The Devil Wears Prada [Mission D]

L'humiliation suintante de son échec lui collait à la peau, cruelle opprobre à laquelle il devait faire face avec une humilité martiale, aussi droit que possible malgré la haine poisseuse qu’il sentait toujours collée à son être. Le souvenir poignant du regard de l’Intendant le marquait encore. Le sentiment de ce dernier avait été sans équivoque, dévisageant d'un dédain non dissimulé le parjuré, celui qui avait daigné délaisser l'objectif de sa mission au nom d'un pouvoir dérobé des mains mêmes de son ennemi.

Le jeune Uchiha en payait désormais les conséquences. La paye avait été maigre, voire inexistante suite à son échec cuisant et il n’avait eu d’autres choix que de demander dans l’immédiat une nouvelle mission. Grossière erreur. L’échec encore frais sur son dossier l’avait relégué aux missions de bas étages. Quelques histoires de magouilles et de vol au sein même du Village.

Une affaire banale, voire civile, qui n’avait trouvé sa place dans les affaires shinobi qu’en raison de la richesse de la partie en cause. Le riche propriétaire d’un magasin s’était plaint de quelques Ryos manquant dans sa caisse enregistreuse. Le gripe-sous avait alors immédiatement fait esbrouffe, refusant de faire affaire avec la police civile et préférant payer le plein prix des services vendus par les Ninja.

Alors, en plein milieu de la journée au cœur du centre-ville de Konoha, Nikkou siégeait donc les bras croisés dans un coin de la boutique. Les ombres jetées dans le coin dans lequel il se terrait dissimulaient une partie de son visage, ne laissant luire dans la pénombre que la couleur pourpre de son regard. Le terrible Dojutsu était affiché clairement dans la boutique, scrutant les moindres gestes des employés, sur les nerfs, qui défilaient au sein de la boutique.

Jamais le commerce n’avait été aussi calme que sous la supervision diabolique du jeune Chûnin. Les employés agissaient à épingles tirées, se déplaçant avec minutie pour faire attention de ne pas faire le moindre signe suspect, pas parce qu’ils étaient coupables, mais simplement par peur d’éveiller le démon qui restait caché dans les ombres. La tension palpable dans la pièce retirait la moindre possibilité que le fameux voleur ne se manifeste.

Il s’agissait tout de même d’une curieuse tactique pour un mercenaire versé dans l’art de la furtivité et de l’espionnage que de faire preuve d’une telle attitude intempestive. Ainsi apposé à la vue de tous, Nikkou réduisait à néant ses chances d’être témoin d’un quelconque vol. Une erreur certaine pour n’importe quel Ninja banal, qui aurait su user de stratagèmes et de subtilité pour débusquer le voleur. Mais pas lui, non. Uchiha Nikkou s’affichait sans la moindre tactique, avec pour seule arme une expérience et une capacité d’analyse à laquelle cette situation faisait outrage.

« Toi. »

Indique le shinobi sans une once d’explication en désignant d’un signe de tête le préposé passant le balai, un vielliard à la tenue usée mais encore de bonne qualité. Sans une autre indication, il se retire des ombres et s’avance à pas lent vers le préposé médusé, et les autres travailleurs subjugués par la scène qui se jouait. La tension à son comble, c’est en quelques enjambées qu’il se retrouve face à son interlocuteur, le fixant sans la moindre expression si ce n’est un ennui certain.

Le court moment de considération, probablement une éternité pour le préposé,  s’interrompt enfin par un signe de tête du Chûnin en direction des pieds de l’accusé. Les sandales d’un cuir souple faisaient montre d’une qualité assurée, le tout coud avec la plus fine délicatesse. Le mouvement du cuir était si souple qu’il moulait à la perfection le pied du vieillard lorsque ce dernier sursauta en remarquant les détails qui n’avaient certes pas échappés au Ninja. Pour quiconque, la simplicité de la sandale aurait pu dissimulé la qualité dont elle recelait, mais certainement pas pour l’acuité magnifiée du Sharingan. Leur qualité dénotait franchement avec le reste de l'accoutrement, mais également avec les pieds des autres employés qu'il observait aller et venir depuis maintenant pratiquement une heure.

« Alors, dis-moi comment un simple préposé peut s'acheter de telles sandales? »

La question posée avec l'aide d'un afflux de Chakra dans ses nerfs optiques, Nikkou étira ses lèvres dans un rictus condescendant. Les yeux dans les yeux, les pupilles marrons de l’accusé subjuguées par le regard de braise de son interlocuteur, ce dernier pu bien vite sentir une pression nouvelle sur son esprit, tout autre que l’intimidation jusqu’alors expérimentée. Les pupilles dilatées du Sharingan exerçait une pression suffisante pour pousser les barrières de sa volonté, feuilles de papier soufflées par les vents de la puissance des Uchiha, le forçant à répondre de ses actes face au regard accusateur.

« Depuis plusieurs mois, je subtilise des petits montants dans la caisse et je revends des articles du magasin que nous avons en grande quantité pour m’offrir ces nouvelles sandales. Je suis un amoureux des chaussures.  »

Les paroles prononcées, le préposé réalisa aussitôt la conséquence de ces dernières alors que le patron de l’établissement, venu assisté aux prouesses du Shinobi qui lui avait promis de résoudre le problème dans l’heure à venir, laissait échapper un petit couinement de surprise. Non seulement était-il surpris de la prestation du jeune Uchiha, mais jamais il n’aurait cru que le drame qu’il vivait avait quelques rapports avec une nouvelle paire de sandales à la mode.

Récapitulatif combat: