[Training] Rupture

La plupart des gens normaux ferait ses entrainements au petit matin ou bien dans la journée à la fraîche. Pour être tranquille, il m'arrivait de temps à autre à le faire de nuit, surtout quand la lune était pleine et éclairait bien le village. D'une part, parce que je me savais pénarde aux heures tardives, d'autre part parce qu'il faisait tout simplement moins chaud. Et la vrai raison était que lorsque j'avais un petit coup de mou, le calme du soir me faisait du bien. Lever la tête vers les étoiles aussi. Vous allez peut-être trouver ça con, mais je me sentais un peu moins seule en matant les constellations. Mon côté romantique. Trêve de sornette, j'étais là pour bosser quand même.

Je m'étais pointée sur le terrain d'entrainement avec mon seul katana en main. L'heure n'était pas aux marionnettes mais à l'art noble de l'épée. Ouais... cela m'arrivait de temps à autre de jouer les grandes poétesses. Il fallait dire que la tranquillité était idéale pour pas être déconcentrer quand on faisait joujou avec des lames, surtout pour moi qui pouvait de temps à autres avoir l'esprit parasité par la bêtise... ou la fainéantise... ou tout simplement de banal moment d'absence. Un petit hic dont j'avais parlé à pas grand monde. Fallait dire que ça me faisait bien chier de base, alors si en plus on me considérait comme obsolète à cause de ces petits blancs... Il me resterait pas grand chose. Je ne savais que me battre après tout.

Quoiqu'il en fut, une fois sur le terrain, je constater qu'il n'y avait pas un seul brin de vent. Je jetais mon sac sur le sol, soulevant un petit nuage de poussière ocre avant de m'accroupir pour farfouiller dedans. Là, j'en sortis des bougies que je disposais en cercle d'un assez grand périmètre. Cela me permettait de délimiter la zone à ne pas dépasser de façon clairement visible dans la nuit, la zone maximale de mes mouvements ou de mes pas. Après que tout fut en place, je dégainais mon arme et mon regard se perdit quelques secondes dans l'éclat de son métal.


Entre la lune et la lumière des bougies, mon reflet semblait animé étrangement. Je ressentis un étrange sentiment de mélancolie et alors que je fis légèrement pivoter la lame, je crus voir une silhouette derrière moi. Par réflexe, je me retournais rapidement. Personne. Pourtant... pourtant j'étais persuadée d'avoir vu quelqu'un et une impression... familière. Je devenais dingue. Je me donnais une petite claque sur la joue et me concentrais donc à nouveau sur la raison de ma présence sur le terrain.

Je me plaçais convenablement, les pieds parfaitement ancrés dans le sol avant de lever mon katana en le tenant fermement de mes deux mains. Puis je l'abattis brusquement comme si je désirais découper en deux une personne se trouvant devant moi. Mais je n'avais que des fantômes autour de moi, ceux de ma mémoire, des silhouettes floues et sombres sur une toile blanche. Si le geste pouvait paraître anodin pour un spectateur, je me conformais toutefois à appliquer celui d'une technique de kenjutsu que l'on nommait Hadan. Cela consistait à jouer de sa lame dans un geste précis et unique, une frappe maîtrisable au corps à corps pour repousser l'ennemi tout en laissant échapper son chakra. Cela revenait un peu à projeter sa frappe par son énergie.

Mais l'art du sabre s'apprenait par la répétition. Il me fallait maîtriser le geste au millimètre près, il fallait qu'il imprégna mes membres jusqu'à ce que ces derniers deviennent douloureux. A chaque entreprise, je me positionnais face à une des bougies disposées tout autour de moi. Je visualisais ma force à chaque quoi que la flamme se mettait à vaciller, puis je passais à une autre. Je frappais ainsi l'air de ma lame pendant des heures, de longues heures jusqu'à ce que des perles de sueurs vinrent à glisser sur mon front lacéré.... et jusqu'à ce qu'une douleur dans mon poignet me lança d'une telle façon que je lâcha mon épée. Je me mis à pester avant d'entendre à nouveau un bruit. J'étais observée, j'en étais certaine. Je me retournais, tentais de percevoir quelque chose dans l'obscurité de la nuit mais même là je me retrouvais comme une imbécile à ne même pas pouvoir m'exclamer. Je me retrouvais seule face au silence. Comme toujours.

Technique à apprendre:

S'il était de notoriété publique que j'aimais en faire le moins possible, cela était toujours bien différent quand il s'agissait d'entrainement ou de création de marionnette. C'était peut-être une des rares choses avec lesquelles je déconnais pas. Cela faisait déjà deux nuits où je bataillais avec moi-même pour tenter d'être assez satisfaite de mes gestes dans la recherche acquisition du Hadan. J'avais rien lâché, tout comme la satanée impression que l'on m'épiait. Même si j'avais pris l'habitude que certaines types sous les ordres des grands pontes m'avaient à l'oeil, là j'avais une impression différente. Je dirais même que c'était à l'opposé de l’hostilité habituelle à tel point que je dirais que c'était... gênant.

