Éternel curieux et s'émerveillant d'un rien, comme un enfant le jour de son anniversaire, le jeune homme n'aimait rien moins que quitter la sécurité des murs de Konoha pour arpenter ce monde qu'il connaissait si peu, remplissant son cerveau de son, d'odeurs et de de sensations nouvelles à chaque nouveau pas, accrochant un sourire amusé sur son visage aux traits taillés au couteau. Le jeune homme avait beau être un guerrier de l'ombre, un protecteur, un assassin aux mains gorgées de sang, il restait un épicurien avant tout : un homme profitant de la vie et de tous les plaisirs qu'elle avait à lui offrir. Mais cette garce ne semblait pas désireuse de lui mener la vie facile, car à chaque nouvelle découverte s'ajoutait une nouvelle douleur : un constat qui l'avait frappé au visage, aujourd'hui encore. Il était arrivé ici pour profiter de la fête, se sortir la tête de ses éternelles missions, pour vivre de nouveau mais la vie avait souhaité le faire galérer pour obtenir cette étincelle de bonheur à laquelle Kyoshiro avait définitivement droit. Il s'était battu comme lui seul savait le faire, battu pour une nation qui n'était pas la sienne, battu au côté de shinobis et guerriers inconnus, pour la plupart, et son sang avait de nouveau coulé. Comment pouvait-il en être autrement ? Sa voie était celle du sang et de la douleur, des armes et du devoir : comment pouvait-il espérer que cette fois-ci soit différente ? Rien n'était gratuit en ce monde, après tout. Le jeune Tadake avait aidé, aidé à sauver de grandes pontes et maintenant que le combat était terminé, maintenant que la tempête était passée pour laisser place au chagrin et à la dévastation, il errait dans les rues comme une ombre à la recherche d'un coin tranquille. Ignorant les passant qui croisaient son chemin, qui le bousculaient même parfois, Kyoshiro laissa donc odorat le mener finalement vers ce qui semblait être un jardin, ou tout du moins était-ce ce que l'odeur ambiante lui portait à croire. Serrant les dents, une main posée sur l'estafilade qui barrait son torse pour la seconde fois, le jeune homme se traîna d'une démarche lente et lourde vers une des haies qui entouraient le jardin, avant de s'y asseoir dans un grognement douloureux.
« Ah la garce, elle m'a bien eu. »
Cette douleur n'avait rien de nouveau pour lui, la long cicatrice qui s'étendait tout le long de son torse en était la preuve, mais elle était encore assez vivace pour éloigner toute pensée parasite. Il n'arrivait à penser à rien pour le moment, ou presque rien tout du moins car, lorsqu'il retira sa main de contre sa plaie et qu'il sentit le liquide carmin couler entre ses doigts, un sourire fatigué vint assombrir son visage.
« J'dirais pas non à un verre, tiens. »
Non sans un effort colossale, l'homme leva les bras et se débarrassa de son t-shirt en bien piteux état, laissant son torse meurtri à l'air libre tout en générant un autre râle de souffrance. Avait-il fait le bon choix en laissant cette meurtrière s'en aller ? Oui, il avait fait le choix pragmatique au lieu de laissant son ego prendre le dessus sur son bon sens, il n'avait pas répété la même erreur qu'avec Tetsuo mais cette réalisation parvenait à peine à diminuer la douleur. Il avait fait ce qu'il fallait mais se trouvait désormais dans une bien piètre situation, dans un bien piètre état, un état qui lui rappelait son réveil après son séjour dans la grotte. Ah, son réveil. Qu'avait pensé son aimée en le voyant ainsi, affaibli, brisé ?
« Heureusement qu'elle n'est pas là... »
Pas là pour le voir comme cela, par là pour le voir une nouvelle fois meurtri alors que son fluide vital venait colorer le tissu qui avait été posé sur la profonde estafilade qui zébrait son torse, pas là pour le voir de nouveau dans cette position de faiblesse. Ses jours n'étaient peut-être plus en danger, plus maintenant qu'il avait sentait le flot carmin diminuer en intensité, mais voir son aimé se vider de son sang n'était jamais un spectacle plaisant. Shinobi ou non. Kyoshiro tenta de se relever mais, devant le pic de douleur qui le paralysa sur place, il fut contraint de rester dans cette position, en attendant que cela passe.
Ici personne ne le trouverait, personne ne viendrait le trouver. Encore quelques minutes, peut-être quelques heures et il serait en état de se lever. En état de rentrer chez lui en espérant que personne ne l'interroge sur son état.
Après une guerre surprise et des missions particulièrement difficile, deux amants se retrouvent pour panser leur plaies.
Sur ta peau ruisselaient sang et eau. Ton corps, troué de part et d’autre, ta peau irritée par le poison et ton teint plus pâle qu’à ton habitude en disait long sur ton état. Un éclair d’inquiétude brillait dans ton regard alors qu’une de tes mains se posait sur ton ventre. Tu craignais bien sûr pour la sécurité de cet enfant grandissant en toi, celui que tu avais décidé d’accepter l’après-midi précédente, celui que tu avais découvert l’existence moins de vingt-quatre heures plus tôt. Ton retour à la cité de Baransu avait pris quelques temps, voyager avec des blessés en étant, toi-même, blessée vous aviez opter pour prendre le moins de risque possible. En arrivant, tu avais refusé l’aide des médecins et t’étais éclipser subtilement aussitôt l’occasion donnée.
Tu avais autre chose en tête. Kyoshiro. Avec cette guerre, où avait-il bien pu aller ? Était-il blessé ? Allais-tu le retrouver dans le même état que la fois où il s’était retrouvé chez toi ? où commencer les recherches ? Les bars, non en état de guerre ils devaient tous être fermés par la panique … Il était Shinobi et mettait son devoir de l’avant, alors peut-être aurais-tu des informations à la citadelle. Après tout, un ninja aveugle, ça ne courait pas les rue, enfin si, mais ils ne devaient pas être nombreux.
Tu t’arrêtas donc à la citadelle où l’on insista pour te soigner, mais tu refusas une fois de plus, pas tu que tu ne le trouverais pas. Était-ce une pensée égoïste ? Peut-être, mais tu n’étais pas connu pour être autrement. On te mentionna un jeune guerrier lui ressemblant avoir affirmer aller garder la porte, alors tu pris ce chemin sans attendre.
Ta chaire avait été transpercée par des dizaines tête de flèches, tes vêtements tenaient à peine sur ton corps à cause du poison, ta peau était irritée, tes mains tremblaient sous la faiblesse de ton corps, mais tu refusais de t’immobiliser ne serait-ce qu’une seconde. Si tu le faisais, tu ne pouvais garantir avoir la force de te remettre en mouvement. Il fallait le trouver avant de t’effondrer.
Ta démarche claudicante ne t’aidait très certainement pas dans ta quête de le retrouver. Et tu n’avais toujours pas pris le temps de remédier au poison sur ton corps. Tu t’arrêtas quelques instants avant de sortir de ton sac de mission attaché à ta hanche l’antidote du poison corrosif. Tu l’appliquas sur les quelques blessures empoisonnées et sur ta peau irritée. Un soupir d’aise franchi immédiatement tes lèvres, peut-être n’étais-tu pas guérit, mais simplement de ne plus ressentir la brûlure permanente de ce poison devenait un luxe que tu ne pouvais plus te refuser plus longtemps.
Tu t’étais arrêtée devant un jardin. En piteux état après la tempête, mais tu pouvais encore deviner sa beauté entre les quelques décombres et les pétales rependus au sol. Tu observais la scène alors que ton esprit fut ramené quelques mois plus tôt, le soir où tout avait commencé. Il y avait un jardin, aussi, la lune et les étoiles. Bien que ces derniers étaient absents cette soirée-là, tu ne pouvais t’empêcher de faire le parallèle, encore moins quand tu vis sa silhouette s’agiter alors qu’il pensait ses plaies. Un soupire franchit de nouveau tes lèvres alors que tes pieds se dérobèrent sous toi. Tu n’avais officiellement plus besoin de le chercher, il était là, blessé, mais sauf. C’était suffisant.
Lorsque tu avais libérée les prisonniers, tu ne pouvais t’empêcher d’avoir été à la fois soulagée et inquiète de ne pas l’y trouver. Soulagée, car il n’était pas parmi les victimes de ses atrocités, inquiète car il pourrait gire quelque part, blessé dans la bataille ou même mort. Sur le coup tu avais préféré étouffer la pensée, mais une fois rentrée, elle était devenue dévorante et avait pris possession de chaque parcelle de ton esprit.
« Elle ? Yuriko ? » Demandas-tu, la voix faible.
Tu restas là, assise par terre, simplement soulager de le voir et en meilleur état que lorsque sa sœur l’avait rapporté chez toi. Tu avais mal, vraiment mal, mais tu étais en paix. Tout ça n’avait pas été en vain.
« Dis, quand tu auras fini … je pense … J’ai … »
Tu ne finis pas ta phrase. Tu ne voulais pas non plus l’inquiéter pour rien. Pour rien … tu t’étais transformée en mannequin d’entrainement pour apprentis archers … Et ce n’était pas toi qui lui dirais. Tu posas une main sur ton genou gauche, celui de la jambe la moins blessée et tenta de te relever pour t’approcher, mais à peine eus-tu réussis à te soulever du sol que tu perdis de nouveau pied.
Un petit grognement naquit dans ta gorge et décidas de ne pas bouger.
« Comment vas-tu ? »
Tu allais te servir de son handicap à ton avantage. Tu ne lui dirais rien de ton état, il était blessé lui aussi et il ne pourrait raine faire pour t’aider alors tu ne l’inquiéterais pas sans raison … Et tu avais l’habitude à souffrir, une fois de plus, une fois de moins … qu’est-ce que cela changeait. Avant, jamais personne ne se préoccupait de ton état. Tu étais seule, toujours seule, tu pouvais endurer cette fois-ci …
CSS par Gaelle
Renseignement de l'état:
Pv : 30% (36 à la fin de la mission, mais j'ai descendu pour le poison qu'elle a pas soigné avant de rejoindre Kyo)( Chakra : 20 %
La douleur n'était finalement rien de plus qu'une information, c'était l'enseignement qu'on avait tenté d'ancrer dans le cerveau du jeune aveugle depuis son arrivée à Konoha, depuis son arrivée sur les bancs de l'académie, et force était de constater que l'enseignement n'avait pas pris correctement. Comme tout shinobi le jeune homme avait eu plus que sa dose de souffrances physiques et morales, il avait sué et saigné pour une cause plus grande que lui et, plus d'une fois, cette souffrance avait manqué de le briser en un milliard de morceaux impossibles à rassembler. Comment oublier la mort de Tetsuo ? Comment oublier le point de non-retour qu'il avait atteint dans cette grotte, pour quelques informations sensibles ? Oh oui Kyoshiro savait bien que la douleur n'était que temporaire, suivie par la mort ou par un repos bien mérité mais aujourd'hui, devant sa plaie encore douloureusement vive, il lui était difficile de rationaliser comme cela une simple information de son cerveau. Serrer les dents n'y faisaient rien, respirer n'y faisait rien non plus : cette douleur sourde l'empêchait totalement de bouger mais, s'il devait retirer quelque chose de positif de cette expérience, c'était que son aimée n'aurait pas à le voir dans cet état déplorable. Du moins était-ce ce que le shinobi croisait jusqu'à ce qu'une voix trop familière fut captée par ses oreilles, forçant l'homme à garder la mâchoire fermée pour retenir un juron qui menaçait de gagner sa liberté. Deux femmes en ce monde ne devaient surtout pas le voir dans cet état et, bien sûr, il fallait que l'une d'entre elles soient dans les parages dans le pire moment possible, mais il était désormais trop tard pour tenter de faire bonne figure avec un trait d'humour. Il saignait mais, au vu des derniers événements chaotiques, il y avait fort à parier que la demoiselle n'était peut-être pas au top de sa forme, non plus.
Pour un aveugle Kyoshiro avait toujours été observateur mais, au lieu de se fier aux images, il avait appris à se concentrer sur les odeurs ainsi que les sons et, aujourd'hui, il ne put passer à côté de l'hésitation dans la voix de la demoiselle. Quelque chose n'allait pas ? Le contraire serait étonnant compte tenu de sa condition mais aussi de la situation actuelle, autant dire que le Tadake ne pouvait ignorer la phrase inachevée de sa belle.
« Tu as... ? »
S'il avait espéré qu'elle s'ouvre à lui, la question qui suivit eut l'effet d'une distraction, d'une diversion pour éviter de s’appesantir sur l'état de la Yamanaka. Rien de surprenant là-dedans après tout car, comme bon nombre de guerriers de l'ombre, cette femme-là était forte et fière, n'acceptant presque jamais de montrer ses faiblesses à qui que ce soit. Mais le Tadake n'était pas n'importe qui, du moins l'espérait-il et, têtu comme il était, il en avait trop entendu ou pas assez pour passer à autre chose.
« Mieux que toi, apparemment. »
Si cette phrase fut ponctuée d'un sourire pour masquer sa douleur et sa faiblesse temporaire, le shinobi n'en oublia pas pour autant le sujet principal de la conversation. Certes elle attendait un heureux événement et tout ce que cela impliquait mais, pour l'heure, elle était sa priorité et non l'étincelle de vie qui grandissait en elle. Fort de ce constat, le jeune homme laissa tomber son t-shirt déchiré et gorgé de sang sur le sol, avant de serrer les dents tout en forçant sur ses jambes, retenant un râle de douleur derrière la barrière que formait sa dentition. La main droite sur sa plaie, sentant toujours quelques gouttes perler le long de son torse, essayant d'ignorer l'irritation que lui provoquait le seul contact avec cette petite brise fraîche, jusqu'à ce que ses pas lents le mènent jusqu'à sa belle, assise juste là. En d'autres circonstances il ne se serait pas retenu mais...c'était elle et, lorsqu'elle était là, sa propre condition physique ou mentale était toujours reléguée au second plan. N'était-il pas un homme ? N'était-ce pas son rôle de protéger cette muse devant lui ? Bien sûr que si, ce fut la raison pour laquelle il garda la mâchoire fermée un instant, posant un genou à terre devant la demoiselle, avant de poser sa main gauche et non tâchée par le sang sur le premier genou de la belle à sa portée.
