L'annonce avait fait l'effet d'un choc. À quand remontait la dernière fois qu'il l'avait vu ? En y repensant, cela faisait bien plus longtemps qu'il ne l'aurait cru. Il fallait dire que le temps était vite passé depuis la dernière fois qu'il s'était rendu à son Domaine, profitant de l'instant pour échanger quelques parades avec son ami et Maître. De leurs souvenirs, il n'avait su que garder le meilleur, repensant à ses enseignements qui, malgré la vérité qu'ils contenaient à l'époque, éveillait toujours chez le Chinoike, l'amer goût de la défaite.
Cet échec qu'il avait vécu en se battant contre lui la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. C'était aux abords de la Côte Verdoyante, tous deux cherchant à oublier la plus pure des évidences. Dans le chaos, ils s'étaient trouvés, cherchant à détruire l'autre, pour finalement s'éveiller ensemble à quelque chose de plus... agréable. Côte à côte, ils s'étaient entraînés, véritables enfants de Raijin, le Colosse lui avait montré la beauté que pouvait receler un éclair, mais aussi, la magnificence de l'existence à travers les étoiles. Un homme d'exception, qui, malheureusement, était parti trop vite.
Assit au bord de la Falaise des Disparus, Tsumi pleurait sa perte, tenant un parchemin provenant du clan Yamanaka. Le papier avait été écrit de la main du chef en personne, ce dernier connaissant que trop bien le lien qui unissait les deux shinobis. C'était grâce à cela, qu'il avait pu entrer en contacte avec eux, et jouer son rôle d'ambassadeur pour la première fois. Une expérience hors norme, qui n'eut été possible sans cette rencontre avec le Général des guerriers de l'esprit.
Il lui devait beaucoup, pour autant, rien dans ce parchemin n'indiquait la raison de sa mort. Elle aurait pu être aussi bien naturel que criminel, l'ancien borgne n'en saurait jamais la cause. Un fait qu'il n'arrivait à accepter, pour une raison aussi obscure qu'incompréhensible. Pendant un instant, il se demandait si, en reprenant le même chemin qu'il avait emprunté, il lui était possible de rentrer en contacte avec lui. Un risque bien trop grand pour cette simple information, le Chinoike se rappelant toutes les épreuves qu'il avait enduré pour revenir parmi les vivants. Non. Si réponse il y avait, elle se trouvait chez les Yamanaka. Cachant son œil à l'iris argenté, il parti annoncer à son Intendante et amie qu'il serait absent pour raisons personnelles, cette dernière l'accepta, tant bien que mal, comprenant que si son camarade lui demandait une telle faveur, c'était qu'il y avait une bonne raison.
Partant immédiatement en embarquant ses affaires, il ne mit guère longtemps à retrouver la magnifique Côte Verdoyante, et les forêts luxuriantes où se cachait le domaine des maîtres de l'esprit. Seulement voilà, en arrivant à la porte, l'accès lui fut refusé. Demandant à comprendre, personne ne vint lui répondre et il fut même l'objet de quelques techniques obscures, qui le firent se réveiller dans une prairie verdoyante, loin des réponses qu'il avait besoin d'entendre pour faire son deuil. Un tel mutisme envers lui le blessa tout particulièrement. N'était-il donc que si peu pour être traité ainsi ? Son titre, comme beaucoup de choses, n'étaient au final que des façades et ça, il l'avait bien comprit depuis son retour. Pourtant, il avait besoin de réponses.
Ses yeux se perdirent alors sur l'horizon, contemplant avec tristesse le paysage sauvage du pays du Feu, se rappelant de la voix de son Maître disparu et de l'apologie qu'il avait fait concernant une déesse. Et bien que son nom n'ai pas marqué sa mémoire, la façon avec laquelle il l'avait comparé à celle qu'il aimait, avait tout particulièrement bouleversé le Chinoike. Lui rappelant toute l'affection et l'amour qu'il pouvait avoir pour sa propre dulcinée, morte dans d'atroces circonstances. Ce fut alors que la solution lui vint comme une évidence. Puisant dans les tréfonds de sa mémoire, il cherchait son nom, frôlant par moment quelques syllabes qui, misent bout à bout, commençaient à donner un début de quelque chose.
« Yu...Yur...Yurik..o... Tadake Yuriko. » murmura-t-il en fronçant des sourcils, tandis que son œil rougeoyant pointait vers le chemin menant là où nul des siens n'était supposé se rendre. Pourtant, son cœur, tout comme son âme, poussèrent ses pas à se diriger dans cette voie, brisant les kilomètres le séparant de cette immense double porte de bois massive entre-ouverte, où marchant et autres shinobis allaient et venaient sans vraiment faire attention au jeune homme habillé d'un cache oeil, dont la seule iris remarquable était teinté d'une lueur blanchâtre, presque argenté. Inspirant un grand coup, il passa ces portes, ne cherchant pas tant à se cacher avant qu'un garde ne l'arrête pour lui demander le motif de sa venue. Ne sachant pas trop quoi dire, il se contenta de regarder son vis-à-vis dans les yeux, lui expliquant qu'il venait de l'Est et qu'il était là pour retrouver une femme qu'il cherchait, une certaine « Tadake Yuriko », qui aurait des informations concernant son Maître défunt, un dénomme Jinpachi. Une information qui surprit grandement le shinobi qui se saisit d'un de ses collègues, le missionnant pour aller prévenir la jeune femme, avant de poser sa main sur ses armes. Visiblement, l'aimée de son Maître, semblait être quelqu'un d'une grande importance, assez pour qu'on ne sache comment le traiter en cet instant...
Avec le recul, Akira avait lui aussi mentionné ce prénom... N'était-elle pas...
Tadake Yurikô
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Toujours par deux, ils vont....feat. Chinoike Tsumi
" Tous vont au convoi du mort et chacun pleure son deuil. "
Un imperceptible vacillement trahi par un léger mouvement de recul et un battement de cœur qui se perdit dans les échos d'une poitrine devenue fébrile. Yuriko s'affichait le visage blême face à cet inconnu de l'Est que son regard ne semblait plus apercevoir, hormis des contours nébuleux. Elle ne distinguait plus les mots qui s'échappaient de cette bouche funeste, elle ne les entendait plus alors que son propre souffle semblait lui manquer. Le temps ne semblait plus posséder la moindre emprise à cet instant, arrêté et suspendu, alors que la Nidaime se devait de comprendre toute la portée de la nouvelle qui venait de lui être donnée. Le sol se dérobait sous ses pieds alors que le ciel ne lui était jamais apparu aussi écrasant. Yamanaka Jinpachi était mort.
Le regard de la jeune femme parut alors s'égarer dans le lointain tandis que son corps était toujours ancré dans la réalité. Immobile et impérieuse, la kunoichi se tenait devant les portes de son village, les traits figés telle une statue de sel, le visage de plus en plus livide. Tout son être lui semblait subitement transpercer par un millier de surins qui déversait le poison de l'affliction dans ses veines. Elle aurait voulu pleurer, elle aurait voulu tomber, elle aurait voulu réagir d'une quelconque façon pour que le fiel de la douleur puisse la quitter. Mais la violence et la déconvenue de l'annonce de la mort de son amant la paralysa.
Le flot de ses pensées la piégea alors dans les souvenirs heureux et ne cessa de lui infliger le tourment de se représenter le visage de son amour présentement perdu sous toutes ses formes. Elle revit ses sourires, elle entendit ses rires, elle ressentit la chaleur de ses bras comme s'elle ne les avait quitté qu'hier, elle revoyait le pétillement de son regard quand il la contemplait, elle le revoyait lui rougissant comme un adolescent lorsqu'elle le provoquait, elle se rappelait les frémissements de sa peau lorsque ses doigts effleuraient ses meurtrissures, elle se revoyait l'aimer à corps perdu, elle se voyait heureuse.... Puis chaque image se mit à se déliter petit à petit, chaque souvenir se mirent à brûler comme un papier sous la flamme d'une bougie, vite, de plus en plus vite... et toutes les espérances de la vie qu'ils s'étaient rêvés brûlèrent à leur tour.
Sa douleur semblait se creuser au gré des secondes dans un puits sans fond, insondable chagrin pour les hommes qui se tenaient à ses côtés. Les soldats de la Feuille ne pouvaient alors imaginer que la maîtresse de leur village bien aimé était en ce moment-même en train d'assimiler la plus amère des nouvelles. Après tout, Jinpachi n'était pas un nom pour Konoha, ni même l'objet d'un moindre contrat ou alliance.... il n'en avait pas eu le temps. Cela ne touchait que la femme derrière les responsabilités, cela ne brisait que Yuriko et non la Nidaime.
Ce fut la voix de l'un de ses gardiens qui la sortit de sa torpeur, tandis que ses yeux encore hagards semblaient chercher un point d'encrage dans la réalité. Leurs mots lui semblaient si lointain...
" Hokage-sama ? Hokage-sama ? Hokage-sama.... que fait-on de cet homme ? Le connaissez-vous ? "
" Je.... Veuillez me pardonner. "
La voix calme de la kunoichi semblait légèrement vacillante mais conservait de la contenance alors qu'une main doucement autoritaire se dressa. Tel un geste barrière, elle indiquait à ses hommes de baisser les armes face au jeune homme de l'Est jusqu'à ce que ses yeux se posèrent sur lui dans une tristesse infinie.
" Je me porte garante de lui. "
Les gardiens se regardèrent un instant avant de saluer la jeune femme en vœu d'obéissance. Ils n'étaient pas en position de contester sa décision et n'en prendrait sans nul doute jamais le risque.
" Veuillez me suivre, nous devons parler... "
À peine eut-elle le temps de prononcer ses mots qu'elle détourna son attention de son messager de mauvais augures. Oh, ce n'était pas par insulte, ce n'était pas par dédain et sans nul doute qu'il avait dû le comprendre à l'instant même où leurs regards s'étaient croisés. Leur peine à tous deux étaient réelles et c'était cette même peine qui poussa la kunoichi à porter ses yeux ailleurs, car elle y voyait le reflet de sa douleur et elle devait encore lutter un peu, juste un peu pour atteindre la tour de ses bureaux.
