Étrange filature [PV Uchiha Masaru]

À peine les premiers rayons du soleil perçaient-ils la toile des murs de ses appartements traditionnels que les yeux du Maître des Ours s’ouvraient de toute leur grandeur. Mécaniquement, il écarta les couvertures de son tatami d’un ample mouvement pour se lever avec une rigidité assurée, sans laisser couvrir la moindre hésitation. Et comme tous les matins, il se se dirigea vers la basinnette d’eau fraîche à quelques pas de son tatami pour se laver rapidement le visage et ébouriffa sa chevelure d’ébène pour être présentable. Juste à côté reposait une nouvelle tunique noire, identique à toutes celles qu’il portait habituellement, que Nikkou enfila avant de s’attacher le sacoche ninja qui reposait juste à côté. Le petit-déjeuner du Chunin était classique, constitué seulement de deux œufs durs et de riz blanc avec sur le côté quelques radis blancs et un bouillon miso où flottait quelques cubes de tofu. Un repas simple, sans grand intérêt, mais plein des nutriments nécessaires pour attaquer sa journée.

Comme tous les jours depuis quelques temps, il devait passer la matinée à enseigner les rudiments de l’enseignement ninja aux enfants du clan Uchiha, question qu’ils ne soient pas au même niveau que les non-claniques qui se présenteraient à l’Académie. Le Conseil avait donc déterminé qu’il était prêt à jouer un rôle plus actif au sein du Clan, toujours sous leur regard scrutateur. On ne faisait que peu confiance à ce shinobi exemplaire, qui avait pourtant traîné toute sa jeunesse dans les quartiers malfamés de Konoha. Mais fallait-il au moins reconnaître qu’il faisait bien son travail. On disait que les enfants l’aimaient plus ou moins car il était sévère, mais que même les plus réfractaires sortaient avec quelques rudiments de shurikenjutsu. L’image exemplaire d’un senseï selon la vision Uchihesque.

Après, lorsque les enfants retournaient à leur enfance, Nikkou mangeait au petit stand annexé au bâtiment principal du Conseil. Un morceau de poison, avec un bol de riz et quelques champignons sautés. Rien de plus. Il ne pouvait pas se permettre de manger plus avant de continuer la journée. La nourriture n’y avait rien d’extraordinaire, mais le lieu était pratique. Et par la suite, à tous les jours, il se permettait deux heures de pause pendant le lunch pour digérer et assurer que ses muscles seraient en forme pour la suite de la journée. Le plus souvent, il marchait dans le quartier Uchiha sans réel but ou interaction avec autrui. Aujourd’hui était cependant une journée plus excitante. Il devait faire les courses. Riz, œufs, poisson, légumes et base de soupe miso. Rien d’autre n’était cependant nécessaire.

Le reste de la journée, il la passait à s’entraîner sur les terrains communs d’entraînement du Clan. Le Chûnin faisait peu d’efforts pour s’intégrer et on évitait de lui parler. Beaucoup le voyait encore comme un étranger ou paria, malgré l’appui du Conseil. D’autres jalousaient le pouvoir et la notoriété qu’il avait acquis en si peu de temps. Si Nikkou avait éveillé son sharingan pratiquement à l’âge adulte, il demeurait l’un des rares à arborer la forme suprême du Dujotsu. Le Sharingan à trois tomoes. Certains lui en voulaient pour ce. D’autres y voyaient au contraire la chance d’en apprendre davantage sur le pouvoir auquel ils pouvaient aspirer. Bref, au moins depuis l’éveil de la forme ultime du sharingan, on le respectait d’autant plus, certaines allant jusqu’à lui demander certais conseils, lorgnant pourtant toujours le troisième tomoe de ses pupilles, comme s’ils voulaient le lui arracher.

L’entraînement terminé, il rentrait toujours chez lui à la même heure, s’attelant immédiatement à préparer le souper. Un bol de riz, du porc et des légumes marinés sur le côté. Un repas simple, sans prétention ni saveur, qu’il mangeait sans appétit du geste délicat de ses baguettes. Une fois terminé, Nikkou rangeait les quelques ustensiles pour ensuite s’atteler à nettoyer son équipement ninja avant de le ranger soigneusement dans sa sacoche pour le lendemain. Et à 9:00, comme tous les soirs, les lampes de son appartement s’éteignaient pour l’heure du coucher.

…et à 10:00, une ombre se faufilait à l’extérieur de ces appartements à une vitesse vertigineuse dans les affres de la nuit. La forme indéfinissable passait au-dessus du quartier Uchiha dans un coup de vent, comme si elle était portée avec délicatesse par l’élément céleste sur les toits des maisons traditionnelles en direction du centre-ville de Konoha et de ses quartiers populaires. L’ombre vacillait entre différentes zones d’ombre et angles morts des guetteurs de nuit, évitant toute lueur indiscrète. Assurément, le plan en œuvre était le fruit d’un travail étudié et d’un plan bien ficelé pour s’échapper d’un environnement pourtant conçu pour brimer toute liberté de mouvement dans la cité. Et si le fugueur parvenait à tromper mêmes les prouesses visuelles des guetteurs du clan Uchiha, visiblement son acuité n’avait que peu d’égale au sein du Clan. Après tout, rares étaient ceux qui avaient éveillé le troisième tomoe, et Nikkou savait pertinemment que ces derniers n’étaient pas relégués à de simples tours de garde.

Beaucoup plus loin, l’ombre se posait enfin sur les dédales de pierre et entreprenait une course moins effrénée, mais au contraire plus excitée. Le souffle court, Nikkou courrait dans les dédales du villages, sa capuche tombant pour révéler un visage méconnu pour plusieurs membres du clan, arborant désormais un sourire jovial et des yeux rieurs. Le sourire s’agrandissait au fur et à mesure qu’il avançait, alors qu’on commençait à discerner l’entrain d’un groupe de villageois visiblement rassemblé pour quelques festivités. Encore quelques blocs, et Nikkou surgit alors dans une place publique éclairée de nombreuses lanternes, où les villageois faisaient face à une petite scène où des danseurs accroupis au sol demeuraient immobiles, prêts à donner leur spectacle.

Aussitôt arrivé, le shinobi contourna la foule pour rejoindre la scène à l’avant en s’excusant avec empressement devant quelques regards courroucés. Au moment où les premiers coups de tambours commençaient à résonner, Nikkou laissa tomber sa cape sombre au sol pour dévoiler un kimono traditionnel blanc et bleu et un large chapeau de paille qui pendait dans son dos. La même tenue que les autres danseurs. Et avant que le rythme ne s’entâme réellement, le Chûnin prit alors place sur la scène, accroupi à l’arrière des autres danseurs alors que d’un seul mouvement lui et les autres membres de sa troupe de danse se levaient d’un grand geste dévoilant les pans de leur kimono traditionnel. Le spectacle commençait.


 

Le cœur du ténébreux Uchiha battait à la chamade au rythme des tambours. Le grand moment était arrivé. Depuis des semaines, il se pratiquait (en cachette évidemment) à l’art de la danse pour pouvoir offrir ce spectacle aux quartiers populaires de Konoha. Il avait toujours aimé la danse. Depuis sa rencontre avec la jeune Hyuga Chyio, qu’il avait trouvé particulièrement jolie à l’époque. Une fois Genin il avait continué à aller voir quelques spectacles de danse traditionnelle. À chaque fois, il se disait qu’un jour il pourrait enfin délaisser la voie des ombres pour s’adonner à cet art solennel. Mais ses morts avaient emporté avec eux la douce mélodie de la vie. Désormais remplacé par un silence empli de son seul désespoir.

Le cœur lourd de la perte de ses siens, il avait renoncé à toute distraction. Emmuré dans son entraînement et les préceptes du clan Uchiha. Essayant tant bien que mal d’être le parfait soldat. De suivre la véritable voie shinobi. Et de devenir une machine de combat pour la salut des siens. Il s’était alors fait le vœu de chasser de son esprit ces rêves et comportements d’enfant pour embrasser sa destinée. La destinée de tout Uchiha.  

Une étincelle de sa vie d’antan s’était pourtant allumée pour éclairer cette sombre route dans laquelle il s’était engagé. Les jumeaux Tadake avaient su lui fournir l’oreille et la compassion nécessaire pour qu’il retrouve la part d’humanité qu’il s’évertuait à rejeter. Son cousin cadet aux cheveux blancs avaient quant à lui réveiller le désir de changement. De révolution. Cette nature bienveillante qui l’avait fait se détourner de la voie Uchiha dès sa plus tendre enfance.

Le voilà donc, en pleine nuit, dans un kimono cérémoniel et un ample chapeau sur une scène au milieu d’une place publique. Rien de bien gros. Tout au plus un spectacle de quartier. Mais pour Nikkou, il s’agissait de l’occasion de faire tomber son masque et oublier l’étiquette qui lui collait à la peau. Libéré des contraintes imposées par le nom Uchiha. Du moins le croyait-il.

Alors que le Maître des Tempêtes dévoilait pour la première fois son visage tout sourire, sa pire crainte se réalisa. Au milieu du public, un individu le fixait d’un air d’incompréhension. Le cœur du Chûnin manqua un bond lorsqu’il reconnu le célèbre Cavalier de Konoha et Chef de la police. Uchiha Masaru. Que faisait-il donc là? Avait-il été envoyé pour enquêter sur lui par les autorités du clan?

Il savait que le Conseil n’apprécierait pas son retour vers les quartiers populaires de Konoha. Après tout, il les avait déjà abandonné pour ces derniers et on lui avait bien comprendre qu’il ne bénéficiait plus d’une telle marge d’erreur. D’autant plus qu’il était désormais l’un des rares ayant été capable de développer le légendaire Sharingan à trois tomoes.

La suite de la chorégraphie s’opéra sans anicroche, mais sans plus de passion pour le Uchiha. Le mécanisme de son entraînement militaire avait repris le contrôle de son corps, qui bougeait seulement pour masquer ses inquiétudes. Il devait évaluer ses options. Et il n’était pas genre d’homme à fuir devant l’adversité.

Le plan était simple, mais efficace. Après les derniers pas de la danse traditionnelle, quelques feux d’artifices étaient lancés pour épater la galerie. Une dissimulation parfaite pour laisser à Nikkou la chance de s’éclipser dans une impulsion de chakra en direction des hauteurs. À quelques pas du traqueur.

« Alors…le spectacle vous a plu? Je ne m’attendais pas à voir un des célèbres Cavaliers à une représentation de ruelle. » avait-il prononcé d’une voix cinglante, prenant les allures uchihesques qu’il avait appris à arborer comme un masque depuis son retour au clan.

Et dans les affres de la nuit, Nikkou de laisser briller le carmin de ses pupilles sanguinères où baignaient trois tomoes acérés. Un défi ouvert lancé à ce spectateur…ou du moins la preuve qu’il avait quelque chose à cacher. Le moindre signe de surprise ou de faiblesse était suffisant pour donner l’avantage à l’un de ces cousins qui aimaient à le décrier comme un paria. Un Uchiha démérité. Et après avoir été pris dans une telle activité, il n'entendait pas laisser au Chef de la Police l'opportunité d'ainsi l'insulter. Ou pire, de le renier. Après tout, ce Jonin d'expérience avait certainement quelque poids au sein de ce clan qui n'attendait que la première erreur pour châtier leur nouveau disciple.
 

L’attaque sournoise avait été rapide. Ou surtout inattendue. D’un seul bond, le Chef de la police l’avait rejoint et avant que Nikkou ne puisse user du moindre contre de taijutsu, il fut victime de l'improbable. La langue rugueuse de son interlocuteur s'était posée sans avertissement sur sa joue pour goûter sa sueur d’une lampée sensuelle. Un acte qu’il n’aurait su anticiper, même grâce aux capacités surnaturelles du Sharingan. Le Dojutsu légendaire du Clan Uchiha n'était après tout pas capable de saisir les nuances (ou folies) du cœur. Aussi déplacées étaient-elles.

Le contact avec l’appendice moite fut suffisante pour stopper les élans guerriers du shinobi. Les yeux d’amande reprirent même leur couleur noisette alors qu’ils s’écarquillaient de stupeur. Les muscles du corps entier du shinobi se crispèrent sous l'effet du chatouillis sirupeux. La présence intrusive avait visiblement mis mal à l'aise le pauvre Uchiha. Si la sensation n’était pas désagréable, l’acte en soi n’avait certainement pas été sollicité.

Avant qu’il ne puisse réagir, l’agresseur s’éloigna sans outre excuse. Et alors que Nikkou, l’étonnement passé, voulait répondre que de tels manières n’avaient lieu d’être, il fut arrêté par les propos de ce dernier.

« Parade nuptiale? Jolie demoiselle? »

Le mystère de ce Cavalier s’épaississait, laissant le pauvre Nikkou dans l’incompréhension la plus totale à répéter les propos incohérents de son interlocuteur. Toujours étonné, il restait de marbre, la bouche a moitié ouverte sous l’incompréhension. Jusqu’à laisser un simple “Oh” en guise de compréhension.

Il aurait dû s’en douter. Il n’y avait aucune raison pour le Chef de la police pour le suivre. Même si les activités dans les quartiers populaires de Konoha lui étaient interdites en raison de ses propensions socialistes, il n’en demeurait pas moins que sa participation à une troupe de danse n’était pas une raison suffisante pour justifier la présence d’un tel haut placé. L’intérêt à sa personne ne pouvait être que d’un tout autre genre. Peut-être était-il trop dur avec ce pauvre shinobi venu lui exprimer son admiration.

« Masaru-senpai…je suis touché par votre attention, mais je ne pense pas qu’on cherche la même chose. En fait, je ne cherche pas vraiment. Mais je n’ai rien contre…euh…les personnes comme vous. Ce n’est pas vous en fait...c’est moi? »

Les excuses du pauvre Maître des vents étaient pour le moins incohérentes. Un mélange de gêne et d’inconfort, mais plein de bonnes intentions mises de l’avant. Nikkou n’avait jamais été un séducteur, mais ses traits Uchiha lui avaient toujours valu l’attention des femmes et hommes de son âge. Et il n’avait jamais été bon pour repousser leurs avances…

Le choix des mots était particulier. Énigmatique. Ou peut-être trop bien choisis. Les émois du jeune Uchiha toujours présents, il avait peine à comprendre les demi-phrases de celui qu'il croyait être un administrateur secret. Et dont il commençait à douter des véritables intentions. Regret? Dérision? Ou un attrait malsain pour sa personne? Peut-être une étrange combinaison du tout, qui laissait d'autant plus perplexe le pauvre éphèbe.

« Je...je ne pense pas que quiconque ait besoin d'être "réparé". Que ce soit vous ou moi. »

Les paroles se voulaient, maladroitement, pleines de compassion, voire même, réconfortantes. Les vestiges d'un allègre romantisme qu'il avait entretenu pendant des années, avant de sombrer dans les noirceurs du réalisme forcé sur lui par la cruauté du monde shinobi. Une part de lui qu'il avait tue pendant des années, avant de la voir resurgir de ce passé qu'il avait cru oublié. Quelques mois plus tôt, il aurait simplement ignoré les raisons d'un tel affront pour laisser parler la colère sourde qui dominait les rapports usuels au sein du clan des dragons Uchiha. Mais récemment, il avait repris contact avec une autre part de sa vie. La personne qu'il avait été avant d'être réduit à un détenteur du sharingan.

Plus jeune, Nikkou avait déjà reçu les avances d'un autre petit garçon. Alors enfant plein d'entrain et au coeur plein d'amour, il avait pris le soin de s'asseoir avec son camarade pour discuter. Le rassurer. L'empêcher de s'en vouloir ou de craindre la moindre honte sur sa personne ou sa famille. Il fallait vivre de sa propre vérité, sans regret ni remord. À l'époque, il était d'autant plus innocent qu'aujourd'hui. Et si les Uchiha lui avait appris à taire ses propres sentiments, il avait toujours conserver cette empathie envers l'autre plus qu'envers lui-même.

Si seulement il avait su que ces efforts oléines de bonnes intentions étaient vaines. Les simples conséquences d’un jeu qu’entretenait son aîné. Un rappel que que dans le monde shinobi, il n’était ps bon de se fier aux bonnes mœurs de ses condisciples...

« Vous n'êtes pas vieux non plus Masaru-senpaï. Vous avez encore de belles années devant vous. Peu importe ce que vous comptez en faire. »

À bien y penser, le Chûnin réalisait qu'il ne connaissait que peu de chose du fameux Cavalier Uchiha. Le Jonin était connu comme une figure de proue du Village, mais on parlait peu de lui au sien des réunions du Clan. Et alors que Nikkou suivait les enseignements privés du Conseil depuis quelques années pour rattraper son retard sur les autres Uchiha, il n'avait jamais eu l'opportunité de rencontrer son senpaï. Il lui revenait donc de se présenter formellement.

Tentant de mettre de côté l’entrée en la matière brusque (et déconcertante), Nikkou tendit sa main en direction de son senpai...espérant ainsi mettre un écart plus formel entre la langue du Cavalier et son corps encore malaisé pr la situation.

« Nous ne nous sommes jamais présentés formellement. Uchiha Nikkou, vous avez certainement peu entendu parler de moi compte tenu de mon implication nouvelle au sein du Clan. »

Fils de Ninjas sans talent ou rôle particulier, Nikkou avait vécu son enfance à l'abri des ambitions démesurées du clan et libre de ses agissements. Alors qu'il se détournait des arts ninja et des enseignements du clan à l'éventail, on avait eu peu d'intérêt à son égard. Il ne valait pas les efforts nécessaires pour le reformater au profil Uchiha. Mais tout avait changé à l'éveil de son sharingan.

Le Chûnin salua avec un certain soulagement le contact plus familier de son interlocuteur, content de pouvoir lui serrer la main plutôt que de recevoir d’autres attentions plus particulières. Le message était mieux passé qu’il ne l’aurait cru, mais il se garda tout de même une petite note mentale concernant le Cavalier. Il devrait éviter de lui montrer toute ouverture susceptible de ré-initier les avances plus humides de ce dernier.

”Un peu long?” s’étonna le jeune Uchiha en soulignant son interjection par un bref sourire. ”Des faits d’arme dont j’ai entendu parlé sur vous Masaru-senpai, il s’agit de titres tout simplement bien mérités.” ajouta-t-il en hochant brièvement la tête en signe de reconnaissance.

Ce n’était pas tous les jours que Nikkou méritait les attentions d’un haut gradé du Clan, si ce n’était que de quelques membres désuets du Conseil venus solliciter sa présence pour quelques missions ou lui enseigner les arts du Clan. Rencontrer une des légendes encore vivantes du Uchiha en cher et en os était un événement rare et il se devait de faire bonne impression, et ce, malgré une entrée en la matière plutôt houleuse.

