Plus en commun qu'il n'y paraît [PV Senju Setsuna]

Les chaleurs d’été avaient fait place aux soirée plus fraîches d’automne et enfin aux nuits froides de l’hiver. J’ai passé plus de temps que je ne l’aurais pensé sur le terrain d’entrainement ou avec mes propres Genin. Je veux réellement faire ce qui est le mieux pour elle et je dois avouer avec le mariage de Yume et Naoshige, je ne suis guère à mon meilleur. Il m faut donc me vider l’esprit et passer à autre chose. Regarder ailleurs, ignorer tout ce qui se passe et, surtout, être dans un autre environnement. Toujours voir mes élèves m’étouffe, me rappelant sans cesse ce qui se passe. Une pause est de mise, au moins l’instant de remettre les deux pieds sur terre.

Une vieille connaissance m’a donc parlé de quelque chose, plutôt quelqu’un. Une jeune fille du clan qui aurait besoin d’aide pour parfaire son entraînement et de ce que me disait cette connaissance hier, elle avait beaucoup en commun avec moi. Je lui ai donc assuré que j’y à la rencontre de la fille et verrai ce que je peux faire pour elle. Distraction clairement la bienvenue.

Les vents froids de l’hivers apportent beaucoup avec eux et un vent de changement souffle. Je ne saurais exactement comment le décrire, mais quelque chose dans l’air, dans l’eau et dans les gens, longtemps gardé. Quoi ? c’est encore nébuleux, mais c’est présent, omniprésent, même chez moi. Ou peut-être est-ce mes intentions que je retranscris sur tout le monde ? Je saurai dire avec exactitude. J’ai effectivement quelques plans, quelques idées et surtout quelques désirs secrets sur lesquels, bientôt, je me pencherai. Cette idée, cette motivation subite est certainement l’origine de cette tension dans mon dos, ce poids dans mon ventre.

Il faut que je cesse de trop penser. Bientôt, je verrai Senju Setsuna à la personnalité, on m’a dit si colorée. Puisque son ancien mentor ne pouvait plus l’aider, c’est qu’elle doit être un minimum douée et j’ai plus que hâte de la tester … non de la rencontrer. La curiosité me dévore, surtout depuis que j’ai appris qu’elle était une élève de Yuriko. C’est fou comme parfois le monde est vaste, mais si petit.

Yuriko et moi, nous sommes entraînés à quelques reprises ensemble et, je crois, sommes devenus de bons compagnons d’arme et encore plus depuis la mission chez les Kaguya. Enfin, de la savoir entre les mains de quelqu’un aussi douée que Yuriko, c’est rassurant et cela en dit long sur le potentiel. Par contre, de ce qu’on m’a dit, elle n’est pas prise au sérieux par personne … Chose que je sais Yuriko capable de changer.

Je lui ai donc donné rendez-vous sur dans la forêt. Loin du clan, loin des terrains d’entraînement et loin des interruptions, car comme ce monde est plus petit qu’il ne le laisse croire, je croise souvent des connaissances lorsque je suis à découvert, ou simplement des genin en soif d’apprendre. Aujourd’hui, je vais le dédier entièrement à cette nouvelle rencontre et peut-être en tirais-je une certaine satisfaction. Ce que mon collègue m’a dit cette fille partage encore plus d’affinités ou domaines d’expertise avec moi que n’importe quelle de mes élèves.

En l’attendant, je m’assois donc au pied de l’arbre le plus massif de coin et m’installe en position de méditation, plus par habitude que par réelle méditation, car je n’ai pas encore trouvé comment le faire de façon efficace. Un jour peut-être … Lorsque l’équipe deux ne sera plus sous mon contrôle.

« - Yamamoto-san, essayez-vous de vous donner bonne conscience ? »

Ces paroles, dites sous le grondement sourd de la Senju, avaient médusé son instructeur autant qu’elle s’était elle-même stupéfaite d’avoir laissé échapper sa pensée à voix haute. Le silence s’était installé et, aussi loin qu’elle puisse s’en souvenir, Yamamoto avait été incapable de se justifier sur son désistement.

Setsuna avait eu beau retourner la situation dans tous les sens, rien, ni les pensées chimériques, ni la réalité fracassante n’avait eu raison de l’amertume lui prenant la gorge - et le coeur - à chaque fois qu’elle pensait à lui.

Il lui avait assurément brisé son petit coeur d’adolescente, mais cela était bien moins douloureux que la sensation d’avoir perdu celui qui avait osé croire en elle, là où beaucoup n’en avait aucun intérêt.

Alors que faire de deux sensei ?

On lui reprendrait à deux fois à accorder sa confiance - et son affection - à qui que ce soit. Ni la populace qu’elle protégeait, ni les junin chargé de son éducation, ni les genin de son âge ne lui portait la satisfaction d’être autre chose qu’un simple outil.

Et encore, cela était encore une considération bien plus douce-amer qu’elle ne pouvait l’avoir au-travers des Senju qu’elle côtoyait. Ses parents comme leurs amis étaient bien loin de trouver en la genin un quelconque intérêt pour leur petit commerce. Ayant abandonné l’idée de la marier à un parti intéressant pour leurs activités, ils avaient également laissé de côté ce semblant d’attention qu’ils lui accordaient encore pour la laisser dans l’ombre de sa chambre, une simple bouchée de plus à nourrir, une nourrice de confiance pour prendre soin du marmot qui sommeillait dans son berceau et dans le coeur attendri de ses parents.

Quand elle leur annonça qu’elle partait retrouver son nouvel instructeur, leur simple réponse était : « - J’espère que tu ne rentreras pas trop tard. Nous avons un dîner important ce soir, Kotaro ne peut pas encore se garder tout seul ! »

Un rire, un trait d’humour, pour beaucoup ; une contrainte, une menace silencieuse de représaille pour Setsuna.

Pas de questions. Juste des ordres.

« - Je reviendrai pour surveiller Kotaro. »

Pas de sourires. Juste des promesses.

Suivi une porte qui se ferme.

***

« - Senju-sensei. »

D’une voix blanche, elle espérait attirer l’attention de l’instructeur pour que bien vite les choses prennent un sens ; que cela soit sa présence en ces lieux, son invitation, sa venue ici voire, avec un peu de chances, ce qui le poussait à répondre à la demande de Yamamoto de la prendre pour élève.

« - Senju-sensei. » insista-t-elle en tapant énergiquement du pied au sol. Par habitude plus que par impatience, il lui fallait la plupart du temps s’y reprendre par deux fois avant que l’on daigne poser son regard sur elle.

Parfois, on remarquait plus rapidement les mouvements de son pied que sa propre voix. A croire, comme beaucoup dirait, que son timbre de voix manquait le charisme que même un pied pouvait avoir.

J’entends sa voix la première fois, mais je ne réagis pas tout de suite, étant un peu déconnecter, car d’entendre et réellement enregistrer ce qui se passait sont deux choses bien différentes. Je n’avais jamais rencontré la jeune fille à qui j’avais donné rendez-vous et son caractère m’avait été décris comme difficile à gérer, mais après l’équipe deux, je n’ai pas la même description de : ‘’difficile à gérer.’’ Elle répète donc une deuxième fois, tapant du pied. Bien sûr, c’est à ce moment que j’ouvre les yeux et lève la tête pour croiser son regard. Je lui souris avant de me relever.

« Bonjour Setsuna. Enchanté d’enfin faire ta connaissance. Ton maître m’a beaucoup parlé de toi. »

Je fais une pause pour lui permettre de parler si ce qu’elle désire, puis, je reprends sans attendre. J’ai beaucoup de point à couvrir avec en cette journée et peu de temps, car juste après, le clan veut que je rencontre encore une nouvelle femme, chose qui m’exaspère toujours un peu plus à chaque fois, mais je me vois mal leur dire : ‘’Hey, ça me ferait plaisir de rencontrer quelqu’un seulement si cette personne s’appelle Aoko Amakaze.’’ Autant oublier l’idée tout de suite.

« Je ne sais pas si tu me connais, alors je vais me présenter, même si tu connais au moins mon nom. Je suis Senju Daiki, capitaine des Cavalier de Konoha, sensei de l’équipe deux, jonin de Konoha et c’est moi qui te formerai au Mokuton et au taijutsu. Parle-moi un peu de toi. Es-tu dans une équipe ? »

Une question simple pour entrée de jeu, très certainement, mais je me donne de cette façon une chance de la connaître et de lui faire comprendre qui je suis, bien que je ne lui aie donné que le strict minimum d’informations. J’espère seulement commencer cette aventure sur un bon pied. Je n’ai pas besoin de plus de raison d’avoir mal à la tête. Hako, Yume et Kaori sont une assez bonne prise de tête de comme, merci bien.  Pourquoi est-ce que toutes les femmes ou filles que je connaisse sont si difficiles ? Mieux vaut ne pas trop y penser, je vais seulement me faire plus de mal …

J’attends sa réponse, mais un millier de question chatouillent mon esprit. J’aimerais en apprendre le plus possible sur elle pour bien commencer notre entraînement. Il faudra d’ailleurs que je lui explique que je ne compte pas seulement lui enseigner. Je lui proposerai plutôt d’apprendre de l’un et de l’autre. Je veux qu’elle me voie comme un outil pour grandir, plus qu’un maître. Son sensei sera son maître, moi je l’assisterai sur un autre niveau.