Ainsi, la Nidaime ouvrit la marche du sombre cortège, elle avançait d'un pas lent et manqua à deux reprises de perdre l'équilibre. Le jeune garçon la suivait de près alors que deux soldats les escortaient pas sécurité. Avec toute la dignité qui était la sienne, Yuriko parvint à atteindre les hauteurs de sa tour d'ivoire, demeurant silencieuse jusqu'à ce que les portes de ses quartiers se refermèrent dans un sinistre grincement pour y enfermer les deux endeuillés.
Puis là, alors que l'atmosphère s'alourdissait, les barrières tombèrent tout comme le corps consumé par la peine de la jeune femme. Elle s'effondra, à genou, comme une marionnette à qui l'on venait de couper brusquement les fils. Ses yeux s'embuèrent de larmes alors qu'elle tentait de murmurer difficilement le nom de Jinpachi comme une incantation. Ses pleurs la firent trembler et s'accompagnèrent par un triste tintement de métal qui sonnait comme un tocsin : la bague de mariage que lui avait offerte son fiancé défunt pendait tristement à son cou.
Chinoike Tsumi
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Imbécile. Voilà comment se voyait l'ancien Borgne, maintenant qu'il se trouvait face à elle. Comment avait-il pu ne pas penser à ça ? Peut-être, parce que pour lui, il s'agissait d'une évidence ? Après tout, s'il avait reçu ce parchemin des Yamanaka, elle devait en avoir reçu un elle aussi. Pourtant, l'attention qu'avait porté le clan de l'Esprit ne semblait pas avoir été la même pour la jeune femme qui s'était présenté à lui. Le visage figé comme une statue de pierre, elle encaissait l'information que le Chinoike avait tout bonnement lancé sans crier garde. Un manque de justesse, mais surtout d'humanité pour lequel il s'en voulu se mordant la joue avant de baisser son regard. Lui qui était venu chercher des réponses, était devenu un oiseau de mauvaise augure, apportant dans son sillage la terrible nouvelle. Yamanaka Jinpachi était mort et avec lui, les souvenirs qu'il avait partagé, aussi bien avec Tsumi, qu'avec Yuriko.
Et la surprise fut d'autant plus grande lorsqu'il entendit ses subalternes l'appeler « Hokage ». Si Etsu savait dans quelle position il se trouvait, sans nul doute qu'elle lui ferait manger la poussière après lui avoir pousser une gueulante d'un autre temps. Pourtant, ici, il n'était pas question, ni de politique, ni d'enjeux de Clan. Il n'y avait que deux personnes endeuillées par la perte d'un être cher et face à la mort, le rang n'existe pas.
Pendant un temps, il n'osa la regarder, avant que cette dernière ne lève une main lourde, plongeant son regard sur le jeune homme qui eut du mal à le soutenir. Elle se portait garant de lui, l'invitant à la suivre. Et c'est sans un mot, que le shinobi passa les portes du village de Konoha, découvrant l'endroit où vivait Akira, se laissant aller à quelques regards par-ci par-là, curieux malgré tout d'en découvrir plus sur cet endroit. Pourtant, un frisson particulier le saisit à l'échine et lorsqu'il posa à nouveau son regard sur la jeune femme, il fut étonné de percevoir Batsu à ses côtés. Elle qui n'avait rien montré devant ses subalternes, semblait beaucoup plus touché qu'elle ne le paraissait. Un fait qui ne manqua pas de couper court à la contemplation du Chinoike qui se contenta de lui emboîter le pas en silence jusqu'à son office, provoquant une certaine stupeur chez les Konohajin de voir leur cheffe suivit par un étranger à l'oeil d'argent.
Mais lorsque les portes de son office se refermèrent, Tsumi sentit l'atmosphère changer, alors que la Nymphe Silencieuse avait posé ses mains sur les épaules de la jeune femme, la faisant tomber au sol alors que des sanglots commençaient à se faire entendre.
En tant que Hokage, elle n'avait pas le droit d'être faible, surtout pour la mort d'un général d'un autre clan. Mais en tant que femme, elle pouvait désormais laisser couler la peine qui résidait en son cœur, tournant le dos à cet étranger qui ne su pas vraiment quoi faire. Devait-il la laisser là pleurer un instant ? Respecter les larmes et le chagrin d'une femme dont le cœur était déchiré par la douleur ? Ou devait-il agir tout autrement, quitte à subir les foudres de Yuriko ? Ce fut lorsqu'il jetta un œil à l'ombre, qui lui fit signe d'approcher. Sans demander son reste, le jeune homme s'avança, regardant avec grande peine, la douleur que vivait la jeune femme, comprenant, peut-être qu'à demi-mesure au final, la peine qu'elle ressentait ? Non, il la comprenait complètement. Il se rappelait de la déchirure, lorsqu'il avait retrouvé Kaori dont le corps saccagé par la brutalité des hommes, s'était exposé à son regard, déchirant leurs plus beaux souvenirs par une vision d'horreur. Il savait que trop bien ce par quoi elle passait et, peut-être était-ce un geste des plus déplacés ? Mais il finit par s'agenouiller aussi, récupérant dans ses bras la femme meurtri, lui faisant poser sa tête entre ses bras, alors qu'il laissa couler lui aussi plus d'une larme. Qu'y avait-il à faire d'autre, si ce n'était pleurer entre vivant laissé derrière, la perte de ce qui ne sont plus là ?
« Je suis désolé... »
Tadake Yurikô
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" Tous vont au convoi du mort et chacun pleure son deuil. "
Un pan de l'univers qui s'effondrait, une part de l'avenir qui disparaissait. Si Yuriko avait déjà eu le malheur de connaître le poids du chagrin, il ne lui avait jamais semblé si incommensurable qu'à cet instant précis. Concéder à ouvrir son cœur et son âme était après tout un risque de les voir un jour être blessés. Et quand bien même la raison et une forte personnalité pouvait laisser entendre se rendre capable de faire front au pire, la réalité était toujours plus violente que les prévisions que l'on pouvait en faire. La force légendaire de la Nidaime était ainsi devenue un atout d'une bien pâle figure, terrassée par la peine, elle ployait pour la première fois depuis le début de son règne. La dirigeante s'effaçait pour ne laisser qu'une femme brisée.
Ses yeux s'étaient inondés d'un flot de larmes inarrêtables. Elle sanglotait, incapable de lutter face à la vague de ses émotions. À genou et affaiblie, Yuriko n'était jamais parue si fragile et si seule, elle qui pourtant s'évertuait à incarner la volonté du Feu. Mais peut-être ce qui pouvait paraître le plus étrange était le fait qu'elle n'émit aucun doute sur les propos de son funeste informateur. La kunoichi avait pris la nouvelle de plein fouet, de manière brutale et pour acquis. Naturellement méfiante, l'Hokage aurait pu balayer l'inopportun sans lui apporter le moindre crédit. Elle ne l'avait pas fait. Intuition ? Comportement irraisonné ? En réalité, Tsumi avait devancé l'annonce que de quelques minutes.
Lorsque les soldats étaient venus se manifester pour lui annoncer l'arrivée du Chinoike, un messager venait de lui remettre un rouleau portant le sceau des Yamanaka. Elle avait naturellement pensé qu'il s'agissait d'une demande officielle du clan indépendant pour ouvrir les négociations et l'organisation d'un mariage qui avait été proposé. Elle ne l'avait pas ouvert et négligemment laissé sur son bureau pour se rendre aux portes du village. Ce fut à cet instant-là qu'elle comprit son erreur et la portée du parchemin qui trônait avec le reste de ses papiers. Il ne pouvait y avoir de coïncidences et le regard de Tsumi n'avait pu lui mentir.
Alors oui, elle s'abandonnait. Humaine. Terriblement humaine face à l'homme de l'Est qui la prit naturellement dans ses bras pour pleurer avec elle. Il partagea son tourment comme s'ils eurent été de la même famille, lui témoignant sa désolation. Noyant son visage dans ses bras et sous sa sombre chevelure, Yuriko arrivait à peine à trouver ses mots.
" Pourquoi... Pourquoi lui.... "
Les mots d'une fiancée éplorée. Bien évidemment, la kunoichi était consciente de la dangerosité de leur métier. La mort était une constante, une figure qui les guettait à chacune de leur décision quand ils étaient en mission. La jeune femme ne connaissait que de trop la personnalité de Jinpachi, elle le savait tête brûlée, elle le savait capable de prendre des risques déraisonnables. Pourtant, elle s'était accrochée presque naïvement à la promesse qui lui avait faite de se tenir à ses côtés comme si cela pouvait être une barrière contre la mort elle-même. Elle y avait cru assez fortement pour en caresser le rêve et ne pas imaginer qu'il n'y avait là qu'une utopie. Elle se sentait si stupide... si indigne, si impuissante.
Après des minutes interminables de pleurs, la jeune femme réussit tant bien que mal à redresser un peu la tête. Son regard était bien évidemment rougi et un peu gonflé, ses joues humides et ses lèvres un peu tremblantes. Elle s'écarta un peu du Chinoike, passant le revers de la manche de son kimono sur son visage pour essayer d'effacer son émoi. Peine perdue, mais elle luttait pour se donner de la contenance. Elle n'avait pas le droit de perdre sa lucidité.
" Pourriez-vous.... "
Yuriko leva fébrilement le bras pour pointer un rouleau sur son bureau. Il était aisément reconnaissable puisqu'il portait le sceau des Yamanaka.
" Les réponses que nous cherchons.... sont sans nul doute dans ce rouleau. Je... vous... vous êtes arrivé au moment où... où on me l'a remis. "
Le bras de la kunoichi retomba mollement sur ses genoux.
" Pourriez-vous... l'apporter et le lire pour moi... "
La Nidaime se sentait incapable de se relever, toute son énergie lui semblait avoir été aspirée. Il lui fallait digérer l'information, l'assimiler, la comprendre. Elle supposait également que le jeune garçon devant elle était en quête de la même chose. Des réponses et la terrible vérité qui avait eu raison de leur Jinpachi bien aimé.
Chinoike Tsumi
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Pourquoi ? La question restait en suspend alors que l'esprit du Chinoike se laissait aller à de sombres pensées. Pourquoi certains mourraient avant d'autres ? De beaucoup concéderaient cela à l'oeuvre d'un destin plus grand qui nous englobe. Mais pour l'homme à la pupille couleur neige, cette question avait fini par le mener tout droit là où nul autre de son Clan n'avait osé se rendre. Droit dans la gueule du loup, il tenait en ses bras l'une des personnes les plus puissantes de ce monde. Pourtant, à cet instant, elle n'était qu'une âme de plus meurtri par un fait des plus immuables. Celui pour lequel, la vie possède toute son importance : L'inéluctabilité de la mort.
Loin de vouloir se laisser aller à quelques philosophies de mauvaise augure, il garda le silence. Puisant dans ses souvenirs le visage de cet homme qui avait apporté un semblant de lumière dans sa vie ténébreuse. De ses faiblesses, il avait voulu lui en faire tirer une force inébranlable, capable de changer le monde qui l'entourait. Tel était Jinpachi. Une force de la nature, dont le tempérament n'avait d'égale que la puissance et l'amour que les deux endeuillés lui portait. Doucement, il posa sa main derrière la tête de Yuriko, laissant s'étouffer dans le néant les questions qui le rongeaient également. Pourquoi était-il mort ? Qu'était la raison de son trépas ? Par quelle malice la mort s'était décidé à le pousser à l'ultime adultère, en déposant sur ses lèvres un dernier baiser ?
Doucement, cette inconnue avec qui il partageait ses larmes s'écarta de lui. Tentant de reprendre de sa prestance, la jeune femme se cacha le visage. Pourtant, tout trahissait la peine qui jonchait son cœur, et qui, dans un écho presque identique, résonnait dans celui du Loup Solitaire qui la vit pointer fébrilement son bureau. De la peine, naquît la curiosité. Celle de comprendre, d'avoir enfin un raison à toute cette tristesse qui les accablait. Pour la première fois depuis toujours, Batsu, la Nymphe Silencieuse de la Tristesse offrirait quelques paroles. Cela leurs permettraient-ils d'adoucir leurs peines ? Sans doute que non.
Se relevant, l'homme à la chevelure d'argent se détourna de sa camarade d'infortune, puisant la force de faire les quelques pas le menant à la réponse qu'il espérait tant. Et parmi les rouleaux débraillés, et les feuilles froissés, gisaient inviolé le parchemin détenant la vérité. Approchant sa main, il eut cependant un mouvement de recule. Voulait-il vraiment savoir ? Les mots inscrits seraient-ils que calomnies ? Il connaissait que trop bien le Clan de l'Esprit pour ne pas avoir quelques réticences à l'idée de croire sur parole, les mots de ces gens. Cependant, il finit par s'en saisir, brisant la cire scellant les derniers instants du destin de ce grand homme. Doucement, il déroula son contenu, passant les formules bien trop mielleuses dont le commun des mortels n'a cure en ces instants. Etait-ce la plume d'Ao ? Ou de Kirei ? Qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre, les faits éclatèrent au grand jour, marquant étrangement un léger rictus remplit de tristesse sur le visage du Chinoike qui se mit à laisser aller quelques larmes.
« Nidaime Yuriko, c'est avec une profonde peine, et une douleur partagée que je vous annonce le décès de Yamanaka Jinpachi. Bien que notre douleur de perdre un de nos frères nous soit insupportable, nous ne pouvons qu'imaginer la tristesse qu'une telle perte signifie pour vous. Loin de nos projets communs d'une future alliance, nous avons conscience des liens vous liant à notre défunt Général. Liens, qu'aucun mot ne saurait réconforter, quand bien même nous la partageons avec vous. Ne pouvant pour des raisons que vous comprendrez, vous donner les détails sur les raisons de sa disparition, je peux néanmoins vous dire qu'il est parti avec tout l'honneur qu'un homme tel que lui pouvait espérer.... »
Fermant ses yeux, la colère du Chinoike commençait à gronder. D'un mouvement incontrôlé, il froissa entre ses mains le morceau de papier, forçant dans sa poigne qui commença à s'électriser, brûlant quelques pans de parchemins avant que la raison ne le pousse à se reprendre, tendant avec une pointe d'amertume ce qui n'était pour lui qu'une preuve tangible de l'irrespect de ce monde.
« Pardonnez moi... » murmura-t-il alors qu'il tendis le tissus de politique à la jeune femme, la laissant s'en quérir avant de lui tourner le dos et de s'avancer vers une des fenêtres ouvertes pour prendre un peu l'air. Son regard se perdait sur l'horizon et le village de Konoha. À l'image des siens, oubliés de l'histoire, Jinpachi, son ami, et senseï, subirait sa condition de Shinobi et finirait oublié de tous. Pour quoi ? La gloire ? L'honneur ? Les pensées du Loup Solitaire commençaient à se teindre d'amertume et de haine alors que ses poings se serrés à nouveau, laissant plusieurs éclairs jaillirent dans une cacophonie plus que perceptible. Et alors que la déraison commençait à le prendre, il commença à se calmer, ou du moins, en surface. Se retournant, il plongea son œil dans celui de la jeune femme.
« J'aurais des réponses... Je vous le promet sur le sang qui coule dans mes veines que je saurais la vérité... Que cela me coûte des années de ma vie j'aurais la réponse de tout ceci... »
Et sa vengeance.
Tadake Yurikô
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La douleur. Elle traversait le cœur de Yuriko comme une flèche qui l'engourdissait au fur et à mesure. Chaque battement semblait être de plomb et chaque larme une pluie de feu sur ses joues. La jeune femme avait pourtant déjà aimé et elle avait aussi déjà perdu, toutefois, de son souvenir, elle ne s'était jamais sentie aussi mal. Peut-être parce qu'à l'époque elle se sentait coupable de ne pas avoir sauvé le garçon qu'elle aimait et cela avait étouffé son chagrin, chagrin qu'elle partageait avec son propre frère dont les meurtrissures passèrent avant les siennes. En aidant le deuil de son frère, elle avait balayé le sien. Cette fois-ci, elle était seule face à son mal, sans barrière, sans couverture, sans possibilité de le feutrer... mais avec le devoir de le faire, car le monde ignorait les desseins qui la liaient à Jinpachi, le monde ne connaissait pas l'homme qu'elle pleurait. Curieuse et ingrate ironie du sort car Konoha n'aurait pu ne jamais avoir de Yuriko Nidaime si elle n'avait rencontré le Yamanaka.
Sa vie aurait alors pu être tout autre et elle n'aurait pas parcouru le même chemin. La kunoichi se serait laissée peut-être gouvernée par ses propres démons et n'aurait jamais connu l'apaisement du cœur. Elle ne l'aurait pas aimé, peut-être l'aurait-elle même combattu, qui pouvait le prédire. Elle n'aurait jamais tourné son regard vers la tour du Kage, et se serait perdue uniquement dans ses travaux de médecine ou de professorat. Elle n'aurait pas appris à vivre pour elle, et se serait laissée tourmenter par le souvenir de celui dont elle avait abandonné la traque. Elle serait simplement restée dans l'ombre, sans ne jamais faire un pas dans la lumière. L'impudent Jinpachi Yamanaka, que le village du feu ne connaissait pas, demeurerait ce soldat inconnu que la Nidaime pleurerait en secret, lui qui avait transformé sa vie, lui qui indirectement avait aussi changé le cours de l'histoire de Konoha.
Mais voilà, Jinpachi n'avait pas uniquement traversé sa vie, il semblait l'avoir fait aussi pour ce garçon de l'Est dont elle parvenait enfin à mieux distinguer le visage. Le jeune homme lui était encore inconnu, mais l'affliction qu'elle avait entraperçu dans son regard, elle la reconnut sans mal. Nul travestissement des sentiments n'était possible quand la douleur était réelle, raison pour laquelle elle s'était étonnamment portée garante de lui. De cette même apparente négligence, elle permit à ce même garçon d'aller plus loin que ce qu'elle n'aurait pu autoriser en tant normal. Elle lui indiqua de se saisir d'un document officiel et de lui en faire la lecture.
Toujours effondrée et à genoux, Yuriko écouta stoïque, le regard vide, chaque mot pesamment prononcé par le Chinoike. Aucun détail. Aucun détail sur les circonstances de sa mort. La jeune femme aurait sans nul doute pu y voir un affront, aurait-elle même pu éprouver de la colère. Il n'en fut rien, contrairement à son jeune ami d'infortune. Oh, elle ne nierait pas qu'elle aurait aimé en posséder l'information, peut-être pour mieux y faire front, mieux accepter l'inacceptable. Cependant, Yuriko vivait avec contradiction sa vie de femme et de Hokage. La politicienne comprit qu'entre les lignes absentes se dissimulait la raison : Jinpachi Yamanaka était mort pour son clan, pour une mission sans aucun doute dont les supérieurs ne pouvaient partager les informations. Donner des explications reviendraient à peut-être dévoiler certains desseins que Konoha ne devait pas connaître.
Difficilement, les petites yeux noirs de Yuriko se levèrent en direction du parchemin présentement marqué par la frustration du Chinoike. Elle s'en saisit d'une main fébrile pour s'attacher à relire vainement le document, mais ses larmes reprirent lorsqu'elle revit les mots "mort" et "Jinpachi" associés.... mais pas ses sanglots. Par une foi miraculeuse, elle parvint à les retenir avec dignité tandis qu'elle se força à se relever. Elle enroula à nouveau le funeste message avant de le déposer à nouveau sur son bureau en s'avançant d'un pas lent. Ce ne fut qu'une fois ce geste effectué qu'elle reporta son attention sur le visage du jeune borgne.
" Le chemin de la vérité vous sera... vous sera sans doute rendu périlleux... je... je pense comprendre au travers de cette missive que Jin... "
La kunoichi se mordit la lèvre, fermant les yeux quelques secondes. Prononcer son nom avait à présent un goût amer.
" ... que Jinpachi est mort en défendant son clan... sans doute au cours d'une mission. Les Yamanaka ne nous offriront peut-être jamais la vérité si l'affaire qui l'a amené à ce destin est lié à des desseins... politiques. "
Bien évidemment, les endeuillés, aussi raisonnables pouvaient-ils tenter d'être, ne pouvaient légitimement se contenter d'une réponse aussi évasive... mais Yuriko avait les poignets liés par son devoir. Pourtant, son regard attristé était quémandeur de vérité.
" Mais si vous parvenez... si vous parvenez à savoir, j'aimerais pouvoir entendre cette vérité...."
Elle aurait aimé connaître ces derniers mots, ces dernières pensées. Auraient-elles été pour elle ? L'avait-il regretté dans ces derniers instants ? Avait-il eu le temps de comprendre que la mort venait de le saisir ? Avait-il souffert ? D'un geste, la jeune femme essuya à nouveau le vestige de ses derniers pleurs, car malgré tout ceci, il y avait encore un inconnu.
" Veuillez m'excuser mais... avec tout ceci, je n'ai pu vous demander votre nom. Vous qui pleurez avec moi la même douleur, je me dois de vous faire l'affront de ne pas savoir qui vous êtes. "
Malheureusement pour elle, le temps n'avait pas permis à Jinpachi de lui compter qu'il avait pris un Chinoike sous son aile.
Chinoike Tsumi
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Bien loin de vraiment saisir où il se trouvait et en compagnie de qui, Tsumi continuait à entretenir sa rage. Les poings serrés, des éclairs parcourant son corps, son regard était maintenant perdu dans l'horizon, alors que son hôte lui faisait part de ses craintes. Elle n'avait pas tord. Sur le fond comme la forme, il serait des plus complexes pour le Chinoike d'apprendre toute la vérité. Mais mourir pour son Clan n'était, pour lui, pas une raison suffisante. Car il y avait un fait immuable dans cet équation aux multiples inconnues : La Force du Général. Pour l'avoir affronter à de nombreuses reprises, il ne connaissait que trop bien la puissance du Colosse. Apprendre sa mort signifiait la présence d'un être encore plus dangereux. Il ne pouvait en être autrement.
« J'en ai bien conscience Dame Tadake... Mais je lui dois bien ça... »
Qui avait été Jinpachi pour l'ancien Borgne ? Un Maître, oui, mais surtout celui qui l'avait trouvé errant dans les ténèbres après le décès de Kaori. De ses poings, il avait brisé toutes les parts d'ombres qui rongeait peu à peu son corps, électrisant son âme pour y faire naître un orage. Un but. Il lui avait donné un objectif à atteindre. Et il n'avait même pas eu le temps de lui dire qu'enfin, après des mois et des mois de recherches... Il s'était vengé.
Etait-ce là la boucle infinie orchestrant l'existence du Chinoike ? Rechercher la vengeance de la mort de ses proches, comme les membres de son Clan s'évertueraient à le faire pour reprendre leurs places ? Pendant un instant, l'esprit du jeune homme dû faire face à cette réalité, se demandant si au fond de lui, il ne commençait pas à devenir comme ceux qu'ils haïssaient. Une idée balayée d'un mouvement de tête alors que la Dame lui demandait de savoir.
« Je vous le promet... »
Des mots soufflés dans un murmure. Mais que faisait-il ? Se lier avec la cheffe du village cachée de Konoha était-ce une bonne idée ? Qu'en penserai Etsu ? Sans doute que si elle venait à apprendre ça, Tsumi serait dans de sales draps... Mais étrangement, alors que son amie gît dans ses pensées, son regard se porta sur la Nidaime, la regardant avec un peu plus d'intérêt. Etait-ce la fatigue ? La douleur de la perte de son ami et maître ? Mais quelque chose apparu soudainement. Comme une évidence étouffée dans les ténèbres et qui surgissait à la lumière, ce qui ne manqua pas de provoquer une léger rictus au jeune homme qui se tourna pour faire face à la vue sur le Village.
À quoi pensait-il ? Au futur et aux possibilités innombrables qui se dressaient devant lui. Devait-il retenter sa chance au domaine du Clan ? Nul doute que personne ne lui répondrait. Alors quoi ? Quels choix lui restaient-ils tandis que la jeune femme s'approcha un peu de lui, désirant obtenir la réponse à une question qui brisa le flot de pensée du jeune homme. Se pinçant la lèvre, il prit une grande inspiration avant de se retourner, plongeant son regard d'argent dans celui de la Nidaime.
« Je.... Tsumi... Mon nom est Tsumi... Et cela ne m'étonne guère que Jinpachi n'est pas parlé de moi... C'était une demande personnelle... »
Sentant l'étau se resserrer sur lui, le Chinoike, se déplaça jusqu'à la porte d'un pas lent. Il savait qu'en restant plus, il risquait d'offrir des informations des plus confidentielles. Et si avec sa vie, il était capable de jouer, avec celle d'Etsu, il n'en était pas question. Au delà de la notion de Clan, c'était pour son ami qu'il commençait à fuir doucement, se retournant à mi-chemin pour adresser quelques paroles à son hôte.
« Sachez Dame Tadake que je n'oublierai pas ma promesse... Et... Que je comprends ce qu'il disait quand il parlait de vous... Vous possédez une lumière que peu de personne possède... Ne la laissez jamais s'éteindre... »
Tadake Yurikô
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Localisation : Peut-être derrière toi, je suis une ninja.. TchiTcha!
Fiche du Ninja Grade & Rang: Jônin - rang A - Chef du clan Tadake Ryos: 2730 Expérience: (4428/2000)
Toujours par deux, ils vont....feat. Chinoike Tsumi
" Tous vont au convoi du mort et chacun pleure son deuil. "
Yuriko avait la main posée sur le rebord de son bureau alors qu'elle écoutait le jeune homme borgne. Il semblait particulièrement résolu à connaître toute la vérité sur la fin de Jinpachi et pendant de brèves secondes, elle crut presque y voir l'entêtement bien connu de ce dernier. Qu'importait le lien étroit qu'il semblait entretenir avec le funeste messager, il lui avait visiblement transmis bien plus que ce à quoi il aurait pu s'y attendre lui-même. Lorsqu'elle y pensait, lorsqu'elle voyait l'attachement évident que semblait lui porter son invité, la kunoichi ne put s'empêcher de trouver cela particulièrement ironique.
