je n’eu même pas le temps d’esquisser un mot que ce fut alors que Mugi se leva furibond et aboya :

« Tout cela faisait partie de votre plan, pas vrai ? »

Inazo se mit à ricaner et en souriant, de toute évidence, il avait fait un truc, mais je ne savais pas encore quoi. En attendant, le bretteur ignora mon amant et attendit que je réponde en fronçant les sourcils, je ne pigeais pas trop ce qui se passait, mais il y avait un truc pas net, c’était pas très jojo tout ça :

« Que le travail m’a sorti d’une situation ou je pensais mourir… Qu’j’ai surmonté la mort par l’effort en m’entraînant alors qu’j’étais mourante… Vu votre réaction et celle d’Mugi, j’imagine qu’c’est ça la rigueur ? »

Le noble hocha la tête puis repris :

« Plus ou moins, la rigueur, c’est resté droit dans son art et ne jamais abandonner, qu’il vente, pleuve ou qu’on soit mourant, l’effort permet de se libérer de tout cela. La rigueur c’est de persister dans son art… »

Mugi semblait irradier de colère à côté, lui avait compris quelque chose que moi je ne pigeais pas. Ça commençait à me péter les couilles tout ça ! FALLAIT ME DIRE CE QUI SE PASSAIT BORDEL :

« Et pour cela, vous deviez l’empoisonner et la mettre face à la mort ? »

Je fronçais les sourcils, choquée et ébahis. Je me tournais vers le noble sans y croire. C’était pas possible, il n’avait pas pu m’empoisonner, hein ? Inazo lui, haussa les épaules :

« Elle a réussi le premier test, elle est digne d’être réellement mon élève, maintenant qu’elle a maîtrisée la première clé de l’art du sabre. Elle a surmonté la mort, c’était nécessaire ! Et a réussis avec brio !

J’étais choquée, mais je ne disais pas, à la fois partagée entre la joie de la réussite et la colère d’avoir été empoisonné. Mais, j’étais allé trop loin pour faire demi-tour, cet entraînement devait se terminer et j’en sortirais plus forte que jamais ! J’avais survécu à un entraînement, je survivrai à tout pour devenir la plus puissante et un jour voler son titre à Inazo ! Personne ne me surpassera jamais plus au sabre. Même si j’avais été empoisonné, j’avais appris que l’effort permettait de se libérer de tout et je comptais bien persister dans ses efforts.









   

   

   


   
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Le lendemain, encore couverte de bleue et donc bandé du mieux que Mugi le pouvait, un peu toute clopinant, je me dirigeais vers la longue salle nattée de bambou ou je m’étais fait rétamée tous les jours qui avait suivi mon arrivée ici. Cette fois-ci, un mannequin de paille était dressé au milieu de la pièce et Inazo patientait en position de méditation.

En entendant mes pas sur le sol, il leva les yeux et se releva, un sourire aux lèvres :

« Tu es la première à réussir ainsi à comprendre ce qu’est vraiment la première des clés et persister comme cela, l’âme même de la rigueur… Même blessée, tu es là et c’est pour cela que tu es je pense prête à comprendre la seconde clé, tu te souviens de laquelle c’est ? »

J’hochai la tête, Mugi m’avait fait réviser pour que je les retienne, j’étais capable de les citer de mémoire, rigueur, courage, bienveillance, respect, honnêteté, indépendance et la dernière clé que je devrais trouver moi-même :

« Le courage. Mais j’imagine que ça doit être un peu plus complexe que c’que moi j’appelle courage… »

Le noble haussa les épaules et répondit d’un air mystérieux :

« Tu dois le comprendre par toi-même cela. »

Évidemment tout ne pouvait pas être si simple, j’avais été empoisonnée pour apprendre la rigueur, le courage ne pouvait pas être si simple… Enfin, j’avais déjà eu en moi les graines de la rigueur, peut-être avais-je aussi les graines du courage qu’il me fallait juste découvrir en moi… J’avais encore un long chemin à parcourir avant d’être la plus forte des sabreuses.

Inazo me montra le mannequin d’un geste de la main et sans un mot, d’un coup que j’avais déjà vu tant de fois avec le sabre en bois, démontra une fois de plus sa supériorité cuisante. Ses robes dansaient derrière lui, d’un mouvement qui me fit déglutir tant je sentais de nouveau l’acier trancher la chaire, le sabre bien droit vers le sol, d’un mouvement si fin qu’on le croirait si naturel pour un bras humain, frappa la gorge du mannequin avec une précision exquise, avant une telle force que la tête de paille explosa, j’en avais presque les larmes aux yeux ! Ça c’était de l’art du sabre.

Je revoyais la technique d’un angle différent et j’avais bien remarqué, la position, tout dans le corps du noble, sa manière de placer ses pieds, la trajectoire du sabre. Tout cela était possible, j’en étais capable. Alors que le vieux plaçait une autre tête sur le mannequin, je m’approchais tranquillement, serrant les doigts autour de la garde. J’avais vu ce mouvement tant de fois, en fermant les yeux, je le revoyais. Il me suffisait juste d’entraîner mes muscles jusqu’à connaître ce mouvement par cœur.

Je commençais alors à m’échauffer en faisant des enchaînements dans le vide, pour pouvoir ensuite mobiliser le meilleur de mon corps qui retenait plus que ma tête, tout ce qu’il faisait. Puis, une fois mes muscles bien chauffés par l’effort pendant une heure ou deux, je pus commencer ce mouvement, qui tenant à deux mains le sabre vers le sol à droite, consistait à faire ensuite remonter le sabre en diagonale vers la gauche, censé touché la gorge de l’adversaire. De plus, pour maximiser les dégâts dus à cette attaque, en infusant une quantité de chakra importante dans les muscles, le tout est encore plus dévastateur et dangereux.

Je savais infuser le chakra dans mes muscles et finalement, il me fallait juste maîtriser le mouvement parfaitement et pour cela, rien de mieux que de travailler encore et encore le mouvement, jusqu’à m’en rouvrir les blessures. Je passais des heures à exécuter ce mouvement, jusqu’à ce que mes mains saignent, que mes bras ne soient plus capables de lever le sabre. Mais, inscrit au plus profond de ma chair, je sentais que le mouvement commençait à venir, à devenir naturel pour mon corps. Et malgré mon état de fatigue avancé, je continuais, la rigueur guidait mes pas. Même une fois qu’Inazo fut parti se coucher, je restai seule à continuer à lever ce sabre en bois en boucle, pendant plusieurs heures d’affilée, Mugi restais là à me regarder, juste en souriant, voyant mes efforts, mais me voyant souffrir. Il fallait souffrir pour être forte.

Je ne me stoppais que quelques instants pour faire une sieste dans les bras de mon amoureux, puis une fois réveillé, j’y retournais malgré la douleur qui traversait tout mon corps. A travailler quasiment une journée entière, le mouvement finit par rentrer et au matin, j’étais fière de pouvoir me dire que je savais comment faire le mouvement et que moi aussi, j’en étais capable.

Dès l’homme au chignon et au bouc pointa le bout de son nez, sans un mot, je m’approchai du mannequin et baissant la lame, la remonta avec une précision exquise qui ne tarda pas à complètement faire exploser la paille. Je maîtrisais le mouvement à la quasi-perfection. Inazo hocha la tête :

« Bien, je vois que tu continues de t’entraîner avec rigueur, cependant, tu t’en doutes, il te manque quelque chose, quoi ? »

Il aimait poser le doigt sur ce qui était douloureux, je savais très bien qu’il manquait quelque chose de crucial dans ma maîtrise : le fait que je n’avais jamais utilisé cette technique contre un être humain, ce qui faisait que même si j’attaquais préventivement avec, j’étais bien incapable de faire ce que mon maître était lui capable de faire avec ce mouvement, c’est-à-dire user de l’allonge de son arme et attendre le bon moment pour frapper au moment où on s’apprête sois même à être touché. C’était là toute la technicité du coup qu’il me fallait encore maîtriser.

« Contre un adversaire, armée, utilisé la technique au bon moment s’ras beaucoup plus dur… »

D’un hochement de la tête, Inazo approuva ma théorie. Rien n’était encore fait, je devrais encore mettre en œuvre bon nombre d’effort pour réussir à maîtriser cette technique. Et c’est sans plus attendre que je me lançasse dans cet entraînement contre un maître d’arme meilleur que moi en tout.
Il se lança vers moi, leva son sabre, mais j’envoyais le mien trop tôt, croyant voir une brèche dans sa défense, je me pris un coup de latte et tombait par terre. Je me relevais et recommençais encore. Chaque coup semblait me permettre de connaître le timing de mon adversaire, mais à chaque fois que j’avais l’impression de toucher du doigt la possibilité, il changeait de rythme et j’avais beau regarder chaque mouvement de son corps, je n’arrivais pas à percevoir cet instant précis ou je devais lancer ma lame. Contre un ennemi réel, j’aurais eu le temps de mourir cent fois. Je rageais, je ne comprenais pas, mais j’essayais de faire de mon mieux : mais c’était un échec cuisant. La nuit arriva alors même que je n’avais pas fait bien beaucoup de progrès. Et même si j’étais partisane de continuer à m’entraîner, je savais bien qu’en me privant de sommeil trop longtemps, je ne serais bonne rien, il me fallait du repos quand même. Je me jurai alors à moi-même que tout serait différent.

Mais, j’étais probablement un peu trop optimiste, ce n’était pas aussi simple que cela, évidemment et les trois jours qui suivirent furent la même chose. Malgré mes tentatives de trouver la faille dans la garde et lancer ma lame et frapper, j’échouais toujours. Et je finissais inlassablement rouée de coup à pisser le sang par le nez. Ma condition n’était pas optimum.

Le soir après cette troisième journée de rouste, je me plaignais à Mugi. J’étais lessivée et j’avais l’impression de ne réussir à rien réussir et de stagner malgré tous mes efforts : ça me faisait crever. Je voulais maîtriser ces clés, mais je n’y arrivais pas, le courage me faisait défaut :

« J’dois pas être faite pour ça… »

Assis à côté de moi, mon amoureux posa sa main sur ma cuisse. Lorsque j’étais avec lui, je pouvais toujours être plus que simplement la guerrière et la Chinoike violente. Avec Mugi, tout était toujours si différent, j’avais un cœur, des sentiments et seul lui arrivaient à me faire voir quelle personne j’étais vraiment. J’étais vraiment qu’une jeune femme avec lui et rien d’autre. Sa présence était le meilleur antidote à tous mes maux. La preuve, quelques jours auparavant, j’étais une garce pétrie d’orgueil et me voilà en train de remettre toute ma connaissance du sabre en cause dans une position humble. J’évoluais pour le mien, il m’aidait à rester sur le bon chemin, à ne pas m’égarer. Il était le seul à vraiment me connaître et à toujours rester avec moi… je voulais le garder avec lui pour toujours…

« Mais non, ne dis pas ça Joliecoeur, tu n’as juste pas encore compris ce qu’il fallait… Peut-être que… peut-être que le courage te manque… »

Je ne disais rien, posant simplement ma tête sur son épaule et fermant les yeux, sentant son odeur et la chaleur de son corps sous le tissu. Le courage me faisait défaut ? Moi qui arrivais à me lancer dans une bataille sans craindre pour ma vie, le courage me manquait, il était la clé pour maîtriser cette dernière technique.

D’une certaine manière, le seul courage qui me manquait, était celui qui me disait de dire à mon amant l’étendu de mon affection pour lui. Tout ce que j’imaginais pour nous deux, c’était une vie simple, mais ensemble… Mais je manquais de courage pour lui dire… Ou alors, était-ce parce que je manquais tant de courage et de peur, vu que je n’avais jamais connus les affres de l’amour que je devais le lui dire.

Mon cœur battait à tout rompre à cette pensée, l’impression que jamais les mots ne sauraient sortir, qu’ils resteraient emprisonner. L’idée même que je m’y préparais me terrifiait, j’avais peur de tout gâcher, de le perdre, de perdre cet être exceptionnel et génial qui était resté auprès de moi durant pratiquement qu’on se connaissait vraiment. Mais je devais le dire, je devais m’assumer, prendre un peu de courage pour dire ce que je voulais vraiment, en dehors de ma quête de puissance pour protéger tout le monde. Non, je parlais de ce que je voulais personnellement, pas Hitagi la Chinoike, la guerrière, non, Hitagi la jeune femme qui ne souhaitait que retrouver la chaleur de la peau de celui qu’elle aimait, avec qui elle se voyait vivre dans une petite maison avec un enfant ou deux. Mais, j’étais incapable de sortir ces sentiments, d’en parler.

J’avais vu mon affection pour Mugi grandir et j’avais toujours été très très pudique par rapport à ça, mais devant le fait accompli d’avoir affronté la mort, et lui avoir avoué que je l’aimais, je ne pouvais plus vraiment nier l’inévitable. Il me fallait l’avouer, pour enfin avoir ce que je désirais depuis des semaines. Il me fallait juste trouver la force de prononcer ces mots, j’étais très peu douée pour parler et encore plus pour parler de mes sentiments, c’était un enfer, une souffrance, une très grande douleur, je voulais le lui dire.

Mais, il me fallait profiter de ce bonheur que j’avais avec lui, il me fallait plus de lui, et pour cela, je devais avoir le courage à la fois de tout casser, comme d’obtenir plus. Il fallait lâcher ce que j’avais et espérer que ce qui me reviendra sera plus que rien du tout. C’était risqué, mais le courage, n’était-ce pas affronter les risques de manière raisonnée, en ayant confiance en soi ? Si c’était probablement cela, si j’avais confiance dans Mugi, alors, je pouvais trouver la force de lui dire.

Je me décalais pour m’asseoir sur ses genoux, j’étais écarlate et mon cœur battait à tout rompre, comme lorsque j’avais cru qu’il s’arrêterait durant mon empoisonnement. Je serrais mes bras autour de sa nuque, puis minaudant, mise à nue de mes sentiments comme jamais je ne l’avais été :

« Mu… Mugi ? Je… Je… »

J’étais presque sur le point de renoncer à ce que j’allais dire, mais secouant la tête, sentant le contact rassurant de ces mains et voyant son sourire, je me repris : il fallait le dire.

« Mugi j’espère qu’on restera ensemble pour toujours… »

Le calme m’envahit alors après avoir avoué ces sentiments que j’avais gardés pour moi si longtemps. Je me sentais libéré du poids de ses sentiments, les seuls qui importaient vraiment, les seuls qui devaient sortir. Je sentis le menton hérissé de la barbe de trois jours de mon amant se frotter contre ma joue, puis il déposa un baiser sur le coin de mes lèvres, je sentis sa peau se tendre pour dessiner un sourire alors qu’il murmura :

« Moi aussi, je veux rester avec toi pour toujours Hitagi ! »

Quelques larmes coulèrent, il était le seul qui avait le droit de me voir pleurer comme cela, il avait le monopole de ma féminité ou presque. Il était le seul à voir ces facettes-là de moi qu’il m’avait fait découvrir. J’étais si heureuse de ce qui se passait, j’étais si contente. J’étais si soulagée, que j’étais heureuse de l’avoir ! Nous nous serrâmes l’un contre l’autre, heureux de notre amour réciproque. Pendant la nuit, la réponse à mes échecs successifs m’apparut, comme amour comme à la guerre, il fallait se confronter avec courage et croire en soi. C’était ce que je comptais faire demain : affronter l’acier même capable de me tuer et triompher parce que j’avais confiance en moi !

À l’aube, j’étais de nouveau dans le dojo, prête. Inazo arriva et alors qu’il prenait son sabre en bois, je secouais la tête et déclara :

« Je préférerais que vous utilisiez une lame d’acier aujourd’hui ! »

Le noble plissa les yeux et je crus y discerner de la satisfaction, il dégaina alors sa longue lame d’acier et se mit en place, moi j’avais seulement un sabre en bois. Mais ce n’était pas grave, j’allais réussir, je le devais, sinon je serais face à une blessure irrémédiable et peut-être même la mort : C’était réussir ou mourir.

Mais, je n’avais pas peur, il me fallait juste me lancer, j’avais vu cette technique plus de fois que je pouvais le compter et je l’avais pratiqué elle aussi souvent. J’avais confiance en moi, ça devait le faire. Je laissais la tension dans mes bras se dissiper alors qu’ils pendaient vers le sol. Je laissais le chakra gonfler chaque fibre musculaire, chaque partie de mes muscles, jusqu’à ce que je sois sûr qu’il y en ait assez pour frapper assez fort.

D’un souffle, je stoppais mon attention, mon cœur ralenti alors que ma vision devenait de plus en plus perçante, remarquant le moindre mouvement de mon adversaire. Comment, une goutte de sueur perlait de son front, comment, sa poitrine se soulevait en respirant, comment ses doigts se serrait autour de la garde de sa lame, comment, les petits soubresauts de ses bras faisaient chanter l’acier. J’avais une vision complète de la situation, mon attention n’était concentrée que sur lui et lui, rien d’autre n’existait que ce combat, rien que ce combat.

Il s’élança, j’avais l’impression de le voir au ralenti malgré sa vitesse, je vis sa lame se rapprocher, je fus tentée de lancer ma propre latte à ce moment-là, mais j’y renonçais, préférant attendre un instant plus tard, lorsque vraiment sa défense serait ouverte. Le courage m’hurlait de patienter alors que mon corps tendu comme un ressort n’attendait que le moment de se déplier. D’un coup, la faille m’apparaît, au niveau de son bras gauche, tel un ressort, mes deux bras partirent et traçant tout jusqu’à son coup, percuta avec force la nuque, il grogna, pour la première fois, je l’avais touché sérieusement, il recula. Un énorme bleu était là ou je l’avais touché…

Puis, le grognement se transforma en rire, un rire tonitruant alors qu’il rangeait sa lame et se mit à m’applaudir :

« Si ça c’était pas du courage, attendre cet instant ou j’aurais pu te toucher pour me frapper, c’était culotté, mais c’est l’esprit de la technique… Je ne savais pas ce qui s’est passé pour que tu prennes conscience de cela Gamine, mais je dois te féliciter, je n’ai plus rien à t’apprendre sur cette technique… Tu as maîtrisé la seconde clé de mon Bushido ! »

Me rendant finalement compte que j’avais maîtrisé cette technique, un rictus carnassier propre aux hyènes se dessina sur ma face, j’étais si heureuse putain, j’avais réussi ! Je maîtrisais désormais deux clés sur sept, j’étais sur la bonne voie pour maîtriser réellement le Kenjutsu, je ne savais pas ou j’en étais, parce que je me sentais si forte et vivante à cet instant-là ! J’étais si épanoui, je voulais continuer, encore et encore ! Que j’avais hâte de voir ce que l’apprentissage de la bienveillance allait être !








   

   

   


   
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Mais, quelle bienveillance pouvais-je avoir avec une lame à la main ? Eviter les points vitaux ? Frapper pour ne pas tuer ? C’était un grand questionnement qui me trottait en tête et je n’avais aucune réelle idée de quel pouvait être la bienveillance dont il était question. J’espérais réussir à comprendre plutôt facilement de quoi il en retournait que la rigueur, qui m’avait valu un empoisonnement et de frôler la mort. Il faudra que j’aille cogner un coup mon maître une fois tout cela terminé, l’histoire de quand même lui montrer que, bah, j’aurais pu crever quand même, MERDE !

Enfin, je n’avais pas vraiment le temps de me reposer que déjà, je devais reprendre l’entraînement, les cinq autres vérités n’attendaient pas : la voie pour devenir la meilleure épéiste du monde n’attendait pas, nui n’était douce et calme. Le sang et la sueur devraient encore couler avant que je ne sois réellement prête.

Inazo se tenait droit comme un -i, encore une fois et son sourire fourbe, me déplut autant qu’il m’enchantait, je me demandais quelle sorte de techniques il allait me sortir. Il hocha la tête en me voyant et attrapant un sabre en bois, le soupesa avant de finalement s’élancer sur moi et d’une suite de mouvement, varia chaque point d’attaque, m’écorchant partout, m’empêchant de parer efficacement cette attaque, je grommelais, puis alors même que coincé comme cela, je m’apprêtais à lui retirer la latte de bois des mains, il me donna un gros coup sur ma tête et cent milles chandelles dansèrent devant mes yeux, avant que je ne recule, me tenant la tête :

« Ce n’est pas parce que tu as maîtrisé deux vérités que tu es meilleur que moi, tu as un long travail à faire ! Comment as-tu trouvé ma bienveillance ? »

Je grommelais et je commençais à chercher ce qu’il entendait par bienveillance, en vain… Je n’y arrivais pas. Voyant que je patinais, pour comprendre, Inazo leva les yeux au ciel. Puis repris :

« Bon, tu es plus du genre intuitive, tu comprendras en pratiquant. »

D’un mouvement de la tête, il m’amena vers un mannequin et recommença la même série de coup qu’il avait utilisé sur moi, il donnait plein de petit coup partout, de manière peu précise, si bien qu’il ne frappait jamais au même endroit deux fois, mais frappait l’entièreté du coup. A force d’infliger tant de petite attaque, de manière peu précise, il permettait a sa cible de parer un peu et ainsi de ne pas se faire charcuter de partout, mais prenait le risque ainsi de se retrouver retrancher derrière soi et de subir une attaque bien pire, je m’étais prise moi un coup de latte, mais avec une vraie lame, ça aurait été différent.

Je plissais les yeux, puis grogna :

« Eh, le vieux, pourquoi t’as pas utilisé une vraie lame sur moi ? J’suis toujours meilleur lorsque je risque de la morsure de l’acier… c’est ce que j’ai compris de la seconde vérité. »

Le maître sembla surpris, puis une immonde grimace déchira son visage alors qu’il se mettait à ricaner :

« J’ai attendu que tu me le demandes… tu commences à comprendre, c’est bien ! »

J’hochai la tête alors qu’il jetait le sabre en bois, puis gloussant, me fit un signe de la main, avant de repartir en secouant la main. Maintenant, il ne restait que la mannequin et moi. Enfin, la bienveillance, le mannequin et moi. Je soulevais un sabre en bois et commença à frapper le mannequin, mais je n’arrivais à rien, chacun de mes coups ne faisaient que viser la gorge, le ventre, la poitrine. Mon corps n’arrivait pas à faire autre chose que de frapper les points vital… Pourquoi frapper si ce n’était pas pour tuer ou infliger les pires blessures ?

Je secouais la tête et alors que je commençais à m’agacer en donnant des grands coups de latte dans le mannequin, ne faisant plus rien de positif ou même d’instructif, laissant juste libre recours à ma colère, mais je continuais, persuader que c’était ça la rigueur, travailler sans fin. MERDE POURQUOI JE NE COMPRENAIS PAS CE QUE C’ETAIT QUE SA BIENVEILLANCE DE MERDE ! J’ETAIS TROP CONNE OU QUOI ? Une main se posa doucement sur mon flanc, alors qu’une douce odeur m’emplis le nez… Mugi se trouvait derrière moi et ses doigts caressait ma peau.

« La rigueur c’est travailler même si on est aux portes de la mort et considérer que le travail libère le corps et l’âme, mais pas se tuer à travailler si on n’y arrive pas. Allons faire une balade, ma chérie. »

Je restais immobile, un peu déçue de ne pas réussir, puis, je me décidais à suivre Mugi, me changer les idées, ne me ferait pas de mal. Nous nous dirigeâmes alors vers la petite ville à côté, main dans la main. Je tâchais de me sortir mes problèmes de la tête… Mugi avait raison, je n’allais pas devenir la meilleure bretteuse à même de protéger tout le clan en restant coincer sur quelque chose. Je ne comprenais pas le concept de bienveillance, le monde c’était tué où être tué et quant à choisir, je préférais tuer qu’être tué, c’était pour ça que je m’étais entraîner à viser les points vitaux, encore et encore pour arracher la vie à ses carcasses.

Enfin, nous marchions dans les rues de petit patelin, regardant les étales et stands du marché, scrutant les étoffes et babioles sur les tables. Moi, je n’avais d’yeux que pour Mugi, j’étais incapable de détourner mon regard de ses yeux comme de ses cheveux… je l’aimais… je lui avais avouer, enfin… j’aimais quelqu’un, j’avais ouvert mon cœur et je ne m’étais jamais sentis aussi remplie d’espoir pour l’avenir qu’à cet instant. Le clan se relevait, j’aimais, j’avais enfin des sentiments humains et non plus une vague animalité. J’étais aimé en retour pour ce que j’étais moi et moi seule… je m’imaginais presque une vie paisible, sans me battre, juste aux côtés de cet intriguant garçon qui avait eu le béguin pour moi et qui tout doucement m’avait fait follement tombée amoureuse de lui. Peut-être même que cette vie pourrait être longue et qu’elle ne compterait pas que Mugi et moi, mais quelques enfants braillant partout et m’appelant « Maman »…

Je secouais la tête alors que mes yeux commençaient à piquer. Je n’étais plus la gamine qui se croyait nihiliste, dévoré par la colère et la haine, j’étais devenu une femme qui désormais n’avait plus la haine comme plus grande maîtresse, mais l’espoir et l’amour en puissant allié. Peut-être que ce rêve pouvait paraître ridicule au regard du fait que je me battais jour et nuit pour devenir plus forte, que j’avais supplié un homme de m’apprendre son habilité au sabre pour protéger les miens, mais je rêvais d’un monde ou je n’aurais plus besoin de me battre, ou tout serait en paix, le clan plus obligé de se battre pour avoir quelques miettes de pouvoirs, ou nous pourrions vivre et non plus survivre. Je rêvais de ne plus avoir à me battre dans le futur.

J’avais beau être pleine de bienveillance pour le futur, pleine d’espoir, je n’arrivais pas à comprendre ce que voulait dire la bienveillance de la voie du sabre. Moi qui me battais jusqu’à la mort pour offrir un monde meilleur aux miens, la bienveillance me dépassait alors même que je débordais d’amour pour eux et que je rêvais pour eux aussi d’un monde où ils n’auraient pas à se battre.

J’étais toujours plongée dans mes pensées, médusée par mon amoureux, lorsque d’un coup, un son me sortis de mes pensées et instinctivement, je jetais ma main sur le pommeau de mon nodachi alors qu’apparaissait une silhouette encapuchonnée qui d’un regard en arrière, envoya un couteau qui se planta dans la cuisse d’un homme qui lui courrait après et alors qu’elle s’apprêtais à lui relancer une lame dessus, mon propre sabre traversa l’espace entre les deux et avec un éclair, détourna la lame. Un large sourire s’était dessiné sur ma face : un vrai combat, ça faisait longtemps ! Surtout pour protéger quelqu’un qui avait attaqué un innocent. La silhouette bondit alors sur moi et tenta de me poignarder, je lançais mon bras pour cueillir l’attaque et protéger mes organes avant d’envoyer un large coup de lame, je me protégeais et je comptais bien tuer cette silhouette, mon coup fit mouche et trancha en large la silhouette qui fut envoyé contre un stand.

Mugi avait regardé la scène de loin et je m’approchais désormais pour en finir, je levais bien haut ma lame, prête à l’abattre implacablement pour venger l’homme. Lorsqu’un petit garçon sorti de nulle part se jeta sur la silhouette en hurlant. Je stoppais ma lame avant de tranché les deux et faisait claquer ma langue, mécontente, je m’apprêtais à déloger le gêneur, lorsqu’il hurla :

« PAS TOUCHE A MA SŒUR ! »

La silhouette encapuchonnée retira alors son voile pour laisser apparaître une gamine d’à peine une quinzaine d’année, famélique et au teint cireux, elle était sous-alimentée, le gosse ne semblait pas trop en forme :

« ELLE ETAIT OBLIGEE DE FAIRE CA ! ON N’A RIEN A MANGER, ON VA MOURIR SINON ! »

Je remarquais alors, sortant du combat, que tout autour de moi, des provisions avaient été déversé et sortait d’un sac de toile. La fille était là, toujours allongée et soufflant, souffrant d’une large entaille, elle faisait pitié, me rappelait ma déchéance et me rappelait la souffrance du clan. Déjà une foule se rassemblait autour de nous et claquant la langue, je soufflais à Mugi :

« Emmène le gamin ! »

Quant à moi, je bondis, poussait le gosse qui se fit rattraper par Mugi alors que soulevant la jeune femme, je déguerpis pour ne pas attirer l’attention, filant jusqu’au domaine d’Inazo. Une fois arrivé, j’aboyais aux domestiques de donner à manger aux deux enfants et de guérir la plaie de la gamine. Quant à moi, je rejoignis le dojo, l’esprit autre part.

Une fois devant l’épouvantail qui commençait à être déformé par tout mes coups de sabre. Puis, levant la latte, frappa le front, superficiellement, puis donna un petit coup au flanc, puis sur l’épaule, la cuisse. Et je commençais alors de longues heures durant, silencieusement à frappé superficiellement, puis frappé un autre endroit, puis un autre, essayant d’enchaîner le plus rapidement possible, mais apprenant à frapper des endroits que jamais je n’avais frappé, les dédaignant pour mieux frapper les points vitaux, mais cette fois-ci, c’était différent, je ne visais pas les points vitaux, mais tout ce qui n’était pas les points vitaux, la tempe, le mollet, les bras. Je frappais tant que je perdais alors le sens du temps, jusqu’à ce qu’un raclement de gorge derrière moi, me ramène à la réalité :

« JE PARS UNE JOURNEE ET JE DECOUVRE DES MISEREUX CHEZ MOI ? C’EST QUOI CE BORDEL ? »


Inazo était de retour et paraissait particulièrement énervé, moi-même s’il me criait dessus, pas tant que ça, je dénudais la lèvre supérieure et avec un grand sourire, rétorquais en soupirant :

« La ferme, j’ai compris ce que c’était la bienveillance, regardez ! »

Je me retournais vers le mannequin et j’enchaînais alors les petits coups partout comme je les avais révisés, tapant en périphérie du tronc, préférant frapper les bras, les jambes, la tête, les pieds. Le rythme et la vitesse n’était pas là, mais l’enchaînement avait de la forme et marchait plutôt, j’arrivais à toucher et empêcherait surement quelqu’un d’attaquer avec un tel déluge de coup si jamais j’étais assez rapide pour frapper tout ces endroits sans discontinuer, mais d’abord réussir à imprimer dans mes muscles ce mouvement d’enchaînement à force de travail, il me fallait désormais réussir à donner de la vitesse, mais ce n’était que la seconde étape.

Je me retournais et vis qu’Inazo souriait désormais :

« Qu’as-tu compris ? »

Je souriais moi aussi, fière de moi et de ne pas m’être trompée, mais surtout fier de Mugi qui avait sus me guider et m’aider à comprendre la vraie valeur de la bienveillance :

« La bienveillance, c’est se battre sans forcément vouloir tuer, décidé d’épargner quelqu’un, faire le choix de laisser la vie à quelqu’un si elle le mérite. Toute ma vie on m’a appris à me battre, à tuer pour survivre, sans que jamais ça me traverse l’esprit que certaines personnes auraient pu survivre… »

Je me stoppais un instant, sentant les larmes me monter aux yeux :

« Je me souviens de ce moment, lorsque j’ai vaincu une mercenaire comme moi, elle est tombée au sol blessé et je l’ai froidement exécuté, peut-être qu’avec de vrai soin, elle aurait pu survivre, mais je n’ai pas eu de pitié pour elle, je l’ai lâchement tué parce que je pensais n’avoir pas d’autres choix. Mais c’était faux. J’y repense souvent et je regrette de l’avoir tué, je n’aurais pas dû… »

Je m’essuyais le visage d’un revers de la main et essayait de sourire au mieux :

« J’ai enfin l’impression de comprendre pourquoi me battre et jusqu’où. Certaines personnes méritent de survivre à un combat et je dois le faire, parce que je ne suis qu’une arme, les armes sont utilisées, mais n’ont pas de sentiments. J’ai envie qu’on puisse penser que je mérite de vivre, je dois être bienveillante avec les autres ! »

Inazo souriait et s’essuya le visage lui aussi. Le vieux maître pleurait-il lui aussi ? Je reculais de trois pas, choquée, mais surtout peu habituée, je ne savais pas comment gérer les émotions des autres, je réussissais avec Mugi, mais c’était tout. Je déglutissais, mais ne répondait rien, j’en étais incapable. Que dire ? Que répondre de plus ? Je me tortillais, gênée. Inazo rouvrit les yeux et voyant visiblement mon embarras, s’empressa de déclarer :

« Oh ne t’inquiète pas pour moi. Je suis juste content que tu es réussi à comprendre, peu de personnes ont réellement compris l’étendu des trois premières vérités, y compris celle de la bienveillance, l’une des plus importante à mes yeux, ma préférée aussi. C’est cette même vérité que j’ai utilisé le jour où nous nous sommes rencontrés, je t’ai épargné, j’ai arrêté la lame avant de te tuer. C’était un test, j’ai déjà parlé à Mugi comme aux deux personnes que tu as sauvées, tu as toi aussi fait le choix d’épargner cette gamine qui même s’il a fait le mal, ne méritait pas de mourir. Je voulais juste être sûr que tu avais fait cela pour les bonnes raisons et je ne suis pas déçu. »

Il souriait de manière bienveillante et pour l’une des premières fois de ma vie, je sentis une vraie proximité entre lui et moi, un lien se créait, il était mon maître, m’apprenait à penser pour mieux percevoir le monde et mieux vivre. Il était un peu comme un père pour moi et j’aimais ça et c’était différent de mon grand-père. Il posa une main sur mon épaule et murmura :

« Va retrouver ton amoureux, tu achèveras de maîtriser cette technique demain, puis la bienveillance va de pair avec le respect, tu comprendras assez aisément cette vérité, je n’ai aucun doute là-dessus. »

J’hochai la tête et m’éloignais, puis avant de disparaitre, entendit :

« Je suis fier que tu sois mon élève, tu es la bien meilleure personne à qui j’enseigne la voie du sabre depuis des années, tu peux maîtriser les sept vérités et devenir la meilleure bretteuse possible. Continue comme ça ! »

Je savais que cet homme était de la même trempe que moi, quand on apprenait à le découvrir, il devenait une tout autre personne. Un compliment comme cela valait beaucoup, et je décidais de ne pas gâcher cela par des paroles, tout était superflus, il avait vu mes larmes, il savait que j’avais compris la base de la bienveillance, nous étions sur la même longueur d’onde tout les deux.

Demain serait un nouveau jour, parce que j’allais maîtriser cette technique et continuer d’approfondir ma vision du monde et développer ma voie du sabre et ma philosophie de vie. Car les vérités se recroisaient et il fallait les développer en vivant par elle, les découvrir et acquérir les bases n’était d’un début, le début d’une longue aventure et d’un nouveau mode de vie.

J’avais commencé à m’entraîner pour devenir plus forte, je continuais pour devenir une personne meilleure et ce n’était que le début, car je comptais bien être la plus forte et la meilleure version de moi-même et tout cela m’apparaissait possible, autant que cette vie de paix avec Mugi m’apparaissait comme possible, tout me semblait possible et c’était fantastique.







   

   

   


   
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Mais la vie était cruelle, particulièrement sale et triste, malgré toutes les belles philosophies que je pouvais essayer de comprendre pour devenir la meilleure version de moi-même, il restait que vivre était une chose dure et mettait les nerfs à rude épreuve. J’avais été toute fière d’avoir touché du doigt, la bienveillance, la clémence presque, puisque j’avais épargné une jeune femme, je lui avais laissé la vie et l’avait même emmené pour qu’elle se fasse soigner ici. Parce que ça m’avait semblé juste, la bonne chose à faire. La bienveillance était à bien des égards, la plus importante des clés, car la clé du cœur, celle qui préservait l’humanité, nous empêchait de devenir des machines à tuer froide et sans émotions. La bienveillance c’était aussi être juste et clémente.

J’avais fait tout ça pour elle parce qu’elle ne méritait pas de mourir, elle avait son jeune frère à s’occuper, elle avait encore toute la vie devant elle et méritait de ne pas vivre dans la crasse, vivant de petit larcin tout en restant famélique. Elle ne devait pas mourir.
Cependant, lorsque je me réveillais à peine sortie de ma chambre, Inazo se tenait là, en position de méditation et murmura :

« La fille était trop faible, la blessure trop grave : elle n’a pas survécu à sa blessure, je suis désolé. »

Je restais interdite quelques instants, un long et profond frisson de froid me déchira le dos alors que mon cœur se serrait et qu’une vague de tristesse me traversait. La bienveillance et la clémence n’avait pas suffi, j’avais tué une innocente, la première de toute ma vie, j’avais honteusement retiré la vie à une gamine qui allait donc laisser son pauvre frère seul. Je me détestais tellement.

Je me laissais glisser le long d’une poutre et réprimait un sanglot alors que les larmes continuaient de me monter. Inazo plaça une main sur mon dos, puis frotta doucement, alors que j’éclatais en larme. Jamais de toute mon existence j’avais ressenti cela. J’avais déjà tué, pas qu’une fois, pourtant, à aucun moment, j’avais cru ressentir un tel déchirement, comme si on me retirait mon humanité, comme une partie de moi avait été arrachée et que désormais, ma propre existence, m’apparaissait comme mauvaise :

« Je suis infiniment désolé que tu es à subir cela… ce… ce n’était pas prévu, rien de tout cela n’était prévu. »

Mugi alarmé par mes pleurs, bondit hors de la chambre et fusilla Inazo du regard avant de me prendre dans ses bras et essayer de me réconforter alors que dans le lieu où je me sentais le plus à l’abri, je lui faisais part de ma souffrance, de mes regrets, de ma haine de moi-même. Je balbutiais, bavant, hurlait, laissait ma morve se rependre sur lui. Lui, me murmurais à l’oreille, sous le regard d’Inazo, qui tout en pudeur, ne disait rien.

« Tu n’es pas mauvaise ma belle Hitagi, la preuve, tu arrives à pleurer pour quelqu’un avec qui tu n’as échangé de trois phrases dans ta vie. Tu l’as tuée oui, tu es responsable de sa mort, tu t’en souviendras toute ta vie, comme l’unique innocente morte de tes mains… Mais combien encore d’innocents mourront si jamais tu restes là à te lamenter ? Pense à tous ces gens que tu pourras protéger, sauver en te relevant et en devenant plus forte ! »

Ses mots faisaient mouche avec moi, comme à chaque fois, il savait quoi dire pour me remonter le moral, il voyait juste et j’aimais ça, il était ma moitié, mon phare dans le brouillard. Même si la douleur au cœur était terrible, il avait raison, je devais tout faire pour que ça n’arrive plus, de ma main, comme de celle d’un autre. Je me relevais un peu de ses bras forts et m’essuyait le nez, puis fronça mes sourcils : je devais réparer mes torts. Je me raclais la gorge :

« Organisez de belles funérailles pour elle, je paierai tout… Je vais même m’occuper du bois pour le bûcher funéraire… Je… je dois réparer une infime partie du mal que j’ai fait. »


Inazo hocha la tête, puis se releva :

« Il sera fait selon tes désirs. »

Puis d’un claquement, disparus en marchant, moi je restais encore quelques instants à me blottir dans ces bras chéris, à essayer de trouver la force pour continuer. Les mots étaient bien beaux, mais les actes étaient encore autre chose, bien plus puissant, bien plus remplis de symbolique et de beautés. Je finis donc par me relever, parce que je ne pouvais pas rester là sans rien faire, j’avais à faire. Je devais le faire, c’était ma responsabilité, le poids que je devais porter, que je dois porter et devrais porter jusqu’à la fin de mes jours, je n’avais pas le choix.

Je m’habillai donc en vitesse, puis attrapant une hache, partis dans la forêt. Pour le bûcher funéraire, il fallait du bois et je comptais le couper moi-même, je devais expier mon péché, non mon crime dans la douleur et la fatigue. Piétinant la neige, je me mis alors à donner méthodiquement des coups, mais le travail était long et je me décidais alors à utiliser du chakra, le laissant se diffuser tranquillement dans mes bras et mes épaules, me permettant de gagner en force et alors, le bois se fractura plus facilement à mesure que les arbres tombaient et que mes bras tremblaient de fatigue et de douleur, le mouvement n’était pas naturel, décrocher la lame du bois était dur. Mais je recommençais, encore et encore, pour ne jamais cesser de frapper, pour que je ne me mette pas à réfléchir, que les pensées disparaissent, se noie dans l’océan de fatigue qui me dévorait.

Une fois les arbres à terre, je tentais de le fendre avec difficulté. Toujours avec le chakra, j’essayais de rendre le bout de ma lame plus tranchante, pour qu’elle ne se coince plus et commença alors à donner trois coups d’affilée, pour trancher le tronc en trois. En saccade, trois coups, paf, paf, paf et on recommençait. À mesure que mes muscles se faisaient, la cadence augmentait, quatre, puis cinq puis plein d’autres, à, mesure que je m’habituais, je tranchais le bois dans les pièces du bois du bûcher. Le soleil déclinait, la nuit se levait, je restais, je frappais encore et encore.

A force de frapper et trancher des arbres toute la nuit, à frapper en saccade pour rendre le travail plus rapide, le matin, tout était prêt, je n’avais plus qu’à emmener les bûches et construisit dans le cours du palais un bûcher, au centre. J’avais lentement empilé, pour que ce soit prêt. Mugi arriva alors avec le cercueil, parfaitement rond, en bois laqué, il avait dû coûter une fortune, c’était la bonne chose à faire, le mieux que je puisse faire, lui payer des funérailles convenables. Un moine le suivait et je regardais les deux discuter, jusqu’à ce que mon amoureux me remarque et s’approche de moi. J’étais dévorée par le sommeil, mais il était toujours hors de question que je me repose, un léger baiser sur les lèvres, une caresse entre nous et déjà, je murmurais :

« Où est le corps ? »

Je voulais voir son visage, savoir si elle avait souffert, savoir si… savoir si… je voulais me dédouaner de cette mort, croire qu’elle n’était pas de mon fait, mais, ce n’était probablement pas le cas, je me bernais d’illusion, c’était ma faute, évidemment c’était ma faute, cela ne pouvait rien être d’autre. Mugi me désigna la pièce et je m’approchais alors et à l’instant où j’allais ouvrir la porte, je me stoppais, un sanglot résonna derrière, son frère était là, près du corps. Je m’asseyais alors au sol, puis ferma les yeux, réprimant mon sanglot à moi aussi. Il n’avait qu’elle et je l’avais tuée, elle avait succombé des blessures que je lui avais infligés. Il devait bien s’en foutre de savoir que je m’en voulais, j’étais coupable c’était toute, c’était la seule et unique réponse, la seule réponse possible et acceptable et aussi douloureux que je l’étais, je devais l’accepter.

Je n’irais pas voir sa sœur, ce serait de l’irrespect, je devais les laisser en paix eux deux, ne pas remuer le couteau dans la plaie. Je devais faire mon deuil seule, je n’étais pas celle qui souffrait le plus, il souffrait le plus. Je ne ferais que me complaire dans une position de victime en insistant pour la voir, je n’étais pas la victime, j’étais la méchante de l’histoire. C’était une belle leçon de vie, que celle du respect, je respectais ce jeune garçon et je respectais sa sœur morte de mes mains et parce que je les respectais, je prendrai le fardeau de cette mort sur mes épaules, j’en prenais toute la responsabilité, je méritais le titre de meurtrière. Je me relevais alors, au moment où quelqu’un d’autres pénétrais dans la pièce, je restais à écouter. Inazo prit la parole :

« Une fois les funérailles de ta sœur terminée, je t’emmènerai au village d’a côté, quelqu’un te prendra comme apprentis. »

Une petite voix lui répondit :

« Et celle qui l’a tuée, que lui arrivera-t-il ? »

Un blanc s’ensuivit, comment pouvait-il expliquer à un enfant que la meurtrière de sa sœur restera en liberté et continuera à tuer. J’en étais incapable, je serrais la mâchoire et les dents, je n’avais rien à répondre, c’était injuste. Inazo lui, eut cependant les bons mots :

« La vie est parfois dure, remplis de mauvais hasard. Le plus grand de tous est que ta sœur ait volé juste devant la mauvaise personne, qu’elle se fit toucher au mauvais endroit. Tout est une mauvaise succession d’évènement, ça a été un accident, quelque chose qui n’était pas voulu. Tu comprendras plus tard, mais la vie ne se passe pas parfois comme nous le voulons, même nous adulte, les choses échappent à notre contrôle. Crois-moi quand je te dis que celle qui a tué ta sœur ne le voulais pas et elle sait très bien que c’est impardonnable et c’est bien pour cela que tu ne l’as pas revu, elle doit expier son crime, la justice va lui faire expier son crime. Elle ne s’en sortira pas comme ça. »

J’hochai la tête seule, personne ne me voyait, puis je disparus, rejoignant le dojo. La justice qui était celle qui allait me punir et faire expier mes crimes, n’était pas celle de l’état et des seigneurs, mais bien la justice des hommes, la plus respectable et pure de tous. La justice avait été de payer tout de ma poche, d’aller préparer le bûcher, la justice, c’était d’essayer de tout faire à l’avenir pour que cela n’arrive plus. Il me fallait sauver des personnes pour réparer ce crime. Et je comptais le faire, tant que je serais en vie, que j’aurais une étincelle de vie, je ferais tout pour réparer cette erreur.

Et le plus important, c’était que je tirais une nouvelle leçon de ces évènements malheureux, que le respect, c’était passé outre ce qu’on ressentait, c’était s’ouvrir aux autres, faire preuve d’empathie pour les comprendre et au regard de ces comportements, agir pour ne pas dégénérer les choses. C’était laisser un petit garçon faire son deuil, c’était ne pas défigurer un corps de quelqu’un de déjà mort. C’était voir plus loin que le présent, c’était essayer de voir le futur, voir à plus long terme, c’était cela le respect, en plus de considérer l’autre, même ennemis comme on aimerait être traité.

Assise en tailleur le sol, j’avais médité à cela, avant de tomber dans le sommeil. Mieux valait dormir durant les funérailles, cela m’empêchera d’être tentée d’y aller. Je voulais toujours voir le corps, m’excuser, mais je savais que je ne devais pas le faire, c’était l’affrontement entre ce que mon cœur voulait et mon esprit et pour une fois, je me décidais à suivre mon esprit, parce qu’il suivait les leçons de vie que j’apprenais dicter par mon cœur.

Au réveil, tout était silencieux et je me levais alors, attrapant un sabre en bois et infusant le chakra doucement et lentement dans mes muscles, je mobilisais ce que j’avais fait la veille, ce travail pour frapper en saccade et avec le sabre, commença, j’avais déjà appris à frapper partout, mais la saccade m’avait donné de la vitesse, ce qui me manquait cruellement et il s’agissait désormais de le tester. Avec rigueur je me remettais au travail pour réussir à amplifier ma maîtrise du sabre par ma philosophie de vie. Je levais alors le sabre et sans chakra, repris l’enchaînement de la dernière fois, frappant partout sauf les points vitaux, tête, épaule, genou droit, bras gauche, tempe, joue droite, oreille droite, avant droit, genou gauche, cuisse droite, flanc gauche, épaule droite, joue gauche. Et comme une mélodie tournant dans ma tête, je refaisais le cycle, encore et encore, mais comme une chansonnette, j’accélérais le rythme, encore et encore, mes coups étaient de plus en plus rapides à mesure que j’infusais en plus du chakra dans ma lame et dans mes muscles. Je les sentais se gonfler et se raidir sous l’effort, je sentais les fibres gagner en force alors qu’au bout d’une dizaine de cycles, j’avais enfin l’impression de bouger comme Inazo avec la même vitesse, la même force, la même férocité. Il était désormais temps de faire tomber un déluge de lame sur Inazo.

Je fis mander un serviteur pour qu’il aille chercher son maître et quelques minutes après, le temps que je puisse recommencer quelques essais, le noble paru, il avait beau faire nuit, il ne semblait pas fatigué.

« J’ai attendu toute la journée cet appel ! »

J’hochai la tête et lâchais un sourire triste :

« C’est aussi ça la rigueur, c’est s’entraîner même quand on est triste. Il fallait que je m’occupe l’esprit pour ne pas y penser… »

Il hocha lui aussi la tête, il le comprenait. Sans un seul mot de plus, il dégaina son sabre et lentement s’approcha, moi, levant mon sabre en bois, je m’élançais et malaxant le chakra au creux de mon ventre, avant d’injecter profondément le chakra dans mes fibres musculaires, des épaules jusqu’au bout des doigts, se gorgeait lentement de cette force et puissance et levant mon sabre, Inazo se mit en position pour parer l’attaque et j’envoyais alors un déluge de coup. Je frappais la tempe, les épaules, les genoux, les flancs, chaque portion de chaire visible me poussait à envoyer mon sabre en bois contre, le faisait claquer à toute vitesse, sans discontinuer. Cela ne dura qu’un instant, mais finalement, au moment où il baissa sa lame, j’envoyais un coup de latte en plein en milieu du crâne, il hoqueta de surprise, lâcha son sabre et se frotta le haut du crâne avant d’éclater de rire et avant de sourire :

« Merci de m’avoir respecté en ne m’ayant pas frappé trop fort à la tête, ta bienveillance t’honore. »

Il n’y avait pas plus belle déclaration que ses mots, qui avouait que j’avais maîtrisé la technique et la philosophie du Bushido continuait à s’imprégner en moi. Mais, le chemin était encore long, car il me fallait encore maîtriser les trois dernières des vérités, les trois clés qui me permettrait alors d’être une personne différente, d’avoir les cartes en main pour véritablement devenir le meilleur possible au sabre. Et c’étaient donc les vertus d’honnêteté, d’indépendance et la dernière vertu, celle que je devrais trouver seule, celle qui démontrera que j’étais enfin prête à être appelés maître au sabre. Le chemin était long, mais j’étais plus motivée que jamais, pour que plus personne, qu’aucun innocent ne meurt de la sorte par ma faute ! Je comptais tout faire pour continuer d’être la plus forte possible.






   

   

   


   
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Le lendemain matin, après une nuit de sommeil bien mérité. Il était temps pour moi de me remettre au travail, cependant, les choses étaient légèrement différentes aujourd’hui. J’avais maîtrisé quatre des clés en m’appuyant sur la maîtrise du sabre pour les comprendre, j’avais acquis les bases du raisonnement qui me permettrait de faire mien la philosophie du Bushido. Et c’était pour cela qu’à peine arrivé dans le dojo, Inazo déclara avec aplomb :

« Il est temps pour toi de réussir à maîtriser les trois dernières clés seules. Et parce que tu vas les maîtriser seule, tu les maîtriseras en choisissant toi-même la technique qui tu sembles à même de te faire comprendre cela. Va dans la bibliothèque et comprends pas toi-même ! Essaye tout du moins ! »

Cela ne m’arrangeait pas, mais je ne pouvais pas éternellement rester derrière Inazo et lui demander de m’expliquer les techniques, je devais travailler par moi-même pour moi-même. Me prémâcher le travail ne fera pas de moi la meilleure sabreuse de l’isthme. Je devais comprendre par moi-même. Il me semblait percevoir que c’était ça l’indépendance, ou tout du moins une piste pour comprendre l’indépendance. Me reposer sur moi-même et mes capacités. Ainsi, je devais travailler seule, ou tout du moins essayer sur la base de document et c’était pour cela que je demandais alors à Mugi de me laisser essayer. Je devais faire mes propres expériences, tester, expérimenter, échouer, réessayer, c’était ça l’apprentissage, continuer avec rigueur, rester courageux même si les résultats n’étaient pas là, parce que cet apprentissage ne guidait qu’une chose, ma volonté de devenir plus forte pour protéger les autres, les miens, avec toute ma bienveillance, les extraire de leurs conditions et leur offrir le respect qu’ils méritaient, à eux comme à mes adversaires. Tout cela s’interpénétrait, se complétait, cela me donnait le tournis en y pensant, j’avais l’impression d’être aussi près d’un gros trou et j’avais qu’à sauter pour y plonger et perdre pied. C’était tout un système de penser qu’il me fallait maîtriser, mais le simple fait que tout me les rappelle ne faisait que me conforter dans le fait que cette philosophie, ces leçons de vie, cette manière de mener sa vie. Parce que oui, derrière le blabla, la parlote que je n’arrivais pas à piffer, mais que je me forçais à comprendre, il y avait une manière d’être, de voir le monde, de percevoir les autres, c’était concret, j’apprenais beaucoup sur moi, sur les autres, sur ce que je voulais vivre, comment je voulais vivre.

Si je voulais comprendre ce blabla, c’était parce qu’aussi, en essayant de maîtriser ces leçons de vies, j’avais changé, au moins un peu. Je m’étais toujours conforté dans le fait que j’étais bête comme mes pieds, que je ne pouvais rien y faire mais… mais moi je voulais plus, je voulais pas être connu comme la conne qui pigeait rien. Je… je voulais au moins comprendre ce que les gens racontaient autour de moi, ne pas être un fardeau intellectuel pour ceux que j’aimais, mais aussi pour moi, je voulais êetre fière de moi. Si je mettais autant de cœur à l’ouvrage c’était pour ça. J’avais déjà l’impression, en m’étant ouverte aux autres et aux philosophies d’Inazo, d’être moins bête. Probablement que je ne serais jamais aussi intelligente que les autres, mais tout du moins, je voulais réfléchir avec tout mon cœur et mon être, acquérir par la philosophie et la manière de vivre, une intelligence qu’à moi, qui ne me ferait pas rougir de honte.