Le Cavalier pouvait certainement prétendre avoir atteint les sommets de l’art shinobi et Nikkou pouvait-il au moins reconnaître une certaine admiration pour un tel shinobi. Alors qu’elle ne fut pas sa surprise en comprenant que le Second du Clan Uchiha le connaissait de nom. Par respect, le Chûnin hocha la tête, dissimulant pa le fait même une légère rougeur venant teindre ses joues de gêne. Il aurait préféré rencontrer un tel héros dans un contexte un peu plus glorieux que quelques spectacles de danse.

”Oui, j’ai entendu parlé des résultats de Kaori. Elle est encore jeune…je n’étais sûrement pas la moitié du Ninja qu’elle est quand j’étais plus jeune” tenta-t-il d’excuser sa cadette, pris de pitié. Il ne savait que trop bien il était difficile d’œuvrer dans un clan aux attentes si élevées et à la discipline si féroce. Plus jeune, on l’avait considéré comme un moins que rien et l’éveil de son sharingan avait été critiqué en raison de sa faiblesse de caractère. Il avait dû faire des pieds et des mains pour mériter meilleure considération et qu’on lui divulgue plus des secrets ancestraux du Clan.

”J’ai justement été sélectionné pour représente le Clan lors du prochain examen inter-village. J’espère pouvoir faire honneur au nom Uchiha. ” décréta le shinobi d’un ton qui paraissait légèrement inquiet. Les critiques dont il avait eu écho sur ses deux cousins ne lui donnaient pas une envi particulière de se donner en spectacle. Il aurait préféré ne pas être mêlé à quelque jeu politique du Clan…après tout, la dernière fois qu’il avait été mêlé aux affaires du Chef du Clan, il avait failli y perdre son sharingan. Et il doutait que Kagami ne serait pas plus clément s’il n’apportait pas fierté au Clan Uchiha lors de l’examen Jonin.

Éduqué (ou plutôt reformaté) selon les coutumes martiales du Clan Uchiha, Nikkou hocha mécaniquement de la tête devant les encouragements de son sénior pour l’examen Jonin. L’honneur orgueilleux attribué à raison au clan Uchiha refusait même toute idée d’échec. Et les propos du Cavalier étaient seulement pris de la sorte par son cadet. La réponse militaire de ce dernier était la seule réponse appropriée dans les circonstances.

La suite des commentaires surpris cependant le Maître des Ours, lui arrachant même un petit hoquet de surprise. Le Cavalier de Konoha et second en chef lui avait-il proposer de l’aide? Le Uchiha pouvait déjà se considérer chanceux d’avoir pu se présenter à une telle figure notoire, mais bénéficier en plus de ses enseignements était d’un tout autre ordre.

”J’apprécie grandement votre proposition Kagami-san. Pour tout avouer…ça fait longtemps que je n’ai pas eu de sensei à proprement parler.”

Devant cet aveu, l’image de sa sensei morte au combat lui revint à la mémoire. Kurohime. La plantureuse Kunoichi connue comme la Sorcière Blanche était une jonin d’exception, versée dans les arts subtils du Genjutsu…une discipline dans laquelle le Chunin n’avait jamais excellé, d’autant plus à cette période de sa vie. Lorsqu’il était son disciple, ses pupilles étaient encore vierges du pouvoir illusoire de son Clan.

Avec l’éveil de son sharingan, il avait su au moins rendre moindrement hommage à sa mentor et mère adoptive en apprenant quelques Genjutsu auprès du Conseil du Clan, mais il devait avouer demeurer novice dans la matière.

”À vrai dire...je n’ai jamais eu de sensei pour m’aider à développer les Genjutsu du Clan. Je connais plusieurs des genjutsu démoniaques du Clan grâce aux enseignements du conseil, mais je n’ai pas eu la chance de plus explorer ce domaine.”

Sans se poser d’autre question, Nikkou s’était lancé et avait saisi la balle au bond. Autant rentabiliser cette très curieuse soirée après tout…