Un silence s'installa pendant une vingtaine de secondes jusqu'à ce que, finalement, s'adresse de nouveau à celle qui faisait battre son cœur.
« Dis-moi. »
Il n'implorait pas, il ne suppliait pas. Il savait que la demoiselle comprendrait par ce geste qu'il pouvait, qu'il voulait mettre sa propre douleur de côté pour aider à atténuer la sienne. Refuserait-elle de s'ouvrir à lui, en sachant cela ? Il espérait bien que non.
Après une guerre surprise et des missions particulièrement difficile, deux amants se retrouvent pour panser leur plaies.
Alors qu’il s’approchait de toi, tu ne pus t’empêcher de prendre note de ses blessures et tu serras la mâchoire. S’il y avait bien une chose que tu détestais voir, c’était son sang, son corps charcuter et la douleur sur son visage. Tes yeux n’osaient quitter la plaie sur son torse alors que ton sang ne fit qu’un tour dans tes veines. Cette guerre. Cette attaque était en était la raison. Tu jointure blanchirent sous la pression.
Il fallait se calmer. Il était là, vivant charcuter certes, mais il ne craignait pas pour ses jours, comparativement à cette autre fois. Il te rejoint et une main tachée de sang trouva ton genou. Ton regard se plantas dans le sien, comme si l’on venait de te brûler. À sa demande, tu restas d’abord silencieuse, hésitante. Tout ton criait de douleur, mais il devait en être de même pour lui. Allais-tu réellement l’inquiéter pour si peu ? Tu avais, après tout, connu bien pire et ne serait-ce que dans tes entraînements avec ton mentor.
« Quelques flèches et poisons. Rien qui me tueras ou que je ne peux supporter. Ça va aller. Je dois juste … Reprendre mon souffle … »
Ce n’était pas un mensonge, mais ce n’était pas une vérité. Enfin pas exactement. Il lui suffirait de te toucher un peu plus que le genou pour savoir que tu ne tenais plus sur tes pieds et qu’il t’était pratiquement impossible de rendre par toi-même à un endroit plus douillet qu’un jardin que cette guerre éphémère n’avait su épargner.
Tu posas une main glacée et couverte de sang sur sa joue claire et approchas ton visage du sien. Tu ne savais pas exactement ce que tu faisais, reproduisant un geste qu’il faisait à l’occasion, posant ton front sur le sien et fermant les yeux pour mieux savourer sa présence. Peut-être avais-tu simplement besoin de te rassurer que tout irait bien, maintenant que tu l’avais retrouvé ? Cette idée, aussi absurde te paraissait-elle, était également plausible, car le rythme effréné de ton cœur commençait à se calmer avec chaque seconde passée en sa compagnie, te ramenant tranquillement vers un état plus paisible, malgré la douleur lancinante de tes blessures.
« Tes blessures m’ont l’air plutôt sérieuses, laisse-moi t’aider à les panser. »
Bien sûr tu savais qu’il luttait contre la douleur, qu’il cherchait à te protéger, mais tu n’arrivais pas réprimer ta propre envie de le protéger, de le savoir en sécurité et sur la voie de la guérison. Tu avais déjà pris soin de réprimer le poison sur ta peau, tu pouvais bien attendre quelques instants avant de panser les plaies causées par la pluie de flèches qui t’étais tombées dessus. La plaie sur son torse t’inquiétait bien plus que les quelques marques et trous laissés sur ton propre corps.
« Ta soirée semble avoir été mouvementée … Est-ce que tes as rencontrer des archer empoisonneurs aussi ? J’ai probablement quelque chose pour ça … »
C’était une guerre, à quoi t’attendais-tu ? Étant plus une espionne, une menteuse, une experte de l’infiltration, tu devais bien avouer qu’un tel champ de bataille n’avait rien à voir avec ce que tu avais l’habitude. Tu avais d’ailleurs maudit cette situation et ton implication un peu plus tôt, sachant très bien que rien de tout cela n’était dans tes cordes. Tu espérais également qu’il n’ait pas été victime du même poison que toi, car tu n’avais plus d’antidote sur toi, dans le pire des cas, tu aurais quelque chose à ton auberge s’il avait été épargner des batailles …
Un jour sans douleur était un jour où l'on n'avait pas vraiment vécu, c'était une phrase que le jeune homme avait déjà entendu sans pour autant vraiment y croire...jusqu'à très récemment, en tout cas. Qu'il s'agisse d'une douleur du corps ou de l'esprit, cette souffrance n'était peut-être rien de plus qu'une information du cerveau, mais elle avait le mérite de mettre en lumière le caractère précieux de la vie. Comment apprécier le calme sans avoir connu le chaos ? Comment se délecter de la paix sans avoir connu la guerre ? Comment pouvoir comprendre tous les bienfaits du bonheur sans avoir goûté à la plus profonde des souffrances ? Et fort heureusement, même si le jeune homme aurait bien aimé se passer d'une telle expérience, son petit séjour dans cette grotte l'avait aidé à remettre quelques choses en perspective. Alors oui il avait mal mais il se concentrait sur le fait qu'il avait connu pire et que, de toute façon, s'il était encore en état de se plaindre et de se redresser, c'était que ses jours n'étaient désormais plus en danger. Il lui faudrait nettoyer sa plaie bientôt pour éviter toute infection, mais pour l'instant il y avait bien plus urgent que sa petite estafilade qui barrait son torse. Comme il se le répétait déjà, il avait vu pire et était encore en vie pour en parler.
« Ouais. Je ne dirais pas non à une pause, non plus. »
Il avait beau être capable de se relever il n'en menait pas large non plus et, au contact avec sa belle, il devinait qu'elle faisait simplement bonne figure comme...eh bien, lui. Ne faisaient-ils pas la paire ? Assurément que si et, lorsque la belle vint s'enquérir des blessures de ce dernier, le shinobi leva la main pour l'inviter à ne rien en faire, avant d'enchaîner par :
« Pas de quoi s'inquiéter, ma belle. Je tiens encore sur mes deux jambes, non ? Enfin à peu près. »
Puis vint un sujet qui fit arquer les sourcils du jeune homme de surprise. Des archers ? Du poison ? Voilà donc ce qu'avait rencontré sa belle, ce qui en disait un peu plus à l'aveugle sur la naturelle probable de ses blessures. Bien, il progressait déjà un peu plus.
« Oh non, rien de tout ça. Juste des assassins, de quoi occuper ma journée. Par contre tu m'en as trop dit ou pas assez, ma belle. »
Laissant la main de sa belle tout contre sa joue, maintenant ce contact, de front contre front sans chercher à le briser, ce fut avec une voix calme et douce que le jeune homme tendit de nouveau la main en direction de celle qui faisait battre son cœur.
« Allez, raconte »
Le constat était simple et visible à son expression faciale : il ne se laisserait pas soigner aussi longtemps que sa belle ne se serait pas mise à table. Têtu ? En effet, c'était d'ailleurs l'un des traits caractéristiques typiques des deux Tadake. Sa propre douleur importait bien moins que sa belle et, au jeu de qui pouvait faire bonne figure le plus longtemps, elle ne gagnerait certainement pas. Viendrait un temps où elle accepterait de montrer sa faiblesse à cet homme, viendrait un temps où elle le laisserait soigner ses plaies mentales et physiques, mais difficile à dire si ce moment était venu ou non.
Il ne lâcherait pas l'affaire. Pas maintenant qu'il savait qu'elle en avait bavé tout autant que lui...voire plus.
Après une guerre surprise et des missions particulièrement difficile, deux amants se retrouvent pour panser leur plaies.
Jouer la fière avait toujours été dans tes cordes, prétendre que tout allait bien alors que tu t’effondrais en morceau, que ton corps criait à la douleur, alors que … Que tu n’allais vraiment pas. Ta tête tournait ; tu avais perdu bien trop de sang, mais rien n’importait plus à cet instant précis que de t’assurer de sa santé, mais il ne voulait pas t’en dire, plus, il ne voulait même pas que tu le touches pour panser ses plaies.
Inquisiteur, ton amant te demandait ce qui t’était arrivée, mais tu devais être tout aussi têtue que lui … Enfin, en temps normal. Prenant le temps de mesurer tes blessures, quelque chose te percuta. Une sombre idée, une crainte qui ne t’étais jamais parvenue avant. L’enfant. L’enfant grandissant en toi n’était-il pas en danger lui aussi ?
Comme si tu avais une liste de priorité, tu n’avais d’abord pu que te concentrer à retrouver Kyoshiro vivant, puis une fois ce besoin satisfait, tu t’étais souvenue que dans la panique tu avais oublié un détail majeur … Ça s’annonçait mal si tu oubliais porter un enfant pour jouer à la guerre …
Tétanisée à cette idée, il te fallu quelque instants pour te ressaisir. Tu n’avais pas l’habitude de t’inquiéter pour ton propre bien-être, surtout pas en mission … Ton souffle trembla l’espace d’une seconde, alors qu’une de tes mains se posas lentement sur ton ventre. Le poison … Est-ce que le poison allait l’affecter ?
Dans ta tête une tempête prit place, alors que les pires scénarios s’installaient. Ton corps tout entier ne fonctionnait plus, toujours figé, cherchant, espérant … Mai tu ne savais pas, tu ne savais rien du tout. Faisant un effort monumental, tu finis par articuler, d’une voix faible, bien sûr, quelques mots, mais le ton de ta voix trahissait très certainement l’état d’esprit dans lequel tu étais désormais.
« Les prisonniers de guerre, je suis allée les chercher … Je vais … Je vais survivre, ça va aller. »
Ta main contres sa joue glissa sur le long de son cou, jusqu’à son épaule, descendant à son torse pour finalement se refermer. Ton poing se referma, tombant mollement à tes côtés. Tu avais échoué, non pas ta mission, mais autre chose, tu t’étais déçue, prouvé que tu n’étais que la pâle copie de ta mère ayant entièrement chasser de ton esprit l’existence même de ton enfant pour aller tuer quelques samouraïs qui, en l’espace de quelques heures, avaient jugés bon de satisfaire leur soif de violence et sang sur le monde shinobi …
« Mais … l’enfant … Je n’y ai pas pensé Kyo … Je n’y ai pas pensé, j’ai risqué sa vie … »
Avec chaque la vérité de tes actions, de ta négligence te frappait un peu plus. Tu avais risqué la vie de ton enfant et ce avant même qu’il naisse. De quoi serais-tu capable lorsqu’il sera là, avec toi ? Quel genre de monstre étais-tu ? Quelques heures plus tôt, tu affirmais que tu ne te le pardonnerais pas si tu blessais cet enfant et … et voilà ce que tu en faisais ? Tu l’amenais au front, te faisais criblé de flèches et couvrir de poison parce que c’était ton devoir.
Il te faudrait revoir tes priorités, décider, une bonne fois pour tout ce qui était le mieux pour toi. Ton devoir ou l’enfant à venir ? Tu avais cru, pendant quelques minutes pouvoir jongler les deux, mais maintenant tu voyais bien à quel point tu ne pouvais le faire.
Ton corps était secoué de tremblements que tu ne pouvais arrêter, alors que ta tête vint se poser dans le creux du cou de ton amant. Faiblement, tu rapprochas ton corps du sien, comme si sentir sa chaleur contre toi pouvait régler tous les problèmes. Bien sûr, il était rassurant de l’avoir contre toi et affronter cette réalisation dans ses bras … tu devais avouer que c’était beaucoup plus facile que si avais été seule … mais ça ne changeait rien.
« Comment est-ce que je peux être une bonne mère si je ne peux même pas … si je laisse suir ça dès maintenant … »
En plus, tu ne pouvais même pas assurer qu’il survive la soirée. Il te fallait un médecin. Ta fierté tombée à l’eau, lavée par les rivières de sang de la guerre, ton corps tout entier c’était laisser allé. Ramollie, sans la moindre force pour te retenir tu t’appuyais sans vergogne sur lui, le poids de la douleur, non pas celle physique mais émotionnelle qui t’accablait était devenu trop lourd à porter.
Pour avoir discuté avec certains de ses collègues au fil des dernières années, le jeune homme en avait entendu des choses à propos des avis sur le fait de devenir parent. Certains affirmaient que c'était tantôt la meilleure, tantôt la pire expérience de leur vie, d'autres affirmaient que la parenté était quelque chose d'inné et enfin certains osaient dire qu'ils n'y connaissaient rien et qu'ils se contentaient de faire de leur mieux, un pas après l'autre. Si Kyoshiro ne s'était jamais attardé sur ce sujet jusqu'à présent, force était de constater que, après mûre réflexion, il se rangeait bien volontiers dans la seconde catégorie en espérant qu'il en serait aussi de même pour celle qui faisait battre son cœur. Après tout il n'était rien sur cette terre, pas même un humain avec ses cinq sens fonctionnels, mais alors pourquoi aucun doute n'était-il visible sur son visage ? Parce que s'il avait réussi à surmonter tous les obstacles par la seule force de sa volonté, jusqu'à présent, pourquoi n'en serait-il pas de même pour celui-ci ? Tous les calculs estimaient ce garçon mort avant d'avoir atteint l'âge de dix ans, aucune probabilité ne jouait en sa faveur, son handicap avait fait de lui un individu condamné à une vie misérable et dépendante des autres et pourtant, contre toute attente, il était devenu un shinobi d'élite du pays du feu. Ne pouvait-il pas en être fier ? Il l'était, et c'était justement cet accomplissement qui lui donnait foi en l'avenir car, si Kyoshiro Tadake cessait de positiver, alors qui le ferait à sa place ? Personne, justement. Mais pour l'heure ce qu'il pensait n'avait pas d'importance, ce que pensait et ressentait son aimée était d'une toute autre importance et, lorsqu'elle vint essayer de le rassurer que tout allait bien, sa réponse ne se fit pas attendre.
« Je sais bien que ça va aller, je n'en ai jamais douté. »
Elle était aussi forte que lui, aussi déterminée que lui lorsque les cloches du devoir sonnaient, aussi Kyoshiro n'avait jamais douté de la force de caractère de celle qui partageait sa vie. Il n'avait jamais douté qu'elle serait capable de traverser les épreuves devant elle, ou bien il n'aurait pas fait tous ces efforts pour elle,mais bientôt cette certitude s'évanouit lorsque la demoiselle mit en lumière l'état de leur enfant. Elle était blessée et, l'espace d'un instant, Kyoshiro avait tout simplement oublié l'existence de cet enfant pour se focaliser sur l'état de son aimée...quel genre de père était-il ? Non, il ne devait pas penser comme cela, pas maintenant, pas alors qu'elle avait désespérément besoin de son soutien. Puisant dans son mental d'acier pour se faire violence, le shinobi cloisonna la culpabilité dans un recoin de son esprit, avant de sentir le visa de son aimée tout contre son cou. Elle était épuisée mais elle devait entendre ceci, elle devait entendre les paroles de l'homme de sa vie. Aussi dures puissent-elles être.
« Nous sommes des shinobis, des guerriers, des assassins : évidemment que nous ne sommes pas parfaits. Et alors ? Qu'est-ce que ça fait ? Tu crois que je ne connaissais pas le risque, quand tout ceci a commencé ? Je ne suis pas aveugle...enfin si, mais tu vois où je veux en venir ! »
Rien n'était assez important pour qu'il perde celle qu'il aimait, cette phrase était sur le bord des lèvres du jeune homme mais le shinobi refusa de la vocaliser pour autant, non pas parce qu'il ne le pensait pas mais parce que cela n'apporterait rien de bon à Sayuri de l'entendre maintenant. Elle s'inquiétait pour son bébé, à sa manière, et cette seule révélation seule devrait la convaincre qu'elle ferait une bonne mère mais, pour l'heure, Kyoshiro n'avait pas besoin de laisser libre court à son esprit pragmatique. Il pourrait avoir d'autres enfants, mais il n'aurait qu'une seule femme dans sa vie, il le savait mais la femme en question n'avait pas besoin de l'entendre en ce moment. Pas dans cet état de détresse et de confusion, pas ici, pas maintenant.
D'une main, le jeune homme écarta le visage de la Yamanaka, le relevant pour qu'elle puisse observer ses yeux, ceux-ci brillant d'une déterminée que la douleur ne saurait altérer. Il avait mal, si mal et pourtant...pourtant il ne pouvait pas abandonner maintenant, il ne le ferait pas même s'il devrait en mourir.
« J'ai foi en toi, beauté. Plus que tu ne le penses. Je ne t'ai jamais rien demandé jusqu'à présent, non ? Eh bien aujourd'hui je le fais. Aujourd'hui je te demande de croire en nous, mais surtout en toi, tout simplement. Est-ce que tu penses que tu peux faire ça, pour moi ? »
Il n'aurait pas de réponse de sa part, pas alors qu'elle était aussi épuisée mais, malgré la fatigue, elle devrait certainement avoir pu entendre les mots de ce Tadake. La sentant s'effondrer contre lui, sentant son énergie couler entre ses doigts, le guerrier serra les dents et, en un dernier effort, attrapa le frêle corps de son aimée entre ses mains avant de se redresser. Chaque seconde était un supplice, à chaque goutte de sang il sentait ses forces le quitter et pourtant, avec sa belle dans ses bras, il ne pouvait tout simplement pas accepter l'abandon. Il lui trouverait un médecin, il s'occuperait d'elle et de l'enfant comme il avait toujours prévu de le faire, rien n'avait jamais été aussi clair dans sa tête.
« Tout va bien se passer. Tout ira bien. »
Un pas après l'autre, un pied devant l'autre, il décida de s'enfoncer vers les rues principales de la cité en espérant y trouver un médecin. Même s'il devait y aller en rampant, même s'il devait se vider de son sang, il s'assurerait qu'elle reçoive les soins qu'elle méritait.
Après une guerre surprise et des missions particulièrement difficile, deux amants se retrouvent pour panser leur plaies.
Ton corps contre le sien, volant une partie de sa chaleur, sous la pluie de l’orage. Tes yeux fermés, l’esprit désordonné, tu laissais aller, entièrement, en signe d’abandon, d’échec. Tu l’écoutais en silence te dire que tout c’était normal et, pourtant, tu n’arrivais pas à effacer la part de blâme que tu ressentais en toi. Le fait restait inaltéré : tu avais causé à cet enfant plus de tort que de bien et il n’était même pas encore né. Les paroles de ton amant, celles qu’il avait bien plus tôt, avant le chaos de la guerre, avant de te retrouver blessée, épuisée te revenaient, mais à ce moment, dans le cœur du jardin que la tempête n’avait su épargner, tu n’y croyais plus. Tu n’y arrivais simplement plus. Comment le croire si tout ce que tu avais fait jusque là te menait dans cette impasse ?
« Mais ça ne change pas les faits. Savoir et faire … c’est deux choses différente Kyo. »
Ta voix était emplie de ta constatation, de ton échec. Un appel à l’aide. Tu avais besoin qu’il prenne les choses en mains. Tu en avais marre. Marre d’être forte, marre de faire croire que rien ne t’atteignait … De plus en plus depuis qu’il était là. Chaque jour, chaque minute avec lui te poussait de plus en plus dans tes retranchements. Tu le voyais bien … Ton venin n’était plus aussi toxique et ta soif de sang, étanchée.
Lorsqu’il te força à le regarder, à voir la lueur dans ses yeux aveugles, l’étincelle qui brillait dans son âme, dans son cœur, tu ne pus que rester figer, qu’accepter les mots qu’il t’offrait, la demande qu’il te faisait. Sans même pouvoir t’y opposer, sans même pouvoir l’assimiler, à sa question, tu hochas la tête, transie par l’espoir qu’il semblait toujours porter en lui.
Un soleil, une lueur d’espoir. Encore fois, alors qu’il te soulevait de terre pour t’apporter tu savais où – probablement voir un médecin – te demandas ce que tu avais bien pu faire pour mériter un homme comme lui. Qu’avais-tu fait de si bien pour qu’on t’offre un amour si doux, un homme si radieux qu’il éblouissait tes ténèbres avec chaque mot ?
Tu savais que son état n’était pas à envier, qu’il souffrait, mais qu’il l’endurait, qu’il l’endurait pour toi, pour l’enfant. Une lâche, tu n’étais qu’une lâche, mais à cet instant-là, porter contre lui, alors que le sang de vos blessures vous trempait et que la pluie n’avait toujours pas cessé, que l’orage battait encore son fort, tu … Tu n’essayas même pas de lutter. Avoir quelqu’un à côté de toi pour reprendre le flambeau une fois de temps en temps … tu ne savais pas que c’était si doux. Être capable de s’appuyer sur lui et pas seulement dans le sens physique, de laisser ses espoirs et ses rêves être transporter par un autre, l’espace de quelques minutes …
Tes bras, menus, se faufilèrent derrière son cou alors que ta tête se posa sur son épaule. Aussi arrogante que tu fusses, la chaleur dans ton bas ventre, celle de se sentir soutenue et pas abandonnée, pour une fois, t’étais bien trop agréable. Tu posas un léger baiser dans son cou.
« Merci. Merci Kyo. »
Il était le soleil qui transperçait les ténèbres de ton quotidien, des horreurs que tu commettais. Il était t’offrait tout ce que tu désirais le plus au monde, son amour et une chance de le savourer. Il t’avait sauvé sans même que tu ne t’en aperçoives.
Voir le sourire affiché sur le visage du jeune homme pourrait faire croire qu'il était en permanence confiant, sûr de tout et de tout le monde, que rien ne pouvait l'atteindre, mais en vérité il était simplement naturellement doué pour faire semblant et pour positiver même quand la situation ne s'y prêtait pas. Il s'était pendant trop longtemps laissé aller au désespoir et à la tristesse la plus profonde, persuadé que les choses ne changeraient jamais et qu'il était condamné à rester aussi misérable mais, lorsque la première main lui fut tendue, celle de sa sœur dans le cas présent, il reçut une méchante claque dans la figure qui fit retourner son monde. Cette main tendue l'aida à réaliser quelque chose d'infiniment simple : seul il ne pouvait pas accomplir grand chose, il fallait qu'il accepte de mettre son ego de côté et prendre cette main tendue pour enfin accomplir quelque chose de significatif. Accepter de l'aide n'était pas une tare, pas une honte, voilà l'enseignement qu'il tenta d'intégrer durant les années qui suivirent et, maintenant qu'il y était arrivé, c'était à son tour de transmettre cette leçon à ceux qui en avaient besoin. Aujourd'hui c'était son aimée qui avait besoin de l'entendre, besoin d'entendre que tout irait bien, que tout ceci n'était qu'une passade mais évidemment elle n'y croyait pas. Elle était tellement obnubilée par ses actes et la portée de ceux-ci qu'elle ne pouvait pas envisager que les choses changent, ce que son amant comprenait très bien. Lui aussi était comme elle avant, peut-être l'était-il encore un peu, toujours, mais pour l'heure il devait rappeler quelque chose à la belle Yamanaka.
« On aura tout le temps de s'occuper de ça, plus tard. On ne change pas de vie en un jour, beauté. »
Corriger toute une existence dédiée à l'accomplissement de sa mission, et rien d'autre ? Assurément cela prendrait du temps et la future maman devait s'en donner, devait se donner une chose de faire les choses bien plutôt que de s'arrêter à chacun de ses faux pas. Elle ne savait pas encore faire et, heureusement, Kyoshiro était un maître dans l'art d'apprendre de ses nombreux échecs : elle n'aurait qu'à suivre son exemple et tout irait bien. Un pas après l'autre, la belle entre ses bras, sentant son fluide vital s'écouler un peu plus à chacun de ses mouvements, le jeune homme évolua d'une démarche affaiblie dans les rues de la ville, jusqu'à ce qu'on le guide enfin vers l'établissement qu'il cherchait. D'ordinaire il était charmant et avenant, poli et serviable, mais ici ce fut avec un coup de pied qu'il enfonça la porte de l'établissement du médecin, allant au plus simple tout en s'attirant l'attention de tout le personnel. N'était-ce pas le but, après tout ? Absolument. Faisant fi des premiers cris de surprise quant à cette entrée fracassante, l'aveugle avança et, sentant quelques personnes arriver vers lui, ne put que balbutier quelques explications sommaires.
« Blessures...flèches....poisons....bébé. »
Avec cela ils comprendraient, ils devraient comprendre. N'était-ce pas leur métier de soigner les gens, après tout ? Si un infirmier indiqua au jeune aveugle de le suivre, l'invitant à poser délicatement la belle Sayuri sur le premier lit de disponible, le concerné s'exécuta sans pour autant s'éloigner. Sentant une infirmière venir vers lui, tout en appelant le médecin à la rescousse, le shinobi repoussa la dame prestement en lâchant faiblement :
« S'il...vous plaît. Aidez...les. Aidez ma femme, je vous...en prie. »
Il ne partirait pas, il ne lâcherait pas sa main. S'ils voulaient le recoudre ils allaient devoir le faire ici, mais Kyoshito Tadake ne quitterait pas le chevet de sa femme.
Après une guerre surprise et des missions particulièrement difficile, deux amants se retrouvent pour panser leur plaies.
Tu laissas porter dans ses bras, n’offrant aucune résistance. Tu tentais de te concentrer sur sa présence, sur sa chaleur. Et alors que vous passiez dans les rues de Baransu, les blessés, les cris les pleurs, les morts jonchaient la ville. Une seule pensée dans ton esprit : ce que tu étais heureuse qu’il n’ait pas été de ceux qui sont morts. Alors qu’il se hâtait, tes doigts, d’un geste inconscient caressaient sa nuque.
Avec l’aide des passants, de soigneurs déjà trop occupés ou de blessés moins grave, il trouva son chemin jusqu’à une petite clinique, le cas les moins graves attendais encore à l’extérieur, lorsque ton amant enfonça la porte d’un coup de pied. Bien sûr tous les yeux se braquèrent sur lui. Tu ne savais pas s’il en était conscient ou non, mais ça n’importait pas.
Bondé, il y avait du sang partout. L’air vibrait de la plainte et des gémissements de douleurs de la clientèle. Pourtant, un lit fut tout de même préparé à ton égard. Ton état n’étant guère glorieux, trouée de partout, tes vêtements majoritairement fondus sur ton corps, le sang de vos blessures entre mélangé sur vos peaux et vêtements. Un spectacle très probablement pathétique, mais ces médecins en avaient vu des pires dans la soirée et dans la nuit. Les paroles de Kyoshiro avaient dû les alarmer.
Rapidement un médecin fut dépêché pour évaluer la situation et encore une fois, les mots de ton amant te prirent de cours. Sa femme. Il t’avait appelé sa femme. Oui, bien sûr, il n’y avait rien d’extraordinaire, un million de femmes avaient se qualificatif, celui d’épouse, même toi, le temps d’une mission avait agi comme la femme d’un autre et pourtant, l’entendre de sa bouche, c’était différent. À la place de l’indifférence, dans ta poitrine, malgré la douleur, effet secondaire d’une mission tournée au vinaigre, tu ressentis une boule de chaleur. Ton cœur se serra, tu humectas tes lèvres.
« hey … ça va aller. Laisse-les te soigner. Je … Je suis entre bonne main. »
Ta voix était faible, un peu étouffée également. L’émotion, le manque de force, tout ça, ça te frappait avec la force d’un typhon. Tu ne voulais pas le regarder souffrir plus longtemps, mais tu le savais têtu. Sa main dans la tienne, tu serras les doigts, tentant de lui montrer que tout allait bien, mais il n’avait ni leur force, ni leur délicatesse habituelle.
Un des médecins tenta de repousser Kyoshiro disant qu’il avait besoin d’espace pour travailler, alors qu’un infirmier s’approcha pour laver la blessure du shinobi, et l’inspecter pour son supérieur.
« Kyo, laisse-les te soigner. Ça va aller. S’il te plait … fais le pour moi … »
Tu n’allais pas mourir. Lui non plus, mais il si ses blessures n’étaient pas soignées … Tu ne voulais pas imaginer. Non.
Le médecin resta penché au-dessus de toi quelques instants, observant ta peau, tes coupures, ton teint. Il te demanda les effets des poisons dont tu avais été victime. Ta réponse était bien trop complète, ton analyse bien trop détaillée pour prétendre ne pas connaître les connaître, de pas être une experte des poisons. La seule chose que tu demandas au médecin était :
« Vas-t-il survivre ? Est-ce que mon enfant va survivre ? »
Mais ta voix n’était ni calme, ni suppliante. Tu lui intimais presque de te dire oui. Une menace non dite, au simple ton de tes mot, à l’agressivité dans le rythme, dans la mélodie mielleuse qui était habituellement ta voix.
Le jeune homme avait toujours jalousé les shinobis qui pouvaient foncer seuls face au danger, défiant la mort du regard parce qu'ils savaient que leurs talents finiraient par les sauver, sans doute parce que lui-même était incapable de le faire. Il était un soutien, un support, une épaule sur laquelle se poser mais, lorsqu'il regardait le panel de techniques à son actif, il se rendait compte que son rôle n'était pas celui d'un électron libre. Alors pourquoi y repenser maintenant ? Sans doute parce qu'avec son aimée dans ses bras, sentant la détresse et la fatigue qui étaient les siennes, Kyoshiro aurait tout donné pour échanger de place avec sa bien-aimée sœur. Elle était forte et vaillante, à n'en pas douter, mais elle possédait des compétences médicales qui auraient pu faire la différence, aujourd'hui. Les médecins face au jeune homme étaient peut-être compétents dans leur domaine, des pointures même, mais au final il n'y avait personne à qui le jeune homme faisait aussi confiance qu'en celle qui l'avait toujours accompagné. Mais il devait se faire une raison, sa jumelle n'était pas là aujourd'hui et l'aveugle devrait donc faire avec les moyens du bord, à commencer par faire confiance à ces médecins pour sauver la vie de sa femme...et celle de son futur enfant. Femme...il n'y avait même pas réfléchi, le mot était sorti d'instinct et, maintenant qu'il la savait entre de bonnes mains, le shinobi ne regrettait nullement l'usage de ce terme. N'était-ce pas le terme approprié ? Bien sûr que si, ils étaient bien plus que de simples amants mais, avant même que le jeune homme n'ait pu approfondir cette réflexion, une intirmière vint s'approcher de lui pour examiner la plaie qui barrait son torse.
En d'autres circonstances il l'aurait repoussé de nouveau mais, devant la supplique de la Yamanaka, le jeune homme ne put que plier et accepter de se faire examiner. Si cela pouvait apaiser Sayuri, la rassurer au moins un peu, alors il était prêt à faire cet effort. Une main tenant celle de son aimée, l'autre main fermement serrée autour de son genou, le Tadake vint s'assit sur le bord du lit jouxtant celui de sa compagne, tout en laissant l'infirmière faire son travail. Au bout de quelques instants, celle-ci s'écarta, cherchant une seringue avant de se rapprocher de nouveau du mâle.
« Nous allons devoir nettoyer et recoudre les plaies. Étant assez profondes, je vais vous administrer un anesthes... »
« Pas d'anesthésiant. »
La réponse fut sèche et sans appel, teintée d'une pure détermination à garder l'esprit clair jusqu'à ce que son aimée soit hors de danger. Cette réponse ne manqua pas de surprise la femme devant lui, qui tenta vainement d'objecter :
« Pardon ? Cela risque d'être très douloureux si... »
« Et ? Faites votre travail, je ne bouge pas d'ici. Ne vous inquiétez pas pour moi. »
Ne vous inquiétez pas pour mon seuil de tolérance à la douleur, voilà ce que le jeune homme aurait voulu dire avant de décider de se raviser, certain que le personnel de cet établissement ne comprendrait pas la portée de ces mots. Seule sa belle pourrait comprendre ces paroles et, en ce moment, elle avait bien d'autres préoccupations en tête, à commencer par l'état de son bébé au vu des paroles captées par l'aveugle. Il avait connu la pire des souffrances, rouvrir une blessure encore vive n'était rien en comparaison et, alors que le médecin continuait d'examiner son aimée, l'infirmière se mit donc au travail. Pas une fois le jeune homme ne bougea un sourcil, même lorsqu'une solution fut apposée pour désinfecter la plaie, même lorsqu'une décharge de douleur remonta le long de sa colonne vertébrale, car sa douleur n'était rien comparée à celle de Sayuri. Il n'avait pas le droit de se plaindre, par le droit de geindre et ne le ferait pas, pas aussi longtemps que celle qui faisait battre son cœur ne serait pas de nouveau sur pieds.
Il atteindre patiemment, la mâchoire fermée et les poings serrés.
Après une guerre surprise et des missions particulièrement difficile, deux amants se retrouvent pour panser leur plaies.
Le médecin s’afférait silencieusement, les sourcils froncés, la machoire serrée. À ta question il était resté muet, pour l’instant, encore incertain de la réponse. Les blessures avaient causé une perte de sang importante et ton teint plus pâle qu’à l’habitude en était la preuve. Petit à petit les dernières traces de poison sur ta peau furent retirées et les blessures lentement refermées. Le médecin n’avait cessé de faire aller ses mains dans tous les sens passant d’une blessure plus sérieuse à une autre, couvrant ton corps de points sutures, alors qu’une infirmière apporta une concoction qu’on te fit boire. Le goût amer du breuvage sur ta langue te fit grimacer, mais tu ne rouspétas pas, sachant qu’il était conçu pour combattre les dommages causés par le poison rongeur.
Tes ton regard quitta le médecin, sachant pertinemment qu’il ne répondrait pas à ta question, pas avant d’avoir fini, pour aller se poser sur ton amant, ton soleil, ton ange gardien. Il serrait la mâchoire, ne se plaignait pas et tu ne pouvais qu’en être impressionnée, car même toi n’arrivait pas à retenir les gémissements qui naissaient au fond de ta gorge lorsque l’aiguille dansait sur ta peau et dans ta chaire.