J’étais longtemps restée enchaînée à l’isthme et son froid, à mon clan, tel des chaînes de sangs et de glace. Je ne voulais pas me sentir obligée à rester à eux parce qu’ils partageaient mon sang, non, je voulais rester avec eux, dans l’isthme, dans cet endroit qui était mon unique chez moi, parce que je les aimais. J’aimais Mugi, avec qui je voulais finir ma vie. J’aimais Papy, ma seule famille de sang, celui qui m’avait éduqué, qui avait tout donné pour moi. J’aimais Etsu qui était comme ma sœur, ou j’avais l’impression de voir toutes ces fragilités et faiblesses, mais qui ne faisait que paraître plus étincelante et belle de l’intérieur, comme de l’extérieur. J’aimais Tsumi, il était mon rival, mon seul ami, mon binôme dans le sang et les tripes, celui que j’avais détesté parce qu’il était différent de tous, mais celui que j’aimais parce qu’il était différent de tous. Parce que je savais que je pouvais lui livrer mes secrets et vices les plus noirs et que jamais ils ne seraient répandus au grand jour. Celui que j’admirais désormais par sa différence, alors que je commençais à comprendre et exacerber ma propre différence, mes propres petites opinions qui naissaient en moi et que j’essayais de développer. J’aimais Toshiro pour son côté flegmatique, parce qu’avec lui, rien n’avait d’importance, je pouvais être une autre qu’avec tous, une peste et une femme pleine de faiblesse, jamais je ne me sentirais mise de côté. C’était parce que j’aimais chacun, que je pourrais mettre ma vie en jeu pour chacun, sacrifier mon existence pour eux, que je voulais rester et vivre mieux, vivre différemment de comment j’avais vécu jusque-là et j’avais l’impression que ça, cette philosophie, ces sept clés du bushido pouvait me permettre de vivre mieux, vivre comme je le voulais moi et pas pour juste satisfaire les autres, je voulais vivre ma propre destinée.

C’était donc pour cela que j’étais parti vers la bibliothèque, à la recherche de l’arcane qui saurait m’éclairer sur les trois vérités, l’indépendance et l’honnêteté et la dernière des vérités qu’on ne m’avait pas encore apprise, la dernière de toute. Et en fouillant parmi les parchemins, je finis par dégoter quelque chose qui me plut dès l’intitulée « Danger des Lames dansantes ». La technique consistait alors en une folle accélération avant de lancer un violent coup d’épée. L’avantage était que cette accélération permettait alors de toucher un ennemi relativement loin et c’était un avantage qu’en un seul mouvement, réussir à trancher un ennemi par un coup de vitesse exceptionnel. Cela permettait alors de rejoindre le corps à corps et de toucher quelqu’un qui fuyait les affrontements comme cela. Il me fallait maîtriser cette technique, je le devais et je devais essayer seule de la faire.

Enfin, évidemment, une telle technique n’était pas maîtrisable en seulement quelques heures, je me doutais bien que se serait compliqué, surtout la question de l’accélération et du coup, cela demanderait une coordination toute particulière pour réussir à toucher ainsi. C’était là que résidait la véritable difficulté. Ce n’était pas mon coup d’essai dans une technique qui nécessitait une grande vitesse et vu que chacune était différente, c’était presque comme recommencer depuis le début. Je me devais donc alors de déjà savoir accélérer sans sabre. Diviser ce que je voyais des symboles et dessins sur le parchemin en étape pour les validés une après l’autre était le cœur de l’entraînement, en avançant à tâtonnement, je serais capable de le maîtriser, c’était ce que j’avais toujours fait et que je continuerai à le faire.

Je sortis donc dehors, les images biens en têtes et m’accroupissant légèrement au sol, plaça mes deux mains sur les dalles froides, le bout de mes doigts en contact avec la pierre, puis pliait ma jambe gauche sous mon ventre, la pointe au sol, puis la jambe droite vers l’arrière, plié elle aussi et je tendis alors mon corps tout entier comme un ressort, poussant mes épaules vers l’arrière, puis bondit en avant, m’éclatant la tête au sol, râpant le sol sur quelques mètres, à trop vouloir pousser, mon corps n’avait pas suivi et je m’étais misérablement pétée la gueule. Mais je n’étais pas prête à en rester là, je voulais dépasser ça, aller plus loin, faire plus.

Je réessayais donc, avec moins de force et réussis cette à fois à faire deux pas, mais je n’étais pas assez rapide. Je devais imprimer dans ma mémoire musculaire ce mouvement et pour cela, je ne devais que le faire, encore et encore, même sans vitesse, le mouvement était important, je devais être capable de le réussir à tous les coups, que bondir vers l’avant devienne une seconde nature de mes muscles. Je passais des heures à me placer et bondir, faisant trois pas à moitié baissé, léchant le sol, mais surtout, voulant gagner en vitesse et en aisance, je n’étais plus aussi faible sur mes appuis, mes muscles comprenaient dans la douleur, ils tétanisaient sous l’effort, mais je continuais de leurs en demander plus, grimaçant sous l’effort, ne faisait que des pauses pour boire et manger. A force de le refaire, une, puis deux, puis trois, puis sept-cent-cinquante-sept fois, cela rentrait peu à peu, mais je manquais encore de vitesse, de force, après plus d’une journée à répéter le même mouvement en boucle, mes cuisses et mes bras étaient en feu. Et encore, ce n’était que la première étape.

La nuit me servit à me reposer, j’étais toute concentrée et cette fois-ci, je savais comment faire. En injectant du chakra dans mes cuisses, j’obtenais alors une sacrée vitesse et une détente encore plus grande, je commençais à toucher du doigt cet objectif, celui de réussir à bondir sans aucun problème, celui d’avancer dans la maîtrise de cette technique. Je gloussais de joie. Je palliais les faiblesses physiques et inhérente à ma condition, je supplantais ce que mon corps était incapable de faire par du chakra, toujours plus que j’infusais dans mes muscles. Il me fallut près de la journée pour cependant comprendre la dose appropriée à injecter, noyé toutes mes muscles ne faisaient que gâcher la technique, il me fallait donc trouver le juste équilibre. Les réserves de chakra étaient précieuse, je devais donc faire dans la dentelle, même si c’était compliqué, mais ça pourrait me sauver un jour la vie, je devais m’y tenir pour trouver l’équilibre.

Mais pour que mon accélération soit parfaite, il me restait encore une fois à faire, et pas des moindres, j’étais capable d’accélérer en position main au sol, je devais réussir à le faire débout. Et c’était donc, une nouvelle aventure qui commençait pour juste une portion de la technique. Parce que c’était la dernière chose à maîtriser, c’était peut-être le plus difficile parce que cela pouvait être un mur, mais aussi le plus simple, parce que le chemin était presque achevé, qu’il restait que des putains de miettes.

Je devais donc m’élancer, comme l’âme de la technique, m’élancer, encore et encore. Les premiers essais, n’étaient pas concluent, je devais trouver mon équilibre, le mouvement parfait ou j’étais en chute libre, mais d’un mouvement du pied, retrouver mon équilibre et d’un mouvement du pied, pousser et avancer d’un coup, cet instant fatidique ou si la position était bonne, je fusais, si elle était mauvaise, je m’écroulais. Je me repris le sol quelquefois, je me cassais le nez, je me le brisais, je saignais, mais je me relevais, parce que je devais continuer, ne pas m’arrêter sur un échec. Persister. Et à force d’effort, j’étais capable de cette accélération debout, sans poser ma main au sol.

Je me plaçais, je pliais le genou droit vers l’intérieur alors que légèrement je pliais la patte, cambrait le dos, appuyait la pointe de mon pied sur le sol, alors que la jambe gauche se pliait vers l’avant, que d’une impulsion, cette même jambe gauche se levait, poser pied au sol, prenait appuie avant de définitivement me propulser directement. J’avais parcouru cinq mètres en un instant, le bond était une réussite, seulement trois jours pour maîtriser parfaitement le mouvement le plus technique et spécialement le plus compliqué, celui sur lequel reposait tout, sans cette accélération, pas de technique.

Enfin, je ne devais pas me réjouir, car le chemin était long, je devais désormais réussir une chose, celui de donner un coup dans cette accélération, c’était encore une affaire de timing et de mouvement parfaitement minuté et maîtrisé. Je fis la grimace, le chemin était encore long, mais je touchais au but, je le sentais, la technique rentrait et j’étais persuadé que cet entraînement recelait de vérité sur la vie, d’enseignement précieux, que je comprendrai sûrement au moment opportun. Jamais je n’avais été aussi loin, je me rapprochais de la fin, des sept vérités, j’avais l’impression que c’était la fin d’un long voyage, pourtant, ce n’était pas le cas, ce n’était que le début d’un nouveau voyage, le mien, celui de mon cœur, régénérer dans sa vie et ses vœux, plein de bonnes attentions.







   

   

   


   
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Mais, pas de fin de voyage tant que je ne maîtrisais pas le Danger des lames dansantes. On pourrait se dire que l’accélération maîtrisée, j’avais fait le plus dur, que le reste coulerait de source. C’était faux. D’une certaine manière, le véritable défi commençait ici pour moi. Mais, l’accélération maîtrisée, il ne me restait plus qu’à maîtriser la technique dans le dojo et non plus me cailler les ovaires dans le froid mordant.

J’attrapais donc le sabre en bois et c’était parti pour tataner du mannequin. Les premiers essais ne furent pas conclus de ouf. Je me plaçais bien, dans la position, que j’avais appris à maîtriser, à cette accélération qui me permettait de frapper loin et vite. Je bandais les muscles de mes cuisses et de mes mollets, je serrais bien les doigts autour de la garde du sabre, puis je bondis presque, et alors que je m’apprêtais à frapper le mannequin, je le frappais effectivement, avec ma tête et non pas avec la copie de bois. Je tombais en arrière sur les fesses et me frottait alors la tête, autant que je me tortillais pour atténuer la douleur de mon cul. Je regardais intensément et profondément le mannequin, avant de me relever, le foudroyant du regard ! Cette fois-ci, mon essai serait bien mieux, je le jurais !

Mais manque de bol, ce fut pire, je m’explosais la face contre le mannequin de bois, avant de me laisser tomber en arrière, sentant le sang couler de mon pif que j’avais probablement cassé au passage. D’un mouvement sec, je le remettais en place, c’était pas la première fois que je me le pétais et malheureusement, ce serait sûrement pas la dernière non plus. Bon, fallait croire que ça allait pas être trop ça la technique, ça allait pas être simple clairement.

Je grommelais toute seule, tentant de trouver une solution, en vain. En désespoir de cause, je tentais de réfléchir aux clés manquantes, espérant trouver l’illumination divine dedans. Mais ni l’indépendance, ni l’honnêteté ne m’inspirait vraiment. Puis même, ça me paraissait paradoxal, la première me disait de me débrouiller seule et de ne pas casser les couilles et de continuer à maîtriser la technique seule, l’autre me disait de faire l’inverse, d’aller chouiner vers Inazo et avouée que je n’étais pas assez forte et que je pédalais grave. J’avais donc aucune putain d’idée de quoi faire et comment faire !

L’indépendance, c’était vivre pour soi, l’honnêteté, c’était presque être humble, prendre en compte ses faiblesses et les accepter. Je pouvais vivre pour moi et avouer mes faiblesses et aller demander de l’aide, mais ça me laissait un goût amer, ça puait. En vérité, il devait me manquer une dimension à ses deux clés et concepts. Je ne comprenais pas une part de ce que ça voulait dire et bah, ce n’était pas super pour moi, parce que ça voulait dire que je n’étais pas près de piger.

