Depuis notre voyage jusqu’au jardin, ce jardin qui avait tout changé pour moi, ce jardin qui semblait appartenir à une autre époque et ce encore plus lorsque je regardais mon ventre, maintenant bien rond. Je revoyais cette soirée et tout ce qui en avait découlé. Je revoyais le maintenant et l’avant qui se mélangeaient, fondant l’un dans l’autre. J’avais du mal à y croire. Comme est-ce que j’en étais arrivée là ? Pourquoi est-ce que je ne le regrettais pas ? Moi qui … moi qui aurait tout donné pour ne pas être ma mère, je refaisais ce qu’elle avait fait, sans honte. Je défendais cet enfant à naître avec plus de hargne que je ne l’aurais jamais imaginé et Kyoshiro … Kyoshiro dans cette histoire ? Je croyais absolument tout ce qu’il me disait, se que nous nous étions promis et j’arrivais même à croire à ce futur encore flou où nous serions ensemble. Certes il y avait encore beaucoup à faire, mais … Mais c’était envisageable. Réellement envisageable.
Ma main posée sur mon ventre, j’étais assise sur le lit mon maintenant-fiancé. C’était surréel et pourtant, c’était bien la réalité. Il était tard et je venais de terminer de me préparer à dormir. J’étais épuisée, mon dos et mes chevilles n’étaient que douleur et je ne souhaitais que m’endormir rapidement. Lorsque j’avais quitté le domaine pour rejoindre Kyoshiro avec la demande d’Ao, je n’avais pas pensé une seule minute que ma grossesse était si avancée et pourtant … c’était bien le cas. Il ne me restait que quelques jours tout au plus avant de donner naissance. Il était donc hors de question que je reprenne le chemin du domaine ainsi et, ce, même si Kyoshiro m’accompagnait. Nous n’étions l’un ni l’autre en position de gérer une crise de cette envergure si nous jamais elle décidait de ce pointer sur le chemin. Il avait donc été décidé que je resterais jusqu’à donner naissance et peut-être une semaine ou de plus, le temps que l’enfant soit en condition pour voyager.
Je n’avais absolument rien contre cette décision, ça me permettait de rester avec lui un peu plus longtemps et ça lui donnait la chance d’être là quand son enfant verrait le jour. Nous étions donc tous gagnants … enfin … d’une certaine façon. J’avais présenté une lettre d’Ao expliquant que j’étais présente pour régler « une situation » avec Kyoshiro aux autorités et ainsi, je pouvais rester avec lui le temps « des discussions. » Ladite situation et ces fameuses discussions n’avaient rien de bien secret vu la grosseur de mon ventre et la présence de Kyoshiro à mes côtés, mais il fallait tout de même garder le côté politique de ma rencontre. J’étais tout de même une étrangère surveillée qu’importe ma relation avec l’aîné des Tadake.
Il était à côté lorsque … Je ressentis … quelque chose. Je ne saurais expliquer, mais j’ai immédiatement compris ce que c’était. Ma main a attrapé la sienne d’un geste brusque. Je ne savais que dire d’autre que simplement :
« Ça y est. Je pense que ça y est. »
@Yamanaka Sayuri Chambouler toute une vie de façon imprévue
Même s'il ne communiquait pas énormément là-dessus, voire même pas du tout, le jeune homme n'avait cessé de compter les jours depuis le moment où sa belle avait renversé son monde, lui annonçant que bientôt un nouveau membre viendrait agrandir leur famille et sceller symboliquement leur union, par la même occasion. Oh non ce n'était pas le stress ou la peur que quelque chose se passe mal qui avait guidé de décompte, mais plutôt ce que cela allait impliquer comme futurs changements dans sa vie. Lui, le tueur capable de traquer une proie sur des kilomètres, s'occuper d'un petit bout en couches ? Si on lui avait annoncé cela quelques années plus tôt il aurait ri aux éclats mais à présent, allongé dans le lit avec la belle Yamanaka venant le rejoindre, c'était le sens des responsabilité et non la peur qui guidait ses pensées. Il n'était plus le jeune handicapé pendu au bras de sa sœur, plus celui dont l'arrogance avait causé la mort de son ami, plus celui qui était mort pendant quelques instants dans cette sombre grotte. Il était devenu la somme de ces expériences, il était devenu un homme qui sentait enfin un tournant dans sa vie, un tournant qui n'aurait jamais pu être possible si la douce Yamanaka à ses côtés ne l'avait pas accepté et aimé pour ce qu'il était : un homme incomplet mais aspirant à mieux.
Allongé dans le lit, torse nu, les bras croisés derrière la tête, le jeune homme essaya de chasser le décompte de sa tête en étant certain que cela l'empêcherait de dormir et, si d'habitude veiller tard ne le dérangeait pas, la demoiselle à ses côtés devrait avoir un tout autre avis sur la question. Malheureusement il n'eut pas l'occasion de laisser ces pensées s'installer bien longtemps car, quand Sayuri attrapa vigoureusement sa main la plus proche, les quelques mots qui suivirent vinrent tout chambouler. Était-ce maintenant que cela allait se passer ? Ce soir ? Prenant une inspiration pour garder le calme qui faisait son charme, l'homme posa délicatement une main sur le ventre de la belle et, en sentant le mouvement et le début des contractions, il fut contraint d'abonder dans le sens de sa belle : c'était l'heure.
« Ça va aller, ma belle. Je m'occupe de toi. »
Se levant vigoureusement du lit, enfilant un pantalon et un t-shirt en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, l'homme leva deux doigts devant lui et, comme il se l'était déjà imaginé de nombreuses fois, créa une copie de lui-même. Cette dernière connaissait parfaitement son rôle et, immédiatement, tourna les talons et courut hors du foyer familial sans demander son reste, courant vers la demeure de la seule personne au monde dont Kyoshiro avait absolument besoin aujourd'hui : sa sœur.
« Accroche-toi à moi, je t'amène à l'hôpital. »
Doucement, délicatement, le jeune fiancé souleva son aimée et la porta à bout de bras, conscient que le compte à rebours était cette fois-ci bel et bien lancé. Il aurait pu s'autoriser à se poser les questions chassées jusqu'à présent, se demander si tout allait bien se passer, s'il n'y aurait pas de complication mais il s'y refusa catégoriquement. Pourquoi ? Parce que ce ne serait qu'une pure perte de temps d'une part, mais aussi parce que son attention devait être entièrement tournée vers Sayuri, à présent. Ce fut donc avec l'énergie qui le caractérisait que le jeune homme sortit de son foyer, portant son aimée à bout de bras, se dirigeant vers l'hôpital pour l'heureux événement qui s'annonçait déjà.
La copie de Kyoshiro, de son côté, se rua jusqu'à la porte de Yuriko et, malgré l'heure tardive, s'autorisa à tambouriner trois fois à la porte. Les jumeaux étaient prévenus que ce n'était qu'une question de temps et qu'ils devaient se tenir sur leurs gardes, aussi la copie beuglant d'une voix ferme à travers la porte.
« Yu', c'est l'heure ! Elle va accoucher, je l'emmène à l'hôpital ! »
Si sa sœur sortait, alors la copie se dirigeait – elle aussi – vers l'hôpital afin de montrer la voie à la jeune Tadake. Le temps jouait contre les, les talents de la jumelle allaient bientôt être mis à contribution.
" A chaque enfant qui naît, Le monde recommence. "
La journée avait été rude, que cela soit par les entrainements, l'étude pour sa participation à la campagne de Hokage ou bien un bref passage à l'hôpital pour aller rendre visite à quelques malades, Yuriko n'avait pas eu une minute pour elle. Alors, lorsque la nuit fut venue et qu'elle tomba sur Konoha, ce fut pour le grand bonheur de la jeune femme qui n'avait jamais autant aspiré à un peu de repos... mais visiblement, cela ne lui serait accordée. A peine avait-elle mis sa tenue de nuit et que dans un grand soupir lascif elle eut rejoint la douceur de ses draps, que voilà que l'on tambourina à sa porte violemment.
Bien qu'elle ne l'avouerait pas, elle maudit pendant un instant l'inopiné visiteur avant de reconnaître la voix de son frère. C'était l'heure qu'il disait. Oui... l'heure pour son amie de mettre au monde un nouveau petit Tadake... ou Yamanaka, tout dépendait des points de vue. La jeune femme se releva en soupirant, bien qu'un petit sourire apparut sur le coin de ses lèvres. Nonchalamment et étonnamment sereine peut-être, elle se dirigea vers la porte et vit un clone de son frère dans tous ses états, ou peut-être trop excité. Le regardant avec des petits yeux fatigués, elle se mit à bailler avant de prendre la parole.
" Si les contractions viennent à peine de commencer, nous avons du temps mon frère. Inutile de te mettre dans tous ces états. "
Elle se frotta un peu les yeux, puis son sourire s'agrandit.
" Bon... je suppose qu'il est de mon devoir de mettre au monde l'enfant de mon amie et de mon frère. Je vais me changer. Tu peux aller la rejoindre, je pense retrouver mon chemin. Et attendant, pense à bien compter le temps d'espacement entre chaque contraction s'il te plaît. "
La kunoichi fit un petit signe au clone pour lui indiquer qu'il pouvait partir et transmettre le message à son frère. Quant à elle, elle repartit aussitôt dans sa chambre se changer et se débarbouiller afin d'avoir les idées un peu plus claire. Bien qu'elle fusse une médecin de terrain pour la grande majorité du temps et qu'elle soignait un large panel de blessure, les accouchements n'étaient pas une procédure qu'elle ignorait, bien qu'elle ne pouvait se vanter d'avoir mis beaucoup d'enfants au monde. Toutefois, à ces yeux, cela était un privilège et d'autant plus qu'il s'agissait d'un nouveau membre de la famille. A cette pensée, elle en eut une pour ses parents qui devaient être fort heureux de savoir qu'au moins un de leurs deux enfants allaient faire d'eux de joyeux grands-parents.
Aussitôt qu'elle fut prête, la konohajin se rendit immédiatement à l'hôpital du village où son frère avait déjà dû arrivé avec Sayuri. Rapidement, Yuriko chercha une infirmière afin que cette dernière lui indiqua dans quelle chambre leur couple avait été installée, et après quelques remerciements, elle les rejoignit. La jumelle des Tadake toqua à la porte et entra sans tarder.
" Bonsoir les futurs parents. Veuillez m'excuser d'avoir un peu tardé, je ne m'attendais pas à ce que nous ayons une nouvelle invité ce soir. "
La jeune femme fit un grand sourire et s'approcha de son frère. Là, elle lui posa une main sur l'épaule comme pour le rassurer.
" J'espère que tu es prêt mon frère. "
Yuriko porta son regard bienveillant sur Sayuri.
" Ce soir, tu auras la plus noble des missions, Sayuri-san. Mettre au monde un enfant mais tu verras... tout se passera bien. Tu peux compter sur moi. "
Aussitôt, l'eisen-nin s'approcha de la futur maman et passa sa main sur son ventre comme pour vérifier la position du bébé mais aussi l'avancement des terribles contractions. En effet, c'était bel et bien l'heure.
Yamanaka Sayuri
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Qui aurait cru que mettre un enfant au monde pouvait être aussi douloureux et exigeant ? Certainement pas moi. Je ne me faisais pas d’idée certes, je savais comment on accouchait, mais je n’avais jamais imaginé ce que c’était. J’en avais seulement entendu parler et, bien sûr, je m’étais dit que ces femmes n’étaient pas des ninjas ou ne savaient pas ce que c’était d’être torturée, alors elles n’avaient aucune idée de ce qu’était la douleur, la vraie. Mais je devais me rendre à l’évidence que ce n’était pas aussi simple que je l’avais d’abord pensé.
Kyoshiro m’avait transporté en panique jusqu’à l’hôpital envoyant un clone chercher sa sœur en pleine soirée. Peut-être devrais-je trouver une façon de la remercier plus tard, quand toute cette affaire sera terminée. Une fois qu’on m’installa dans une chambre, le clone de Kyoshiro nous informa de ce qu’avait dit sa sœur.
Yuriko avait toujours réussi à se montrer rassurante, même dans les moments les plus intenses, comme lorsque la vie de son frère était en danger et qu’ils avaient dû passer quelques temps domaine Yamanaka, même lorsque nos opinions divergeaient, même lorsque l’espoir semblait être une ressource rare. Je lui souris avant de tourner les yeux vers Kyoshiro. Mes doigts s’entremêlèrent entre les siens serrant fortement sa main.
***
Ce n’était pas une chose facile que de pousser un enfant hors de son corps et après l’avoir fait, mon respect pour toutes les mères changea, au moins un peu. J’étais à bout souffle et bout mentalement autant que physiquement. On avait été dans cette bien trop longtemps, quelques heures à coup sûr, mais je ne pouvais dire combien avec exactitude, j’avais la tête à autre plutôt qu’à surveiller le temps qui passait, ça avait été long, plus long que ce que je m’étais imaginé.
Et puis, je l’ai entendu. Sa petite voix qui s’égosillait. Je lâchai la main de Kyoshiro – main que j’avais malmenée – tentai de me hisser sur mes coudes pour mieux voir, mais je n’avais plus vraiment de force et mes bras tremblaient. Je dus donc abandonner cette idée avant même de réussir, mon dos s’écrasant de nouveau contre les oreillers.
Je voulais le voir, j’en vais besoin. Pour le croire, mais aussi pour accepter, accepter que j’eusse enfin fait quelque chose d’autre que d’apporter la mort. Ce n’était pas quelque chose que je croyais possible, pas pour moi. Je voulais le prendre dans mes bras, à coup sûr, là maintenant sans attendre, mais d’un autre côté, je ne voulais pas. Je ne voulais pas prendre ce risque. JE n’étais pas … je n’étais pas une mère – enfin si dans le sens littéral du terme, mais je n’allais pas prétendre que de donner naissance faisait de moi une mère comme la mienne l’était.
Je n’étais pas aimante ou douce ou maternelle ou quoi que ce soit. Avais-je réellement le droit de le prendre dans mes bras ?
@Yamanaka Sayuri Chambouler toute une vie de façon imprévue
" A chaque enfant qui naît, Le monde recommence. "
Si l'on pensait que mettre au monde un enfant était une chose facile, cela signifiait que la personne n'avait jamais été dans une salle d'accouchement et n'avait pas perçu les cris de ses femmes qui perdaient leur vocalise au travers de la douleur de l'enfantement. Les premières déplaisantes contractions de Sayuri n'avaient été que les prémices des longues heures de souffrance qu'elle allait endurer par la suite. Cependant, elle ne vivrait pas ce moment seule et sa chance résidait dans le fait que Kyoshiro était à ses côtés, souffrirait sans doute avec elle de la voir dans un tel état, alors que son amie se chargerait de l'aider médicalement parlant à mettre au monde le ou la futur(e) petit-e) Tadake.
Pénible aurait été l'adjectif le plus approprié de cet instant à vivre. Les minutes s'étaient vite changer en heure où Yuriko encourageait à mainte et mainte reprise son amie à pousser, encore et encore en étant à l'écoute de ses contractions. L'eisen-nin était entourée de deux infirmières, prêtes en cas de pépin, une simple précaution mais aussi un soutien pour la doctoresse du jour. La délivrance finit toute fois par arriver lorsque la jeune femme s'écria qu'elle voyait enfin la tête, que cela se présentait bien et qu'elle arrivait au bout. Au bout de quelques secondes, des cris. De puissants petits cris de nourrisson qui prouvaient déjà sa vigueur et sa rage de vivre.... ainsi qu'un large sourire sur le visage de la jumelle Tadake.
Alors que son amie s’effondra de fatigue, la douce voix de Yuriko résonna alors qu'elle entourait le bébé d'un linge propre, le tenant dans ses bras et lui nettoyant un peu le visage.
" Bonjour toi.... bienvenue dans notre monde petit bout... tu me rappelles quelqu'un... "
Bien que les parents n'eurent pas le loisir de s'en apercevoir de suite, le bébé présentait une petite touffe de cheveux blancs qui ne laissaient pas de doute sur l'identité du père mais également de grands yeux bleus, le merveilleux cadeau de sa mère. Lentement, elle se dirigea vers son ami et lui fit un grand sourire empli de fierté avant de délicatement le déposer dans ses bras.
" Sayuri-san... mes félicitations. Tu viens de mettre au monde un merveilleux petit garçon. "
Le premier contact entre l'enfant et la mère était très important. Pour aider son amie, elle repoussa un peu la couverture pour qu'il soit au plus proche de Sayuri, qu'il entendit sa voix, son cœur battre, un son rassurant qui l'avait percé tant qu'il demeurait dans son ventre.
" Kyo. Tu as un fils qui a les magnifiques yeux bleus de sa mère et qui aura rapidement la neigeuse crinière de son père. Tu peux être fier, mon frère. "
Le large sourire de la jumelle ne quitta pas son visage. Un nouveau membre de leur famille venait de voir le jour, et surtout, tout c'était formidablement bien passé. Soulagée, elle se recula un peu pour offrir de l'intimité aux deux jeunes parents. C'était un grand évènement.
Kyoshiro avait toujours été un ferme partisan de la nécessité de regarder en arrière pour savoir vers où il se dirigeait, se rappelant de chaque événement de son passé pour en tirer les leçons qui s'imposaient lorsque le temps était venu de prendre une importante décision. Dans le cas présent, alors qu'il se tenait au côté de sa femme en train de traverser l’événement le plus douloureux et épuisant de sa jeune vie, leurs deux mains jointes comme si rien ne pouvait les séparer, l'esprit du jeune aveugle vagabonda vers une période plus lointaine, lorsqu'il vivait encore avec ses géniteurs. Il n'avait jamais eu de grosses discussions à cœur ouvert avec son père ou sa mère, trop timide à l'époque pour oser s'ouvrir à quiconque autre que sa sœur, mais il se souvint d'une phrase de son père. Il se souvint de la géante main de son père posée sur ses frêles épaules, alors que l'homme lui expliqua que personne au monde ne pourrait juger si un homme était un bon père ou un bon fils, car l'important était d'aimer ses proches inconditionnellement et leur donner tout ce que l'on possédait. L'amour sans barrières, sans limites, voilà la vision de la famille selon les yeux du père Tadake et, maintenant que son fils était sur le père de revêtir ce rôle à son tour, il comprenait le sens de ces mots plus intensément que jamais. Kyoshiro resta donc au côté de son aimée pendant ce qui lui sembla être une éternité, sans jamais la lâcher, jusqu'à ce qu'enfin les cris d'un nouveau-nés vinrent retentirent dans la pièce. L'aveugle crut avoir un problème d’audition au départ comme si tout ceci ne pouvait être que le fruit de son imagination, comme si son esprit avait plongé dans un rêve le temps de l'accouchement mais, lorsque les premiers mots de sa jumelle furent captés par ses oreilles, il sentit les larmes monter alors que la vérité apparaissait enfin.
Était-ce vraiment en train d'arriver ? Était-il à présent vraiment en charge d'un autre être humain, de sa chair et de son sang ? Le bébé que Yu' portait était-il vraiment le fruit de l'amour entre lui et la belle Yamanaka à ses côtés ? Souriant en réalisant que tout ceci était bien réel, alors que sa sœur mentionné son sexe en remettant le petit garçon à sa mère, l'aveugle fut contraint de prendre une très grande inspiration pour retenir des larmes d'une joie sous sa forme la plus pure.
« Bienvenue, Seishiro. Bienvenue...mon fils. »
Seishiro, celui qui conduit la vie, la signification de ce prénom fut limpide pour le jeune homme qui, avant cet instant, ne sut s'il allait voir une petite fille ou un petit garçon. Cet enfant était le symbole du renouveau, le symbole d'une union entre deux mondes que tout opposait et, à présent, la preuve irréfutable que Sayuri était capable de faire plus de bien qu'elle ne pouvait le penser. Désireux de le lui prouver, la jeune homme s'approcher d'elle, caressa sa joue du dos de sa main tout en déposant un doux baiser sur son front, avant de lui souffler :
« Tu as réussi, ma belle. Grâce à toi, le monde est à présent un peu plus lumineux. »
Elle avait toujours eu des doutes quant au fait d'être un autre chose qu'une arme, puis elle avait laissé ce jeune aveugle entrer dans sa vie et l'aimer. Elle avait eu des doutes quant au fait que n'importe qui puisse passer le reste de ses jours avec elle, jusqu'à ce que l'aveugle ne la demande en mariage. Puis, enfin, elle avait eu des doutes quant à ses capacités à être un bon parent puis aimer son enfant et, à présent, elle portait dans ses bras l'enfant qui l'aimerait le plus au monde...à tout jamais. Kyoshiro avait toujours senti en elle la lumière qu'elle s'était refusée à voir mais à présent, avec ce bébé dans ses bras, comment nier l'évidence. Ne pouvant se départir de ce pur sourire, le nouveau père de famille ne put retenir des larmes couler le long de sa joue lorsque sa plus grande crainte fut dissipée, lorsque sa sœur lui apprit que son enfant n'aurait pas à partager sa malédiction. C'était l'une des raisons pour lesquelles il n'avait jamais envisagé d'avoir des enfants jusqu'à présent, car lui seul savait à quel point il était douloureux de ne pouvoir observer la beauté qui resplendissait dans ce monde mais, au moins, Seishiro n'aurait pas à subir le même sort que son père. Frottant ses yeux pour en chasser les larmes, le nouveau père tendit la main vers sa jumelle afin de l'inviter à le rejoindre.
« Viens là, tata Yurikô. »
Elle faisait partie de la famille avant tout, au-delà de son rôle ou de ses nouvelles aspirations. Ainsi, lorsque sa sœur accepterait de le rejoindre et de prendre sa main, le jumeau se lèverait et la prendrait dans ses bras avec plus d'amour et d'intensité qu'il n'en avait jamais fait preuve, avant de lui murmurer :
« Je ne sais même pas comment te remercier, p'tite sœur. Merci, merci pour tout. »
Il savait que sa sœur n'avait pas oublié les mots qu'ils s'étaient échangés à Baransu, à commencer par la volonté de l'aveugle de faire de sa sœur la gardienne de son enfant si jamais il devait arriver malheur, à son aimée ou à lui-même. Aussi, compte tenu de l'occasion, il chassa ces mots inutiles de sa tête afin de ne pas ruiner ce moment en évoquant des sujets dramatiques qui n'arriveraient peut-être pas, des sujets dont les trois adultes de la pièce étaient parfaitement conscients.
Les paroles Yuriko résonnaient encore dans ma tête. Un garçon, je venais de donner naissance à un garçon. Je me sentais secouée par un millier d’émotion à la fois, toutes si puissantes que j’en eus le vertige. J’étais faible et incapable de me mouvoir, alors je ne pus qu’attendre que mon amie s’approche et le pose contre moi pour le voir pour la première fois. Il était laid et fragile et, pourtant, il faisait naître en moi le désir de le protéger, de le garder de tous les dangers du monde.
Mon regard ne pouvait se détacher de lui qui me faisait ressentir une tendresse similaire à celle que j’avais quand je voyais ma mère autrefois, mais pas exactement la même chose. Une tendresse teintée de douceur, teinté d’espoir, de désir de protéger, d’amour … Je cherchai Kyoshiro du regard une seconde, mais il prit la parole.
Il venait de nommer notre fils. Nom auquel je ne pouvais que sourire. Celui qui conduit la vie. J’espérais sincèrement que son nom lui porte meilleure chance que le mien me l’avait porté. Kyoshiro caressa ma joue avant de me murmurer quelques mots. Mots qui eurent tôt fait de m’arracher un léger sourire.
« Seishiro … j’aime bien ce nom. Merci Kyo, merci de lui avoir trouver un si bon nom. »
Je baissai de nouveau le regard vers le minuscule être dans mes bras. Il pleurait de sa voix toute faible. Il n’avait pas l’air heureux d’être entrer dans le vrai monde. Pourtant, il en tenait qu’à moi désormais de ne pas le laisser être avaler par les mêmes ténèbres que moi.
Alors que mon attention était portée sur Seishiro, Kyoshiro appela sa sœur à se rapprocher de lui. Mieux valait leur laisser une minute, le temps qu’ils digèrent tout ça. Il était après tout beaucoup plus émotif que moi et il avait besoin d’exprimer tout ce qui se passait dans son esprit et son cœur. Peut-être que mon garçon sera comme son père. Je lui souhaitais de tout cœur. S’il prenait trop de moi, il serait misérable.
Après quelques instants, je tournais la tête vers mon soleil, vers cet homme qui avait su tout changer en moins de quelques mois.
« Kyo, veux-tu le prendre ? Yuriko pourra t’aider à bien le tenir … »
Je voulais lui donner ce moment, cet instant où il prendrait son fils dans ses bras pour la première fois. J’avais envie de les voir ensemble, de voir son expression lorsque le corps fragile de son enfant serait contre lui pour la première fois. En plus, je n’allais pas mentir, j’étais épuisée. Non seulement n’avais-je pas pu dormir de la nuit (l’aube se levait déjà), mais en plus, j’étais drainée. Heureuse de voir mon fils, mais je n’avais pas réellement la force de rester éveillée bien plus longtemps. Mes paupières luttaient déjà contre le sommeil.
@Yamanaka Sayuri Chambouler toute une vie de façon imprévue
" A chaque enfant qui naît, Le monde recommence. "
Lorsque les jumeaux avaient fait le choix dans leur jeunesse de rejoindre le village de Konoha, Yuriko n'avait pas imaginé qu'ils seraient allés aussi loin. D'abord parce que l'ambition première de la jeune femme était de devenir un grand médecin pour soigner les yeux de son aîné, puis parce que Kyoshiro avait pour aspiration de devenir un homme utile à la société et pouvoir aider son prochain en devenant plus fort malgré ce que la nature lui avait ôté. Mais aujourd'hui, ce dernier s'était retrouvé sur le chemin imprévu de la parentalité et avait avant tout trouvé la femme de sa vie. Oh, cela ne l'avait pas empêché de devenir un grand shinobi par cette même occasion mais il avait réussi à aller plus loin encore que ce qu'il avait imaginé.
Lorsque la jeune femme portait son regard sur Kyoshiro, qu'elle le vit se pencher sur son amie Sayuri épuisée par l'enfantement mais heureux, un étrange sentiment l'envahit. Il avait accompli beaucoup de chose depuis des années, il avait muri, il était devenu fort malgré toutes les difficultés qu'il avait rencontré. Il était devenu un homme dont leurs parents pouvaient être éminemment fier. Elle, elle était après tout... bien qu'elle l'avait toujours été. Toutefois, elle se rendait compte que la naissance de son neveu allait être également les prémices d'une séparation toute redoutée depuis des lustres. Cela lui enserrait un peu le cœur mais elle ne laissa rien transparaître. Sourire. Le soutenir. C'était ce qu'elle avait toujours fait et de la même manière elle ne se montrerait pas égoïste pour satisfaire ses propres angoisses. Il était père et il avait un nouveau devoir, une nouvelle aventure, une nouvelle quête. Elle devrait à son tour trouver sa propre voie, un nouvel accomplissement, devenir plus forte pour qu'il n'ait pas à s'inquiéter pour elle lorsque viendrait le moment où il devrait la quitter.... parce que ce jour arriverait.
Il se mit à pleurer de joie, amenant presque Yuriko à se retrouver aussi aux bords des larmes mais elle se montra plus forte. Elle ne s'y abandonna pas mais elle se mit à sourire, un très large sourire. Même s'il ne pouvait le "voir", il saurait le deviner. Il lui tendit la main, réclamant ainsi sa jumelle à ses côtés. Ce fut tout naturellement qu'elle la prise et qu'elle le rejoignit alors qu'il la saisit dans ses bras. Cela faisait une éternité que les deux jumeaux n'étaient pas tombés mutuellement dans les bras.
" Me remercier? Mais je n'ai rien fait, idiot. C'est Sayuri qui a accompli le plus dur. Je n'ai fait que vous accompagner. Rien de plus. "
En effet, Yuriko ne désirait s'attribuer aucun mérite, ce n'était pas dans son tempérament. Elle porta naturellement son regard bienveillant sur son amie. L'héroïne de cette journée, c'était indubitablement Sayuri. A sa demande, elle prit son petit neveu dans les bras délicatement, avant de tenter de le placer dans les bras de son père.
" Kyo... il est temps de prendre ton fils dans les bras.... tiens... fais attention à sa tête... voilà.. jeune papa. "
Elle l'admira alors tenir son enfant pour la première fois, s'attendant à le voir pleurer une nouvelle fois. Il avait toujours été le plus émotif des deux jumeaux... mais cette fois-ci, il y avait de quoi. Le laissant ainsi profiter de cet instant, l'eisen-nin se tourna vers la Yamanaka.
" Tu dois être épuisée, Sayuri. Tu devrais dormir un peu. Nous allons nous occuper de Seishiro. On va le laver, le linger et vérifier qu'il est en pleine forme. Après cela, nous te le ramènerons et te le placerons dans un berceau à côté de toi. A ton réveil, tu auras la joie de pouvoir le nourrir. "
Un petit sourire se dessina sur mon visage. Le mot "joie" était en réalité un peu ironique car selon le tempérament du nourrisson, cela se transformerait rapidement en nuit d'insomnie... mais n'allons pas démoraliser de jeunes parents si tôt. Laissons-leur planer sur leur bonheur naissant.
Dés que le jeune homme apprit qu'il allait devenir père, il se remémora les souvenirs de sa jeunesse avec son père, les conseils prodigués comme s'il espérait y trouver une réponse, la solution au seul problème qui hantait son esprit : comment être un bon père ? Son géniteur n'avait jamais été préparé à l'idée de devenir éduquer un enfant anormal, un enfant qui ne serait jamais comme les autres mais, malgré tout, il lui donna toute l'attention et l'amour dont le garçon eut besoin pour atténuer sa douleur et sa frustration. Kyoshiro savait bien qu'il n'y avait pas de formule miracle pour être un parent modèle, à plus forte raison lorsque son travail l'emmènerait loin de son fils la plupart du temps, il savait aussi que les chances étaient fortes que Sayuri reparte avec le nouveau bambin dés qu'elle aurait la force de faire le voyage mais, pour l'heure, tout ce qui lui importait était de faire de son mieux comme Seishiro, pour Sayuri, pour sa famille nouvellement agrandie.
Se sentait-il capable de le faire, d'être l'homme qu'on attendait qu'il soit ? Il aurait aimé pouvoir répondre par l'affirmative mais, présentement, toutes ses pensées étaient bien trop chamboulées pour qu'il puisse répondre de façon cohérente. Il parvint enfin à reprendre le contrôle de ses pensées l'espace d'un instant, un moment assez long pour qu'il sente sa sœur approcher et qu'il la prenne dans ses bras comme il ne l'avait pas fait depuis...depuis son séjour chez les Yamanakas. Tous les deux savaient que ce moment marquait un tournant dans leur relation, que plus rien ne serait jamais comme avant, que l'aveugle allait devoir quitter Konoha au bout d'un moment mais ils ne préféraient pas y penser. Pourquoi ? Parce qu'ils ne pouvaient rien y faire, parce que Kyoshiro auraient aimé que sa famille soit réunie sous le même toit et pas divisée en plusieurs camps, mais la vie ne lui avait jamais facilité la tâche alors pourquoi le faire maintenant ? Apaisé par ce contact, Kyoshiro répondit donc à sa sœur dans un murmure.
« Tu sais très bien de quoi je veux parler. »
Elle était là, elle avait toujours été là et maitnenant, malgré ce que cela pourrait représenter pour leurs vies respectives, il était montée au créneau pour amener Seishiro Tadake – ou Yamanaka, au choix – dans ce monde. Comment ne pas lui en être reconnaissant ? Oh oui, l'homme privé de lumière savait que sa sœur était bien moins expressive que lui, mais il n'avait besoin d'aucun mot pour deviner ce qu'il se passait dans sa tête de sa jumelle, aussi ne rajouta t-il rien de plus que ces quelques mots jusqu'à ce qu'elle l'invite à prendre son fils dans ses bras. Il resta interdit un moment, hésitant pas peur de blesser cette jeune et belle âme mais, après une profonde inspiration, le Tadake reprit son calme habituel et s'avança, tendant les bras pour accueillir le fruit de sa chair et de son sang avec une infinie douceur. Personne ne l'avait préparé à tout cela, personne ne lui avait dit que son monde allait être bouleversé par cette nouvelle personne aussi, lorsque le petit être vint trouver refuge dans les bras du shinobi, ce dernier fut littéralement sans voix, se murant dans un silence alors qu'il appréciait les formes et la chaleur de son fils enfin dans ses bras. Le temps sembla réellement s'arrêter l'espace d'un instant, mais tout le temps du monde fut incapable de lui arracher ce sourire du visage et, enfin, dans un souffle, il parvint à murmurer à nouveau :
« Mon fils... »
Même en se le répétant dans sa tête il n'arrivait pas à ne pas trouver cela étrange, c'était à se demander s'il se ferait jamais à l'idée qu'un jour ce petit être l'appelle papa, à son tour. Cette idée le fit sourire davantage et, bientôt, Kyoshiro se redressa et marcha lentement dans sa pièce, tournant ses orbites inutiles vers ce petit être comme s'il espérait pouvoir le voir, en vain. En d'autres circonstances il se serait permis d'être égoïste, de demander à son aimée d'user de sa technique pour qu'il puisse voir son fils mais l'aveugle tua cette idée dans l’œuf, car elle n'était nullement en état de le faire. Au lieu de cela il vint poser son dos contre un mur et, dans un souffla, lança à haute et intelligible voix :
« Il y a quelque chose que tu dois savoir, mon fils. Ta maman est la plus formidable et la plus brave femme qui m'ait été donnée de rencontrer. Et ta tante ? Une sacrée dure à cuire qui pourra te sembler dure, parfois, mais elle a le cœur aussi tendre que le mien. »
Ils étaient aussi sensibles l'un que l'autre. Lui avait décidé d'embrasser cette partie de lui-même pour en tirer le meilleur, mais sa sœur ? Elle avait décidé de s'en protéger pour garder le contrôle d'elle-même, mais cela aurait été une erreur de croire qu'elle était incapable de ressentir les émotions aussi puissamment que son jumeau. Ils étaient faits dans le même moule, après tout. Enfin, doucement, le nouveau père déposa un doux baiser sur le front nu de son très jeune fils, avant de lui murmurer le seul conseil qui valait le coup d'être rappelé.
« La famille avant tout, fils. »
Le shinobi avait toujours fait passer sa famille avant son devoir, une hérésie pour certain mais une évidence pour le jeune Tadake. Il espérait évidemment que Seishiro finirait par partager ces valeurs, mais ils avaient encore le temps de voir les choses venir. Suite à cela, suivant les conseils de sa sœur, le jeune Tadake s'approcha de son aimée, leur enfant toujours dans ses bras, s'asseyant sur le bord du lit avant de murmurer :
« Repose-toi, ma belle. Tu l'as bien mérité. »
S'approcher de Sayuri, l'aveugle déposa sur ses lèvres un doux baiser, laissant à sa muse le plaisir de dire au revoir à son fils avant de prendre de la distance, suivant sa sœur qui ne tarderait pas à quitter la pièce.
Ils étaient ensemble. Tous les trois...tous les quatre.
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