« Kyo … Si … si l’enfant ne survit pas … »
Tu ne voulais pas y penser. Pourquoi avais-tu laissé ces calamités lui tomber dessus alors que tu venais à peine de l’accepter, de le désirer ? Était-ce un coup du hasard ou simplement de la malchance pure ? Était-ce encore pire que cela, était-ce simplement que tu n’étais pas faite pour ça, pour une famille ? Tu maudissais le regard tendre que ta mère avait toujours eux à ton égard. Tu le maudissais, car il t’avait toujours rendue curieuse. Tu avais toujours voulu connaître un amour aussi pur, un amour aussi innocent qui mettait la tendresse dans le regard des femmes, même celles qui étaient froides et mortes que toi. Et c’était si près … et maintenant si loin en même temps.
Tu dus te faire violence pour ne pas continuer, pour fermer ta bouche et te concentrer sur ses yeux clairs, ses yeux plus captivants que la lune, sur sa mâchoire carrée, ses cheveux cendrés, ses épaules … sur sa présence tout près de toi.
Il fallu encore plusieurs minutes avant que le médecin penché au-dessus de toi se redressa un peu et que la tension de ses épaules retomba légèrement.
« Votre vie ne devrait plus être en danger madame. Pour ce qui est de l’enfant … ça dépasse largement mes compétences, je … je ne peux pas vous donner un avis clair. Peut-être qu’un ninja-médecin pourra vous éclairer un peu plus grâce … - Vous ne m’avez pas répondu. Est-ce que. Mon. Enfant. Va. Survivre ? »
L’homme déglutit. Ton ton était encore plus agressif. Ton regard encore plus froid. Une menace flottait silencieusement avec chaque pause de ta question.
« Je … Il n’a pas été touché directement alors ça … ça devrait aller, mais avec les poisons et la perte de sang … Je ne le vous cacherai pas … Ça ne m’a pas l’air bien pas du tout. Ici, on ne peut rien faire directement, mais peut-être qu’un ninja médecin peut se servir de son chakra pour vous aider … »
Il faudra te retenir, t’empêcher de le sauter à la gorge et de lui arracher, car tes poings se mirent à trembler, tes dents se serrèrent et tout ton corps se crispa. À un point tel où, même le médecin se sentant en danger fit un ou deux pas vers l’arrière, marmonnant qu’il avait d’autre patient avec cette guerre.
La paternité était un concept flou pour le jeune homme mais, s'il y avait bien quelque chose qu'il connaissait, c'était le fait d'assumer ses responsabilités et, s'il était encore nécessaire de le dire, une grosse venait de lui tomber dessus. Il n'avait pas encore réfléchir à tout ce que cela allait impliquer pour lui, pour la femme qui partageait sa vie et pour tout le reste mais, pour l'heure, il ne pouvait se permettre de perdre du temps en de telles réflexions. Il verrait cela plus tard lorsque la tempête serait passée ainsi que la douleur, lorsque le calme régnerait dans sa tête et, par-dessus tout, lorsque sa femme serait enfin sortie de danger. Sa femme...même la seconde fois ce mot lui arrachait un petit sourire en quoi, bien que la situation ne s'y prête guère. Sa femme était souffrante, c'était tout ce qui importait à tel point que le jeune homme ne broncha même pas lorsque une aiguille vint mordre sa chair pour recoudre sa propre plaie. La douleur n'était-elle pas le moindre des prix à payer pour marcher sur la voie du sang qui était la sienne ? N'était-elle pas le moins qu'il puisse donner pour que d'autres n'aient pas à le faire ? Pour que sa belle soit enfin hors de danger ? Bien sûr que oui, mais ce fut lorsque les paroles du médecin parvinrent à ses oreilles que le jeune shinobi sentit sa détermination sur le point de flancher. Le fait de savoir sa femme hors de danger était une chose mais...le fruit de leur union ? Le symbole du futur qu'ils construisaient, à deux ? Il ne pouvait pas se permettre de le perdre non plus, car c'était bien là cette responsabilité qui était la sienne, désormais ? Ainsi, sans s'en rendre compte, la main libre du jeune homme se referma plus intensément encore autour de son genou, faisant fi de la douleur qui allait avec, essayant désespérément de garder son calme et de ne pas céder à l'indignation qui faisait rage en lui.
Il n'avait pas besoin d'yeux pour sentir l'énervement et le désespoir de sa belle mais, l'espace d'un instant, Kyoshiro aurait donné un autre de ses sens afin que sa sœur soit ici, à ses côtés. Ne l'était-elle pas d'ailleurs ? Tous deux avaient été à Baransu sans doute et, si lui y était alors...
« Est-ce que... »
Cette phrase n'était adressée à personne d'autre que lui-même, comme un rappel d'une évidence oubliée et qui lui revenait désormais en pleine figure. Instinctivement, ne relâchant pas sa prise sur la main de son aimée, le shinobi prit une profonde inspiration afin de faire le calme dans son esprit, car la moindre perturbation pourrait fausser la donne. Au bout de quelques secondes, gageant qu'il avait retrouvé une maîtrise suffisante de ses émotions, le jeune homme leva deux doigts devant lui et étendit son esprit à la recherche d'une signature bien particulière. D'une signature qu'il reconnaître entre milles et, au bout de quelques instants, le résultat le frappe de nouveau en pleine face.
« Elle est là. »
Elle était là, toute proche, à portée et cette seule perspective accéléra son rythme cardiaque au-delà du raisonnable. La belle sentirait-elle la tension et la chaleur qui grandissaient en lui ? Assurément mais elle avait bien d'autres chats à fouetter. Instinctivement le guerrier se leva de son lit, ignorant l'infirmière l'incitant à se ménager, avant de se rapprocher de sa belle et poser une douce main tout contre son visage. Doucement, comme dans un murmure, il lui souffla :
« Ma sœur est là, mon cœur. Elle est proche. Je vais aller la chercher et tout irai bien, d'accord ? Comme je te l'avais dit. »
N'avait-il pas dit que tout irait bien ? Certes c'était plus un coup de poker qu'autre chose, mais n'avait-il pas eu raison d'espérer ? Bien sûr que si, car son optimisme finissait presque toujours par payer. Se redressant, l'aveugle se tourna ensuite vers le médecin et, avec tout le sérieux dont il était capable, déclara :
« Et vous, prenez soin d'elle le temps que je revienne ou je vous écharpe. »
En guise de séparation temporaire, l'amoureux vint ensuite déposer un doux baiser sur le front de sa belle, posant sur elle ses prunelles immaculées, avant de lui souffler :
« Je t'aime. »
L'instant d'après il fut partie, à la recherche de l'espoir, à la recherche d'un avenir pour sa nouvelle vie. Il fallait qu'il la trouve, il fallait qu'il réussisse.
L'utilisateur concentre ses dons de Senseur dans un seul et unique but : trouver une signature de chakra particulière (qu'il doit déjà connaître) à grande distance (jusqu'à plusieurs kilomètres). Il connaît alors la position, à une dizaine de mètres près. Cette technique ne fait pas la différence entre une véritable personne et un clone ayant le même chakra (comme un Kage Bushin ou un clone élémentaire de l'affinité primaire de la cible). Cette technique nécessite une grande concentration : l'utilisateur doit être immobile et au calme. La technique peut être maintenue pour traquer la cible, mais elle consomme alors en permanence du chakra.