Chiyo avait réussi à obtenir un morceau d’information qui n’avait pas de prix. Kyoshiro-sensei avait une sœur jumelle. Sa sœur était également une jonin du village, selon les informations qu’elle avait réussit à obtenir usant de son nom pour gratter. Un médecin de haut calibre. Immédiatement, Chiyo s’était mise en tête de la rencontrer. Elle voulait voir quel genre de femme gravitait autour de son sensei, qu’est-ce qui pourrait attirer son attention, qu’est-ce qu’il aimait. Le seul problème était qu’il fallait rester discrète, si elle montrait trop d’intérêt, elle pourrait se faire griller et si cela arrivait et que son père en entendait parler … se serait la fin du monde. De son monde du moins.
En plus, cette rencontre s’annonçait être tout un défi. Elle n’avait aucune information de la personnalité de la femme et de ce qui pouvait l’attendre. Chiyo choisit donc un élégant kimono, mais évita de faire dans l’extravagance, cherchant quelque chose qui mettrait en valeur et qui pouvait bien passer dans une rencontre anodine. Elle choisit également de ne pas se mettre trop dans l’extravagance pour ce qui était de ses cheveux. Bien sûr elle dû se retenir de prendre trop d’épingles – le choix était trop difficile, elle les aimait toutes – pour rester élégante sans trop. Un maquillage léger, suffisament pour la mettre en valeur et souligner sa noblesse rien de trop voyant, elle ne voulait tout de même pas ressembler à un clown ou quoi que se soit de se genre. Cette rencontre devait être parfaite, si cette femme était la jumelle de son sensei, il était fort possible qu’elle devienne sa belle-sœur dans un futur près et Chiyo souhaitait plus que tout être aimée d’elle. Peut-être si elle réussissait, la Tadake glisserait quelques mots en sa faveur à son sensei …
La jeune Huyga se rendit donc à l’hopital. Elle avait réussi à savoir que la Tadake devrait quitter dans ses heures-ci. Il lui fallait donc trouver une femme à la chevelure noire et au yeux noirs. Malheureusement, cette simple description était banale et lui avait rien dit d’autre, mais, à son grand bonheur, à ce moment-là il n’y avait pas beaucoup de visiteurs. Elle s’approcha donc de la première femme qui correspondait à cette description.
« Bonjour, pardonnez-moi, je cherche Tadake Yuriko, pouvez-vous m’aider à la trouver ? »
" La femme n'est pas le cinquième élément mais le premier, parce qu'elle est la complice de l'absolu. "
Même si le monde n'était actuellement pas en guerre, le nombre de shinobi qui se blessait en mission ne se désemplissait pas. Pour beaucoup, toutefois, une simple cure de repos était nécessaire, pour les autres, cela requerrait toutes l'énergie du personnel médical. Malheureusement pour la kunoichi, elle ne pouvait plus s'y rendre autant qu'elle le voulait mais demeurait attacher à savoir si tout fonctionnait et persistait à rendre visite aux personnes dont elle avait eu la charge et même d'anciens patients. La relation de confiance qui pouvait naître en un médecin et un blessé avait son importance, même sur la guérison car cela facilitait énormément les choses. Et puis, on ne pourrait nier le caractère dévolu de la jeune femme à sa profession.
Quoiqu'il en fut, une fois sa journée terminée, elle s'apprêta à profiter d'un repos fort bien mérité mais à peine eut-elle mis le pied hors de l'établissement médical qu'une élégante jeune fille l'aborda avec beaucoup de délicatesse. Alors que son nom échappa de sa bouche, un large sourire se dessina sur le visage de l'eisen-nin.
" Et bien mademoiselle, la chance semble être de votre côté. Vous venez de la trouver. "
Son esquisse s'élargit. Yuriko se présentait toujours élégamment, même après la sortie de l'hôpital et ne dérogeait jamais à la règle. Elle portait à cet instant ces cheveux détachés, bien que l'on pouvait y noter la marque du ruban qui les avait maintenu pendant sa charge de travail. Ses petites yeux noirs brillaient de malice bien qu'un peu fatigué, mais le maquillage léger camouflait convenablement ce qui aurait pu lui être disgracieux. Quant à sa tenue, il s'agissait d'un kimono aux motifs fleuris en l'honneur de la saison, mais plus moderne que ce qu'elle avait l'habitude de porter pour le plaisir, une manière de confondre le confort à l'élégance.
" Dites-moi en quoi puis-je vous aider? "
Le regard de la jonin se posa sur la jeune fille qui se tenait en face d'elle. Elle ne semblait pas la connaître mais à la vue de sa tenue et de son maintien, elle devait appartenir à une branche sociale assez aisée pour avoir appris à posséder une telle attitude. Toutefois, elle s'étonnait un peu car le visage de cette dernière ne parut pas inquiet outre mesure, signifiant ainsi qu'elle n'était pas là pour un avis médical ou bien en visite pour un patient dans un état critique. En tout cas, sa curiosité avait été éveillée.
Le hasard faisait bien les choses. Cette femme à l’élégante chevelure noire et à la silhouette grâcieuse, aux yeux sombres et à peau claire était la femme même que Chiyo cherchait. La première chose qui la frappait fut la différence. Si Kyoshiro était beau, elle, elle était magnifique. S’il était pâle et sa chevelure claire, elle était sombre et entourée du soyeux halo sombre de ses cheveux. Si l’homme était chaleur, un peut franc et relativement indélicat sa contrepartie féminine était douce, polie et semblait relativement détachée. Ils n’avaient pas le même regard. En réalité, si Chiyo n’avait pas son information d’une source fiable, elle n’aurait jamais pu imaginer que les deux Tadake étaient jumeaux et encore moins de la même fratrie. Kyoshiro était tout ce que Yuriko n’était pas et vice-versa. Une différence qui frappait, à coup sûr, mais qui semblait faire d’eux des êtres complémentaires.
Chiyo mourrait maintenant d’envie de les voir l’un avec l’autre. À quel point changeaient-ils ? À quel point les apparences étaient trompeuses et qu’en réalité ils se ressemblaient ?
Il fallait chasser cette idée de sa tête, elle n’était pas là pour ça … enfin, un peu si, mais ce n’était pas non plus le moment. Elle sourit donc devant la dame la dame et s’inclina poliment.
« Bonjour, je me nomme Hyuga Chiyo. Je suis la nouvelle disciple de votre frère jumeau. »
Yuriko était d’une beauté et d’une élégance que très peu de femmes avaient. De plus, elle concourrait pour être Hokage. Une femme comme elle, ça ne courait pas les rues. Si elle avait les qualifications et la confiance pour tenter de devenir la tête dirigeante du village caché de la feuille en appartenant même pas à un clan … Non seulement pouvait-on la qualifier de puissante, mais sa force de caractère devait supplanter tout ce que Chiyo avait pu un jour voir.
« J’ai entendu parler de vous et je me demandais … Je sais que ce n’est guère grâcieux ou même malvenu, mais je voulais … je me demandais si … si je pouvais vous demander de me parler un peu de lui. Rien de majeur ou de trop personnel, juste … ses goûts en matière de femme, peut-être ? »
C’était sorti tout seul et très maladroitement. Son naturel calme et posé s’étant envolé, balayé non seulement par la nature de sa visite, mais également par cette femme qui semblait être bien au-delà d’une telle conversation sans but fondé, sans réel sens. Peut-être même verrait-elle cela comme une perte de temps ? Chiyo espérait clairement que non, mais est-ce qu’une dame de cette trempe avait réellement le temps pour ces petites amourettes ?
" La femme n'est pas le cinquième élément mais le premier, parce qu'elle est la complice de l'absolu. "
Quelle bien intrigante jeune fille! Alors que la jeune femme conservait un petit sourire sur le visage, elle attendait avec une certaine forme de curiosité impatiente les raisons de sa présence. La réponse lui fut toutefois rapidement apportée alors que la demoiselle se présenta. Hyuga Chiyo. Un bien joli brin de fille pour une famille noble comme celle des manipulateurs du junken. Cependant, tout prit son sens quand elle lui révéla être une des nouvelles élèves de son jumeau.
" Oh? Je suis ravie de faire votre connaissance Chiyo-san. J'espère que mon frère ne vous fait pas trop de misère? "
Le sourire de la kunoichi s'étira un peu plus alors qu'elle posait son regard bienveillant sur la jeune femme. Patiemment, elle écouta alors les propos hésitants de Chiyo, penchant un peu la tête sur le côté, et prenant rapidement une expression de surprise lorsqu'elle lui demanda assez directement des réponses à ses questionnements sur les goûts de Kyoshiro. Lorsqu'elle comprit ce dont il était sans doute réellement question, elle ne put contenir un petit rire.
" Haha! Et bien! Mon frère a beaucoup de chance d'avoir une jeune élève aussi attentionnée. Connaître son senseï peut aider à une meilleure entente et communication. "
Le visage de Yuriko s'étira d'une esquisse amusée. Il semblerait que son frère soit vraiment un chapardeur et un charmeur. Voilà que maintenant, il séduisait ses propres élèves? Cela n'étonnait guère la jeune femme. Kyoshiro avait toujours eu une aura particulière qui attirait les gens, c'était ainsi. Mais elle était d'avance un peu triste pour la jeune Hyuga car elle devait visiblement ignorer qu'au-delà du fait que son cœur à lui appartenait à une Yamanaka, il allait même être père. Mais ce n'était pas à elle à avoir ce genre de conversation. Son frère devrait être capable de gérer la situation tout seul.
" Mmmm... je m'apprêtais à rentrer chez moi mais, je peux répondre à vos interrogations en chemin si vous voulez? Vous m'accompagnez? "
D'un petit geste de la main, la konohajin montra la direction à prendre et demeura aux côtés de l'adolescente. Tout sourire, elle chercha à formuler de manière convenable les réponses attendues. Guère facile en réalité. Son frère était un bourreau des cœurs. C'était déjà comme cela pendant leur propre jeunesse et cela désespérait même sa jumelle car elle trouvait que cela manquait de sérieux.
" Alors... voyons voyons... que pourrais-je dire de mon frère... Mmmm... je suppose que vous avez déjà remarqué qu'il possédait un assez franc parlé. Il peut être parfois même maladroit. C'est un homme assez enjoué et en matière de femmes.... C'est très difficile à dire. "
La kunoichi affichait une petite moue alors qu'elle réfléchissait au profil des conquêtes passées de son frère. Oh! Elle ne les connaissait certainement pas toutes, elle ne l'espionnait pas mais elle n'ignorait pas que lors de soirée un peu trop arrosé, il avait tendance à rentrer au bras d'une jeune femme. Elle réfléchissait à celle qu'elle avait déjà vu.
" Bien qu'il ne voit pas, il a toujours eu le don pour attirer les jolies femmes ou des femmes qui semblaient apprécier son humour. Je ne suis pas certaines qu'il est un genre particulier mais, les femmes ayant un fort caractère ne lui déplaisent pas. "
Finalement, son frère était un garçon assez simple. Mais est-ce que cela suffirait à son élève?
Yuriko semblait plus attentionnée que ce qu’elle avait imaginer une femme ninja être. D’un côté, elle ne pouvait donc s’empêcher d’être surprise, mais connaissant son frère, cette surprise, fut suivie d’une compréhension. Son frère était quelqu’un de chaleureux et d’attentionné, il n’y avait pas de raison pour sa sœur d’être différente de lui. La jeune Hyuga sourit gentiment suite à la première question de son aînée et supérieure hiérarchique.
« Non, non pas du tout. Au contraire même, il est une excellent sensei. »
Le petit rire qu’elle suite aux questions de Chiyo la fit rougir. Yuriko avait immédiatement compris de quoi il en retournait. Bon d’un côté, il fallait avouer que pour une dame, elle n’avait été aucunement discrète, mettant de l’avant son intérêt plus que prononcée pour son enseignant. Heureusement, son interlocutrice ne semblait guère mal prendre la question, bien que son amusement embarrassât sa cadette.
« Oui, bien sûr, je vous accompagne. »
Et alors qu’elles se mirent toutes deux en chemin, la belle jonin se mit à raconter ce qu’elle avait à dire. Elle commença par les choses simples et évidentes, celle que tous pouvaient remarquer. Une entrée en matière douce, si l’on pouvait ça de cette façon. Puis, plus elles avançaient, plus elle avançait, plus elle semblait s’approcher de la réponse que Chiyo espérait. Enfin, la réponse tomba. Il n’avait pas genre particulier. C’était un bon début !
Enfin, jusqu’à ce qu’elle mentionnât le fort caractère. Chiyo le savait, elle n’avait pas ce fort caractère. Elle était docile, soumise aux lois de son clan et elle n’y voyait pas le mal. Elle était une Hyuga ce qu’il y avait de plus commun. Elle du retenir une moue à cette idée. Elle n’allait pas s’endurcir et se révolter pour les beaux yeux d’un homme … Mais peut-être trouvait-elle une façon de lui faire voir ses autres qualités. Oui, rien n’était encore perdu. Elle avait la chance d’être sous sa tutelle et de le voir plus souvent que bien d’autres, elle allait faire usage de ce temps. Elle allait lui montrer tout ce qu’il avait à gagner avec une femme comme elle et peut-être ainsi, tomberait-il d’amour pour elle ?
« Je … Je vois. »
Les questions la brûlaient, mais elle ne voulait pas non plus incommoder la femme qui gracieusement l’accompagnait et répondait à sa question. Chiyo opta donc pour un changement de sujet. De toute façon, si elle réussissait à créer une relation en bons termes avec la Tadake, peut-être pourrait-elle poser ses questions plus tard.
« Hum … j’ai eu ouïe dire que vous vous présentiez comme Hokage ? Est-ce que les rumeurs sont vraies ? »
Oui, bon, la conversation par défaut d’une Hyuga de la branche principale n’était pas la pluie ou le beau temps, mais la politique … Il fallait s’y en attendre dans un sens et après tout, Chiyo était curieuse. Elle voulait comprendre comment cette femme allait s’y prendre et ce qu’elle comptait faire du village si elle atteignait ce titre si hautement convoité. Plus que ça, elle voulait connaître la femme derrière toutes ses rumeurs, derrière cette puissance et derrière son nom.
" La femme n'est pas le cinquième élément mais le premier, parce qu'elle est la complice de l'absolu. "
La jeune Hyuga semblait posséder une personnalité bien à elle, et si d'apparence elle apparaissait d'une douceur agréable, sa curiosité et son bagout lui offrait des atouts de charmes. Après tout, il fallait oser pour venir rendre visite à un membre de la famille de l'homme que l'on convoitait pour en apprendre plus sur lui. Beaucoup de jeunes filles n'étaient pas capable de se montrer si avenantes. Yuriko la première d'ailleurs. Plus jeune, elle était beaucoup trop enfermée sur elle-même et peut-être trop sérieuse également pour faire le moindre pas vers quelqu'un. C'était généralement les hommes qui s'y tentaient, ou tout du moins, quand ils n'étaient pas effrayés par les regards menaçants qu'elle était capable de lancer. Ce ne fut que beaucoup plus tard qu'elle se décomplexa et devait avouer tristement que l'alcool l'y avait un peu aidé. Mais cela demeurerait un secret bien gardé.
Avec bienveillance, la kunoichi proposa avec la jeune clanique de la suivre si le cœur lui en disait et elle accepta. Chiyo ne manqua pas de rougir lorsque Yuriko se mit à rire, car elle comprit que cette dernière n'était pas née de la dernière pluie et qu'elle avait parfaitement conscience des raisons pour laquelle elle subissait ses petites interrogations curieuses. Mais ne désirant pas se montrer trop pressante, la Hyuga essaya de changer de sujet. Mais jusqu'à quand? Yuriko n'allait pas beaucoup l'intéresser ou en tout cas, sans doute pas longtemps.
" Oh, il est vrai. Je souhaite tenter ma chance même si je ne me sais pas la favorite. J'espère que ma détermination sera néanmoins convaincre nos camarades. "
Un petit sourire se dessina sur son visage.
" Je dois avouer que j'ai murement réfléchi à ce que je pourrais apporter au village, et je pense, sans prétention, que je suis capable de faire beaucoup plus. Et si ce n'est aujourd'hui, cela serait peut-être demain. Il ne faut jamais abandonner. "
La kunoichi tourna son visage en direction de la charmante Hyuga.
" Et vous? Qu'en pensez-vous? Je suppose que vous préfèreriez un candidat de votre clan et cela se comprend. Vous aimeriez peut-être un jour devenir Hokage? "
A dire vrai, l'idée ne lui aurait sans doute jamais traversé l'esprit si dans le sien l'ombre de Jinpachi ne s'y trouvait pas. Bien sûr, elle ne le faisait pas uniquement dans le dessein de pouvoir voir un jour ses sentiments se concrétiser par le mariage avec le Yamanaka, elle avait des aspirations plus nobles qu'égoïstes, celui de pouvoir toujours faire plus, de protéger et de faire en sorte que le village devienne assez fort pour ne craindre le moindre mal. Mais elle ne pouvait nier que ses sentiments amoureux avaient peut-être précipité son ambition nouvelle.
Chiyo ne pouvait s’empêcher d’être fascinée par la femme devant elle. Son aura, sa puissance … Son ambition même. Elle était prête à faire plus. Yuriko savait ce qu’elle pouvait apporter sur la table, ce qu’elle avait à offrir à Konoha et elle semblait déterminée à tout donner, contrairement à elle qui n’avait fait que progresser pour les beaux yeux d’un homme et la gloire de son clan. La jonin regardait devant elle et s’était mis des buts. Elle avançait vers eux dignement. La différence entre les deux femmes était frappante. Chiyo n’avait ni ambition, ni but, ni réel désir de grandir … Comment pouvait-elle prétendre vouloir se comparer ? Le fossé entre elles n’en finissait plus.
Yuriko était réellement une femme admirable. Une femme forte. Elle était plus que digne d’être la sœur de Kyoshiro et si la délicate Hyuga voulait l’impressionner, elle devrait y mettre les bouchées doubles. Il avait très clairement l’habitude des femmes puissantes dans son entourage …
Yuriko tira sa jeune comparse de ses pensé lorsqu’elle mentionna le clan de celle-ci. Elle n’avait pas tort dans un sens, il était vrai que Chiyo aurait aimé voir un Hyuga à la tête du village. Kokkei aurai été le meilleur choix, mais pour une raison ou une autre il n’était même pas dans la course. Alors il n’y avait rien à faire ou même à penser de cette histoire-là.
« Il est vrai que je préférais quelqu’un de mon clan, mais seulement s’il est qualifié pour faire une telle tâche et pour l’heure, personne ne semble se démarquer. Pour l’instant, il y aurait bien Kokkei, pourtant, il ne semble pas vraiment intéressé par un tel projet. Sincèrement, je crois que, même si les Hyuga seraient de facto le meilleur choix, aucun des nôtre n’est dans la course. Nous avons besoin de quelqu’un de compétents dans l’art de guider les siens et le village. Quelqu’un capable de faire des décisions cruciales et pousser ses idées. Parmi tous les candidats, je préfèrerais vous voir vous, à la tête du village. Vous me semblez beaucoup plus humaine qu’Inuwashi-sama et c’est une qualité à ne pas sous-estimer. »
La jeune femme fit une pause quelque instant pour reprendre son souffle et réorganiser son esprit. Elle avait beaucoup dit et une partie d’elle guettait la réaction de Yuriko, espérant la voir favorable à son interminable monologue. Après quelques instants, elle reprit. Cette fois-ci elle voulait savoir ce que son interlocutrice réservait à Konoha si elle gagnait la campagne électorale. Elle voulait voir un peu plus de la femme qui se cachait derrière tant d’ambition.
« Mais vous dites que vous pouvez apportez plus, bien que je n’aie pas de mal à y croire, vous me semblez être une femme de grandes ressources … avez-vous des plans pour le village ? »
Elle attendit patiemment la réponse. À ce point-ci, elle en avait oublié la raison initiale de sa visite. Elle voulait simplement comprendre ce qui la rendait si particulière. Elle voulait voir de ses propres yeux celle qui était réellement derrière la légende de Tadake Yuriko.
" La femme n'est pas le cinquième élément mais le premier, parce qu'elle est la complice de l'absolu. "
Yuriko n'avait pas l'habitude de fréquenter beaucoup de Hyuga et sa seule véritable connaissance n'était autre que Kokkeï, l'un des cavaliers de Konoha. Il était assez proche de Akimichi Chô et elle s'était demandée même pour quelle raison ce dernier n'avait pas pris officiellement part dans les candidatures du poste de Hokage. Pourquoi? Parce que dans leurs jeunes années, la kunoichi pouvait clairement dire sans honte qu'elle avait vu en lui un rival. Il s'était toujours montré brillant dans de nombreuses matières académiques, ils étaient également très appréciés de tous, des filles comme des garçons. Il était de ces êtres qu'elle cataloguait comme "lumineux" à l'image de son frère Kyoshiro. Ils étaient de ces hommes qui possédaient des auras solaires. Peut-être pourrait-elle aller même jusqu'à dire qu'elle en fut un peu jalouse... mais ils n'étaient pas comparables car leurs ambitions n'avaient pas été les mêmes. Peut-être était-ce aussi pour cela qu'à l'époque, il lui fut plus naturel de s'entendre avec Naoshige Senju. D'ailleurs, elle était même prête à admettre que les deux claniques pouvaient largement la surpasser dans ces prochaines élections. Toutefois, un Tadake ne baissait jamais les bras.
Prêtant alors toute son attention à Chiyo, elle écouta cette dernière en silence et respect. Elle se montrait honnête tout en faisant preuve d'élégance, chose qui fit naître un petit sourire en coin de la kunoichi.
" Mmmm.... je pense aussi que Kokkeï aurait fait un très bon candidat. Je suis encore étonnée que ce dernier n'est pas déposé sa candidature. Mais peut-être que ces obligations actuelles l'en empêchent. Quant à Inuwashi-sama.... "
La jeune femme laissa échapper un rire.
" ... il est vrai qu'il est un peu sauvage. Toutefois, il a très à cœur de protéger ce qui lui semble important. Je dirais qu'il manque... de tempérance mais pas de ressource, sinon, il ne serait pas à la tête de son clan. "
Un large sourire se dessina sur les traits opalins de la future candidate.
" En tout cas, merci de votre considération Chiyo-san. J'espère que d'autres verront les choses de la même manière. "
Ce fut alors que la jeune femme la questionna sur ce qu'elle projetait, la manière dont elle voyait l'avenir pour Konoha et bien évidemment, son programme politique, en quelque sorte. Elle fit une petite moue de la bouche, pensive, pour trouver une façon simple de dire les choses.
" Mmmmm.... et bien, je n'ai pas pour projet de renverser les choses, mais de faire dans la continuité de Akimichi-sama. J'espère pouvoir continuer sur cette voie diplomatique et maintenir la cohésion du village. En tant que non-clanique, je n'ai pas de partie pris et je pense que cela peut faire la différence. En tant que médecin, c'est le bien-être de tous qui comptent. Du shinobis aux simples citoyens. Et en tant que kunoichi, c'est bien évidemment la défense du village. Protéger nos valeurs serait le maître mot de ma campagne. Pour faire simple. "
Les petits yeux noirs de la jeune femme se tournèrent vers l'élève de son frère. Elle ne pouvait se permettre de donner plus de détails, cela se ferait le jour de sa compagne officielle. En tout cas, elle espérait que cela fût suffisant pour satisfaire la curiosité de la délicate Hyuga.
Yuriko était une femme diplomate, il n’y avait pas à le dire. Elle savait prendre l’opinion des autres et la reformuler de façon plus douce, moins abrasive, moins tranchée. Évidemment, ce fut une autre de facette de cette jonin que Chiyo ne put s’empêcher d’admirer. Dire qu’elles étaient près en âge … Elles n’avaient par contre pas du tout le même niveau. Si normalement le premier réflexe de Chiyo avait été de jalouser cette femme, elle ne pouvait rien éprouver d’autre que cette admiration. Yuriko ne se vantait pas, elle restait discrète, fière.
Elle était exactement ce que Chiyo voulait devenir. Aussi enfantin que cela sonnait, elle était tout ce que la jeune Hyuga espérait un jour atteindre. En termes de puissance, de diplomatie, d’allure … tout.
La jeune femme su retenir le soupir qui lui vint aux lèvres. Elle avait clairement des efforts à faire pour espérer pouvoir séduire Kyoshiro, surtout si l’exemple féminin de sa vie était Yuriko.
« Il n’y a aucune raison de me remercier, je ne faisais qu’exprimer mon avis. Je suis … je suis contente de voir une femme comme vous dans la campagne. Je suis persuadée que vous allez en inspirer plus d.une à suivre dans vos pas. »
Après tout, elle serait la première femme kage du monde si elle était élue. Bien que Chiyo ne fût pas une féministe se battant pour ce genre d’égalité, elle savait que beaucoup (au moins les Hyuga) avait une autre perception de la femme … plus archaïque. En soi, ça n’avait jamais déranger Chiyo qui à l’origine n’avait voulu que ce genre de vie, mais maintenant qu’elle était catapultée dans un monde où seul ses exploits lui donneraient renom et paix, elle devait bien admettre que ce genre de situation lui montrait que ce n’était pas voué à l’échec.
« Oh … Il se fait déjà tard ! Je vais devoir rentrer. Je ne voudrais pas faire attendre mon père pour le diner. »
Un petit rire cristallin s’échappa de ses lèvres. Puis, elle s’inclina devant son aînée.
« Merci pour cette conversation. Je suis heureuse de vous avoir rencontrer. J’espère que vous gagnerai les élections. »
Un honnête vœu, il n’y avait pas à le dire. Eeeet … Il fallait avouer que ça en jetait un peu de pouvoir : ‘’je suis l’élève du frère de la Hokage.’’ Les bonnes intentions, ça n’achetait pas la réputation après tout.
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