Faute de mieux, attendant le déclic, je retournais au travail, et continuait d’essayer de taper le mannequin, changeant à chaque défaite, les modalités de mon essai, plus proche, plus loin, tentant de frapper la tête, le flanc, le bras, la gorge, la poitrine. Sauf que le résultat était plus ou moins toujours le même, l’échec, soit je frappais du plat de la lame, soit avec ma tête, ma main, mon avant-bras, ça ne marchait pas et peu importais le nombre d’essai que j’essayais, je pêchais. Je n’y arrivais pas et je finis rapidement avec plus de bleue sur le corps que de coup que j’avais réussis à porter au mannequin. Et les quelques tentatives qui marchaient à peu près n’étaient que des coups de chance. Ce n’était pas tip top trop chouette que de miser sur la chance. Je pouvais être honnête avec moi, je ne voulais pas dépendre de la chance, je devais réussir à maîtriser par moi-même pour moi-même et ne dépendre d’aucun facteur extérieur, bref, je devais être indépendante. C’était bien la seule chose dont j’étais sûre, je ne pouvais pas compter sur la chance.

Après plusieurs heures à ne pas réussir, fatiguée de tout, je me décidais alors non pas à aller demander de l’aide, mais à faire ce qui avait toujours marché pour maîtriser les autres clés : vivre. C’était en vivant en ayant en tête les autres clés qu’on pouvait alors approcher du doigt ce que ça voulait vraiment dire. Alors, si je voulais toucher du bois, je devais vivre. Et qui de mieux qu’être avec Mugi pour vivre, vu que je voulais vivre avec moi, demeurer, rester, m’installer, rire, danser. Puis, du coup, je l’avais laissé de côté ces derniers jours, je me sentais un peu coupable de ne pas lui avoir donné de mon temps. C’était le bon moment pour régler cela et rattraper le temps perdu.

Je me levais, essuyais le sang qui me badigeonnais un peu partout, parce que j’avais recassé mon nez… encore. Et une fois assez propre, je m’élançais enthousiaste dans les couloirs de la propriété, puis, arrivant dans la bibliothèque, remarqua mon amant studieusement installé, parlant avec Inazo semblant en grandes discussions. Je m’approchais d’eux, puis m’installa à la leur tables et tenta de suivre le cours de leurs discussions. J’échangeais un doux baiser avec mon amoureux avant de saluer Inazo qui semblais surpris de me voir. Il me demanda alors comment se passait l’entraînement et je répondis en haussant les épaules, tentant de cacher ma propre déception de ne pas réussir facilement :

« On y travaille. »

Je m’avachissais un peu sur mon siège et sous la table, commença à caresser la jambe de Mugi de la pointe de mon pied. Il vira tout rouge, mais garda son calme. Puis, au bout d’un moment, lassé de ce petit jeu, voulant plus, je m’approchais de lui et lui murmura quelques mots à l’oreille, avant de repartir. Alors que je marchais en direction de la sortie, je l’entendis bredouiller des excuses comme quoi il avait quelque chose de très important à faire et qu’il devait s’absenter. Quelque chose de très important à faire, pas à moi, espèce de délicieux petit cochon, ce n’est peut-être pas quelque chose de très important, tout du moins, mais c’est cependant fort agréable. Et puis bon, je gloussais et rougissais moi aussi. Bon, on n’allait pas se mentir l’un à l’autre, on aimait ça. Mugi ne tarda alors pas à me rejoindre dans les bains de la demeure, plutôt effarouché par les promesses que j’avais pu lui murmurer à voix basse dans l’oreille. Nous passâmes un bon moment.

Une fois cela fait, bien lavé, propre de fond en comble. Nous partîmes nous balader tous les deux en forêts, ou nous pouvions voir des oiseaux s’envoler et battre des ailes. C’était joli à voir et sympa, même si le plus sympa était évidemment de passer du temps avec lui, j’en profitais pour m’excuser :

« Je suis vraiment désolée de ne pas avoir passé plus de temps avec ces derniers jours. Je… c’est vraiment important pour moi que de réussir cela. J’ai envie l’impression d’avoir compris quelque chose sur moi et sur comment j’avais vraiment envie de vivre ma vie. J’ai… j’ai la possibilité d’être une personne meilleure et cela même avec toi. »

Il plaça sa main sur mon épaule avant de déposer un baiser sur ma joue, en souriant :

« Je comprends ma belle, prends ton temps. C’est une épreuve que toi seule peut vivre. Puis, tu sais, je passe mon temps à parler et apprendre des choses aussi. Tant que tu es épanoui, je le suis aussi. »

Je souriais comme une demeurée en entendant ça, mais ça me faisait chaud au cœur, tellement chaud au cœur et je l’attrapais alors dans mes bras pour le serrer : je l’aimais, je n’imaginais plus ma vie sans lui, il était mon rayon de soleil, ma lumière dans l’obscurité, mon phare quoi. Main dans la main, nous continuâmes de marcher, doucement et tranquillement, jusqu’à ce qu’au creux d’une clairière, nous aperçûmes un oiseau aux riches couleurs, qui resplendissait et était de toute beauté. Mugi murmura dans le creux de mes oreilles :

« Concentre ton chakra dans tes yeux, comme cela, tu pourras mieux apercevoir ces plumes au moment du décollage, tout te paraîtra plus lent, ce sera plus simple pour toi ! »

J’essayais alors, malaxant mon chakra dans le creux de mon ventre pour ensuite le faire monter au niveau de mes yeux, puis doucement, le temps devant mes prunelles sembla se distordre, alors que mon cerveau analysait chaque image plus longtemps, donnant cette impression de lenteur et à l’instant ou il prit son envol, chaque coup d’aile m’apparus, chaque plume virevoltant, sous le vent semblait voler. Tout paraissait si lent, mais à la fois si beau. C’était magnifique. Quelques coups d’ailes plus tard, il s’était envolé et je laissais alors le chakra se dissiper lentement de mes yeux, alors que le monde retrouvait sa vitesse. Je souriais toute excitée en me tournant vers Mugi :

« WHAOU, C’ÉTAIT SI BEAU, C’ÉTAIT, C’ÉTAIT… OH PUTAIN J’AI UNE IDÉE ! »

C’était en vivant que j’avais l’illumination et ce fut une nouvelle vague d’excitation qui me traversa. Je savais exactement quoi faire désormais, je savais comment réussir. Je tirais alors Mugi par le bras, presque vibrante, puis je le lâchais avant d’attraper son visage entre mes mains et de l’embrasser à pleine langue, puis nous séparant, je me mis à courir vers le dojo ! Cette fois-ci, c’était la bonne, je le savais !

Une fois arrivée, j’attrapais le sabre en bois, et je me plaçais en position, je me baissais sur mes appuis, puis plaçant mon sabre vers ma ceinture, vers la gauche et fixais alors mon regard sur le mannequin de paille et lentement, j’injectais du chakra, jusqu’à ce que mon ressenti devienne pareil qu’avec l’oiseau, que tous les mouvements autour de moi se décompose, que je comprenne ce qui se passait lorsque j’accélérais. Puis, je bondis, mes yeux regardèrent alors partout, analysant tout, mais surtout, le mannequin, ou je sus alors à quel moment frapper et où. Le coup claqua, mais n’était pas encore superbement bien placé, mais je ne m’étais ni cogné le pif, ni éclater la gueule, ce n’était pas un coup de chance. Il me fallait donc essayer, encore et encore, jusqu’à ce que se soit une réussite complète et totale.

Je m’y réessayais donc, j’infusais le chakra dans mes yeux, jusqu’à ce qu’ils retrouvent toutes les finesses et j’enchaînais les essais, à chacun, je me rapprochais un peu plus d’un bon coup, frappant violemment le mannequin, claquant la latte de bois de toutes mes forces. Mes yeux me permettaient de me diriger et ainsi de viser l’endroit pour frapper et me permettaient ainsi, sur un laps de temps cours de suranalyser le monde autour de moi et donc de ne pas être complètement largué dès que j’accélérais. Tout cela faisait que, à force d’effort, j’étais capable de frapper avec le sabre en bois une cible immobile avec une grande précision, mais il me fallait désormais expérimenter la technique avec un vrai sabre et contre une cible qui ne serait pas immobile et qui se défendrait. J’étais proche de la fin, mais il me manquait encore un long chemin à traverser, car, même si la technique avançait, les clés ne s’imprimaient pas en moi, je n’avais que quelques misérables petites pistes pour espérer trouver ce que ça voulait vraiment dire.

Je déglutis un instant, j’allais devoir aller me battre et risquer ma vie, risquer ma vie contre quelqu’un. Puis, c’était l’heure de vérité pour moi, l’indépendance, ce n’était pas comprendre par moi-même le propre sens de la clé comme des autres qui la suivait, l’honnêteté et la dernière. C’était un peu le moment crucial, celui qui allait démontrer si j’étais assez forte pour vraiment espérer devenir la meilleure sabreuse de l’isthme, si j’en avais assez dans le bide pour pouvoir le devenir. C’était le moment critique et du coup, cela me rendait nerveuse, j’avais l’impression qu’il y avait un gouffre encore super grand à dépasser avant même de pouvoir maîtriser ma technique comme les clés qui devraient me permettre d’achever de comprendre ma nouvelle philosophie de vie.

C’était mon moment, je devais réussir. C’était peut-être même le moment le plus important de ma vie et je devais avouer que j’avais peur, peur que tous mes efforts jusqu’ici n’aient servis à rien. Je devais croire en moi et l’avenir m’exaucera ou ne m’exaucera pas.







   

   

   


   
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J’avais forcé Mugi a resté au manoir d’Inazo, cela devait être ma tâche à moi de maîtriser finalement la technique seule, sans aide, sans rien d’autre que moi et mes capacités, sans rien d’autres que mes tripes. J’étais allé dans une auberge, puis j’avais trouvé ce que je cherchais, une mission, une quête pour parachever mon apprentissage : mon instant de vérité serait alors l’affrontement avec Oniji, le désosseur, un brigand du Nord qui terrorisait les gens dans les montagnes, je devais aller le tuer et pas de n’importe quelle manière, mais bien avec le danger des lames dansantes.

Avec rien d’autres que mon sabre et quelques vivres, je m’étais lancé dans une marche, un pèlerinage même pour aller achever celui qui terrorisait les autres. Personne ne m’avait forcé à aller probablement jouer ma vie contre un adversaire, ça avait été mon choix à moi, mon choix propre, ma décision, mon souhait. Je faisais valoir mon indépendance à faire des choix, à choisir ma méthode de travail, à choisir comment je faisais, ce n’était pas juste choisir quel arcane je souhaitais apprendre, c’était bien plus que cela, je crois que c’était cela l’indépendance, que de faire ses propres choix, prendre ses propres décisions, presque être libre, libre de faire ce qu’on voulait… Dieu que je rêvais moi-même d’être libre, complètement libre.

Le chemin ne fut pas très difficile, car les points de passage entre Nord et Sud, entre la vallée des nuages et l’isthme n’étaient pas si nombreux que cela et qu’il était forcément là, Oniji, mon test final, le moment de savoir si je pouvais réussir ou non, si j’avais ce qu’il fallait. Après plusieurs jours de marche, alors que le crépuscule tombait, je le trouvais, celui dont la tête avait été mise à prix, celui qui terrorisait les gens. Traînant sur une montagne d’os, le brigand se mit à sourire en m’apercevant.

« UNE BIEN BELLE GONZESSE QUE VOILA ! J’AI HÂTE DE TE REMPLIR ! »

Il était hideux, mais gigantesque, avec un énorme hachoir de boucher et bavait déjà en me voyant, imaginant sûrement je ne sais quel scénario pervers dans sa sale trogne. Je dégainais mon nodachi et je me mis à aboyer :

« ATTENDS UN PEU QUE J’TE CRÈVE SALE FILS DE PUTE ! »


Puis prenant une grande inspiration reprise :

« J’VAIS LIBÉRER LE MONDE DE TA PRÉSENCE ! TU F’RAS PLUS CHIER PERSONNE ESPÈCE DE SAC À MERDE ! »

Je dégainais mon sabre et me lançais à l’assaut, alors même que l’ivresse et l’excitation du combat commençait à dévorer chaque fibre de mon corps, comme des flammes lapant ma raison ! Je devais le vaincre, pour moi comme pour les autres. Je devais être honnête, ce n’était pas un acte de bienveillance qui me guidait, mais bien un acte égoïste, je le faisais pour moi, puis pour les autres, mais sûrement que cela ne retirait rien à l’acte que je faisais, non ? Je faisais le bien, je libérais le monde de ces racailles, de ceux qui oppressaient les gens qui ne pouvaient pas se protéger. Je libérais le monde. Mais j’avançais aussi dans la voie que je m’étais choisis, une voie de sang, de mort et de violence, mais derrière les monceaux de corps désarticulé de la voix du sabre et du shinobi, il y avait sûrement un monde meilleur possible et je voulais ce monde meilleur, même si pour cela je devais briser mon corps, le vidé de sa dernière goutte de sang, mais aussi tapir le sol du sang d’innocent, comme de coupable, je le ferais, parce que c’était le chemin pour un monde meilleur. Un chemin qui m’obligera à noircir mon âme, mais c’est inévitable, je ne peux pas changer le monde sans me mettre en danger et mettre en danger les autres. C’était sûrement ça, l’honnêteté, que d’être conscient de soie, de ses émotions, de ses volontés et des moyens à dispositions pour arriver jusque-là. L’honnêteté, ce n’était pas se mentir à soi-même, ni aux autres, continuer dans la voie qu’on s’était choisis, sans se cacher les yeux, c’était sûrement ça l’honnêteté.

Toutes ces pensées me traversaient l’esprit, naissaient, mourraient, j’avais réfléchi durant le voyage, mais devant un ennemi presque final de mon existence, quelqu’un qui une fois vaincu, sera le début d’une nouvelle ère, les pièces du puzzle se mettait en place. Moi qui avais toujours voulu me libérer des chaînes qui me retenaient, qui voulait choisir ce que je voulais faire, moi qui voulais ainsi créer un monde meilleur depuis que j’étais assez grande pour tenir un sabre. J’avais déjà expérimenté des prémices de l’indépendance et de l’honnêteté, je devais juste désormais continuer à entretenir ces vertus et valeurs, pour faire naître en moi, une personne meilleure, une nouvelle Hitagi.

Oniji se lança contre moi et nous enchaînâmes les passes d’armes, sans que véritablement, je ne trouve de failles dans sa défense, l’acier de son arme tranchait, alors que ma propre lame, semblait rebondir sur son corps gras et couturé de cicatrice. Il était fort et j’eu l’impression d’être acculé, par plusieurs fois, j’avais presque osé utiliser mes dons héréditaires, mais il n’était pas question de cela, il était question de Bushido, de voie du sabre.

Je tentais plusieurs fois de lancer le danger des lames dansantes, mais plusieurs fois, il me stoppa. Il était fort, ce brigand, très fort et il avait raison de terroriser les gens vu son absence d’âme et de moral. Quand je me baissais pour tenter de le frapper, appuyant sur mon pied pour tenter de faire l’impulsion, il perçait ma garde. Quand j’y arrivais, il se détournait, je devais essayer, encore et encore. Mais peut-être, cet évènement de ma vie, se devait d’être difficile, pour vraiment marquer un changement…

Je me forçais, malgré les blessures qui m’amoncelait à me battre, c’était cela ou mourir et je ne voulais pas mourir. Piéger dans la valse du combat, je ne réfléchissais plus, jusqu’à ce qu’une étincelle traverse mon esprit, je me battais presque comme avant, je devais tenter de remobiliser chacune des clés du Bushido en combat réel pour triompher et faire le bond de géant pout progresser ! Je devais essayer, trouver dans mon entraînement, tout ce qu’il fallait pour triompher. Je n'avais pas passé ce temps pour rien !

Il leva son couperet et le balança vers ma tête, je savais que je pouvais le vaincre, j’avais travaillé rigoureusement, je laissais l’arme s’approcher de moi, j’avais le courage de le laisser pénétrer dans ma garde. Je devais frapper juste pour le tuer sur le coup, la bienveillance de l’achever pour lui éviter de souffrir malgré ces crimes, et pour ne pas lui laisser la chance de me vaincre. J’avais du respect pour tous ceux qui étaient morts face à lui et je ne laisserai pas leurs mémoires s’achever en laissant ce gros porc triompher. Je pouvais le battre, je le savais, je voulais battre cet ignoble être. C’était mon choix que de vouloir le tuer pour libérer le monde. Mais il me manquait la dernière des vertus, la dernière clé, sans elle, je ne pourrais pas être libre de suivre cette voie.

Libre ? Je parlais de liberté, de libérer, d’être libre depuis toujours, pourquoi ne comprenais-je que maintenant ? La liberté était ce qui m’avait toujours fait bouger, j’étais éprise de liberté et haïssait, ceux qui me la retiraient. C’était ça la réponse, qui complétait les deux autres clés, la dernière des clés étaient différentes pour tout le monde, chacun trouvait la sienne et bâtissait son propre bushido dessus, sa propre voie du sabre. L’indépendance, c’était choisir sa voie, sa vérité ultime et l’honnêteté, c’était l’action de la trouver. C’était cela, ce fut comme une lumière qui s’alluma dans mon esprit, qui comprit que durant toute ma vie, j’avais poursuivi la liberté et que désormais, je souhaitais l’embrasser consciemment, faire ce que je pouvais pour me libérer comme libérer les autres, pour que personne n’ait de maître !

Et cet infâme porc arrachait la liberté des autres, c’était cela son châtiment, il opprimait et oppressait, c’était cela le problème, le vrai problème. Sûrement ce qui m’avait poussé à l’affronter lui, à en faire, la transition vers la nouvelle moi. Son crime, celui qui me mettait hors de moi, avait été d’ôter la liberté des autres ! C’était inacceptable !

Je lui donnais un énorme coup de garde dans la tête et le força à reculer, il s’était approché si proche de moi que j’avais pu le choquer, je fis un bond en arrière, vida mes poumons, laissa le chakra envahir à la fois mes jambes comme mes yeux, puis je bondis, alors que l’autre était encore étourdi. Le monde se mit à ralentir autour de moi, alors que dans mon accélération, j’accédais à une vitesse encore jamais égalée par mon corps. Puis frappait du tranchant de ma lame son ventre, ma lame perça net la peau, mais au dernier moment il se détourna et la blessure ne fut pas aussi profonde qu’elle aurait dû l’être, cette attaque n’était pas parfaite, loin de là, très loin. Je devais recommencer, jusqu’à trouver la perfection sur une cible humaine.

Oniji était blessé, ses réflexes émoussés, par cette première attaque, je pouvais recommencer, encore et encore, jusqu’à ce que son corps ne soit qu’une carcasse vide d’humanité. J’avais toute la latitude pour réussir. Je remplis mes membres de chakra, me baissait, puis bondit de nouveau, encore une fois, mes yeux me permirent de suivre la trajectoire de mon attaque et cette fois-ci, sciemment, je décidais de me rapprocher plus pour contrer le problème qu’il se décale. En fonçant droit dedans, prenant le risque de me prendre un coup, mais facilitant l’attaque, ainsi, frôlant le corps gras, je donnais un coup de lame, qui acheva de trancher l’autre en deux, qui vit ses jambes s’écrouler et son torse tombé au sol, alors même qu’il hurlait de douleur et essayait de se relever. Je le regardais sans émotion et une dernière fois, sentant mon corps faiblir, je recommençais, mais cette-fois, changeait de cible, non plus le ventre, mais bien la tête, je bondis d’un coup et sépare la tête du torse, il s’écroule au sol, le sang se déverse, il n’est plus.

Je regarde mes mains, mes bras, je suis couverte de sang, autant le mien que le sien, j’ai triomphé, mais je suis blessée. Mais je me sens différente, comme une autre femme, ayant accompli ce qu’elle rêvait depuis quelque temps. J’avais maîtrisé les sept vertus, les sept clés et entamé la création de mon bushido, un bushido épris de liberté, de justice, pour se battre contre ceux qui s’attaquent à nos libertés. Je suis libre, je veux faire ce que je veux et tout le monde devrait avoir le droit de faire ce qu’ils voulaient.

En haut de cette montagne, autour d’une montagne de corps décharné vaincu par le désosseur, cette quête avait des allures de fin de voyage, de réussite, comme si j’avais atteint le point culminant de mon être, que je ne pourrais plus progresser. J’avais fait un long voyage et j’étais désormais fatiguée, je voulais me reposer, retourner voir Mugi, profiter d’un peu de répits avec lui, retourner voir Inazo, le remercier et lui offrir un combat pour voir désormais qui est le plus fort. J’y voyais un peu plus clair dans ma vie, je savais ce que je voulais, je devais désormais tout faire pour réaliser mes ambitions.

Non, ce n’était pas la fin d’un voyage qui s’achevait. Ce n’était que le début de tout, le Bushido était le début de ma légende, le début de ma nouvelle vie, le début de cette vie que je voulais vivre. Je décidais de vivre selon mes règles, mes lois, mes vérités et c’était bien pour cela, que ma véritable histoire ne faisait que commencer à s’écrire maintenant, parce que j’étais une personne nouvelle et surtout, j’avais compris ce que je voulais voir guider ma vie :

La liberté, parce que mon Bushido, c’était celui de la liberté, mon sabre n’était pas fait pour tuer aveuglement, mais bien pour bâtir ce monde de liberté que je rêvais pour les autres.

Tout ne faisait que commencer.







   

   

   


   
Sphinx. pv 020

 


   

 
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