Au moment où elle avait connu le Yamanaka, il tenait des propos qui laissaient entendre que personne ne pouvait compter hormis les gens de son clan, quand bien même il dénigrait leur savoir. Seul la force virile semblait avoir son importance et tout le reste méritait d'être balayé d'une simple volée. Elle se demanda alors si elle avait joué d'une quelconque influence sur son humeur, est-ce que leurs sentiments respectifs leur avaient ouverts des horizons qu'ils n'auraient en tant normal jamais chercher à atteindre. Est-ce que cela lui avait permis de nourrir de l'affection pour ce garçon qui était si atteint par sa disparition ? Qu'éprouvait-il en sachant qu'il le pleurerait ? Le trouverait-il faible ou serait-il touché ? Peut-être un peu des deux et si les circonstances n'étaient pas aussi pesantes, Yuriko aurait pu avoir un léger sourire à cette pensée.
Puis, le garçon de l'Est laissa tomber ses mots, lourds à ses yeux, auxquels la konohajin était prête à ne plus croire. Les promesses. Combien de promesses non-tenues seraient à présent à l'actif de son fiancé ? Beaucoup. Chacune d'entre elles était devenue de simples paroles, faite de la même matière que les rêves. Des chimères, des lettres suspendues dans le temps, des feuilles roussies qui se désagrègeraient inéluctablement. Il ne lui en resterait que les souvenirs et le goût amer de découvrir que les promesses n'étaient que bien peu de chose dans la vie d'un shinobi. Leur existence pouvait être si vite interrompue que tenir de tel serment revenait à s'engager sur la voie d'un pieu mensonge.
Alors, pour ne pas dénigrer le vœu de ce garçon blessé, Yuriko se contentait de lui offrir un léger sourire, empli d'une tristesse infinie contre lequel son propre regard tentait de ne pas ployer. Tsumi, tel était son nom... ou plutôt son prénom. Il se contenta ainsi de cette simple appellation et quelques maigres explications sur le fait qu'il n'avait souhaité se faire connaître davantage. Yuriko respecta ce choix et ne chercha pas à poser plus de questions sur son identité. D'ailleurs, n'était-ce peut-être pas là le plus révélateur ? En ne donnant pas de nom, il se rendait anonyme et si tel était le cas, cela signifiait qu'il devait peut-être appartenir à un clan ou une famille connue, ni proche des Yamanaka, ni de Konoha. La seule raison qui poussa la jeune femme à ne pas pousser plus loin ses réflexions était le fait de partager son profond chagrin avec ce dernier. Il lui aurait semblé malvenu de le forcer à en dire plus dans un tel moment.... même si son devoir aurait pu le réclamer.
" Tsumi-san.... Sachez que Jinpachi a été un homme de parole et ne m'a jamais parlé de vous. "
Maigre consolation que de savoir que le grand blond avait été honnête et respectueux envers son jeune ami. Le silence retomba, l'atmosphère était lourde. Après le choc de la nouvelle, il y aurait tout un travail de deuil à commencer, mais l'esprit de Yuriko était encore embrumée. Elle regarda le garçon traverser la pièce et se diriger vers la porte, un peu hagarde. Mais quand leurs yeux se croisèrent et que Tsumi lui déclara comprendre Jinpachi lorsqu'il avait pu faire mention de cette dernière, elle ne put retenir de nouvelles larmes et se contenta d'un simple hochement de tête comme pour lui signifier qu'elle tâcherait de faire de son mieux.
" Soyez courageux, Tsumi-san. Votre quête ne sera pas aisée, mais tâcher de ne pas vous y perdre. Il ne l'aurait pas voulu. "
La Nidaime tenta de retenir les quelques frémissements de sa voix avant de laisser le garçon s'en aller, non moins sans oublier de le faire raccompagner par des gardes shinobis. Les yeux rougis et le visage blême, elle ne pouvait décemment le faire elle-même sans attirer l'attention. Elle demeura prostrée, mutique et prisonnière d'un étrange sentiment de solitude dans un bureau qui ne lui avait jamais paru aussi vide qu'à cet instant. Et lorsque la porte se referma à nouveau, alors qu'elle se tenait encore au rebord de sa table de travail, elle se sentit faillir, se laissa glisser sur le sol et s'abandonna à ses pleurs.
La mort avait beau être le quotidien des hommes et des femmes de l'ombre, elle n'en demeurerait pas moins toujours cruelle et avait le bénéfice de rappeler un fait inéluctable : elle pouvait frapper n'importe qui. Une mère, un frère, un mari, un enfant, un pauvre ou un aristocrate... sa main ne faisait pas la différence et ce jour-là, elle venait de faucher l'homme qu'aimait la kunoichi : Jinpachi Yamanaka était mort. Il ne lui resterait que les souvenirs.