Cela ne m'avait pas empêché d'être généralement assez concentrée pour en arriver à l'étape suivante de mon entrainement. Maintenant, mon but était de charger ma lame en chakra et de balancer la sauce dans la gueule de mon ennemi invisible. Plus facile à dire qu'à faire et exceptionnellement pour la nuit - parce que je bossais toujours de nuit comme au début - j'avais sorti un mannequin d'entrainement. Pour le fun, j'avais même gribouillé une feuille de papier pour y mettre une tronche et je l'avais accroché avec un kunaï. Petit indice? J'avais utilisé des crayons bleus.

Je commençais en premier lieu à attaquer à moyenne distance. Il fallait que je maîtrisasse le coup ou plutôt le dosage d'énergie nécessaire à transférer dans ma lame. Puis après, je verrais pour gérer la maniabilité de ma lame au corps à corps parce que mine de rien, un katana n'était pas un couteau. Cela demandait une dextérité différente. Puisque je maîtrisais déjà le chakra nagashi, j'avais un petit coup d'avance en ce qui concernait la capacité à étirer mon chakra jusqu'à la pointe de ma lame. Mais cette technique était principalement faite pour aiguiser cette dernière. Mais d'un autre côté, je maîtrisais également le Issen qui était le plus proche dans la forme du Hadan. Ce fut en pensant à cette technique là que je commençais à brasser l'air de mon katana.

Dans un premier temps, les ondes énergétiques que je balançais étaient faiblardes. Mais plus je m'y reprenais, plus je renforçais mes attaques. A chaque petites victoires, je faisais un pas de plus vers le mannequin d'entrainement pour réduire la distance jusqu'à parvenir au corps à corps. Je me rendis vite compte que dégainer - parce que je remettais à chaque fois ma lame dans son fourreau - était plus délicat. Il me fallut peut-être bien une heure pour saisir le timing parfait entre l'instant où je sortais l'épée et celui où je relâchais mon chakra en balayant l'air. Et j'avais répété encore le truc sans cesse et j'avais toujours un problème de puissance.

" Vous devriez condenser un peu plus votre chakra sur une partie de votre lame plutôt qu'à chercher à l'étirer. "

Je sursautais brutalement au son de cette voie inconnue, mais alors que je me retournais, je ne vis personne ou plutôt qu'une ombre. Un type restait dans l'ombre sans que je ne puisse le percevoir. Je m'apprêtais à tenter de parler mais il me coupa nette dans mon élan.

" N'essayez pas de parler. Je connais votre problème. Essayez plutôt de recommencer avec le conseil que je viens de vous donner. "

Culotté le gars! En plus de pas me montrer sa tronche, voilà qui me donnait des ordres? Je fronçais des sourcils en laissant échapper un râle d'agacement avant de lui tourner le dos pour refaire face au mannequin d'entrainement. Mais alors que je m'apprêtais à abaisser ma lame pour balayer l'air, j'eus un étrange pressentiment. Cette voix... pourquoi elle me disait quelque chose? Je secouais la tête avant de chercher à me reconcentrer. Je repris mon mouvement et chargea ma lame avec plus de précision. Je frappais d'un grand geste et laissais échapper une lame de chakra qui vint repousser et taillader le bois de mon adversaire inerte. Lorsque je me redressais, je m'étonnais presque que le conseil de l'inconnu eut fonctionné.

Je me retournais pour remercier le type dans l'ombre mais... il était parti. Un fantôme? Je me grattais la tête en me demandant si j'avais pas halluciné. D'ailleurs, je crus que c'était le cas. Qui irait donné un conseil à une gonzesse dans mon genre sans y être obligé? Miraï ne le faisait que par obligation parce que j'étais dans son équipe et paradoxalement, il savait que si on voulait survivre en mission, il était préférable que je sois au top de ma forme. Sinon, cela le faisait clairement chier. Mais le gars de l'ombre? S'il existait vraiment, pourquoi? il y avait quelque chose de chaleureux dans le timbre de sa voix et triste à la fois. Cela ne pouvait être clairement que ma tête qui partait à la dérive.

Je soupirais et je reprenais l'exercice. Encore et encore jusqu'à satisfaction ou plutôt que j'en eus tellement marre que je voulais juste aller me pieuter pour rattraper mes heures de sommeil sacrifiées. La maîtrise du Hadan me demanda presque toute ma putain de nuit, parasitée par des questions qui n'auraient pas dû se fourrer dans ma cervelle. Et si ce type, c'était.... non. C'était qu'une illusion de comateuse.

Technique à apprendre: